La tour noire Ce matin-là tout était normal, ennuyeux, sans goût ni

Transcription

La tour noire Ce matin-là tout était normal, ennuyeux, sans goût ni
La tour noire
Ce matin-là tout était normal, ennuyeux, sans goût ni couleur, c'était la routine. Je ne savais
pas encore que cette routine me manquerait. Je sortis de chez moi en coup de vent, comme
d'habitude. Je battais tous les records de vitesse pour arriver au travail à temps, depuis sept ans,
depuis la naissance de ma fille. Il m'était impossible de dormir la nuit à cause de ces cris, alors
chaque minute de sommeil comptait, même si c'était au prix d'être sérieusement en retard. Je n'ai
pas eu le temps de freiner. Un choc et puis…
« -Tu les a tués !
-Ces enfants et cette femme… ils sont morts à cause de toi! »
Je fus jugé très rapidement. Ça me semblait irréel. Je me réveillai dans un désert, mais pas un désert
au sable doré, un désert froid, lugubre et vide. Là même les pigeons si détestés en ville par les
conducteurs de voitures dont moi pouvaient être réconfortants, mais aucune trace des oiseaux. La
seule chose que je pouvais apercevoir était une tour, une tour noire. N'ayant aucun autre repère, je
pris la direction de la tour. Je ne savais pas combien de temps je marchais. Une heure, un jour ou
une semaine. Peu importait. Je voulais revoir ma famille, elle me manquait et cette tour était mon
seul espoir. Plus près de la tour j'étais plus j'avais des doutes, était-ce vraiment l'endroit où je
voulais être? Je regardais autour de moi, rien, que du vide, alors je continuais. Arrivé au pied de la
tour je me rendis compte qu'elle était plus grande que j'imaginais, elle était en pierre, en pierre
noire, elle avait l'air abandonnée, morte. Puis je vis un homme, on aurait dit qu'il sortait d'un autre
monde, il n'était sûrement pas de ce monde là, triste et gris. Il avait un chapeau et une valise, ses
habits étaient sales, pourtant il avait l'air heureux. Un peu trop, peut-être.
« -Enfin, dit-il en ouvrant sa valise et sortant un journal, je t'attendais. Il faut que je trouve ton nom
dans mon journal…
-Pourquoi ? Où suis-je ? C'est quoi cette tour ? »
Il me regarda comme si j'avais dit quelque chose de vraiment bête, puis dit d'un ton presque
moqueur :
« -Tu ne comprends pas où tu ne veux pas comprendre ? »
Je le regardai d'un air surpris, même si je n'étais pas si surpris que ça. Au fond de moi je savais ce
qui se passait... Le long silence fut interrompu par le mystérieux homme :
« -Je t'ai trouvé! Tu as de la chance, tu es autorisé à entrer dans la tour.
-Qu'est-ce qu'il y a dans cette tour ?
-Tu verras, vas-y ! »
Je voulus lui demander comment il s’appelait, j'avais à peine ouvert la bouche que l'homme dit:
« -Tu le sauras un jour. »
Cette fois vraiment surpris je demandai :
« -Comment tu sais, qu'est… »
Il m' interrompit :
« -Tout le monde le demande, maintenant j'ai l'habitude. Bon, entre dans la tour, c'est une grande
chance. D'habitude les gens comme toi... bref, il ne faut pas que je te dise tout. »
J’hésitais mais à vrai dire je n'avais pas le choix. Où aller si ce n'était pas à l’intérieur de cette tour.
Je regardai l'homme pour la dernière fois, il souriait, mais cette fois ce n'était pas le même sourire
qu'avant. J'ouvris la porte.
« -Il se réveille ! »
C'était la voix de ma fille.
Aujourd'hui quand je repense à tout ça je me demande si ce n'étaient que des rêves. J'ai passé
plusieurs mois dans le coma, alors c'est difficile à dire.
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