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27 septembre 2012
Dada Masilo, chorégraphe espiègle à l'assaut des grands ballets
LYON - Etoile montante de la danse, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo, 27 ans, revisite le
répertoire classique à sa manière tonique et drôle, notamment dans son Lac des cygnes acclamé cette
semaine à la Biennale de Lyon.
Je ne voulais aucunement manquer de respect à cette oeuvre. Mais je refuse l'idée qu'on ne peut toucher à rien,
plaide l'enfant de Soweto, célèbre township de Johannesburg, tombée amoureuse à 11 ans du ballet de
Tchaïkovski, le premier qu'elle ait jamais vu.
Dans un pays qui s'extirpe à peine de l'apartheid, la gamine noire comprend vite qu'elle ne sera jamais ballerine
et se promet de créer un jour sa propre version, qui intégrera les tutus qui la fascinent mais ne sera pas une
version classique.
Repérée à 13 ans avec sa troupe de danseurs de rue, elle intègre la Dance Factory de Johannesburg, dont elle
reste l'artiste résidente, et s'y forge une double culture classique et contemporaine, complétée par deux ans à
l'école d'Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles.
Interprète brillante, dont l'ardeur au travail sidère son entourage, elle entame à 20 ans une série d'une dizaine de
pièces, fusionnant les styles chorégraphiques et évoquant la société sud-africaine dans ses aspects les plus
sombres.
The World, My Butt and Other Big Round Things dénonce ainsi le sexisme et les violences envers les femmes,
en 2005, tandis que Love and other four letter words aborde en 2008 le fléau du sida.
Youyous et tutus
L'artiste, lutin volubile au crâne rasé, s'attaque aussi au répertoire occidental avec plusieurs ballets
emblématiques. Son Romeo and Juliet intègre en 2008 une famille Capulet multiethnique, tandis que Carmen
revêt en 2009 une dimension plus érotique que jamais.
La démarche de la jeune femme, qui mêle humour, irrévérence mais aussi amour du mouvement et sens du
spectacle, est résumée par le prologue du Swan Lake créé en 2010, texte hilarant dans lequel un danseur
comédien passe en revue les codes classiques.
Tous les ballets que nous avons pu voir pourraient se résumer dans un unique ballet, dont le titre générique
serait: +Filles en tutus au clair de lune+, souligne-t-il, tandis que les 11 autres interprètes exécutent entrechats,
ondulations et grands jetés.
Iconoclaste, la version de Dada Masilo montre un Siegfried épris d'un homme en tutu, cygne noir éblouissant,
qui cherche à échapper au mariage programmé avec le cygne blanc, interprété par la chorégraphe, sous l'oeil
vigilant de la communauté.
Je voulais apporter des éléments de tradition africaine, en intégrant le côté bruyant et chaotique des mariages
traditionnels, souligne l'artiste, dont les interprètes dansent pieds nus et alternent pas classiques, zoulou et danses
de la rue, youyous à l'appui.
L'amalgame séduit, porté par une vitalité hors norme, d'autant que les danseurs savent aussi émouvoir dans les
passages plus lents, notamment dans le superbe final sur une musique d'Arvo Pärt.
Après s'être inspirée en 2011 de Macbeth dans un solo, The Bitter End of Rosemary, et avoir collaboré début
2012 avec le plasticien William Kentridge, Dada Masilo a exploré la folie des personnages féminins de la
littérature dans Death and the Maidens, dévoilé en mars en Afrique du Sud.
Elle attend néanmoins d'avoir quelque chose à dire pour continuer à produire, s'avouant un peu écrasée, parfois,
par l'engouement qu'elle suscite.
8 octobre 2012
Reportage : Le lac des Cygnes de Dada Masilo au Pavillon noir.
Le Pavillon noir accueillait la version de Dada Masilo du célèbre ballet.
Dans ce lac des cygnes, il y a bien sûr la musique (parfois
revisitée) de Tchaïkovski, un prince, un cygne blanc, un
cygne noir mais il y a aussi la danseuse et chorégraphe sud
africaine Dada Masilo.
Parce qu'elle connait les codes de la danse classique Dada
Masilo peut y apporter sa relecture et sa culture sud
africaine mais sans jamais sombrer dans la caricature.
Ici, Le prince cédant au poids de la société s'apprète à
épouser le cygne blanc mais très vite, il n'a d'yeux que pour
le cygne noir, un sculptural et élégant interprète. Les danseurs martèlent le sol de leurs pieds nus.
Comme dans la rue, des querelles éclatent on crie, on s'amuse.
On rit beaucoup, non pas aux dépends du traditionnel lac des cygnes mais plutôt de ses repères avant
de les transposer tout naturellement vers ceux la société contemporaine.
On est ému aussi car on n'assiste plus à un conte imaginaire mais plutôt à une histoire de notre temps,
une histoire résolument contemporaine où il est impossible de ne pas éprouver de l'empathie pour les
personnages.
Le spectacle est rythmé, esthétique, énergique, les constructions chorégraphiques et la narrations
limpide.
Certes, les ensembles sont parfois perfectibles mais finalement les petites imperfections de cette pièce
font aussi sa force, sa personnalité. Le ballet de Dada Masilo est donc une réussite, un spectacle
populaire, proche de son public, servant sans en avoir l'air de vrais propos comme ceux de la pression
sociale et de la place de l'homosexualité et dont sort plein d'une énergie communicative.
Didier Philispart
1er octobre 2012
Dada Masilo : une tornade débarque en France
L’Afrique du Sud avait déjà SA chorégraphe, adoubée iconoclaste et subversive par les scènes
internationales, en la personne de Robyn Orlin. Aujourd’hui, la toute jeune Dada Masilo pique la
curiosité et impose un autre style. Cet été au festival d’Avignon, en septembre à la Biennale de Lyon et à
l’automne au Musée du Quai Branly, elle commence à faire parler de la danse sud-africaine… autrement.
Dada Masilo, nouvelle coqueluche sud-africaine des scènes internationales ?
Crédit : Suzy Bernstein
Dada Masilo, c’est d’abord un corps. Une flèche sculptée dans l’ébène, une silhouette gracile et fluette,
supportant un visage presque poupon s’il n’y avait pas ce crâne chauve et grave pour mettre un point final à la
joliesse et au charme. Juste la grâce. Ce corps, c’est aussi et avant tout celui de la danse. Si elle danse depuis son
plus jeune âge dans son quartier de Soweto, c’est vers treize ans qu’elle est « repérée » et qu’elle se forme plus
avant àla Dance Factoryde Johannesburg. Ses aptitudes concentrent le meilleur du ballet classique avec la
créativité de la danse contemporaine. Passion et discipline ont fait d’elle un véritable phénomène, boulimique de
danse, passant par le jazz ou le flamenco quand il le faut, créatrice de dix pièces chorégraphiques du haut de ses
vingt-six ans, véritable meneuse quand il s’agit de fédérer autour d’un projet des dizaines de collaborateurs.
Swan Lake, le romantisme à la sauce Dada
Sa marque de fabrique se trouve jusqu’à aujourd’hui dans la façon dont elle s’empare des canons du ballet
classique occidental. La plupart de ses pièces en proposent une réinterprétation ou se jouent des grandes figures
ou héroïnes mythiques. Il faut la voir porter le tutu blanc, endosser un costume qui ne lui est pas destiné, prendre
à bras-le-corps une histoire sans complexe. Les Sujets à Vif du Festival d’Avignon ont donné d’elle cet été une
autre image : avec son complice Gregory Maqoma, elle donnait à voir une personnalité beaucoup plus complexe,
sensible, prompte à absorber les désordres intimes et à renvoyer les troubles d’une femme toujours espiègle
malgré tout. Pour l’heure, elle déferle à Paris avec son Lac des Cygnes, où hommes et femmes défont les codes.
Elle donne même au prince l’occasion toute nouvelle de faire un coming out. Exit les tabous, voici le temps de la
liberté débridée et de la tolérance.
Nathalie Yokel
Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly, 37 quai Branly, 75007 Paris. Du 17 au 28 octobre 2012,
le mercredi à 19h, le jeudi, vendredi et samedi à 20h et le dimanche à 17h. Tel : 01 56 61 70 00.
20 septembre 2012
Dada Masilo, ballerine d'ébène
Révélée à la Biennale de la danse de Lyon, Dada Masilo présente un Swan Lake sud-africain.
Une relecture drôle et iconoclaste du Lac des cygnes qui permet de s'interroger sur le ballet classique, enfermé dans
ses conventions
Crédits photo : John Hogg/Biennale de la Danse de Lyon
Quatorze cygnes, hommes et femmes pieds nus et en tutus, roulent des fesses dos au public. Ainsi commence
Swan Lake de Dada Masilo, chorégraphe sud-africaine de 27 ans, qui a présenté pour la première fois à la
Comédie de Valence lundi soir sa relecture drôlement iconoclaste du Lac des cygnes. Pour la jeune femme,
sortie de Parts, l'école d'Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles, écrire un Lac et s'y offrir le premier rôle tient
de la revanche. Élevée en Afrique du Sud, elle a longtemps rêvé à Odette-Odile et à sa nuée d'oiseaux blancs.
C'est même pour les rejoindre qu'elle a voulu enfant consacrer sa vie à la danse. En vain: Dada Masilo est une
ballerine d'ébène.
Sa version, taillée sur mesure, lui permet de s'interroger sur le ballet classique, enfermé dans ses conventions
comme dans une bulle de verre. Qu'y lisent les novices qui y assistent pour la première fois? Un danseur
comédien offre en guise de prologue un texte hilarant sur cette expérience: «Tous les ballets que nous avons pu
voir pourraient se résumer dans un unique ballet dont le titre générique serait: Filles en tutus au clair de Lune».
Justesse du ton
Filant cette réflexion, Dada Masilo se pose la question de la différence, au centre de cette partition de
Tchaïkovski. Son Siegfried doit épouser le cygne blanc pour obéir à ses parents et à la société entière. Il promet
sans enthousiasme. Le cygne noir paraît qui, lui, le subjugue pour de bon: c'est un garçon, d'ailleurs irrésistible
dans un simulacre de la Mort du cygne, empruntée à Fokine et Saint-Saëns.
La réussite de cette version tient à la justesse du ton et de l'écriture. Dada Masilo ne cherche pas à caricaturer le
ballet classique ou les protagonistes du Lac. Elle offre cette matière aux danseurs de la Dance Factory de
Johannesburg qui la transmuent: ils sont familiers des grandes fêtes et des rythmes zoulous, et bouillants
d'énergie. Les pieds nus frappent le sol comme dans le gumboot, les hanches tournent, on crie des youyous pour
rythmer la danse, les ensembles alternent avec les solos, dessinant la solitude de l'individu face à la société. Les
bras ondulent pour séduire et s'emparent des figures de la pantomime du Lac pour en écrire la morale. En une
heure, on rit beaucoup, on pleure aussi: car Dada Masilo sait raconter une histoire et chorégraphier des pas et des
gestes. Le trio final sur la musique d'Arvo Pärt est magnifique.
Ariane Bavelier
22 octobre 2012
"Swan Lake" : un "Lac des cygnes" sud-africain au quai Branly
Dans cette variante iconoclaste d’un ballet emblématique, les danses des Zoulous se mêlent à la danse
académique et le jeune Siegfried s’éprend d’un autre garçon.
On pourrait ne voir dans "Swan Lake" que beaucoup de fantaisie et d’humour. Car les premiers moments du
spectacle de Dada Masilo offrent effectivement un affolant mélange de danse classique, de danse contemporaine,
de danse zouloue, relevées de touches de music-hall, le tout explosant en un singulier feu d’artifice.
Mais bien vite l’ouvrage de cette toute jeune femme de 25 ans offre des images trop douloureuses, trop
émouvantes, trop pertinentes aussi pour n’être pas tout autre chose : le courageux manifeste d’une libération
personnelle chèrement acquise face à une société aux règles féroces, et au prix d’une mise au ban de celle-ci.
Solo bouleversant
Quelques extraits de la partition du ballet composée par Tchaïkovsky pour Marius Petipa ; "le Cygne" de SaintSaëns, extrait du "Carnaval des animaux", qui donne naissance à un solo interprété de façon bouleversante par
un jeune danseur sud-africain ; des pages de Steve Reich ou d’Arvo Pärt : voilà un support musical bien
composite pour une chorégraphie qui ne l’est pas moins.
Dada Masilo y évoque la destinée d’un jeune homme, d’un Siegfried que tout son entourage pousse au mariage
avec une jeune femme en tutu toute emplumée de blanc. Peut-être lui-même s’en croit-il épris avant que devant
lui, comme en songe, passe la silhouette, ô combien plus séduisante, d’un autre garçon, version moderne du
cygne noir.
Coup de foudre, illumination : l’apparition fait réaliser à Siegfried que le mariage qu’on lui impose est pour lui
contre-nature, elle le pousse à conquérir sa liberté malgré la vindicte à laquelle il s’expose.
Justesse de sentiments
Certes, ce "Lac des Cygnes" venu d’Afrique du Sud pèche par une dramaturgie quelque peu malhabile. Mais la
chorégraphie de Dada Masilo recèle une vigueur et des beautés stupéfiantes.
Et son propos est traité avec une gravité et une concision impressionnantes chez le jeune auteur qu’elle l’est ;
avec une justesse de sentiments qui dénote chez elle une extraordinaire sensibilité, une lucidité remarquable. On
retrouve chez cette jeune fille toute frêle, toute menue, mais au fort tempérament, cette impressionnante maturité
qu’on admire chez tant d’artistes sud-africains.
Des danseurs extraordinaires
La danse, Dada Masilo en joue avec une virtuosité diabolique, en mêlant les genres avec humour, avec cette
décontraction et cette audace qui sont l’apanage des cultures métissées. Pour la servir, elle a trouvé en ses
camarades des interprètes à l’énergie éblouissante.
Parmi eux, les danseurs, une fois n’est pas coutume, sont plus extraordinaires encore que les danseuses.
Diaboliquement souples, diaboliquement séduisants, débordant d’une vitalité généreuse, tous conquièrent le
public qui les acclame avec chaleur.
Raphaël de Gubernatis
16 octobre 2012
Toutes des Vénus hottentotes au pays de «Sakhozi»
Les chorégraphes sud-africaines sont à l’honneur avec des spectacles en tournée dans
l’Hexagone.
En attendant les retombées de la 9e édition de la biennale Danse l’Afrique Danse !, où de nombreux
contacts ont été pris entre programmateurs et artistes sud-africains, on peut avoir un avant-goût de la
Saison Afrique du Sud en France, qui ouvrira en mai 2013. Les femmes, dont certaines lesbiennes
radicales, occupent là une place de choix, qu’elles ont prise à force de détermination.
Swan Lake, le Lac des cygnes noir de Dada Masilo, a conquis le public lors de sa création à
Lyon en septembre. Issue de la Dance Factory de Johannesburg, la chorégraphe de 27 ans a
les idées claires. Bien que sa pièce s’amuse des codes classiques, elle ne reste pas dans cette
seule perspective critique et propose une danse mixte avec tutus et pieds nus, ports de bras
académiques et déhanchements suggestifs, contre l’homophobie et sur la question
des genres (1).
On retrouvera Dada Masilo au festival Instances à Chalon-sur-Saône (2), où elle présentera un
solo dépouillé sur le thème de la folie rejoignant Ophélie. Ou comment un être vulnérable
peut affronter un monde oppressant, destructeur.
Ce festival accueille aussi Désiré Davids sur la question du métis : «Moins qu’un Blanc mais mieux
qu’un Noir.» Nelisiwe Xaba, elle, reprendra son grinçant solo sur la Vénus hottentote. Dans Sakhozi
says «non» to the Venus, elle interprète la Vénus, renvoyée dans son pays d’origine où elle se sent
étrangère, préférant Paris pour son champagne et ses sacs haute couture. Très ironique.
Robyn Orlin, une des premières Sud-Africaines que l’on vit en France, présentera à Noisiel (3) sa
pièce Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting position, nouvel exemple
du théâtre engagé de la chorégraphe avec les danseurs de Moving Into Dance Mophatong. Un hymne à
la beauté africaine, décalé bien sûr.
Marie-Christine Vernay
(1) Musée du Quai Branly, du 17 au 28 octobre.
(2) Festival Instances, Espace des arts, Chalon-sur-Saône (71), du 20 au 24 novembre.
(3) Ce dimanche à la Ferme du Buisson de Noisiel (77), puis à la Maison des arts de Créteil (94),
du 25 au 27 octobre.

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