Fédération Moissan Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris

Transcription

Fédération Moissan Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris
Section des Unités de recherche
Rapport du comité d'experts
Unité de recherche :
Fédération Moissan
De l’Ecole Nationale Supérieure
de Chimie de Paris
Avril 2008
Section des Unités de recherche
Rapport du comité d'experts
Unité de recherche :
Fédération Moissan
De l’Ecole Nationale Supérieure
de Chimie de Paris
avril 2008
Rapport du comité d'experts
L'Unité de recherche :
Nom de l'unité : Fédération Moissan
Label demandé : Fédération CNRS
N° si renouvellement :
Nom du directeur : M. Alain FUCHS
Université ou école principale :
Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris (ENSCP)
Autres établissements et organismes de rattachement :
CNRS
Date(s) de la visite :
15 - 16 janvier 2008
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Membres du comité d'évaluation
Président :
M. Hervé ARRIBART, Saint-Gobain Recherche
Experts :
M. Maurice LEROY, Cabinet du Haut Commissaire à l'énergie atomique CEA
M. Claude DELMAS, Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux UPR 9048 CNRS
M. Pascal GRESSIER, Institut des matériaux Jean Rouxel UMR6502 CNRS, Université de Nantes
M. Alain GLEIZES, Laboratoire LAPLACE, Université Paul Sabatier
M. Joseph LIETO, Laboratoire d'automatique et de génie des procédés, UMR 5007 CNRS, Université Claude
Bernard Lyon 1
M. Andreas MORTENSEN, IMX – Institute of Materials, EPFL
M. Fabrice ODOBEL, Laboratoire de Synthèse Organique, UMR 6513, CNRS, Université de Nantes
Mme Caroline MELLOT, University College London, Davy Faraday Research Laboratory
Expert(s) représentant des comités d’évaluation des personnels :
M. Gilles BERTRAND, expert Comité National, section 14, Université de Bourgogne
Observateurs
Délégué scientifique de l'AERES :
M. Georges HADZIIOANNOU
M. Jean-Léon HOUZELOT
Représentant de l'université ou école, établissement principal :
M. Alain FUCHS, Directeur ENSCP
Représentant(s) des organismes tutelles de l'unité :
M. Francis SECHERESSE, DSA Département Chimie CNRS
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Rapport du comité d'experts
1 z Présentation succincte de l'unité
Le projet d’Institut Moissan regroupe 5 entités de chimie inorganiques basées à l’ENSCP :
•
Le Laboratoire d’Electrochimie et de Chimie Analytique (UMR 7575)
•
Le Laboratoire de Physico-Chimie des Surfaces (UMR 7045)
•
L’Institut de Recherche et Développement sur l’énergie Photovoltaïque (UMR 7174)
•
Le Laboratoire de Génie des Procédés, Plasmas et Traitements de Surface (EA 3492)
•
Le volet ENSCP du Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée de Paris (UMR 7574)
2 z Déroulement de l'évaluation
Le comité de visite s’est déroulé pendant 2 jours.
Durant la première journée, chaque entité a fait l’objet d’une présentation globale et stratégique par son
directeur (1h) devant l’ensemble du Comité. Le porteur du projet Institut Moissan a également présenté le projet.
Durant la seconde journée, chaque unité a été visitée par un groupe du Comité durant 3 heures : chaque visite
a débuté par un exposé sur les résultats principaux et projets de l’équipe, à la suite de cet exposé une rapide visite
de quelques installations particulièrement significatives de l’unité a permis de bien mesurer le contexte dans le quel
les recherches sont conduites, enfin, une rencontre avec l’ensemble des personnels. Toutes les catégories de
personnels ont pu s’exprimer séparément, doctorants et post-doctorants, ensignants chercheurs, et IATOS. La visite
s’est terminé par une entrevue avec le Directeur.
3 z Analyse globale du projet
Le projet regroupe un ensemble de laboratoires qui ont en commun de faire de la chimie inorganique et d’être
basés à l’ENSCP. Ce sont tous des UMR de très bon niveau scientifique, à l’exception de l’un d’entre eux qui n’est pas
UMR CNRS.
Entre ces différents laboratoires, les thèmes de recherche sont bien différenciés (Procédés et électrochimie,
Physico-chimie des surfaces, Energie photovoltaïque, Plasmas et traitements de surface, Chimie des solides), ce qui
n’empêche pas entre eux un certain nombre de collaborations, nombre qui pourrait d’ailleurs être avantageusement
augmenté dans le cadre de l’Institut.
L’Institut est présenté par le porteur du projet, qui est également le directeur de l’ENSCP, comme un projet
de recherche de base, qui s’intéresse à l’application et à la valorisation (la coloration technologique de la recherche
s’effectuant dans ces laboratoires est d’ailleurs tout à fait nette: photovoltaïque, chimie pour le nucléaire, piles à
combustible, corrosion, ...).
Le Comité de visite a compris que l’enjeu majeur est de mettre en place une politique d'établissement qui
n'existait pas auparavant. Ce projet se situe donc dans le cadre d’un continuum Recherche-Technologie-Enseignement
(dans une école d’ingénieurs). La présentation qui en a été faite au comité de visite, et les impressions et évaluations
que celui-ci a recueillies dans les différents laboratoires, l’ont rendu, à ses yeux, crédible, original et attractif.
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Le projet est crédible, car la dynamique du projet est déjà à l’œuvre au sein des différents laboratoires
concernés. Les membres de chacun d’entre eux ont fait leur l’idée que son avenir réside dans un ensemble respectant
les identités, mais favorisant les interactions et jouant sur un effet de masse. Plusieurs axes de recherche ont ainsi
été identifiés qui illustrent bien le potentiel de synergie : Energie nucléaire, Photovoltaïque, Piles à combustibles.
Le projet est original et attractif, car les thèmes fédérateurs existant ou à prévoir : procédés et matériaux
pour l’énergie sans CO2 seront étudiés à des niveaux allant du fondamental à l’appliqué. L’exemple réussi du
photovoltaïque, initié au sein du LECA et développé au sein de l’IRDEP, illustre bien le potentiel des équipes.
En ce qui concerne la politique d’établissement, la création de l’Institut faciliterait l’animation de la vie
scientifique à l'ENSCP, permettant de créer séminaires réguliers d’intérêt général, journées scientifiques annuelles,
rencontre annuelle Fédération-Partenaires industriels, et journée annuelle des doctorants, manifestations qui
n’existent pas aujourd’hui.
4 z Analyse équipe par équipe et par projet
Voir les rapports sur chaque unité.
5 z Conclusions
—
Points forts :
Le comite de visite émet un avis extrêmement favorable à la création de l’Institut Moissan. Aux différents
niveaux de la recherche fondamentale, de l’articulation recherche-technologie, et de l’articulation recherche –
enseignement, il voit dans ce projet une chance pour l’ENSCP et ses laboratoires d’augmenter leur visibilité
scientifique et technologique sur des sujets d’intérêt national majeur pour lesquels ils se trouvent particuliètrement
bien armés.
—
Recommandations :
Afin de bien exploiter la dynamique de groupe que le projet a fait naître, le comité de visite suggère que soit
créé un Directoire composé des Directeurs des Laboratoires relevant de la Fédération et présidé par le directeur de
l’école. Ce Directoire se réunirait fréquemment et prendrait les décisions nécessaires au bon fonctionnement de
l’Institut.
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Alain Fuchs
Directeur de l’ENSCP
Paris le 17 mai 2008
Réponse au rapport de l’AERES « Fédération Henri Moissan »
Concerne les équipes des laboratoires suivants :
- IRDEP-UMR 7174, Kerrec
- UMR 7045, Marcus
- EA 3492, Morvan
- UMR 7575, Lincot
Les deux équipes de l’UMR 7574 (Sanchez-Gourier) et les UMR 7573 (Vidal) et 7676
(Jaouen) ne font pas l’objet de ce commentaire, qui concerne exclusivement le comité
d’expert qui s’est tenu les 15 et 16 janvier à l’ENSCP.
-----Les équipes de la future Fédération Moissan de l’ENSCP ont été évaluées par le même
comité qui s’est réuni en janvier 2008, à l’exception des deux équipes de l’UMR 7574
localisées à l’ENSCP (Aka et Barboux), qui ont été évaluées par un autre comité qui s’est
tenu à l’UPMC en février 2008.
Les rapports écrits du comité d’experts nous sont parvenus à partir de la mi-mars, et
jusqu'au 24 avril pour le projet de Fédération Moissan. Dans la plupart des cas, les rapports
n’ont fait l’objet d’aucun commentaire de la part des équipes évaluées. Ces rapports étaient le
plus souvent assez brefs, plutôt factuels, et d’un contenu critique très réduit. Les acteurs sont
très souvent restés sur leur faim, mais le contenu raisonnablement élogieux de ces rapports, et
l’absence de repaires dans ce nouveau cadre d’évaluation nous a conduit à avaliser ces
rapports, tout en regrettant leur caractère assez peu fouillé.
Quelle ne fût pas notre surprise lorsque nous avons reçu le fichier de notation de
l’AERES pour la vague C le 17 mai 2008. Remarquons tout d’abord que la procédure de
notation n’est pas claire du tout, les membres du comité d’évaluation n’en n’ont pas été tenus
au courant. Ces notations relèvent semble-t-il de la seule responsabilité du président du
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comité (qui n’est pas spécialistes de tous les thèmes des Unités visitées) sans que l’on sache
comment est intervenue l’AERES dans la pondération des notes. Cette opacité est regrettable
pour une agence qui communique beaucoup sur sa transparence et son objectivité.
Un premier commentaire général pour commencer : 18% des équipes de chimie ont
été notées A+ ; 39% notées A ; 29% notées B ; 7% C et 7% des équipes n’ont pas été notées.
Ainsi 57% des équipes évaluées sont A+ ou A, et 36% sont B ou C. Il apparaît donc de façon
tout à fait évidente que la signification réelle des notes est la suivante :
A+ : très bonne équipe
A : bonne équipe
B : équipe moyenne
C : équipe médiocre
Ce n’est pas ainsi que ces notations avaient été conçues initialement par l’AERES (on
trouve sur le site de l’AERES que la notation B devrait correspondre à un « bon laboratoire»).
Mais le jugement des présidents des comités de chimie est clair : faire partie des 2/3 environ
des équipes classées en A ou A+ est un résultat satisfaisant, faire partie du 1/3 des équipes
classées B ou C n’est l’est pas ! On ne nous fera donc pas croire, à l’issue de l’évaluation des
Unités, qu’une équipe classée B est une « bonne » équipe, aux yeux des évaluateurs de
l’AERES. Au vu des pourcentages ci-dessus, on peut prévoir que la DGES interprétera ces
notations de la même façon.
Un deuxième commentaire concerne le choix de notation par équipe. Toutes les
disciplines n’ont pas choisi cette méthode (la physique par exemple). Mais lorsque ce choix
est fait il faut s’y tenir, afin que les laboratoires de chimie soient tous évalués de la même
façon. Or ce n’est pas le cas pour les laboratoires de la Fédération Moissan :
-
L’IRDEP-UMR 7174 se présentait en deux thématiques : un pôle recherche et un pôle
développement technologique. Or l’IRDEP ne recueille qu’une seule note,
-
L’UMR 7045, Marcus, se présentait en 6 équipes et ne recueille également qu’une
seule note,
-
L’EA 3492, Morvan, se présentait en 4 équipes, et encore une fois : une seule note,
-
L’UMR 7575, Lincot se présentait en 10 thématiques (d’ailleurs évaluées comme
telles dans le rapport écrit du comité de visite), elle ne recueille que 4 notes
correspondant à 4 thèmes regroupés (par qui ? le Président du comité nie l’avoir fait
lui-même).
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On constate donc une inégalité de traitement des Unités. Cette discrimination se fait aux
dépens des laboratoires qui ont reçu une note globalisée. Il est clair que les effets de moyenne
conduisent à une sous-évaluation apparente, par exemple en occultant les très bonnes équipes
qui mériteraient d’être classées A+.
Plus grave encore : l’absence souvent criante de correspondance entre les avis écrits
dans les rapports du comité et les notations qui figurent dans le fichier de l’AERES.
Ainsi, le rapport du comité sur le laboratoire IRDEP-UMR 7045 se termine par la phrase
suivante : « Le comité donne un avis très favorable au renouvellement de ce laboratoire qui
dans sa nouvelle organisation (…) devrait devenir un pôle français et international
incontournable dans le domaine de la recherche sur les matériaux et systèmes
photovoltaïques ». Cette évaluation (après avoir noté quelques lignes plus haut que l’activité
scientifique était « très bonne », et sa « lisibilité indiscutable ») est très encourageante, pour
un laboratoire jeune créé en 2005-2006. Rien ne permettait, à la lecture de ce rapport, de se
douter un instant que la notation de l’IRDEP serait « B ». L’IRDEP faisant d’un seul coup
partie du tiers des moins bons laboratoires français, après avoir été plutôt complimentée dans
le rapport écrit.
Il est permis de se poser sérieusement la question de la façon dont les notations ont été
harmonisées entre les comités. Au sein de l’UMR 7574 (co-habilitée avec l’ENSCP), et qui
avait, nous le rappelons, un autre comité d’experts, une des équipes à été notée B (comme
l’IRDEP). On lit pour cette équipe, que « le comité n’a pas été convaincu de la pertinence
scientifique à moyen terme des résultats présentés (…) », et que « la production scientifique
est relativement modeste (…) et bien en deçà de celle annoncée dans le rapport». Ce comité
se pose la question de l’attractivité de l’équipe, regrette un nombre « notoirement faible » de
contrats de recherche, … Tout cela aboutissant à la notation « B », comme pour l’IRDEP !!
Un dernier exemple, pour ne pas alourdir ce texte. L’équipe « modélisation des
systèmes complexes » de l’UMR 7575 a reçu le commentaire écrit suivant : « excellente
approche scientifique. Niveau international largement reconnu. Le leader de cette équipe est
appelé à jouer un rôle fédérateur en modélisation au sein de l’institut Moissan ». Il est vrai
que le leader en question est un des chimistes théoriciens français les plus cités au monde (à
l’âge de 45 ans, ce Professeur d’origine italienne possède un facteur h de 33, avec plus de
6000 citations). La notation « A » de l’AERES est donc plutôt étonnante, là où on aurait
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raisonnablement pu envisager A+. D’une manière générale, les notations des équipes de
chimie théorique de la vague C sont surprenantes. On trouve, dans l’UMR 7614, une équipe
classée « A » également, pour laquelle le rapport souligne par exemple « l’impact limité en
termes de conférences invitées », et que le nombre d’articles publiés est bon, mais
« inégalement réparti entre les membres ». Manifestement, les présidents des comités ont des
sensibilités différentes vis-à-vis de la chimie théorique, ce qu’on peut comprendre, et des
enthousiasmes différenciés, ce qui nécessite évidemment une harmonisation de la part de
l’AERES. Les exemples donnés ci-dessus laissent planer un doute sérieux sur le processus
d’harmonisation mis en oeuvre. Pour couronner le tout, l’EA 3492 (Morvan) de l’ENSCP a
été notée en SPI et en chimie, elle a recueilli la note de A dans le premier cas et B dans le
deuxième !!
On pourra nous objecter que l’AERES est une agence récente et qu’elle ne pourra que
s’améliorer dans l’avenir. Nous acceptons bien volontiers cette remarque, tout en insistant sur
le fait que les Unités ou équipes notoirement sous-notées (comme l’IRDEP, cas très flagrant),
ne doivent pas pâtir de ces difficultés. Dans leur état actuel, les notations des Unités de la
fédération Moissan sont susceptibles d’impacter très négativement les financements que
l’ENSCP sollicite de la DGES au titre du volet recherche du prochain contrat quadriennal de
l’établissement.
Constatant d’une part un traitement discriminatoire des Unités Moissan de l’ENSCP
(évaluation par Unités et non par équipes), et d’autre part une série d’anomalies de notation
conduisant à une sous-évaluation caractérisée de certaines Unités, je demande, en tant que
chef d’établissement, une expertise contradictoire des laboratoires de la future Fédération
Moissan de l’ENSCP.
Alain FUCHS
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