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Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige… Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! g h h g Harmonie du Soir est un poème qui est tiré du chapitre « Spleen et Idéal » et il traite le sujet de l’amour. Dans mon travail, je vais me limiter à analyser le poème Harmonie du Soir. D’abord, je vais délimiter les séquences visuelles, car il est intéressant de définir les situations et les paysages du poème. Deuxièmement, je vais me concentrer sur les strophes et leur distribution sur les scènes. Ensuite, je vais isoler quelques-unes des isotopies par rapport aux séquences filmiques, aux strophes et aux vers/rimes. Enfin, je vais faire une analyse stylistique où l’on va voir les particularités du style de Baudelaire. Le poème nous présente un paysage dans la saison d’automne. Les fleurs sont en train de s’évaporer et il y a une atmosphère mélancolique dans l’air. Il fait déjà soir et le soleil se prépare à se coucher. C’est l’image générale que Baudelaire nous procure par Harmonie du Soir. De façon plus concrète, on peut percevoir le poème en faisant un découpage scénique : D’abord, il y a un gros plan sur une « fleur » (v. 2) qui est un peu épuisée et en train de se faner. Elle révèle le dernier éclat, la dernière odeur avant de disparaître dans le néant. Comme prochain pas, il y a l’effacement de la fleur et c’est un 1 Cours de littéraire Baudelaire Les Fleurs du Mal « encenseur » (v. 2) qui apparaît dans la même place. Dans la troisième ligne le champ visuel s’élargit. On est dans une scène en plein air où les « sons » et les « parfums » des fleurs « tournent dans l’air du soir » (v. 3). On peut s’imaginer un coucher du soleil au milieu d’un paysage d’automne. En outre, on pourrait voir un couple qui danse une « valse mélancolique » (v. 4). Dans la deuxième strophe un « violon » (v. 5) apparaît qui joue des sons tremblants. Cette situation du violon est comparée avec un « cœur » (v. 5) blessé, une personne (métonymie) qui est très nostalgique et même proche des larmes, car elle a des souvenirs d’un amour qui est plus la réalité. La musique, les sentiments et l’odeur jouent un rôle essentiel pendant tout le poème. Ils sont toujours présents dans des scènes différentes. Vers 8, c’est le paysage qui devient plus important et la vision se dirige vers le « ciel » (v. 8) qui est « beau » et « triste » en même temps. Baudelaire compare ce ciel avec un « grand reposoir » (v. 8). Dans la prochaine strophe le poème nous donne une concrétisation du sentiment de « néant » (v. 10) à travers l’image du paysage plongé dans la nuit. « Le soleil s’est noyé dans son sang », (v. 12) fait naître la vision d’un coucher de soleil expressif qui est teinté de rouge. Ensuite, il y a la concrétisation d’une trace, « vestige » « du passé lumineux » (v. 14) à travers un « ostensoir » (v. 16). A la fin c’est le « souvenir » (v. 16) qui reste de l’amour entre le protagoniste qui a un cœur blessé et de la personne qui l’a quitté. Le poème Harmonie du Soir contient quatre strophes dont chacune est constituée de quatre vers. La première strophe commence avec une interpellation « Voici » (v. 1) qui veut suggérer le « moi » de l’auteur de Baudelaire. Cette strophe nous montre le décor : un paysage de crépuscule qui est comparé avec des thèmes religieux. Les mots « vibrant » (v. 1), « tournent » (v. 3) et « valse » (v. 4) nous laissent ressentir le mouvement en avance. Dans la deuxième strophe, Baudelaire reprend des vers de la première strophe, mais il concrétise les thèmes affectifs. Le poète montre sa souffrance « le violon frémit » (v. 6) et « un cœur qu’on afflige » (v.6). La strophe suivante fait un appel à la pitié et une protestation de solitude en mentionnant la haine envers « le néant vaste et noir » (v. 10). La dernière strophe met en évidence une paralysie, une absence de perspective d’avenir. C’est aussi l’amour qui apparaît. Il est décrit comme quelque chose de sacré et qui est devenu un « souvenir » (v. 16). Dans ce poème il s’agit d’un pantoum : forme de poème dans lequel le second et le quatrième vers de chaque strophe reviennent comme premier et troisième vers de la 2 Cours de littéraire Baudelaire Les Fleurs du Mal strophe suivante (voyez les couleurs). Grâce à ces répétitions des vers entiers, le poème reçoit un mouvement progressif, un rythme envoûtant et cela met tout en harmonie et en musique. La structure du poème semble mimer son contenu. Le mouvement circulaire du pantoum reprend sur le plan musical l’ivresse du tournoiement de la valse. De plus, le nombre réduit de rimes (en «-ige » et « -oir ») dans le pantoum, souligne la présence du soir et de l’harmonie. Il paraît évident que le titre porte le nom : Harmonie du Soir. Le schéma des rimes est toujours le même. Il s’agit des rimes embrassées : a-b-b-a, c-d-d-c, e-f-f-e, g-h-h-g. A vrai dire, « tige » (v. 1) rime avec « vertige » (v. 4) et « encensoir » (v. 2) rime avec « soir » (v. 3). Le poème est un alexandrin (segmenté 6 syllabes + 6 syllabes). La coupe centrale du vers (la césure) met en valeur les mots placés juste devant ou derrière elle. Cette position est surtout occupée par les verbes qui donnent les mouvements dans ce poème : « Chaque fleur s’évapore / ainsi qu’un encensoir » (v. 2) « Les sons et les parfums / tournent dans l’air du soir » (v. 3) « Le violon frémit / comme un cœur qu’on afflige » (v. 6) L’étude de champs sémantiques révèle quatre isotopies qui prédominent dans Harmonie du Soir de Baudelaire : premièrement, c’est l’isotopie de l’affectivité qui joue un thème essentiel dans ce poème : « fleur » (v. 2 / 5), « mélancolique » (v. 4 / 7), « afflige » (v. 6 / 9), « cœur » (v. 6 / 9 / 10 / 13), « tendre » (v. 10 / 13) « sang » (v. 12 / 15), « souvenir » (v. 16). Tout ce vocabulaire parle de l’amour. Le poème Harmonie du Soir est adressé à une femme, qui est présentée à travers les décors d’une « fleur » (v. 2 / 5), interpellée au dernier vers par « Ton souvenir en moi ». Envers cette femme il existe une affection profonde qui est visible dans tout le poème. Dans la première et la deuxième strophe, le poète se réfère plutôt à la femme par rapport à la « fleur » (v. 2 / 5). Dans les deux strophes suivantes, le rapport est plutôt émotionnel et sentimental. L’omniprésence et la répétition de ce réseau thématique suggèrent que le souvenir et l’affection sont toujours présents et le poète ne peut pas s’en débarrasser. La deuxième isotopie présente dans le poème est le malaise : « tournent » (v. 3), « vertige » (v. 4 / 7), « frémit » (v. 6 / 9), « triste » (v. 8 / 11), « néant vaste et noir » (v. 10 / 13), « s’est noyé » (v. 12 / 15), « sang qui se fige » (v. 12 / 15). Par cette isotopie, le poète met en évidence une paralysie, une absence de perspective 3 Cours de littéraire Baudelaire Les Fleurs du Mal d’avenir. Il règne une atmosphère de solitude, d’incertitude. Cette image devient très concrète surtout dans la troisième strophe. Chaque vers contient des mots qui sont typiques pour le malaise comme « Le violon qui frémit » (v. 9), « le néant vaste et noir » (v. 10), « Le ciel [qui est] triste » (v. 11) et « le soleil [qui] s’est noyé » (v. 12). En plus, des objets liturgiques sont mentionnés d’une façon explicite : « encensoir » (v. 2 / 5), « reposoir » (v. 8 / 11), « ostensoir » (v. 16). Très frappante est la place donnée aux objets liturgiques. On les retrouve toujours à la fin d’un vers et au minimum une fois par strophe. « L’encensoir » et le « reposoir » apparaissent même deux fois dans ce poème. Le choix de ces sujets liturgiques pourrait signifier que la femme dont on parle est quelque chose de sacré, de saint et de très importante. Le fait que les trois notions liturgiques terminent avec le suffixe « -soir » fortifie l’atmosphère du crépuscule en ayant la même sonorité que le mot « soir ». Finalement, c’est la saison d’automne qui domine : « s’évapore » (v. 2 / 5), « langoureux » (v. 4 / 7) « souvenir » (v. 16) L’automne signifie la saison dans laquelle les couleurs d’été disparaissent, l’énergie du corps diminue de sorte que beaucoup de personnes deviennent nostalgiques, pensives et émotionelles. Ici c’est une fleur qui « s ‘évapore » (v. 2 / 5). La suite procure une ambiance mélancolique le soir. En faisant une analyse stylistique on constate que Baudelaire utilise beaucoup de comparaisons dans ce poème. Dans le deuxième et cinquième vers, le poète compare la fleur qui s’évapore avec « un encensoir » en utilisant la conjonction « ainsi que ». Souvent, il emploie la conjonction « comme » pour montrer la comparaison comme par exemple dans les lignes: 6, 8, 9, 11 et 16. Il semble que Baudelaire utilise ses comparaisons pour rendre plus claires et souligner les images, les atmosphères données dans son poème Harmonie du Soir. Le « cœur » vers 10 montre une métonymie. Dans ce contexte, le cœur est compris comme une personne, un être-humain. Alors, le cœur est placé pour toute la personne. Le « néant » dans la même ligne est aussi une métonymie : « le néant » veut suggérer la nuit. Ici, le sentiment est mis pour le temps de la nuit. Les allitérations apparaissent aussi fréquemment. Les sonorités [ v ], [ f ], [s] et [z] sont présentes dans le poème entier. Dans le vers 6 « Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ; » il y a une répétition de la sonorité [k] dans une suite de mots rapprochés. 4 Cours de littéraire Baudelaire Les Fleurs du Mal Dans le vers 4, on retrouve aussi un chiasme, une symétrie croisée qui est répétée au vers 7 : « Valse mélancolique et langoureux vertige ! » . Les deux adjectifs sont alliés ensemble et les mots « valse » et « vertige » sont liés encore plus grâce à une allitération en [v]. Pour conclure, Harmonie du Soir est un poème plein d’images, de sons et d’expressivité. Ce poème est une unité qui est visible surtout par son harmonie et par la fluidité de ses quatre strophes. La musique est présente dès le début et revient toujours. Il ne semble pas surprenant que Debussy ait choisi ce poème pour faire une composition musicale. Ce poème de Baudelaire est riche d’interprétations et magnifique par sa composition. 5