made in italy

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made in italy
23 janvier 2015
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
MADE IN ITALY
TRAVAIL ILLÉGAL, BAS SALAIRES, HEURES
SUPPLÉMENTAIRES EXCESSIVES.
Un rapport publié par la Campagna Abiti Puliti, la section italienne de la Clean Clothes
Campaign, révèle les mauvaises conditions de travail dans les usines italiennes
d’habillement. Il prouve une nouvelle fois que la simple relocalisation de la production
en Europe, voir même dans ce cas au sein de l’Union Européenne, n’apporte pas une
réponse structurelle et durable au problème mondial des mauvaises conditions de
travail dans l’industrie de l’habillement.
Ce vendredi 23 janvier, la Clean Clothes Campaign, représentée par achACT, plaidera
devant la Commission Européenne pour une meilleure régulation du secteur de
l’habillement.
L’enquête a porté sur les usines italiennes d’habillement et de fabrication de chaussures.
Elle démontre l’impact négatif de la compétition des pays de production situés en Europe
orientale et en Asie sur le salaire des travailleurs de l’habillement et leurs conditions de
travail en Italie. Elle pointe également l’importance de plus en plus grande des acteurs
chinois
L’enquête a été menée à travers toute l’Italie en 2013. Elle est basée sur les interviews de
travailleurs. Elle a donné lieu a un rapport intitulé « Can you earn a living wage in fashion in
Italy ? ».
Made in Italy … et fabriqué par des travailleurs chinois
L’étude constate en effet que des grandes marques, parmi lesquelles Louis Vuitton, Armani,
Prada et Dior, qui continuent de se fournir en Italie, exigent des usines italiennes qu’elles
soient aussi compétitives que leurs concurrentes d’Europe orientale et de Turquie.
Une partie de plus en plus grande de l’industrie italienne de l’habillement est détenue par
des propriétaires chinois, qui emploient exclusivement de la main d’œuvre chinoise, créant
« une industrie dans l’industrie ». Ces usines, dites chinoises, exercent également une
pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. Un travailleur témoigne :
« Les chinois [d’Italie] produisent à des prix finaux qui ne permettront jamais aux
entrepreneurs italiens de couvrir leurs coûts. De ce fait, de nombreux petits propriétaires ont
du fermer leurs ateliers. »
Un auditeur décrit les conditions de travail chez un sous-traitant chinois, basé en Italie : « Ils
ont peut-être un extincteur mais il est vide… 15 personnes doivent dormir dans une pièce
pas très grande. Ils ont la place pour une cuisine et disposent d’une bouteille de gaz. Il n’y a
pas de vitres aux fenêtres. Les escaliers qu’ils empruntent pour se rendre dans la zone de
production sont encombrés de boites de carton remplies de tissus. »
Des salaires parmi les plus bas
Autre fait mis en lumière : le secteur de l’habillement est le secteur industriel en Italie où les
salaires sont parmi les plus bas. Les travailleurs de l’habillement figurent clairement parmi
les « travailleurs pauvres » d’Italie. Les salaires des personnes sans expérience, travaillant
dans les usines, dans l’industrie légale, ne dépasse pas 1200€ net par mois. Dans la région
Vénitienne, les apprentis ramènent chez eux 730€ par mois. Les travailleurs à domicile ne
gagnent quant à eux que 850€, ce qui est nettement en dessous du montant nécessaire pour
vivre dignement. Selon les calculs d’Istat, l’institut national de statistique en Italie, une
famille résidant dans le nord de l’Italie a besoin d’au moins 1600€ par mois pour vivre
décemment.
La pression sur les prix a également entrainé une augmentation sensible du travail illégal.
Les chercheurs ont constaté que les sous-traitants engagent leurs travailleurs à des prix
cassés et attendent d’eux qu’ils prestent un nombre excessif d’heures de travail pour garder
leur emploi. Certains employeurs vont même jusqu’à engager leurs travailleurs à la journée.
« Pris dans cette spirale de régression sociale, l’Italie se dirige vers un marché de l’emploi de
plus insécurisé et flexible avec une protection sociale réduite et qui laisse les travailleurs de
plus en plus seuls et exposés aux effets de la crise », déclare Francesco Gesualdi, l’auteur
du rapport. « Que les grandes marques s’approvisionnent en Italie, c’est certainement une
bonne nouvelle pour l’emploi, mais c’est une catastrophe si cela s’accompagne de salaires
de misère, de l’absence de syndicats, de contrats précaires et de mauvaises conditions de
travail dangereuses, comme ce que l’on voit au Bangladesh. »
L’Union Européenne doit mettre en place des mécanismes de régulation
Le rapport recommande l’adoption de mesures pour pousser les marques et enseignes de
mode à garantir un salaire vital aux travailleurs de leur filière d’approvisionnement, en
utilisant, par exemple, comme référence la méthode de calcul développée par l’Asia Floor
Wage Alliance pour les pays asiatiques et utilisée par la Clean Clothes Campaign pour les
pays d’Europe occidentale.
En second lieu, l’étude met en lumière le besoin crucial pour les institutions européennes de
revoir leurs stratégies d’intervention sur la question des salaires pour qu’elles répondent aux
objectifs de diminution de la pauvreté du Traité de Lisbonne et respectent les Principes
Directeurs des Nations-Unies relatifs aux entreprises et Droits de l’Homme. Les institutions
européennes devraient de plus geler toute négociation concernant le Traité Transatlantique
(TTIP), qui pourrait avoir des effets néfastes sur les droits des travailleurs.
La Commission européenne organise ce vendredi 23 janvier une réunion de
consultation pour développer une initiative étendard (flagship initiative) pour rendre le
secteur de l’habillement plus responsable. La Clean Clothes Campaign, représentée par
achACT, y participera et plaidera avec insistance pour la mise en place d’une
législation sérieuse destinée à imposer une traçabilité et une transparence des filières
d’approvisionnement et à rendre contraignant le devoir de vigilance des entreprises
donneuses d’ordre vis-à-vis de leur filière en matière de respect des Droits de l’Homme.
INTERVIEWS: Jean-Marc Caudron, responsable actions urgentes achACT
Tel : 010/45 75 28, GSM 0485/58 35 92, Mail: [email protected]
CONTACT PRESSE: Catherine Parmentier, chargée de communication achACT
Tel: 010/457527, Gsm: 0491/71 44 44, Mail: [email protected]