Un voyage au Liban, un retour aux sources
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Un voyage au Liban, un retour aux sources
Les Libanais dans le monde lundi 6 juillet 2015 Un voyage au Liban, un retour aux sources... Naji FARAH Ils arrivent cette semaine : plus de 80 descendants de Libanais et amis du Liban vont participer au voyage organisé par l’association RJLiban à l’occasion de son trentième anniversaire. Fondée à Paris lors de la guerre libanaise pour promouvoir la culture et une nouvelle image de ce pays, la priorité de l’association est à présent d’assurer le retour au pays de descendants d’immigrés. Les efforts de l’ONG se sont ainsi concentrés depuis six ans, avec l’aide de plusieurs autres organismes actifs sur le terrain, sur l’Amérique latine qui constitue un terrain unique en son genre pour les chercheurs intéressés par l’émigration libanaise. Du Mexique à la Norvège en passant par le Venezuela, la Bolivie, l’Uruguay, le Brésil, l’Argentine, le Canada, la France et l’Irlande, les jeunes et les moins jeunes d’ascendance libanaise, de la deuxième à la quatrième génération, vont participer à un programme chargé alliant visites touristiques, rencontres sociales et cours de langue. Identité et histoire libanaises Ils ont entre 14 et 69 ans, avec une moyenne d’âge de 30 ans. Plus de la moitié ont moins de 25 ans, et ils vont franchir, la plupart pour la première fois, le mur de l’émigration les séparant du pays de leurs grands-parents. Pour certains, ils seront les premiers à retourner au pays après le départ de leurs arrièregrands-parents il y a 100 ans, au plus fort de la Première Guerre mondiale, ou même avant. Les moments-clés seront l’exposition du sculpteur libano-mexicain Mario Athié qui présentera ses œuvres au public libanais, et le mariage de deux La treizième édition du Festival libanais s’est déroulée cette année dans la ville de Laval du Grand Montréal. Les festivités se sont étalées sur le week-end du 18 au 21 juin. Dès le jeudi soir, des milliers de participants ont assisté à la cérémonie d’ouverture qui annonçait des activités sous le thème « L’héritage phénicien, un trésor qui ne disparaît pas ». Une trentaine de kiosques représentant la culture libanaise se déployaient sur un vaste site ayant servi auparavant à des spectacles équestres. Buste d’Agustín Gutiérrez exposé à l’aéroport Benito Juarez. « Harmonie avec la nature. » Le sculpteur libano-mexicain Mario Athié sera l’invité principal du Voyage RJLiban 2015 de retour aux sources et exposera ses œuvres durant son séjour au Liban. L’inauguration de l’exposition qui lui sera consacrée aura lieu le ven- dredi 10 juillet à 10h, lors d’une conférence de presse qui se tiendra pour présenter le programme de l’association RJLiban, à l’hôtel Smallville à Beyrouth. Depuis 1972, Mario Athié participe à des expositions locales et internationales au Mexique, en Espagne et en Italie notamment. Il publie des articles dans des revues d’art. Parmi ses œuvres figure le buste d’Agustín Gutiérrez, grand nom de l’aviation mexicaine, exposé à l’aéroport international Benito Juarez à Mexico City. « Une mission, quasiment un pèlerinage » Hussein Ballout, devenu José, un émigré libanais en Argentine. de 31 ans, au physique typiquement libanais, employée dans une entreprise de travaux électriques, est la première à revenir au Liban. Elle a une sœur de 29 ans, Maylene, et un frère, Naïm, de 17 ans, qui va la rejoindre cette semaine pour participer au Voyage RJLiban. Sa mère Elsa Noemie est argentine. Son père Roberto Omar est décédé en 2011 à l’âge de 61 ans. Magali Balut, apparentée Pour Magali Balut, ce sera sa première visite au Liban. aussi à la famille Serhane, espère retrouver avec son frère Naïm des cousins dans leur village d’origine de Kaounine. Après avoir milité quelques années au sein de la Jucal (Jeunesse libano-ar- gentine affiliée à l’Union libanaise culturelle mondiale), entre Bahia Blanca et Buenos Aires, elle souhaite que ce voyage motive les autres membres de sa famille à se rendre au Liban. Participation record pour le Festival libanais de Montréal Frédéric ZAKHIA Les sculptures de Mario Athié jeunes Libano-Argentins, Fédérico Montes Chantiri et Paula Gattas, qui ont décidé de s’unir pour la vie au Liban. Cinq autres grands groupes de fils d’émigrés sont attendus cet été au Liban. À travers leur expérience libanaise, ils donneront un nouveau souffle au pays et décideront de la suite à donner à ces actions, dans leurs lointains pays, afin de perpétuer le message millénaire du Liban. Magali Balut de retour à Tyr, sa terre d’origine En 1927, le grand-père de Magali, Hussein Ballout, âgé de 18 ans, partit seul de Kaounine, près de Tebnine dans la région de Tyr, à la recherche de son père Ali. Celui-ci avait émigré en Argentine pour le travail, promettant de revenir chercher sa femme et ses deux garçons. Il n’était plus jamais revenu. Le 4 novembre, Hussein prit ainsi le long chemin de l’Argentine, à bord d’un navire de la marine italienne, effectuant le trajet de Gênes à Buenos Aires, en passant par Naples, Palerme, Dakar, Rio de Janeiro, Santos et Montevideo. Il a retrouvé son père, qui s’était entre-temps remarié et avait fondé une nouvelle famille, et qui ignora sa présence. Devenu José Balut, il se débrouilla pour trouver du travail, garda de bons contacts avec ses demi-frères et demisœurs et se maria avec une Argentine. Il ne voulait pas que l’on parle du Liban à leurs cinq enfants. En 1945, José envoya des billets à son frère Hassan, sa femme et leurs cinq enfants restés à Kaounine, pour assurer leur voyage en Argentine. Au moment de monter dans le bateau, le capitaine refusa que la maman et le bébé fassent le voyage, et ils attendirent trois ans pour pouvoir rejoindre toute la famille à Buenos Aires. Aujourd’hui Magali, âgée 5 Sous les différents chapiteaux ornés de drapeaux libanais, les Lavallois et Montréalais ont pu déguster les meilleurs mets libanais réalisés par des artisans : mana’ich de zaatar, jebné, arishi et autres pâtisseries libanaises. « Cette année, nous avons lancé les mana’ich de kechek », expliquait Zeina Hanna Eid, bénévole responsable des kiosques gastronomiques et directrice de l’école Saint-Maron, qui assure l’enseignement de la langue arabe. Des artistes et chanteurs invités, libanais et étrangers, ont animé les différentes journées et soirées du festival. Un hommage a été rendu à trois personnalités libanaises disparues, Wadih el-Safi, Sabah et Saïd Akl. La troupe de dabké libanaise, al-Firsan ou Chevaliers du Liban, a offert de son côté son traditionnel spectacle de danse folklorique. De nombreuses personnes ont participé à cette danse, formant de longues chaînes humaines, démontrant que cette tradition persiste au sein de la diaspora. Le festival a été clôturé par une messe le dimanche, célébrée par le Père Fadi Helwanji, recteur de la cathédrale Saint-Maron. « Nous sommes fiers de ce festival, on y voit le drapeau libanais partout, et c’est beau ! » s’est enthousiasmé Fadi Ziadé, consul du Liban à Montréal. « Grâce à cette activité, les Libanais de la diaspora s’enracinent de plus en plus dans leur pays d’origine », a-t-il poursuivi. Un peu d’histoire Créé conjointement par la cathédrale Saint-Maron et le monastère Saint-Antoine-leGrand en 2003, le Festival libanais a rapidement attiré la jeunesse libanaise de la diaspora et la population québécoise de la société d’accueil. « Nous voulons montrer le visage civilisé du Liban », expliquait Albert Sleiman, coordinateur du festival. Jusqu’en 2014, l’événement avait lieu dans le parc Marcelin-Willson à Montréal, mais cette année, les organisateurs l’ont déplacé vers la ville de Laval, où la communauté libanaise compte quelque 20 000 membres. Quant à la presse lavalloise, elle s’est réjouie de cette décision. « Le Festival libanais, situé pour une première fois à Laval, a atteint largement ses objectifs, en attirant environ 30 000 personnes sur quatre jours », pouvait-on lire dans le Courrier Laval. Une grande foule au festival. « Je suis descendant de Libanais. Mon nom de famille initial a changé après l’immigration en Argentine. Mon arrière-arrièregrand-père s’appelait Samir Fernaini et ma grand-mère Nur Merched. Ils étaient de Baalbeck. » C’est par ces mots que Diego Samir Fernandez, l’un des participants au voyage de retour aux sources organisé par RJLiban, raconte son ascendence libanaise. Lorsque Diego, âgé de 35 ans, fonctionnaire à San Miguel de Tucumán, a appris la bonne nouvelle à laquelle il ne s’attendait pas, il voulait s’assurer à tout prix que c’était lui « le » Diego Fernandez (nom très commun) à avoir remporté l’une des bourses pour le Liban. Ce voyage sera pour lui un véritable « pèlerinage », comme il l’exprime sur Facebook : « Tout est prêt ! dit-il. J’aimerais partager avec vous la joie de ce cadeau de la vie ! Je remercie Dieu de me sentir béni. Merci à RJLiban qui m’a donné la possibilité de participer à ce retour aux sources et m’a octroyé cette bourse pour vivre le Liban, terre ancestrale et bénie ! Merci à ma famille d’avoir toujours été là, à mes amis qui m’ont envoyé leurs bonnes ondes pour ce voyage. À tous mes compatriotes libanais et syriens. En mémoire de mon grand-père Ismaël, je retourne à ce pays Diego Samir Fernandez de San Miguel de Tucumán, en Argentine. d’où il est venu, avec son sang dans mes veines. Je suis argentin et je suis libanais ! » « Vamos falar português », des réunions en langue portugaise à Beyrouth « Vamos falar português », qui signifie « Parlons portugais » en français, est un programme du Centre culturel Brésil-Liban (CCBL), de l’ambassade du Brésil à Beyrouth. Ce programme a pour objectif de réunir la communauté lusophone au Liban pour des échanges en langue portugaise. Une réunion a eu lieu le 4 juin, autour du thème de l’émigration libanaise au Brésil. L’invité spécial était l’écrivain et chercheur libano-brésilien Roberto Khatlab, directeur du Centre des études et cultures de l’Amérique latine à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Cecal-Usek) : il a abordé le sujet de l’émigration et de l’adaptation des Libanais au Brésil. « La visite de l’empereur du Brésil, Dom Pedro II, au Liban en 1876 est celle qui a fait connaître le Brésil dans la région et ouvert les portes à la grande émigration libanaise au Brésil, a dit M. Khatlab. Dom Pedro II parlait l’arabe, il est considéré comme le pionnier des relations entre le Brésil et le Liban. » Et d’ajouter : « La communauté libanaise et ses descendants seraient forts de cinq millions d’individus au Brésil, selon les estimations. En consé- quence, avec le retour de Libano-Brésiliens (« brasilibaneses ») au Liban, il existe aujourd’hui ici une communauté de plus de dix mille, également selon des estimations, sur tout le territoire libanais. » Dans une vidéoconférence, le publicitaire Roberto Duailibi, résident à São Paulo, a fait passer un message libano-brésilien d’amitié à tous les participants à cet événement au CCBL. Cette rencontre a été conçue dans un style du XIXe siècle (maisons, magasins...). Plusieurs personnes étaient habillées dans la pure tradition libanaise de cette époque. Les étudiants de langue portugaise du CCBL des différents niveaux ont, pour leur part, présenté des pièces de théâtre, dialogues et histoires sur le thème de l’émigration, fondés sur leurs propres histoires familiales entre le Liban et le Brésil. Pour clôturer l’événement, l’ambassadeur du Brésil Jorge Kadri, luimême fils de Libanais originaires de Zahlé, a parlé de l’émigration de sa propre famille. Il a raconté comment il est revenu au Liban dans un contexte différent, comme représentant diplo- matique brésilien. La réunion s’est terminée par une fête avec de la musique, des danses et un dîner libanais, où il était de rigueur de communiquer en langue portugaise. « Connection Beirut » Sur un autre plan, la communauté brésilienne au Liban a lancé une revue, en ligne et imprimée, intitulée Connection Beirut, dans les deux langues portugaise et anglaise. Son but est de servir la communauté brésilienne et libanaise dans la diaspora. La revue a été créée par la Brésilienne Viviane Carvalho et une équipe de collaborateurs libano-brésiliens. Elle devra contribuer à connecter les deux pays et construire un pont entre les deux communautés par la publication d’informations sur les principaux événements, des entrevues, des nouvelles sur la mode, la décoration, la justice, les arts, l’histoire, la littérature, la culture... La revue a été lancée en juin au Cecal à Achrafieh, en présence de l’ambassadeur du Brésil Jorge Kadri, de l’équipe rédactionnelle et de la communauté libano-brésilienne. Pour lire, se connecter à : http ://connectionbeirut.com. Un industriel libanais parmi 43 personnalités honorées au Sénégal* Un industriel libanais, Issam Omais, fait partie de 43 personnalités auxquelles le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a récemment décerné des ordres nationaux. Ces 43 personnalités appartiennent aux mondes de la politique, de l’économie, de la religion, de la culture et des médias... Certaines ont été élevées à l’ordre national du Lion, d’autres à l’ordre national du Mérite. M. Sall a souligné, dans son discours, que chacune de ces personnalités « a rendu des services de très haute portée » au Sénégal. « C’est pourquoi vous restez une source de fierté nationale », leur a-t-il dit. Il les a exhortées à « continuer à s’investir pleinement dans le chantier de la restauration des valeurs citoyennes pour contribuer à l’édifice d’un Sénégal prospère ». Pour sa part, Issam Omais a déclaré avoir accueilli l’information « avec beaucoup d’émotion ». « Je remercie tout d’abord le président de la République, Macky Sall, d’avoir bien voulu penser à moi, a-til poursuivi. En m’accordant cette décoration, il honore toute ma famille et, surtout, Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com toute la communauté libanaise installée au Sénégal. En parlant de famille, je pense à feus mes parents, à mes enfants, à mes petits-enfants, à mes frères et sœurs. Mais je pense plus particulièrement à ma très chère défunte épouse Haji Bachira, à qui je voudrais dédier cette décoration. C’est grâce à son soutien, à ses conseils, que je suis arrivé à me construire ce destin qui me vaut aujourd’hui la reconnaissance de toute ma très chère nation, le Sénégal. » *Information tirée du journal sénégalais « Politique & Institutions » L’industriel libanais Issam Omais recevant sa médaille des mains du président Macky Sall.