Mills - Where Light ends - Orchestre symphonique de Bretagne

Transcription

Mills - Where Light ends - Orchestre symphonique de Bretagne
Jeff Mills
(Né en 1963)
Where Lights Ends (création mondiale)
Adaptation pour orchestre symphonique de Sylvain Griotto
Compositeur, producteur de musique et DJ, Jeff Mills a débuté comme animateur de radio à
Detroit, aux Etats-Unis. En 1990, il fonde aux côtés de Mike Banks, Underground Resistance,
l'un des collectifs mythiques de la musique Techno. Deux ans plus tard, il crée, à New York, son
propre label de disques, Axis Records. En 2000, il réalise une nouvelle composition pour le film
Metropolis de Fritz Lang, revenant ainsi à sa passion première, celle de la science-fiction. En
2005, il réédite ce type de partition avec Three Ages de Buster Keaton. La même année,
avec l'Orchestre national de Montpellier, il participe au concert du XXe anniversaire de la
classification du Pont du Gard par l'Unesco. Par la suite, il poursuit des collaborations avec le
Musée du Quai Branly et le Centre Georges Pompidou, à Paris.
Where Light Ends (Lorsque la lumière prend fin) a été inspiré par le vol, en 1992, du docteur
Mamoru Mohri, premier astronaute japonais à voler sur la Navette spatiale Endeavour. La
musique fait explicitement référence à la chronologie de l'aventure : avant le lancement
d'Endeavour, le vol dans l'Espace, les expériences et le retour sur Terre.
Jeff Mills évoque la genèse de l'œuvre. « J'ai rencontré l'astronaute Mamoru Mohri en 2012
pour la première fois, à son bureau au Musée national des Sciences et de l'Innovation à
Tokyo afin de lui expliquer le concept de l'œuvre. Il a été très intéressé et a accepté de
collaborer au projet après avoir entendu ma musique. Il avait déjà relié les pistes des disques
avec certaines de ses impressions lorsqu'il était dans l'Espace […] Il m'a expliqué que le son
était quelque chose d'important lors de la formation des astronautes, à la Nasa. Ecouter les
sons anormaux, ceux provoqués par exemple par la collision de météorites était essentiel car
il en allait de la vie des passagers. Il a éprouvé cette crainte lors de ses deux missions dans
l'Espace, en 1992 et en 2000. Durant nos discussions sur le Cosmos, je me souviens de l'une
de ses phrases : “l'obscurité de l'Espace se produit lorsque la lumière du soleil prend fin”. C'est
ainsi que m'est venue l'idée du titre de l'album ».
Le compositeur français Sylvain Griotto a réalisé l'adaptation pour orchestre de Where Light
Ends de Jeff Mills.
Comment adapter l’œuvre d’un musicien issu de la Techno à l’orchestre symphonique
traditionnel ? Sylvain Griotto nous donne quelques clés d’écoute.
Connaissez-vous tout d’abord le répertoire de la Techno et de l’Electro ?
Je suis novice en la matière ! Mon parcours est celui d’un compositeur de musique classique
contemporaine, formé au Conservatoire de Paris. Les pièces électroacoustiques sur lesquelles
j’ai travaillé se rapprochent d’autres courants, ceux, par exemple, de Karlheinz Stockhausen et
de Luciano Berio. En revanche, dans le cadre de mon activité de pianiste, je me suis toujours
intéressé aux musiques actuelles comme le rock ou la chanson.
Avec Jeff Mills, ce fut donc une rencontre humaine et esthétique. Il y a beaucoup de
passerelles à explorer entre les musiques actuelles et celles, dites savantes, le plus difficile
étant de garder une cohérence dans les projets.
Peut-on parler d’un rapport d’esthétique à esthétique ?
Outre l’admiration que je porte à l’artiste, en dehors de toute esthétique, il se trouve que le
lien entre la musique de Jeff Mills et la mienne se révèle dans le goût pour la grande forme et
le rapport au mouvement. Mon métier d’accompagnateur de danse classique et
contemporaine, qui nourrit ma manière de composer est proche du travail réalisé par un DJ.
Nous gérons le temps sonore en fonction de ce qui se passe devant nos yeux.
Comment avez-vous abordé l’arrangement de l’œuvre de Jeff Mills ?
Comme il n’y a pas de partition pour cette œuvre, qui dure près de trois quarts d’heure, j’ai
travaillé à partir du disque Where Lights Ends paru chez Sony, au Japon. J’ai observé aussi
les travaux passés de Jeffs Mills avec des orchestres traditionnels.
Il est très intéressant d’étudier sa manière de gérer le temps avec des couleurs, des timbres,
des harmonies qui appartiennent à la musique électronique et qu’on ne peut transcrire
directement à l’orchestre. On ne peut passer d’un langage à l’autre. Par conséquent, toute
ma réflexion a été basée sur le son de la pièce et non pas sur les notes.
J’ai remodelé l’harmonie pour que cela sonne “orchestralement” et que l’on retrouve avec mon
langage, l’émotion originale.
La musique de l’orchestre est soutenue par les rythmes propres impulsés par Jeff Mills, qui est
également sur scène. C’est donc une œuvre hybride que nous entendons, avec une partie
écrite et une autre, improvisée.
Comment avez-vous structuré la partition ?
Contrairement à l’œuvre originale, en douze parties, j’ai découpé la partition en quatre
mouvements, à l’instar d’une symphonie. La narration, celle d’un voyage dans l’Espace est ainsi
calibrée pour l’orchestre. L’instrumentation de celui-ci demeure traditionnelle : bois par deux, 3
cors, 2 trompettes, 2 trombones, 1 Tuba, cordes auxquels s’ajoutent trois percussionnistes.
Propos recueillis par Stéphane Friédérich
A Lire
Site officiel du label Axis records
www.axisrecords.com