Intervention Guy BARBIER

Transcription

Intervention Guy BARBIER
Bureau National UNSA
25 juin 2014
Guy BARBIER
Bien sûr, je souscris aux propos tenus par Luc Bérille à l’instant.
Nous avions pressenti l’évolution du désarroi et de la colère de nos concitoyens. Les plus
raisonnables ont opté pour l’abstention, les plus virulents pour un vote Front national. C’est
peu dire que la défiance dans nos institutions (partis politiques mais aussi syndicats…) et
dans les élites est aujourd’hui importante.
Pour reprendre un commentaire du Monde ; « Ayant beaucoup promis - notamment de «
changer l'Europe » - et peu prouvé, les partis de gouvernement sont devenus impuissants à
combattre le pessimisme noir qui paralyse le peuple français. Le sentiment de déclassement
conjugué à la peur panique de se diluer, alimentent un déclinisme qui favorise la valorisation
du passé et le repli sur ce soi. »
La montée des individualismes favorise cette évolution et nous devons y prendre garde.
C’est dire la tâche importante que nous avons syndicalement pour « parler vrai » porter la
parole de tous, c’est à dire prendre en compte l’intérêt général…
L’UNSA Fonction Publique en a débattu lors de son dernier Bureau national. Un débat riche
d’autant plus que la proximité du scrutin général de représentativité nous interpelle. La
participation sera-t-elle au rendez-vous ? La défiance que j’évoquais envers les institutions
nous rattrapera-t-elle ? Tout est à craindre.
Dans ce contexte, la crédibilité de la parole syndicale est essentielle et nous essayons de la
garantir.
Deux exemples à partir de deux dossiers de l’actualité Fonction publique : les salaires et
l’emploi public d’une part, la décentralisation d’autre part.
Premier thème salaires et emploi public
Nous avons mis la priorité sur les bas revenus l’an dernier en acceptant que s’ouvrent, en
priorité, les discussions sur la revalorisation de la catégorie C (vous savez ATSEM, aidessoignants et agents hospitaliers, surveillants pénitentiaires …) et nous ne le regrettons pas.
D’ailleurs les statistiques qui viennent de paraître montrent que la catégorie C a vu une
progression de son pouvoir d’achat de près d’un point…
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Bien évidemment, cela ne solde pas le dossier et pose la question du gel de la valeur du
point d’indice depuis quatre ans aujourd’hui et jusqu’en 2017 comme annoncé par Manuel
Valls.
Nous avons, parce qu’il y avait blocage, appelé à une journée d’action le 15 mai.
Depuis, nous demandons l’ouverture de négociations salariales pour tous les agents et nous
le faisons dans une intersyndicale large (il n’y manque que FO et la CGC). Elle a fait le choix
de demandes mesurées même si certains tentent à chaque fois de faire dérailler la position
syndicale pour rejoindre FO. FO je vous l’ai déjà dit est sur une ligne jusqu’au-boutiste qui
embraye sur les mêmes élans populistes que celui des élections politiques. Peu importent
l’état des finances du pays, il faut augmenter tout le monde de 250€ plus 8% du salaire !
C’est au bas mot 50 milliards à trouver !
Note action a provoqué l’annonce faite par Marylise Lebranchu de décliner, pour les
fonctionnaires, le dispositif d’allègements des cotisations salariales pour les bas salaires.
Certains ont demandé que l’ensemble de ces sommes et de celles qui sont prévues pour
revaloriser la catégorie C soient re réparties en pourcentage entre tous les agents publics.
Ce qui revient, de fait, à favoriser les plus hauts salaires…
Le Bureau National de l’UNSA FP a donné mandat au secrétariat national pour maintenir
cette ligne et apprécier au cas par cas les espaces de négociations qui seront ouverts dans
le cycle qui devrait être lancé par la ministre le 1er juillet.
A cette occasion permettez-moi de revenir sur la publication du rapport de la Cour des
Comptes par Didier Migaud… et qui vient compliquer le contexte des discussions. On se
demande, à certains moments, s’il ne le fait pas exprès…
En résumé, son dernier avis préconise non seulement de geler durablement le point
d’indice des fonctionnaires (au-delà de 2010 7ans ce n’est pas suffiant!) mais aussi de
diminuer leur nombre (mieux que la RGPP), de baisser leurs indemnités, d’augmenter leur
temps de travail, de geler leurs avancements… N’en jetez plus la cour est pleine !
On croirait entendre le FMI conseiller la Grèce et on a vu le résultat : le remède, pire que le
mal, a manqué de tuer le malade…
La Cour préconise de diminuer de 1% le temps de travail des fonctionnaires soit, selon elle,
l’équivalent de 2 jours de congés en moins… Faut-il comprendre que les fonctionnaires
ont… 200 jours de congés ??? Bien évidemment, ce n’est pas le cas. Dans son
raisonnement, la Cour assimile donc toute période non travaillée à des congés, nuits
comprises.
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La Cour déclare qu’il faut maintenir l’attractivité de la Fonction publique… On croit rêver !
C’est peu sérieux et ça ressemble à une instruction à charge d’autant plus discutable que la
Cour sort de son rôle.
Elle ne se contente plus de contrôler le bon emploi et la bonne gestion des fonds publics, la
Cour s’invite désormais sur l’orientation des politiques publiques. Elle le fait avec des
arguments très libéraux et très discutables que nous dénonçons.
Deuxième thème la décentralisation :
Nous nous inscrivons totalement dans la démarche de l’UNSA. Sollicités, nous n’avons pas
exprimé de position par rapport au découpage de telle ou telle région. Nous ne sommes pas
rentrés non plus dans le débat de savoir s’il était préférable que Besançon ou Dijon soit
capitale de région… (Pas sûr que nos copains bisontins aient le même avis que les
bourguignons).
En revanche, nous entrons complètement dans le débat sur ce que sont les missions de
service public, qui les met en œuvre (public ou privé), à quel niveau (Etat ? collectivités ?) et
sur les conséquences pour les usagers (on les oublie trop souvent) et les agents.
Nous sommes interrogatifs sur les missions (routes et collèges) dont le transfert est
annoncé pour cette dernière raison. Les personnels concernés ont déjà été ceux qui ont été
touchés par la décentralisation de 2003…. Tout cela n’est pas sans effet sur leur perception.
Plus que tout, l’absence d’information ou pire les informations contradictoires qui circulent
accroissent la défiance envers des organes politiques et surtout des élus perçus
essentiellement comme défendant des intérêts boutiquiers ou personnels. La transparence
est nécessaire. Nous le disons depuis plus d’un an.
Les décisions relèvent du Parlement mais doivent être précédés d’un débat clair où les
arguments sont mis sur la table et mesurés à l’aune de l’intérêt général. Toute autre
solution ne peut que conduire à de nouveaux procès d’intention.
C’est pourquoi nous sommes heureux de voir qu’autour du groupe qui s’est réuni vendredi
à l’initiative de Michel, le débat puisse se faire de façon argumentée avec la volonté
d’afficher une démarche authentiquement syndicale.
Enfin permettez-moi de saluer le travail réalisé par le groupe Qualité de Vie au Travail qui
montre toute la richesse du côté interprofessionnel du syndicalisme.
Ces deux exemples montrent qu’on peut être force de propositions pour l’ensemble du
salariat. Un atout, je n’en doute pas, pour nos futures échéances.
Je vous remercie..
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