Bibliographie des livres dans les souliers 2013

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Bibliographie des livres dans les souliers 2013
Les coups
de cœur
des bibliothécaires
Novembre 2013
ROMANS
Sanderling, Anne Delaflotte Mehdevi, Ed. Gaïa, 2013
Un agriculteur, Landry, prolonge ses vacances dans les plaines du Nord
tandis que ses collègues ont repris le travail de la terre. Il revient
avec des désirs de changement. Mais un gigantesque nuage de cendres
lourd de menaces recouvre le ciel.
Cet ouvrage est tout autant une réflexion sur l’absurdité de notre
La relieuse du gué
Dans un village de Dordogne, Mathilde reçoit un matin la visite dans
son atelier de reliure d'un homme qui lui confie la restauration d'un
livre ancien, un recueil de dessins, et lui impose un délai très court.
La relieuse tombe sous le charme de cet ouvrage et ne tarde pas à
s'intéresser au client qui le lui a apporté.
Documentaire sur la reliure traditionnelle (le métier de l’auteur) ?
Sur la vie quotidienne dans un village de campagne et ses mesquineries ? Polar ? Histoire d’amour ? C’est tout ça, « la relieuse du
gué », et pour un premier roman, c’est drôlement réussi !
Fugue
Madeleine s'enfuit de l'école le jour de la rentrée. Sa mère, folle
d'angoisse, hurle sa terreur le long de la rivière. Sa fille est saine et
sauve mais Clothilde y perd la voix. Elle consulte, se refuse aux palliatifs chimiques, se heurte à l'incompréhension de ses proches, mari,
père, amie. Elle la retrouvera finalement grâce au chant lyrique, car
sa voix chantée est d'une beauté peu commune.
Là encore, Anne Delaflotte Mehdevi parle de ce qu’elle connaît, puisqu’elle est chanteuse lyrique amateur. Une approche originale de
cette pratique, sans élitisme, ancrée dans le quotidien, réparatrice...
Au-revoir là-haut, Pierre Lemaitre, Ed. Albin Michel, 2013
Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent que
le pays ne veut plus d'eux. La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Condamnés à l'exclusion, et refusant de céder à l'amertume, ils imaginent ensemble une arnaque gigantesque qui va mettre le pays tout entier en
effervescence...
On parle surtout d’ingratitude dans ce roman. Mon coup de cœur absolu. On retrouve la construction au cordeau qui faisait l’intérêt des polars de Pierre Lemaitre, alliée à la force de la
Grande Guerre. Bonne nouvelle, c’est le premier d’une longue série, à la Balzac : il aurait été
trop dur de quitter définitivement ces personnages…
Prix Goncourt 2013.
A lire aussi tous les polars du même auteur, chez le même éditeur.
La femme à la clé, Vonne Van Der Meer, Ed. Héloïse d’Ormesson. Traduit du néerlandais, 2013.
« Femme 59 ans, d’apparence maternelle, hanches larges, voix
agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que
vous vous endormiez. Discrétion assurée. Intentions sexuelles
totalement exclues ». Voilà l’annonce que rédige Nettie, qui,
après la mort soudaine de son mari, doit trouver un travail. Elle
reçoit rapidement des propositions : hommes, femmes, enfants.
Elle leur lit des histoires mais devient aussi leur confidente. Les
lectures peuvent, parfois, avoir d’étranges conséquences…
L’auteur possède le don de capturer les petits instants quotidiens qu’elle restitue avec subtilité, grâce à une écriture simple
et limpide.
A lire aussi du même auteur, Les invités de l’île.
Les poissons ne ferment pas les yeux, Erri De Lucca, Ed. Gallimard. Traduit de l’italien, 2013.
Un enfant de 10 ans passe, comme chaque été, ses vacances sur l’île
d’Ischia, au sud de l’Italie. Il y est seul avec sa mère. Lui, l’enfant de
la ville, qui connaît surtout le monde à travers ses lectures, observe
les pêcheurs, la mer, la nature. Solitaire, il va pourtant se lier d’amitié avec une fille plus âgée, provoquant la jalousie et la haine de
trois adolescents. C’est l’été où le corps devient trop étroit, où il
faut casser la coquille et affronter le
monde extérieur les yeux grands ouverts.
Dans ce récit initiatique, autobiographique, Erri De Luca, 50 ans plus tard, interroge l’enfant
qu’il était et retrouve, intactes, des émotions enfouies sous les ans. Il faut lire lentement ce
livre court et lumineux dont le titre exprime la volonté de regarder en face la cruelle beauté
de l’existence.
Erri De Luca est aujourd’hui l’un des écrivains italiens les plus lus dans le monde. A lire aussi
du même auteur, Montedidio, Le jour avant le bonheur, le poids du papillon…
En mer, Toni Heijmans, Ed. Christian Bourgois 2013.
Lassé par son quotidien, Donald prend trois mois de congés pour naviguer sur son voilier en
mer du Nord. Lors de sa dernière étape, Maria, sa fille de 7 ans l'accompagne. Une nuit, alors
qu'une terrible tempête se soulève, Donald découvre avec horreur que Maria n'est plus sur le
bateau.
Prix Médicis étranger 2013.
La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, Ed. Zulma 2013.
La confession tardive d'un éleveur de brebis à la retraite, qui
s'adresse à son amour de jeunesse, Helga. A travers ce récit, c'est
l'histoire d'une vie traditionnelle paysanne disparue, rude et solitaire.
DOCUMENTAIRES
Trois grands fauves, Hugo Boris, Ed. Belfond, 2013
Le portrait de trois grands monstres sacrés : Georges Danton,
Victor Hugo et Winston Churchill. En créant entre eux une filiation imaginaire, l'écrivain raconte leur exceptionnel destin, eux
qui, confrontés très tôt à la mort, y ont puisé une force de vie
dévorante.
L’auteur a choisi de nous raconter quelques moments forts et
inattendus de la vie de ces grands hommes. Il nous les rend ainsi
attachants, fragiles, plus humains.
Nos ancêtres les gaulois et autres fadaises : l’histoire de France sans les clichés, François Reynaert, Ed. Fayard, 2010
L'écrivain propose sa relecture de l'histoire de France. Pour
chaque grande période, il présente les événements et les personnages marquants, le contexte européen, et il dénonce les
idées reçues.
L’histoire n’est pas une science exacte. Au fil du temps, en
fonction des points de vue, des pays, des besoins de l’époque, un
même événement peut être relaté très différemment, monté en
épingle voire carrément occulté. C’est ce que nous démontre en
repassant toute l’histoire de France –excusez du peu- François
Reynaert. Et tout comme son « Kit du XXIe siècle » (manuel de
culture générale), c’est intelligent et drôle.
Alter-mondialiste, moi ?, Ritimo, Fédération Artisans du monde, C.R.I.D.
La mondialisation, on en entend parler, mais il n’est pas toujours facile de comprendre.
Ce guide traduit dans un langage simple, les enjeux principaux de
notre époque : situation mondiale, rôle des institutions internationales comme l’O.M.C ou le F.M.I. Il dresse un panorama critique de notre planète mondialisée et nous rappelle aussi que l’on peut penser,
agir et vivre autrement et qu’ « un autre monde est possible ». Complété par une bibliographie, un glossaire et des adresses utiles.
BANDES DESSINEES
Silex and the city, Jul, Ed. Dargaud, 4 tomes
Les DotCom, une famille d’homo sapiens vivent en 40 000 avant J.C : le père
est prof de chasse, la mère prof. de préhistoire/géo en Z.E.P (Zone d’évolution prioritaire). Leurs deux enfants, en pleine crise d’adolescence, sont
très différents : Url est un alter darwiniste militant, Web une folle de
mode.
Bienvenue dans cette série absurde et incongrue qui manie le décalage anachronique permanent.
Innocents coupables, Scénario Laurent Galandon , dessins et couleurs Anlor, Triptyque : 3 tomes.
Honoré, Adrien, Miguel et Jean sont condamnés à séjourner dans une
colonie pénitentiaire agricole. Ils sont confrontés aux humiliations, à
l'asservissement, à la répression et aux abus en tout genre. Pour affronter ces épreuves, les quatre héros décident de rester unis et de
lutter.
Encore peu de bandes dessinées ont évoqué les colonies pénitentiaires
réservées jadis aux jeunes délinquants....
On y pratiquait les travaux des champs pour aider ces jeunes « à retourner dans le droit chemin » ; l’éloignement contribuerait aussi à leur éviter les vices et les tentations de la ville. Les
plus connus se situaient à Mettray en Indre et Loire, dans la prison de Eysses ou encore à
Belle île ; leur histoire peu ou mal connue nous est parvenue notamment par les témoignages
de l’écrivain Jean Genet ou encore d’Alexis Violet.
Le train des orphelins, Scénario : Philippe Charlot, Dessins : Xavier Fourquemin,
(l’histoire)
– 2ème cycle T3
1er cycle T1-T2
(Zoom sur 2 personnages)
New York, 1990. Harvey et Jim se retrouvent. Soixante-dix ans auparavant, ils faisaient partie de ces enfants sans famille issus de
l’émigration européenne, emmenés en train à travers les Etats-Unis
pour leur trouver des familles d’adoption et servir de main d'œuvre
bon marché.
Présentation d’un auteur :
Didier Daeninckx
Né en 1949 à Saint-Denis, Didier Daeninckx, a grandi à Aubervilliers où il habite toujours. Il a
exercé pendant une quinzaine d’années les métiers d’ouvrier imprimeur, animateur culturel et
journaliste localier. C’est au cours d’une période de chômage qu’il écrit un premier roman
« Mort au premier tour » (1982). Son second roman « Meurtres pour mémoire » (1984) publié
dans la série noire, relate la répression féroce de la manifestation des Algériens à Paris le 17
octobre 1961. Depuis il n’a cessé d’écrire, avec une prédilection pour le roman noir, dont les
intrigues s’ancrent dans la réalité sociale, historique et politique. Il revisite l’histoire et
donne la parole aux silencieux, aux réfractaires, aux oubliés.
Romans, nouvelles, essais, bandes-dessinées, scénarios pour la télévision, la radio, le cinéma,
le théâtre, livres pour la jeunesse : il a construit au fil des années un œuvre dense et variée,
toujours engagée, pour laquelle il a obtenu de nombreux prix.
Il travaille en tant que journaliste à amnistia.net, un quotidien en ligne d’information et d’enquêtes.
Vous trouverez la plupart de ses livres à la Médiathèque, entre autres, parmi les plus récents :
L’espoir en contrebande, Ed. Le cherche midi, 2012.
Le tour du monde en 26 nouvelles, du canal de l’Ourcq à Ostende, d’Aubervilliers à Nouméa, de
Bordeaux aux Antilles. On retrouve les voyous et
les rêveurs, les perdants et les salauds, les canaques et Louise Michel, dans ces histoires mêlant émotion, violence, humour où Didier Daeninckx continue « de jeter des passerelles de
fiction entre deux blocs de réalité ». Prix Goncourt de la nouvelle 2012.
Le banquet des affamés, Ed. Gallimard, 2012.
L’histoire romancée de Maxime Lisbonne, un personnage hors du commun,
héros des barricades de la Commune et directeur du théâtre des Bouffes
du Nord.
Il crée en 1885 les premiers restaurants du cœur : un « banquet des affamés » où sont conviés tous les pauvres du 18ème arrondissement de Paris. Didier Daeninckx s’installe avec jubilation dans la peau de Maxime
Lisbonne, parlant à la 1ère
personne, dans une langue vivante qui fait résonner l’adjectif révolutionnaire.
Octobre, Ad libris, bande dessinée, dessins : Mako, 2011.
Mohand, qui se fait appeler Vincent, doit passer à l’Olympia avec son groupe de rock, mais
nous sommes en octobre 1961 et la grande manifestation du 17 octobre se prépare. La guerre
d’Algérie est présente en toile de fond mais n’envahit pas le récit qui reste centré sur la manifestation ainsi que sur le personnage principal : Vincent/Mohand. Comme souvent chez Didier Daeninckx on suit un destin individuel qui s’inscrit dans un événement historique, dont le
principal intéressé n’a pas conscience. Les planches de Mako sur Paris sont magnifiques, le
noir est la couleur dominante, la pluie et le froid que l’on ressent, ressortent comme des éléments dramatiques.