Piyoyon avait reconstruit sur le Clos à Soupir Ce surnom de Piyoyon

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Piyoyon avait reconstruit sur le Clos à Soupir Ce surnom de Piyoyon
Piyoyon avait reconstruit sur le Clos à Soupir
Ce surnom de Piyoyon courait du temps de notre enfance. Il est presque
certain qu’aujourd’hui il ne dit plus rien à personne.
D’où le tenions-nous ? De notre père, de nos grands-parents ? On ne sait.
Mais le fait était là, il courait encore le village.
Il désignait qui ? Sans aucun doute Justin Rochat, qui l’avait probablement
hérité de son père Edouard-Lucien.
La liste de Pierre-André Reymond du Sentier, petit-fils de Gnyola (voir nom
et surnom des habitants des Charbonnières), accole le surnom de Pioion à
Rochat Lucien, donnée qui conforte le terme attribué à Justin fils de Lucien.
Justin, ancien régent, n’habita pas le village pendant tout le temps de son
enseignement. Il y vint probablement sitôt sa carrière finie. On le sait fils de
Edouard Lucien Rochat. Il convient de retrouver ce dernier.
Le 28 octobre 1927 à 22 heures quarante minutes est décédé aux
Charbonnières Rochat Edouard Lucien sertisseur, originaire de Le Lieu,
domicilié aux Charbonnières, né le 22 septembre 1844 aux Charbonnières, fils
de Charles Isaac Rochat et de Louis Georgette née Capt, veuf de Henriette
Louise Rochat.
Cette note émanant de notre ouvrage : La mort au village, tome premier, Le
Pèlerin 2001. Dans le tome troisième du même titre, Le Pèlerin 2012, nous
découvrons qu’une certaine Louise Rochat est décédée aux Charbonnières le 24
mars 1921. Elle était née en 1852. Il s’agit probablement de l’épouse de Edouard
Lucien.
Ce dernier, avant d’avoir construit sur le Clos à Soupir, habitait dans la partie
annexe du quartier du Haut du Village, dit probablement les Maisons Neuves,
terme datant du début du XVIIIe siècle, au no 84. Le cadastre de 1875
l’indique.
Le cadastre écrit de 1873-1875 nous révèle que Edouard Lucien, possesseur
de ce bâtiment, est fils de Charles Isaac Rochat. Or ce dernier à l’époque, sans
être propriétaire d’une maison qu’il a peut-être déjà transmise à son fils, l’est
encore de deux petites parcelles de terrain au Plat du Séchey et à l’endroit appelé
Champ à Jean Goy, situation actuelle de la porcherie du village. Il est lui-même
fils de feu Moïse Samuel.
Retrouvons ce dernier par l’intermédiaire de l’enquête sur les maisons de
1837. Il est alors propriétaire d’une maison située au centre du quartier Tri
(appellation personnelle), celui-ci étant donc toujours ce voisinage situé à angle
droit à bise du grand voisinage du haut du village ! Il s’agit du No 206, soit le
100 sur le plan de 1814. La famille habite toujours le même endroit du village,
simplement que l’on passe apparemment d’une maison à l’autre.
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Rochat Moïse Samuel est dit feu Abram David. Or la maison, quelque vingt
ans plus tôt, sur le cadastre de 1814, est possédée par les frères Moïse Samuel et
David Joseph feu Abraham David Rochat.
Cet Abram David sera le plus ancien de la lignée des Piyoyon, soit des
Sapeurs. Nous ne pourrons pas remonter plus haut.
Il convient juste de dire encore que le recensement de 1831 révèle une famille
qui pourrait bien être la nôtre, soit :
Moyses Samuel Rochat Sapeur
Henriette sa fame
Isas son fils
Edoire id
Samuel id.
On ne retrouve par contre pas de David Joseph dans ce même recensement,
probablement décédé à l’époque.
On se souviendra que le haut du village fut incendié en septembre 1900.
Annette Dépraz-Rochat raconte :
Et puis chez Wilfrid aussi, parce qu’il n’y avait que la route qui la séparait de
chez Lucien. Il fallait monter la ruelle pour aller à ces trois maisons. Toutefois
chez Lucien, on y entrait depuis la route. Il y avait encore le mur de son ancien
jardin ces années passées, avant qu’ils n’aient refait la route. Mais chez les
autres, chez François-Amé et chez Try, il fallait monter la ruelle pour y rentrer.
Les appartements étaient au midi ; le rural derrière.
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…
Quant à chez Lucien, ils ont rebâti sur leur pré, le Clos des Soupirs. Vous
savez, la petite maison de chez Allisson ? Chez François-Aymé, eux, ont rebâti
la maison où habitera plus tard l’oncle Arthur. Chez Try, eux, la maison où il y
a à présent la boucherie, chez Octave1 .
Ce Clos des Soupir, en réalité Clos à Soupir tel qu’il est désigné sur le plan
cadastral du village des Charbonnières de 1814, était une enclave dans
l’immense parcelle de champ possédée par le Juge Rochat. Edouard Lucien avait
donc reconstruit sur un terrain qu’il possédait. Comme ce n’était plus qu’une
modeste maison familiale, on peut croire qu’il avait dès le sinistre, ou même
déjà avant, abandonné l’agriculture. On a vu plus haut qu’il était sertisseur, bien
dans la ligne de beaucoup des gens du village qui faisaient dans la pierre fine et
la petite fourniture d’horlogerie. Une petite maison suffisait à installer un atelier.
Justin Samuel est né le 16 septembre 1877, fils de Edouard Lucien Rochat et
de Henriette Louis Rochat de Le Lieu, domicilié aux Charbonnières. Baptisé en
l’église de ce village le 4 novembre 1877.
On sait que Justin fut instituteur. Il eut au moins une fille, Hélène qui épousa
plus tard un Allisson. Elle habitait à Lausanne, Aubépines 25 où elle faisait sa
résidence principale en 1964.
Je dois poser ici que je suis allé plusieurs fois dans la petite maison emprunter
les archives que possédait Mme Allisson quant à l’Abbaye des Rochat. On
pouvait parler dans le petit salon de ce couple très sympathique, du vieux
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Annette Dépraz, Un village Brûle, Le Pèlerin, 1984.
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village, de leur famille en particulier, qui devait avoir eu des attaches avec Paris,
on ne sait trop dans quel genre. S’agissait-il de l’époque à Edouard Lucien ?
Toujours est-il qu’il était fort agréable de discuter avec ce couple discret mais
plein de culture et de souvenirs. Dans ce petit salon, là, au milieu du village, tout
en étant comme un peu à l’écart, on avait l’impression d’être hors du temps !
Justin Rochat avait hérité de la partie essentielle des archives de l’Abbaye des
Rochat on ne sait par quelle voie. Il y avait parmi celles-ci des papiers divers
dont l’acte de fondation, comme aussi le drapeau de la société, celui-ci
néanmoins dans un état de dégradation extrême.
J’avais alors emprunté ces documents de choix pour effectuer des
photocopies et prendre des notes.
Plus tard les mêmes, avec le drapeau, furent offertes par Mme Allisson ou ses
descendants pour être déposées aux Archives de la commune du Lieu où elles se
trouvent à l’heure actuelle. Chose dommageable, dans le lot qui m’avait été
remis, ne figurait plus l’acte de fondation, qui était une pièce magnifique sur
parchemin. Heureusement que la copie effectuée en son temps permet d’en
retrouver le contenu.
Ces modestes archives figuraient dans une boîte en bois ovale qui a été
conservée.
Précisons ici que l’autre partie des archives de l’Abbaye des Rochat avait été
offerte précédemment par M. Lucien Rochat de Vevey qui les détenait de sa
famille, les Jules-Jérémie Rochat.
Rassemblées dans les locaux d’archives de la commune, elles révèlent la vie
de cette société pour le moins particulière.
Pour en revenir aux Allisson, car désormais la petite maison de Piyoyon était
dénommée chez Allisson !, on regrette qu’à l’époque on n’ait pas emprunté des
photos qui auraient pu mieux nous éclairer aujourd’hui.
Dans tous les cas il faut se féliciter des bonnes relations d’autrefois
entretenues avec ces descendants de Edouard Lucien qui, comme on l’a vu,
faisait partie d’une famille appelée les Sapeurs !
Village des Charbonnières vers 1898. La maison Chez Allisson n’existe pas encore.
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Carte postale du début du XXe siècle. La voilà, à gauche, à côté de Chez le Juge.
Nous sommes en 1934, la neige est tombée en abondance. On dégage le haut du village. La maison de Chez
Allisson serait à droite de l’image. Toti, de chez Tsalottet, vient en renfort avec son camion. A ses côtés, Gniola,
le cantonnier.
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Photo exceptionnelle émanant de la collection Catherine-France Borrini. Intitulée Oncle Lucien Charbonnières.
Elle aurait donc été prise avant 1927 où celui-ci décède. Et même avant le décès en 1921 de Louise Henriette
Rochat son épouse. Nous sommes devant la maison qu’il a construite en 1901. Le tablier est-il toujours celui du
sertisseur ?
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Les Charbonnières vers 1980. Au centre, en haut, chez Allisson près de la maison du Juge, alors propriété de
Ginette Rochat, fille d’Elie dit Pedzi. La maison du narrateur est en bas, à gauche.
Chez Allison (ou chez Piyoyon) au matin du 15 octobre 2016.
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Idem.
La boîte ayant contenu une partie des archives de l’Abbaye des Rochat des Charbonnières.
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Drapeau de l’Abbaye des Rochat des Charbonnières photocopié contre la porte de grange du Moulin vers
1910.par Georges Rochat d’Alphonse. Il semblerait que les archives aient alors été la propriété de ce Marcel
Rochat.
Le même photographié par la famille Allisson vers 1980. L’état est passable. Au verso, toujours en cartouche
centrale, armes et tambour.
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Une des plus anciennes pièces des archives de la dite Abbaye.
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Si l’acte de fondation a été perdu, la copie heureusement demeure.
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Documents
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