Utilisation de la methode premi-test pour la
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Utilisation de la méthode Premi-test pour la détection de résidus antibactériens dans la viande de lapins : choix du muscle, étude de l’effet temps/congélation, comparaison des méthodes d’extraction des jus à température ambiante ou après passage au bain-marie. S. BOUCHER1, E. BOUSQUET2, B. ARMANGE2, J.M. FABRE3 1 LABOVET CONSEIL (Réseau Cristal) - BP 539 85505 Les Herbiers Cedex, France 2 VIRBAC France – 13e rue LID – 06517 CARROS Cedex, France 3 PHYLLUM - Buroparc III - Rue de la Découverte - 31675 LABEGE Cedex, France Résumé. La méthode Premi®Test n’est pas très employée pour les viandes de lapins et quelques interrogations demeurent : - Quelles pièces anatomiques peuvent être prises comme échantillon représentatif ? - Quelles sont les meilleures techniques d’extraction des jus pour obtenir des échantillons représentatifs ? - Quel est l’effet de la congélation sur la conservation de certaines molécules ? Les auteurs analysent par Premitest ou HPLC la viande de lapins traités ou non avec une association de TMP Sulfadiméthoxine ou d’oxytétracycline. Ils montrent que la détection est indépendante du morceau choisi, que pour des raisons de protocole, il est possible de laisser la viande décongeler à température ambiante ou de la décongeler au bain-marie sans altérer les résultats de l’essai et qu’on ne note pas de différences significatives lorsque l’analyse est réalisée après 18 semaines de congélation à -20°C. Abstract. Utilisation of the Premi-test method to detect antibacterial residues in rabbit meat: choice of the muscle, study of the effect time/freezing, comparison of the juices extraction methods at ambient temperature or after water-bath. The Premi®Test method is not frequently used for rabbit meat, and unanswered questions remain: Which piece can be considered as representative samples? Which are the best techniques of juice extraction to obtain representative samples? What is the effect of freezing on the preservation of some molecules? The authors analyse by Premitest or HPLC the meat of rabbits that have either been treated or not with an association of TMP Sulfadiméthoxine or oxytétracycline. They show that detection is independent of the piece chosen, that for practical reasons it is possible to let the meet de-freeze either at ambient temperature or to water bath without affecting the results, and that no significant difference is recorded when the analysis is conducted after 18 weeks of freezing at -18°C. Introduction ® La méthode Premi Test est une méthode officielle (DGAL / SDRRCC/N2006-8240) de détection des antibactériens dans les jus de viande dans de nombreux pays (Okerman 1998, Beverley 2001, Fabre 2003, Stead et al. 2005). Elle est très employée pour le bovin, le porc, les volailles (Fabre et al. 2004) et parfois utilisée sur la viande de lapins. Cependant, la composition de cette viande et sa faible jutosité nous ont amenés à procéder à quelques essais pour connaître les limites de détection du test sur les viandes de lapin. Le protocole proposé devait permettre de répondre à trois questions : Quelles pièces anatomiques peuvent être prises comme échantillon représentatif d’un animal ? Quelles sont les meilleures techniques d’extraction des jus ? Quel est l’effet de la congélation sur la conservation de certaines molécules ? 1. Matériel et méthodes 1.1. Animaux. Il s’agissait de lapins de chair conventionnels de souche Hycole jamais traités avec des antibactériens, nés de mères non traitées. Ils recevaient une alimentation et une eau de boisson sans antibiotique. Trois lots d’animaux étaient constitués : 2 animaux "blancs" (sans traitement), 8 animaux avec un traitement A (Oxytétracycline) et 8 avec un traitement B (Triméthoprime et Sulfadiméthoxine). Les animaux traités étaient abattus par groupe de 2 à différents stades après le dernier traitement. 1.2. Premitest. La méthode Premi®Test est normée (certificat AFNOR : DSM-28/1-06/06) (Gaudin et al. 2006, Gaudin et al. 2008). Le test consistait à extraire 100 microlitres de jus de viande mis à incuber avec des géloses et un indicateur coloré bleu contenant des Bacillus stearothermophilus pendant 20 mn. Après rinçage, l’ensemble ainsi qu’un témoin négatif étaient placés à 64°C pendant quelques heures ce qui permettait de tuer les autres bactéries non résistantes à la chaleur. Un témoin négatif était réalisé à partir de jus de viande de lapin élevé spécifiquement sans antibiotique. Dès que le virage coloré du témoin négatif était fait (la gélose devenait jaune), on pouvait lire l’ensemble à l’aide d’un Premi®Scan, afin de s’affranchir des aléas liés à la vision humaine (Stead et al. 2005). Le test a une sensibilité pour 13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans. l’oxytétracycline de 200 à 400 ppb (Limite Maximale de Résidus – LMR 100 ppb) et de 25 - 50 ppb pour la sulfadiméthoxine (LMR 100 ppb) (Braham 2001, Geijp et al. 2009, Stead et al. 2009). Toutes les analyses en chromatographie (HPLC) ont été confiées pour cet essai au Laboratoire Départemental de la Vendée. 1.3 Protocole. Un lot de 8 animaux reçoit un traitement A à base d’oxytétracycline injectable avec une galénique « longue action » (Terralon® : SC, 0.5ml/kg PV, soit 100 mg de matière active/Kg PV). Un autre lot de 8 animaux reçoit un traitement B à base de sulfadiméthoxine et de triméthoprime injectable (Bactotryl® : SC, 0.125ml/kg PV soit 23,34 mg de sulfadiméthoxine et 5 mg de triméthoprime/Kg PV). Les animaux sont traités le premier jour de la semaine S1 (Semaine 1) à l’âge de 10 semaines. 2 lapins sans traitement depuis au moins un mois sont sélectionnés. 2 animaux traités avec un médicament donné sont abattus (électronarcose et saignée) à des temps allant de 2h, 24h, 48h, 72h, 96h ou 192 h après la fin du traitement. Les animaux ont été découpés 3 heures maximum après l’abattage. Sur chaque animal, on a prélevé 6 morceaux de râble, 4 de cuisse, 2 des pattes avant et 2 de l’abdomen (figure 1). Figure 1. Notation des différents morceaux découpés chromatographie en semaine S18 sont envoyés pour réaliser les analyses, dès réception. Le test statistique choisi est le test de Khi2. 2. Résultats 2.1. Résultat en fonction du lieu de prélèvement. Que l’on prenne le côté droit ou le côté gauche du lapin, on ne note pas d'effet « côté prélevé » significatif (figures 2 et 3, Khi 2 = 0,72 ddl = 1). Figure 2. Différences selon le côté choisi Gauche 50 26 52 24 Droit 0 10 20 30 40 50 60 Positifs Négatifs 70 80 De même, on ne note pas d'effet lieu du prélèvement significatif (Khi2 = 0,96 ddl = 1) si on teste les différences éventuelles entre « morceaux » analysés (figure 3). Figure 3. Résultat selon le « morceau » prélevé Rable 25 13 Patte avant 24 14 Positifs 28 Cuisse Abdomen 10 0 10 Négatifs 13 25 20 30 40 2.2. Résultat en fonction de la préparation des échantillons (figure 4 et 5). Figure 4. Résultats après bain-marie en fonction du délai avant abattage 10 8 Tous les échantillons sont emballés séparément quand la carcasse est refroidie (minimum 4 heures après abattage) puis congelés. Les carcasses sont accompagnées du numéro d’identification du lapin et ne sont découpées que l’une après l’autre pour éviter tout mélange. Les sachets sont identifiés au fur et à mesure de l’ensachage. Les prélèvements sélectionnés sont analysés après décongélation au bain marie à 65°C sur certains échantillons et après avoir laissé décongeler les viandes à température ambiante sur d’autres pièces anatomiques de même origine. Le jus est extrait par pressage dans les deux cas. Tous les échantillons congelés à -20°C prévus pour l’analyse en chromatographie en semaine S1 sont envoyés au laboratoire qui réalise les analyses dès réception. Tous les échantillons congelés à -20 °C et gardés congelés 18 semaines, prévus pour l’analyse en 6 Négatifs 4 Positifs 2 0 Blancs 2h 24 h 48 h 72 h 96 h 192 h Figure 5. Résultats à température ambiante en fonction du délai avant abattage 10 8 6 Négatifs 4 Positifs 2 0 Blancs 2h 24 h 48 h 72 h 13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans. 96 h 192 h Lorsqu’on compare les résultats après traitement des viandes au bain marie ou à température ambiante, on les trouve comparables (Khi 2 = 0,63 / ddl = 1). On note 34% de positifs en « Bain marie » et 37% en "Température ambiante". Il n’y a aucune différence significative sur les échantillons "extrêmes" et un peu plus de positifs à 48h en "température ambiante". 2.3. Résultat en fonction du temps de congélation pris en compte (figures 6 et 7). Lorsqu’on compare avec la méthode HPLC les résultats obtenus en semaine 18 après congélation pour les deux traitements, on note que les cinétiques sont satisfaisantes ce qui fait de ce test une bonne référence pour l’analyse des échantillons en Premi®Test. Figure 6. Résultats HPLC semaine 18 après traitement tétracyclines en fonction du délai avant abattage Figure 8. Résultats S1 après traitement tétracyclines en fonction du délai avant abattage 20 15 Négatifs 10 Positifs 5 0 2h 24 h 48 h 72 h 96 h 192 h Figure 9. Résultats S1 après traitement sulfamides en fonction du délai avant abattage 20 15 N égat if s 10 Po sit if s 5 0 100000 2 h 24 h 48 h 72 h 9 6 h 19 2 h 10000 1000 Figure 10. Résultats S18 après traitement tétracyclines en fonction du délai avant abattage 100 10 1 2h 24 h 48 h 72 h 192 h Figure 7. Résultats HPLC sem 18 après traitement sulfamides en fonction du délai avant abattage 5 4 3 2 1 0 Négatifs Positifs 2h 100000 24 h 48 h 72 h 96 h 192 h 10000 1000 Figure 11. Résultats S18 après traitement sulfamides en fonction du délai avant abattage 100 10 1 2h 48 h 96 h 192 h Les Premi®Test réalisés en semaine 1 (sans période de congélation) après préparation au bain marie (figure 8 et 9) peuvent être comparés aux Premi®Test réalisés après 18 semaines de congélation après préparation au bain marie également (figure 10 et 11). On note alors des résultats identiques à ceux obtenus en frais pour les points suivants : - Aucun négatif 2 h après traitement - Aucun positif 192 h après traitement Bien qu’on ait l’impression pour les sulfamides qu’il y a un peu plus de positifs après congélation longue durée, et inversement pour les tétracyclines il n’y a pas de différence significative (Khi 2 = 0,32 / ddl = 1) et pas de différence sur les extrêmes. 5 4 3 2 1 0 Négatifs Positifs 2h 24 h 48 h 72 h 96 h 192 h 2.4. Comparaison entre Premi®Test et HPLC en S18 (tableau 1 et 2). Lorsqu’on compare la méthode Premi®Test et la chromatographie à partir des échantillons gardés congelés jusqu’en semaine 18 et qu’on les analyse après décongélation au bain marie (tableau 1 et 2), on ne note aucun négatif 2 heures après traitement ce qui fait de Premi®Test un bon outil de détection des animaux en cours de traitement. Nous n’avons pas non plus de positif 192 h après traitement ou lorsque 13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans. les lapins reçoivent un aliment « blanc », ce qui nous amène à écrire qu’il n’y a pas de faux positifs en Premi®Test dans les conditions testées. Certains animaux ont des taux de résidus de tétracyclines supérieurs aux LMR et ne sont pas détectés en Premi®Test. La limite de sensibilité du Premi®Test est supérieure à la LMR pour cette molécule. Tableau 1. Comparaison entre Premi®Test et HPLC en S18 pour les tétracyclines Oxytétracycline Premi test HPLC 2h + 4 - 0 >LMR 2 <LMR 24h 48h 72h 192h Blanc 4 0 2 0 0 0 0 4 4 2 4 2 2 0 0 0 0 0 0 2 1190 5952 1310 428/ valeurs 5/15 /257 /119 <20 593 000 1 1 2 <25 Tableau 2. Comparaison entre Premi®Test et HPLC en S18 pour les sulfamides Sulfadiméthoxine 2h 48h 72h 192h Blanc Premi positif 4 2 0 0 0 test négatif 0 4 4 4 4 >LMR 2 HPLC 2 0 0 0 <LMR 0 0 2 2 2 valeurs 6712/ 254/7 33/87 <20nd 5870 18 3. Discussion A l’issue de ces essais, l’objectif est de disposer d’un ensemble de recommandations opérationnelles et de modes opératoires pour la mise en œuvre la plus performante possible du Premi®Test sur les viandes de lapin. Dans l'ensemble, les résultats apparaissent très cohérents. Le Premi®Test donne de bons résultats, indépendants du lieu de prélèvement, de la méthode de préparation des échantillons congelés ou de la durée de conservation des échantillons congelés. Par rapport à la chromatographie, on ne note aucun faux positif. Cependant, dans les conditions de l’essai, il existe une sensibilité du Premi®Test à des seuils plutôt supérieurs à la LMR pour certains antibiotiques, notamment, dans notre essai, pour l’oxytétracycline (Stead et al. 2004). Toute analyse Premi®Test à titre libératoire des viandes de lapins abattus doit donc être confirmée par dosage HPLC. Conclusion Le Premi®Test est un test facile à mettre en œuvre. Il a toute son utilité dans la détection de lapins en cours de traitement. La détection semble indépendante du morceau choisi pour le test. Pour des raisons de protocole, il est possible de laisser la viande décongeler à température ambiante ou de la décongeler au bain-marie sans altérer les résultats de l’essai. En outre, on ne note pas de différence significative lorsque l’analyse est réalisée après 18 semaines de congélation. Mais, si cette méthode bactériologique globale est peu onéreuse, elle ne peut être envisagée que comme une première approche, qualitative et non quantitative. En effet, pour déterminer avec assurance les teneurs en antibiotiques et leur nature dans une viande donnée, il est nécessaire de l’analyser par HPLC. Références BEVERLEY, S, SHARMAN M. 2001. Improvement to the screening of antimicrobial drug residues in food by the use of Premi®Test. Vet. Sci. : Vol. 70 – Avril. BRAHAM, R., BLACK, W. D., CLAXTON, J., AND YEE, A. 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