D5 RECONSTRUCTION

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D5 RECONSTRUCTION
Les dossiers documentaires des
La reconstruction de Béthune après 1918
Archives municipales de Béthune, 5 Fi 2
Dossier N°5,
Extrait de l’exposition « les béthunois dans la Grande Guerre » réalisée par les Archives
municipales en novembre 2008
2010
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1919 : reconstruire une ville en ruine
Comme beaucoup de villes de la région, Béthune n’a pas été épargnée par la
première guerre mondiale. En 1918, Béthune offrait le visage d’une ville en ruine,
détruite par les bombardements ennemis. Le centre ville a été totalement
anéanti. Durant le premier conflit mondial, Béthune aurait reçu 70 000 obus et
800 bombes aériennes ! Le témoignage livré par un journaliste après le
bombardement de mai 1918 est significatif : « ce n’est pas une ville bombardée
que j’ai vu, c’est un morceau de décombres fumants…Béthune n’est plus ! ».
Béthune, ville martyre, reçut même la croix de guerre et la légion d’honneur,
décerné en 1919 par le Président de la République Raymond Poincaré.
Sur la Grand place, seules les façades de l’Hôtel de Ville et de la Caisse
d’Epargne tenaient encore debout. Le beffroi, bien qu’encore dressé au milieu de
la place, était considérablement endommagé à sa base et lézardé sur toute sa
hauteur, sans parler des maisons qui l’entouraient, détruites elles aussi.
L’église Saint-Vaast était également anéantie,
emplacement que quelques colonnes noircies.
ne
laissant
à
son
Ainsi, Béthune était en proie à la désolation. La reconstruction de la ville
annonçait un chantier de grande ampleur. Le plan mis en place rassembla des
aménagements circulatoires esthétiques et hygiéniques sur un fonds
d’architecture régionaliste. La question de la reconstruction des édifices publics
est venue s’intégrer dans ce vaste programme. La reconstruction de l’Hôtel de
Ville et de l’Eglise Saint-Vaast vont particulièrement retenir l’attention des élus
béthunois. La reconstruction de ces deux monuments représentait un travail
important. Elle allait susciter des débats passionnés et passionnants au sein du
conseil municipal.
Si la reconstruction de la mairie semblait être une priorité, celle de
l’église Saint-Vaast semblait poser quelques problèmes financiers pour la
municipalité.
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1920-1922
Dès 1920, une commission spéciale d’études est constituée pour résoudre
toutes les questions relatives à l’extension et au réaménagement de la ville. Dès
1920, des échanges ont lieu entre le Maire Jules Senis et Louis-Marie
Cordonnier sur la question de la construction de l’Hôtel de Ville. Cette option est
confirmée par la Commission supérieure des plans de ville qui indiquait
que « l’hôtel de ville sera déplacé et reconstruit au pied du beffroi.. » (Conseil
municipal du 22 décembre 1921).
C’est en 1921 que Louis-Marie Cordonnier est choisi par la municipalité
pour reconstruire l’Hôtel de Ville et l’église Saint-Vaast (Conseil municipal du 31
mars ). Très vite, son emplacement est au cœur de toutes les réflexions, l’ancien
étant trop exigu, c’est le beffroi qui semble être la solution…
Les hésitations sur la reconstruction de l’église Saint-Vaast firent réagir
les autorités religieuses. Monseigneur Julien, évêque d’Arras proposa à tous les
maires du diocèse d’adhérer à une coopérative. Pour lui, « plus de 200 églises
gisent par terre par suite de la guerre dans le seul département du Pas-deCalais. En adhérant, la coopérative prendra en charge leur reconstruction. ».
Béthune approuva le principe de cette coopérative le 17 juillet 1921 et en devint
membre. Les obstacles financiers pour la reconstruction de l’édifice religieux
semblaient levés.
En 1922, après plusieurs propositions, celle de construire la mairie à
proximité du beffroi, voire à côté de lui, est donc retenue. Il est ainsi décider
de placer la façade principale devant l’édifice (Conseil municipal du 28 juillet
1922).
Le projet consiste à mettre les services des fêtes, des réceptions et des
réunions officielles autour du beffroi, tandis que les services administratifs sont
installés sur le terrain de l’ancienne mairie.
Malgré un vote majoritaire du conseil et l’empressement du Maire Jules Senis
pour qui « l’ajournement continuel ne constitue pas une solution », de vifs débats
s’amorcent, annonçant de nombreux rebondissements…
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1923-1924
Lors de la présentation du projet, les approbations et les contestations
sont à l’ordre du jour. Elus, béthunois, presse… entrent dans le débat.
En 1923, le maire Jules Senis et une partie de son conseil sont favorables
au projet. Les opposants critiquent notamment l’encombrement de la Grand’Place
avec une telle construction, occasionnant une circulation difficile. Les monuments
historiques s’opposent également formellement à une nouvelle construction qui
serait collée au beffroi. Pour les monuments historiques, « le beffroi de Béthune
doit demeurer isolé ». Le projet présenté par Cordonnier était donc largement
remis en cause .
Cordonnier présente alors un nouveau projet où cette fois, le beffroi serait
séparé de quelques mètres de l’Hôtel de ville. Ainsi Louis-Marie Cordonnier
dessine son projet, où le beffroi serait séparé de l’Hôtel de Ville par une rue de
6 mètres de large. « L’Hôtel de Ville, au lieu d’entourer complètement la base du
beffroi, s’étendrait entre le beffroi et l’immeuble de la caisse d’Epargne d’une
part et, de l’autre, entre le beffroi et l’ancienne mairie », (Petit Béthunois du 7
juin 1923).
Le projet est validé par le conseil municipal le 14 décembre 1923 après un débat
durant lequel plusieurs élus s’élevèrent sur les dépenses considérables que ce
projet allait entraîner. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet avant-projet
était loin de faire l’unanimité au sein du conseil municipal !
Les monuments historiques finissent par donner leur approbation.
L’année 1924 constituait une étape importante pour l’église Saint-Vaast.
Lors d’une cérémonie qui se déroula le 13 juillet 1924, l’évêque d’Arras est venu
bénir la première pierre de l’édifice religieux. Un acte hautement symbolique
marquant la volonté de réalisation de l’église.
Du côté de l’Hôtel de Ville, les choses semblaient plus complexes. Une étape
majeure allait s’écrire en 1925.
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1925-1926
Une autre page de la reconstruction allait s’écrire avec l’élection
d’Alexandre Ponnelle, à la tête de la mairie en mai 1925. La question de la
construction de l’Hôtel de Ville allait vite resurgir. Alexandre Ponnelle, qui était
partisan de l’édification de l’Hôtel de Ville près du beffroi se résigna à proposer
sa reconstruction à son ancien emplacement. On était loin de l’idée émise par
Cordonnier !
L’année 1925 fut décisive car il fut lancé la mise au concours du projet de
réalisation d’un Hôtel de Ville.
Finalité, c’est le 4 février 1926 que le projet présenté par l’architecte
Jacques Alleman fut retenu. L’histoire de l’Hôtel de Ville allait pouvoir s’écrire.
1927-1929
Neuf années après la fin de la guerre, le vaste chantier de l’église SaintVaast touchait à sa fin. L’inauguration officielle se déroula le 20 mars 1927.
Construite dans un style néo gothique, elle s’élevait de manière imposante au
cœur de la cité.
L’inauguration de l’Hôtel de Ville s’est déroulée le 7 avril 1929 en même
temps que l’inauguration d’autres bâtiments communaux. Il faut signaler que les
travaux de construction de l’Hôtel de Ville se sont effectués normalement, même
si certains bruits laissaient à penser qu’ils coûteraient plus cher que prévu. En
fait, il s’avère que la mairie a été le seul bâtiment exécuté dans les délais et les
limites budgétaires prévues par l’architecte Jacques Alleman.
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Le document sélectionné par les Archives municipales
L’Avenir de l’Artois, 28 janvier 1926 : les béthunois découvrent un nouvel Hôtel de Ville
Les sources disponibles aux Archives municipales
- Série W (34W) : le service archives conserve les dossiers liés à la
reconstruction de Béthune après 1918.
- Délibérations du conseil municipal (années vingt)
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