13-18 Questions de justice Ville et agglomération de La

Transcription

13-18 Questions de justice Ville et agglomération de La
 FICHE D’EXPÉRIENCE
13‐18 Questions de justice Ville et agglomération de La Rochelle P
RESENTATION La ville et l’agglomération rochelaise animent depuis 2006 une action d’éducation à la citoyenneté auprès de collégiens de 4e, à partir d’une exposition du ministère de la Justice intitulée « 13‐18, Questions de justice ». Cette action concerne au total les 11 collèges de l’agglomération : 7 sur la ville et 4 sur les autres communes. Cela représente environ 1400 jeunes touchés chaque année. Les origines du projet Ce projet est né en 2005 d’une réflexion menée entre les 2 collectivités. Elles ont constaté, en lien avec la politique de la ville, que de nombreuses actions étaient réalisées en direction des jeunes sur les thématiques de prévention et de citoyenneté par différents acteurs (associations, établissements scolaires), sans lien spécifique. En effet, plusieurs collèges sur le territoire étaient confrontés à des problèmes d’addiction, de toxicomanie, d’incivilité ou de petite délinquance. La politique de la ville finançait beaucoup de ces démarches. Il a donc paru pertinent de coordonner ces actions et de mettre en place un projet global cohérent à l’échelle de l’agglomération, sur l’ensemble des collèges. Cette initiative s’est inspirée d’une démarche menée dans le département du Cantal, par une association d’Aurillac « jeunes et citoyens ». Elle a été adaptée aux besoins locaux et réfléchie par l’équipe de prévention de la ville et de l’agglomération de La Rochelle et leurs partenaires (EN, PJJ, Préfecture...). Il a fallu une année et demie de réflexion pour mettre en œuvre le projet. Le principe d’égalité de traitement pour tous les établissements de l’agglomération a permis de fédérer les collèges. Cela répondait à un certain nombre de leurs problématiques en direction des jeunes. Il a été choisi de mener cette action auprès d’élèves de 4e, car cela fait partie de leur programme d’éducation civique ; 10 ans étant l’âge de la responsabilité pénale et 13 ans l’âge d’aller en prison. L’
OBJECTIF ET L’ORGANISATION DU DISPOSITIF / ACTION L’objectif Développer une politique d’information, d’éducation, de prévention, et de lutte contre la violence, permettant ainsi d’instaurer un dialogue avec les jeunes et d’apporter des réponses précises à leurs préoccupations quotidiennes à partir de l’exposition « 13/18 Questions de justice », de sa diffusion et de son animation. Cette action a pour objectif de sensibiliser les jeunes à leurs droits, à leurs devoirs et aux conséquences d’infractions à la loi. Plus globalement, c’est un outil d’éducation à la citoyenneté. Fiche d’expérience de Villes au Carré – Prévention de la délinquance et citoyenneté – Ville et agglomération de La Rochelle – Janvier 2011 Fonctionnement Les deux coordinateurs, chargés de mission ville et agglomération, veillent à la coordination et au suivi de l’action sur l’ensemble du territoire. Ils sont chargés de programmer l’exposition dans l’enceinte des collèges, de s’assurer que les enseignants sont bien informés, de venir en aide aux animateurs par leur présence en binôme sur les sites… Deux expositions « 13‐18 ans, Questions de justice » ont été achetées aux Productions de l’Ordinaire. Cette société est en lien avec Denis Colinet, créateur de l’exposition et salarié du ministère de la Justice. Il est le garant pédagogique de ces expositions et elles sont actualisées tous les 2 à 3 ans. Un animateur unique sur tout le territoire n’est pas apparu comme étant le meilleur choix localement. Il a été décidé, afin de permettre une meilleure implication de partenaires locaux, d’associer à chaque fois un animateur d’une structure de proximité à l’établissement scolaire (centre socioculturel, service jeunesse, maison de quartier). Chaque année, un certain nombre d’animateurs sont formés à l’utilisation de ce support « 13 18, Questions de justice » pour réaliser une intervention de 2 heures auprès de collégiens. Ils sont en lien avec une vingtaine de référents scolaires chargés de suivre le projet dans leurs établissements en lien avec les coordinateurs et les référents quartier. Au total, un réseau de 15 animateurs « référents de quartiers » intervient sur les 10 collèges de l’agglomération rochelaise. Ce réseau déjà constitué est par ailleurs partenaire de l’agglomération sur une autre action phare : le rallye « Nul n’est censé ignoré la loi », réalisé durant l’été (sur la base du volontariat) à l’attention de jeunes qui ne partent pas en vacances. L
ES ACTIONS MISES EN ŒUVRE Description Le support choisi est une exposition interactive qui travaille sur toute la découverte des droits et des devoirs autour des jeunes : « quels types de responsabilité à partir de quel âge ? Pénale, civile, civique, sexuelle… en lien avec toutes les responsabilités qui incombent aux jeunes au quotidien. Avec le passage de la responsabilité pénale à 10 ans, ils ont à apprendre sur cette notion, comme les adultes qui les entourent. C’est une découverte des droits et devoirs en matière de justice, qui permet de travailler sur tout ce qui a trait à la vie quotidienne (en terme de droits et de devoirs) (mariage, divorce, armée, le droit à être défendu, entendu, les sanctions liées aux infractions, etc.) Au‐delà, il est intéressant de travailler avec eux sur leurs pratiques ou celles de leur entourage dans le quartier, dans la famille : les vols, l’alcool, la drogue, les agressions et dégradations, les injures… On se rend compte alors du décalage, de la méconnaissance des jeunes et des adultes qui les entourent (parents, professeurs) sur ces différents sujets. Il est intéressant de travailler sur ce décalage, puis de revenir à la loi. L’exposition reste d’une semaine à 15 jours par établissement, en fonction du nombre de classes. Les animateurs travaillent avec les classes entières de 4e (ou plus rarement des demies‐classes, si cela entre dans un projet plus spécifique sur la thématique). Fiche d’expérience de Villes au Carré – Prévention de la délinquance et citoyenneté – La Rochelle – Janvier 2011 Les étapes de la démarche En amont de l’intervention dans les collèges, une première réunion de préparation réunit l’animateur et les principaux partenaires de l’établissement (un protocole existe pour repréciser qui doit participer). C’est lors de cette première rencontre que l’on détermine le nombre de séances nécessaires (une part classe de 4e au moins), leur durée de 2h, avec la présence obligatoire d’un professeur (qui se fait discret en fond de classe). L’exposition se trouve dans une salle à part durant une semaine à quinze jours. Selon l’établissement (sa configuration, son règlement, sa volonté), elle est ouverte entre midi et deux, pendant la récréation, dans un lieu plus ou moins accessible (classe, foyer, hall…) Durant la séance d’échanges, c’est l’animateur qui anime et tient la classe, sur le plan de la discipline. Bien que l’enseignant soit le garant de sa classe, il reste en retrait. En ce qui concerne l’animation, la volonté est de favoriser au maximum l’expression des jeunes. Ce qui serait “discipline” pour un professeur ne le sera pas pour l’animateur : la manière dont les adolescents vont s’exprimer, parler, même si cela passe par des cris, des brouhahas… C’est à l’animateur de cadrer cela, de redistribuer la parole. Concernant la formation des animateurs pour cette intervention, aucune existant au niveau national, une formation a été créée avec, Marc Deshayes (Éducateur et Formateur de l’exposition 13/18), et les deux coordinateurs de la ville et de l’agglomération de La Rochelle. Ce dernier a été formé par un directeur PJJ, puis par les créateurs de l’exposition Denis Colinet et Sylvie Pouget (correspondante de l’éducation nationale). Il a animé ces séances pendant 7ans chaque semaine (d’abord à Aurillac, puis dans tous les collèges et lycées du département du Cantal), avec l’esprit du créateur de l’exposition, en termes de libération de la parole, d’interactivité… Le contenu de formation est adapté en fonction de l’actualisation de l’exposition, des lois… en moyenne tous les deux ans. Le formateur revient tous les ans former pendant une semaine les animateurs. Certains sont nouveaux, d’autres ont déjà mené l’animation une ou plusieurs années précédentes. Le(s) public(s) visé(s) Directement, les 1400 élèves de classes de 4e de toute l’agglomération Rochelaise et quelques classes de Lycée et aussi le public des structures associatives de quartier. Le(s) financeur(s) L’action est principalement financée dans le cadre du CUCS par l’État et par l’agglomération. Les outils et les initiatives 
Un référentiel de l’exposition a été réalisé à la demande de la ville et de l’agglomération, par Marc Deshayes : “le livret de l’animateur”. Un travail sur le contenu, les mots, mais aussi les techniques d’animation, les notions à faire passer aux jeunes est prévu avec les animateurs : l’indispensable, le moins indispensable, comment se tenir face aux jeunes, les jeux de rôle, l’explication de texte, le minimum d’acquis de connaissances, la culture commune pour tous, la différence entre délit, crime, infraction, le pénal… 
Une plaquette de présentation distribuée à tous les jeunes à la fin de la séance. 
Une grille d’évaluation est distribuée aux élèves après la séance pour faire un bilan à chaud qui servira à évaluer les séquences d’animation. Fiche d’expérience de Villes au Carré – Prévention de la délinquance et citoyenneté – La Rochelle – Janvier 2011 Les partenaires La Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’Éducation Nationale, la CDA de La Rochelle, la Ville de La Rochelle, les structures de quartier. Les points forts 
Des impacts sur les jeunes sont repérés : cette démarche permet aux professeurs de voir et entendre certains élèves s’impliquer différemment par le biais de cette action, malgré des problématiques plus ou moins lourdes, de souffrance, de jeunes en rupture scolaire. 
Les animateurs se mobilisent bien autour de cette action et un certain nombre souhaitent investir d’autres actions de prévention et d’éducation à la citoyenneté (rallye, diner quizz). Ils ont changé leur façon de travailler par rapport aux jeunes, savent mieux les orienter ou parler de sujet épineux en cas de besoin. 
Le changement de regards entre partenaires : par le biais de cette action, l’image de l’animateur s’est profondément transformée de la part du monde enseignant, reconnu comme véritable professionnel de proximité. Les difficultés / limites rencontrées 
Il serait intéressant d’adapter l’action aux nouvelles pratiques liées à internet, aux réseaux sociaux (piratage, Facebook…) 
Faire partager davantage, communiquer davantage autour de ce projet pour qu’il soit bien compris par tous les partenaires (centres sociaux…) La communication de l’action Dans le cadre des 3 commissions du conseil d’Agglomération de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, elle est présentée à bon nombre d’élus, de partenaires sociaux, de services de police/gendarmerie, d’assistant de service social, de techniciens… Plusieurs articles ont été publiés dans les lettres municipales de l’agglomération et au niveau national. Le collège fait une communication auprès des parents, dans le carnet de correspondance et par le biais d’un affichage au sein de l’établissement. Quand l’exposition est animée dans les centres sociaux, ces derniers communiquent auprès des familles du quartier par l’intermédiaire de flyers. B
ILANS ET EVALUATION Après 4 années de mise en œuvre, l’agglomération rochelaise a fait réaliser une évaluation complète de l’action “13‐18, Questions de justice” par l’INJEP. Cette évaluation s’est échelonnée sur une année, pour suivre les différentes étapes du dispositif : de la formation d’animateurs, à la mise en œuvre dans les établissements et tous les niveaux d’acteurs ont été interrogés : animateurs, jeunes, enseignants, parents, partenaires institutionnels… L’évaluation a été rendue en mai 20101, leur permettant de mettre en avant quelques pistes d’amélioration pour la rentrée 2011. Une technicienne de l’agglomération a été formée récemment à l’utilisation d’un logiciel d’analyse statistique pour améliorer l’évaluation annuelle du dispositif. 1
http://www.injep.fr/evaluation‐de‐l‐action‐13‐18 Fiche d’expérience de Villes au Carré – Prévention de la délinquance et citoyenneté – La Rochelle – Janvier 2011 L’avenir du dispositif / les suites prévues au projet Un protocole de déroulement existe, notamment suite aux préconisations de l’INJEP, pour s’assurer l’implication de tous les partenaires concernés : le chef établissement, le référent scolaire de l’exposition (professeur principal, professeur d’histoire géographie, professeur d’éducation civique…), l’animateur, le responsable de la structure de proximité où travaille l’animateur, l’infirmière ou l’assistante sociale, l’un des deux coordinateurs de la ville ou de l’agglomération. Un livret de l’animateur regroupant le protocole, les modalités d’intervention des animateurs ainsi que le référentiel de l’exposition a été réalisé. Ils souhaiteraient développer cette initiative aux lycées, aux quartiers, avec des groupes différents, via des structures qui accueillent des jeunes : par exemple avec des jeunes de la mission locale. L’agglomération et la ville ont également en projet la réalisation d’une bande dessinée inter collège, reprenant les principaux thèmes abordés durant l’exposition. Cela permettra de continuer à parler du contenu de l’exposition, après son passage et enfin de faire venir les parents pour la remise en fin d’année de la BD et ainsi animer l’exposition avec les parents et leurs enfants. CONTACT Danièle CHERIFI Coordinatrice prévention de la délinquance Ville de La Rochelle Philippe GAFFET Coordinateur prévention de la délinquance Agglomération de La Rochelle Place de l’hôtel de ville 6, rue St Michel 17000 La Rochelle daniele.cherifi@ville‐larochelle.fr 17000 La Rochelle philippe.gaffet@agglo‐larochelle.fr Esther Mémain Adjointe au maire de La Rochelle déléguée à la prévention de la délinquance et aux centres sociaux, conseillère communautaire à l’agglomération de La Rochelle déléguée à la prévention de la délinquance Ville de La Rochelle Place de l’hôtel de ville 17000 La Rochelle esther.memain@ville‐larochelle.fr Cette fiche est téléchargeable sur le site de Villes au Carré
http://www.villesaucarre.org
Auteur : Estelle PERICARD Directrice de publication : Cécile DUBLANCHE
Maquettiste : Vianney BARBIN
Fiche d’expérience de Villes au Carré – Prévention de la délinquance et citoyenneté – La Rochelle – Janvier 2011