Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
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Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
Études de cas ■ Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien Harnessing Tourism for Poverty Elimination : A Blueprint from the Gambia, Harold Goodwin, 2002. Ce document présente un projet initié par le Tourism Challenge Fund (TCF) de la DFID sur une période allant d’août 2000 à mars 2002, date à laquelle l’étude d’impact a été menée. L’objectif du projet était d’une part de multiplier les opportunités d’emploi durable et les revenus du secteur informel en Gambie, en favorisant l’accès de ce secteur à l’industrie du tourisme et aux touristes eux-mêmes. D’autre part, c’était d’identifier et disséminer les meilleures pratiques grâce à la Fédération des tour-opérateurs (FTO), l’Association des agences de voyage britanniques (ABTA) et l’association des tour-opérateurs indépendants (AITO) afin qu’elles soient appliquées. Ce projet visait à développer des approches favorables aux pauvres et réplicables. Il avait pour objectifs : des arguments adéquats pour convaincre les différents acteurs. On entend ici par « secteur informel », tous les particuliers et les micro-entreprises qui travaillent dans le tourisme mais qui ne sont membres ni de l’Association des hôtels gambiens, ni de celle des organisateurs locaux et des loueurs d’équipement. En Gambie, le projet a été mis en place par un comité de pilotage, alliant les secteurs formel et informel et représenté par l’Association des petites entreprises touristiques (ASSET). d’augmenter les revenus et l’emploi en intégrant le secteur informel à l’industrie formelle du tourisme ; ➤ d’abolir les barrières à l’entrée dans l’industrie du tourisme par une collaboration avec les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) locales du secteur privé et les organisations commerciales ; ➤ Rapport final d’un projet du Tourism Challenge Fund mené par la Coopération britannique (DFID). Ce document a été réalisé par le Natural resources institute (www.nri.org/NRET/ nret.htm). de créer des emplois locaux supplémentaires pour les pauvres, les femmes et les jeunes afin de diversifier les moyens d’existence en milieu rural. ➤ Il a cherché à s’assurer le soutien et la participation des tour-opérateurs britanniques afin que ceux-ci aident les secteurs formel et informel gambiens à créer et développer des produits et services touristiques qui profitent directement aux Gambiens et puissent être vendus sur les marchés européens, renforcer les organisations commerciales (y compris celles du secteur informel) et leurs relations avec le gouvernement afin de permettre le développement d’un tourisme qui profite directement aux communautés locales. LE DÉROULEMENT DU PROJET Phase I : La recherche du consensus Le but de cette première phase était d’une part de clarifier les questions et difficultés auxquelles il faudrait faire face pour améliorer la situation du secteur informel en Gambie, et d’autre part d’arriver à un consensus sur quoi faire et comment pour aboutir à une croissance en faveur des pauvres. Ceci a été fait et a permis une participation de tous les acteurs grâce au dialogue ouvert entre les secteurs formel et informel. Ce projet a mis l’accent sur le dialogue et le changement de mentalités. Le premier travail de repérage et de connaissance du terrain s’est avéré primordial car il a permis de développer par la suite Accédez au texte original : www.nri.org/NRET/GambiaFinalSummaryReport2.pdf 23 Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien Concrètement, des consultations approfondies des protagonistes ont été menées parallèlement à des enquêtes sur l’offre, à savoir sur les revenus du secteur informel ainsi que sur les obstacles qu’il rencontre et sur la demande (les revenus du secteur formel et des touristes). Des touropérateurs basés en Grande-Bretagne et en Gambie, de même que des organisateurs locaux, des associations commerciales du secteur formel et des représentants du gouvernement ont été interrogés sur leurs perceptions des difficultés du tourisme et sur les forces et les faiblesses du secteur informel. Un échantillon représentatif de touristes a aussi été questionné, en tant que consommateur, sur le produit et sur la place que tient le secteur informel dans ses vacances. Phase II : La mise en œuvre et le test Au cours des ateliers de travail, chaque corporation du secteur informel a exprimé ses difficultés et ses solutions propres. Les dissensions entre les différentes corporations y ont été abordées. Lors du dernier atelier, en mai 2001, un programme de travail, qui constitue la phase II, a été collectivement accepté par les représentants des secteurs formel et informel ainsi que par le comité directeur du projet. Une enquête a été menée en février-mars 2002 pour évaluer l’impact du projet. LES ACTIVITÉS Les obstacles rencontrés par le secteur informel ont été quantifiés en termes de prix, de promotion, de produit et de personnes. En mai 2001, des décisions pour remédier à ces handicaps ont été prises concernant les vendeurs de fruits, les presseurs de jus de fruits, les guides, les chauffeurs de taxis touristiques, les pêcheurs et les « bumsters ». Ces derniers sont majoritairement des jeunes hommes qui gagnent leur vie en accostant et parfois sympathisant avec des touristes sur les plages ou dans les rues. Ils se font payer le temps qu’ils leurs consacrent en recevant des cadeaux et/ou des com- 24 missions des commerçants du secteur informel à qui ils ont présenté les touristes. Ce genre d’activité est considéré comme un fléau en Gambie. La gamme des produits proposés en Gambie est assez restreinte. L’enquête menée auprès de touristes dans les hôtels fait ressortir qu’il y a tout à fait matière à développer une offre de produits complémentaires et que les voyagistes ont une propension assez forte à employer des guides indépendants du secteur informel bien qu’il y ait des guides locaux officiels. En outre, les touristes déclarent vouloir de préférence – pour 49 % d’entre eux – réserver auprès de guides locaux plus qu’ils ne le font dans les faits (42 % d’entre eux le font). Le principal problème du secteur informel est de maintenir la qualité des prestations et d’accéder au marché. La Gambie a une image de destination ensoleillée « bon marché » pour l’hiver et cette vision rend plus difficile la mise en place d’activités alternatives. Lors de la phase I, l’ABTA s’est penchée sur la qualité et la sécurité et The Body Shop a envoyé des consultants et des formateurs pour les artisans. L’ASSET a réalisé deux éditions du magazine Mango News, afin d’informer les membres des évolutions et de divulguer les exemples de bonnes pratiques du secteur informel. La section « What’s On » de ce magazine reproduit des panneaux publicitaires que le secteur informel place dans les hôtels. ➤ ➤ Au cours de la phase II, le secteur formel a fait des progrès en termes de collaboration avec le secteur informel que le programme a listés. Par exemple, les tour-opérateurs informent les gens sur les activités proposées par le secteur informel et en recommandent certaines. Les organisateurs locaux proposent des excursions dans des villages qu’ils ont visités à l’avance afin d’en définir les besoins, et font des haltes dans les marchés artisanaux. Les hôtels, quant à eux, se fournissent en fruits, légumes et parfois en viande et en matériaux de construction auprès des autochtones, particulièrement des femmes. Certains ont instauré des jours où les artisans peuvent s’installer à l’intérieur de leurs locaux. L’ASSET travaille avec Gamstar, une com- « L’actualité des services aux entreprises » n° 6 ● septembre 2003 ● pagnie d’assurances locale, et un nombre croissant de ses membres contracte une police d’assurance appropriée. L’ASSET négocie désormais pour recevoir plus d’argent lors de ces transactions. Toutefois, les pêcheurs présents lors des ateliers de travail du mois de mai 2001 n’ont pas pu payer les frais relativement élevés d’assurance et ont quitté l’association. LES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE. BARRIÈRES ET OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES À L’ENTRÉE DU SECTEUR INFORMEL. Les principales plaintes concernent les commissions que les acteurs du secteur informel doivent verser aux bumsters ou aux guides, ainsi que le manque d’information des touristes qui les prennent soit pour des bumsters, et donc pour des importuns, soit qui marchandent au lieu d’acheter les produits à un prix raisonnable. Les réunions d’accueil des touristes sont un autre sujet de conflit entre les secteurs formel et informel : les guides en ont été exclus car les tour-opérateurs les perçoivent comme des concurrents. La structure de l’ASSET s’agrandit et pourra représenter les différents groupes du secteur informel et ainsi faire cesser les querelles internes. À l’issue de la phase I, des programmes de travail ont été mis en place ainsi que des codes de conduite pour chaque corporation du secteur informel, appuyés par un système de licences et de badges. Les bumsters. Les statistiques montrent que le pourcentage de touristes qui trouvent les bumsters intimidants a augmenté de 28 % entre 2001 et 2002, ce qui est alarmant. Ils sont devenus agressifs avec les touristes et ne créent pas une ambiance favorable au tourisme. Toutefois, lors de la deuxième phase, certains bumsters ont eu l’opportunité de se reconvertir en guides officiels. Ce contexte de conflit avec les bumsters a empêché la réalisation de certains aspects du projet. Les vendeurs de fruits. Leur code de conduite régit leurs relations ainsi que celles avec les hôtels et les touristes. La publicité via le « What’s On » a permis Un produit d’information de la DGCID (MAE) Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien de les faire connaître. Ils ont participé aux ateliers de travail de 2001 en tant que personnes ressources. De plus, leur reconnaissance leur a permis d’obtenir des prêts et ils ont créé une caisse commune où chacun verse un peu d’argent. Toutefois, ils trouvent que les tour-opérateurs ne leur font pas assez de publicité et veulent que l’on prenne en compte la saisonnalité de leur travail et la difficulté de garantir un prix fixe à cause des cours fluctuants du marché des fruits. Il y a un grand nombre de vendeurs – ou plutôt de vendeuses – de fruits et 26 d’entre elles, basées à Kotu Beach, ont reçu un étal tout neuf, en grande partie payé par les hôtels, et qui leur confère « une certaine dignité ». Pour les presseurs de jus de fruits, le projet est un réel succès puisque leur association a un code de conduite ainsi qu’un droit de regard sur les membres et est maintenant officiellement reconnue par le gouvernement. Le système de prix fixes a de plus permis d’augmenter leurs revenus. Ils souhaiteraient toutefois que les tour-opérateurs viennent constater les conditions de vente hautement hygiéniques afin qu’ils modifient leur discours auprès des touristes. Ils aimeraient aussi que leurs étals soient améliorés et standardisés, de même que les conditions d’hygiène (eau courante, sanitaires). Les guides officiels ont pris part à une formation du gouvernement et les ateliers de travail ont permis d’exprimer le conflit d’intérêts existant entre les chauffeurs de taxis, les guides, les organisateurs locaux et les tour-opérateurs. Les guides sont contents des résultats du « What’s on » mais se sentent mis à l’écart car les touristes ont une forte propension à choisir les visites des tour-opérateurs, bien que la taille des groupes soit beaucoup plus importante. Par ailleurs, les guides souhaiteraient être mieux formés et bénéficier d’un meilleur marketing, par exemple via Internet et des brochures. Les chauffeurs de taxi sont devenus des membres enthousiastes de l’ASSET, se sont organisés et ont des contacts constructifs avec les autorités nationales et touristiques. Les marchés artisanaux. Lors de sa première venue, la représentante de The Body Shop a enquêté les marchés artisanaux et repéré quelles opportunités 25 s’offraient. La seconde visite a permis de mettre sur pied une série de formations pour apprendre aux vendeurs à mieux se comporter et à travailler avec les touristes. ➤ Le marché de Kotu Beach a été ainsi mieux organisé (réfection des étals, tentative de spécialisation). Cependant, le manque d’accès aux touristes est toujours déploré, ceux-ci ne s’aventurant pas jusqu’au marché pour éviter entre autres les assauts des bumsters. Il serait aussi souhaitable que les bâtiments du marché soient rénovés. Même si les vendeurs de produits artisanaux sont dans l’ensemble très satisfaits du programme et souhaitent sa continuation, les ventes ne sont pas aussi bonnes qu’elles pourraient l’être à cause de la concurrence des boutiques situées dans les hôtels. Le marché de Sénégambie a accueilli plus de visiteurs grâce à l’application du code de conduite car les touristes n’étaient plus importunés par les vendeurs. Mais cela a repris en mars 2002. Il faudrait organiser des réunions visant à l’application du code mais cela est difficile pendant la pleine saison. On se plaint encore toutefois du manque de touristes sur le marché et il semble souhaitable que les tour-opérateurs viennent se rendre compte des améliorations qui ont été faites. De même, la formation des vendeurs en marketing et autres domaines devrait être plus poussée. L’intervention de The Body Shop s’est là aussi avérée bénéfique en termes d’agencement des étals et de spécialisation de la marchandise. Il y a cependant encore besoin de suivi sur ce marché. ➤ L’enquête de 2002 a fait ressortir que seuls 53 % des liquidités des vacanciers sont dépensées hors de l’hôtel et que seulement 30 % d’entre eux repartaient sans argent. La situation peut donc être améliorée. Pour ce faire, un comité a été créé, regroupant les marchés de Kotu Beach et de Sénégambie afin de stimuler la prise de conscience et la créativité. Autres opportunités économiques. De plus, certains particuliers ont reçu des aides pour aménager leurs logements afin de pouvoir héberger des touristes en excursion pour une nuit. Enfin, l’ASSET développe de nouveaux produits, comme des paniers de produits artisanaux à vendre dans les aéroports, « L’actualité des services aux entreprises » n° 6 ● septembre 2003 ● des visites « agricoles », une foire est organisée, et l’association reste ouverte à toutes les suggestions des organisateurs locaux, et ce afin de créer des opportunités pour les plus démunis, surtout les femmes et les jeunes. LES STRATÉGIES S’ÉTANT AVÉRÉES PERTINENTES Les vendeuses de fruits ont vu leur revenus augmenter de 50 à 60 %, ce qui est très bien, mais ces revenus sont menacés car les autorités veulent leur interdire de coiffer et masser les gens en parallèle, ce qui représente une part importante de leur chiffre d’affaires. Les revenus quotidiens des vendeurs de jus de fruits ont de la même manière plus que doublé entre 2001 et 2002. ➤ ➤ La catégorie des guides spécialistes des oiseaux a disparu en 2002 mais les revenus des guides agréés ont augmenté. Il faut toutefois prendre en compte la querelle entre les guides et les tour-opérateurs qui a dû faire baisser leurs revenus à la fin de la saison, car les guides sont très dépendants de la manière dont les tour-opérateurs les décrivent auprès des touristes. De plus, la concurrence entre les guides licenciés s’est accrue car ils sont devenus plus nombreux. D’autre part, à l’hôtel Palma Rima, les guides ont instauré un cahier où le nom des guides présents, les incidents et le degré de satisfaction des visiteurs sont consignés. Des sanctions sont prises contre tout guide enfreignant le code de conduite (retrait de l’uniforme, etc.). ➤ La situation des chauffeurs de taxi n’a que très peu évolué mais les conflits qui les opposaient aux autres corporations ont été en partie résolus par le projet. ➤ Les marchés de produits artisanaux ont aussi connu un accroissement de leurs revenus, par 198 % pour Kotu Beach. Sur les deux marchés, les vendeurs ont pris conscience qu’ils importunaient trop les touristes. Les bumsters restent pourtant toujours un problème. Les deux étals qui ont été modifiés par The Body Shop ont ainsi enregistré une augmentation nettement supérieure à la moyenne. Dans les échoppes, il y a de plus en plus de pro- Un produit d’information de la DGCID (MAE) Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien duits artisanaux qui sont fabriqués sur place et même si l’on ne sait pas si des emplois ont été créés à cet effet, il y a du moins 43 assistants supplémentaires à Kotu Beach, 26 d’entre eux étant des personnes de l’entourage des vendeurs. Au marché de Sénégambie, les ventes et les revenus ont été multipliés par deux au cours de l’année. Les deux étals dont The Body Shop s’est occupé ont aussi connu un très fort accroissement de leurs ventes. Là encore l’application du code de conduite et le plus grand respect des touristes ont fait merveille. Le même phénomène d’assistants qu’à Kotu Beach est à souligner, toutefois dans de moindres proportions. Le besoin de qualité des produits et de diversité a aussi été bien compris par les vendeurs, de même que l’importance d’étiqueter les produits. Enfin, 56 % des vendeurs estiment que leurs revenus du marché ne couvrent pas leurs besoins de base, contre 93 % l’année précédente. Des vidéos pour la formation et le marketing ● L’une des principales conséquences du projet pilote est la mise au point et la production d’un programme de télévision sur le tourisme en faveur des pauvres en Gambie. La vidéo a été diffusée sur GRTS, une chaîne gambienne qui a contribué à sa réalisation avec une chaîne britannique. À l’issue de cette diffusion, un débat a eu lieu en direct, suivi par le tout premier vote par téléphone. Cette vidéo a pour but d’informer les gambiens sur le rôle du tourisme et sur ses protagonistes, de mettre en lumière la question de la réduction de la pauvreté par le tourisme, de s’assurer que le projet et ses méthodes seront largement disséminés et de lancer le débat en Gambie sur le tourisme comme instrument de développement. Le format télévisuel a été choisi car c’est la méthode la plus adaptée pour fournir de l’information – elle dépasse des problèmes comme l’analphabétisme – et mener à une discussion constructive. Cette vidéo doit sensibiliser le public aux bons résultats du projet pour provoquer un changement d’attitude. Le contenu a été adapté pour répondre aux besoins et aux attentes des protagonistes en matière de collecte et de dissémination de 26 l’information et les points suivants, outre les bumsters et la tranquillité des touristes, ont été traités : Qu’est-ce que le tourisme pour les Gambiens ? ➤ Qui sont les protagonistes et quelle est leur vision du tourisme ? ➤ À quelles difficultés sont confrontés les acteurs du tourisme ? ➤ ➤ Que fait-on ? Qu’en est-il du projet de la Coopération britannique sur le tourisme ? ➤ ➤ Qui y participe ? Qu’est-ce qui a été entrepris et qui en a bénéficié ? ➤ ● Quel impact ? Les avis ont été très partagés lors d’une discussion entre les spectateurs après la diffusion de cette vidéo. Une enquête a de plus été faite auprès de ces mêmes personnes. Des copies de la vidéo ont aussi été distribuées aux tour-opérateurs gambiens et britanniques avec les questionnaires. Vu le faible nombre de réponses, la validité de l’enquête est douteuse. Les échos de cette vidéo ont été bons car 87 % des personnes ayant vu le programme ont déclaré qu’il atteignait son but de sensibilisation du public et 42 % qu’il montrait réellement ce que voulait dire « gagner sa vie dans le tourisme en Gambie ». Les seuls commentaires négatifs venaient de Grande-Bretagne et concernaient la qualité des séquences et la longueur. Même si l’échantillon sondé est trop faible, les retours laissent penser que l’audience a été touchée, mais que rien ne changera tant que des mesures pratiques ne seront pas mises en place. Il est aussi important que la population gambienne continue d’être formée et informée, ce que l’ASSET et GRTS devraient se charger de faire. La chaîne désire se servir de cette vidéo pour montrer ce que la collaboration avec l’extérieur et les médias peut réaliser. La Fédération des tour-opérateurs a approuvé les objectifs du programme et s’est déclarée satisfaite de concourir à cette production, mais a refusé de participer à un programme qui suggérerait une reconnaissance officielle des bumsters. « L’actualité des services aux entreprises » n° 6 ● septembre 2003 ● ● Des actions complémentaires Si des actions complémentaires sont mises en place, elles assureront une meilleure prise de conscience en Gambie : ➤ GRTS a accepté de présenter d’autres programmes sur le tourisme, sous la forme de 10 minutes de clip suivies d’un débat. Les diffusions dureront 60 minutes, passeront aux heures de grande écoute et seront utilisées par l’ASSET comme outil de développement. Une copie de la vidéo a été envoyée à tous les tour-opérateurs vendant des voyages vers la Gambie, ainsi qu’aux trois principales organisations commerciales de voyage. ➤ ➤ Le groupe scandinave My Travel a beaucoup apprécié la vidéo et prévoit d’en faire sa base de discussion avec ASSET à la saison prochaine. La vidéo initiale pourrait être remaniée en une série de programmes d’environ 15 minutes chacun. ➤ Le directeur du programme a eu l’idée d’un feuilleton en 26 épisodes avec des marionnettes et des commentaires, qui se passerait dans une communauté rurale se fondant sur le tourisme pour se développer. Ce programme devrait avoir un impact fort sur le continent africain en général. ➤ Le projet devait implicitement renforcer l’ASSET et développer une organisation autonome qui assisterait le secteur informel. Fondée en avril 2000, l’ASSET s’est considérablement agrandie grâce au projet et avait, en 2002, 39 membres et 20 autres en cours d’adhésion. La reconnaissance des « petites gens » a aussi augmenté au sein des secteurs formel et informel et les Gambiens ont compris qu’ils devaient travailler ensemble et concurrencer les autres pays au lieu de se concurrencer les uns les autres. L’ASSET possède maintenant un comité de résolution des conflits efficace et est regardée comme un acteur majeur au niveau national, possédant suffisamment d’expérience pour avoir des relations avec les décideurs. Elle est devenue une organisation professionnelle avec des réunions de sous-comités et des rapports réguliers de la part de ses membres. Un produit d’information de la DGCID (MAE) Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien 27 Les membres de l’ASSET en avril 2002 Nombre Catégorie des membres 5 12 4 1 3 5 5 1 3 Organisateurs locaux du secteur informel Unités de logement Marchés artisanaux Tourisme éthique Tourisme culturel Camps d’écotourisme Associations Agriculture Divers 39 Nombre total de membres LES ENSEIGNEMENTS DU PROJET Ce projet en Gambie a démontré l’importance du dialogue, de la coopération et du respect mutuel entre les différents groupes du secteur informel, avec le secteur formel (l’ASSET, les organisateurs locaux, les hôtels) ainsi qu’avec le gouvernement par le développement de partenariats de travail. Ces objectifs ont été atteints en partie grâce aux ateliers de travail et au consensus. Le projet a aussi réussi à améliorer l’accès du secteur informel au marché par les publications, les licences qui satisfont les deux secteurs et les codes de conduite que les intéressés ont dû définir. La nouvelle Autorité touristique gambienne a été établie en juillet 2001 et opérationnelle en mars 2002. En avril 2002, une réunion regroupant cette nouvelle autorité qui représentait le gouvernement, le groupe directeur du projet, des représentants des tour-opérateurs gambiens et non gambiens, les organisateurs locaux et l’ASSET a eu lieu et il a été décidé de continuer le travail fourni lors du projet et de créer le Partenariat du tourisme responsable. La crédibilité de l’ASSET a été assise grâce aux nombreuses récompenses que ses associations membres ont reçues. Pour que le tourisme soit plus efficace dans la lutte contre la pauvreté, il faut que le secteur informel devienne plus efficace dans la vente de produits et services. Il im- porte pour cela de gérer les conflits d’intérêts et de saisir les opportunités. Il est de plus évident que le secteur formel (tour-opérateurs, hôtels, organisateurs locaux, etc.) a la capacité de promouvoir les produits complémentaires que le secteur informel propose. En outre, mettre en lumière les produits locaux et les traditions peut aussi se faire en parallèle de « l’éducation » des autochtones en matière d’hygiène et de normes. Il est aussi souhaitable que des guides explicatifs pour les touristes soient créés. Le projet avait un programme d’action très chargé, qui n’a pas pu être achevé au cours des dix mois de la phase de mise en place. Toutefois, les différents acteurs peuvent chacun prendre en charge quelques unes de ces tâches car il s’agit essentiellement d’établir la continuité du projet en Gambie. Il est aussi bon que les bonnes pratiques s’institutionnalisent, c’est-à-dire que le secteur formel soit plus accessible. L’importance de l’ASSET n’est plus à démontrer et il faut qu’elle se renforce encore plus car cette association peut jouer un rôle de coordinateur efficace. Des conclusions ont ainsi pu être tirées en juillet 2001 : En Gambie, l’une des principales barrières auxquelles se heurte le secteur informel est l’exclusion du secteur formel. Le système d’octroi de licences et de badges selon un code de conduite est ainsi un moyen efficace de légitimer ce secteur. ➤ ➤ Les hôtels pourraient permettre aux vendeurs de produits artisanaux de pénétrer à l’intérieur. « L’actualité des services aux entreprises » n° 6 ● septembre 2003 ● ➤ Les problèmes d’assurance devraient être traités au cas par cas. La responsabilité des tours-opérateurs doit être mise en cause mais elle n’est pas aussi importante que le déclare parfois le secteur formel. ➤ Les guides locaux peuvent jouer un rôle très important pour faciliter l’accès du secteur informel. ➤ Les touristes dépensent environ 9 £ par jour et par personne dans le secteur informel en Gambie, et ce montant peut encore être accru. ➤ Les vendeurs de produits artisanaux veulent développer de nouveaux produits, travailler ensemble à réduire les problèmes et faire face aux négociations agressives des touristes. ➤ Les principales difficultés rencontrées par le secteur informel sont relatives à l’accès au marché : la concurrence, les commissions et le fait que les touristes n’aient pas les bonnes informations les concernant. Les questions clés à se poser pour améliorer les liens entre secteurs formel et informel en ce qui concerne les destinations balnéaires traditionnelles sont : ➤ Comment peut-on résoudre à la satisfaction de toutes les parties le conflit d’intérêt existant entre l’industrie enclavée et dirigée par le marché et la demande des secteurs formel, informel et non-touristiques d’accès au marché et de participation ? ➤ Comment le secteur informel peut-il accéder plus facilement aux tour-opérateurs, organisateurs locaux et hôteliers qui vendent des produits et services touristiques ? ➤ Comment le secteur informel peut-il améliorer son accès aux touristes et augmenter le volume et la valeur de ses ventes afin d’accroître ses revenus ? ➤ Comment peut-on améliorer les liens au niveau de l’offre pour que, par exemple, une plus grande partie de la nourriture et des matériaux achetés par l’industrie soit produite localement ? ➤ Quelles opportunités de développement ou d’extension de produits et services touristiques le secteur informel pourrait-il exploiter et/ou utiliser pour entrer sur le marché du tourisme ? ➤ Quelles exigences de formation/licence doivent être mises en place pour créer des opportunités pour le secteur informel et susciter la confiance des tour-opérateurs ? 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