Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien

Transcription

Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
Études de cas ■
Le tourisme
contre la pauvreté :
un exemple gambien
Harnessing
Tourism for
Poverty
Elimination :
A Blueprint from
the Gambia,
Harold Goodwin,
2002.
Ce document présente un projet initié par le Tourism Challenge Fund (TCF) de la
DFID sur une période allant d’août 2000 à mars 2002, date à laquelle l’étude d’impact a été menée.
L’objectif du projet était d’une part de multiplier les opportunités d’emploi durable
et les revenus du secteur informel en Gambie, en favorisant l’accès de ce secteur à
l’industrie du tourisme et aux touristes eux-mêmes. D’autre part, c’était d’identifier et disséminer les meilleures pratiques grâce à la Fédération des tour-opérateurs
(FTO), l’Association des agences de voyage britanniques (ABTA) et l’association des
tour-opérateurs indépendants (AITO) afin qu’elles soient appliquées.
Ce projet visait à développer des approches favorables aux pauvres et réplicables. Il avait pour objectifs :
des arguments adéquats pour convaincre
les différents acteurs.
On entend ici par « secteur informel »,
tous les particuliers et les micro-entreprises qui travaillent dans le tourisme mais
qui ne sont membres ni de l’Association
des hôtels gambiens, ni de celle des organisateurs locaux et des loueurs d’équipement. En Gambie, le projet a été mis
en place par un comité de pilotage, alliant les secteurs formel et informel et représenté par l’Association des petites entreprises touristiques (ASSET).
d’augmenter les revenus et l’emploi
en intégrant le secteur informel à l’industrie formelle du tourisme ;
➤
d’abolir les barrières à l’entrée dans
l’industrie du tourisme par une collaboration avec les micro, petites et moyennes
entreprises (MPME) locales du secteur privé
et les organisations commerciales ;
➤
Rapport final d’un
projet du Tourism
Challenge Fund mené
par la Coopération
britannique (DFID). Ce
document a été réalisé
par le Natural
resources institute
(www.nri.org/NRET/
nret.htm).
de créer des emplois locaux supplémentaires pour les pauvres, les femmes
et les jeunes afin de diversifier les moyens
d’existence en milieu rural.
➤
Il a cherché à s’assurer le soutien et la
participation des tour-opérateurs britanniques afin que ceux-ci aident les secteurs formel et informel gambiens à créer
et développer des produits et services touristiques qui profitent directement aux
Gambiens et puissent être vendus sur les
marchés européens, renforcer les organisations commerciales (y compris celles
du secteur informel) et leurs relations avec
le gouvernement afin de permettre le développement d’un tourisme qui profite
directement aux communautés locales.
LE DÉROULEMENT DU PROJET
Phase I : La recherche
du consensus
Le but de cette première phase était
d’une part de clarifier les questions et
difficultés auxquelles il faudrait faire face
pour améliorer la situation du secteur
informel en Gambie, et d’autre part d’arriver à un consensus sur quoi faire et
comment pour aboutir à une croissance
en faveur des pauvres. Ceci a été fait et
a permis une participation de tous les
acteurs grâce au dialogue ouvert entre
les secteurs formel et informel.
Ce projet a mis l’accent sur le dialogue
et le changement de mentalités. Le premier travail de repérage et de connaissance du terrain s’est avéré primordial
car il a permis de développer par la suite
Accédez au texte original : www.nri.org/NRET/GambiaFinalSummaryReport2.pdf
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Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
Concrètement, des consultations approfondies des protagonistes ont été menées
parallèlement à des enquêtes sur l’offre,
à savoir sur les revenus du secteur informel ainsi que sur les obstacles qu’il rencontre et sur la demande (les revenus du
secteur formel et des touristes). Des touropérateurs basés en Grande-Bretagne et
en Gambie, de même que des organisateurs locaux, des associations commerciales du secteur formel et des représentants du gouvernement ont été interrogés
sur leurs perceptions des difficultés du
tourisme et sur les forces et les faiblesses
du secteur informel. Un échantillon représentatif de touristes a aussi été questionné, en tant que consommateur, sur
le produit et sur la place que tient le secteur informel dans ses vacances.
Phase II : La mise en œuvre
et le test
Au cours des ateliers de travail, chaque
corporation du secteur informel a exprimé
ses difficultés et ses solutions propres. Les
dissensions entre les différentes corporations y ont été abordées. Lors du dernier
atelier, en mai 2001, un programme de
travail, qui constitue la phase II, a été collectivement accepté par les représentants
des secteurs formel et informel ainsi que
par le comité directeur du projet. Une enquête a été menée en février-mars 2002
pour évaluer l’impact du projet.
LES ACTIVITÉS
Les obstacles rencontrés par le secteur
informel ont été quantifiés en termes de
prix, de promotion, de produit et de personnes. En mai 2001, des décisions pour
remédier à ces handicaps ont été prises
concernant les vendeurs de fruits, les
presseurs de jus de fruits, les guides, les
chauffeurs de taxis touristiques, les pêcheurs et les « bumsters ». Ces derniers
sont majoritairement des jeunes hommes qui gagnent leur vie en accostant et
parfois sympathisant avec des touristes
sur les plages ou dans les rues. Ils se font
payer le temps qu’ils leurs consacrent en
recevant des cadeaux et/ou des com-
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missions des commerçants du secteur
informel à qui ils ont présenté les touristes. Ce genre d’activité est considéré
comme un fléau en Gambie.
La gamme des produits proposés en
Gambie est assez restreinte. L’enquête
menée auprès de touristes dans les hôtels fait ressortir qu’il y a tout à fait matière à développer une offre de produits
complémentaires et que les voyagistes
ont une propension assez forte à employer des guides indépendants du secteur informel bien qu’il y ait des guides
locaux officiels.
En outre, les touristes déclarent vouloir
de préférence – pour 49 % d’entre eux
– réserver auprès de guides locaux plus
qu’ils ne le font dans les faits (42 % d’entre eux le font).
Le principal problème du secteur informel est de maintenir la qualité des prestations et d’accéder au marché. La
Gambie a une image de destination ensoleillée « bon marché » pour l’hiver et
cette vision rend plus difficile la mise en
place d’activités alternatives.
Lors de la phase I, l’ABTA s’est penchée sur la qualité et la sécurité et The
Body Shop a envoyé des consultants et
des formateurs pour les artisans. L’ASSET a réalisé deux éditions du magazine
Mango News, afin d’informer les membres des évolutions et de divulguer les
exemples de bonnes pratiques du secteur informel. La section « What’s On »
de ce magazine reproduit des panneaux
publicitaires que le secteur informel
place dans les hôtels.
➤
➤ Au cours de la phase II, le secteur formel a fait des progrès en termes de collaboration avec le secteur informel que
le programme a listés. Par exemple, les
tour-opérateurs informent les gens sur
les activités proposées par le secteur informel et en recommandent certaines.
Les organisateurs locaux proposent des
excursions dans des villages qu’ils ont
visités à l’avance afin d’en définir les besoins, et font des haltes dans les marchés
artisanaux. Les hôtels, quant à eux, se
fournissent en fruits, légumes et parfois
en viande et en matériaux de construction auprès des autochtones, particulièrement des femmes. Certains ont instauré
des jours où les artisans peuvent s’installer à l’intérieur de leurs locaux.
L’ASSET travaille avec Gamstar, une com-
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pagnie d’assurances locale, et un nombre
croissant de ses membres contracte une
police d’assurance appropriée. L’ASSET
négocie désormais pour recevoir plus
d’argent lors de ces transactions. Toutefois,
les pêcheurs présents lors des ateliers de
travail du mois de mai 2001 n’ont pas pu
payer les frais relativement élevés d’assurance et ont quitté l’association.
LES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE.
BARRIÈRES ET OPPORTUNITÉS
ÉCONOMIQUES À L’ENTRÉE
DU SECTEUR INFORMEL.
Les principales plaintes concernent les
commissions que les acteurs du secteur
informel doivent verser aux bumsters ou
aux guides, ainsi que le manque d’information des touristes qui les prennent soit
pour des bumsters, et donc pour des importuns, soit qui marchandent au lieu d’acheter les produits à un prix raisonnable.
Les réunions d’accueil des touristes sont un
autre sujet de conflit entre les secteurs formel et informel : les guides en ont été exclus car les tour-opérateurs les perçoivent
comme des concurrents.
La structure de l’ASSET s’agrandit et pourra représenter les différents groupes du
secteur informel et ainsi faire cesser les
querelles internes. À l’issue de la phase
I, des programmes de travail ont été mis
en place ainsi que des codes de conduite
pour chaque corporation du secteur informel, appuyés par un système de licences et de badges.
Les bumsters. Les statistiques montrent
que le pourcentage de touristes qui trouvent les bumsters intimidants a augmenté
de 28 % entre 2001 et 2002, ce qui est
alarmant. Ils sont devenus agressifs avec
les touristes et ne créent pas une ambiance
favorable au tourisme. Toutefois, lors de
la deuxième phase, certains bumsters ont
eu l’opportunité de se reconvertir en guides officiels. Ce contexte de conflit avec
les bumsters a empêché la réalisation de
certains aspects du projet.
Les vendeurs de fruits. Leur code de
conduite régit leurs relations ainsi que
celles avec les hôtels et les touristes. La
publicité via le « What’s On » a permis
Un produit d’information de la DGCID (MAE)
Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
de les faire connaître. Ils ont participé aux
ateliers de travail de 2001 en tant que personnes ressources. De plus, leur reconnaissance leur a permis d’obtenir des prêts
et ils ont créé une caisse commune où
chacun verse un peu d’argent. Toutefois,
ils trouvent que les tour-opérateurs ne leur
font pas assez de publicité et veulent que
l’on prenne en compte la saisonnalité de
leur travail et la difficulté de garantir un
prix fixe à cause des cours fluctuants du
marché des fruits. Il y a un grand nombre
de vendeurs – ou plutôt de vendeuses –
de fruits et 26 d’entre elles, basées à Kotu
Beach, ont reçu un étal tout neuf, en
grande partie payé par les hôtels, et qui
leur confère « une certaine dignité ».
Pour les presseurs de jus de fruits, le projet est un réel succès puisque leur association a un code de conduite ainsi qu’un
droit de regard sur les membres et est
maintenant officiellement reconnue par
le gouvernement. Le système de prix fixes
a de plus permis d’augmenter leurs revenus. Ils souhaiteraient toutefois que les
tour-opérateurs viennent constater les
conditions de vente hautement hygiéniques afin qu’ils modifient leur discours
auprès des touristes. Ils aimeraient aussi
que leurs étals soient améliorés et standardisés, de même que les conditions
d’hygiène (eau courante, sanitaires).
Les guides officiels ont pris part à une
formation du gouvernement et les ateliers de travail ont permis d’exprimer le
conflit d’intérêts existant entre les chauffeurs de taxis, les guides, les organisateurs locaux et les tour-opérateurs. Les
guides sont contents des résultats du
« What’s on » mais se sentent mis à l’écart car les touristes ont une forte propension à choisir les visites des tour-opérateurs, bien que la taille des groupes
soit beaucoup plus importante. Par
ailleurs, les guides souhaiteraient être
mieux formés et bénéficier d’un meilleur
marketing, par exemple via Internet et
des brochures.
Les chauffeurs de taxi sont devenus des
membres enthousiastes de l’ASSET, se
sont organisés et ont des contacts constructifs avec les autorités nationales et
touristiques.
Les marchés artisanaux. Lors de sa première venue, la représentante de The
Body Shop a enquêté les marchés artisanaux et repéré quelles opportunités
25
s’offraient. La seconde visite a permis de
mettre sur pied une série de formations
pour apprendre aux vendeurs à mieux
se comporter et à travailler avec les touristes.
➤ Le marché de Kotu Beach a été ainsi
mieux organisé (réfection des étals, tentative de spécialisation). Cependant, le
manque d’accès aux touristes est toujours déploré, ceux-ci ne s’aventurant
pas jusqu’au marché pour éviter entre
autres les assauts des bumsters. Il serait
aussi souhaitable que les bâtiments du
marché soient rénovés. Même si les vendeurs de produits artisanaux sont dans
l’ensemble très satisfaits du programme
et souhaitent sa continuation, les ventes
ne sont pas aussi bonnes qu’elles pourraient l’être à cause de la concurrence
des boutiques situées dans les hôtels.
Le marché de Sénégambie a accueilli
plus de visiteurs grâce à l’application du
code de conduite car les touristes n’étaient plus importunés par les vendeurs.
Mais cela a repris en mars 2002. Il faudrait organiser des réunions visant à l’application du code mais cela est difficile
pendant la pleine saison. On se plaint
encore toutefois du manque de touristes
sur le marché et il semble souhaitable
que les tour-opérateurs viennent se rendre compte des améliorations qui ont été
faites. De même, la formation des vendeurs en marketing et autres domaines
devrait être plus poussée. L’intervention
de The Body Shop s’est là aussi avérée
bénéfique en termes d’agencement des
étals et de spécialisation de la marchandise. Il y a cependant encore besoin de
suivi sur ce marché.
➤
L’enquête de 2002 a fait ressortir que
seuls 53 % des liquidités des vacanciers
sont dépensées hors de l’hôtel et que seulement 30 % d’entre eux repartaient sans
argent. La situation peut donc être améliorée. Pour ce faire, un comité a été créé,
regroupant les marchés de Kotu Beach
et de Sénégambie afin de stimuler la prise
de conscience et la créativité.
Autres opportunités économiques. De
plus, certains particuliers ont reçu des
aides pour aménager leurs logements
afin de pouvoir héberger des touristes
en excursion pour une nuit.
Enfin, l’ASSET développe de nouveaux
produits, comme des paniers de produits
artisanaux à vendre dans les aéroports,
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des visites « agricoles », une foire est organisée, et l’association reste ouverte à
toutes les suggestions des organisateurs
locaux, et ce afin de créer des opportunités pour les plus démunis, surtout les
femmes et les jeunes.
LES STRATÉGIES S’ÉTANT
AVÉRÉES PERTINENTES
Les vendeuses de fruits ont vu leur revenus augmenter de 50 à 60 %, ce qui est
très bien, mais ces revenus sont menacés
car les autorités veulent leur interdire de
coiffer et masser les gens en parallèle, ce
qui représente une part importante de leur
chiffre d’affaires. Les revenus quotidiens
des vendeurs de jus de fruits ont de la
même manière plus que doublé entre
2001 et 2002.
➤
➤ La catégorie des guides spécialistes
des oiseaux a disparu en 2002 mais les
revenus des guides agréés ont augmenté.
Il faut toutefois prendre en compte la
querelle entre les guides et les tour-opérateurs qui a dû faire baisser leurs revenus à la fin de la saison, car les guides
sont très dépendants de la manière dont
les tour-opérateurs les décrivent auprès
des touristes. De plus, la concurrence
entre les guides licenciés s’est accrue car
ils sont devenus plus nombreux. D’autre
part, à l’hôtel Palma Rima, les guides ont
instauré un cahier où le nom des guides
présents, les incidents et le degré de satisfaction des visiteurs sont consignés.
Des sanctions sont prises contre tout
guide enfreignant le code de conduite
(retrait de l’uniforme, etc.).
➤ La situation des chauffeurs de taxi n’a
que très peu évolué mais les conflits qui
les opposaient aux autres corporations
ont été en partie résolus par le projet.
➤ Les marchés de produits artisanaux ont
aussi connu un accroissement de leurs
revenus, par 198 % pour Kotu Beach. Sur
les deux marchés, les vendeurs ont pris
conscience qu’ils importunaient trop les
touristes. Les bumsters restent pourtant
toujours un problème. Les deux étals qui
ont été modifiés par The Body Shop ont
ainsi enregistré une augmentation nettement supérieure à la moyenne. Dans les
échoppes, il y a de plus en plus de pro-
Un produit d’information de la DGCID (MAE)
Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
duits artisanaux qui sont fabriqués sur
place et même si l’on ne sait pas si des
emplois ont été créés à cet effet, il y a du
moins 43 assistants supplémentaires à
Kotu Beach, 26 d’entre eux étant des personnes de l’entourage des vendeurs.
Au marché de Sénégambie, les ventes et
les revenus ont été multipliés par deux au
cours de l’année. Les deux étals dont
The Body Shop s’est occupé ont aussi
connu un très fort accroissement de leurs
ventes. Là encore l’application du code
de conduite et le plus grand respect des
touristes ont fait merveille. Le même phénomène d’assistants qu’à Kotu Beach est
à souligner, toutefois dans de moindres
proportions. Le besoin de qualité des
produits et de diversité a aussi été bien
compris par les vendeurs, de même que
l’importance d’étiqueter les produits.
Enfin, 56 % des vendeurs estiment que
leurs revenus du marché ne couvrent pas
leurs besoins de base, contre 93 % l’année précédente.
Des vidéos pour la formation
et le marketing
●
L’une des principales conséquences du
projet pilote est la mise au point et la production d’un programme de télévision
sur le tourisme en faveur des pauvres en
Gambie. La vidéo a été diffusée sur GRTS,
une chaîne gambienne qui a contribué
à sa réalisation avec une chaîne britannique. À l’issue de cette diffusion, un
débat a eu lieu en direct, suivi par le tout
premier vote par téléphone.
Cette vidéo a pour but d’informer les
gambiens sur le rôle du tourisme et sur ses
protagonistes, de mettre en lumière la
question de la réduction de la pauvreté
par le tourisme, de s’assurer que le projet et ses méthodes seront largement disséminés et de lancer le débat en Gambie
sur le tourisme comme instrument de développement.
Le format télévisuel a été choisi car c’est
la méthode la plus adaptée pour fournir
de l’information – elle dépasse des problèmes comme l’analphabétisme – et
mener à une discussion constructive.
Cette vidéo doit sensibiliser le public aux
bons résultats du projet pour provoquer
un changement d’attitude. Le contenu a
été adapté pour répondre aux besoins et
aux attentes des protagonistes en matière de collecte et de dissémination de
26
l’information et les points suivants, outre
les bumsters et la tranquillité des touristes, ont été traités :
Qu’est-ce que le tourisme pour les
Gambiens ?
➤
Qui sont les protagonistes et quelle
est leur vision du tourisme ?
➤
À quelles difficultés sont confrontés les
acteurs du tourisme ?
➤
➤
Que fait-on ?
Qu’en est-il du projet de la Coopération britannique sur le tourisme ?
➤
➤
Qui y participe ?
Qu’est-ce qui a été entrepris et qui en
a bénéficié ?
➤
●
Quel impact ?
Les avis ont été très partagés lors d’une
discussion entre les spectateurs après la
diffusion de cette vidéo. Une enquête a
de plus été faite auprès de ces mêmes
personnes. Des copies de la vidéo ont
aussi été distribuées aux tour-opérateurs
gambiens et britanniques avec les questionnaires. Vu le faible nombre de réponses, la validité de l’enquête est douteuse.
Les échos de cette vidéo ont été bons car
87 % des personnes ayant vu le programme ont déclaré qu’il atteignait son
but de sensibilisation du public et 42 %
qu’il montrait réellement ce que voulait
dire « gagner sa vie dans le tourisme en
Gambie ». Les seuls commentaires négatifs venaient de Grande-Bretagne et
concernaient la qualité des séquences et
la longueur. Même si l’échantillon sondé
est trop faible, les retours laissent penser
que l’audience a été touchée, mais que
rien ne changera tant que des mesures
pratiques ne seront pas mises en place.
Il est aussi important que la population
gambienne continue d’être formée et informée, ce que l’ASSET et GRTS devraient
se charger de faire. La chaîne désire se
servir de cette vidéo pour montrer ce que
la collaboration avec l’extérieur et les
médias peut réaliser.
La Fédération des tour-opérateurs a approuvé les objectifs du programme et
s’est déclarée satisfaite de concourir à
cette production, mais a refusé de participer à un programme qui suggérerait une reconnaissance officielle des
bumsters.
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Des actions complémentaires
Si des actions complémentaires sont mises
en place, elles assureront une meilleure
prise de conscience en Gambie :
➤ GRTS a accepté de présenter d’autres programmes sur le tourisme, sous la
forme de 10 minutes de clip suivies d’un
débat. Les diffusions dureront 60 minutes, passeront aux heures de grande
écoute et seront utilisées par l’ASSET
comme outil de développement.
Une copie de la vidéo a été envoyée
à tous les tour-opérateurs vendant des
voyages vers la Gambie, ainsi qu’aux
trois principales organisations commerciales de voyage.
➤
➤ Le groupe scandinave My Travel a
beaucoup apprécié la vidéo et prévoit
d’en faire sa base de discussion avec
ASSET à la saison prochaine.
La vidéo initiale pourrait être remaniée
en une série de programmes d’environ 15
minutes chacun.
➤
Le directeur du programme a eu
l’idée d’un feuilleton en 26 épisodes avec
des marionnettes et des commentaires,
qui se passerait dans une communauté
rurale se fondant sur le tourisme pour se
développer. Ce programme devrait avoir
un impact fort sur le continent africain en
général.
➤
Le projet devait implicitement renforcer
l’ASSET et développer une organisation
autonome qui assisterait le secteur informel.
Fondée en avril 2000, l’ASSET s’est considérablement agrandie grâce au projet et
avait, en 2002, 39 membres et 20 autres en cours d’adhésion. La reconnaissance des « petites gens » a aussi augmenté au sein des secteurs formel et
informel et les Gambiens ont compris
qu’ils devaient travailler ensemble et
concurrencer les autres pays au lieu de
se concurrencer les uns les autres.
L’ASSET possède maintenant un comité
de résolution des conflits efficace et est
regardée comme un acteur majeur au
niveau national, possédant suffisamment
d’expérience pour avoir des relations
avec les décideurs. Elle est devenue une
organisation professionnelle avec des
réunions de sous-comités et des rapports
réguliers de la part de ses membres.
Un produit d’information de la DGCID (MAE)
Le tourisme contre la pauvreté : un exemple gambien
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Les membres de l’ASSET en avril 2002
Nombre
Catégorie des membres
5
12
4
1
3
5
5
1
3
Organisateurs locaux du secteur informel
Unités de logement
Marchés artisanaux
Tourisme éthique
Tourisme culturel
Camps d’écotourisme
Associations
Agriculture
Divers
39
Nombre total de membres
LES ENSEIGNEMENTS
DU PROJET
Ce projet en Gambie a démontré l’importance du dialogue, de la coopération
et du respect mutuel entre les différents
groupes du secteur informel, avec le secteur formel (l’ASSET, les organisateurs
locaux, les hôtels) ainsi qu’avec le gouvernement par le développement de partenariats de travail. Ces objectifs ont été
atteints en partie grâce aux ateliers de
travail et au consensus.
Le projet a aussi réussi à améliorer l’accès du secteur informel au marché par les
publications, les licences qui satisfont
les deux secteurs et les codes de conduite
que les intéressés ont dû définir.
La nouvelle Autorité touristique gambienne a été établie en juillet 2001 et
opérationnelle en mars 2002. En avril
2002, une réunion regroupant cette nouvelle autorité qui représentait le gouvernement, le groupe directeur du projet, des représentants des tour-opérateurs
gambiens et non gambiens, les organisateurs locaux et l’ASSET a eu lieu et il
a été décidé de continuer le travail fourni
lors du projet et de créer le Partenariat
du tourisme responsable.
La crédibilité de l’ASSET a été assise
grâce aux nombreuses récompenses que
ses associations membres ont reçues.
Pour que le tourisme soit plus efficace dans
la lutte contre la pauvreté, il faut que le
secteur informel devienne plus efficace
dans la vente de produits et services. Il im-
porte pour cela de gérer les conflits d’intérêts et de saisir les opportunités.
Il est de plus évident que le secteur formel (tour-opérateurs, hôtels, organisateurs locaux, etc.) a la capacité de promouvoir les produits complémentaires
que le secteur informel propose. En outre,
mettre en lumière les produits locaux et
les traditions peut aussi se faire en parallèle de « l’éducation » des autochtones en matière d’hygiène et de normes.
Il est aussi souhaitable que des guides
explicatifs pour les touristes soient créés.
Le projet avait un programme d’action
très chargé, qui n’a pas pu être achevé
au cours des dix mois de la phase de
mise en place. Toutefois, les différents
acteurs peuvent chacun prendre en
charge quelques unes de ces tâches car
il s’agit essentiellement d’établir la continuité du projet en Gambie. Il est aussi
bon que les bonnes pratiques s’institutionnalisent, c’est-à-dire que le secteur
formel soit plus accessible. L’importance
de l’ASSET n’est plus à démontrer et il
faut qu’elle se renforce encore plus car
cette association peut jouer un rôle de
coordinateur efficace.
Des conclusions ont ainsi pu être tirées
en juillet 2001 :
En Gambie, l’une des principales barrières auxquelles se heurte le secteur informel est l’exclusion du secteur formel.
Le système d’octroi de licences et de badges selon un code de conduite est ainsi un
moyen efficace de légitimer ce secteur.
➤
➤ Les hôtels pourraient permettre aux
vendeurs de produits artisanaux de pénétrer à l’intérieur.
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➤ Les problèmes d’assurance devraient
être traités au cas par cas. La responsabilité des tours-opérateurs doit être mise en
cause mais elle n’est pas aussi importante
que le déclare parfois le secteur formel.
➤ Les guides locaux peuvent jouer un
rôle très important pour faciliter l’accès
du secteur informel.
➤ Les touristes dépensent environ 9 £
par jour et par personne dans le secteur
informel en Gambie, et ce montant peut
encore être accru.
➤ Les vendeurs de produits artisanaux
veulent développer de nouveaux produits, travailler ensemble à réduire les
problèmes et faire face aux négociations
agressives des touristes.
➤ Les principales difficultés rencontrées
par le secteur informel sont relatives à
l’accès au marché : la concurrence, les
commissions et le fait que les touristes
n’aient pas les bonnes informations les
concernant.
Les questions clés à se poser pour améliorer les liens entre secteurs formel et
informel en ce qui concerne les destinations balnéaires traditionnelles sont :
➤ Comment peut-on résoudre à la satisfaction de toutes les parties le conflit
d’intérêt existant entre l’industrie enclavée et dirigée par le marché et la demande des secteurs formel, informel et
non-touristiques d’accès au marché et
de participation ?
➤ Comment le secteur informel peut-il
accéder plus facilement aux tour-opérateurs, organisateurs locaux et hôteliers
qui vendent des produits et services touristiques ?
➤ Comment le secteur informel peut-il
améliorer son accès aux touristes et augmenter le volume et la valeur de ses ventes afin d’accroître ses revenus ?
➤ Comment peut-on améliorer les liens
au niveau de l’offre pour que, par exemple, une plus grande partie de la nourriture et des matériaux achetés par l’industrie soit produite localement ?
➤ Quelles opportunités de développement ou d’extension de produits et services touristiques le secteur informel
pourrait-il exploiter et/ou utiliser pour
entrer sur le marché du tourisme ?
➤ Quelles exigences de formation/licence
doivent être mises en place pour créer des
opportunités pour le secteur informel et
susciter la confiance des tour-opérateurs ?
Un produit d’information de la DGCID (MAE)