La dyslexie en espagnol - Dyslexia International
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La dyslexie en espagnol - Dyslexia International
La dyslexie de développement : les “bonnes pratiques” en langue espagnole Dr. Jesús Alegría Iscoa, Laboratoire Cognition, Langage et Développement (LCLD) Université Libre de Bruxelles (ULB) Belgique La recherche scientifique a accompli des progrès considérables au cours des dernières années dans la compréhension de la dyslexie. Il est bien établi à l’heure actuelle qu’il s’agit d’une déficience au niveau neurologique et cognitif qui a des répercussions dans l’acquisition de la langue écrite, bien que ces répercussions ne se limitent pas à l’écrit. Les déficiences cognitives se manifestent dans des nombreuses tâches mettant en jeux la phonologie. Il a été observé que les dyslexiques présentent des problèmes dans toutes les tâches impliquant le traitement de l’information phonologique comme par exemple : 1. déficiences subtiles dans le traitement de certains aspects de la perception de la parole, 2. difficultés d’accès aux représentations phonologiques des mots (observables dans des tâches de fluidité verbale et de nomination rapide d’images), 3. problèmes de mémoire à court terme qui utilise la (ré)activation des représentations phonologiques des items à conserver en mémoire pendant des périodes de temps brèves, et finalement 4. difficultés dans des tâches méta phonologiques qui consistent en manipuler volontairement des unités phonologiques telles que les syllabes et les phonèmes. Toutes ces déficiences, et tout particulièrement celles concernant la méta phonologie, créent des conditions difficiles pour l’apprentissage de la lecture. Ce cadre théorique, bien documenté sur le plan empirique, permet d’énoncer une série de conseils sous le label des “bonnes pratiques” concernant la dyslexie. Le diagnostique précoce Les déficiences phonologiques des dyslexiques ne sont pas directement liées à la lecture, elles peuvent par conséquent être établies avant que l’enfant soit confronté avec la tâche d’apprendre à lire. Ceci permet d’évaluer les potentialités de l’enfant, prévoir ainsi des difficultés qu’il va rencontrer sans devoir attendre qu’il montre un retard dans l’apprentissage même de la lecture, suffisant pour être diagnostiqué comme étant dyslexique (deux ans de retard selon la définition classique de la dyslexie). Le diagnostique précoce permet d’intervenir au niveau préscolaire et d’améliorer le pronostique de l’enfant concernant l’apprentissage de la lecture. Les méthodes d’intervention. La nature phonologique du déficit à la base de la dyslexie permet de concevoir des moyens adéquats d’intervention destinés à corriger et/ou compenser les difficultés de l’enfant. Un domaine particulièrement bien documenté est celui de l’entrainement méta phonologique. Ils existent à l’heure actuelle des programmes d’entrainement phonologique efficaces, ayant un caractère ludique, conçus pour être utilisés en milieu préscolaire. Il a été montré que ces programmes facilitent l’acquisition de la lecture et aident l’enfant dyslexique à améliorer son niveau. On observe toutefois des cas de résistance à l’entrainement méta phonologique. Dans ces cas, la notion de “bonnes pratiques” conduit à éviter que l’enfant abandonne la lecture en tant que source d’information et de plaisir. La recherche dans le domaine de l’apprentissage de la lecture a montré que l’automatisation des mécanismes de reconnaissance des mots écrits se produit via l’activité elle-même, on parle d’autoapprentissage. Il est donc indispensable de préserver à tout prix la pratique de la lecture chez l’enfant dyslexique car, en conformité avec la notion d’auto-apprentissage, on append à lire en lisant. L’abandon de l’activité de lecture chez le dyslexique aurait des effets néfastes. Méthodes d’enseignement de la lecture Les méthodes phoniques sont les plus adéquates pour enseigner la lecture et elles sont particulièrement recommandées pour les enfants présentant des risques de dyslexie. Par ailleurs, les méthodes phoniques sont indiscutablement les plus adéquates pour enseigner à lire en espagnol. Cette langue possède des propriétés phonologiques qui se prêtent admirablement à la méthode phonique. L’espagnol possède une structure syllabique claire et un nombre réduit de voyelles. Ceci donne lieu à une relation entre phonèmes et graphèmes le situant parmi les langues européennes les plus transparentes. Il convient par conséquent de présenter le code alphabétique aux enfants (et tout particulièrement aux dyslexiques) de manière explicite, systématique et précoce (dès le début de l’enseignement de la lecture). La dyslexie en espagnol Les études comparatives de la dyslexie montre que dans les langues transparentes comme l’espagnol, les dyslexiques parviennent à lire correctement les mots sans difficulté par rapport aux dyslexiques exposés aux langues opaques comme l’anglais. Les problèmes des dyslexiques en espagnol sont plus apparents au niveau de la fluidité qu’à celui de la précision. Il est important dans leur cas d’ être attentif à cet aspect de leur performance en lecture car il est plus puissant en tant que révélateur de problèmes de dyslexie. Diffusion de l’information Les conséquences pratiques dérivées des études scientifiques devraient être diffusées au niveau des familles (les associations de parents d’enfants dyslexiques exercent des activités de grand intérêt dans des nombreux pays), des institutrices préscolaires et primaires, des logopèdes et psychologues scolaires qui s’occupent des enfants dyslexiques, et bien entendu des les autorités éducatives qui ont pour fonction d’organiser un enseignement adéquat. 2