LES MÉDECINES DOUCES POURQUOI ÇA MARCHE
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LES MÉDECINES DOUCES POURQUOI ÇA MARCHE
PROLONGEZ CES PAGES Retrouvez Élisabeth Marshall, rédactrice en chef de La Vie, le jeudi 6 février à 12 heures, dans les Infos Conso de Philippe Gaudin consacrées aux médecines douces dans l’émission La Quotidienne, de France 5. À revoir en intégralité sur www.france5.fr, rubrique « La Quotidienne ». LE CHOIX DE LA VIE PLAINPICTURE/FANCY Homéopathie, phytothérapie, acupuncture, sophrologie… Ces méthodes alternatives à la médecine conventionnelle ont réussi à se faire une place dans le cœur des patients et entrent peu à peu à l’hôpital. LES MÉDECINES DOUCES POURQUOI ÇA MARCHE À VOIR Salon Bien-être, Médecine douce et Thalasso, du 6 au 10 Février 2014, à Paris-Porte de Versailles www.salon-bienetre.com N LE CHOIX DE LA VIE LE CHOIX DE LA VIE « De la gym et de la méditation » « En 2000, j’ai été opéré d’une hernie discale. Trois ans plus tard, les Lproblèmes de lombalgie sont réapparus. Je ne pouvais plus faire de « L’homéopathie en prévention » médecines alternatives comme l’ostéopathie ou l’homéopathie L« Les m’apprennent à cheminer derrière le symptôme pour comprendre la cause et mieux me connaître. Il ne s’agit pas de maîtrise mais d’écoute de soi. Cette connaissance me permet d’anticiper les périodes dures de l’année, en prenant par exemple une dose d’homéopathie avec l’arrivée de l’hiver, en plus de granules que je consomme quotidiennement pour les petits maux. Aussi, je vais davantage vers des choses naturelles comme les plantes et une alimentation riche en vitamines pour renforcer mon système immunitaire. » CAROLE Les « médecines alternatives et complémentaires », terme retenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), regroupent « des approches, des pratiques, des produits de santé et médicaux, qui ne sont pas habituellement considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle (médecine occidentale, médecine allopathique) ».... Le grand public parle, lui, de médecines « douces » ou « parallèles ». est davantage préventive et se concentre sur le terrain propre de la personne, tant physique que psychique. La prise quotidienne de Rhodiola rosea, plante sous forme de comprimés, me permet par exemple de gérer mon stress émotionnel. » UNE SÉANCE D’ACUPUNCTURE, médecine traditionnelle chinoise. naturelles, notamment avec ses propres enfants ». Aussi, au fil du temps, Valérie a compris que ses douleurs au ventre étaient « en partie liées à la prise de remèdes trop forts ». Tout comme Noémie et Valérie, près de quatre Français sur dix ont recours aux médecines naturelles, homéopathie en tête, d’après une enquête de l’Ifop, publiée en 2007. Plus récente, celle de l’Ipsos, commandée par les laboratoires Boiron en 2012 : selon elle, 56 % des Français ont déjà utilisé des médicaments homéopathiques, ce qui équivaut à une hausse de 13 points par rapport à 2010. Parmi eux, 36 % sont des utilisateurs réguliers. Leur aspiration première ? Des médicaments naturels et donc meilleurs pour la santé. Aussi, au travers de son enquête auprès de 40 personnes souffrant d’un cancer, AnneCécile Bégot, sociologue, auteure de Médecines parallèles et cancer. Une étude sociologique (L’Harmattan), a observé que la première motivation de ces malades s’adressant aux médecines alternatives était de lutter contre les effets secondaires, liés aux traitements de chimiothérapie et radiothérapie. LA VIE 6 FÉVRIER 2014 18 Outre le traitement des effets secondaires, les patients ont tendance à se tourner vers les médecines alternatives quand l’autre, traditionnelle, reste impuissante. Ils y découvrent des manières différentes d’aborder la maladie, et, plus globalement, le malade. Lorsque, à l’âge de 32 ans, Inès a entendu de la bouche des médecins que sa sclérose en plaques pouvait être ralentie mais non guérie, elle a décidé de mener son propre combat en combinant des visites chez son neurologue à l’hôpital, son généraliste, son kinésithérapeute, mais aussi chez un phytothérapeute et un homéopathe. C’est là qu’elle a réalisé à quel point corps et esprit ne faisaient qu’un : « Le stress, la fatigue, les émotions aggravent cette maladie autoimmune. Or, les médecines complémentaires envisagent l’être dans sa globalité », déclare celle qui, plus de dix ans après l’annonce du diagnostic, est devenue une adepte de la médecine par les plantes et du qi gong, discipline issue de la médecine chinoise, lui apprenant à respirer, à se recentrer et, de surcroît, à recouvrer énergie et équilibre dans les jambes. « La médecine classique se limite aux symptômes. L’autre, alternative, UNE APPROCHE GLOBALE DE LA PERSONNE Gilles Andrès, médecin acupuncteur et président de l’Association française d’acupuncture (AFA), atteste que « le corporel réagit sur l’animation psychique et vice versa ». D’après lui, contrairement à la médecine occidentale, la médecine traditionnelle chinoise, « fondée sur des principes métaphysiques », envisage l’homme dans toute sa complexité et sa subtilité. « Bien qu’elle soit très efficace contre certains maux, la médecine occidentale ne s’occupe que du corporel. Son but est de maintenir les gens en vie le plus longtemps possible. La médecine chinoise, dont les principes n’ont pas changé depuis plus de 4 000 ans, vise, quant à elle, avant tout le salut de l’âme et l’harmonie globale du corps et de l’esprit. » Au travers de ces thérapies complémentaires, les patients, aidés de leurs médecins recherchent une compréhension profonde de leurs maux : d’où viennent-ils ? Pourquoi ? Comment les guérir sur le long terme ? « Ils sont en quête d’une approche qui ne Avec l’ostéopathe, soit pas centrée sur un j’ai compris que organe mais sur ce qui les constitue profondément », mon claquage s o u l i g n e J e a n - M a r i e n’était pas le fruit Gueullette, dominicain, doc- d’un mauvais teur en médecine et en théomouvement logie, directeur du Centre interdisciplinaire d’éthique mais d’un blocage à l’université catholique de psychique. Lyon. « Les médecines complémentaires établissent du lien entre les événements et l’histoire des patients. Leurs maux, petits ou grands, prennent alors un sens. » Comme lorsque Carole, Toulousaine de 45 ans, a compris en allant chez son ostéopathe que son claquage au genou n’était pas le fruit d’un mauvais mouvement mais d’un blocage psychique. Ou encore lorsque le Dr Andrès apprend, LA VIE 6 FÉVRIER 2014 19 LES MÉDECINES DOUCES LE NATUREL, MEILLEUR POUR LA SANTÉ Cette complémentarité entre allopathie et médecine alternative est aussi adoptée par Valérie, j eune maman, elle-même élevée par un médecin généraliste. « Je gradue en fonction des maux, explique-t-elle. Je vais d’abord prendre de l’homéopathie, ou bien aller chez l’acupuncteur, chez l’ostéopathe, et ensuite, si cela ne donne aucun résultat, prendre des médicaments. » Une volonté de privilégier la médecine dite « douce », non sans lien avec une enfance où, face à la maladie, « soit on ne prenait rien, soit on avalait des médicaments très lourds pour nos métabolismes. Notre génération, bourrée de cachets, a perdu une bonne partie de son immunité et veut revenir à des choses plus DE QUOI PARLE-T-ON ? ROBERT KLUBA / SIGNATURES POUR LA VIE LES MÉDECINES DOUCES S ouffrant depuis toujours de violents maux de tête, Noémie, juriste âgée de 28 ans, a tout essayé. Tout, dans la médecine dite « classique ». Après deux années, ponctuées de rendez-vous avec un « grand spécialiste », le bilan, en novembre dernier, était toujours aussi décevant : malgré un soulagement éphémère après la prise de forts médicaments, le mal était toujours là, enfoui, prêt à resurgir. Avec, en parallèle, des problèmes d’articulations, de digestion, d’eczéma, une grande fatigue et un moral en berne. Sur les conseils de sa mère, pédiatre, elle s’est alors dirigée vers une micronutritionniste. Diagnostic, précédé de prises de sang et d’un interrogatoire de plus d’une heure : intolérance au gluten et au lait de vache. Grâce à un régime alimentaire et à un traitement composé, entre autres, de zinc et d’acides aminés, Noémie se sent aujourd’hui beaucoup mieux. Elle est allée « à la racine du problème ». Cette jeune femme, éduquée par une mère médecin « très sensible à l’homéopathie et à l’alimentation », ne dénigre pas pourtant la médecine conventionnelle, à laquelle elle a recours « à chaque fois que c’est nécessaire ». longs trajets en voiture sans prendre d’anti-inflammatoires, mon moral en était affecté. Conseillé par l’ostéopathe et le kiné, j’ai commencé à exécuter chaque jour des mouvements de gymnastique. Les lombalgies se sont atténuées jusqu’à disparaître. À 59 ans, je n’ai plus de douleurs même en sollicitant largement mon dos et je me sens même davantage en forme physique et mentale qu’à 20 ans ! Il faut dire aussi que je fais suivre ce moment de gym par un temps de méditation de textes spirituels et de prière. » PHILIPPE N besoin de parler de ma santé avec quelqu’un en qui j’ai L« J’ai confiance, qui prenne le temps de m’écouter et de m’ausculter. LES MÉDECINES DOUCES au fil de la discussion avec un de ses patients souffrant de maux de dos, que celui-ci a récemment perdu un proche. C’est là qu’il pourra « travailler sur les points spécifiques de la séparation », lors de la séance d’acupuncture. Mais pour cela, il faut du temps, de l’écoute, une adaptabilité à la singularité du malade, démarche « décisive dans le processus thérapeutique ». À L’HÔPITAL, UNE ALLIANCE FRAGILE Entre une technicité scientifique de plus en plus pointue et un manque de temps des soignants, l a relation thérapeutique est de plus en plus souvent perçue comme déshumanisée et, de fait, carencée. « Il ne s’agit pas de renoncer aux avancées scientifiques bien sûr, mais de comprendre qu’en allant chez son médecin, le malade ne recherche pas seulement de l’efficacité : il a besoin qu’on l’écoute, qu’on le touche, que se noue une relation de confiance », insiste JeanMarie Gueullette. Dans sa note sur les médecines non conventionnelles, datant d’octobre 2012, le Centre d’analyse stratégique, organisme d’expertise dépendant du Premier ministre, rappelle que « le bien-être, qui fonde la définition de la santé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est souvent négligé dans les systèmes de santé alors qu’il est au cœur des médecines non conventionnelles ». D’où une nécessaire complémentarité entre médecines conventionnelle et alternative, comme en Grande-Bretagne, en Allemagne (voir page 24) ou encore au Canada. « Dans ces pays, les deux collaborent. L’une travaille sur le symptôme, l’autre sur le terrain global de la personne», relève Hélène, trentenaire belge, qui est en train de se reconvertir en tant que naturopathe. En France, l’alliance est encore fragile. M algré une ouverture de plus en plus probante au sein même des hôpitaux (voir page 23), les principes de précaution – face, notamment, aux potentielles dérives sectaires – et d’efficacité visible dominent dans la communauté médicale. Dans son rapport intitulé Médecines complémentaires à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, publié en mai 2012, l’instance reconnaît que « la recherche clinique est quasi inexistante en France et notamment dans le Centre hospitalier universitaire BERNARD RADVANER/FANCY/PHOTONONSTOP Besoin de retrouver ce lien que nos grands-parents entretenaient avec leurs médecins. Ces derniers connaissaient toutes les générations d’une même famille, son histoire, ses failles et ressources, et, ainsi, envisageaient les patients de manière plus globale. Nos aïeux, qu’ils soient médecins ou non, avaient aussi beaucoup plus recours à des remèdes naturels. Nous avons beaucoup à découvrir dans tout ce que nous offre la nature pour nos petits maux du quotidien. » HÉLÈNE (CHU) d’Île-de-France, alors que le Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national s’est explicitement ouvert à l’évaluation de ces médecines depuis 2008 ». L’Académie de médecine opte pour la plus grande prudence : elle n’a pas manqué de rappeler en mars 2013 que les thérapies complémentaires « doivent rester à leur juste place : celle de méthodes adjuvantes pouvant compléter les moyens de la médecine (…) elles ne doivent jamais être choisies par le patient comme une solution de premier recours, ni comme une solution de remplacement qui exposerait à des erreurs ou retard de diagnostic et à des pertes de chance ». « Il est capital que le diagnostic soit au préalable fait par un médecin », appuie Christian Caldaguès, président de la Société française d’ostéopathie et directeur du centre de santé Hahnemann, situé dans le XIIIe arrondissement de Paris. Dans ce centre conventionné, une quarantaine de médecins généralistes et spécialistes en grande partie bénévoles se relaient pour pratiquer l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, la phytothérapie et la mésothérapie pour tous. « Nous avons de plus en plus de patients, et en général ils viennent par le bouche-à-oreille », indique une salariée de l’administration. Mieux coopérer avec son médecin, ne plus rester passif face à un diagnostic, t elle est l’attente que révèle l’attrait pour les médecines alternatives. C’est l’une LA VIE 6 FÉVRIER 2014 20 4 critères pour choisir un thérapeute des conclusions qu’Anne-Cécile Bégot a tirées de son enquête sociologique. « Depuis les années 1990, et, a fortiori depuis la loi de 2002 sur le droit des patients, les médecins sont moins paternalistes qu’auparavant envers les malades. Ces derniers expriment l’envie de se prendre en main personnellement. » C’est aussi ce qu’expérimente Inès, dans sa guerre contre la sclérose en plaques. En ayant recours aux médecines alternatives, en plus de l’allopathie, elle ne se sent plus « une victime face à la maladie », elle ne la subit plus. « Cela me place dans une participation active et intime de tout mon être », relate celle qui, de surcroît, accède à « une meilleure connaissance » d’elle-même : « Mes perceptions et réactions aux traitements divers sont affinées. Je sens désormais ce qui me fait du bien ou pas, ce que je dois prendre en prévention ou, au contraire, ce que je dois stopper dans mes traitements, sans tomber pour autant dans l’automédication. » De cette meilleure connaissance de soi, découle une responsabilisation, qu’elle réside dans le changement de certaines habitudes – alimentaires par exemple –, ou dans un mode de vie qui, avec du recul, ne convient plus. « Le naturopathe, par exemple, éduque la personne à se responsabiliser et à prendre conscience de qui elle est, le but étant de mieux se connaître pour mieux vivre. Beaucoup de maux du quotidien peuvent être anticipés », rappelle Hélène. Et d’après elle, cette soif de retourner à des produits sains et naturels est une réponse claire « à la société de consommation », société « de tous les excès », où « on ne sait plus ce qu’on ingère. Il y a aujourd’hui une réelle quête intérieure car nous sommes tous des êtres spirituels ». Le Dr Andrès fait d’ailleurs le même constat : « On voit bien que les patients sont en manque dans ce règne de la quantité. » Manque au travers duquel se niche un profond besoin de se reconnecter à soi-même et à la nature, de se respecter, et d’unifier corps, âme et esprit. ANNE-LAURE FILHOL LA FORMATION Mieux vaut consulter un thérapeute qui fait état d’une formation approfondie dans son domaine que quelqu’un qui se présente comme compétent dans des spécialités très diverses, sous prétexte qu’il a effectué quelques heures de formation. JEAN-MARIE GUEULLETTE, docteur en médecine, dominicain et directeur du Centre interdisciplinaire d’éthique à l’Université catholique de Lyon. LE PRIX La question financière est un critère important de discernement. Il faut accorder sa confiance de préférence aux thérapeutes qui ont des tarifs raisonnables et qui les annoncent clairement. Il est aussi utile de se renseigner sur le rythme normal des consultations dans la thérapeutique choisie. LE RESPECT DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE Veillez à ce que votre thérapeute respecte votre liberté de conscience et votre autonomie. Il ne peut pas prétendre régler tous vos problèmes ou détenir toutes les clés d’interprétation de vos maux. S’il fait une scène de jalousie parce qu’on lui annonce qu’on va voir, en parallèle, un autre soignant, c’est un signal d’alarme. LA BIENVEILLANCE Le bienfait sur le malade va au-delà de la seule notion d’efficacité tangible et mesurable par les moyens conventionnels. La bienveillance se mesure à la capacité du thérapeute à faire preuve d’écoute, d’empathie, à pouvoir envisager les maux dans leur globalité en leur donnant un sens tout en ne visant qu’une chose : un mieux-être apporté à son patient. ’ LES MÉDECINES DOUCES « Ce que nous offre la nature » PHILIPPE SCHULLER / SIGNATURES LE CHOIX DE LA VIE ’ A.-L. F. AVEC JEAN-MARIE GUEULLETTE La « douceur » aussi à l’hôpital L ACUPUNCTURE. Au service obstétrique du CHU de Strasbourg (67), elle rend les contractions plus efficaces, accélère la dilatation du col, accompagne l’allaitement ou le baby blues. L LUMINOTHÉRAPIE. Le centre de sommeil et de vigilance de l’Hôtel-Dieu, à Paris, l’utilise pour accompagner les dépressions saisonnières et les insomnies L AURICULOTHÉRAPIE. À l’hôpital de Villejuif (94), l’auri culothérapie améliore les douleurs chroniques liées aux suites opératoires et aux chimiothérapies. L MÉDITATION. À l’hôpital Saint-Anne, à Paris, elle intervient dans la prévention des rechutes des troubles anxieux. L HOMÉOPATHIE.À la Croix-Rousse, à Lyon (69), elle atténue les effets secondaires des traitements des hépatites et du sida. L HYPNOSE. À Robert-Debré, à Paris, l’hypnose intervient dans la préparation à l’accouchement, et l’hypno-analgésie avant la péridurale ou en remplacement. À Aix-en-Provence (13) et à Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt (92), elle traite les douleurs. L QI GONG. À l’hôpital Clémenceau, à Champcueil (91), le qi gong améliore la vie des patients atteints de la maladie de Parkinson tandis qu’à l’hôpital Manhès, à Fleury-Mérogis (91), il est proposé lors de troubles psychiatriques et de problèmes d’addictions. L TAI-CHI. À Henri-Mondor, à Créteil (94), le tai-chi accompagne le traitement des lombalgies. LA VIE 6 FÉVRIER 2014 21 N Phytothérapie Les plantes, nos alliées du quotidien Contre les maux de tous les jours, la nature offre une TROIS QUESTIONS À… SERGE RAFAL, homéopathe et acupuncteur « Des pratiques encore marginales à l’hôpital » réserve précieuse de principes actifs aussi efficaces que les médicaments traditionnels. en fait la plus ancienne des thérapeutiques. Et même les animaux y ont recours ! Aujourd’hui, sur les 500 000 plantes recensées à travers le monde, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a relevé 22 000, utilisées traditionnellement pour les soins, 2 500 ont fait l’objet d’études approfondies, et nous en utilisons seulement quelques centaines en France. L’univers végétal constitue un formidable réservoir, et l’industrie pharmaceutique ne s’y est pas trompée puisque près de 70 % des médicaments actuels trouvent leur origine dans les plantes. Mais contrairement à la médecine chimique, qui isole un principe actif pour fabriquer un médicament de synthèse, la phytothérapie s’intéresse surtout au « totum » de la plante, c’est-à-dire à l’ensemble de ses principes actifs, qui travaillent en synergie. Une c omplexité et une intelligence i mpossibles à reproduire Serge Rafal a tenu une consultation d’homéopathie et d’acupuncture à l’hôpital Tenon, à Paris, durant 37 ans. LA VIE. Les hôpitaux semblent enfin s’ouvrir aux médecines douces… Naturopathie, une approche traditionnelle ’ SERGE RAFAL. Sous la pression du public, plusieurs thérapies alternatives « annexes » ont effectivement fait leur entrée à l’hôpital comme l’hypnose, le tai-chi, le qi gong… Ces pratiques sont indéniablement intéressantes pour la santé : l’hypnose, par exemple, est utile auprès des jeunes enfants en alternative à des anesthésies pour des actes de petite chirurgie. Cependant, il ne faut pas se leurrer, derrière les effets d’annonce ou la volonté individuelle de certains chefs de service, l’entrée des médecines alternatives et complémentaires (Mac) reste marginale. Quels sont les freins à ce mouvement ? S.R. L’appui franc de l’institution, qui reste plus que réservée, et l’obligation de rentabilité à laquelle les hôpitaux sont soumis. Certains actes, comme l’échographie, sont bien plus rentables qu’une longue consultation d’homéopathie… qui, en outre, dérange intellectuellement ! vise à aider l’organisme à se rétablir lui-même via des LLacuresnaturopathie (détoxination, revitalisation…) et des techniques traditionnelles : alimentation, exercices physiques, plantes, hydrologie, techniques respiratoires, relaxation, techniques manuelles, réflexologie… Troisième médecine traditionnelle du monde selon l’OMS, la naturopathie est bien développée en Allemagne avec les Heilpraktiker, véritables praticiens de santé naturelle. En France, la profession est autorisée mais encore peu encadrée. En savoir plus : www.fenahman.org Une vraie médecine alternative reste exclue de l’hôpital ? L’ÉCHINACÉE LA RHODIOLE tilisé dans la U médecine chinoise depuis l’antiquité, il améliore la fonction cognitive (attention, concentration, mémoire, raisonnement…) et pourrait retarder sa détérioration. C’est aussi le soutien idéal en cas d’activité intellectuelle importante. Incontournable pour renforcer les défenses immunitaires grâce à ses vertus antivirales et antibactériennes, cette plante originaire d’Amérique est également connue pour ses qualités cicatrisantes. riginaire d’Europe O du nord, la rhodiole (ou orpin rose) est la plante de l’endurance. Antistress puissant, elle stimule le système nerveux en cas de fatigue intellectuelle, de nervosité et de surmenage. LA VIE 6 FÉVRIER 2014 22 PLAINPICTURE/UTE MANS LE GINKGO BILOBA nti-inflammatoire A et antioxydant hors pair, le curcuma est utilisé lors des troubles digestifs et hépatiques, il soulage également les douleurs articulaires, cicatrise et protège le système cardiovasculaire. Il aurait aussi une action anticancer. PLAINPICTURE/TANJA LUTHER LE CURCUMA I ncontournable de la phytothérapie, la lavande est à la fois calmante, sédative et antiseptique. Son huile essentielle est apaisante en cas de douleurs articulaires ou musculaires, de brûlures ou de piqûres. MORRIS, STEVEN / STOCKFOOD LA LAVANDE HAGER/RHPL/ANDIA 5 plantes phares DR/LAURENT JALET LES MÉDECINES DOUCES Depuis 7 000 ans et sur tous les c ontinents l’homme utilise la plante m édicinale, c e qui en laboratoire. Comrencontrent régulièrement EN PRATIQUE ment égaler les une résistance bactérienne. Préférer les conseils d’un 200 molécules difféUn traitement de fond de médecin phytothérapeute, rentes de l’huile essen12 à 18 mois de grande voire d’un pharmacien, surtout pour les huiles essentielles tielle de lavande ou les camomille pourra parfois qui sont des concentrés 120 composants de venir à bout d’une migraine particulièrement puissants. l’huile essentielle de alors que la médecine Compter de 40 à 100 € niaouli ? Comment moderne traite les crises la consultation, éventuellement remboursée à hauteur expliquer que les dérisans guérir définitivement. de 23 € par la Sécurité sociale vés salicylés de l’aspiCette approche du terrain et complétée par une mutuelle. rine génèrent des brûs’avère également bénéÀ part la gemmothérapie lures d’estomac, alors fique pour résoudre de (préparation à base de bourgeons), la plupart des que la reine-des-prés, nombreux problèmes digespréparations à base de plantes qui contient les mêmes tifs ou psycho-émotionnels. ne sont plus remboursées. principes actifs, est Ainsi, plutôt que des antiaussi efficace contre la dépresseurs ou des trandouleur et la fièvre tout quillisants, la phytothéraen épargnant l’estopie dispose d’un arsenal mac ? Parce qu’elle contient aussi des tanins végétal efficace en première intention : qui protègent : le monde végétal a prévu aubépine, passiflore, valériane, milleperl’effet secondaire et son antidote ! tuis, safran, scutellaire… Mais que l’on ne s’y trompe pas : la phytothérapie et l’aroPour éviter les effets indésirables des mathérapie (les soins par les huiles essenmédicaments classiques e t soigner la plu- tielles) sont des médecines puissantes part des affections du quotidien, la phyto- qui doivent être maniées avec précaution, thérapie se révèle particulièrement effi- de préférence sur un avis médical. SOPHIE BARTCZAK AVEC JEAN-MICHEL MOREL, cace, permettant de réserver les PHYTOTHÉRAPEUTE ET PRÉSIDENT médicaments allopathiques aux situations plus lourdes. Souvent les résultats obtenus DU SYNDICAT NATIONAL DE LA PHYTO-AROMATHÉRAPIE sont équivalents à ceux de la médecine moderne, voire les dépassent. Ainsi, par exemple, la canneberge et les huiles À SAVOIR essentielles (cannelle, arbre à thé, palma- Un site pour s’informer Association rosa…) donnent de bons résultats sur les des usagers de la phytothérapie clinique : infections urinaires, là où les antibiotiques www.phyto2000.org JOHN BLOCK/BLEND IMAGES/PHOTONONSTOP D es tisanes régulières de thym pour éviter les infections de l’hiver, de la réglisse pour calmer l’acidité de l’estomac, de l’artichaut ou du romarin pour soulager son foie, de l’ortie ou de la prêle pour reminéraliser son organisme… Les plantes sont sans conteste les meilleures alliées de notre santé au quotidien, et la phytothérapie – la médecine par les plantes – la plus puissante et la plus prometteuse des médecines alternatives. R.KLUBA / SIGNATURES LE CHOIX DE LA VIE LA VIE 6 FÉVRIER 2014 LES MÉDECINES DOUCES 1 LE CHOIX DE LA VIE 23 S.R. Ces méthodes thérapeutiques auraient toute leur raison d’être à l’hôpital en complément, en relais ou même à la place de l’allopathie dans certaines pathologies. Les plantes et l’homéopathie pourraient suppléer les psychotropes trop largement prescrits, et certaines huiles essentielles remplacer les antibiotiques pour combattre les infections hivernales… Or, pour l’instant, ces méthodes pourtant plébiscitées par le public sont quasi inexistantes à l’hôpital qui n’accepte que les approches ne remettant pas en cause sa pratique. Ce sont paradoxalement les services de cancérologie, intégrant maintenant l’homéopathie, l’acupuncture ou l’hypnose, qui sont les plus ouverts, alors qu’ils étaient des bastions imprenables il y a 30 ans. Alors soyons optimistes, rien n’est perdu ! INTERVIEW S.B. ’ N