Extraits de lettres de Poilus, famille Résal Bordeaux

Transcription

Extraits de lettres de Poilus, famille Résal Bordeaux
Extraits de lettres de Poilus, famille Résal
Bordeaux - 21 juillet 1918
EUGENE à SALEM
Reçu ta lettre du 17. Je te remercie bien vivement de la fréquence de tes lettres qui nous donnent
toutes sortes de satisfactions, notamment par l’enthousiasme qu’elles manifestent. Ta lettre du 17
n’est pas moins chaude à cet égard, et pourtant, à sa date tu ne te doutais pas, pas plus que nous
du reste, que l’échec des Boches allait être suivi d’une victoire pour nous , qui continue pendant
que je t’écris ! Ils ont été terriblement bousculés entre Aisne et Marne depuis trois jours, et ils ont
repassé en vitesse sur la rive droite de la Marne ! Je pense qu’ils ne vont pas tarder à être
contraints de se replier sur la ligne Soissons Reims.......et puis après on verra.
Nous voici ou je me trompe fort, au moment psychologique que l’on n’espérait que pour octobre.
C’est nous qui maintenant manœuvrons le Boche et cela va continuer de mieux en mieux puisque
notre armée grossit tous les jours de l’afflux des Américains : je pense qu’on va faire voir du pays à
ces cochons de Boches et qu’ils vont déchanter ! Quel soulagement !
Je ne te parle pas de Chaumes puisque tu es renseigné de première main. Ici, le temps qui a été
torride pendant 4 jours vient de se radoucir sérieusement. Chérifa, qui a été mal en train ces joursci, a lâché pour quelques jours son hôpital qu’elle reprend demain ; elle en a profité pour liquider
notre soubrette Georgette et pour faire nettoyer à fond la maison.
Pour moi, je commence à venir à bout de ma grosse besogne et pense n’avoir plus dans quelques
jours que le travail courant. Mon commerce de charbon ne va pas trop mal, et j’ai repris
aujourd’hui mon service à l’infirmerie de gare : je suis bien tombé car il y avait un train de neuf
cents cinquante réfugiés à ravitailler le matin et à midi, ce qui a été une affaire !
Clavel vient d’être nommé inspecteur général, tout en conservant son service à Bordeaux ; c’est
une faveur exceptionnelle, et cela va aussi diminuer sa besogne car je pense qu’il va demander
pour l’aider des ingénieurs en chef.
Fa a reçu de Paul une lettre du 17 ; il jubile comme toi ; il travaille le Boche sur la Marne, entre
Epernay et Château-Thierry.
Bordeaux - 22 juillet 1918
CHERIFA à JULIE
Je pense que vous passez de bonnes journées tous les trois, Mériem doit être contente de revoir
Chaumes!
Ça gaze sur le front, c'est épatant ou du moins nos poilus sont épatants. Il y a des Américains plus
que jamais ici, ce n'est qu'un défilé continuel de camions chargés de soldats, qui vont dans tous les
sens…