VIEILLES MAISONS FRANCAISES DELEGATION DES ALPES DE

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VIEILLES MAISONS FRANCAISES DELEGATION DES ALPES DE
VIEILLES MAISONS FRANCAISES
DELEGATION DES ALPES DE HAUTE PROVENCE
Compte-rendu de la sortie du 17 août 2016
Conduite par Sabrina Da Conceicao, guide de pays, notre délégation a consacré la journée du
17 août à visiter Saint Donat et Volonne, en aval de Sisteron, puis Sisteron dont la citadelle a,
pendant des siècles, été considérée et comme un verrou garantissant la sécurité de la Provence
contre le Dauphiné et la Savoie.
Notre journée a commencé par la visite de deux églises d’un style roman très primitif : tout
d’abord Saint Donat, sur la rive droite de la Durance. Loin de toute agglomération, l’église
émerge avec puissance de la forêt qui couvre les premiers contreforts de la montagne de Lure.
Elle a été construite pour accueillir les nombreux pèlerins venus se recueillir sur les lieux où
vécut Saint Donat, ermite, ce qui explique sa taille, trop importante pour un petit monastère.
L’édifice a belle allure avec son chevet constitué d’une abside centrale et de deux absidioles.
A l’intérieur, nous admirons la nef étroite et haute, flanquée de collatéraux. Sabrina attire
notre attention sur les piliers de section circulaire, la construction en moellons grossièrement
taillés dans le calcaire ou le grès local, la décoration presqu’inexistante hormis la belle baie
géminée qui orne la façade occidentale ; en particulier, pas de chapiteaux en haut des piliers,
mais de modestes coussinets.
Les murs sont posés directement sur le rocher dont ils suivent les différences d’altitude. Ils
n’ont pas de contrefort et sont trop étroits pour supporter la poussée d’une voûte, mais celle-ci
retombe sur les arcs séparant les piliers, donc finalement sur les piliers eux-mêmes.
La volonté d’austérité est évidente, ce qui atteste l’influence lombarde dans la conception et la
construction de Saint Donat, datée par les archéologues du deuxième quart du XIème siècle.
Après Saint Donat, nous sommes allés à Volonne, sur la rive opposée de la Durance. En
quelques kilomètres, on quitte la forêt pour se retrouver dans la riche vallée de la Durance.
Volonne est un village dont la prospérité est ancienne et qui a accueilli un monastère
bénédictin dont la chapelle est devenue église paroissiale, du Moyen Age au milieu du
XVIème siècle. Très proche du vieux village, on y accède en traversant le cimetière ; les
derniers tombeaux sont adossés au mur de l’église.
Ce qui frappe au premier abord dans cette église Saint Martin, c’est la ressemblance avec
Saint Donat : même plan, à peu de choses près, mêmes piliers ronds, même construction en
moellons, mêmes murs trop étroits pour résister à la poussée d’une voûte, et c’est à ce
problème que Saint Martin de Volonne apporte une autre réponse que Saint Donat : la
couverture était une charpente en bois formant plafond et supportant un toit de lauzes. Cette
charpente a brulé deux fois, et après la deuxième n’a jamais été réparée, ce qui explique
pourquoi dans cette église on est brulé par le soleil !
Après ces églises d’une grande austérité, nous sommes revenus au village de Volonne pour
admirer un chef d’œuvre de décoration : les murs et les plafonds du vestibule et de l’escalier
de l’ancien château ont été en 1610 couverts de gypseries remarquables, dont une bonne partie
vient d’être restaurée, ce qui met en valeur la virtuosité de l’artiste au service de motifs très
divers : la chasse et la guerre, attributs de l’aristocratie, voisinent avec l’expression de
l’amour du seigneur Melchior de Valavoire pour son épouse Julie de Rousset (voir le numéro
254 de la revue VMF, page 57).
Après le déjeuner, nous avons atteint Sisteron, et commencé la visite par la cathédrale, où l’on
mesure le chemin parcouru par l’art roman depuis Saint Donat et Saint Matin de Volonne :
amples proportions, pierres de taille bien appareillées... La nef centrale, en berceau
légèrement brisé, est flanquée de deux collatéraux étroits. Entre cette nef centrale et l’abside
s’élève une haute coupole octogonale posée sur trompes. A l’extérieur, nous avons admiré le
chevet et la petite colonnade qui orne le tambour bâti au dessus de la coupole. A noter aussi
l’usage, lombard, de pierres de couleurs blanches et noires alternées pour décorer les arcs.
En quittant la cathédrale, nous sommes entrés dans le musée « Terre et Temps », voisin,
installé dans une ancienne et belle chapelle des Visitandines. Ce musée expose une
intéressante série d’instruments inventés par les hommes pour mesurer le temps qui passe :
préoccupation très ancienne, aussi vieille que la race humaine sans doute, et qui tient peut-être
au sentiment que nous avons de notre fragilité. Calendriers, cadrans solaires, horloges,
clepsydre, montres… et même un pendule de Foucault, spectaculaire mais hors sujet.
Enfin, dernière étape de notre périple, un petit tour dans les vieux quartiers, au pied de la
citadelle : charmant dédale de ruelles, les andrônes, coupées par des escaliers, en jambées par
des voûtes et débouchant sur des placettes, fontaines, vieilles maisons, portes anciennes… De
quoi garder un souvenir pittoresque de Sisteron.
Avant de nous quitter, un grand merci à notre guide Sabrina, qui nous a expliqué avec
patience et humour les merveilles qu’elle nous a fait découvrir.