Les jeunes et la citoyenneté : Un survol
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Les jeunes et la citoyenneté : Un survol
Les jeunes et la citoyenneté : Un survol Fondé sur l’étude de Caroline Beauvais, Lindsey McKay et Adam Seddon, A Literature Review on Youth and Citizenship (RCRPP, 2001). Qu’est-ce que la « citoyenneté » ? La citoyenneté est un statut généralement réservé aux adultes. Par contre, le statut des jeunes, même ceux qui ont atteint l’âge de la majorité, peut le mieux se décrire en disant qu’il a un caractère « précaire ». Ils peuvent posséder certains droits juridiques officiels, comme le droit de conduire une voiture, de travailler et de voter, mais ils ne sont généralement pas considérés comme des citoyens à part entière, mais plutôt comme des « citoyens en devenir ». La citoyenneté se compose de trois dimensions : (1) des droits et des responsabilités, (2) une accessibilité à ces droits et responsabilités, et (3) un sentiment d’appartenance, c’est-à-dire une identité. Donc, pour être un citoyen, il faut plus que posséder des droits de citoyenneté officiels ou théoriques. La citoyenneté met en cause la capacité pour la personne sur une base individuelle d’exercer activement les trois dimensions qu’elle comporte. Pour être un citoyen, il faut, par définition, avoir les ressources, la capacité et la possibilité de participer aux différents aspects de la vie d’adulte. La capacité d’exercer pleinement sa citoyenneté est donc nécessairement fonction de deux facteurs : L’autonomie est un élément essentiel de la citoyenneté parce qu’elle permet d’acquérir chacune des trois dimensions de la citoyenneté – et même de leur servir de fondement. Un jeune ne pourra devenir un citoyen à part entière que lorsqu’il ne sera plus à la charge de quelqu’un d’autre. L’égalité est un autre principe essentiel de la citoyenneté. Dans les faits, il n’y a pas de véritable citoyenneté à moins qu’il y ait égalité entre les citoyens. Si les droits, les responsabilités et l’accessibilité sont inégalement répartis parmi les jeunes, il s’ensuit que le statut de citoyenneté de certains est limité. En réalité, la mesure dans laquelle les jeunes peuvent parvenir à l’autonomie nécessaire pour devenir des citoyens à part entière varie. Plusieurs jeunes, et peut-être même un nombre croissant d’entre eux, qui ont atteint l’âge de la majorité ou qui sont bien engagés dans la vingtaine, n’ont qu’une capacité limitée d’exercer leur pleine citoyenneté. Même s’ils possèdent des droits de citoyenneté juridiques et officiels, leur situation économique et sociale a pour effet de les exclure de la possibilité d’exercer pleinement leur citoyenneté. Qui font partie des jeunes ? La catégorie des jeunes a été étendue, ces dernières années, pour comprendre ceux qui sont âgés de 12 ans et plus. Le statut de jeune s’étend généralement jusqu’à l’âge de 29 ans, et même davantage. À cause des limites tellement fluides de la catégorie, les « jeunes » sont souvent assimilés à un « groupe sociologique instable ». Les chercheurs décrivent généralement la jeunesse comme étant une période de transition vers l’âge adulte (un « rite de passage » qui survient à la fin 2 de l’adolescence), ou encore comme étant le moment de faire des choix importants (des décisions qui auront des répercussions importantes pendant la vie adulte). Les deux formules traitent la jeunesse comme étant un « intervalle » ou « un état en devenir », c’est-à-dire qu’il s’agit d’une période de préparation pour l’avenir, mais pas d’un temps important en soi. Toutefois, à la lumière des conditions économiques et sociales actuelles, la notion d’« intervalle » offre une optique insuffisante à partie de laquelle on peut examiner le statut en matière de citoyenneté des jeunes. Par suite des niveaux élevés de chômage et d’incertitude, nombre de jeunes font face à la perspective de périodes prolongées de dépendance, ce qui réduit leur aptitude à devenir autonome et à exercer leur citoyenneté à part entière. Par conséquent, la notion de citoyenneté a changé considérablement. Il est donc souhaitable d’aller au-delà de l’optique de la jeunesse comme étant un temps de transition pour examiner au contraire le statut de citoyenneté des jeunes à l’heure actuelle, ainsi que leur aptitude à exercer pleinement leur citoyenneté. Description du cadre d’analyse Ces notes de recherche s’appuient sur une analyse exhaustive des RCRPP de la documentation actuellement disponible sur les jeunes et la citoyenneté. Cet examen des recherches disponibles fut entrepris en 2001 dans le but de décrire le statut des jeunes en matière de citoyenneté, ainsi que la capacité des jeunes adultes à devenir des citoyens à part entière. On s’est donc employé à répondre aux questions suivantes : Quels sont les droits et les responsabilités que les jeunes possèdent actuellement et comment parviennent-ils à y avoir accès ? De quels droits et responsabilités de la citoyenneté les jeunes sont-ils exclus ? Quelles sont les inégalités économiques et sociales qui existent parmi les jeunes, ainsi qu’entre les gens plus jeunes et plus âgés ? Dans quelle mesure des jeunes de différents groupes sont-ils en mesure d’atteindre l’autonomie nécessaire pour devenir des citoyens à part entière ? Quatre autres notes, qui contiennent des « précis de recherches », considèrent ces questions sous les angles suivants : éducation; autonomie et sécurité économiques; discrimination et sécurité personnelle; et identité, appartenance et autonomie. Principales conclusions L’abandon des études contribue à réduire l’aptitude des jeunes à devenir autonomes et à se tirer d’affaire avec succès dans la société par la suite. La discrimination fondée sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle et les aptitudes existe à l’intérieur du système d’enseignement et elle a pour effet d’isoler et d’exclure certains étudiants. Les conditions du marché du travail, l’accessibilité à l’éducation et l’endettement étudiant ont pour effet de repousser le moment où les jeunes deviennent autonomes, ce qui contribue à modifier fondamentalement à quel moment et dans quelle mesure ils parviendront à exercer pleinement leur citoyenneté. Au même titre que l’autonomie économique, le statut de citoyen à part entière comprend le droit de ne pas être victime de discrimination, d’avoir un accès approprié à des soins de santé et à des services sociaux, et d’avoir la possibilité d’être politiquement actif. Le statut de citoyenneté de plusieurs jeunes a un caractère précaire à cause de diverses « failles » dans les politiques gouvernementales. L’évolution du marché du travail, les difficultés d’accéder à l’enseignement supérieur, une insuffisance de logements à prix abordable et un accès limité à des soins de santé et à des services sociaux, ainsi 3 que la baisse des prestations d’aide sociale, sont tous des facteurs qui contribuent à multiplier les lacunes qui peuvent avoir des effets négatifs chez les jeunes. Par conséquent, plusieurs sont sur la voie de l’exclusion. La participation est un élément majeur de l’éducation civique, sur lequel on ne consacre pas suffisamment d’attention dans les programmes scolaires. De plus, les systèmes scolaires n’habilitent pas les jeunes à faire des choix éclairés et sains en matière de sexualité et de consommation d’alcool et de drogues, des domaines dans lesquels les jeunes veulent participer à des discussions plus poussées et plus intégrées. Le manque de participation à la vie politique parmi les jeunes est attribuable dans une large mesure à l’échec des grands acteurs de la vie politique à s’intéresser aux préoccupations des jeunes. Il n’existe pas de preuve à l’effet que les jeunes sont apathiques. Au contraire, ils participent aux affaires politiques de différentes façons – à l’école, dans des organismes de jeunes et par le biais de mouvements de protestation à caractère politique.