TURN ME ON - Festival de Cinéma Européen des Arcs

Transcription

TURN ME ON - Festival de Cinéma Européen des Arcs
TURN ME ON !
Jannicke Systad Jacobsen, Norvège (2011)
A partir de 12 ans
Conseillé pour les 14 ans et plus
Jannicke Systad Jacobsen est une réalisatrice et scénariste norvégienne
née en 1975. Elle suit des études de réalisation à la FAMU de Prague et à
Londres. Elle dirige plusieurs documentaires très scénarisés avant de passer
au long-métrage de fiction, afin d’avoir plus de contrôle sur le processus. Son
premier film, Turn Me On !, se fait remarquer au Festival de Tribeca de New
York.
PRIX :
Prix du meilleur scenario au Festival de cinéma de Tribeca en 2011
Prix de la distribution indépendante au Festival de cinéma de Rome en 2011
Meilleur film et meilleure photographie aux Prix Amanda en 2012
FILMOGRAPHIE :
2011 : Turn Me On, Dammit!
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2009 : Scener fra et vennskap (D)
2007 : Pizzaeventyret (TV – série documentaire)
2005 : Klovnebarna (D)
2005 : Sandmann - Historien om en sosialistisk supermann (TV – série
documentaire)
2003 : Kampen mot paranoia (CM)
2002 : Frimerket og fyret (D)
2001 : En liten rød prikk (CM)
TAGS : adolescence, sexualité féminine, imagination, ennui, amitié,
fantasmes
BANDE-ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=9v-fHjggBa4
SYNOPSIS :
Alma, adolescente vivant dans une petite ville, a une grande imagination.
Excitée et recherchant l'amour, elle n'a que sa vive imagination et un
sympathique standardiste de téléphone rose pour améliorer sa vie
désespérément solitaire et chaste. Mais le monde imaginaire et bouillonnant
d'Alma ainsi que sa libido encore plus productive semblent seulement lui créer
des ennuis. Après une rencontre affriolante quoique maladroite avec Arthur,
l'une de ses idoles à l'école, qui promet de littéralement réaliser les rêves
d'Alma, celle-ci est au contraire rejetée par ses méchants camarades de
classe et affublée d'un surnom particulièrement désobligeant. Devenue
soudain une paria sociale, Alma a très envie de quitter la ville et de reprendre
une vie normale... Si seulement grandir était aussi simple. (Cineuropa)
EXTRAIT INTERVIEW AVEC LA RÉALISATRICE :
FilmdeCulte: Quel a été votre parcours avant la réalisation de Turn Me
On! ?
Jannicke Systad Jacobsen: J’ai eu une formation de réalisatrice, spécialisée
dans la fiction, à la London International Film School et à la Famu, à Prague.
Depuis 1999, j’ai essentiellement réalisé des documentaires, à la fois en
formats courts et à la télévision. Ce ne sont pas des documentaires au sens
classique du terme. Il y avait une ambition cinématographique : je les ai
toujours un peu envisagés comme des fictions, à chaque fois, les scénarios
étaient écrits à l’avance et j’avais déjà les plans en tête. Je me suis toujours
intéressée au visuel, à l’esthétique.
FdC: On a beaucoup plus l'habitude de voir des jeunes hommes
obsédés par le sexe au cinéma, plutôt que des adolescentes comme
dans Turn Me On!, comme si ça n'existait pas. Aviez-vous le sentiment
de parler d'un tabou, de faire un film féministe ?
JSJ: J’avais le sentiment qu’il fallait raconter cette histoire, qu’il était important
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de dire que la sexualité des jeunes filles, c’est quelque chose qui existe, ça
n’a rien de choquant ou d’exceptionnel, c’est quelque chose de tout à fait
banal. Dans ce sens-là, effectivement, mon propos était politique.
FdC: Le film parle de fantasmes sexuels mais aussi de fantasmes d'une
autre vie, moins ennuyeuse. Est-ce que pour vous Turn Me On! est
autant un film sur l'éveil sexuel que sur l'ennui ?
JSJ: Oui, d’une certaine façon. Pour moi le film raconte comment Alma veut
entrer dans sa vie d’adulte, par delà les montagnes et les fjords de
Skoddeheimen. Elle a autant envie de partir explorer le monde que de partir à
la découverte de sa sexualité naissante.
FdC: Votre film a été un grand succès en Norvège, il a tourné en
festivals. Quelles réactions a suscité votre représentation du sexe ?
JSJ: Globalement, les réactions étaient plutôt positives en ce qui concerne à
la fois le thème même de la sexualité féminine et la manière à la fois légère et
honnête dont je l’ai abordé. Le film a majoritairement été perçu comme cru
mais surtout touchant, poétique et drôle. Quel que soit leur âge, les
spectateurs ont eu l’air de m’être reconnaissants d’avoir raconté l’histoire
d’Alma.
(Source
–
Film
de
culte :
http://www.filmdeculte.com/people/entretien/Entretien-avec-Jannicke-SystadJacobsen-14606.html)
THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS:
Un comique entre décalage et exagération
Turn me on fait sourire à plusieurs reprises. Le contraste entre le
visage pur, innocent et chaste d’Alma et ses pulsions sexuelles virulentes
surprend. Du décor sobre et oppressant de la ville de Skoddeheimen
émergent les fantasmes hauts en couleurs du protagoniste. Son monde
intérieur s’oppose si radicalement à l’univers qui l’entoure qu’en découlent
naturellement des comiques de situation. Lorsqu’Alma est embauchée en
temps que caissière pour rembourser ses dépassements de forfait
téléphonique, tout son entourage devient sujet de fantasme. Son patron est
mis en scène avec exagération, se frottant sensuellement contre les rayons
alimentaires. À cette scène fantasmée, Alma réagit immédiatement et répond
à ses désirs avec le rouleau des additions en papier. Son T-shirt « je t’aime »
à motif à cœurs est de l’ordre du stéréotype.
L’habitude de faire un doigt d’honneur au panneau « Skoddeheimen »
à l’entrée du village se conforme à un comique de répétition. L’amie d’Alma,
Ingrid, utilise son gloss à lèvres en overdose, de manière relativement trash,
exagérée et repoussante. Ce détail insignifiant trouve son burlesque dans la
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justesse avec laquelle il représente les manies adolescentes. Des images
sépia, relatant à posteriori les ragots des adolescents, donnent une
impression d’importance, voire de reportage. Le décalage entre la forme et le
fond tourne à dérision les péripéties du film. Enfin, les cris stridents et
narquois des deux enfants sur le trampoline, braillant « Alma la bite » à tuetête est humoristique. La vulgarité des termes sortant de la bouche d’enfants
est décalée. Jannicke Systad Jacobsen construit un univers comique en
utilisant décalage et exagération.
Les émois fantasmatiques d’Alma
Le premier plan en plongée montre Alma qui se masturbe. Cette scène
explicite installe la thématique du film : la sexualité d’une adolescente. Le récit
oscille entre trash et féérie. Les songes et les désirs d’Alma viennent se
heurter à une réalité dure. La difficulté d’une émancipation sexuelle à l’âge
d’Alma, dans un contexte restreint, est représentée symboliquement dans le
film. Les graffitis de fleurs enfermés par le cadrant de l’abribus peuvent être
interprétés comme étant des jeunes femmes en devenir contraintes par leur
entourage. Ces obligations favorisent le refoulement des désirs de la jeune
adolescente. Elle projette avec virulence tous ses désirs dès qu’une occasion
se présente. Le récit est-il alors ancré dans une réalité relativement objective
ou dans les perceptions fantasmatiques d’Alma ? Les seuls témoins de ses
actions sont le chien et une vieille voisine malintentionnée, contribuant à la
nature douteuse du récit. Le spectateur ne sait plus qui croire. L’action
s’articule autour de la scène où Arthur montre son sexe à Alma, qui se voulait
être de l’ordre du fantasme mais s’avère une réalité. La frontière entre
fantasme et réalité est trouble. Le téléphone rose, les revues
pornographiques, les projections d’actes sexuels sur presque tous les
membres qui l’entourent construisent le personnage d’Alma avec fidélité.
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L’adolescence entre ouverture et conditionnement
Jannicke Systad Jacobsen brosse avec naturalisme les travers qui
accompagnent la période adolescente. Un parallèle entre les trois moutons
dans les champs et les trois amies désœuvrées se dresse. La fameuse
expression « être un mouton » est ici littéralement représentée. Les routes
désertiques symbolisent la vision pessimiste que les adolescents ont de
l’avenir. Cet univers froid, cynique et factuel est un terreau favorisant la
rébellion et attisant les ragots. Plusieurs caricatures de l’adolescence figurent
dans le film. Kjartan, le copain de Saralou, est le prototype du jeune qui se
cherche. Cheveux gras, moustache naissante, et absence de déodorant
convergent vers la représentation d’un mal être propre à leurs âges. La
« mission expulsion » reflète la cruauté des jeunes adultes. L’entourage
d’Alma est intransigeant face à ses pulsions et émois fantasmatiques. Ses
camarades posent des jugements hiérarchiques, hâtifs et rudes. Afin de
s’intégrer, Alma propose de fumer un pétard. Cependant, Arthur finit par
prendre position et assumer ses actes lorsqu’il déplie la banderole : « J’ai
montré ma bite à Alma ».
PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES:
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Qui est le narrateur de l’histoire ? À qui faites-vous confiance dans le
retracement des faits ?
Quelles formes de comique le film utilise-t-il ?
Toute les scènes avec Arthur sont-elles de l’ordre du fantasme, de
l’imaginaire d’Alma ?
Quel public cible le réalisateur ?
POUR ALLER PLUS LOIN:
A Swedish love story de Roy Anderson
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