Questionnaire de Dépression de Beck Etude psychométrique
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Questionnaire de Dépression de Beck Etude psychométrique
Questionnaire de Dépression de Beck Etude psychométrique auprès d'une population âgée francophone Jean Vézina et Philippe Landreville Université Laval Paul Bourque et Louis Blanchard Université de Moncton Résumé Le Questionnaire de Dépression de Beck (QDB) fait l'objet d'une utilisation clinique. courante en recherche et en milieu Toutefois, ses qualités psychométriques auprès des personnes âgées francophones n'ont pas encore été démontrées. Cette étude présente les résultats des différentes mesures de fidélité et de validité obtenus auprès de 643 personnes âgées originaires du Québec et du Nouveau-Brunswick. Les qualités psychométriques sont satisfaisantes et se comparent avantageusement à celles déjà obtenues chez des personnes âgées américaines. La décision d'utiliser un résultat de division plus bas ou plus élevé est discutée. L'étude aborde également la question de l'utilité du QDB comme mesure d'auto-évaluation des sentiments dépressifs auprès de cette population. Abstract Psychometrics propreties of the Beck Depression Inventory are questionable for elderly francophones. Consequently, the aim of this study is to assess the reliability and the validity of the French version of the BDI (Questionnaire de Dépression de Beck: Bourque & Beaudette, 1982) for this group. Six hundred and forty-three French-speaking elders from Quebec and New-Brunswick answered the BDI. The reliability coefficients showed satisfactory internal consistency (.85), split-half reliability (.76) and test-retest correlation (.74). A principal-components analysis yielded three factors (somatic complaints, negative view of the self, and helplessness) accounting for 46.9% of the total variance. The choice of an optimal cut-off scores and the use of the BDI with the elderly are also discussed in this study. Questionnaire de Dépression de Beck Etude psychométrique auprès d'une population âgée francophone Bien qu'il existe plusieurs instruments d'auto-évaluation de la dépression, ceux-ci n'ont pas tous été développés ou validés pour les personnes âgées (Weiss, Nagel & Aronson, 1986). Les intervenants francophones oeuvrant en milieu gériatrique butent, par conséquent, instruments voire dont sur le les inexistantes, double qualités ou des problème d'utiliser psychométriques instruments sont validés soit des douteuses, auprès d'une population adulte, américaine par surcroît. L'importance de faire une évaluation adéquate est justifiée à la lumière des études épidémiologiques qui nous rappellent que la dépression est le problème de santé mentale le plus fréquemment rencontré chez la population âgée (Blazer & Williams, 1981). Il est par ailleurs admis que la dépression gériatrique est mal identifiée et qu'elle pourrait être encore plus prévalente que les résultats ne le laissent supposer. Deux récentes études appuient cette affirmation. Rapp, Parisi, Walsh et Wallace (1988) trouvent que moins de neuf pour cent des patients âgés dépressifs ont été identifiés comme tels tandis que Koenig, Meador, Cohen et Blazer (1988a) arrivent à un taux de détection inférieur à 30 pour cent. Or, l'absence d'un dépistage adéquat prive les personnes âgées d'une intervention rapide et efficace. Un des nombreux problèmes auquel est confronté le clinicien est de déterminer si les présents symptômes découlent du vieillissement normal ou du syndrome de la dépression. Ainsi dans les deux études précédentes, les sujets souffraient de problèmes de santé qui pouvaient obscurcir les symptômes de la dépression. Avoir des instruments de dépistage approprié résoudrait une partie de ce problème. Ces instruments pourront fonctions: 1- estimer la prévalence de de la plus jouer dépression trois chez la population âgée, 2-faire le dépistage clinique et 3- évaluer les changements cliniques lors d'une intervention thérapeutique (Gallagher, 1986). Le Beck Depression Inventory (BDI) est sans doute l'un des inventaires le plus largement utilisé en recherche et en clinique (Gallagher, l'inventaire Nies & Thompson, original (Beck, 1982). Ward, Depuis la Mendelson, publication Mock & de Erbaugh, 1961) et de sa version revisée (Beck, Rush, Shaw & Emery, 1979), plusieurs travaux ont étudié ses qualités psychométriques dont on trouve une recension critique complète dans Beck, Steer et Garbin (1988). Ces auteurs estiment consistance interne et temporelle. La validité qu'il que cet instrument démontre concomitante de une cet a bonne une bonne stabilité inventaire avec d'autres instruments de mesure de la dépression est élevée et sa validité discriminante est également admise. Dans les études ayant insisté sur la validité de structure, trois facteurs reviennent régulièrement: des attitudes négatives envers soi, des difficultés de performance et des plaintes somatiques (Beck et al., 1988). Des critiques ont cependant été formulées sur sa validité de contenu. Cet inventaire refléterait la dépression telle qu'elle était conceptualisée au moment de son élaboration en 1961 et, par conséquent, ne correspondrait plus entièrement aux critères présentement en usage (Vredenburg, Krames & Flett, 1985). En outre, certains se questionnent sur l'utilité du BDI pour une population âgée du fait que plusieurs des items le composant, et notamment les items somatiques, pourraient être confondus avec le vieillissement normal (Gallagher, 1986; West et al., 1986; Yesavage, Brink, Rose, Lum, Huang, Adey, & Leirer, 1983). Ceci aurait pour conséquence d'identifier comme dépressives des personnes âgées qui ne le sont pas ou en d'autres mots avoir des faux positifs. A notre connaissance, seulement trois études américaines ont vérifié les qualités population âgée. psychométriques La première étude du BDI (Gallagher auprès et d'une al., 1982) obtient un coefficient alpha de .91, tandis que la corrélation test-retest est de .90. La seconde (Gallagher, Breckenridge, Steinmetz & Thompson, 1983) traite de la validité concomitante du BDI en examinant son degré de congruence par rapport au Research Diagnostic Criteria (RDC: Spitzer, Endicott & Robins, 1978). Les résultats suggèrent que le BDI est un instrument de dépistage utile pour identifier les personnes de plus de 60 ans qui sont cliniquement dépressives. Une seule étude a porté sur sa structure factorielle avec les personnes âgées. Zemore et Eames (1979) trouvent deux principaux facteurs: un premier facteur général de dépression cognitive. et un second constitué par des On peut toutefois questionner la items valeur de de nature cette structure considérant la grandeur de l'échantillon et que 48 des 79 sujets (61%) provenaient d'une institution. A la lumière de ces rares études, il apparaît que le BDI pourrait s'avérer adéquat comme instrument de dépistage dépression auprès des personnes âgées américaines. de Bien la que plusieurs travaux de validation de la version française du BDI ont été effectués auprès d'une population adulte, dont entre autres, ceux de Pichot et Lempérière (1964) ainsi que Gauthier, Morin, Thériault et Lawson (1982) pour la version originale et celui de Bourque et Beaudette (1982) pour la version revisée, aucune étude n'a vérifié les qualités psychométriques du BDI auprès de personnes âgées francophones. La présente étude veut partiellement combler cette lacune en se proposant, en premier lieu, d'estimer à l'aide de trois indices la fidélité de la version française du BDI, soit le Questionnaire de Dépression de Beck (QDB: Bourque & Beaudette, 1982), et en second lieu, d'en établir la validité concomitante, de structure et discriminante. Méthode Sujets L'échantillon global de la présente étude comprend 643 personnes francophones âgées de plus de 65 ans. Cet échantillon, faisant partie d'une plus vaste étude, groupes dont l'un Brunswick (N.-B.). provient du Québec est et constitué l'autre du de deux Nouveau- Les 327 sujets (97 hommes et 230 femmes) venant du Québec ont une moyenne d'âge de 71.7 ans et les 316 sujets (124 hommes et 193 femmes) du N.-B. ont une moyenne d'âge de 73.9 ans. La méthode de l'échantillonnage accidentel a été utilisée pour le Québec et celle de l'échantillonnage stratifié proportionnel pour le N.-B. L'état matrimonial des deux échantillons se répartit de la manière suivante. Pour le Québec, 54% des sujets sont mariés, 35% sont veuf ou veuves, 8% sont célibataires et 3% sont soit divorcés ou séparés. Pour le N.-B., 65.2% sont mariés, 27.5% sont veufs ou veuves, 6.9% célibataires et .3% sont divorcés ou séparés. comparant cette répartition matrimoniale à celle En fournie Statistique Canada (1986), il est possible d'affirmer par que ces données sont comparables à celles du dénombrement de chacune de ces provinces ce qui assure, sur cette variable tout au moins, un minimum de représentativité des sujets. Une description plus détaillée de l'échantillon se trouve dans Bourque, Blanchard et Vézina (sous-presse). Mesure La version Dépression de française Questionnaire Beaudette, QDB au divers 1982), de Le décrivant & le utilisée comme mesure d'intensité des sentiments dépressifs. items Bourque soit été 21 (QDB: BDI, a comprend Beck du symptômes associés sentiment dépressif: la dysphorie, le découragement, le sentiment d'échec, l'insatisfaction, punition, suicidaire, la l'autodépréciation, les pleurs, culpabilité, le l'auto-accusation, l'irritabilité, le sentiment de l'idéation retrait social, l'indécision, l'image corporel, l'inhibition pour le travail, les troubles du sommeil, la fatigabilité, la perte d'appétit, la perte de poids, les préoccupations somatiques et finalement la perte de libido. Les items se présentent sous la forme de quatre propositions parmi lesquelles le sujet doit faire un choix. Des scores variant de 0 (absence de symptôme) à 3 (symptôme présent de façon intensive) sont attribués à chaque proposition selon le degré de gravité du symptôme. La sommation des items varie entre 0 et 63. Beck et al. (1988) proposent d'inscrire les résultats dans les catégories suivantes: de 0 à 9, absence de dépression; de 10 à 18, de légèrement à modérément dépressif; de 19 à 29, de modérément à gravement dépressif et de 30 à 63, gravement dépressif. Afin d'estimer la validité concomitante du BDI, les sujets étaient invités à répondre à l'Echelle de Dépression Gériatrique (EDG: Bourque, Blanchard & Vézina, sous-presse). L'EDG est la version française du Geriatric Depression Scale (Yesavage et al., 1983) qui a été spécialement développé pour une population âgée. Il comprend 30 items se répondant par un oui ou un non. Un résultat inférieur à 10 indique une absence de dépression, de 11 à 20 un état légèrement dépressif et de 21 à 30 un état modérément à gravement dépressif. Procédure Les sujets sont tous des personnes âgées volontaires l'enquêteur rencontre individuellement à leur domicile. de l'entrevue, les sujets complètent une fiche que Au début signalétique recueillant diverses informations telles que leur âge, leur statut matrimonial, leur revenu, etc., après avoir signé un formulaire de consentement qui assure que les renseignements obtenus demeureront confidentiels. Par la suite, l'enquêteur présente une copie du QDB au sujet et finalement l'EDG. Afin de s'assurer que le sujet comprend bien, l'enquêteur lui lit chaque item à haute voix et note sa réponse verbale. L'administration du QDB est reprise après quatre semaines avec un sous-échantillon de 51 sujets québécois et de 54 sujets néo-brunswickois. Résultats Le progiciel SPSS-X (Norusis, 1985) a servi à l'analyse des données recueillies. Trois mesures de fidélité ont été calculées: la consistance interne, la fidélité test-retest et le test moitiémoitié. Les données du QDB ont aussi été soumises à une analyse factorielle pour vérifier la validité de structure. Le QDB a été mis en relation avec l'EDG pour la validité concomitante et les résultats de ce dernier ont servi à déterminer le degré de spécificité du QDB. Statistiques descriptives Les hommes et les femmes québécois ont obtenu une moyenne respective de 8.18 et 8.00, alors que les hommes et les femmes nouveau-brunswickois obtiennent une moyenne de 3.56 et de 4.80. Pour les deux échantillon réunis, la moyenne des hommes est de 5.57 tandis que la moyenne pour les femmes est de 6.84. Fidélité La consistance interne telle que mesurée par le coefficient Alpha standardisé de Cronbach correspond à .88 pour les sujets venant du Québec, à .73 pour ceux du N.-B. et à .85 pour les deux échantillons réunis. Le test moitié-moitié de Spearman-Brown révèle un coefficient de .75, .74 et de .76 respectivement. Les coefficients de corrélation de Pearson entre le test et le retest effectué après quatre semaines, correspondent à .85, .79 et .82 (p <.001) pour le Québec, le N.-B. et les deux échantillons réunis. Ces résultats démontrent que la cohérence interne, l'homogénéité ainsi que la stabilité temporelle de l'instrument sont bonnes. Le Tableau 1 résume les différents indices de fidélité des deux échantillons de l'étude et les compare à ceux de Gallagher et al. (1982) obtenus auprès d'une population âgée américaine. Insérez le Tableau 1 ici Validité concomitante et de structure La corrélation entre le résultat du QDB et de l'EDG est de .62 (p < .001). Afin de décrire la structure du QDB, les 21 items ont été soumis à une analyse factorielle en composantes principales avec rotation varimax. Pour l'interprétation, seuls les facteurs qui ont obtenu une valeur propre minimale de 1.0 ont été considérés, tandis que seuls les items ayant une saturation d'au moins .30 ont été retenus dans les facteurs. Une première analyse factorielle expliquant composition 46.9% très de a extrait la variance. conjecturale, quatre facteurs Cependant, il en n'était principaux raison pas de sa possible d'interpréter le quatrième facteur. Les items ont donc été soumis à une deuxième analyse factorielle, identique à la première, sauf que les items ont été contraints à trois facteurs principaux. Le Tableau 2 illustre la composition de ces facteurs. Insérez le Tableau 2 ici Le premier facteur qui explique à lui seul 25.9% de la variance, se rapporte en majeure partie à la composante somatique de la dépression. variance, Le deuxième facteur expliquant 9.3% de la correspond essentiellement à une attitude négative envers soi, alors que le troisième facteur qui explique 6.8% de la variance, regroupe des items de résignation. Distribution et spécificité Les scores obtenus au QDB ont également été distribués en fonction des différents niveaux de dépression, tel qu'il est suggéré par Beck et al. (1988). Cependant, devant le peu de sujets (n = 5) ayant obtenu un résultat supérieur à 30 (gravement dépressif), il a été jugé préférable de regrouper en une seule catégorie les modérément dépressif au Tableau 3 en illustre la répartition. pour le Québec et le N.-B. sont gravement dépressif. Le Les niveaux de dépression respectivement les suivants: absence de dépression, 66% et 85%; de légère à modérée, 27% et 13%, enfin, de modérée à grave, 7% et 2%. On constate pour les deux échantillons réunis que dépressifs, 20% le sont de 75% des légèrement sujets à ne modérément sont et pas 5% de modérément à gravement dépressifs. Insérez le Tableau 3 ici Il a déjà été fait mention que la présence d'items somatiques pouvaient limiter le pouvoir du QDB à discriminer vieillissement normal avec le syndrome de la entre dépression. le Ceci aurait comme conséquence d'identifier incorrectement une personne âgée non dépressive comme étant dépressive. Dans le but d'estimer le degré de sensibilité (correctement classifier les sujets déprimés) et de spécificité (correctement identifier les sujets normaux), différents résultats de division comparés. Les sujets ont été classés comme du non QDB ont dépressifs été ou dépressifs en fonction du résultat obtenu sur l'EDG et en suivant la recommandation de Yesavage et al. (1983). Les sujets ayant obtenu un résultat égal ou supérieur à 11 sur l'EDG ont été catégorisés comme dépressifs. Le Tableau 4 montre les différents degré de spécificité et de sensibilité selon trois scénarios. Insérez le Tableau 4 ici En utilisant le résultat de division suggéré de 10 sur le QDB, le degré de spécificité est 85.7% (440/513) alors que le degré de sensibilité est de 66.9% (85/127). Le degré de spécificité augmente à 93.2% (478/513) alors que la sensibilité diminue à 51.2% (65/127) en employant un résultat de division de 12 tandis qu'une spécificité de 96.9% (497/513) et une sensibilité de 44.9% (57/127) sont obtenus avec un résultat de division de 14. Discussion Il est important pour les intervenants travaillant dans le champ de la psycho-gérontologie de se doter d'instruments d'évaluation fiables et valides, compte tenu de la prévalence de la dépression chez les personnes âgées et surtout en raison de la difficulté de bien identifier celles qui sont dépressives. Une mauvaise évaluation aurait une conséquence évidente soit de priver la personne âgée dépressive d'un traitement approprié. Cette étude avait pour but d'estimer certaines qualités psychométriques du QDB (Bourque & Beaudette, 1982) auprès d'une population exclusivement âgée et francophone. Le présent exercice indique que cet instrument possède une cohésion interne, une homogénéité et une stabilité dans le temps, satisfaisantes pour cette population. Les résultats appuient également les données obtenues par Gallagher et al. (1982, 1983) auprès d'échantillons américains de personnes âgées. La validité concomitante est satisfaisante si on prend en considération que les deux instruments diffèrent dans le contenu et la forme. Des études additionnelles devront validité avec d'autres instruments de vérifier dépression. Les cette trois facteurs dégagés se rapprochent, indépendamment des dénominations que les auteurs veulent bien leurs attribuer, de ceux normalement retrouvés auprès d'étudiants universitaires (Bourque & Beaudette, 1982), d'adultes cardiaques (Campbell, Burgess & Finch, 1984) ou de patients psychiatriques (Lester & Beck, 1977) mais diffèrent de ceux de Zemore et Eames (1979). Dans ce dernier cas, le peu de sujets et la provenance majoritairement institutionnelle des sujets âgés expliquent l'absence de concordance entre les deux études. La structure factorielle de cette étude confirme que la dépression gériatrique est un construit multidimensionnel et est similaire à d'autres groupes (Dessonville, Gallagher, Thompson, Finnell & Lewinsohn, 1982) mais dont la particularité réside dans la primauté des items somatiques. Ce constat soulève une fois de plus certaines réserves à propos du pouvoir discriminant de cet inventaire auprès des personnes âgées (Dessonville et al., 1982). Il a été démontré qu'en utilisant les résultats usuels de division que le QDB avait un degré satisfaisant de spécificité (absence de faux positifs) mais même sous cette condition 14.3% des personnes âgées non dépressives seraient classées comme dépressives. Une explication plausible de ces faux positifs viendrait de l'inclusion d'items de nature somatique dans le QDB. Pour cette raison, il serait recommandé d'utiliser une division plus élevée lorsque le QDB est administré à une population âgée. Ceci dans le but d'éviter que l'acquiescement naturel à ces items ne viennent gonfler de façon indue le résultat et d'inscrire comme dépressive une personne âgée qui ne l'est pas. Les faux positifs diminuent d'ailleurs à 3% lorsqu'on utilise un résultat de division de 14 et plus. Mais la décision d'employer un résultat de division varie en fonction de l'objectif que nous voulons atteindre et doit faire l'objet d'une attention particulière (Koenig, Meador, Blazer, 1988b). Si l'objectif est d'éviter d'inclure dépressifs des sujets âgés normaux alors la décision Cohen dans & les devrait pencher en faveur d'un résultat de division élevé. Mais ceci n'est pas sans conséquence. On remarque en effet que la sensibilité diminue de 67% avec un résultat de division standard de plus de 10 à 44.8% avec une division basée sur un résultat de 14 et plus. C'est donc dire que 22.2% des vrais sujets âgés dépressifs ne seront pas identifiés comme tels. Il est souvent mentionné qu'il est primordial de distinguer les symptômes somatiques qui accompagnent le vieillissement normal, de ceux qui sont associés à la dépression comme entité clinique (Gallagher, 1986). Nous croyons qu'une partie de la solution à ce problème réside avant tout dans un changement dans la pratique des intervenants. Trop souvent, en effet, les symptômes somatiques de la dépression sont ignorés au profit du vieillissement normal. Considérant que la dépression est un problème de santé mentale sérieux et ne pas identifier les sujets âgés véritablement dépressifs pourrait avoir des conséquences néfastes, il est alors préférable d'augmenter la sensibilité donc d'abaisser le résultat de division. Ceci aura certes pour effet d'inclure davantage de faux positifs, mais ils pourront être reclassifiés à la condition toutefois que ce dépistage soit suivi d'une évaluation clinique rigoureuse. Une pratique qui ne semble pas être encore très établie. L'utilisation du QDB avec cette population comporte certaines limites additionnelles. D'abord l'administration du QDB est limitée aux individus coopératifs, lettrés et ne souffrant pas d'une condition par laquelle la mauvaise compréhension des items viendrait fausser les réponses (Snaith, 1981). De plus, pour compléter le questionnaire, le sujet doit considérer simultanément quatre suggestions de réponses parmi lesquelles il doit faire un choix ce qui pour certaines personnes âgées, s'avère un exercice exigeant. A cet égard, l'EDG avec ses choix de réponse dichotomique offre un avantage pratique important sur le QDB. Finalement, il est possible de dégager le pourcentage de personnes âgées dépressives francophones. Quoique le QDB n'est pas un outil de diagnostic, Gallagher et al. (1983) ont trouvé que le BDI est fortement lié aux critères de dépression établis par Spitzer et al. (1978). Les résultats de la présente étude révèlent que 5% des sujets âgés francophones de plus de 65 ans sont de modérément à gravement dépressifs. Ce pourcentage est similaire à ceux avancés par d'autres auteurs (Blazer, Hughes & George, 1987; Gurland, 1976; Weissman & Myers, 1978) qui ont utilisé des critères diagnostiques spécifiques. En conclusion et malgré les limites énoncées, les résultats obtenus dans cette étude sont favorables à son utilisation comme outil de dépistage préliminaire de la dépression gériatrique. Références Beck, A.T., Rush, A.J., Shaw, B.F., & Emery, G. (1979). Cognitive therapy of depression. New York: Guilford Press. Beck, A.T., Steer, R.A., & Garbin, M.G. (1988). Psychometric propreties of the Beck Depression Inventory: Twenty-five years of evaluation. Clinical Psychology Review, 8, 77-100. Beck, A.T., Ward, C., Mendelson, M., Mock, J., & Erbaugh, J. (1961). An inventory for measuring depression. Archives of General Psychiatry, 4, 561-571. 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Mot clés: Personnes âgées, fidélité, validité, dépression, QDB Key words: Elderly, reliability, validity, depression, BDI Tableau 1 Indices psychométriques comparatifs du Questionnaire de Dépression de Beck en fonction des différents échantillons Indices de Echantillon Fidélité Québec N.-B. Réunis Etats-Unis1 n 323 317 640 159 Consistance internea .87 .77 .85 .91 Moitié-moitiéb .75 .74 .76 .84 Test-retestc .85 .79 .74 .90 Source. Gallagher, D., Nies, G., & Thompson, L.W. (1982). Reliability of the Beck Depression Inventory with older adults. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 50 (p. 153). Note. aAlpha de Cronbach, bSpearman-Brown, cPearson Tableau 2 Résumé de l'analyse factorielle du QDB avec l'échantillon total Facteurs 1 2 3 % de la Valeur variance propre 25.6 5.4 9.3 6.8 1.9 1.4 Item Saturation 17 fatigabilité .69 15 inhibition pour le travail .64 18 perte d'appétit .63 16 troubles du sommeil .62 20 préoccupations somatiques .56 13 indécision .52 19 perte de poids .48 21 perte de libido .39 7 autodépréciation .82 3 sentiment d'échec .73 14 image corporelle .69 11 irritabilité .66 8 auto-accusation .43 9 idéation suicidaire .66 6 sentiment de punition .65 5 culpabilité .64 2 découragement .48 1 dysphorie .47 4 insatisfaction .40 12 retrait social .38 10 les pleurs .31 Tableau 3 Moyennes (M) et pourcentages (%) selon les différents niveaux de dépression chez les deux échantillons Niveaux de dépression Absence de Légèrement à Modérément à dépression modérément gravement (0 à 9) (10 à 18) (19 à 63) M % M % M % Québec 4.60 66 12.86 27 25.88 7 N.-B. 2.53 85 12.02 13 25.33 2 Réunis 3.44 75 12.59 20 25.77 5 Tableau 4 Classification des sujets en fonction de différents résultats de division du QDB EDGQDB Non dépressif Dépressif Total 10 et plus 73 85 158 9 et moins 440 42 482 Total 513 127 640 Spécificité Sensibilité 85.7% 66.9% 12 et plus 35 65 100 11 et moins 478 62 540 Total 513 127 640 Spécificité Sensibilité 93.2% 51.2% 14 et plus 16 57 73 13 et moins 497 70 567 Total 513 127 640 Spécificité 96.9% Sensibilité 44.9% Biographies Jean Vézina is an Associate Professor in the School of Psychology at Laval University. His research interests are in clinical gerontology, especially depression and stress. Philippe Landreville is a doctoral student in the Psychology at Laval University. He received the Norcem Paul Professor Bourque is an Associate School of in the Department of in the Department of Psychology at the University of Moncton Michel Blanchard is a masters student Psychology at the University of Moncton