LES ETATS-UNIS E
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LES ETATS-UNIS E
CHAPITRE H2 GRANDES PUISSANCES ET CONFLITS DANS LE MONDE DEPUIS 1945 CHAPITRE H2a LES CHEMINS DE LA PUISSANCE : LES ETATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945 I – Les Etats-Unis, une superpuissance leader du « monde libre » (1945-1989) ? A) Les Etats-Unis assument leur puissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1945-1947) B) Les Etats-Unis dans la guerre froide : une puissance au service de la défense d’un modèle En 1947, les Etats-Unis choisissent de maintenir des troupes en Europe pour empêcher la propagation du communisme mais ils étendent cette situation au reste de la planète. C’est la doctrine Truman (mars 1947) du containment (ou endiguement). Elle se trouve complétée par le plan Marshall devant aider à la reconstruction européenne. Pour la première fois, les Etats-Unis vont jouer un rôle diplomatique et militaire majeur hors de leur chasse gardée qu’est le continent américain. Ils prennent même la tête d’une coalition de nations dans la guerre de Corée (1950-53). Les Etats-Unis deviennent dès lors les protecteurs de l’Occident contre l’expansionnisme soviétique: le rôle des Etats-Unis dans la guerre froide conduit à faire d’eux le cœur d’une sphère d’influence correspondant aux territoires fonctionnant selon les principes du capitalisme libéral (une zone qui couvre l’essentiel du monde mais qui est menacée par les progrès du communisme comme le prouve le basculement de la Chine en octobre 1949). Cette zone se trouve mise à l’abri du « parapluie nucléaire » américain qui doit protéger contre d’éventuelles agressions communistes. Pour protéger leurs alliés, les Etats-Unis constituent une série d’alliances (OTAN en 1949, ANZUS en 1951, OTASE en 1954…) en qui certains opposants aux Etats-Unis, toujours partisans d’un isolationnisme traditionnel, voient une « pactomanie ». En conséquence de ces accords, des bases américaines s’installent un peu partout dans le monde afin de pouvoir intervenir rapidement n’importe où. Même lorsque les relations avec le bloc communiste se réchauffent (période de la Détente faisant suite à la crise des fusées de Cuba et durant jusqu’à la deuxième moitié des années 70), les efforts budgétaires sont énormes de la part des Etats-Unis ; un système militaro-industriel se met en place produisant armes nucléaires, armements mais permettant aussi la conquête spatiale (jusqu’à 50 % des dépenses militaires mondiales) et le triomphe du premier pas de l’homme sur la lune en juillet 1969. Dans le même temps, les modes de vie inspirés par les Etats-Unis s’imposent en Occident comme au Japon, véhiculés par le cinéma hollywoodien puis les séries télé. Pourtant, dans les années 70, une série d’événements tant intérieurs qu’extérieurs vont donner à penser que la puissance des Etats-Unis s’affaiblit et que ceux-ci sont dépassés par les Soviétiques (ce qui n’est pas le cas, l’ouverture des archives permettra de le constater plus tard). Ce sentiment va se traduire dans les années 80 par une politique beaucoup plus énergique et agressive incarnée par le président républicain Ronald Reagan. La politique menée par celui-ci montre que la nature profonde des Etats-Unis a changé. Il s’agit désormais d’affirmer la puissance des Etats-Unis sur l’ensemble du monde et non de s’en désengager comme le voulaient les Républicains dans les années 20. Ce sursaut, s’il va avoir des conséquences négatives sur certains aspects notamment intérieurs, va pourtant réussir à mettre l’URSS à genoux avec de nouveaux investissements colossaux dans le domaine militaro-industriel (projet de la « guerre des étoiles », bouclier antimissile devant protéger les Etats-Unis depuis l’espace). La politique de désarmement voulue par Gorbatchev va conduire à l’effondrement soviétique et laisser les Etats-Unis en position de force. C) Une superpuissance qui se trouve contestée par son propre camp Si les Etats-Unis restent évidemment pour les pays communistes l’ennemi absolu, la fin des années 50 et surtout les années 60 vont voir se développer une critique des Etats-Unis de la part-même de leurs alliés. Cette trop forte puissance dérange et l’image des Etats-Unis se trouve en partie détériorée (abus du maccarthysme qui, sous couvert de lutter contre le communisme, réduit les libertés individuelles aux EtatsUnis ; ségrégation raciale qui a du mal à disparaître en dépit du mouvement pour la défense des droits conduit par le pasteur Martin Luther King ; soutien à des régimes non démocratiques au nom de la lutte contre le danger communiste ; guerre du Vietnam dans laquelle les Etats-Unis s’embourbent au cours des années 60 et dont ils ne sortent qu’au prix d’accords (1973) peu glorieux dans la réalité ; accusation d’impérialisme notamment culturel). C’est l’époque où on commence à voir des manifestations anti-américaines en Occident au cours desquelles on brûle des drapeaux américains. Le pays connait en plus des difficultés financières avec la dévaluation du dollar en 1971 et entrée dans une période de fort ralentissement économique après des décennies de prospérité. Cela conduit à une inflexion de l’interventionnisme américaine sous la présidence Carter (1977-81) mais il y a échec de la « politique des bons sentiments » qui voulait que les Etats-Unis soient un modèle diplomatique, ne soutenant que des régimes démocratiques… C’est au nom de ce principe que les Etats-Unis ont laissé tomber le régime du Shah en Iran, leur principal allié dans la région, et laissé s’opérer la révolution islamique (1979)… mais celle-ci se montre violemment anti-américaine et l’ambassade américaine est envahie à Téhéran et ses occupants retenus en otages pendant plusieurs mois. Si certaines parties des populations occidentales font preuve d’une forme d’anti-américanisme, des Etats alliés, sans rompre avec les Etats-Unis, explorent des voies nouvelles et se font critiques envers les EtatsUnis : en France, la politique gaulliste de « grandeur de la France » se marie mal avec une forme de soumission aux Etats-Unis ; de Gaulle fait sortir la France de l’OTAN et n’hésite pas à critiquer l’action américaine notamment dans son intervention au Vietnam ou son soutien indéfectible à Israël ; en RFA, le chancelier social-démocrate Willy Brandt développe une diplomatie propre, l’Ostpolitik, qui vise à essayer d’améliorer les relations de l’Allemagne de l’Ouest avec le bloc oriental (et notamment la RDA). Ces politiques ne peuvent cependant se comprendre si on oublie qu’elles interviennent dans le cadre de la Détente, c’est-à-dire d’une décrispation des relations américano-soviétiques. La France comme l’Allemagne de l’Ouest demeurent des alliés des Etats-Unis et sont à ses côtés lorsqu’au début des années 80 la politique de Ronald Reagan provoque un regain de tensions appelé « guerre fraîche ».