Télécharger la notice rédigéee par les élèves de l`École du Louvre

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© XXXXXXX
Allan Kaprow
Sweet Wall, 1970/2015
FIAC HORS LES MURS - PETIT PALAIS
Berlin, 1970. Allan Kaprow, aidé d’étudiants, construit
un mur de blocs de parpaing, dans un terrain vague à
proximité du mur de Berlin. En guise de mortier, pas
de ciment mais des tartines de confiture. Le happening
se clôt par la destruction de cette parodie de mur. A la
permanence inébranlable du mur de Berlin, ancré dans
la ville et dans les esprits, Kaprow oppose avec ironie
la précarité et l’aspect éphémère de son Sweet Wall.
Il montre ainsi que la destruction du mur de Berlin et
de l’idée arbitraire du mur est possible collectivement,
et cela dix-neuf ans avant la chute effective du mur
de Berlin. Par le biais de l’originalité des matériaux,
Kaprow interroge le mur et sa fonction, tout comme
Rashid Johnson dans sa réinvention de ce happening
intitulée Shea Wall.
Cet artiste de culture afro-américaine s’empare de la
démarche de Kaprow dans le cadre de l’édition 2015
de la FIAC en érigeant à son tour un mur devant le
Petit Palais. En substituant aux tartines de Kaprow des
blocs de beurre de karité, matériau fétiche de l’artiste,
Johnson met en avant l’ambiguïté de la notion de mur
qui peut certes diviser – comme il continue de le faire
actuellement dans le monde - mais aussi protéger. En
effet, le beurre de karité est une substance végétale aux
vertus protectrices et cicatrisantes, voire mystiques
dans certaines cultures africaines. Cette œuvre montre
ainsi la volonté de Rashid Johnson de réécrire l’histoire
de l’art au prisme de ses racines afro-américaines, dans
un haut lieu de la culture occidentale.
règles parmi lesquelles l’abolition de la frontière entre
l’art et la vie est primordiale, d’où sa volonté de sortir
le happening de toute référence culturelle : règle que
Johnson transgresse ici. On pourrait également voir
dans l’œuvre de Johnson une répétition du happening
de 1970. Cependant, plus qu’une transgression il
s’agit bien d’une réinvention : un happening étant
constitué par les circonstances qui entourent sa
création, il ne peut jamais être reproduit à l’identique.
Kaprow lui-même réinventait ainsi ses happenings :
« Je suis intéressé par le présent dans sa continuité,
c’est pourquoi il s’agit de réinventions et non d’une
reconstruction.». Entre hommage et réinvention, Shea
Wall nous donne à voir une des facettes de l’œuvre
protéiforme de Rashid Johnson, dont les sculptures
étaient visibles en parallèle de la FIAC au studio des
Acacias.
Camille Belveze, Agathe Rupp-Dalhem,
Coline Talibart
Elèves de l’Ecole du Louvre
En inscrivant son hommage à Kaprow dans ce
cadre, Johnson semble pourtant aller à l’encontre
des préceptes inventés par ce dernier pour définir le
happening dans les années 1960. De fait, dans son
ouvrage How to make a happening (1966) il édicte des
Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com