Numéro 231 – 28/02/2015
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Numéro 231 – 28/02/2015
Numéro 231 – 28/02/2015 FOCUS : L’urgence de repenser l’Europe. Union européenne – Elections européennes Union européenne – Informations générales Nouveau délai pour la France dans le cadre de la procédure de déficit excessif Extension de 4 mois de l'accord cadre d'assistance financière pour la Grèce Désaccord sur l’ISDS Pour un plan Juncker plus social Actualité européenne protection sociale Santé de la La Commission européenne appelée à agir en matière de lutte contre les dommages liés l’alcool Critiques de la consultation de l’EMA sur la transparence des données cliniques Proposition de la présidence concernant le retraitement des DM à usage unique Prix « pour un meilleur usage des antibiotiques ». Emploi et politique sociale Etude sur les performances d’EaSI Consultation sur le chômage de longue durée Ingénierie sociale et fiscale dans l’aviation Salaire minimum pour les routiers étrangers CJUE Incompétence de la Cour à juger de la légalité des périodes d’essai Interdiction de cumul d’imposition sociale Exclusion du bénéfice de l'indemnité de licenciement des travailleurs retraités Motivation de la restriction du remboursement d’un médicament Agenda Publications REIF Info, veille européenne réalisée par Arnaud Emériau, Audrey Tourniaire, Fanny Tissier Crédit photo : ©Communauté européenne L’actualité de la dernière quinzaine a mis en lumière une polarisation du débat entre une Europe du libre-échange, en faveur des entreprises et de l’investissement et une Europe défenderesse des droits sociaux de ses citoyens. La première idée se justifie généralement par le fait que le citoyen bénéficiera des retombées positives du développement du commerce, créateur de croissance, grâce à une redistribution naturelle des richesses. La deuxième croit que les préoccupations pour l’humain et le social devraient précéder les considérations économiques, en tant que condition de la croissance, mais aussi simplement pour des raisons éthiques. Les événements récents au niveau de l’UE tendent à montrer la prédominance du premier modèle. La Troïka se fait toujours plus pressante envers les Etats membres dont les dépenses publiques excessives menacent la viabilité des finances publiques. Autre exemple : le mécanisme ISDS laisse à penser que les Etats peuvent constituer une menace pour les investisseurs et qu’une juridiction est considérée comme « indépendante » non pas si elle démontre une absence de lien avec des intérêts privés mais au contraire, si elle démontre son absence de lien avec l’Etat, contrairement à une logique qui a longtemps prévalu. De même, l’Agence européenne du médicament, selon les ONG, interpréterait les règles de l’UE en faveur des entreprises et au détriment du citoyen. Enfin, on remarque que la Cour de justice pénalise la politique de santé d’un Etat car l’intérêt général qu’elle défend n’est pas suffisamment justifié (voir infra)… En revanche, la Cour de justice se déclare incompétente pour juger de la légalité des périodes d’essai en matière d’emploi et l’Union européenne échoue à trancher concernant la situation des routiers en transit dans un autre pays européen, sujet pourtant éminemment transfrontalier. Cette tendance à placer l’économie devant l’humain est largement critiquée par la société civile. La Troïka, de plus en plus décriée, ne dit plus son nom. Les socialistes européens se sont insurgés contre le désintérêt de la Présidence lettone face à leur proposition de groupe d’experts destiné à avancer sur la question d’une proposition de directive relative au congé de maternité. Ces débats ne sont pas nouveaux. En revanche ils semblent de plus en plus acerbes, suscitant l’exaspération et de ce fait, le crédit dont bénéficient de plus en plus les eurosceptiques. Cette polarisation des débats qui semblent ne jamais aboutir n’est-elle pas un ’indice de la nécessité d’un changement d’approche ? Ne faudrait-il pas repenser la théorie de Robert Schuman selon laquelle « l’Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait. » ? Chiffres de la quinzaine 4% : objectif de réduction du déficit public en France en 2015 70, le pourcentage de pilotes « embauchés » comme indépendants Union européenne – Informations générales Nouveau délai de deux ans pour la France dans le cadre de la procédure de déficit excessif. La Commission européenne a recommandé au Conseil Ecofin le 25 février 2015 d'accorder, sous conditions, un délai supplémentaire de 2 ans (2017) à la France pour ramener son déficit public sous la barre des 3% du PIB. C’est le troisième délai qu’elle a obtenu après ceux de 2009 et 2013 (chacun de 2 ans). Cette décision a été prise après des échanges tendus entre les commissaires européens. L’octroi de ce délai s’accompagne de recommandations que la France devra suivre, notamment une accélération des réformes structurelles. S’ajoute à cela l’exigence envers la France d’un effort budgétaire structurel de 0,5% du PIB. La Commission européenne a précisé par ailleurs le 27 février la trajectoire d’ajustement budgétaire à suivre. La France devra atteindre un déficit public de 4,0% du PIB en 2015 (au lieu des 4,1% promis par le gouvernement), de 3,4% en 2016 puis de 2,8% en 2017, année électorale pendant laquelle le pays est censé repasser sous la barre des 3%. Pour plus d’informations, voir : http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-15-4510_en.htm et:http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/126-07 _commission/2015-02-27_fr_126-7_commission_en.pdf Extension de 4 mois de l'accord-cadre d'assistance financière pour la Grèce. Les 19 Ministres des Finances de la zone euro ont validé, le 24 février 2015, l'extension jusqu’au 30 juin 2015 de l'accord cadre d'assistance financière pour la Grèce, soit environ 7,2 milliards d'euros, sur la base d’une liste de réformes à mettre en place. Cette décision fait suite à un cycle de réunions tenues entre les 11 et 20 février derniers entre les membres de l’Eurogroupe et a été validée par les trois « institutions » (nouveau terme remplaçant celui de Troïka) c’est-à-dire la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International. Le gouvernement grec a promis de mettre en place des contrôles renforcés dans chaque secteur des dépenses publiques, de contrôler les dépenses de santé et de rationaliser les dépenses hors paiement des salaires et des pensions (ces dépenses représentant actuellement 56% du total de la dépense publique grecque). Un accent particulier est mis sur la réforme des pensions en Grèce via la suppression des aides financières et des incitations à recourir aux mécanismes de pré-retraite, ainsi que sur la mise en place d’un dispositif d’assistance ciblé sur les 50 à 65 ans créant un régime de pension de base garanti. Pour plus d’informations, voir : http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/02/140224-eurogroupstatement-greece/ et :http://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/other/20150224_letter-to-dijsselbloemen.pdf et :http://europa.eu/rapid/press-release_STATEMENT-15-4488_en.htm et:https://docs.google.com/viewer?url=http%3A%2F%2Fim.ftstatic.com%2Fcontent%2Fimages%2F30862706-bc33-11e4-b6ec-00144feab7de.pdf L’« ISDS », principale pomme parlementaires européennes. de discorde au sein des formations Six dirigeants socialistes européens (France, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Suède et Luxembourg) ont signé, lors de la dernière réunion du Parti socialiste européen, le 21 février 2015, une position commune appelant à une réforme du mécanisme actuel de règlement des litiges entre investisseur et Etat (ISDS) inclus dans le futur Traité UE-Canada. La position commune appelle à créer un tribunal permanent en matière de commerce et d’investissement doté d’un « secrétariat permanent » et d’un « mécanisme d’appel » avec des conditions rigoureuses de sélection des arbitres internationaux. La position devrait être débattue lors de REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 2 la prochaine réunion de la Commission du Commerce International (INTA) au Parlement européen, le 18 mars, en présence de la Commissaire au Commerce, Cecilia Malmström. Cette initiative des gouvernements socialistes européens fait écho aux premiers échanges de vues relatifs au projet de rapport sur le Partenariat Transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) de Bernd Lange (S&D/SPD). Discuté en Commission INTA au Parlement européen le 24 février, le rapport précise que, s’il n’exclut pas le mécanisme ISDS, « un tel mécanisme n'est pas nécessaire dans le TTIP compte tenu des systèmes juridiques élaborés dont disposent l'Union européenne et les États-Unis ». Un système de règlement des différends d'Etat à Etat et l'utilisation des tribunaux nationaux seraient suffisants. Les membres de la Commission INTA n'ont cependant pas tous partagé cet argumentaire sur l’ISDS, notamment les rapporteurs fictifs Marietje Schaake (ALDE/ NL) et David Campbell Bannerman (ECR/UK). Les rapporteurs fictifs des Verts, Yannick Jadot (Verts-ALE/ France) et Tiziana Beghin (EFDD/ Italie) sont quant à eux opposés à l’inclusion de l’ISDS dans le TTIP. La Commission INTA devrait voter le rapport de Bernd Lange les 6 et 7 mai prochains. Le vote en plénière a été fixé à la session des 18-21 mai 2015. Pour plus d’informations, voir : http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2f%2fEP%2f%2fTEXT%2bIMPRESS%2b20150224IPR25160%2b0%2bDOC%2bXML%2bV0%2f%2fFR&language=FR Recommandations du groupe d’expert Friends of Europe pour un plan Juncker plus social. Le 23 février 2015, un groupe de personnalités européennes rassemblées par le Think Tank Friends of Europe a publié un document appelant à « une Europe plus attentionnée » et à diriger une partie des 315 milliards d’euros du plan Juncker sur des projets en faveur des personnes démunies et défavorisées ainsi que des projets d'éducation et de formation. Alors que le plan Juncker prévoit des investissements dans les infrastructures, l’innovation et dans les secteurs compétitifs sur les marchés mondiaux, les 25 signataires, dont l’eurodéputée Pervenche Berès (S&D, France), l’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce Pascal Lamy, ou encore l’ancien commissaire européen László Andor, insistent sur la nécessité d’investir dans l’humain. Ils préconisent notamment de lutter contre le dumping social via la création d’un fonds rattaché au Fonds social européen (FSE) pour faciliter l’intégration des citoyens européens issus d’un autre État membre, un examen de la mise en œuvre de la directive d’exécution sur le détachement des travailleurs, avec l’introduction graduelle d’un « salaire minimum garanti » ainsi qu’une proposition visant à clarifier « l’équilibre approprié entre les libertés économiques et le droit de grève ». Le rapport soutient également les mesures en faveur des plus démunis et notamment des sans-abris pour lesquels une « garantie des soins » devrait être envisagée. Si le groupe concède que la politique sociale est une responsabilité des Etats membres, il revient à l’UE de les fédérer autour d’objectifs communs. Ainsi, selon David Begg, viceprésident de la Confédération européenne des syndicats, « En Europe, nous avons besoin d'investissements sociaux qui permettront aux États providences de faire face aux défis sociaux contemporains ». Le document soutient l’idée selon laquelle les dépenses sociales constituent un stabilisateur automatique, mais ne développe pas davantage l'idée d’une assurance chômage européenne. A noter, cette proposition a disparu du programme de travail de la Commission Juncker malgré le travail effectué par l'ex-commissaire Andor sur le sujet. Pour plus d’informations, voir : http://www.friendsofeurope.org/media/uploads/2015/02/Social-Report-2015-WEB.pdf REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 3 Actualité européenne de la protection sociale Santé La Commission européenne appelée à agir en matière de lutte contre les dommages liés l’alcool. La Commission européenne est appelée à agir en matière d’alcool par les Etats membres et les consommateurs européens. En effet, d’une part le Comité de politique et d’actions nationales en matière d’alcool (CNAPA), composé des Etats membres, a publié un document d’orientation appelant la Commission européenne à adopter une nouvelle stratégie afin de lutter contre les mésusages de l’alcool et réduire les dommages liés à l’alcool. Les Etats membres soulignent l’intérêt de la stratégie adoptée en 2006 pour aider les Etats membres à faire face à ce problème. Ils rappellent cependant que le contexte a évolué depuis dix ans. La Commission devrait par conséquent travailler sur les aspects transfrontaliers du problème et notamment sur les mécanismes permettant d’influencer le prix des boissons alcoolisées, les définitions européennes de boissons alcoolisées qui empêchent la réduction de la dose d’alcool qu’elles contiennent, le marketing et la publicité en matière d’alcool (particulièrement envers les jeunes), l’étiquetage, la vente transfrontière d’alcool, notamment en ligne, les politiques des affaires étrangères dans le domaine de l’alcool ainsi que la recherche, la collecte de données et le suivi. Le Bureau européen des consommateurs (BEUC) s’interroge de son côté quant à l’absence d’initiative de la part de la Commission concernant l’information des consommateurs sur le contenu des boissons alcoolisées, malgré l’adoption récente d’un règlement européen sur l’information du consommateur sur les denrées alimentaires. L’ONG considère que les boissons alcoolisées n’ont aucune raison d’en être exemptées. Pour plus d’informations, voir : http://www.beuc.org/publications/beuc-x-2015-008_pca_beuc_position_paper_on_nutrition.pdf et : http://ec.europa.eu/health/alcohol/docs/eu_scoping_paper_cnapa_en.pdf Critiques de la consultation de l’EMA sur la transparence des données cliniques par les ONG du secteur de la santé. Plusieurs ONG ont critiqué, dans un communiqué de presse publié le 18 février 2015, le contenu de la consultation publique de l’Agence européenne du médicament (EMA) sur la transparence des données cliniques (voir REIF Info n°230). L’Association internationale de la mutualité (AIM), Health Action International (HAI), l’International Society of Drug Bulletins (ISDB) et le Forum européen des médicaments (MiEF) considèrent que l’EMA a, dans ses propositions, accédé aux demandes de l’industrie pharmaceutique. A la suite de l’adoption du règlement européen sur les essais cliniques, cette-dernière avait en effet appelé la Commission et l’EMA à protéger les informations commerciales confidentielles de manière à respecter les incitations à réaliser des investissements de long terme dans la recherche biomédicale dont elle bénéficie. Les ONG considèrent que l’EMA, dans sa consultation, interprète de manière inappropriée les exigences en matière de transparence des données cliniques, notamment en considérant la non-publication comme la norme plutôt que l’exception et en définissant de manière très large les informations commerciales confidentielles. Elles rappellent également que le droit à l’information est un droit fondamental des citoyens européens, inscrit dans la Charte des droits fondamentaux. Elles invitent donc l’EMA à publier les protocoles d’essais cliniques au plus tôt, à retirer sa proposition actuelle de définition d’information commerciale confidentielle ainsi que celle visant à différer la publication d’informations concernant un essai clinique ainsi qu’à faciliter l’accès aux données brutes. Pour plus d’informations, voir : http://europolitics.info/fr/sante-conso/essais-cliniques-inquietudes-sur-lattitude-de-lema et : http://haieurope.org/wp-content/uploads/2015/02/PR-EMA-steers-away-fromtransparency.pdf REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 4 Proposition de la Présidence lettone concernant le retraitement des dispositifs médicaux à usage unique. Lors d’un groupe de travail du Conseil concernant la proposition de règlement relative aux dispositifs médicaux, la Présidence lettone a proposé aux délégations une solution de compromis concernant le retraitement des dispositifs médicaux à usage unique. Cette question fait partie des éléments restant à résoudre afin d’espérer parvenir à un accord au sein du Conseil. L’Allemagne avait déjà proposé une solution visant à faciliter le retraitement mais elle n’avait pas obtenu l’assentiment de la France, cette pratique y étant interdite. La proposition de la Présidence, proche de la proposition initiale de la Commission européenne, consisterait à mettre en place un système de dérogation. D’autres questions sont également en suspens et retardent l’échéance des négociations, telles que le processus d’approbation des dispositifs médicaux à risque ou encore le système d’identification des dispositifs médicaux (UDI) et la base de données Eudamed. La prochaine réunion du groupe de travail du Conseil sur les dispositifs médicaux a lieu le 2 mars 2015. Pour plus d’informations, voir : http://europolitics.info/fr/sante-conso/dispositifs-medicaux-une-solution-en-vue-sur-leretraitement Prix de la Commission antibiotiques ». européenne « pour un meilleur usage des Le 26 février 2015, la Commission européenne a lancé un prix d’un million d’euros pour la personne ou l’équipe qui parviendrait à mettre au point un test rapide permettant d’évaluer si un patient doit être traité par antibiotique ou non. L’objectif de ce prix s’inscrit dans la politique de l’UE de lutte contre l’utilisation abusive des antibiotiques, susceptible sur le long terme de contribuer à la résistance des micro-organismes à ces médicaments. Ce prix sera financé dans le cadre du volet « défis » du programme Horizon 2020 de recherche et d’innovation. Les critères de sélection pour l’attribution du prix sont l’aspect bon marché du test, sa rapidité et sa facilité d’utilisation ainsi que son aspect non invasif pour les patients. Pour plus d’informations, voir : http://ec.europa.eu/health/antimicrobial_resistance/docs/2015_amr_progress_report_en.pdf Emploi et politique sociale Etude sur les performances du programme EaSI. La Commission européenne a lancé un questionnaire en ligne afin de rassembler les avis des parties prenantes sur le Programme pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI). Ce programme de financement européen entend soutenir la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020 par le financement de projets destinés à promouvoir l’emploi durable et de qualité, une protection sociale décente et adéquate, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ou l’amélioration des conditions de travail. Les réponses au questionnaire resteront confidentielles et contribueront à l’analyse des performances du programme EaSI. Pour plus d’informations, voir : http://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=fr&catId=89&newsId=2181&furtherNews=yes REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 5 Consultation publique sur le chômage de longue durée. Du 19 février au 15 mai 2015, la Commission tient une consultation publique visant à collecter les avis des parties prenantes sur les moyens de lutter contre le chômage de longue durée. Plus précisément, la Commission souhaite recueillir l’avis des parties intéressées sur les moyens d’améliorer les services d’aide à l’emploi, les modalités d’un soutien individuel sur mesure, les catégories de chômeurs de longue durée qui ont le plus besoin de soutien, les obligations mutuelles et la meilleure manière d’inciter les employeurs à embaucher des chômeurs de longue durée. Cette consultation entre dans le cadre d’une analyse d’impact préparatoire à une Recommandation sur l’intégration des chômeurs de longue durée sur le marché de l’emploi. Pour plus d’informations, voir : http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=333&langId=en&consultId=15&visib=0&furtherConsu lt=yes Ingénierie sociale et fiscale : généralisation des emplois atypiques « low cost » dans l’aviation. Selon une étude réalisée par l’Université de Gand (Belgique) pour le compte du comité européen du dialogue social dans l’aviation civile, plus d’un pilote d’avion sur six est engagé sous un contrat de travail atypique dans l’Europe. Il peut s’agir de contrats en tant qu’indépendant (faux-indépendant) employé par des sociétés intermédiaires, des contrats « zéro heure » (seules les heures de vol sont payées) ou selon la formule « pay-to-fly » (les pilotes achètent alors des heures de vol, payent leur formation, etc.). Ces pratiques qui prévalaient initialement dans le secteur maritime sont majoritairement le fait des compagnies d’aviation low-cost. La DG MOVE a indiqué qu’elle tiendrait compte des résultats de cette enquête dans ces travaux à venir. Pour plus d’informations, voir : https://www.eurocockpit.be/sites/default/files/report_atypical_employment_in_aviation_15_021 2_f.pdf Salaire minimum pour les routiers étrangers : les propositions allemande et française, la question parlementaire. Le 1er janvier 2015, une loi allemande est entrée en vigueur prévoyant un salaire minimum pour tous les travailleurs sur le territoire allemand, y compris dans le secteur du transport pour les routiers en transit sur le territoire. Face aux réactions du secteur, le gouvernement allemand a prononcé un moratoire pour son application aux routiers en transit. Le 15 février, la France a adopté une loi similaire quoique d’application plus restreinte : en cas de cabotage ou de transport international seulement, les règles sociales et sur le salaire minimum s’appliqueront aussi aux routiers étrangers opérant sur le territoire français. Au niveau européen, alors qu’Alain Vidalies, secrétaire d’Etat français chargé des Transports promeut le projet d’une Agence européenne de coordination des contrôles dans le transport routier de marchandises, les eurodéputés ont posé une question orale à la Commission européenne suite à sa décision d’enquête sur la validité du salaire minimum allemand au regard de la législation communautaire. Le Parlement européen demande à la Commission de clarifier les règles applicables aux conducteurs de poids lourds et aux travailleurs qui fournissent des services à travers ou dans un autre État membre ainsi que l’articulation entre les dispositions sur le détachement des travailleurs et le Règlement Rome I relatif aux obligations contractuelles. Les eurodéputés souhaitent également connaître les mesures que la Commission entend prendre pour protéger les droits sociaux des travailleurs dans le secteur du transport routier. Cette question doit encore être adoptée en session plénière. Pour plus d’informations, voir : REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 6 http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2014_2019/documents/empl/dv/empl20150226_qo_r oad_transport_/empl20150226_qo_road_transport_en.pdf CJUE Incompétence de la Cour à juger de la légalité des périodes d’essai. Le 5 février, la Cour de Justice de l’UE (CJUE) a été saisie pour se prononcer sur une réglementation nationale prévoyant un contrat de travail à durée indéterminée avec une période d’essai d’un an. Dans l’affaire C-117/14, Mme Nisttahuz Poclava a été embauchée sous contrat à durée indéterminée comprenant une période d’essai d’un an. Licenciée avant la fin de cette période, elle a saisi le Tribunal social de Madrid pour licenciement abusif. Ce dernier a estimé que le contrat en question constitue un contrat atypique et a saisi la CJUE afin de déterminer si ce contrat contrevient aux dispositions de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (article 30 sur la protection en cas de licenciement injustifié) et l’Accord-cadre sur le travail à durée déterminée (et notamment ses dispositions visant à prévenir l’utilisation abusive des CDD). La Cour s’est déclarée incompétente pour connaître des litiges liés aux périodes d’essai dans les contrats de travail. En l’espèce, le contrat de travail est un CDI, les dispositions de l’accord-cadre ne sont donc pas applicables. En outre, elle estime que le droit de l’Union n’impose aucune obligation particulière en ce qui concerne les périodes d’essai dans les contrats de travail. Pour plus d’informations, voir : http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=162078&pageIndex=0&docla ng=fr&mode=req&dir=&occ=first&part=1&cid=10018 Interdiction de cumul d’imposition sociale : le cas de l’imposition des revenus du patrimoine des travailleurs transfrontaliers. Dans un arrêt rendu le 26 février, la CJUE a déclaré contraire aux règles sur la coordination des régimes de sécurité sociale l’imposition des revenus du patrimoine de travailleurs transfrontaliers pour la contribution aux prélèvements finançant le régime obligatoire du lieu de résidence. En l’espèce, M. De Ruyter est domicilié en France mais travaille aux Pays-Bas. Ayant refusé l’imposition de ses revenus du patrimoine pour les prélèvements sociaux français (contribution sociale généralisée, contribution pour le remboursement de la dette sociale et d’autres contributions sociales) au motif d’une double imposition en France et aux Pays-Bas, la Cour de cassation a saisi la CJUE afin de déterminer si l’imposition des revenus du patrimoine concernés touche aux branches de la sécurité sociale et donc entre dans le champ d’application du règlement de coordination 1408/71. La Cour a estimé que M. de Ruyter, en tant que travailleur migrant, est soumis à la sécurité sociale dans l’État membre d’emploi (les Pays-Bas). Ainsi, ses revenus, qu’ils proviennent d’une relation de travail ou de son patrimoine, ne peuvent être soumis dans l’État membre de résidence (la France) à des prélèvements de la sécurité sociale française. Les revenus en cause ne peuvent donc pas être soumis à l’imposition pour le financement de la CSG, de la CRDS ou d’autres contributions sociales. Pour plus d’informations, voir : http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=162537&pageIndex=0&docla ng=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=598704 REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 7 Exclusion du bénéfice de l'indemnité de licenciement des travailleurs bénéficiant d'une pension de retraite du régime général. Dans un arrêt rendu le 26 février 2015 (affaire C-515/13), la CJUE a considéré que le droit de l’Union ne s’oppose pas à ce qu’une indemnité spéciale de licenciement soit refusée aux salariés qui, en raison de leur âge, sont éligibles au bénéfice de la pension de retraite (65 ans, âge de l’admission au bénéfice de la pension de retraite au Danemark). Pour la Cour, la réglementation danoise qui réserve le bénéfice de l’indemnité spéciale de licenciement aux seuls travailleurs qui ne peuvent pas encore bénéficier de leur pension de retraite n’apparaît pas déraisonnable car elle est justifiée par un objectif légitime relatif à la politique de l’emploi et du marché du travail (protection accrue des travailleurs dont la transition vers un nouvel emploi est sensible en raison de leur ancienneté dans l’entreprise) et, d’autre part, elle constitue un moyen approprié et nécessaire pour la réalisation de cet objectif. Pour plus d’informations, voir : http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=162542&pageIndex=0&docla ng=FR&mode=req&dir=&occ=first&part=1&cid=2677 Obligation de motivation des décisions de restriction du remboursement d’un médicament à une certaine catégorie de patients par l’Assurance maladie selon la Cour. La Cour de justice de l’UE vient de publier son arrêt concernant l’affaire C-691/13 opposant les laboratoires Servier SA aux ministres des affaires sociales et de la santé et de l’économie et des finances français. Servier avait contesté une décision de limitation de remboursement de son médicament Protelos indiqué pour le traitement de l'ostéoporose chez les femmes ménopausées, en raison de ses effets indésirables (problèmes thromboemboliques veineux). Depuis cette décision, ce médicament n’est pris en charge que pour les patients pour lesquels aucun autre traitement n’est envisageable. Pour Servier, cette décision des autorités françaises va à l’encontre de la directive européenne sur la transparence des mesures régissant la fixation du prix et du niveau de remboursement des médicaments (directive 89/105/CEE), dont l’article 6 impose de motiver les décisions de refus d’inscription ou de renouvellement des médicaments couverts par l’Assurance maladie sur la liste des produits remboursables. La question posée à la CJUE consiste à déterminer si cet article de la directive « transparence » qui impose la motivation des décisions s’applique également aux décisions restreignant le remboursement de ces produits à une certaine catégorie de patients. La Cour, dans son jugement, donne raison au laboratoire Servier. Elle précise en effet que l’article 6 de la directive transparence « doit être interprété en ce sens que l’obligation de motivation prévue à cette disposition est applicable à l’égard d’une décision qui renouvelle l’inscription d’un produit sur la liste des médicaments couverts par le système d’assurance maladie, mais qui restreint le remboursement de ce produit à une certaine catégorie de patients ». Pour plus d’informations, voir : http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf;jsessionid=9ea7d2dc30dd6833ce5e0f444b 6abe31b3395b9881fd.e34KaxiLc3qMb40Rch0SaxuPbhv0?text=&docid=162538&pageIndex= 0&doclang=fr&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=135090 REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 8 Agenda Evènements passés 24 février 2015, Bruxelles – « Towards a European family strategy ». Organisée par l’eurodéputé Arne Gericke, cette conférence a abordé plusieurs aspects liés aux familles en Europe. M. op de Beke a fait le point sur la mise en œuvre de la Recommandation de la Commission sur la pauvreté des enfants alors que M. van Kruiningen a exposé les principaux résultats de son étude comparative sur les différents types de fiscalité appliqués aux familles en Europe. Olalla Michelena a insisté sur l’importance des mesures de conciliation pour lutter contre la pauvreté des familles et a présenté le phénomène des « Mompreneurs », ces mères qui développent leur propre activité pour assurer leur double rôle de mère et d’entrepreneur. Elle a également mis en avant la nécessité de permettre le développement de nouvelles formes managériales, davantage fondées sur la productivité et la flexibilité que sur un contrôle strict des présences. Dr Neagoe a illustré sa présentation sur les familles et les processus migratoires par les différents phénomènes de fuite des cerveaux et des soignants et celui des enfants laissés seuls par leurs parents ayant émigrés pour trouver un emploi dans un autre pays. Il a également présenté les différents défis liés au retour après exil. Pour plus d’informations, contacter : [email protected] 25 février 2015 – Bruxelles, EAPM workshop ‘Value of Diagnostic Information in Personalised Medicine’ Cette conférence a réuni des représentants de la Commission européenne, de l’industrie des diagnostics et pharmaceutique, des académiques, des représentants des sécurités sociales allemande et française ou encore des patients. Les discussions ont porté sur l’intérêt des diagnostics compagnons, permettant de mieux anticiper la maladie et adapter le traitement et leur importance dans le cadre du développement de la médecine personnalisée. Les participants se sont accordés sur la complexité de la problématique et de la difficulté d’évaluer la valeur de ces tests, information pourtant importante pour les patients et la sécurité sociale. Pour plus d’informations, contacter : [email protected] A venir 13 mars 2015 – Bruxelles, ETUI « Transformation de l’égalité des genres : de l’émergence au démantèlement ». Alors que l’UE est souvent mise en avant pour ses règlementations en faveur de l’égalité des genres au niveau international, depuis quelques années et dans un contexte de crise économique et budgétaire, peut-on encore parler d’une Europe proposant des politiques publiques ambitieuses visant à promouvoir l’égalité des genres ? Sur la base d’une étude réalisée par Sophie Jacquot, cette conférence proposera une analyse comparative des mesures prises pour l’égalité des genres et des conséquences de la crise économique sur l’action publique dédiée à la réduction des inégalités. Pour plus d’informations, voir : http://www.etui.org/Events/Monthly-Forum-Transformations-in-EU-gender-equality-fromemergence-to-dismantling 19 mars 2015 – Paris, Débats d’EUROGIP : « L’Europe et la santé-sécurité au travail : quels acquis ? Quelles perspectives ? » La conférence annuelle d’Eurogip 2015 portera sur l’équilibre entre prévention et assurance en matière d’accidents du travail. REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 9 Sous forme de tables ondes, les Débats d’Eurogip entendent apporter un éclairage européen sur une question d'actualité et favoriser l'échange d'informations et de bonnes pratiques. Pour plus d’informations, voir : http://www.eurogip.fr/fr/produits-information/conference-annuelle-les-debats-d-eurogip 26 mars 2015 - Bruxelles, Conférence finale TTYPE (Track and Trace Your Pension in Europe). Le projet pilote TTYPE « Track and Trace Your pension » visant à créer un portail web commun d’information et de suivi des droits à retraite complémentaire d’entreprise des travailleurs mobiles au sein de l’UE arrive à sa fin. Une seconde phase du projet pourrait être amorcée. Le rapport final de la première phase contenant des recommandations à destination de la Commission européenne sera présenté le 25 mars 2015 au Comité économique et social européen. Marianne Thyssen, Commissaire à l’Emploi et aux Affaires sociales, sera présente à l’Evènement. La Commission devra décider ensuite de la pertinence ou non de cofinancer la création et le développement d’un outil Internet d’information sur les droits à pension complémentaire d’entreprise. Pour plus d’informations : http://www.pggm.nl/wat-vinden-we/Documents/TTYPE-Intermediate-Report.PDF REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 10 Publications « Les divergences sociales en Europe après la crise », Note d'analyse n°25, France Stratégie, Février 2015, 8p. La note d’analyse n°25 de France Stratégie analyse les évolutions récentes en matière sociale et d’emploi en Europe caractérisées par une divergence sociale entre pays du Nord et du Sud de l’Europe. Selon les auteurs, ce phénomène s’explique en partie par la trajectoire non soutenable des pays du Sud dans les années 2000. La convergence sociale apparente (évolution des salaires, niveau de dépenses sociales publiques, taux de chômage), s’est produite parallèlement à un recul de la productivité globale des facteurs et à une divergence réelle entre les économies du Sud et du Nord de la zone euro. Depuis 2010, l’impact différencié des plans d’ajustement a contribué à creuser les écarts de performances sociales entre ces pays, sans que soient redéfinis les fondements d’une convergence réelle des économies. Pour plus d’informations, voir : http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/note_danalyse_ndeg25__20.02-11h40.pdf Alfredo Menéndez-Navarro, L’art de la prévention de la santé et de la sécurité au travail en Europe, ETUI, 2015, 57p. Cet ouvrage original présente des affiches historiques et vintage de différents Etats membres de l’UE qui montrent comment la conception graphique a été utilisée pour promouvoir la prévention de la santé et de la sécurité au travail. La publication propose ainsi une mise en perspective de la prévention de la santé et de la sécurité au travail à travers les mouvements artistiques et graphiques nationaux clés, avec l'incorporation de la photographie, le photomontage, l'abstraction géométrique et le traitement typographique. L’ouvrage montre notamment comment les messages et les slogans dans le domaine de la prévention de la santé et de la sécurité au travail ont évolué, d’une approche négative qui blâmait les travailleurs individuels pour les accidents et les erreurs vers une approche plus proactive et organisationnelle de la prévention. Pour plus d’informations, voir : http://www.etui.org/fr/Publications2/Books/The-art-of-preventive-health-and-safety-in-Europe REIF Info numéro 231 – 28/02/2015 Afin de préserver l'environnement, merci de n'imprimer ce document qu'en cas de nécessité 11