LES MYSTÈRES DE INLAND EMPIRE
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LES MYSTÈRES DE INLAND EMPIRE
SOIRÉES DAVID LYNCH 2014 - n° 22 LES MYSTÈRES DE INLAND EMPIRE PROJECTION: MERCREDI 2 AVRIL à 19H00 TABLE RONDE: JEUDI 3 AVRIL à 19h00 Réalisation Scénario Image Avec David Lynch David Lynch David Lynch Laura Dern Jeremy Irons Justin Theroux En collaboration avec: INLAND EMPIRE David Lynch - France - 2006 - vost - couleur - 180 min Nous voici plongés dans une histoire de mystère, l’énigme d’un monde au coeur des mondes, le secret d’une femme en proie à l’amour et aux tourments... > Projection du film Inland Empire : Mercredi 2 avril à 19h00 > Table ronde avec: Patrizia Lombardo (UNIGE, CISA), Bertrand Bacqué (HEAD - Genève), Alfio Di Guardo (Cinémas du Grütli), Cyril Neyrat (HEAD - Genève) : Jeudi 3 avril à 19h00 A la frontière entre cinéma et art contemporain, au cœur d’Hollywood et pourtant dans ses marges, tourné en caméra numérique, Inland Empire réélabore les thèmes chers à l’imagination de Lynch tout en radicalisant ses choix esthétiques. Des extraits de ce long métrage ainsi que d’autres films du cinéaste seront commentés afin de réfléchir sur cette œuvre riche et complexe. Une porte qui ouvre sur une deuxième porte ouvrant à son tour sur une troisième : on connaît ce schéma labyrinthique visant à tordre et faire fuir le sens dont le célèbre baiser de Spellbound d’Alfred Hitchcock en 1945 a offert une inoubliable métaphore. C’est qu’il y a dans le nouveau long métrage de David Lynch, à tout point de vue hors norme, beaucoup de portes, de boutons de portes, beaucoup d’escaliers et de sas à partir desquels la diégèse a tout loisir de fuir et de déserter, de se disséminer et, perdant toute localisation narrative centralisée, perdre avec elle le spectateur déboussolé par tant de vertiges fictionnels. Sur ce point précis, et pour d’emblée apporter la contradiction, on songe à ce mot des cinéastes Jean-Marie Straub et Danièle Huillet renseignant par la négative sur leur propre pratique cinématographique à mille lieues de celle de Lynch : « Nous ne sommes pas des serruriers » aimaient-ils dire de façon provocatrice, signifiant par là leur refus de faire des films à clés et préférant, face à une perspective largement empruntée par des artistes anglo-saxons (comme l’a encore prouvé quelqu’un comme Roman Polanski oeuvrant dans cette dynamique esthétique lorsqu’il a réalisé La Neuvième Porte en 1999), la frontalité plus « continentale » d’un dispositif confiant dans la distanciation anti-spectaculaire et les contradictions intrinsèques aux modes d’enregistrement cinématographiques. Précisons quand même que si Lynch use et même © 2014 Les Cinémas du Grütli Rue du Général Dufour 16 | 1204 Genève tél. +41 22 320 78 78 | www.cinemas-du-grutli.ch abuse des portes dans INLAND EMPIRE (que l’on se souvienne déjà de l’éminemment symbolique clé bleue de Mulholland Drive en 2002) comme il ne l’avait jamais autant fait auparavant (3), ces mêmes portes ne mènent pas forcément et classiquement quelque part au sens où ce quelque part offrirait le foyer central et unique grâce auquel son film connaîtrait rétrospectivement l’hypostase rassurante d’un sens ultime qui le rendrait pour tous enfin aisément compréhensible. Ou bien, dit autrement, les portes, les serrures et l’enfilement de boîtes et de sas dont INLAND EMPIRE est visuellement strié ont moins pour vertu de figer le sens en en limitant les potentialités pour le clarifier que de le relancer par disruption et de le densifier par saturation. Lynch n’a donc jamais à ce point pratiqué un mode de la saturation disruptive comme il le fait dans INLAND EMPIRE . Bien sûr, cela ne date pas d’hier, et Twin Peaks : fire walk with me (1992) témoigne toujours magistralement d’une préoccupation qui alors pour le cinéaste était devenue primordiale. Le brouillage télévisuel qui vient parasiter les images du film en train d’être projeté, image reprise du film d’hier à celui d’aujourd’hui, signale la permanence de ce souci lynchien du devenir télévisuel de l’art cinématographique conséquemment contraint à l’excès et à la disjonction s’il ne veut pas se retrouver misérablement absorbé et captif des industries de la culture et de la communication. La légèreté économique comme technique qu’induit l’usage de la caméra DV (une Sony PD-150) – usage pour Lynch absolument original et qu’il a décidé de reconduire pour tous ses prochains longs métrages – a permis en effet à ce dernier d’accroître ce mode saturant (concernant les images elles-mêmes) et disruptif (quant aux rapports entre ces mêmes images). Parce qu’il a pu beaucoup tourner en privilégiant la multiplicité des prises afin de broder sur un canevas minimal qu’aucun scénario préalable n’imposait. >>>>>> Salle associée de la Salle associée de la