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Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Livrable 3.5.3 issu du projet MERiFIC Un rapport préparé dans le cadre du projet MERiFIC « Energies marines dans les territoires insulaires et périphériques » Référence IFREMER : 13-240 Septembre 2013 Rédigé par : Sam Weller ([email protected]), université d’Exeter Lars Johanning ([email protected]), université d’Exeter Peter Davies ([email protected]), IFREMER Le projet MERiFIC a été sélectionné dans le cadre du programme européen de coopération transfrontalière INTERREG IV A France (Manche) – Angleterre, cofinancé par le FEDER. Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne. La Commission Européenne ne saurait être tenue pour responsable de l’utilisation qui pourrait être faite des informations figurant dans le présent document. 2 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Résumé Ce rapport est un livrable de l’axe de travail WP3 – « Comportement dynamique des convertisseurs d’énergie marine » – du projet MERiFIC, dont les travaux sont conjointement menés par l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) en France et l’université d’Exeter au Royaume Uni. Il est prévu que les recommandations de la Commission Électrotechnique Internationale – Marine energy - Wave, tidal and other water current converters - Part 10: The assessment of mooring system for marine energy converters (MECs) – seront publiées d’ici fin 2013. Plusieurs recommandations existent déjà concernant l’ancrage de dispositifs d’énergies marines renouvelables (EMR) ; la CEI a été parmi les premiers à publier à ce sujet et la documentation publiée par Det Norske Veritas peut aussi être citée. Le présent document vise à introduire, de façon concise, les systèmes d’ancrage pour dispositifs EMR et renvoie le lecteur à des recommandations et à des normes applicables à la conception de tels systèmes d’ancrage. Le rapport commence par préciser le contexte et ainsi fournir des éclaircissements sur les différences fondamentales entre les équipements en mer conventionnels et les systèmes EMR. À la Section 2, des considérations de conception sont introduites, notamment le coût, la géométrie et l’importance de réaliser une étude de risques. Une introduction à la modélisation numérique d’un système amarré est ensuite proposée à la Section 3. Enfin, les principales constatations du présent rapport sont résumées à la Section 4. 3 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Table des matières Introduction ............................................................................................................. 5 Le projet MERiFIC ........................................................................................................ 5 1 Abréviations...................................................................................................... 8 2 Contexte ............................................................................................................ 9 3 Considérations de conception des systèmes d'ancrage ............................ 12 3.1 Coût ................................................................................................................. 12 3.2 Géométrie et éléments constitutifs ............................................................... 13 3.3 Étude de risques ............................................................................................ 16 3.3.1 Recommandations de certification actuelles......................................... 17 3.3.2 Redondance .............................................................................................. 21 3.3.3 Distance entre les dispositifs .................................................................. 21 3.4 Considérations d'exploitation ....................................................................... 23 4 Modélisation d'un dispositif amarré ............................................................. 25 5 Conclusion ...................................................................................................... 31 6 Références ...................................................................................................... 32 4 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Introduction Le projet MERiFIC MERiFIC est un projet européen de coopération entre la Cornouailles britannique et le Finistère, réalisé dans le cadre du programme INTERREG IVA France (Manche) Angleterre, cofinancé par le FEDER. Le projet vise à promouvoir l’adoption des énergies marines en Cornouailles et dans le Finistère, en concentrant les efforts sur les communautés insulaires des Sorlingues et du Parc naturel marin d’Iroise. Les partenaires britanniques du projet sont le Cornwall Council, l’université d’Exeter, l’université de Plymouth et le Cornwall Marine Network. Les partenaires français sont le Conseil général du Finistère, le Pôle Mer Bretagne, le Technopôle Brest-Iroise, l’IFREMER et Bretagne Développement Innovation. Le projet MERiFIC a été lancé le 13 septembre au National Maritime Museum de Falmouth en Cornouailles britannique et se poursuivra jusqu’en juin 2014. Durant cette période, les partenaires du projet ont pour objectifs : • De développer et de partager une compréhension commune de la terminologie et des techniques existantes associées à l’évaluation des ressources énergétiques marines ; • D’identifier des zones d’intérêt majeur en matière de ressources énergétiques marines au sein de l’espace commun, en concentrant les efforts sur les communautés insulaires des Sorlingues et du Parc naturel marin d’Iroise ; • De préciser les questions et les besoins liés à l’infrastructure, pour le déploiement des technologies d’énergie marine entre les communautés insulaires et continentales. • D’identifier, de partager et de mettre en œuvre des politiques de bonnes pratiques, afin de promouvoir et de soutenir le déploiement de solutions EMR ; • D’identifier des études de cas de bonnes pratiques et des opportunités permettant aux entreprises des deux régions d’intégrer les chaînes d’approvisionnement du secteur des énergies marines ; • De partager de bonnes pratiques et de tester de nouvelles méthodes pour nouer le dialogue avec les parties prenantes, afin de promouvoir la compréhension et l’acceptabilité sociale des projets de développement du secteur des EMR ; • D’élaborer et de fournir un éventail d’études de cas, d’outils et de ressources, utiles à d’autres régions. Afin de faciliter la réalisation de ces objectifs, le projet a été scindé en plusieurs axes de travail : WP1 : Préparation du projet WP2 : Gestion du projet WP3 : Appui technologique WP4 : Politiques publiques et réglementations WP5 : Développement économique durable WP6 : Acceptabilité sociale et implication de la société civile WP7 : Communication et diffusion 5 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Avis de non-responsabilité : Le présent document a été rédigé dans le but de fournir des recommandations préliminaires en matière de systèmes d’ancrage pour le secteur des énergies marines renouvelables (EMR). Le lecteur est vivement encouragé à se renseigner auprès d’organismes de certification également avant de définir les spécifications relatives aux éléments d’ancrage et de se lancer dans la conception de systèmes d’ancrage. Les auteurs du présent document ne sauraient être tenus pour responsables des dommages, pertes ou préjudices qui pourraient résulter de l’utilisation de ces recommandations. Remerciements : Les auteurs tiennent à remercier Det Norske Veritas pour la révision du présent document. Documents connexes : Dans le cadre de l’étude WP3.5 Comportements dynamiques des dispositifs d’énergies marines du projet MERiFIC, les documents suivants ont été publiés ou sont en cours de préparation : Conférences et articles Livrables du projet MERiFIC Weller (S. D.), Davies (P.), Thies (P. R.), Harnois D3.4.2 : Valorisation (V.) et Johanning (L.), 2012, « Durability of synthetic pratiques sur site pilote mooring lines for ocean energy devices », Actes de la 4e conférence ICOE (International Conference on Ocean Energy), Dublin, Irlande de bonnes Thies (P. R.), Johanning (L.), Gordelier (T.), Vickers D3.5.1 : Test et représentation (A.) et Weller (S.), 2013, « Physical component graphique de la performance de lignes testing to simulate dynamic marine load d’ancrage synthétiques conditions », Actes de la 32e conférence internationale Ocean, Offshore and Arctic Engineering (OMAE), ASME, 9 – 14 juin 2013, Nantes, France. Weller (S. D.), Davies (P.) et Johanning (L.), 2013, « The Influence of Load History on Synthetic Rope Response », Actes de la 10e conférence EWTEC (European Wave and Tidal Energy Conference), Aalborg, Danemark D3.5.2 : Recommandations sur l’utilisation de lignes synthétiques d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Weller (S. D.), Davies (P.), Vickers (A.W.) et Johanning (L.), « Synthetic Rope Responses in the Context of Load History: Operational Performance ». En cours d’examen D3.5.3 : Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Weller (S. D.), Davies (P.), Vickers (A. W.) et Johanning (L.), « Synthetic Rope Responses in the Context of Load History: The Influence of Aging ». En préparation 6 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Harnois (V.), Weller (S.), Le Boulluec (M.), Davies (P.), Le Roux (D.), Soule (V.) et Johanning (L.), « Experimental and Numerical Investigation of a Small-scale Mooring Test Facility model ». En préparation 7 MERiFIC 1 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Abréviations ABS : American Bureau of Shipping ALS : État limite accidentel API : American Petroleum Institute BEM : Méthode des éléments de frontière BV : Bureau Veritas CFD : Dynamique des fluides computationnelle DNV : Det Norske Veritas MEF : Méthode des éléments finis. FLS : État limite de fatigue GBS : Structure gravitaire HMPE : Polyéthylène à haut module ISO : Organisation internationale de normalisation EMR : Énergies Marines Renouvelables ROV : Véhicule sous-marin téléopéré SPM : Ancrage sur un point SWMTF : South West Mooring Test Facility TLP : Plate-forme à lignes tendues ULS : État limite ultime 8 MERiFIC 2 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Contexte La fonction principale d’un système d’ancrage en mer est de limiter suffisamment les mouvements d’un équipement immergé ou de surface afin de le maintenir en position et de minimiser les effets combinés du vent, des courants et de la houle sur la structure flottante. Ceci est d’une importance particulière dans le cas d’équipements critiques du point de vue de la sécurité (ex. équipements avec personnel in situ tels que les plates-formes pétrolières et gazières, les navires de production, de stockage et de déchargement et les équipements auxiliaires), pour lesquels une défaillance pourrait entraîner des pertes humaines, un désastre écologique ou l’interruption des opérations. Concernant la taille et la masse, il existe certaines similitudes avec les systèmes d’ancrage des dispositifs EMR possédant d’imposantes structures d’appui (ex. éoliennes flottantes et projets à buts multiples, Figure 1). Il est possible de minimiser les mouvements indésirables et potentiellement néfastes en concevant le système amarré (comprenant la structure flottante et le système d’ancrage) de façon à ce que ses périodes propres de réponse diffèrent des périodes associées aux fréquences d’excitation des sollicitations environnementales, telles que les sollicitations des vagues de premier ordre et de deuxième ordre ou d’autres forces d’excitation (Figure 2). Figure 1 : Dispositifs EMR et leurs structures porteuses : (de gauche à droite) vue d’artiste du concept WinFlo (source : WinFlo), prototype de la centrale flottante Poseidon (source : Knud E Hansen A/S) et vue d’artiste du concept W2Power (source : Pelagic Power) De façon générale, les dispositifs EMR jugés petits comparés à la longueur d’onde incidente (à l’instar des systèmes houlomoteurs) répondront de manière dynamique aux sollicitations des vagues de premier ordre et de deuxième ordre ainsi qu’aux effets combinés du vent et des courants. La réponse du dispositif et celle du système d’ancrage sont généralement étroitement liées [1, 2], ce qui peut engendrer des mouvements complexes [3], et potentiellement de fortes amplitudes en cas de réponse de résonance. Une catégorie spécifique de dispositifs – les systèmes houlomoteurs – sont conçus pour i) produire de l’électricité ou ii) dessaler l’eau. Ces dispositifs sont habituellement conçus pour fonctionner de façon optimale avec des périodes d’excitation de premier ordre (Figure 2) ; des réponses proches de celles de résonance sont donc possibles dans un ou plusieurs modes de mouvement. Il est évident que la possibilité que des mouvements de résonance soient engendrés aura des implications pour les cas de charge utilisés dans la conception des systèmes d’ancrage de dispositifs EMR ainsi que pour les spécifications des éléments d’ancrage. 9 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Cavalement, embardée et lacet SPAR 120 Période TLP Semi Roulis et tangage propre (s) 60 Pilonnement, roulis et tangage 30 Pilonnement Excitation des vagues de premier ordre Pilonnement, roulis et tangage 1000 2000 3000 Profondeur (m) Figure 2 : Périodes propres de structures offshore, données à titre indicatif (périodes propres et profondeurs opérationnelles indiquées dans les documents [4-6]. Profondeurs associées aux plates-formes SPAR selon la documentation en ligne de Technip 1). Les périodes d’excitation des vagues de premier ordre susceptibles d’être pertinentes pour les dispositifs EMR sont également indiquées. En plus d’assurer le maintien en position (afin d’éviter les mouvements de grande amplitude susceptibles d’entraîner des collisions avec des dispositifs adjacents), le système d’ancrage d’un dispositif houlomoteur doit tout de même permettre des mouvements selon un ou plusieurs degrés de liberté, en vue de la capture de l’énergie houlomotrice. Pour certains systèmes houlomoteurs, le système d’ancrage fait partie intégrante du système de prise de puissance du dispositif (c’est par exemple le cas pour le dispositif CETO de Carnegie Wave Energy) 2. Il assure la liaison entre une base rigide (et le système de prise de puissance) et la structure flottante. Le système d’ancrage peut ne pas être le seul moyen de retenir du dispositif. Dans les secteurs où la mer est très agitée, au point de pouvoir occasionner des dommages, il est possible que l’unité de prise de puissance du dispositif assure une régulation active des mouvements, afin de limiter les déplacements du dispositif. Il est aussi possible d’appliquer une régulation passive en utilisant certaines caractéristiques géométriques particulières de la structure flottante [7]. 1 http://www.technip.com/en/our-business/offshore/floating-platforms 2 www.carnegiewave.com/ 10 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Bien que des géométries d’ancrage similaires aient été proposées pour les dispositifs EMR, il existe des différences fondamentales entre cette nouvelle application et les équipements en mer conventionnels (voir Tableau 1). Il n’est donc pas évident d’appliquer à ce secteur émergent les recommandations ou pratiques existantes pour l’installation en mer. Des organismes de certification tels que Det Norske Veritas commencent à mettre à disposition des recommandations plus pertinentes (voir Section 2.4.1). Toutefois, celles-ci sont pour l’instant essentiellement basées sur des recommandations actuellement utilisées par le secteur offshore (ex. documents [8, 9]). Il est donc nécessaire d’adopter une approche plus cohérente pour la conception et l’étude du cycle de vie [10] des dispositifs EMR et des éléments d’ancrage associés. Équipements offshore existants Profondeur Eaux profondes et très profondes Semi-submersible (de 60 m à 3 km) Plate-forme SPAR (2,4 km de profondeur, ex. plate-forme Perdido dans le golfe du Mexique) Systèmes EMR Eaux peu profondes, intermédiaires et profondes Pelamis (plus de 50 m) Système houlomoteur AWS-III (environ 100 m) WinFlo (plus de 40 m) Période propre théorique Empreinte du système d’ancrage Inférieure à 4 s ou supérieure à 20 s (évitent les périodes de vagues de premier ordre) Importante3 Système à lignes caténaires (ex. rayon de 2,8 km dans une eau de 1,2 km de profondeur) Systèmes houlomoteurs réglés sur des périodes de vagues de premier ordre. Les plates-formes porteuses de dispositifs EMR sont conçues selon une approche semblable à celle utilisée pour les équipements existants. Relativement petite en raison de la profondeur (ex. un système à lignes caténaires peut avoir une empreinte d’un rayon de 75 m dans 30 m de profondeur) Système à lignes d’ancrage tendues (ex. rayon de 1,7 km dans une eau de 1,2 km de profondeur) Nombre de lignes d’ancrage Multiples (ex. 16 lignes peuvent être utilisées pour les systèmes à lignes caténaires ou à lignes tendues) Habituellement 3-4, bien que des systèmes d’ancrage sur un point aient aussi été proposés. Tableau 1 : Différences et similitudes notables entre les équipements en mer existants et les dispositifs EMR, dans le contexte des systèmes d’ancrage. 3 Exemples tirés du document [5]. 11 MERiFIC 3 3.1 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Considérations de conception des systèmes d’ancrage Coût Selon le rapport Accelerating Marine Energy, publié en juillet 2011 par le Carbon Trust et Black & Veatch sur la réduction des coûts dans le secteur des EMR, les systèmes de maintien en position des dispositifs EMR flottants représentent en général moins de 10 % de l’ensemble des coûts d’investissement [11]. Des études basées sur des concepts individuels attribuent quant à eux une part plus importante aux systèmes d’ancrage (jusqu’à 30 % dans le cas du dispositif Seabreath [12]). Utilisant une métrique différente – le coût de l’énergie –, le Technology Innovation Needs Assessment (TINA): Marine Energy Summary Report (rapport de synthèse d’une étude des besoins en matière d’innovation dans le secteur des énergies marines), réalisé en août 2012, avance un pourcentage d’environ 10 % pour les dispositifs houlomoteurs et marémoteurs (Tableau 2, [13]). Ce même rapport estime par ailleurs qu’il serait possible de réduire les coûts moyens actualisés associés aux systèmes d’ancrage de dispositifs houlomoteurs et marémoteurs (jusqu’à 50 % et 40 % respectivement d’ici 2020 et jusqu’à 85 % et 60 % d’ici 2050). Le rapport affirme que les dispositifs houlomoteurs flottants utilisent des systèmes d’ancrage conventionnels présentant un faible potentiel de réduction directe des coûts. Il souligne toutefois que l’on s’attend tout de même à ce qu’une meilleure capacité de déploiement engendre des économies, ce qui est effectivement envisageable à court terme. Cependant, supposer que le domaine ne connaîtra pas de nouvelles innovations est un tort. À titre d’exemple, il est possible de mentionner l’étude réalisée par TTI (Tension Technology International) et Promoor, et résumée dans le document [11], qui a permis de démontrer qu’il était possible de réduire le coût de l’énergie de façon non négligeable (de 5 % à 10 %) en remplaçant les câbles en acier par des lignes d’ancrage plus légères en nylon. Coût de l’énergie [13] (houle, marée) Fondations et ancrage 10 %, 10 % Installation 10 %, 35 % Exploitation et maintenance 25 %, 15 % Tableau 2 : Coûts approximatifs des fondations et des éléments d’ancrage comparés aux coûts d’installation, d’exploitation et de maintenance. Les économies réalisées en choisissant les éléments constitutifs de façon éclairée sont susceptibles d’être complètement neutralisées par le coût de l’installation, de la maintenance et du démantèlement des équipements. Il est, par ailleurs, probable que les estimations de 10 % au Tableau 2 ne concernent que l’équipement, indépendamment des coûts d’inspection, d’exploitation et de maintenance associés aux fondations et au système d’ancrage. Adopter une planification adéquate et restreindre l’utilisation de procédures 12 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine coûteuses (ex. équipes de plongeurs) pourrait permettre de réduire les risques de voir apparaître des goulots d’étranglement. 3.2 Géométrie et éléments constitutifs Il existe deux principaux types de systèmes d’ancrage utilisables par le secteur des EMR : les systèmes à lignes caténaires et des systèmes à lignes tendues (illustrés de façon schématisée à la Figure 3). Pour ces deux systèmes, les principaux éléments utilisés en matière d’ancrage et de fondations sont résumés au Tableau 3. Il existe, par ailleurs, de nombreuses variantes de systèmes d’ancrage et il est probable que des réseaux de dispositifs proches les uns des autres partagent des points d’ancrage [14]. Élément Fonction Considérations de conception Fondations : fondations gravitaires, caissons à succion, ancres à vis, boulons d’ancrage, fondations sur pieux Fournir un point d’ancrage fiable, là où l’utilisation Adaptées aux systèmes à chargement d’une ancre enfouie par traînage ne conviendrait vertical. Limitations possibles en cas de pas (ex. en raison de la nature du fond marin ou chargement horizontal. des conditions de sollicitation). Durabilité et application des systèmes de Adaptées aux systèmes à lignes caténaires ou à jointement lignes tendues. Impact de l’affouillement Ancres : ancres enfouies par traînage, plaques d’ancrage Assurer un point d’ancrage fiable pour les fonds marins boueux ou vaseux. Il est généralement possible de récupérer les ancres enfouies par traînage grâce à un navire, mais elles ne conviennent que pour les systèmes à lignes caténaires. Lignes d’ancrage : câbles métalliques, chaînes, lignes synthétiques, câbles hybrides Assurer la liaison entre les fondations (et l’ancre) Sollicitations en fatigue et pointes de charges et le dispositif EMR. L’éventail des matériaux disponibles sur le marché offre une large gamme Durabilité en fonction des mécanismes de de caractéristiques (ex. raideur, poids, vieillissement et de l’usure performance en fatigue) Facilité de manipulation et d’installation. Considérations financières et de performance Autres éléments : manilles, émerillons, flotteurs, poids Assurer la liaison entre le dispositif, la ligne Durabilité en fonction des mécanismes de d’ancrage et l’ancre ou les fondations. Des vieillissement et des sollicitations en fatigue flotteurs et des poids peuvent être utilisés pour les systèmes avec bouée de surface ou avec flotteur et lest. L’utilisation dépend des caractéristiques du site Nécessité d’effectuer un relevé de terrain, afin de déterminer le type d’ancre à sélectionner. Ancres enfouies par traînage : limitations en matière de chargement vertical et d’angle de la ligne d’ancrage. Nécessitent une chaîne dormante ; l’empreinte du système d’ancrage Les plaques d’ancrage offrent un point d’attache est importante. plus permanent et différentes méthodes permettent de les installer. Tableau 3 : Résumé des éléments pertinents pour l’ancrage et les fondations 13 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Figure 3 : Schémas des arrangements d’ancrage possibles pour un unique dispositif EMR : (de gauche à droite) systèmes à une ou plusieurs lignes tendues, système à lignes caténaires de base, système à ligne caténaire avec bouée de surface auxiliaire et système Lazy Wave avec flotteur et lest immergés. La figure illustre également les déplacements du dispositif dus aux vagues. Un système d’ancrage à lignes caténaires convient pour des applications pour lesquelles il est nécessaire de maintenir le dispositif en position tout en autorisant des mouvements selon plusieurs degrés de liberté. Des forces de rappel horizontales et verticales sont fournies par une ou plusieurs lignes d’ancrage dont la géométrie caténaire est due au poids du système d’ancrage. Des chaînes ou des câbles d’ancrage en acier peuvent être utilisés pour l’ensemble de la ligne. Cependant, pour des raisons économiques et du fait des propriétés avantageuses de matériaux alternatifs, il est probable que des lignes synthétiques seront utilisées pour les sections centrale et supérieure (c.-à-d. à partir du chaumard) des systèmes d’ancrage de dispositifs EMR (de plus amples informations sur l’utilisation de lignes d’ancrage synthétiques pour les dispositifs EMR peuvent être obtenues dans la littérature existante (ex. [15]), y compris dans le livrable D3.5.2 Recommandations sur l’utilisation de lignes synthétiques d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine, du projet MERiFIC). Dans ce cas, des chaînes dormantes seront utilisées pour les sections inférieures du système d’ancrage, afin que les lignes soient suffisamment tendues. Les sections inférieures des chaînes d’ancrage sont disposées de façon radiale à partir du dispositif, pour que les charges d’ancrage horizontales et verticales au niveau du chaumard soient transférées à des charges horizontales au niveau de l’ancre. Un flotteur et un lest peuvent être utilisés afin d’obtenir une géométrie d’ancrage de type « Lazy Wave » pour assurer une plus grande complaisance horizontale et ainsi réduire les charges d’ancrage. 14 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine La complaisance d’un système d’ancrage à lignes caténaires permettra au dispositif relié de se déplacer selon plusieurs degrés de liberté en réponse aux sollicitations de la houle, des courants et du vent. L’amplitude de déplacement maximale et les forces d’ancrage admissibles sont à quantifier pendant la phase de conception. Alors qu’il peut être souhaitable (pour la capture d’énergie) de permettre des mouvements de grande amplitude selon un degré de liberté (ex. pilonnement dans le cas d’un système houlomoteur de type absorbeur ponctuel), un système d’ancrage trop complaisant peut conduire à d’importants déplacements horizontaux et entraîner des collisions avec des dispositifs adjacents. Les sections inférieures d’une chaîne reposeront sur le fond marin en mer calme. Elles se soulèveront si les charges d’ancrage, associées à des déplacements énergétiques du dispositif, sont suffisamment élevées. Dans le cas des ancres enfouies par traînage, les charges appliquées à petits angles à partir du fond marin sont autorisées (typiquement jusqu’à 30° pour une ancre plate Danforth comme sur la Figure 4). De plus grands angles, tels que ceux que l’on obtiendrait si l’ensemble de la chaîne se soulevait, entraîneraient l’extraction de l’ancre et donc la perte partielle (ou totale dans le cas d’un système à une ligne caténaire) du système d’ancrage. Il est évident que l’interaction de la chaîne avec le fond marin aura un impact sur les espèces marines à proximité du système d’ancrage. Figure 4 : (à gauche) ancre plate Danforth de 1,1 tonne avant sa mise en place pour la SWMTF 4, (à droite) ancre OMNI-Max de Delmar à chargement vertical (source : Delmar Systems Inc.) Les forces de rappel d’un système à lignes d’ancrage tendues résultent d’une extension axiale plutôt que de changements géométriques du système d’ancrage dans son ensemble. Ce type d’ancrage requiert l’utilisation d’ancres capables de résister à d’importantes forces verticales. Les ancres enfouies par traînage ne sont donc pas appropriées. Les types d’ancrage habituellement utilisés pour les systèmes à lignes tendues incluent les corps morts, les ancres à vis, les boulons d’ancrage, les fondations sur pieux ou encore des ancres spécialisées (voir Figure 4). Des ancres particulières peuvent aussi être employées pour les systèmes à lignes caténaires ou à lignes semi-tendues, si l’état du fond marin ne permet pas l’utilisation d’ancres enfouies par traînage. Pour les dispositifs EMR à réponse dynamique maintenus par un système à lignes tendues incluant des éléments non 4 De plus amples informations sur la SWMTF (South West Mooring Test Facility) sont disponibles dans l’article de Johanning (L.) et al. (2010) [16]. 15 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine complaisants (tels que les chaînes ou les câbles), la possibilité que le dispositif subisse d’importantes pointes de charges, potentiellement nuisibles, est à prendre en considération. Une manière de réduire les pointes de charges est d’utiliser des lignes synthétiques dans un système à lignes tendues afin d’y incorporer de la complaisance. Ainsi, le polyester, l’aramide et le HMPE sont des matériaux particulièrement adaptés aux plates-formes flottantes situées en eaux profondes et très profondes [17]. La charge de traction moyenne associée aux câbles textiles tendus entraînera, avec le temps, un allongement par fluage. Un chargement supplémentaire dû aux variations de la hauteur de marée entraînera des variations de charge cycliques qui contribueront au fluage à marée montante, et permettront la relaxation à marée descendante. Dans la mesure où le déplacement d’un dispositif amarré grâce à un système à lignes tendues sera limité par la complaisance de la ligne d’ancrage et par la capacité de rotation des terminaisons, le dispositif se retrouvera submergé par les grosses vagues ou en cas de grandes amplitudes de marée 5. Afin d’éviter les fortes sollicitations de la houle à la surface, plusieurs concepteurs de systèmes houlomoteurs à lignes d’ancrage tendues ont opté pour l’immersion permanente du dispositif (ex. CETO et le New Bristol Cylinder [19]). Pour les dispositifs en surface, des études ont été menées sur la possibilité d’utiliser certaines caractéristiques géométriques afin de limiter les mouvements en mer très agitée (forte tempête) [7]. 3.3 Étude de risques Il est probable que les conséquences de la défaillance d’un système d’ancrage pour dispositif EMR seront moins graves que dans le cas de gros navires ou d’équipements pour l’exploitation pétrolière et gazière (ex. fuites de fluides internes, échouage ou collision avec d’autres dispositifs ou navires), et ce même si la capacité de maintien en position est perdue. Les conséquences de la défaillance d’un élément d’ancrage dépendront de l’emplacement du dispositif, de sa proximité avec d’autres équipements ou usagers de la mer et de l’application ou non du principe de redondance dans le système 6. En raison du manque actuel de recommandations spécifiques aux dispositifs EMR, et en particulier aux systèmes houlomoteurs et marémoteurs, il s’avère nécessaire d’appliquer les actuelles recommandations du secteur offshore, afin d’encadrer la certification des dispositifs. Il est probable que les caractéristiques de conception exigées selon les recommandations associées aux imposantes installations en mer, s’avèrent inutilement coûteuses, en particulier dans le cas des dispositifs EMR ne nécessitant pas de personnel in situ pendant 5 Un dispositif EMR avec système d’ancrage conforme sera soumis à des sollicitations de faible fréquence ou de premier ordre, sous l’effet du vent, de la houle et des marées. De plus, les dispositifs amarrés grâce à des lignes tendues pourront être soumis à des excitations haute fréquence générant un phénomène de « ringing ». Les lignes d’ancrage seront susceptibles de subir une sollicitation cyclique résultant de vibrations induites par vortex ou de mouvements induits par vortex [18]. Ce dernier mécanisme est brièvement introduit dans le livrable D3.5.2 Recommandations sur l’utilisation de lignes synthétiques d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine du projet MERiFIC. 6 Des facteurs de sécurité plus élevés sont généralement spécifiés pour les systèmes sans redondance. 16 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine de longues périodes 7. Paredes (G. M.) et al. [20] ont souligné la possible pertinence de l’application aux systèmes d’ancrage de dispositifs EMR des recommandations rédigées pour les fermes piscicoles marines (ex. NS 9415. E:2009). Comme cela a été mentionné à la Section 2.1, les systèmes d’ancrage représentent à l’heure actuelle un pourcentage non négligeable du coût d’investissement associé à un dispositif EMR, en partie en raison de l’utilisation d’approches de conception conventionnelles. Considérant les recettes générées par la vente d’énergie, la marge d’absorption est plus faible que dans le cas d’une plateforme pétrolière ou gazière entièrement opérationnelle. À cela, il est toutefois possible d’opposer le fait que les éléments d’ancrage disponibles sur le marché n’ont pas encore fait leurs preuves au sein du secteur émergent des EMR. Il existe donc des incertitudes et des risques dont il faut tenir compte. À ce jour, il n’existe que peu d’exemples de défaillance catastrophique de systèmes d’ancrage dans le secteur des EMR. Citons, par exemple, le cas du dispositif Oceanlinx 8, en mai 2010 et celui du prototype Wavedragon, en janvier 2004 [21]. Toutefois, ce faible nombre s’explique peutêtre en partie par le nombre, également faible, de dispositifs EMR déployés ou par la courte durée des déploiements. Dans les deux cas cités, la défaillance s’est produite en période de tempête. Tandis que les raisons de la défaillance du système d’ancrage du dispositif Oceanlinx restent indéterminées, il est apparu qu’un capteur de force endommagé sur une ligne d’ancrage du prototype Wavedragon a entraîné l’échouage de ce dernier. Il est évident que la défaillance catastrophique d’un dispositif EMR a des répercussions néfastes non seulement pour le concepteur du dispositif, mais aussi pour l’ensemble du secteur naissant des EMR. Il est donc nécessaire de parvenir à un équilibre entre les spécifications d’un système d’ancrage trop techniquement exigeant, qui ne serait pas commercialement viable pour des déploiements à grande échelle, et celles d’un système qui contournerait les recommandations actuelles 9. Plutôt que d’appliquer strictement les normes, les organismes de certification pourraient se montrer ouverts à l’adaptation de leurs recommandations, à condition qu’il puisse être démontré, grâce à une modélisation numérique et/ou expérimentale, que le système d’ancrage satisfait à certains critères (ex. scénarios opérationnels et extrêmes à toutes les étapes de la durée de vie du dispositif). 3.3.1 Recommandations de certification actuelles Le présent document n’a pas pour but de détailler les recommandations qui existent actuellement pour l’ancrage des installations offshore. Au lieu de cela, cette section 7 Pour les dispositifs EMR, ce ne sera le cas que pendant les phases d’installation, de maintenance et de récupération qui seront programmées lorsque les conditions météorologiques seront favorables (c.-à-d. lorsque la mer sera calme). Le pourcentage de temps de présence sur place sera donc très faible. 8 http://www.abc.net.au/news/2010-05-17/huge-swell-sinks-wave-energy-generator/829282 (consulté en ligne le 03/10/2013). 9 Cela ne saurait être possible que dans certaines zones. Ailleurs, les compagnies d’assurance, les organismes de délivrance des autorisations et les programmes de financement sont susceptibles d’exiger la certification du dispositif par un organisme reconnu. 17 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine propose un résumé de la documentation disponible à ce sujet (Tableau 4). Pour les raisons introduites à la Section 2, les documents cités ne sont pas tous totalement pertinents dans le cas des dispositifs EMR. Il est cependant probable que cette documentation servira de base aux publications à venir telles que celles du groupe TC114 de la Commission Électrotechnique Internationale [22]. La certification d’un système d’ancrage passera par l’identification des limites de performance des éléments et des lignes d’ancrage, lorsque le système amarré est soumis à des sollicitations environnementales, accidentelles ou de fonctionnement. Si l’on prend l’exemple des normes offshore de Det Norske Veritas, trois états limites sont spécifiés par la norme DNV-OS-E301 Position Mooring [18] : • État limite ultime : utilisé pour s’assurer que les éléments constitutifs sont en mesure résister aux sollicitations résultant de conditions environnementales extrêmes. • État limite accidentel : utilisé pour s’assurer que le système d’ancrage est capable de supporter la défaillance d’une ligne d’ancrage, en supposant que le principe de redondance ait été appliqué au système. • État limite de fatigue : utilisé pour s’assurer que chacune des lignes d’ancrage peut supporter une sollicitation cyclique. Le document [18] spécifie deux classes se rapportant aux conséquences de la défaillance du système d’ancrage. La classe 1 correspond aux cas où il est peu probable qu’une défaillance du système d’ancrage entraîne des conséquences inacceptables telles que des pertes humaines, une collision avec une plate-forme adjacente, un déversement incontrôlé de pétrole ou de gaz, un chavirage ou un naufrage. La classe 2 correspond aux cas où une défaillance du système d’ancrage est susceptible d’entraîner des conséquences inacceptables telles que celles susmentionnées. À ce jour, Det Norske Veritas est le seul organisme à avoir publié des recommandations de conception détaillées pour le secteur EMR, sous la forme du texte normatif DNV-OS-J103 : Design of Floating Wind Turbine Structures [8]. 18 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Date de publication Normes et recommandations Det Norske Veritas DNV-OS-E301 : Position Mooring 2010 DNV-OS-E302 : Offshore Mooring Chain 2009 DNV-OS-E303 : Offshore Fibre Ropes 2013 DNV-OS-E304 : Offshore Mooring Steel Wire Ropes 2009 DNV-RP-E301 : Design and Installation of Fluke Anchors 2012 DNV-RP-E302 : Design and Installation of Plate Anchors in Clay 2002 DNV-RP-E303 : Geotechnical Design and Installation of Suction Anchors in Clay 2005 DNV-RP-C205 : Environmental Conditions and Environmental Loads 2010 DNV-OS-J103 : Design of Floating Wind Turbine Structures 2013 DNV-OSS-312 : Certification of Tidal and Wave Energy Converters 2012 Det Norske Veritas et Carbon Trust Guidelines on design and operation of wave energy converters 2005 Bureau Veritas Classification of Mooring Systems for Permanent Offshore Units. NR 493 DT R02 E e 2012 Certification of fibre ropes for deepwater offshore services. 2 édition. NI 432 DTO R01E 2007 Rules for the Classification of Offshore Loading and Offloading Buoys. NR 494 DT R02 E 2006 Organisation internationale de normalisation ISO 19901-7:2013 : Industries du pétrole et du gaz naturel -- Exigences spécifiques relatives aux structures en mer -- Partie 7 : Systèmes de maintien en position des structures en mer flottantes et des unités mobiles en mer 2013 ISO 3730:2012 : Construction navale et structures maritimes -- Treuils d’amarrage 2012 ISO 18692:2007 : Cordages en fibres pour le maintien en position des structures marines -- Polyester 2007 ISO/TS 14909:2012 : Cordages en fibres pour le maintien en position des structures marines -- Polyéthylène à haut module 2012 ISO 1704:2008 : Navires et technologie maritime -- Chaînes d’ancre à mailles étançonnées 2008 Tableau 4a : Actuelles recommandations du secteur offshore susceptibles d’être pertinentes pour l’ancrage des dispositifs EMR 19 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Normes et recommandations Date de publication American Petroleum Institute API RP 2SM : Recommended Practice for Design, Manufacture, Installation, and Maintenance of Synthetic Fiber Ropes for Offshore Mooring (version amendée) 2007 API Spec 2F : Mooring Chain 1997 American Bureau of Standards Guidance Notes on the Application of Fiber Rope for Offshore Mooring 2011 Guidelines for the purchasing and testing of SPM hawsers 2000 Standards Norway NS 9415:2009 : Marine fish farms - Requirements for site survey, risk analyses, design, dimensioning, production, installation and operation 2009 Tableau 4b : Actuelles recommandations du secteur offshore susceptibles d’être pertinentes pour l’ancrage des dispositifs EMR Det Norske Veritas a aussi récemment publié le texte normatif DNV-OSS-312 Certification of Tidal and Wave Energy Converters [9]. Ce texte offre moins de détails concernant les systèmes d’ancrage et renvoie essentiellement le lecteur à la documentation existante, y compris à la norme DNV-OS-E301 Position Mooring, à certains des textes indiqués au Tableau 4, ainsi qu’à certaines normes de certification (ex. : Certification of offshore mooring steel wire ropes, Certification of offshore mooring chains et Standard for certification of offshore mooring fibre rope). Le texte normatif DNV-OSS-312 Certification of Tidal and Wave Energy Converters contient une liste des domaines qui feraient typiquement l’objet d’une analyse documentée dans le cadre de la vérification d’un concept de système d’ancrage (Tableau 5). • Disposition des lignes et de l’ancre • Modèle de treuils et de stoppeurs de chaîne • Type, poids et dimensions segments de ligne les • Tensions des lignes d’ancrage dans les états limites ULS et ALS • Résistance mécanique caractéristique de la ligne • Calculs de fatigue pour les accessoires et les segments des lignes d’ancrage • Spécifications de l’ancre : type, dimensions, poids, matériau • Calculs de résistance mécanique des ancres, des treuils et des chaumards • Disposition des chaumards et des points d’ancrage/précontraintes • Surépaisseur de corrosion. • Position et poids des flotteurs et des lests de tous Tableau 5 : Domaines de conception qu’il serait typiquement nécessaire de documenter pour la certification du modèle, selon le texte normatif DNV-OSS-312 Certification of Tidal and Wave Energy Converters [9] 20 MERiFIC 3.3.2 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Redondance Les deux exemples de défaillance de dispositifs EMR, introduits ici, illustrent l’importance de se pencher sur i) un éventail de conditions environnementales et ii) le principe de redondance appliqué au système d’ancrage. Les exigences en matière de survie des systèmes d’ancrage d’installations offshore ont été renforcées après que des événements de rupture soient survenus entraînant la perte totale de systèmes d’ancrage de platesformes offshore 10. La perte d’éléments essentiels n’est pas toujours prévue dans les divers dispositifs EMR proposés ou testés à ce jour, en particulier dans le cas des systèmes houlomoteurs amarrés grâce à une seule ligne d’ancrage. L’application du principe de redondance à un système d’ancrage (sous forme de lignes d’ancrage supplémentaires) est une pratique courante dans le cas des grandes plates-formes, en prévision d’une défaillance des éléments [23]. La redondance peut également être assurée par l’installation de câbles de sécurité autour des éléments critiques tels que les capteurs de force (voir Figure 5). À défaut d’appliquer le principe de redondance à un système d’ancrage, il est possible d’augmenter le facteur de sécurité du système, en accord avec des recommandations de certification telles que la DNV-OS-E301 Position Mooring pour des systèmes d’ancrage sur un point [18] et la DNV-JS-J103 Design of Floating Wind Turbine Structures, davantage pertinente [8]. Figure 5 : Exemple de câble de sécurité utilisée à un point de raccordement du système d’ancrage de la SWMTF 3.3.3 Distance entre les dispositifs Afin que l’exploitation des dispositifs EMR devienne commercialement viable, il est peu probable que ces derniers soient déployés en tant qu’unité isolée. Au contraire, des 10 Il est possible de citer plusieurs exemples de défaillance catastrophique de systèmes d’ancrage de plates-formes, notamment l’Argyll Transworld 58 (plate-forme de production flottante, 1981), le Fulmar (unité de stockage flottante, 1988), l’Ocean Lexington (plate-forme de forage, 2002) et le Deepwater Nautilus (plate-forme semi-submersible en eau très profonde, 2004). De nombreuses défaillances de lignes sont encore enregistrées, mais les incidents graves sont évités par l’application de mesures de redondance. Une défaillance tous les trois ans est un taux de défaillance typique en phase exploitation [23]. 21 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine réseaux ou des fermes de plusieurs dispositifs seront installés avec un partage des infrastructures de transmission de puissance, de prise de mesures, de contrôle et même d’ancrage [14]. Comme dans le cas des fermes d’éoliennes, l’aménagement de l’espace est un élément essentiel à prendre en compte pour la performance des dispositifs EMR, notamment pour ce qui est des effets de sillage de multiples turbines marémotrices proches les unes des autres. Dans le cas des systèmes houlomoteurs, les interactions hydrodynamiques entre dispositifs ont une influence significative sur la quantité d’énergie extraite [24]. Des outils de planification sont donc nécessaires, afin de prévoir avec précision la performance des réseaux [25]. Les distances minimales de séparation proposées pour ces dispositifs 11 auront des incidences sur le niveau de complaisance que pourra avoir le système d’ancrage, afin de réduire les risques de collision entre dispositifs et d’emmêlement des lignes d’ancrage. Figure 6 : Limites indicatives de déplacement horizontal pour un dispositif EMR de type flotteur ; (à gauche) avec un système d’ancrage intact et (à droite) après défaillance d’une ligne d’ancrage. La position réelle du dispositif dans chacun des deux scénarios dépendra 11 Les effets d’interaction ont été étudiés pour de nombreux dispositifs, y compris dans le cas de géométries axisymétriques avec distances de centre à centre supérieures à un diamètre (limite inférieure des distances de séparation). 22 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine des caractéristiques environnementales. de conception du dispositif amarré et des conditions Selon la norme DNV-OS-E301 Position Mooring [18], une distance d’au moins 300 m est à prévoir entre les unités de logement en mer et l’équipement fixe 12. Dans le cas des navires, la distance doit correspondre à au moins deux fois celle du navire en question. Ces exigences sont totalement inadaptées aux dispositifs EMR pour lesquels il est nécessaire d’avoir de faibles distances de séparation, afin de permettre le partage d’infrastructures ou pour mettre à profit les interactions hydrodynamiques. Cette inadéquation est notamment due au fait que les distances minimales spécifiées sont basées sur des profondeurs bien supérieures à celles pertinentes pour les dispositifs EMR. Bien que la réponse d’un dispositif dépende des caractéristiques de conception de ce dernier, il ne serait pas difficile de spécifier une distance minimale de séparation de sécurité plus adaptée au secteur EMR dont les dispositifs ne requièrent que rarement la présence de personnel in situ (voir Section 2.4). Les limites définies pour les dispositifs EMR pourraient être basées sur les déplacements horizontaux ou verticaux maximaux (cavalement ou embardée) a) lorsque le système d’ancrage est intact et b) après rupture d’une ligne d’ancrage (voir Figure 6). Cette approche est proposée dans le texte normatif DNV-OS-J103 Design of Floating Wind Turbine Structures [8], mais les distances n’y sont pas explicitées. 3.4 Considérations d’exploitation L’étude des systèmes d’ancrage à plusieurs lignes est souvent réalisée en supposant que la tension dans chaque ligne est la même lorsque le dispositif est à l’équilibre. Il est possible que ceci ne soit pas le cas en raison : • d’inexactitudes au niveau du positionnement de l’ancre 13 • d’une différence du niveau de précontrainte appliquée à chaque ligne d’ancrage 14 • des caractéristiques du fond marin (variations bathymétriques au sein du site) • d’événements survenant en cours d’exploitation (ex. : délogement de l’ancre 15). 12 Cet écart peut être ramené à 150 m dans le cas d’unités conçues pour des applications couvertes par la classe 1, à condition que le niveau de redondance appliqué soit suffisant pour empêcher les collisions entre unités en cas de rupture d’une ligne d’ancrage. Une distance de 50 m est autorisée pour les systèmes d’ancrage conçus pour des applications couvertes par la classe 2. Pour des profondeurs supérieures à 300 m, de plus grandes distances de séparation sont nécessaires. 13 Pour le premier déploiement de la SWMTF, une précision de positionnement d’ancre de +/- 2 m avait été spécifiée, mais seule une précision de +/- 5 m a pu être obtenue. Pour de plus amples informations concernant les pratiques pendant l’exploitation, le lecteur est invité à consulter les livrables D3.6.2 Les meilleures procédures d’installation pour les sites définis et D3.6.3 Besoins de maintenance pour les sites définis, du projet MERiFIC. 14 Dans le cas des lignes synthétiques, de plus amples informations sont données à ce sujet dans le livrable D3.5.2 Recommandations sur l’utilisation de lignes synthétiques d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine, du projet MERiFIC. 23 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Si le chargement n’est pas le même pour toutes les lignes, cela peut entraîner dans cellesci des tensions particulières, considérablement supérieures à celles estimées lors de la phase d’étude du système d’ancrage. Ceci est susceptible d’engendrer une modification des tensions maximales dans les lignes et une réduction de l’endurance des éléments. La défaillance prématurée d’un élément et la perte totale d’une ligne peut entraîner une soudaine augmentation de la charge sur les lignes restantes et d’importants déplacements du dispositif (illustrés à la Section 2.3.3), voire même la perte totale de la capacité de maintien en position, pour les systèmes sans redondance. Il est donc important que, dans le cadre de l’analyse des systèmes d’ancrage, des études de sensibilité sur la position des ancres et des lignes soient réalisées. Une répartition inégale peut être détectée grâce aux mesures de tension d’ancrage (au niveau du chaumard) en eau calme. Il est évident que ceci nécessite l’installation de capteurs étalonnés et dépend de la précision des mesures 16. Il existe d’autres méthodes permettant de vérifier que la tension dans chaque ligne est la même, notamment les tests de déroulement-enroulement et l’évaluation des angles de ligne par des équipes de plongeurs et grâce à un véhicule sous-marin téléopéré (ROV) [23]. 15 Une des ancres de la SWMTF a été délogée au cours d’une tempête en janvier 2011, avant d’être à nouveau enfouie à 7 m de sa position d’ancrage initiale. Ce déplacement a entraîné celui de la bouée (3,5 m vers l’ouest et 1,5 m vers le sud) et un changement du niveau de précontrainte auquel était soumis des trois lignes d’ancrage [26]. 16 Les mesures des capteurs de force tendent à dériver. Il peut donc s’avérer judicieux d’utiliser plus d’un capteur de force à chaque chaumard. 24 MERiFIC 4 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Modélisation d’un dispositif amarré En utilisant des techniques de modélisation numérique des comportements dynamiques et quasi statiques, il est possible d’obtenir une estimation des mouvements du dispositif et des tensions du système d’ancrage pour une certaine plage de conditions environnementales. Une bonne pratique à adopter est de déterminer la précision des réponses dynamiques estimées en comparant les résultats avec les essais physiques réalisés en laboratoire sur modèle réduit ou en mer [27]. La Figure 7 montre un exemple de comparaison entre une analyse numérique de comportement quasi statique et des essais sur un modèle réduit à l’échelle 1/5 de la SWMTF (pour plus de détails, se reporter au document [28]). On observe que la configuration caténaire du système d’ancrage entraîne une relation non-linéaire entre le cavalement et la tension d’ancrage. Une analyse comparative des mesures expérimentales et des simulations numériques sera présentée dans une publication à venir [29]. D’autres recommandations concernant la modélisation des ressources et la modélisation physique peuvent être obtenues dans la littérature, notamment dans les livrables D3.1.6 Guide de bonnes pratiques pour l’évaluation des ressources « vagues » et « courants marins » pour les territoires insulaires et D3.4.2 Valorisation de bonnes pratiques sur site pilote, du projet MERiFIC. Les documents [30, 31] proposent une discussion (illustrée par la Figure 8) sur les techniques de simulation de fonctionnement susceptibles d’être utilisées pour les essais sur les éléments constitutifs des dispositifs EMR. De plus, les essais physiques sur lignes synthétiques sont abordés dans le livrable D3.5.1 Test et représentation graphique de la performance de lignes d’ancrage synthétiques. Pour un tour d’horizon complet des pratiques de modélisation recommandées, le lecteur est également invité à consulter les protocoles d’EquiMar [27]. Figure 7 : (à gauche) modèle réduit de la SWMTF (échelle 1/5) testé dans le bassin d’eau de mer de l’IFREMER (à droite) étude des comportements quasi statiques du modèle réduit du système d’ancrage, réalisée dans le cadre de l’étude WP3.5 du projet MERiFIC [28,29]. Les valeurs mesurées et celles obtenues par simulation sont respectivement représentées par des astérisques et des carrés 25 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Figure 8 : Approche d’essai simplifiée basée sur une simulation de la phase d’exploitation et impliquant la génération d’historiques de chargement normalisés (source : document [30]). Il existe sur le marché de nombreux logiciels pouvant être utilisés afin de réaliser des études de comportements statiques, quasi statiques ou dynamiques de systèmes d’ancrage complets, y compris Orcaflex de chez Orcina 17, Optimoor de la société TTI 18 et Deeplines commercialisé par Principia 19, pour ne citer qu’eux. Bien qu’étant des outils sophistiqués, les logiciels pour systèmes d’ancrage qui existent à l’heure actuelle ne permettent pas de modéliser l’ensemble des caractéristiques propres aux dispositifs EMR telles que les systèmes de prise de puissance. WaveDyn de chez GL-Garrad Hassan 20 est l’un des premiers outils de simulation disponible sur le marché, spécialement conçu pour les réponses dynamiques des systèmes houlomoteurs. En supposant que la conception du dispositif a été formalisée, la procédure de modélisation numérique peut être scindée en plusieurs étapes (Figure 9). Il est à noter que ce diagramme met l’accent sur la modélisation numérique du système amarré tout en tenant compte de la modélisation de l’évaluation des ressources et des essais physiques. Toutefois, cette approche n’est pas immuable et une étude indicative pourrait être menée sans connaissance préalable des caractéristiques du site, en commençant par l’étape 1 (Figure 9). 17 http://www.orcina.com/SoftwareProducts/OrcaFlex/ (consulté en ligne le 05/10/2013). 18 http://www.tensiontech.com/software/optimoor.html (consulté en ligne le 05/10/2013). 19 http://www.principia.fr/expertise-fields-software-products-deeplines-126.html (consulté en ligne le 05/10/2013). 20 http://www.gl-garradhassan.com/en/software/25900.php (consulté en ligne le 05/10/2013). 26 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Figure 9 : Procédure proposée pour la modélisation numérique des systèmes EMR amarrés Début Modélisation numérique Évaluation du site et des ressources Essais physiques Modélisation du système Réaliser un relevé de terrain afin de déterminer la nature et le profil du fond marin Non La bathymétrie du site a-t-elle été déterminée ? Étape 1 : Quantifier les paramètres hydrodynamiques de la géométrie du dispositif en utilisant des méthodes linéaires des éléments de frontière à partir de la théorie des écoulements à potentiel de vitesse appliquée à l’influence des vagues. Oui Dans la mesure du possible, entamer le programme de mesures. À défaut, utiliser des modèles spectraux de vagues adéquats (c.-à-d. provenant du service météorologique) Non Des mesures in situ (ex. ADCP, bouée) sontelles disponibles ? Oui Valider les modèles de simulation historique de vagues et de marée. Envisager la modélisation du vent pour les structures de grande envergure. Données utilisées pour déterminer les périodes de récurrence (c.-à-d. de 1 fois par an à 1 fois tous les 100 ans) Résultats : • Régime des vagues (amplitude significative, période de pointe, directionnalité) • Caractéristiques de la marée (amplitude, profil des vitesses, directionnalité) • Régime de vent (profil des vitesses, directionnalité) • Bathymétrie du site Analyse comparative Résultats (fonction de la fréquence) : • Forces et phases d’excitation des vagues de premier et deuxième ordre • Amortissement par rayonnement • Masse ajoutée • Rapports d’amplitudes des réponses Résultats (fonction de la position) : • Tensions aux chaumards • Raideur d’ancrage • Points de contact entre le système d’ancrage et le fond marin Étape 2a : Modélisation de base du système d’ancrage utilisant des équations simplifiées. Étape 2b : Modélisation de base du domaine fréquentiel du système amarré en utilisant les paramètres hydrodynamiques et la raideur approchante du système d’ancrage Périodes de vagues caractéristiques Paramètres de contact (c.-à-d. interaction entre le fond marin et le système d’ancrage) Résultats (fonction de fréquence) : • Rapports d’amplitudes réponses Les réponses mesurées et obtenues par simulation concordentelles ? Non Oui Résultats : • Tensions d’ancrage • Opérateurs d’amplitude des réponses (houle régulière) • Mouvements du dispositif (houle irrégulière) Étape 4a : Étude des comportements dynamiques en cas d’excitation régulière et irrégulière due à la houle Régime des vagues Caractéristiques sélectionnées sur la base des conditions environnementales prévues et des exigences de certification Caractéristiques la marée Régime de vent de Remarques : L’approche de simulation présentée utilise typiquement des paramètres hydrodynamiques basés une théorie linéaire des écoulements à potentiel de vitesse appliquée à l’influence des vagues et sur des coefficients permettant de tenir compte des sollicitations des courants et du vent. Grâce aux méthodes basées sur cette approche, il est possible de correctement prévoir la dynamique des dispositifs en réseau et des systèmes d’ancrage associés. L’excitation non-linéaire d’un dispositif (ex. due à des vagues de grande amplitude, haute et déferlante, décrites par des théories d’ordre supérieur) implique des sollicitations et des réponses complexes, qu’il est possible de modéliser avec précision grâce à des méthodes de CFD. Ces méthodes nécessitent une importante capacité de calcul et ne représentent donc pas, à l’heure actuelle, une véritable solution pour la modélisation de réseaux de dispositifs. des Résultats : • Tensions d’ancrage • Raideur d’ancrage • Points de contact entre le système d’ancrage et le fond marin • Mouvements d’amortissement Étape 3 : Étude des comportements quasi statiques et dynamiques (amortissement) du système amarré Remarques : Si l’étude des comportements quasi statiques révèle une disparité des tensions dans les lignes d’ancrage, vérifier les paramètres du système d’ancrage (c.-à-d. la géométrie, la masse et la raideur des lignes, ainsi que les paramètres de contact avec le fond marin). Des différences significatives entre les réponses temporelles mesurées et celles obtenues par simulation peuvent être dues à une sous-estimation, dans le modèle numérique, de l’amortissement au niveau du dispositif ou des lignes d’ancrage (effets de frottement visqueux ou de traînée) ou à une spécification erronée de l’inertie. Il est aussi possible que les réponses d’amortissement mesurées au cours des essais expérimentaux impliquent des modes de mouvement couplés complexes. Afin d’identifier la source de la disparité (système d’ancrage ou dispositif EMR), il peut être envisagé d’utiliser en donnée d’entrée les mouvements d’amortissement mesurés pour le dispositif, afin de vérifier les tensions des lignes. la Étape 4b : Étude des comportements dynamiques en cas d’excitation due aux courants de marée et au vent Non Les réponses mesurées et obtenues par simulation concordentelles ? 27 Fin Oui MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Procédure de modélisation proposée Étape 1 : Les méthodes des éléments de frontière sont utilisées afin de résoudre le potentiel des vitesses autour de la géométrie du dispositif en utilisant la théorie des écoulements à potentiel de vitesse pour une plage de fréquences de vagues régulières 21. Les codes commercialisés tels que WAMIT, de WAMIT Inc. 22 et AQUAPLUS, développé par l’Ecole Centrale de Nantes 23, sont très utilisés pour ces calculs. Ces méthodes linéaires sont notamment basées sur une hypothèse fondamentale selon laquelle les déplacements du dispositif sont petits ; elles ne tiennent donc pas compte de la variation des paramètres hydrodynamiques calculés en fonction de la variation de la position du dispositif (tirant d’eau). Étape 2a : Des équations d’ancrage simplifiées (ex. formules pour système à lignes caténaires) ou des méthodes des éléments finis peuvent être utilisées afin de réaliser un premier modèle de système d’ancrage basé sur la profondeur du site et les caractéristiques du dispositif (ex. masse, géométrie et tirant d’eau). Il est possible d’étudier, en fonction de la position du dispositif, les variations au niveau des tensions d’ancrage et des points de contact avec le fond marin. La position du dispositif permet de déduire la raideur du système d’ancrage. Des contrôles de la stabilité du dispositif pourront être réalisés grâce à des équations bien établies que l’on retrouve dans la littérature (ex. [6,32]). Étape 2b : Il est possible d’obtenir une approximation de la réponse du système amarré, quantifiée sous forme de rapports d’amplitude de réponses sans dimension, en utilisant les résultats de l’étape 1 (forces et phases d’excitation des vagues en fonction de la fréquence, amortissement par rayonnement, masse ajoutée) couplés à une approche linéarisée [33]. La raideur d’ancrage (voir Étape 2a) pour un déplacement unitaire peut également être incluse dans l’approximation 24. Le système de prise de puissance peut être inclus en tant qu’unique terme d’amortissement (si applicable, inclure un terme de raideur). Cette approche, bien que très simplifiée, permet de vérifier la réponse en fréquence attendue lorsque le dispositif est soumis à une houle régulière. Des travaux ont été réalisés sur la possibilité d’obtenir une estimation de la réponse d’un dispositif en fonction du temps au sein d’un champ de vagues irrégulières, en supposant la superposition linéaire des réponses à chaque composante de houle régulière [34]. Toutefois, cette approche ne peut être valide que si le dispositif réagit de façon optimale. Étape 3 : Il est possible d’appliquer une approche plus détaillée à la modélisation numérique en utilisant des simulations dans le domaine temporel, qui peuvent être réalisées grâce aux logiciels pour systèmes d’ancrage disponibles sur le marché. Comme 21 Les fréquences de vagues sélectionnées sont basées sur les fréquences de vagues de premier et de deuxième ordre les plus probables à l’emplacement proposé pour le dispositif. 22 http://www.wamit.com/ (consulté en ligne le 05/10/2013). 23 http://www.ec-nantes.fr/version-francaise/recherche/laboratoires/lmf/lmf-ehgo-codes-de-calcul3862.kjsp?RH=Rech5 (consulté en ligne le 05/10/2013). 24 L’utilisation d’une seule valeur de raideur ne permettra pas de représenter la relation non-linéaire raideur-déplacement d’un système à lignes caténaires. 28 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine mentionné précédemment, les particularités des dispositifs EMR sont susceptibles de nécessiter l’utilisation d’un logiciel de modélisation dédié aux EMR ou d’approches que l’on retrouve dans la littérature. Parmi ces dernières, deux approches sont privilégiées et généralement employées. La première, qui utilise les paramètres hydrodynamiques issus de l’analyse BEM (Étape 1) dans des fonctions de réponses impulsionnelles [35], est à la base de nombreux outils disponibles sur le marché 25. La deuxième est basée sur la force de Froude-Krylov, avec utilisation de la formule de Morison afin de tenir compte de la traînée et de l’inertie [6]. Des méthodes hybrides combinant les deux approches précédentes ont également été proposées afin de tenir compte de la variation temporelle des forces agissant sur le dispositif [36]. Pour un dispositif EMR, il est important de tenir compte du système de prise de puissance, car les forces supplémentaires d’amortissement et de raideur en fonction du temps influenceront indubitablement la réponse du système. À ce stade, la force des vagues n’est pas incluse dans les simulations, car il est essentiel que la simulation du comportement quasi statique et dynamique (amortissement) du système amarré soit en accord avec les mesures en laboratoire 26. Étape 4a : Une fois la réponse d’amortissement dynamique du système amarré validée, des simulations pourront être réalisées en soumettant le modèle à une houle régulière selon des périodes et des amplitudes de vagues représentatives des conditions rencontrées sur le site de déploiement envisagé. Si les tensions d’ancrage et les opérateurs d’amplitude des réponses (RAO) obtenus par simulation sont comparables aux valeurs expérimentales, le modèle pourra alors être soumis à des vagues irrégulières (selon des spectres représentatifs ou une série chronologique mesurée sur le site envisagé). L’objet de l’étude dépendra de l’application, mais il est probable que, pour des dispositifs EMR de type flotteur, on s’intéressera à la réponse du dispositif soumis à la force des vagues (premier ordre) dans les principaux modes de mouvement, ainsi qu’à l’influence des sollicitations de deuxième ordre sur les mouvements de dérive moyenne et lente du dispositif. De façon générale, un manque de concordance entre la simulation de comportement du dispositif amarré et les mesures (en particulier dans le cas des réponses de résonance) peut être dû aux limites de l’approche de modélisation numérique. Il sera possible d’obtenir des prévisions plus détaillées de comportements complexes et de mécanismes hydrodynamiques (effets de houle tels que les déferlements et dynamique d’ancrage) en utilisant des outils de CFD [37, 38]. À l’heure actuelle, ces méthodes requièrent un temps et une puissance de calcul considérables. Étape 4b : Plus de détails peuvent être incorporés au modèle en incluant l’influence des courants de marée et du vent. La sélection des conditions environnementales dépendra du 25 Les logiciels pour système d’ancrage disponibles sur le marché permettent d’ajouter les coefficients de traînée et d’inertie de la formule de Morison et/ou de tenir compte de la raideur ou de l’amortissement grâce à des matrices. 26 Réaliser directement la simulation d’un dispositif EMR soumis à des sollicitations environnementales, sans validation préalable du modèle, risque de donner des résultats trompeurs. Il est donc fortement recommandé de commencer par une simulation de conditions simplifiées (c.-àd. réponses en conditions quasi statiques et réponses d’amortissement), validée dans l’idéal grâce aux données expérimentales. 29 MERiFIC Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine stade d’avancement de la conception du dispositif. Il se peut qu’un concepteur s’intéresse à la réponse d’un modèle de dispositif aux sollicitations environnementales, uniquement dans le but d’affiner la conception d’une unité de prise de puissance ou d’un système de contrôle. Un modèle plus abouti, une fois atteint le stade de la validation de principe ou du prototype, pourra nécessiter d’être certifié, ce qui impliquera une modélisation numérique basée sur une étude des états limites (Section 2.3.1). 30 MERiFIC 5 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Conclusion D’importantes réductions des coûts seront nécessaires avant que les énergies marines renouvelables deviennent une méthode de production d’électricité compétitive, attrayante pour les investisseurs et les fournisseurs d’électricité. Mis à part le déploiement de réseaux de dispositifs, un domaine clé identifié comme ayant un potentiel de réduction des coûts est celui des systèmes d’ancrage. Le défi est donc bien réel de concevoir des systèmes d’ancrage pour dispositifs EMR capables de satisfaire à leur utilité première de maintien en position tout en offrant durabilité et facilité de déploiement à un prix abordable. L’approche actuellement appliquée à la conception de systèmes d’ancrage consiste à utiliser les normes existantes du secteur offshore se rapportant aux grands équipements destinés à l’exploitation en eaux profondes. Les mouvements de ces infrastructures sont caractérisés par de faibles amplitudes au regard de la taille de l’équipement. Ceci contraste nettement avec les mouvements hautement dynamiques associés à des équipements EMR plus petits et plus sensibles, en particulier dans le cas des dispositifs conçus pour fonctionner en résonance ou dans un régime approchant, selon un ou plusieurs modes de mouvement. Les systèmes d’ancrage de ces dispositifs subiront des tensions hautement dynamiques et pourront être soumis à des pointes de charge de courte durée, à des sollicitations cycliques en fatigue ou à d’autres mécanismes de dégradation (résumés dans le livrable D3.5.2 Recommandations sur l’utilisation de lignes synthétiques d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine du projet MERiFIC). Bien qu’il ne soit pas surprenant que les concepteurs de dispositifs aient, jusqu’à présent, opté pour des éléments d’ancrage ayant fait leurs preuves dans le secteur offshore, des données manquent encore concernant la performance et la fiabilité de ces éléments dans le cadre de cette nouvelle application. Il est nécessaire que des protocoles et des recommandations de certification soient spécifiquement élaborés pour les éléments et les systèmes d’ancrage de dispositifs EMR en n’étant pas simplement basés sur les approches de certification existantes. Il sera intéressant d’observer l’évolution de ces recommandations avec le déploiement de plus de dispositifs et l’augmentation du nombre d’heures d’essai en mer, en particulier concernant des sujets tels que l’intégration du principe de redondance et la distance entre les dispositifs. L’analyse numérique et les essais physiques sont deux approches déjà communément utilisées par le secteur offshore, mais les différences d’application pour le secteur EMR impliquent de mettre en pratique ces approches dans le contexte de régimes de charges d’ancrage pertinents. Par exemple, afin d’assurer la précision des prévisions, une étude des comportements dynamiques doit être réalisée qui tienne compte de l’ensemble des particularités des dispositifs EMR (ex. système d’ancrage, géométrie de flottaison et système de prise de puissance) et de leur interaction. De même, des programmes d’essais physiques adaptés aux éléments d’ancrage EMR sont nécessaires. Combiner les essais physiques à une analyse numérique détaillée permettra de réduire les incertitudes de performance et de fiabilité associées aux éléments essentiels. Par suite, cela permettra d’améliorer la précision des analyses de cycle de vie, en vue de l’élaboration de programmes de maintenance et de remplacement efficaces. 31 MERiFIC 6 Modèle de comportement dynamique de systèmes d’ancrage pour des convertisseurs d’énergie marine Références [1] Johanning (L.), Smith (G. H.) et Wolfram (J.), 2007. Measurements of static and dynamic mooring line damping and their importance for floating WEC devices. Ocean Engineering, 2007, p. 1918-1934 [2] Fitzgerald (J.) et Bergdahl (L.), 2008. Including moorings in the assessment of a generic offshore wave energy converter: A frequency domain approach. Marine Structures, p. 23-46 [3] Weller (S. D.), Stallard (T. J.) et Stansby (P. K.), 2013. 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