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S U J E T 01_FRA060326_01C.fm Page 12 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 1 NOUVELLE-CALÉDONIE • MARS 2006 QUESTIONS 6 POINTS « La ville ? C’est… » Documents A – Charles Cros, « Plainte », Le Coffret de santal, 1873. B – Émile Verhaeren, « La Ville », Les Campagnes hallucinées, 1893. C – Félix Leclerc, « La ville ? C’est… », Pieds nus dans l’aube, 1964. D – Claude Nougaro, Bidonville, 1965. m 1. Comparez la forme de ces quatre textes, en tenant compte des dates indiquées. (2 points) m 2. En vous appuyant sur des citations précises, vous direz quelle image de la ville se dégage de chacun de ces textes. (4 points) Après avoir répondu à ces questions, vous devrez traiter au choix un des trois sujets nos 2, 3 ou 4. Document A Plainte Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre, À la clarté du gaz1 je végète et je meurs. Mais vous2 vous y plaisez, et vos regards charmeurs M’attirent à la mort, parisienne fière. 5 10 Je rêve de passer ma vie en quelque coin Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques, En Orient, ou bien près du pôle, très loin, Loin des journaux, de la cohue et des boutiques. Mais vous aimez la foule et les éclats de voix, Le bal de l’Opéra, le gaz et la réclame. Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois, Je me tue à vouloir me civiliser l’âme. © Hatier 2007 12 S U J E T « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET 15 Je vous ennuie à vous le dire si souvent : Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure... Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent, En clair peignoir ruché3, sur un fond de verdure ! 1 La poésie 01_FRA060326_01C.fm Page 13 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 1. Gaz : l’éclairage au gaz était alors une nouveauté, symbole de la modernité urbaine. 2. Le pronom « vous » renvoie à la femme aimée. 3. Ruché : orné d’une bande de dentelle plissée ou froncée. 5 10 15 Du fond des brumes, Avec tous ses étages en voyage Jusques au ciel, vers de plus hauts étages, Comme d’un rêve, elle s’exhume. Là-bas, Ce sont des ponts musclés de fer, Lancés, par bonds, à travers l’air ; Ce sont des blocs et des colonnes Que décorent Sphinx et Gorgones1 : Ce sont des tours sur des faubourgs ; Ce sont des millions de toits Dressant au ciel leurs angles droits ; C’est la ville tentaculaire, Debout, Au bout des plaines et des domaines. Émile Verhaeren, Les Campagnes hallucinées, 1893. Le roman Tous les chemins vont vers la ville. Convaincre… La Ville Sujets d’oral Document B Le théâtre Charles Cros, Le Coffret de santal, 1873. © Hatier 2007 13 S U J E T Les réécritures 1. Sphinx : monstre fabuleux ; lion ailé à tête et buste de femme qui tuait les voyageurs quand ils ne résolvaient pas l’énigme qu’il leur proposait. Gorgone : monstre mythologique à la chevelure de serpent. 01_FRA060326_01C.fm Page 14 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET Document C 5 10 15 20 1 « La ville ? C’est... » La ville ? C’est le peuple rassemblé autour des usines. C’est l’entassement des maisons collées comme un jeu de cartes. C’est la terre qui est cachée sous l’asphalte et qui montre le bout du nez à la hâte dans les parcs et les avenues. Où les arbres ont les bras en écharpe, des estomacs de ciment, des poumons artificiels, c’est là. La ville... des gens qui vont à droite, d’autres à gauche. Ceux qui vont à droite ne connaissent pas ceux qui vont à gauche. Pourtant, ce n’est pas à cause de l’obscurité que les gens ne se connaissent pas, parce que des soleils de toutes les couleurs pleuvent dans les rues, c’est à cause de... je ne sais pas. La ville, c’est la bouche fermée, l’œil aux aguets ; c’est « je te donne ceci pour cela, fais vite et sans rire ». La ville, c’est l’attente, la cloche, la sonnerie, le sifflet qui te dit : « Lève-toi, viens là, puis fais ceci, va dîner ; c’est tout, bonsoir. » Et ça recommence interminablement. La ville, c’est un immense cri que personne n’entend ; c’est un lourd silence roulant des bruits insupportables. La ville, c’est le royaume des grimaces et des masques. [...] La ville, c’est... des milliers de mains tendues qui prient. Des milliers de muscles qui travaillent. Des bribes d’Angélus perdues dans le rire des cabarets. Des millions de mâchoires qui souffrent. C’est un bruit de ferraille, la vapeur pourrie qui sort des caves et sent mauvais. Des yeux avec du sang et des hommes cachés qui ont du génie s’enferment, digèrent les malheurs et font des chefsd’œuvre... C’est la vallée de larmes. Félix Leclerc, Pieds nus dans l’aube, Fides, coll. Alouette Bleue, Montréal, 1964. Document D 5 Bidonville Regarde-la ma ville Elle s’appelle Bidon Bidon, Bidon, Bidonville Vivre là-dedans c’est coton Les filles qui ont la peau douce La vendent pour manger © Hatier 2007 14 S U J E T 25 30 35 40 Claude Nougaro, Bidonville, 1965. © Hatier 2007 15 S U J E T Le théâtre Convaincre… 20 Le roman 15 Sujets d’oral 10 Dans les chambres l’herbe pousse Pour y dormir faut se pousser Les gosses jouent mais le ballon C’est une boîte de sardines, Bidon Donne-moi ta main camarade Toi qui viens d’un pays Où les hommes sont beaux Donne-moi ta main camarade J’ai cinq doigts moi aussi On peut se croire égaux Regarde-la ma ville Elle s’appelle Bidon Bidon, Bidon, Bidonville Me tailler d’ici, à quoi bon Pourquoi veux-tu que je me perde Dans tes cités, à quoi ça sert ! Je verrai toujours de la merde Même dans le bleu de la mer Je dormirai sur des millions Je reverrai toujours Bidon Donne-moi ta main camarade Toi qui viens d’un pays Où les hommes sont beaux Donne-moi ta main camarade J’ai cinq doigts moi aussi On peut se croire égaux Serre-moi la main, camarade, Je te dis au revoir, je te dis à bientôt Bientôt, bientôt, On pourra se parler, camarade Bientôt, bientôt, On pourra s’embrasser, camarade Bientôt, bientôt, Les oiseaux, les jardins, les cascades Bientôt, bientôt, Le soleil dansera, camarade Bientôt, bientôt, Je t’attends, je t’attends, camarade ! 1 Les réécritures « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET La poésie 01_FRA060326_01C.fm Page 15 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 01_FRA060326_01C.fm Page 16 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET 1 LES CLÉS DU SUJET ■ Question 1 Comprendre la question • Le mot « forme » est ambigu. Il peut renvoyer au « genre littéraire » – la poésie –, mais il vous incite à préciser le « sous-genre » auquel chacun appartient (poésie en vers réguliers, irréguliers, en prose, chanson…). • Au fond, il faut aussi analyser comment les auteurs ont « façonné » leur matériau, la langue : disposition sur la page (mise en page, typographie), travail sur les mots (niveau de langue, répétitions, sonorités et rythmes), utilisation ou suppression de la ponctuation. • La fin de la question vous invite aussi à considérer l’évolution des genres poétiques (l’intitulé exact de l’objet d’étude est bien « La poésie : formes et évolution »). Vous devez donc mettre en relation non seulement les textes entre eux, mais aussi les textes et leur contexte. Réussir les questions : voir guide méthodologique. La poésie : voir lexique des notions. Les formes poétiques : voir lexique des notions. La typographie et la mise en page : voir lexique des notions. ■ Question 2 Comprendre la question • Le mot « image » (à peu près synonyme de « portrait ») suggère de chercher sur quelles caractéristiques de la ville – qualités ou défauts –, chacun des auteurs met l’accent, de façon à faire sentir son opinion. • Relevez les caractéristiques de la ville que retiennent les auteurs. • Classez les caractéristiques de la ville communes aux quatre textes. • Puis voyez alors si cela construit : une image positive (il s’agit alors d’un éloge) ; une image négative (il s’agit alors d’un blâme). Relevez alors les mots mélioratifs ou péjoratifs, selon le cas, pour prouver ce que vous avancez. • Essayez, dans la mesure du possible, de trouver des points communs entre les textes. • Cependant, la question implique aussi que vous identifiiez la spécificité de chacun des textes dans la construction de l’image de la ville. Réussir les questions : voir guide méthodologique. Les marques du jugement, l’implication de l’auteur : voir lexique des notions. © Hatier 2007 16 S U J E T © Hatier 2007 17 C O R R I G É Le théâtre Convaincre… m Question 1 • Le renouvellement est une constante de la poésie qui, en perpétuelle évolution, se nourrit du changement. Nouveauté dans les thèmes mais aussi dans la forme. Ainsi la ville, symbole de modernité, a dès le XIXe siècle inspiré les poètes qui ont adapté la forme de leur écriture à l’évolution du monde. • « Plainte », de Charles Cros, est un poème régulier, composé de quatre quatrains d’alexandrins, forme habituelle dans la deuxième moitié du e XIX siècle. Cette régularité et cet équilibre lui permettent d’opposer terme à terme deux styles de vie : la vie à la ville (« parisienne »), « civilis[ée] » avec sa « foule » et ses spectacles, et la vie à la campagne, naturelle, « très loin » des turbulences, au milieu des « bois verts » et des « monts aromatiques ». Cette structure, mise en valeur par l’emploi de « Mais » (v. 3, 9) et par l’opposition entre « je » et « vous », sert le projet apologétique de la campagne. Mais c’est aussi une poésie régulière, sage, que l’on sent bien forcée de se soumettre à des contraintes, comme le poète lui-même à son sort. • Vingt ans plus tard, alors que la modernité s’accélère, Émile Verhaeren décrit « La ville » dans un poème en vers irréguliers, composé de trois strophes elles aussi de longueur inégale : la première ne comporte qu’un vers, la deuxième est un quatrain, la troisième comporte onze vers. Cette forme répond sans doute au désir du poète de mettre en valeur certains vers – notamment le premier –, soit parce qu’ils sont isolés par des blancs qui délimitent les strophes, soit parce qu’ils sont beaucoup plus courts que les autres : « Là-bas » (v. 6), « Debout » (v. 15)… Peut-être est-ce aussi la traduction de sa volonté de reproduire la forme de la ville par une sorte de dessin en « colonne » que composent les vers sur la page. Les vers longs (v. 1 et 16), quant à eux, rendraient compte de l’étendue et des espaces à perte de vue, et élargiraient les perspectives « tentaculaire[s] ». Le système des rimes est lui aussi irrégulier : quelques vers riment, d’autres ne riment avec aucun autre (v. 1, 6, 11, 14, 15, 16), peut-être isolés dans le poème comme on est seul dans la ville ? La forme et la versification irrégulières sont sans doute l’image du désordre qui règne dans la ville. Le lecteur sent que cette fin du XIXe siècle est une ère de modernisme, de prolifération tous azimuts un peu désordonnée, dans la ville comme dans la poésie. • Plus d’un demi-siècle plus tard, Félix Leclerc oublie les contraintes de la versification et opte pour la prose poétique. Son texte suit cependant un Le roman C O R R I G É Sujets d’oral 1 Les réécritures « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET La poésie 01_FRA060326_01C.fm Page 17 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 01_FRA060326_01C.fm Page 18 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET 1 schéma, celui de la « question-réponse », et débouche sur une définition. Il repose sur l’anaphore de l’expression présentative « c’est », suivie d’une cascade d’attributs du sujet, structure caractéristique de la définition, qui feint l’objectivité. Cette forme donne aussi au texte l’allure d’un « patchwork » de détails qui composent, au fil du temps, un tout. Au XXe siècle, la poésie est souvent en prose, mais cette libération n’exclut pas les jeux sur les rythmes et les sonorités (« grimaces / masques » ; « C’est le peuple rassemblé autour des usines » est en fait… un alexandrin ; « des milliers de mains tendues qui prient » et « Des milliers de muscles qui travaillent » sont des décasyllabes, « c’est la vallée des larmes »… un hexasyllabe !). Félix Leclerc est bien un chanteur… • À la même époque, Claude Nougaro, chanteur lui aussi, revient à une forme versifiée, mais originale par sa disposition typographique, avec le décalage à droite d’une strophe-refrain, qui sépare des couplets alignés à gauche ; les répétitions de mots (« Bidon »), les anaphores (« Regardela… », « Donne-moi ta main… », « On pourra… ») donnent au texte l’allure d’une chanson (ce qu’il est en réalité). La récurrence du schéma typographique et le retour du refrain rendent compte de la monotonie de la vie dans le bidonville, qui semble se répéter à l’infini. • Les quatre textes, dans des formes et par des moyens différents, sont poétiques. Cependant, ils ne correspondent pas tous à la même forme de discours : les textes de Verhaeren, de Leclerc prennent la forme d’une description, le poème de Charles Cros celle d’une argumentation, avec une situation d’énonciation spéciale : l’auteur s’adresse à la femme aimée (il utilise des indices personnels de la 2 e personne du pluriel). Dans « Bidonville », Nougaro recourt à une situation d’énonciation identique, mais ici avec un interlocuteur imaginaire, un « camarade », que le poète tutoie : la chanson est en effet le nouveau mode de vulgarisation de l’argumentation. • Ainsi, la forme poétique suit dans son évolution la modernité croissante de la ville, sujet commun à ces quatre textes. m Question 2 • Les quatre textes ont pour sujet la ville ; deux d’entre eux indiquent leur sujet dans leur titre même : « la Ville » de Verhaeren et « Bidonville » de Claude Nougaro. Félix Leclerc lance le mot en interrogation au début de son texte. Tous jettent un regard négatif sur cette réalité qui a envahi le monde moderne. • À des degrés plus ou moins marqués, la ville se définit dans ces textes par contraste avec la nature. Dans « Plainte », Charles Cros l’oppose explicitement et systématiquement à la campagne, riante, sensuellement agréable, © Hatier 2007 18 C O R R I G É © Hatier 2007 19 C O R R I G É Le théâtre Convaincre… Le roman calme. Dans le poème de Verhaeren, elle gagne sur les « plaines » et les « domaines » et fait que les « campagnes » sont « hallucinées ». Pour Félix Leclerc, « la terre » a disparu, les « arbres » ont « des poumons artificiels » ; pour Claude Nougaro, « Les oiseaux, les jardins, les cascades » sont loin. Ces textes font ainsi de la ville un monde où la nature perd ses droits et son identité, au profit des bâtiments froids de « ciment », des « tours » (« La ville », v. 11), des « maisons collées » (Félix Leclerc), des « bidonvilles » (Claude Nougaro)… Elle est symbolisée par la « pierre » (Émile Verhaeren) qui connote la froideur et l’insensibilité, géométrique avec ses « angles droits », comme en témoignent « les ponts », les « blocs » et les « colonnes », les « toits ». Par là, elle est aussi l’émanation de la modernité, de l’artificiel que représentent par exemple le « gaz » (Ch. Cros) et le « fer » (É. Verhaeren). • La ville est un bric-à-brac : tout y est mouvement, désordre – que traduit le rythme haletant des phrases de F. Leclerc. Elle est animée d’une vie grouillante – celle des usines pour F. Leclerc –, inquiétante et d’un bruit assourdissant : « éclats de voix » chez Ch. Cros, « cloche, sonnerie, sifflet » et « bruit de ferraille » chez F. Leclerc. Les activités y sont soit futiles – ce sont les « bals de l’Opéra » (Ch. Cros) –, soit insensées, irréfléchies. Tout y semble mécanique : « Et ça recommence interminablement » (F. Leclerc). • Ainsi, dans la ville, l’être humain perd son identité, son corps et son âme. Tout y est pluriel et indéfini… Elle est (sur)peuplée, mais de gens déshumanisés, des morceaux d’hommes : « mains, muscles, mâchoires » (F. Leclerc) – animés de mouvements mécaniques… C’est en effet le lieu de la promiscuité – « pour y dormir, faut se pousser » (C. Nougaro) –, de l’anonymat au milieu de la « foule », de la « cohue » qui génère l’uniformité, mais aussi l’inégalité (« On peut se croire égaux », dit C. Nougaro), la pauvreté et la misère – financière ou morale. Pour autant, si l’on s’y côtoie, on ne communique pas dans la ville : « les gens ne se connaissent pas » (F. Leclerc) ; la supplique « Donne-moi ta main camarade » semble rester sans réponse dans le texte de C. Nougaro et on ne « s’embrasse » ni ne se « parle ». • Enfin, la ville est génératrice de souffrance et de mort, qui rendent le poète malheureux comme en témoigne sa « Plainte ». Ch. Cros « végète », « meur[t] » (« je me tue ») ou craint de mourir (« je mourrai »). La fin du texte de F. Leclerc donne une impression très négative de douleur suggérée par le « sang », de souffrance physique et affective, que traduisent les mots « malheurs » et « larmes ». Plus familièrement, C. Nougaro affirme : « Vivre làdedans c’est coton ». Dans le poème de Verhaeren, l’homme est totalement absent, comme annihilé par la ville omniprésente. • Si l’on retrouve de nombreux traits communs dans ces textes, le point de vue de chacun est différent et leurs auteurs recourent à des moyens différents pour dresser cette image négative de la ville. Sujets d’oral 1 Les réécritures « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET La poésie 01_FRA060326_01C.fm Page 19 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 01_FRA060326_01C.fm Page 20 Lundi, 30. juillet 2007 1:14 13 « LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET 1 Charles Cros parle ici en « Vrai sauvage » pour qui la ville est à l’opposé de sa conception personnelle du bonheur, fait de verdure et de calme. Son image de la ville se construit par opposition. É. Verhaeren dépasse la réalité et fait de la ville un monstre, une pieuvre « tentaculaire » : les constructions modernes, personnifiées, rappellent curieusement les êtres mystérieux de la mythologie antique et semblent se mouvoir, gagnant aussi bien horizontalement que verticalement, sorte de rêve de science-fiction. F. Leclerc réagit en homme de la campagne effrayé par les usines et le vertige urbain, et décrit la ville plutôt par le rythme haletant, frénétique des phrases et la densité de son texte. C. Nougaro prend le parti des déshérités, pour qui la « cité » (la ville) ne vaut guère mieux que le bidonville. L’égoïsme y règne et c’est par la répétition lancinante et le jeu sur les mots (« bidon, bidonville ») que le poète fait sentir que l’on ne peut échapper à son emprise : le pauvre y reste pauvre, il n’y a pas sa place, pas plus que le bonheur qui reste utopique. © Hatier 2007 20 C O R R I G É