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NOUVELLE-CALÉDONIE • MARS 2006
QUESTIONS
6 POINTS
« La ville ? C’est… »
Documents
A – Charles Cros, « Plainte », Le Coffret de santal, 1873.
B – Émile Verhaeren, « La Ville », Les Campagnes hallucinées, 1893.
C – Félix Leclerc, « La ville ? C’est… », Pieds nus dans l’aube, 1964.
D – Claude Nougaro, Bidonville, 1965.
m 1.
Comparez la forme de ces quatre textes, en tenant
compte des dates indiquées. (2 points)
m 2.
En vous appuyant sur des citations précises, vous direz
quelle image de la ville se dégage de chacun de ces textes.
(4 points)
Après avoir répondu à ces questions, vous devrez traiter au choix un des
trois sujets nos 2, 3 ou 4.
Document A
Plainte
Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre,
À la clarté du gaz1 je végète et je meurs.
Mais vous2 vous y plaisez, et vos regards charmeurs
M’attirent à la mort, parisienne fière.
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Je rêve de passer ma vie en quelque coin
Sous les bois verts ou sur les monts aromatiques,
En Orient, ou bien près du pôle, très loin,
Loin des journaux, de la cohue et des boutiques.
Mais vous aimez la foule et les éclats de voix,
Le bal de l’Opéra, le gaz et la réclame.
Moi, j’oublie, à vous voir, les rochers et les bois,
Je me tue à vouloir me civiliser l’âme.
© Hatier 2007
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« LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET
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Je vous ennuie à vous le dire si souvent :
Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure...
Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent,
En clair peignoir ruché3, sur un fond de verdure !
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La poésie
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1. Gaz : l’éclairage au gaz était alors une nouveauté, symbole de la modernité urbaine.
2. Le pronom « vous » renvoie à la femme aimée.
3. Ruché : orné d’une bande de dentelle plissée ou froncée.
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Du fond des brumes,
Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
Comme d’un rêve, elle s’exhume.
Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
Que décorent Sphinx et Gorgones1 :
Ce sont des tours sur des faubourgs ;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits ;
C’est la ville tentaculaire,
Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
Émile Verhaeren,
Les Campagnes hallucinées, 1893.
Le roman
Tous les chemins vont vers la ville.
Convaincre…
La Ville
Sujets d’oral
Document B
Le théâtre
Charles Cros, Le Coffret de santal, 1873.
© Hatier 2007
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Les réécritures
1. Sphinx : monstre fabuleux ; lion ailé à tête et buste de femme qui tuait les voyageurs
quand ils ne résolvaient pas l’énigme qu’il leur proposait.
Gorgone : monstre mythologique à la chevelure de serpent.
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« LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET
Document C
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« La ville ? C’est... »
La ville ? C’est le peuple rassemblé autour des usines. C’est
l’entassement des maisons collées comme un jeu de cartes. C’est la
terre qui est cachée sous l’asphalte et qui montre le bout du nez à la
hâte dans les parcs et les avenues. Où les arbres ont les bras en
écharpe, des estomacs de ciment, des poumons artificiels, c’est là.
La ville... des gens qui vont à droite, d’autres à gauche. Ceux qui
vont à droite ne connaissent pas ceux qui vont à gauche. Pourtant,
ce n’est pas à cause de l’obscurité que les gens ne se connaissent
pas, parce que des soleils de toutes les couleurs pleuvent dans les
rues, c’est à cause de... je ne sais pas. La ville, c’est la bouche
fermée, l’œil aux aguets ; c’est « je te donne ceci pour cela, fais vite
et sans rire ». La ville, c’est l’attente, la cloche, la sonnerie, le sifflet
qui te dit : « Lève-toi, viens là, puis fais ceci, va dîner ; c’est tout,
bonsoir. » Et ça recommence interminablement. La ville, c’est un
immense cri que personne n’entend ; c’est un lourd silence roulant
des bruits insupportables. La ville, c’est le royaume des grimaces et
des masques. [...]
La ville, c’est... des milliers de mains tendues qui prient. Des
milliers de muscles qui travaillent. Des bribes d’Angélus perdues
dans le rire des cabarets. Des millions de mâchoires qui souffrent.
C’est un bruit de ferraille, la vapeur pourrie qui sort des caves et
sent mauvais. Des yeux avec du sang et des hommes cachés qui ont
du génie s’enferment, digèrent les malheurs et font des chefsd’œuvre... C’est la vallée de larmes.
Félix Leclerc, Pieds nus dans l’aube,
Fides, coll. Alouette Bleue, Montréal, 1964.
Document D
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Bidonville
Regarde-la ma ville
Elle s’appelle Bidon
Bidon, Bidon, Bidonville
Vivre là-dedans c’est coton
Les filles qui ont la peau douce
La vendent pour manger
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Claude Nougaro, Bidonville, 1965.
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Le théâtre
Convaincre…
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Le roman
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Sujets d’oral
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Dans les chambres l’herbe pousse
Pour y dormir faut se pousser
Les gosses jouent mais le ballon
C’est une boîte de sardines, Bidon
Donne-moi ta main camarade
Toi qui viens d’un pays
Où les hommes sont beaux
Donne-moi ta main camarade
J’ai cinq doigts moi aussi
On peut se croire égaux
Regarde-la ma ville
Elle s’appelle Bidon
Bidon, Bidon, Bidonville
Me tailler d’ici, à quoi bon
Pourquoi veux-tu que je me perde
Dans tes cités, à quoi ça sert !
Je verrai toujours de la merde
Même dans le bleu de la mer
Je dormirai sur des millions
Je reverrai toujours Bidon
Donne-moi ta main camarade
Toi qui viens d’un pays
Où les hommes sont beaux
Donne-moi ta main camarade
J’ai cinq doigts moi aussi
On peut se croire égaux
Serre-moi la main, camarade,
Je te dis au revoir, je te dis à bientôt
Bientôt, bientôt,
On pourra se parler, camarade
Bientôt, bientôt,
On pourra s’embrasser, camarade
Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade
Bientôt, bientôt,
Je t’attends, je t’attends, camarade !
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Les réécritures
« LA VILLE ? C’EST… » • QUESTIONS • SUJET
La poésie
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NOUVELLE-CALÉDONIE • MARS 2006
ÉCRITURE D’INVENTION
16 POINTS
En respectant le schéma « question-réponse » et la progression
argumentative du texte de Félix Leclerc, vous écrirez un
plaidoyer pour la ville comme lieu d’épanouissement et de vie.
m
Vous pouvez vous appuyer sur les textes du corpus reproduits pp. 12 à 15.
LES CLÉS DU SUJET
■ Comprendre le sujet
Analysez chacun des mots de la consigne ; cela permet de faire la
« définition » (voir guide méthodologique) du texte à produire et de
cerner les contraintes.
• Sujet / thème du texte : « la ville ».
• Genre du texte à produire : « En respectant… du texte de Félix
Leclerc » : vous devez identifier le genre de ce texte ; les objets d’étude
signalés en début de corpus, la question 1 (p. 12) et la consigne de la
dissertation (p. 28) vous indiquent qu’il s’agit d’un poème en prose, qui
prend la forme d’une définition.
• Type de texte (ou forme de discours) : « progression argumentative »
→ texte argumentatif. Il vous faut donc en dégager la thèse.
• Thèse : « plaidoyer » vous indique la thèse générale suivante : « La ville
est un lieu / un milieu agréable et positif » ou « Il fait bon vivre à la ville ».
• Pistes suggérées : « lieu d’épanouissement et de vie ».
• Structure du texte : « question-réponse » ; analysez la structure du
texte de Félix Leclerc. Vous remarquerez la structure « La ville ? C’est… »,
et l’anaphore de « c’est » qui permet de juxtaposer des traits marquants, des détails significatifs de la vie en ville.
• Le registre ne vous est pas indiqué ; vous avez le choix. Mais le sujet
vous suggère de prendre un ton enthousiaste ; vous pouvez donc opter
pour le lyrisme, par exemple.
• Niveau de langue : courant.
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« LA VILLE ? C’EST… » • INVENTION • SUJET
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■ Définition du texte
La poésie
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Réussir l’écriture d’invention : voir guide méthodologique.
Poème en prose : voir lexique des notions.
Le plaidoyer : voir lexique des notions.
L’éloge : voir lexique des notions.
Le lyrisme : voir lexique des notions.
Le théâtre
Poème en prose (genre) qui décrit (type de texte) la ville (thème),
plaidoyer (type de texte / thèse) qui en montre les avantages (type
de texte : argumentatif), ? (registre), pour vanter les mérites de la
vie en ville (buts).
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Le roman
Sujets d’oral
Les réécritures
• Le fond : les arguments en faveur de la ville : vous les trouverez en
formulant ainsi vos phrases de recherche :
« Il est agréable de vivre en ville, parce que… »
Quelques pistes :
– accès aux études, à la formation ;
– abondance de débouchés professionnels ;
– abondance de structures médicales et hospitalières (santé) ;
– abondance et variété des loisirs – sportifs et culturels (exemples à
chercher : cinémas, concerts, spectacles…) ; accès à la culture ;
– multiplicité et variété des commerces ;
– rupture de la solitude, rapports humains ;
– multiplicité des races et des nationalités ;
– beauté des monuments et des paysages ;
– vie nocturne…
• La forme, l’écriture : vous ne devez pas composer votre texte comme
un essai ou une dissertation (présence de connecteurs logiques, par
exemple). Vous devez « habiller » vos arguments en prose poétique.
Calquez votre écriture sur celle de Félix Leclerc ; c’est une écriture poétique qui recourt à des figures de style.
– Les détails retenus par Félix Leclerc ont souvent valeur de métonymie
(« la bouche fermée » représente l’absence de communication, « l’œil
aux aguets », la peur et l’insécurité… ; voir aussi « des yeux avec du
sang »…). Vous devez vous aussi trouver des métonymies frappantes
qui font comprendre l’idée (c’est-à-dire un avantage ou une qualité particulière de la ville).
Ainsi une main tendue peut symboliser l’entraide.
Convaincre…
■ Chercher des idées
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« LA VILLE ? C’EST… » • INVENTION • SUJET
4
– Félix Leclerc recourt aussi souvent à des images : comparaisons
(« comme un jeu de cartes ») ; métaphores (« la ville, c’est le royaume
des grimaces et des masques »). Ainsi la ville peut être un feu d’artifice
(symbole de variété, de vivacité), une famille géante (symbole de solidarité), un kaléidoscope (symbole de mélange des races), une bibliothèque à ciel ouvert…
– Vous pouvez utiliser du style direct, comme F. Leclerc (faire parler les
citadins).
• Quelques suggestions de lecture pour des aperçus sur la ville,
souvent poétiques :
– Recueil La Ville en poésie, « Folio junior ».
– Apollinaire, « Zone », Alcools, 1913.
– Valéry Larbaud, Les Poésies de A.O. Barnabooth, II, « Europe », IX,
1913.
– Paul Morand, « Septembre 1970 », Venises, 1971.
– André Laude, « Pariscope », La Ville en poésie, « Folio Junior », p. 55.
– Claude Roy, « Ville très grande et très petite… », L’Âme en peine, Un
seul poème, Gallimard, 1954.
Les images : voir lexique des notions.
La métonymie : voir lexique des notions.
C O R R I G É
Ce corrigé suit de très près le texte de Félix Leclerc du point de vue de la
structure et des modalités de phrases, mais tous les aspects négatifs ont été
transformés en détails positifs.
La ville ? C’est une joyeuse bande de copains rassemblés aux terrasses des
cafés. C’est la rue grouillant de voitures comme des fourmis pressées aux
klaxons éveillés. C’est le feu d’artifice coloré des lumières qui illuminent le
ciel et qui font pâlir de jalousie la lune et les étoiles. Où les cinémas et les
théâtres se tordent du rire formidable du public vibrant à l’unisson ou sanglotent des larmes des jeunes filles en pleurs, c’est là. La ville… c’est des
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C O R R I G É