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ÉVÉNEMENTS
Conférences
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PRÉSIDENTIELLE 2012 :
UNE ÉLECTION PAS COMME LES AUTRES
L’Association, à l’initiative du groupe Affaires publiques et avec le
concours du groupe Information et communication, a lancé en janvier dernier un
cycle de conférences dédié à la présidentielle 2012.
Trois premiers rendez-vous ont déjà eu lieu pour décrypter les enjeux de cette échéance électorale.
Ils ont permis de réunir des observateurs privilégiés de la vie politique, des chercheurs de Sciences Po ou des journalistes.
Nous avons choisi de rendre compte de deux d’entre eux, plus particulièrement axés sur les attentes des Français
et les capacités des principaux candidats en lice à y répondre. Par Florence Maignan (PES 81)
> Un contexte de crise, une grande fatigue civique
Le 10 janvier, Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, et Christophe Barbier, directeur de L’Express, ont débattu
autour du thème : « De quel président la France a-t-elle besoin pour demain ? »
À 100 jours de l’élection présidentielle, Pascal Perrineau a fait remarquer qu’aux clivages
traditionnels (gauche/droite, de classe, géographiques) s’ajoutaient en 2012 de nouveaux clivages : l’Europe, la perception de la
mondialisation. « Jamais une élection présidentielle ne se sera déroulée dans un tel
contexte de crise et avec une scène interna-
tionale aussi présente. »
Christophe Barbier a surenchéri en expliquant que l’enthousiasme de l’élection de
2007, – « qui n’était pas une élection de
dupes, où chacun des grands candidats
(Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François
Bayrou) avait, dans son style, été sincère, clivant » –, a fait place au désespoir. « La crise
de 2008 a tout brisé. » Pour lui, « la droite va
aller voter Sarkozy à reculons, et la gauche
votera Hollande sans enthousiasme ».
Qui pourrait susciter
un coup de cœur ?
Christophe Barbier
Pascal Perrineau est d’accord : après l’intermède de 2007, 2012 va renouer avec les
élections sans coup de cœur, inaugurée en
1995. Les Français éprouvent une « grande
fatigue civique ». Selon la Sofres, jamais ils
n’ont eu une perception aussi négative du
spectacle politique (80 %). Alors quid des
attributs de la présidentialité ? Qualités hors
normes – traditionnel dans la Ve République
– ou homme ordinaire ? Les deux perceptions
sont en tension, mais la crise redonne de l’espace à la première figure.
Pascal Perrineau (PES 74)
Verdict de Christophe Barbier
L’électorat, gavé de promesses non tenues,
veut un homme qui ne fasse pas de promesses (ce qui joue plutôt en faveur de François Hollande), mais qui leur donne malgré
tout de l’espoir, et surtout qui soit un capitaine dans la tempête (ce qui joue plutôt en
faveur de Nicolas Sarkozy). La gauche ne doit
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PHOTOS MARC MEYER
Le contexte est-il nouveau ?
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pas céder à l’illusion que Nicolas Sarkozy va
perdre de toute façon.
Hypothèse d’un troisième homme ?
Christophe Barbier ne croit à la présence au
second tour, ni de Marine Le Pen – « est-elle
assez méchante pour que toute la colère
passe par elle ? » – ni de François Bayrou
« qui a manqué en 2007 le rendez-vous du
programme et n’existe pas ». Leur présence
ne serait rendue possible que par l’effondrement de l’un des deux grands candidats, qu’il
juge très peu crédible. Anne-Sophie Beauvais, Pascal Perrineau, Christophe Barbier et Jean-Pascal Picy
> Comprendre l’imaginaire politique des Français
Le 8 mars, Stéphane Rozès (PES 84), politologue, ancien directeur du CSA, président de CAP (Conseil, analyse et
prospective), maître de conférences à Sciences Po, est venu, à l’invitation du groupe Information et communication,
parler du rôle de l’imaginaire dans la présidentielle, sujet qui le passionne, car c’est, dit-il, « la capacité à approcher, à
comprendre l’imaginaire d’un pays qui permet à un candidat de devenir président de la République ».
Quel était l’enjeu de la
présidentielle en 2007 ?
En 2007, les Français, après avoir dit non à
l’Europe, devaient trouver une nouvelle
vision politique, et son incarnation. DSK était
le plus compétent, mais c’est Ségolène Royal
que le PS a choisi. Car comme Nicolas Sarkozy, elle montrait qu’elle était prête « à y
aller ». Celui qui gagne la présidentielle
n’est pas celui qui capte le marché horizontal droite-gauche, mais celui qui va aux fondamentaux du pays et sait les résoudre.
« Sarkozy a su au premier tour s’incarner
dans le temporel et s’adresser à chacun des
Français inquiets, puis au second tour passer
au spirituel en devenant Jaurès, Blum, et De
Gaulle. » Problème : le soir, il est allé au Fouquet’s, puis un peu plus tard sur le yacht de
Bolloré. Il a été naïf de croire qu’on peut s’inscrire dans l’imaginaire, puis s’en affranchir.
« On peut rompre avec le temporel, mais pas
avec le spirituel. »
deux questions existentielles : la Banque et
la Finance dicteront-elles leur loi à l’Europe
et aux États ? Et qu’allons-nous faire avec
cette perspective ? Les candidats doivent
répondre à la question que se posent les
Français : « Pour survivre, ou ne pas périr,
existe-t-il une alternative à renoncer à ce que
nous sommes ? »
François Hollande, dont « l’émergence a suscité au PS une sidération douce », a été
repéré par les Français pour « sa capacité
potentielle à se laisser incarner par le pays et
son mélange de réalisme et de sérénité sus-
Quel est l’enjeu de 2012 ?
Dans l’imaginaire des Français, la crise de la
dette souveraine touche au politique comme
construction verticale de la France et pose
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Stéphane Rozès (PES 84)
ceptible de fournir une alternative au Bonaparte inquiet et impétueux qu’est Nicolas
Sarkozy ».
Quant à Nicolas Sarkozy, on ne nie ni son courage, ni son travail, ni sa volonté de faire les
réformes, mais on lui reproche ses refontes
tous azimuts et parfois son double discours
de « capitaine dans la tempête » et de démagogue « qui en appelle au peuple contre les
élites ».
Nicolas Sarkozy, qui vit une tension psychologique permanente entre son tropisme américain (goût de la réussite, détestation des
grandes écoles) et son intelligence des situations, a fini par donner, dans l’émission « Des
paroles et des actes » du 5 mars, son interprétation psychologique de la désacralisation
de la fonction présidentielle qu’il a opérée au
début de son quinquennat. Il a rembrayé
avec les Français et s’est remis en selle, mais
a-t-il encore les rênes et le cheval avance-til ? Va-t-on lui pardonner le Fouquet’s ?
François Hollande dit : « Ayez confiance en
nous, on va s’y mettre tous ensemble. » Sarkozy dit : « Je fais le boulot, même si vous ne
m’aimez pas. » Ils vont se battre dans un
mouchoir de poche. RSG n° 166 - 42/57 - Alumni:Mise en page 1
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ALAIN JUPPÉ :
LA PLACE DE LA FRANCE
DANS LE MONDE
C’est devant un amphithéâtre Boutmy plein à craquer et qui l’a longuement
applaudi qu’Alain Juppé (SP 68), ministre des Affaires étrangères, est venu parler
le 1er février, à l’invitation du groupe Affaires internationales de l’Association
des Sciences-Po, de « la place de la France dans le monde ». Voici, centré autour
de trois questions, l’essentiel du message qu’il a tenu à délivrer.
Depuis que vous avez conduit la
diplomatie française pour la première
fois, dans les années quatre-vingt-dix, le
monde dans lequel nous vivons est-il le
même, ou est-il nouveau ?
Nous vivons incontestablement dans un
monde nouveau, qui est d’abord global.
Cette globalisation est perçue par certains
comme une menace. Or, elle est, pour des
milliards d’individus, l’occasion d’accéder à
l’éducation et de sortir de la misère, et, pour
les cultures, la possibilité de dialoguer. Mais
à une condition, que sur le plan international, nous parvenions à adopter des lois, des
institutions et des comportements comparables à ceux que nous avons construits
pour civiliser nos sociétés. Nous vivons
ensuite dans monde multipolaire où l’Europe n’est plus le centre du monde. Cela
exige que nous nous dotions des instruments indispensables pour garantir notre
compétitivité. Dans le monde de demain,
l’Europe aura un rôle majeur à jouer, comme
pôle de stabilité, de prospérité et de démocratie. Elle devra aussi contribuer à l’émergence d’une voix mondiale commune. Ce
monde nouveau est enfin un monde instable, imprévisible et dangereux où se développe un nouveau discours opposant les
civilisations. Ce discours, la France n’a cessé
de le combattre, soulignant que la lutte
contre le terrorisme est le combat de tous,
de la raison contre l’obscurantisme, de l’humanité contre la barbarie, de la démocratie contre la terreur.
Dans ce monde nouveau, quel est le rôle
de la diplomatie française ?
La diplomatie française refuse le statu quo,
l’inertie et le renoncement. Elle se déploie
selon quatre axes prioritaires.
La contagion des valeurs. Le mouvement
vers la démocratie est universel et nous
devons continuer à l’accompagner, malgré
les soubresauts qui ne manqueront pas de
surgir. C’est ce que nous faisons en Birmanie, en Europe, en Afrique, aux côtés des
gouvernements des pays arabes qui ont fait
le choix de la démocratie, à travers notamment la création de l’Union pour la Méditerranée. La démocratie ne se fera pas en
un jour. Nous sommes déterminés à faire
preuve de vigilance. Mais au nom de quoi
pourrions-nous refuser à des peuples dont
la voix a été si longtemps étouffée le droit
d’exprimer leur choix ?
Le franchissement d’une nouvelle étape
dans le projet européen. Face à l’urgence de
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nement dans l’Alliance atlantique, et également déterminés à faire progresser l’Europe
de la défense. Ces efforts sont d’autant plus
indispensables qu’en tant que puissance
nucléaire, membre permanent du Conseil
de sécurité des Nations unies, notre pays a
une responsabilité particulière dans le
concert des nations. Nous l’avons assumée
quand nous avons appelé la communauté
internationale à intervenir pour protéger le
peuple libyen d’un massacre annoncé.
Jean-Pierre Lafon (SP 62), président du groupe Affaires internationales, Alain Juppé
et Ghassam Salamé, doyen de l’École des affaires internationales de Sciences Po
la crise de la dette, l’Europe dispose
aujourd’hui d’une occasion sans précédent
pour s’engager dans la voie d’une intégration accrue, en mettant en place un véritable gouvernement économique de la zone
euro, des règles de discipline et de solidarité budgétaires partagées par tous et des
initiatives coordonnées en faveur de la
croissance. Mais la crise de la dette n’est
que le symptôme d’une crise plus profonde,
celle du projet, de la difficile émergence
d’une conscience politique européenne.
L’enjeu est donc également de faire renaître
un désir d’Europe. Nous devons enfin faire
de l’Europe le creuset d’un nouvel humanisme qui allie croissance et solidarité.
La construction d’une nouvelle gouvernance mondiale. Aujourd’hui, le monde se
structure en ensembles régionaux – Union
européenne, Asean (Association of Southeast Asian Nations), Union africaine et ses
structures régionales, Ligue arabe. Notre
objectif est d’appuyer la montée en puissance de ces organisations régionales. De
leur côté, les indispensables organisations
internationales spécialisées consacrées au
commerce, à l’agriculture, à l’éducation ou
aux finances internationales, peinent à produire des résultats. La France travaille à
donner une cohérence et une capacité
> Retrouvez l’intégralité du discours
d’Alain Juppé sur le site de
l’Association : www.sciences-po.asso.fr
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d’impulsion à ce système et à promouvoir
la création d’une organisation mondiale de
l’environnement. Consciente qu’il faut faire
évoluer le système international dans son
ensemble pour qu’il reflète la réalité du
monde d’aujourd’hui, la France s’engage
pour permettre aux pays émergents de s’y
investir davantage. C’est le sens de la création du G20, de notre position ouverte sur
la réforme des droits de vote au Fonds
‘
La lutte contre le
terrorisme est le combat de
tous, de la raison contre
l’obscurantisme, de l’humanité
contre la barbarie, de la
démocratie contre la terreur.
‘
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monétaire international, de l’appui que
nous apportons à l’élargissement du
Conseil de sécurité des Nations unies.
Le maintien de la paix et de la sécurité est
la quatrième priorité de la diplomatie française. La conviction qui nous guide est que
la France doit garder la capacité de défendre ses valeurs et ses intérêts, son territoire
et ses populations. Nous sommes donc très
attachés à la dissuasion nucléaire française
indépendante, à la professionnalisation de
l’armée et à la modernisation de notre outil
de défense. Mais nous savons aussi que la
France n’est pas seule. Nous sommes plei-
La France s’est assignée comme
responsabilité de relever les grands défis
de sécurité auxquels le monde est
confronté. Qu’est-ce qui est en jeu ?
En Iran, c’est notre capacité à résoudre une
crise majeure par la paix, en montrant
qu’une démarche diplomatique est possible, sans transiger sur nos intérêts de sécurité. En Afghanistan et au Sahel, c’est celle
à protéger nos valeurs et notre sécurité,
grâce à une coopération de tous les membres de la communauté internationale. Au
Proche-Orient, nous devons prouver notre
capacité à relancer le processus de paix et
à obtenir des parties la réouverture des
négociations pour éviter que le statu quo
ne dégénère en affrontement. Dans la lutte
contre la piraterie, l’enjeu est de préserver
la liberté des mers en construisant une coopération internationale ambitieuse et des
systèmes efficaces pour que les prévenus
puissent être traduits en justice. Et en
Afrique, c’est notre capacité à aider le continent africain à construire sa propre architecture de défense et de sécurité.
Mais nous devons aussi, en parallèle d’une
défense forte, continuer à mobiliser tous les
instruments nécessaires pour promouvoir
la paix : aide publique au développement,
action en faveur du renforcement de l’État
de droit et de la coopération – économique,
judiciaire et culturelle. Aujourd’hui, le soft
power est au cœur de la compétition entre
les pays. Mais ne nous voilons pas la face,
une France qui rayonne, c’est d’abord une
France forte et prospère, qui innove et
consolide son économie, réduit ses déficits
et améliore sa compétitivité, exporte et crée
des emplois. La France a tous les atouts
pour relever ce défi. RSG n° 166 - 42/57 - Alumni:Mise en page 1
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ÉVÉNEMENTS
Conférences
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LES DÉFIS ET ENJEUX ÉNERGÉTIQUES
AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Le groupe professionnel Énergie a reçu, dans le cadre d’une conférence, un panel de haut niveau
pour échanger sur le marché du pétrole et son financement.
Par Philippe Debry (EF 86) et Jean-Paul Sabbagh (D 04), vice-président et président du groupe Énergie des Sciences-Po alumni,
tous deux maîtres de conférences au mastère Affaires publiques de Sciences Po, filière Énergie.
A
utour de Nadine Bret-Rouzaut, directrice du Centre économie et gestion
de l’IFP School, de Jacques-Olivier Thomann, en tant que fondateur du GTSA
(Geneva Trading and Shipping Association),
également Head of Structured Finance chez
BNP Paribas Suisse, et de Tim Worledge,
Platts European Middle Distillate Team Leader, chaque intervenant a présenté à tour
de rôle les enjeux actuels de ce marché.
Durant cette conférence, ces experts ont
exposé les défis et enjeux énergétiques
d’aujourd’hui et de demain, plus précisément pétroliers, et ceci d’un point de vue
exploration et production, trading physique
et papier.
Se fondant sur les dernières conclusions
contenues dans le rapport annuel de
l’Agence internationale de l’énergie (AIE),
Nadine Bret-Rouzaut a mis en exergue, tout
en les illustrant, les grandes tendances de
ce marché.
Il a été souligné l’importance primordiale,
Tim Worledge et Jacques-Olivier Thomann
face à la baisse des gisements classiques et
à l’augmentation irréversible et continue de
la demande mondiale de besoins en ressources énergétiques, de développer très
activement la recherche de nouveaux gisements, d’en améliorer le rendement (avec
des coûts d’extraction de plus en plus
lourds) mais également d’investir massivement dans des gisements dits « non
conventionnels », à savoir sables bitumeux
et gaz de schiste (shale oil). Dans ces derniers domaines, les États-Unis et le Canada
ont pris plusieurs longueurs d’avance.
L’agence d’information Platts, quant à elle,
a expliqué la formation du prix du pétrole
sur les marchés (comptant, à court terme et
future). Son rôle dans la fixation de ce prix
auprès des différents opérateurs économiques est déterminant. Fort de cette position privilégiée, Tim Worledge a retracé
l’évolution des prix du pétrole ces dernières
années ainsi que les tendances lourdes
pour les années à venir.
Enfin, Jacques-Olivier Thomann a d’abord
livré son analyse des acteurs et des challenges du secteur des matières premières.
La dimension logistique est capitale et, face
aux immenses besoins de financement, le
rôle du négociant, à tous les stades, est
incontournable pour assurer l’équilibre
entre l’offre et la demande. Si les commodities ne transitent pas par Genève, la cité
de Calvin abrite 40 % des volumes échangés et 500 sociétés actives dans le négoce,
qui emploient 8 000 personnes. Avec plus
d’un tiers du commerce international
chaque année, la ville s’est hissée à la première place mondiale dans l’achat et la
vente des commodities. Et dans le pétrole,
avec 700 millions de tonnes vendues par
an, elle devance Londres et Singapour.
Jacques-Olivier Thomann a ensuite décrypté
pour les participants les spécificités des différentes techniques de financement des
matières premières proposées par les
banques tout au long de la chaîne de valeur,
de la production à la distribution en passant
par le stockage et le transport. La gamme
est large : financements transactionnels
(45 jours), financements adossés à des flux
de marchandises, à des stocks ou des
réserves (reserved-based lending), ou encore
financements d’équipements, d’acquisitions, de bateaux (dont la durée peut atteindre dix ans). Dans le contexte des nouvelles
contraintes réglementaires Bâle III, les
banques européennes traditionnellement
actives dans le domaine – l’approche transactionnelle est d’ailleurs une spécificité
genevoise – sont confrontées à la problématique du funding USD. RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012
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Conférences
LES POUVOIRS PUBLICS
ET L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
Grand succès pour la première manifestation organisée par le groupe Économie sociale et solidaire (ESS).
Devant une centaine d’alumni, Hugues Sibille, Frédéric Tiberghien et Marie Trellu-Kane ont porté des regards croisés sur
l’influence réciproque des politiques publiques et des évolutions sociales.
Par Christine Damiguet (PES 74), présidente
du groupe Économie sociale et solidaire.
F
igure incontournable de l’ESS, où il
mène sa carrière depuis trente ans,
Hugues Sibille1 (PES 75), président d’honneur
du groupe ESS, a déploré que l’engagement
des politiques ne soit pas à la hauteur de l’intérêt du public pour cette économie différente qui démontre son fort potentiel face à
la remise en question ou la fragilité des structures et modèles de l’économie classique.
Certes, il faut mentionner un nouvel intérêt
de Michel Barnier sur le plan européen et de
nombreuses initiatives sur le plan régional.
Cependant, sur le plan national, depuis le
départ de Michel Rocard, peu de politiques
publiques ont été volontaristes.
Pourtant des lieux de concertations sont
nombreux, peut-être trop : le Conseil supérieur de la vie associative, le Conseil supérieur de la mutualité et, relancé il y a deux
ans par la ministre des Solidarités et de la
Cohésion sociale, Roselyne Bachelot-Narquin, sur la base du rapport Vercamer, le
Conseil supérieur de l’économie sociale et
solidaire. Le CSESS a travaillé sur un projet
de loi cadre destiné à définir et reconnaître
l’ESS. Il a également traité de la question
fondamentale du label et d’un projet de
référentiel retenant comme critères principaux : une finalité sociale, une gouvernance
démocratique, une lucrativité limitée, une
rémunération encadrée des dirigeants et un
ancrage territorial. Mais les ministères éco-
nomiques ont été peu présents. Au final,
peu de mesures ont débouché sur le plan
opérationnel et interministériel.
Abordant ensuite le problème du financement de l’ESS, Fréderic Tiberghien2 (SP 72),
conseiller d’État, a souligné que l’ESS a, pour
la première fois, bénéficié d’un financement
dédié à la suite des travaux de la commission chargée de réfléchir au « grand emprunt national », présidée par Alain Juppé
et Michel Rocard. Si les montants sont
modestes, le programme d’investissements
d’avenir (PIA) constitue un indéniable progrès puisqu’il permet d’améliorer l’accès aux
financements des diverses familles de l’ESS
jusqu’à fin 2014. En effet, 100 M€ seront
prêtés pour lever les freins financiers à leur
développement. L’objectif est de soutenir
plus de 2 000 entreprises et de créer ou de
consolider 60 000 emplois avec des finalités conformes au rapport Vercamer : soutenir des projets innovants ou structurants
pour un secteur et non pas des entreprises
2
1
Vice-président du Conseil supérieur de l’économie
sociale et solidaire, ancien délégué interministériel,
actuellement vice-président du Crédit coopératif et
président de l’Avise (Agence de valorisation des
initiatives socio-économiques).
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Ancien rapporteur général de la section du rapport
et des études du Conseil d’État, ancien délégué
interministériel à l’innovation, à l’expérimentation
sociale et à l'économie sociale, président du Comité
stratégique du programme d’investissements
d’avenir.
en difficulté – les principes de l’ESS n’excluant pas la recherche du retour sur investissement !
Les dossiers sont sélectionnés par les cofinanceurs, qui coïnvestissent aux côtés de
l’État. À ce stade, 5 M€ ont déjà été engagés
au profit de l’IDES3 et 15 M€ des entreprises.
Il est envisagé aussi de lancer des projets
sectoriels, comportant si possible un engagement des collectivités territoriales.
Marie Trellu-Kane4 (Essec 94), cofondatrice et
présidente d'Unis-Cité, a ensuite fait part de
son expérience de lobbying auprès des pouvoirs publics, démontrant ainsi, que, à partir
d’une initiative de la société civile, peut se
construire une politique publique. En effet,
créé à l’initiative d’un petit groupe de jeunes
souhaitant promouvoir l’initiative citoyenne
et la mixité sociale, ce projet a abouti à
l’émergence d’un service civil en France. La
crise des banlieues et l’engagement des
collectivités locales ont donné un nouvel
élan à cette expérience enrichissante et probante. L’invention d’un nouveau modèle
social dans lequel le citoyen a une place
prépondérante est désormais reconnue et
soutenue par les collectivités locales. Reste
à convaincre les responsables nationaux de
sa pertinence ! > Pour rejoindre le groupe ESS et
connaître leurs prochains événements :
[email protected]
3
L’Institut de développement de l’économie sociale
est une société de capital-risque dédiée au
développement des entreprises de l’Économie
sociale et solidaire, telles les Scop, le commerce
associé, les coopératives.
4
Membre du Conseil économique et social,
administratrice de l’Agence du service civique.
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Enquête
Alumni
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C I N Q U I È ME É TU D E D E GRAND ES ÉCOLES AU FÉMININ
LES DIRIGEANTS SE REMETTENT
EN QUESTION, LA MIXITÉ PLÉBISCITÉE
Pour la première fois, les alumni Sciences Po ont fait partie des 150 000 diplômés interrogés cet automne,
aux côtés de ceux d’HEC, de l’Essec, de l’ESCP, de Polytechnique, de Centrale, des Mines, des Ponts, de l’Insead
et de l’ÉNA, pour répondre à la question « quel dirigeant, quelle dirigeante pour demain ? » dans le cadre
d’une enquête lancée par l’association Grandes Écoles au féminin.
Par Pascale Bracq (SP 84), présidente
du groupe Femme & Société, administratrice
de l’Association des Sciences-Po.
Dans les faits, le profil moyen du manager est marqué…
Les résultats de cette cinquième étude
présentés fin janvier, et aujourd’hui
disponibles sur le site de GEF
(www.grandesecolesaufeminin.net) sont
plutôt édifiants.
© Sociovision 2011-2012 / Grandes Écoles au Féminin
L’
Association des Sciences-Po, à
travers son groupe Femme & Société,
a rejoint en 2010 Grandes Écoles au
féminin qui réalise régulièrement des
études visant à évaluer la situation
professionnelle des femmes diplômées et
son évolution.
Cette année, l’enquête « Quel dirigeant,
quelle dirigeante pour demain ? »,
réalisée par Sociovision Cofremca, posait
les questions suivantes :
■ quels sont les grands enjeux auxquels
sont confrontées les entreprises et les
organisations ?
■ quelles évolutions des dirigeants sont
attendues par les diplômés pour faire
face à ces enjeux ?
■ quel est le portrait du dirigeant idéal
pour demain ?
■ quels sont les grands traits communs
aux dirigeants aujourd’hui ?
■ quelles pistes d’actions pourrait-on
recommander ?
Les diplômés expriment une
profonde critique de certains modes
d’exercice du pouvoir tout en
conservant une confiance relative en
leurs dirigeants.
Sur la posture du dirigeant elle-même, les
répondants sont 86 % à estimer que les
dirigeants ont perdu le sens du réel, qu’ils
se cooptent trop entre eux (83 %) voire
qu’ils perpétuent un système toxique
(81 %), mais 71 % estiment que c’est le
comportement de quelques-uns et qu’il ne
faut pas généraliser.
Sur l’exercice du pouvoir, les diplômés font
néanmoins globalement confiance à leurs
dirigeants (à 68 %) tout en doutant de leur
capacité à gérer le long terme et à innover.
Le dirigeant d’aujourd’hui est
exactement le contraire du dirigeant
attendu pour demain.
Face aux deux principaux défis identifiés
pour les organisations, à savoir le pilotage
du changement permanent et la gestion des
contradictions entre les objectifs à atteindre et les moyens disponibles, le dirigeant
d’aujourd’hui apparaît extrêmement décalé.
Il soigne avant tout son réseau, privilégie
les demandes des actionnaires, sait être dur
pour atteindre ses objectifs et néglige totalement l’innovation.
Il apparaît comme le reflet inversé du dirigeant idéal dessiné par les diplômés : un
visionnaire au comportement exemplaire,
qui sait piloter à long terme, motiver ses
collaborateurs et créer les conditions de
cette innovation.
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Que faire pour changer les choses ?
Alors que l’on évoque souvent, pour les
opposer, management masculin et management féminin, cette étude montre que les
hommes et les femmes ont la même lecture
des enjeux et des évolutions nécessaires.
Avant tout, il faut plus de transparence et
d’éthique dans les modalités de nominations des dirigeants. Car, toujours selon les
diplômés, le facteur clé de l’accession au
pouvoir aujourd’hui est l’appartenance à
des réseaux et les relations (à 76 %).
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ÉVÉNEMENTS
Enquête
Mécanisme qui se perpétue par clonage et
empêche la diversification des profils des
dirigeants.
Il bloque en particulier l’arrivée des femmes
au top management alors que 84 % des
répondants estiment que plus de femmes
dirigeantes est un bon moyen de faire évoluer le management et le fonctionnement
des équipes de direction. Lesquelles
femmes sont d’ailleurs tout à fait prêtes à
relever ce défi puisque 74 % d’entre elles
(et même 86 % des plus jeunes) pensent
pouvoir accéder à des responsabilités supérieures ; 40 % envisageant même de changer d’entreprise pour y parvenir (contre
34 % des hommes).
Et comme les hommes sont les premiers à
souhaiter une organisation plus favorable à
la parentalité (66 % en moyenne et 80 %
pour les moins de 35 ans), peut-être tienton là le début d’une belle feuille de route
commune pour une nouvelle répartition
des postes à responsabilités ! Le dirigeant idéal, “reflet inversé” du dirigeant actuel
> À propos du groupe
Femme & Société et de
Grandes Écoles au féminin
Fort de plus de 1 400 membres, le
groupe Femme & Société vise à créer
l’échange et la réflexion autour des
questions liées au fait féminin en
général et à la mixité du management
en particulier.
© Sociovision 2011-2012 / Grandes Écoles au Féminin
Il organise régulièrement des
conférences autour de personnalités
reconnues, des ateliers et des
rencontres d’open networking.
Il s’adresse bien sûr aux femmes et aux
hommes diplômés et futurs diplômés
de Sciences Po mais se veut
également ouvert sur d’autres
initiatives.
Plus de femmes aux postes de top management…
Une très bonne idée pour faire bouger les choses
Diriez-vous que la promotion des femmes à des postes de direction est :
Ainsi, le groupe représente-t-il
l’Association à Grandes Écoles au
féminin, Fédération d’associations de
dix grandes écoles qui regroupe outre
les alumni de Sciences Po Paris, ceux
de Centrale Paris, de l’ÉNA, des Ponts
ParisTech, des Mines ParisTech, de
Polytechnique, de l’ESCP Europe, de
l’Essec, d’HEC et de l’Insead.
© Sociovision 2011-2012 / Grandes Écoles au Féminin
Pour être régulièrement informé des
événements organisés par le groupe
Femme & Société et de ceux
de GEF, il vous suffit d’ajouter le
groupe Femme & Société à votre profil
d’adhérent.
Pour plus d’informations :
[email protected]
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ÉVÉNEMENTS
Alumni
Réseau 27
RENCONTRE AVEC
ALEXANDRE JARDIN
Les conférences Réseau 27 ont repris cette année dans un nouveau lieu de réception
à Paris, le 8 Valois. Une fois par mois, un ancien élève qui s’est distingué dans son parcours
professionnel – qu’il soit dirigeant d’entreprise, responsable politique, artiste ou encore haut fonctionnaire – vient à la
rencontre de ses camarades pour une soirée d’échanges et de dialogues sans langue de bois.
L’écrivain Alexandre Jardin (EF 86) a été le troisième invité de cette saison 2011-2012.
S
on dernier livre, Des gens très bien,
est paru en 2011. Il y fustige le passé
collaborateur de son grand-père, directeur
de cabinet de Pierre Laval. C’est sur cet
ouvrage que les alumni ont voulu l’interroger ce soir-là. Un moment fort, de grande
sincérité, dont nous vous proposons
quelques extraits.
« Je ne me reconnais pas dans l’expression
“règlement de compte”. J’ai écrit ce livre
pour que mes enfants ne se construisent
pas dans le déni. »
« Le cadre historique de mon livre s’est
construit par petits bouts, souvent de
manière très violente, par des récits totalement inassimilables à ce moment-là. Il faut
un temps d’adaptation pour que la focale
se règle et que l’image devienne nette. »
« On interroge difficilement sa filiation,
car on ne sait pas comment se protéger
de cette émotion. »
« J’ai touché à l’insoutenable pour des centaines de milliers de Français. Comment se
met en place la cécité dans une société ?
Dans ma famille, le sentiment de culpabi-
lité n’existait pas, car elle sortait de la
guerre avec une représentation du bien qui
reposait sur une valeur cardinale : la souveraineté nationale. La capacité des
hommes à déplacer la boussole morale est
impressionnante. »
« Une des fonctions de la littérature est
politique, les livres servent à envoyer des
signaux à travers des récits. »
« Les choses les plus horribles se produisent souvent dans l’histoire au moment où
Il y a une collusion entre un peuple et une
classe politique pour ne pas voir l’évidence. Un exemple récent est l’explosion
de la dette : elle semble émerger soudainement, alors même qu’elle était sous nos
yeux depuis longtemps. Nous avons tous
collectivement évité de la voir. Cela ne fait
pas pour autant de nous des irresponsables ou des monstres. Notre espèce a une
capacité impressionnante pour la cécité.
Cela crée une normalité dans la folie. »
« À Sciences Po, je n’étais pas à ma place,
je ne pensais qu’à la littérature. Je passais
tout mon temps libre chez Gallimard. J’ai le
souvenir d’un rendez-vous manqué. » Nous remercions nos partenaires qui nous
accompagnent cette année pour ce cycle de
conférences : Le 8 Valois, nouvelle salle de
réceptions à Paris, et le traiteur Palais-Royal,
deux sociétés dirigées par notre camarade
Emmanuel Cotsoyannis (M 07).
Alexandre Jardin et Noémie Calais,
vice-présidente du BDE.
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Alumni
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DÉBOUCHÉS
Diplômés Sciences Po-HEC
QUE DEVIENNENT LES DIPLÔMÉS
DE LA PREMIÈRE PROMOTION DU DOUBLE
DIPLÔME SCIENCES PO-HEC ?
La première promotion du Master in Corporate and Public Management a été diplômée en juillet 2011.
Sanctionné par la délivrance simultanée du diplôme HEC grande école et du diplôme de Sciences Po, ce programme
dispense une formation aux outils du management privé et public dans une perspective internationale. Les élèves
effectuent leur cursus pour moitié dans chaque école et doivent effectuer un an de stage. Retour d’expériences.
Par Stéphane Wakeford (M 11),
président du cercle Sciences-Po/HEC.
> Sitution professionnelle
U
n peu plus de six mois après la
remise des diplômes à Boutmy, les
parcours sont déjà extrêmement variés.
Alors que la crise se fait encore sentir
pour les jeunes diplômés, la première
promotion du « DD » a très bien réussi
son intégration sur le marché du travail.
Fonction publique ou secteur privé, les
employeurs sont prestigieux.
Ainsi, deux des diplômés ont été admis
au concours de l’ÉNA, l’un a été admis
au concours de directeur d’hôpital et une
dernière au concours de la fonction
publique européenne.
De nombreux diplômés se sont orientés
vers le conseil et travaillent dans de
grands cabinets de conseil en stratégie et
management (BCG, McKinsey,
Schlumberger, Ernst&Young,
PricewaterhouseCoopers, Sia Conseil, Kurt
Salmon, Eurogroup, etc.), voire des
instituts de sondage (Ipsos).
Deuxième secteur d’activité le plus couru,
la finance a été plébiscitée malgré la
crise, que ce soit en banque
d'investissement (Société générale,
Leonardo & Co, Crédit agricole) ou en
transactions services (Mazars,
PricewaterhouseCoopers).
D’autres diplômés ont choisi de s'orienter
vers le marketing au sein de grands
groupes (L’Oréal, Coty), les ressources
humaines (Casino), le social business ou
encore le développement et la
coopération.
Enfin, certains ont choisi de compléter
leur formation par un autre cursus ou de
faire une prep’ÉNA.
Il est également intéressant de noter que
35 % des diplômés ont décroché leur
premier emploi à l’étranger ; parmi ces
derniers, une moitié est en Europe et
l’autre est répartie entre les USA,
l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Asie. > La première promotion de ce double diplôme a créé au sein de l’Association
le cercle des Sciences-Po/HEC. Il a pour but de renforcer les liens entre les diplômés
et les étudiants de ce cursus. Pour le rejoindre, rendez-vous directement sur le site
internet de l’Association : www.sciences-po.asso.fr
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CDI
69 %
CDD + VIE
14 %
Stage
8%
Poursuite d’études
8%
> Palmarès concours (nombre de reçus)
ÉNA
2
Concours de la fonction
publique européenne
1
Direction hospitalière
1
> Secteur d’activité
Privé
73 %
Public
27 %
> Secteur
Conseil
27 %
Finance
23 %
Administration
13 %
Marketing
10 %
Coopération
10 %
Autre
7%
RH
3%
Enseignement
3%
Business development
3%
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EXPÉRIENCE
Droit
Alumni
MILLE SCIENCES-PO AU BARREAU DE PARIS
Sciences Po a créé en 2009 une école de droit qui forme directement, sans passer par la case universitaire,
aux concours de l’ENM et du barreau, ainsi qu’aux fonctions juridiques dans l’entreprise et les organisations
internationales. Son fondateur et directeur, Christophe Jamin, décryptait dans le dernier numéro
de Rue Saint-Guillaume les objectifs de l’école, son cursus et sa façon de fonctionner.
Nous avons demandé à deux avocats expérimentés, Pierre-Olivier Sur (SP 87) et Laurent Martinet (EF 89), tous deux
candidats au bâtonnat et vice-bâtonnat de Paris au mois de novembre prochain, de réagir aux changements apportés
par l’école de droit à la formation des juristes et des avocats, et de revenir sur leurs propres parcours et souvenirs de
Sciences Po.
«
N
ous devions imaginer un cursus complet qui permettrait aux étudiants de
n’étudier le droit qu’à Sciences Po. »
Christophe Jamin est parti de cet
objectif pour créer l’école de droit de
Sciences Po. En tant que professionnels,
mais aussi recruteurs, cette réforme
vous paraissait-elle importante ?
Sciences Po était-il légitime à offrir une
formation globale en matière de droit,
Pierre-Olivier Sur (SP 87)
qui permette d’acquérir à la fois les
fondamentaux mais aussi des spécialités
dans différents domaines ?
Christophe Jamin est avocat, ancien secrétaire de la conférence, et corédacteur du
rapport Darrois qui prévoit en particulier
une grande école nationale pour les avocats
et les magistrats. Mais il est d’abord professeur agrégé de droit, universitaire
reconnu aux États-Unis et auteur de très
nombreux ouvrages sur le contrat. Le tout à
l’intersection du droit et de l’économie. Qui
mieux que lui pour trouver ce point de
convergence nécessaire, entre l’excellence
d’un parcours d’études supérieures réussi
et l’exigence d’une carrière judiciaire dont
le bagage essentiel dépasse le juridique ?
D’où l’idée de créer à Sciences Po un
Columbia du droit.
Nous souscrivons à cette logique d’excellence qui, pour être vertueuse, doit respecter deux conditions : être concurrentielle et
être soutenue par la mise en place de
bourses ou prêts sans cautions. Ainsi en estil de l’école de droit de Sciences Po, de
l’école de droit de la Sorbonne, du collège
de droit et de l’école de droit de Paris-II,
en marge des magistères, bi-masters et
autres formations d’excellence, sur le
modèle des grandes universités anglaises
et américaines.
Dans la même logique, il faut regretter au
contraire la disparition du diplôme univerPropos recueillis par la rédaction
sitaire de l’institut de droit des affaires de
Paris-II, et il faut espérer de nouvelles initiatives innovantes. Car ce qui compte, c’est
de tendre vers l’excellence de la formation
et d’arriver à renverser la tendance francofrançaise qui laissait jusqu’à présent aux
bacheliers sans mention, ni vocation, le
choix de « faire son droit ». Or, faire son
droit doit être un premier choix. Telle est
l’ambition de Christophe Jamin. Nous y
souscrivons pleinement.
Laurent Martinet (EF 89)
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Alumni
Les étudiants de l’école de droit n’ont pas
une perception purement livresque du
droit, ils sont confrontés, très tôt, à sa
réalité concrète, notamment grâce à une
année de césure. Ce passage par le
« learning by doing » vous paraît-il
aujourd’hui indispensable pour former de
bons esprits en matière de droit ?
Le raisonnement juridique suit la logique
du syllogisme. En d’autres termes une décision de justice ou un contrat qui est la loi
des parties, n’est rien d’autre qu’un rapprochement entre le droit et le fait. Mieux
encore puisque dans le fait il y a l’humain.
Ce que vous appelez l’année de césure est
une première approche concrète d’ouverture et d’expérience nécessaires, pour une
école de droit, au-delà du positivisme des
livres.
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EXPÉRIENCE
Droit
près de 1 000) et en particulier à l’intérieur
des cabinets d’affaires. Pourtant aucune
association d’anciens élèves et diplômés
n’a été créée afin de les rassembler. Pour
nous, le « plus » est une approche transverse des problématiques et le souvenir
commun d’avoir été aussi heureux rue
Saint-Guillaume que fiers d’y suivre nos
études supérieures. Y a-t-il à Sciences Po un
effet réseau ? Probablement, mais de façon
moins systématique que dans d’autres
grandes écoles et peut-être finalement de
façon tout aussi efficace !
Vous dirigez vos propres cabinets
d’avocats, auriez-vous un conseil
à donner aux jeunes générations de
Sciences Po qui entrent aujourd’hui
sur le marché du travail et qui veulent
exercer cette profession ?
La dimension internationale, qui est
aussi un point fort de l’école de droit,
est-elle utile aujourd’hui à toute pratique
professionnelle ?
Nous avons tous les deux enseigné pendant
plus de dix ans rue Saint-Guillaume en qualité de maîtres de conférences et pour bien
connaître les élèves de Sciences Po, nous
Nos deux cabinets envoient des stagiaires
en permanence au Brésil, en Inde, en Chine,
en Afrique, au Cambodge (devant la Cour
pénale internationale chargée de juger les
khmers rouges), et naturellement en Angleterre, aux États-Unis ou au Canada. Nous
souhaitons développer cette pratique pour
qu’elle devienne systématique au barreau
de Paris. Cela constituera un élément essentiel de notre programme au bâtonnat et au
vice-bâtonnat. Car il s’agit non seulement
de l’intérêt des jeunes avocats mais aussi
de l’avenir du barreau de Paris pour qu’il
demeure une place forte du droit dans le
monde et pour qu’il continue à exporter son
savoir-faire en droit continental dans un
marché de plus en plus globalisé.
‘
Les Sciences-Po sont-ils bien représentés
dans la profession d’avocats ?
Forment-ils une espèce de communauté,
avec ses codes et ses pratiques ?
En d’autres termes, ont-ils un réel
« plus » par rapport à leurs confrères
issus des facultés de droit ?
Les Sciences-Po avocats constituent une
communauté au barreau de Paris (ils sont
RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012
Les Sciences-Po
avocats constituent une
communauté au barreau de
Paris et en particulier à
l’intérieur des cabinets
d’affaires.
‘
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ne pouvons que les inciter à acquérir une
formation internationale et une expérience
à l’étranger en complément de leur formation juridique. En effet, dans le cadre de la
gestion des dossiers et de la créativité
indispensable à cette gestion ainsi qu’à
l’identification de solutions, rien n’est plus
précieux qu’une expérience à l’étranger et
dans des domaines autres que juridiques,
propices à la mise en place de solutions
créatrices et innovantes. Telle est la vraie
richesse et ouverture d’esprit que nous tentons d’identifier dans le cadre de nos recrutements.
Auriez-vous un souvenir professionnel
particulièrement marquant à partager
avec eux ?
■ Pierre-Olivier Sur. L’un de mes maîtres de
conférences à Sciences Po était Guinéen :
Alpha Condé. Lorsqu’en 1999 il s’est présenté aux élections présidentielles contre
le dictateur Lansana Conté, il a été jeté en
prison. Et je suis allé le défendre à Conakry.
Là-bas j’ai été arrêté pour « troubles à l’ordre public ». Libéré, j’ai fini par être autorisé à plaider devant la Cour de sûreté de
l’État présidée par un sieur Mamadou Sylla.
De nombreuses années plus tard, lorsqu’Alpha Condé est sorti de prison, il s’est à nouveau présenté aux élections. En 2010, il a
enfin été élu président de la République
et il m’a invité à son investiture. Quelle ne
fût pas ma surprise de reconnaître alors le
président de la Cour suprême devant lequel
il prêtait serment : c’était Mamadou Sylla,
celui-là même qui, président de la Cour de
sûreté de l’État, l’avait condamné à cinq ans
de prison après un an de détention provisoire dans des conditions atroces (une cage
à poule sous un soleil de plomb, dans la
cour de la maison d’arrêt, au milieu du quartier dit des avariés) !
■ Laurent Martinet. Il s’agit surtout d’un
souvenir de campagne, lorsque je me suis
présenté au Conseil de l’Ordre. Nous avions
formé un quatuor composé d’Hélène Bornstein, Olivier Guilbaud, Jacques-Antoine
Robert et moi. On nous appelait les quadras
ou le quatuor. Nous chevauchions par tout
temps nos scooters pour nous déplacer
dans tout un ensemble de cabinets fort
variés allant à la rencontre de nos confrères.
Ce fut pour moi un merveilleux moment
d’amitié. J’en garde un souvenir incroyable.
J’ai adoré ces moments. Je ne peux qu’inciter chacun un jour à se présenter au
Conseil, à offrir du temps à ses confrères.
C’est absolument magique ! RSG n° 166 - 42/57 - Alumni:Mise en page 1
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Alumni
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CARNET
Naissances, mariages, disparitions, distinctions
HERMINE DE LABRIFFE QUITTE L’ASSOCIATION
Q
ui ne connaissait pas
Hermine de Labriffe à
l’Association ?
Elle en était la cheville ouvrière
pour l’organisation de réunions,
de voyages, de colloques…
avec les différents clubs et
groupes.
Jolie, toujours bien habillée,
chaleureuse, elle incarnait le
visage de l’Association au
quotidien. Pendant treize ans,
elle a aidé à mettre en place
quelque 150 événements par an.
Faites le calcul...
Comme elle connaissait tout le
monde, elle facilitait grandement
la tâche des présidents.
Ainsi, lorsque toute nouvelle
présidente du club Opéra, j’ai
voulu monter une soirée lyrique à
Glyndebourne, elle m’a aussitôt
NA I SS A NC E S
Timothée Bustarret,
fils de Claire Bustarret (D 01)
et Martin Bustarret, né à Dubaï
le 30 janvier 2012.
dirigée vers Stéphane Rambosson,
qui animait alors le groupe
Grande-Bretagne. Elle prodiguait
avec générosité idées et conseils
pour le lancement de nouveaux
groupes.
J’ai eu la chance de déjeuner
quelquefois avec elle : nous
n’arrêtions pas de rire, en
dénonçant les travers des gens et
de notre époque...
Appartenant à une grande famille
française, je dirais qu’elle avait de
la classe. Efficace, généreuse et
drôle, Hermine laisse derrière elle
beaucoup de gens qui vont
regretter son départ...
Marie-Françoise Golinsky (RI 62)
D ISTINCTION
DISPA RIT ION S
Yves Houdiard (Adm. 34),
le 13 janvier 2012.
Jean-Pierre Leguet (Éco. 58).
Élisabeth Bukspan (SP 72)
Marc Mabit (SP 62),
Camille Bernard (D 46),
le 15 janvier 2012.
a été promue chevalier de la
Légion d’honneur.
le 9 janvier 2012.
Blinkova-Matalon (MBA 05) et
Éric Matalon (DESS Finances 89),
le 2 février 2011.
Claude Cellier (SP 47),
Herbert Maisi (SP 67),
le 19 février 2012.
le 6 février 2012.
Gilbert Simon (SP 68),
Constantin Lougovoy (Éco. 48),
le 28 janvier 2012.
Pierre Rosenfeld, fils de
père de Nicolas Lougovoy (AI 10),
le 19 février 2012.
Jean Pastré (EF 76),
le 7 février 2012.
Félix Matalon, fils de Tatiana
Camille Rosenfeld (née Pouset)
(RH 07), né le 21 février 2012.
Jean-Michel Galabert (SP 51).
Françoise Chenique (Éco. 53)
le 8 janvier 2012.
M A R I AG E
Alexae Fournier (M Éco. 06)
et Charles-Erwan de Fay,
le 27 août 2011..
RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012
Edmond Rohfritsch (Gen. 55).
Guy Marchal (SP 57),
le 22 février 2012.
Dominique Paty (DEA Soc. 77),
le 7 janvier 2012.
Sylvie Ausset (EF 82),
le 20 janvier 2012.