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ALUMNI RÉTRO
Le goût russe
© D.R.
PAR PA SCA L CA UCHY, PROF ESSEUR D’HISTOIR E À SC IEN C ES P O
Sciences Po et la Russie, c’est déjà de l’histoire ancienne. Le successeur de Boutmy, Anatole
Leroy-Beaulieu est un des premiers à tenter, à la manière
de Tocqueville, une analyse générale de la société russe avec
Livre majeur de
son auteur, L’Empire des tsars et les
Russes offre une
description complète de la Russie
d’hier.
son maître ouvrage L’Empire des tsars et les Russes. La Russie
devenue Union soviétique, cours et conférences se multiplient sur ce nouvel
objet politique qui concerne aussi bien la politique étrangère qu’intérieure
française. Élie Halévy y consacre de nombreuses pages dans son Eres des
Tyrannies. Après 1945, c’est Pierre George, géographe et militant communiste, qui assure le cours principal consacré à l’URSS. Entretemps, le fonds en
langue russe de la bibliothèque s’étoffe et devient une des documentations
les plus riches de France en la matière. Plus tard, Hélène Carrère d’Encausse
(SP 52) puis Dominique Colas assurent la recherche universitaire avec des
séminaires doctoraux très suivis. Les élèves qui étudient le russe sont nombreux ; l’écrivain Andreï Makine (Goncourt 1995) est, un moment, maître de
conférences. En 2001, Mikhaïl Gorbatchev vient parler aux étudiants dans
un amphi Boutmy plein à craquer. Le rideau de fer est tombé depuis dix ans.
C’est en 1985, il y a donc trente ans, que « Gorby » lançait la Perestroïka qui
devait changer le monde. l
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ALUMNI RÉTRO
DE LA RUE SAINT-GUILLAUME À LA RUE DE VARENNE
À la conquête de
la présidence du Conseil
PAR PA SCA L CA UCHY ET E M M A NUE L DRE YFUS, HISTOR IEN S
1 Pierre Mendès France,
président du Conseil
(1954-1955).
2 René Pleven, deux
fois président du Conseil
(entre 1950 et 1952).
3 Chute du cabinet
Mendès, après
cinq remaniements,
en février 1955.
© Archives de l’Assemblée nationale
1
4
4 Bulletin de vote
pour le second
référendum
constitutionnel de
1946.
5 Félix Gaillard, le
plus jeune chef de
gouvernement.
5
2 3
Il y a soixante-dix ans, en 1946, naissait la IVe
République dont André Siegfried, professeur à
Sciences Po, écrivait qu’elle était née d’une passion mais guère dans l’enthousiasme. Mal aimée de
notre histoire avec ses 24 ministères, elle fut, pourtant, la
première qui accueillit généreusement les Sciences-Po au
gouvernement. Si quelques figures de la IIIe République ont
suivi ou donné des cours à Sciences Po,
Alexandre Ribot, Joseph
Caillaux et le premier chef du gouvernement issu de la Rue Saint-Guillaume,
Pierre-Étienne Flandin, sous la IVe, le phénomène prend de l’ampleur. Quatre
présidents du Conseil sont sortis de l’École libre : René Pleven, Pierre Mendès France, Maurice Bourgès-Maunoury et enfin le prometteur Félix Gaillard. N’oublions pas ceux qui y enseignèrent comme René Mayer. Ce succès
ne relève pas du hasard, l’économie devient une priorité politique dans la
France de l’après-guerre et, plus que les avocats, les médecins ou les professeurs de la génération politique précédente, les Sciences-Po paraissent posséder les compétences nécessaires. l
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ALUMNI RÉTRO
Rendez-vous
au Rouquet
1
© Photos D.R.
2
3 4
1 Le Rouquet, dans les
années trente.
2 Le carrefour rue des
Saints-Pères/boulevard
Saint-Germain, un hiver
des années trente.
3 La Libération, août 1944.
Madame Barrier sur les
chars américains.
4 Mai 1968 : Le Rouquet fait
sa barricade.
PA R PASCAL CAUCH Y ET E M M A NUE L DRE YFUS, HISTOR IEN S
Sciences Po ne serait pas Sciences Po s’il n’y avait, autour,
des cafés qui lui donnent un peu de l’esprit de Paris. On
y boit, on y mange, on y travaille, et surtout on y pratique l’art de
la conversation. Le plus évident est Le Basile ; on peut pousser jusqu’au Bizuth.
Le plus intemporel, et donc notre préféré, est Le Rouquet, autrefois Le Café des sports.
À l’angle du boulevard Saint-Germain et de la rue des Saints-Pères, il a désaltéré des générations de Sciences-Po, de carabins et de célébrités.Dans son élégant décor des années
cinquante, une fois que vous serez devenu un habitué, la propriétaire, Madame Barrier,
l’air de ne pas y toucher, viendra vous parler de quelques-uns de vos prédécesseurs. Elle
parlera avec discrétion des trop nombreux vivants, mais elle s’étendra volontiers sur ceux
d’avant : Albert Camus, en sortant de chez Gallimard, François Mitterrand, dans un angle
discret avec une jolie femme, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, quand ils étaient
fatigués de se montrer aux Deux Magots. l
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