ECO France - Etudes économiques du Crédit Agricole

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ECO France - Etudes économiques du Crédit Agricole
Direction des Études Économiques
Note trimestrielle
N° 14 — Octobre 2007
Perspectives 2007-2008
CROISSANCE & EPARGNE-CREDIT
FRANCE : CROISSANCE 2008 À RISQUE
L’environnement économique a été marqué cet été par de fortes turbulences sur les marchés financiers, générées
par la crise des crédits subprime américains. L’hypothèse implicite qui sous-tend notre scénario central est le maintien à très court terme d’une forte volatilité et d’un climat incertain ; puis un retour progressif au calme des marchés d’ici la fin de l’année.
L
a croissance de l’économie française a fléchi à 0,3 % t/t au
deuxième trimestre 2007. Par effet d’acquis, la croissance
pour 2007 a été revue à la baisse à 1,9 %. L’incertitude créée
par les turbulences sur les marchés financiers fait peser un risque sur la croissance en 2008.
La croissance française a surpris à la baisse au
deuxième trimestre 2007, à +0,3 % t/t (après +0,5 % au
deuxième trimestre). Cette déception s’explique en grande partie
par le ralentissement de l’investissement. La consommation des
ménages est en revanche restée bien orientée. Par ailleurs, le
commerce extérieur a amputé la croissance de 0,4 point, du fait
du net rebond des importations. Au total, l’acquis de croissance à
la fin du deuxième trimestre s’élève à 1,3 %. Du fait de cet acquis
faible, la croissance moyenne annuelle attendue pour 2007 a été
révisée à la baisse à 1,9 % (-0,4 point), en supposant des rythmes
de progression de l’ordre de 0,6-0,7 % au cours des deux prochains trimestres.
Les perspectives à court terme restent favorables. Malgré un
léger tassement des enquêtes au troisième trimestre, les niveaux
atteints restent compatibles avec une croissance autour du potentiel. Au vu de la stagnation de l’investissement au deuxième
trimestre, on peut s’attendre à un rebond, au moins technique, au
troisième trimestre. De plus, les perspectives à court terme de
l’investissement demeurent favorables, le taux d’utilisation des
capacités de production dans l’industrie se maintenant à un niveau supérieur à sa moyenne de long terme à 84,9 au troisième
trimestre. Quant à la consommation des ménages, les évolutions
des revenus d’activité et de l’inflation incitent à penser que le
pouvoir d’achat devrait continuer à progresser sur des rythmes
soutenus. La dynamique d’emploi s’est en outre révélée meilleure
qu’attendu. Les résultats révisés des créations d’emplois salariés
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France : prévision de croissance
contributions à la croissance t/t, %
Prévisions
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
-0,5
-1,0
01
02
03
04
05
Demande int. hors stocks
06
07
08
solde extérieur
PIB
Source : Insee, Crédit Agricole SA
France : croissance et emploi
a/a, %
5,0
Prévisions a/a, %
3,0
2,5
4,0
2,0
3,0
1,5
2,0
1,0
0,5
1,0
0,0
0,0
-0,5
97
98
99
00
01
02
03
04
05
Emploi total (dr)
06
07
08
PIB
Source : Insee, Crédit Agricole SA
1 - 3 Contexte macroéconomique
Croissance
Focus : Inflation française
4 - 8 Comportements financiers
Crédits aux ménages
Placements des ménages
Financement des entreprises
Tableau : Endettement et Placements
Achevé de rédiger le 5 octobre 2007
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CONTEXTE MACROECONOMIQUE
au deuxième trimestre dans le secteur concurrentiel ont confirmé
la poursuite du redressement du marché du travail (+0,3 % t/t,
après +0,7 % t/t au 1er trimestre). La décrue du chômage se poursuit aussi (8,5 % en données harmonisées en juillet). Au total,
nous restons relativement confiants quant à l’évolution de la demande interne au deuxième semestre.
Les interrogations portent plutôt sur l’année 2008, et peut-être
dans une moindre mesure le dernier trimestre 2007. Le climat de
défiance et l’incertitude créés par la crise financière devraient en
effet continuer à peser sur la confiance des entreprises au moins à
court terme, de sorte que les dépenses d’investissement pourraient en faire les frais dès la fin de cette année.
Si nous avons revu notre prévision de croissance pour 2008 à la
baisse (2,1 % contre 2,5 % lors de la précédente estimation),
nous maintenons en revanche la principale hypothèse sousjacente de notre scénario central précédent (consommation des
ménages soutenue), assortie toutefois d’un biais baissier lié à un
environnement global plus incertain et plus risqué.
La demande intérieure devrait donc rester dynamique en 2008.
La consommation des ménages sera soutenue par une bonne progression des revenus d’activité, en lien avec l’amélioration de la
situation du marché du travail. Les différentes mesures du
« package fiscal » (exonération sur les heures supplémentaires,
déductibilité des intérêts sur les crédits immobiliers, exonération
des droits de succession, bouclier fiscal à 50 %) stimuleront également les revenus. Le revenu disponible nominal devrait ainsi
progresser de 4,2 % en 2008, après 4,1 % en 2007. Le taux d’épargne restera élevé mais pourrait légèrement se réduire, à 15,6 %
en 2008, après 15,9 % en 2007. Nous prévoyons par ailleurs une
poursuite de la modération de l’inflation en 2008 (1,6 % en
moyenne après 1,3 % en 2007), ce qui devrait soutenir aussi le
pouvoir d’achat des ménages. Au total, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut devrait rester assez soutenu, +2,6 % en
2008 (après + 2,8 % en 2007).
Par ailleurs, notre scénario central continue de privilégier l’hypothèse d’un freinage en douceur du marché immobilier qui devrait
se stabiliser courant 2008. Les effets richesses devraient donc
continuer à se réduire progressivement, tout en restant positif.
La poursuite du redressement de l’investissement apparaît en
revanche moins certaine. Dans tous les cas, les rythmes de progression attendus seront plus modérés. Dans un contexte de remontée du prix du risque, les conditions de financement seront
en effet moins favorables. En outre, l’incertitude en découlant
devrait peser sur les plans d’investissement des entreprises. L’activité restant bien orientée, les perspectives de débouchés des entreprises devraient toutefois rester favorables. Par ailleurs, la situation financière des entreprises devrait rester stable en 2008. Après
une légère amélioration en 2007 à 31,1, malgré le dynamisme
des salaires, le taux de marge devrait remonter pour s’établir en
moyenne à 31,3 % en 2008. Les gains de productivité devraient
en effet accélérer et compenseront les hausses des coûts salariaux.
Au bout du compte, les facteurs de soutien de la demande interne devraient rester dans l’ensemble bien orientés. Les prix de
l’énergie seront toutefois à surveiller de très près car ils constituent sans doute le risque le plus important pesant sur la demande
domestique. Si les effets négatifs de la flambée des cours du pé-
France : Taux de marge et investissement
des sociétés non financières Prévisionsa/a, %
%
34
20
15
33
10
32
5
31
0
30
-5
-10
29
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
Taux de marge (EBE/VA)
FBCF en vol (dr)
Source : Insee, Crédit Agricole SA
France : revenus et consommation
a/a, %
Prévisions
6,5
5,5
4,5
3,5
2,5
1,5
0,5
-0,5
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
pouvoir d'achat
consommation des ménages en volume
08
Source : Insee, Crédit Agricole SA
France : inflation des prix à la consommation
a/a, %
2,5
Prévisions
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
98
99
00
01
02
03
04
Inflation sous-jacente
05
06
07
08
hors tabac
Source : Insee, Crédit Agricole SA
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OCTOBRE 2007
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ECO France
CONTEXTE MACROECONOMIQUE
trole sont à court terme en partie absorbés par la force de l’euro,
leur maintien à des niveaux élevés pèsera en effet sur les coûts
des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages.
Enfin, les perspectives d’évolution du commerce extérieur sont
aussi quelque peu compromises. La flambée actuelle de l’euro
devrait affecter la compétitivité prix de nos exportations hors
zone euro. La bonne tenue de l’activité chez nos partenaires
commerciaux européens devrait en revanche permettre à l’ensemble de nos exportations de continuer à progresser. Les importations resteront soutenues, en lien avec le dynamisme de la
consommation des ménages, de sorte que la contribution du
commerce extérieure restera négative.
Au total, notre scénario central reste assez optimiste dans son
ensemble mais l’incertitude est grande. Tout va dépendre du
degré de matérialisation des risques baissiers sur la croissance
évoqués plus haut. Le principal élément confortant nos prévisions à l’horizon 2008 est la solidité de la situation financière
des banques, des entreprises et des ménages qui reste le meilleur rempart à la réalisation d’un scénario beaucoup plus noir.■
Prévisions France
(variation annuelle en %)
2006
2007* 2008*
PIB
2,2
1,9
2,1
Consommation privée
2,3
2,0
2,6
Investissement des entreprises
4,7
4,8
2,7
Investissement des ménages
4,5
1,5
2,4
Revenu disponible brut
4,3
4,1
4,2
Taux d’épargne des ménages
15,4
15,9
15,6
Taux d’épargne financière
5,3
5,9
6,0
Excédent brut d’exploitation
6,1
5,4
5,2
Taux de marge (EBE/VA)
30,8
31,1
31,3
Taux d’autofinancement (RDB/Inv.)
59,8
57,7
60,2
Compte des ménages
Compte des entreprises
*Prévisions Crédit Agricole SA
INFLATION FRANÇAISE SOUS CONTRÔLE, MAIS HAUSSE EN VUE EN 2008
UNE INFLATION PLUS FAIBLE QU’ANTICIPÉ AU PREMIER SEMESTRE 2007
L’inflation des prix à la consommation a nettement décéléré au premier semestre 2007. L’inflation annuelle est ressortie à 1,2 % en juin,
après 1,5 % en décembre 2006. La modération des prix tient essentiellement à la baisse inhabituelle des prix des produits frais au premier trimestre, en particulier des légumes, en raison des conditions climatiques favorables. L’inflation énergétique s’est aussi repliée, les
prix du pétrole et du gaz de ville ayant été plus bas que l’année précédente. Le glissement annuel des prix énergétiques s’établissait
ainsi à -0,3 % en juin 2007 contre +1,7 % en décembre 2006. L’inflation sous-jacente est en revanche restée relativement stable à
1,5 % à la fin du deuxième trimestre.
VERS UN LÉGER REBOND AU SECOND SEMESTRE 2007
Au second semestre, les prix à la consommation ont rebondi et le glissement annuel devrait remonter pour s’établir à 1,8 % en décembre 2007. Cet été, plusieurs postes de l’indice des prix ont déjà enregistré des hausses exceptionnelles. Les prix du tabac et les tarifs d’électricité ont ainsi augmenté respectivement de 5,1 % m/m et 1,1 % en août (effectif en septembre). L’évolution du glissement annuel des prix à la
consommation au quatrième trimestre devrait dépendre essentiellement des variations des prix énergétiques un an auparavant. En effet, notre
prévision est basée sur les hypothèses d’un prix du baril du pétrole à 70 dollars et d’un taux de change de 1,40 dollar pour un euro. Le prix du
pétrole s’établissait en moyenne entre 55 et 60 dollars au quatrième trimestre 2006. Le glissement annuel des prix de l’énergie devrait ainsi
remonter et s’établir à 1,1 % en décembre 2007, après -1,8 % en août.
La hausse des prix alimentaires sur les trois derniers mois de l’année sera soutenue aussi par des effets de base défavorables, la progression des
prix des produits frais ayant été plus faible que ce que suggéraient les normales saisonnières à l’automne 2006. En outre, la forte hausse des
prix de certaines matières premières agricoles (blé, lait) devrait se traduire par un renchérissement des produits alimentaires. Au total, l’inflation annuelle des prix des produits alimentaires devrait terminer l’année à 2,5 % (après +1,2 % en août).
Enfin, l’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires) devrait se maintenir autour de 1,5 % en glissement annuel en décembre 2007 (après +1,5 % en août). Les prix des services resteront en effet stables à 2,6 % en glissement annuel en décembre 2007 (après
+2,5 % en août). L’accélération des coûts salariaux unitaires sera en effet compensée par un repli des prix des services de télécommunication.
L’inflation des prix des produits manufacturés devrait quant à elle rester proche de zéro. Les effets retardés de la hausse des prix à la production dans l’industrie seront compensés par la baisse des prix des biens de consommations importés, en lien avec l’appréciation de l’euro.
L’INFLATION DEVRAIT ACCÉLÉRER EN 2008
L’inflation totale devrait nettement accélérer au premier trimestre 2008 à 2 % en glissement annuel en mars. Elle devrait ensuite décélérer, mais elle restera supérieure à 1,5 % sur l’ensemble de l’année. L’incertitude porte sur les évolutions des composantes volatiles, en
particulier l’alimentation. En effet, les tensions sur les cours de certaines matières premières agricoles continueront à exercer des pressions à la hausse des prix des produits alimentaires. Quant aux prix de l’énergie, en partant d’une hypothèse d’un baril de pétrole à
70 dollars et d’un taux de change de 1,35 dollar pour un euro en moyenne en 2008, ils devraient fortement accélérer en début d’année
du fait des effets de base défavorables, les cours du pétrole ayant fortement baissé en début d’année 2007. Ils devraient ensuite rebaisser
à partir du deuxième trimestre avant de légèrement se redresser en fin d’année.
L’inflation sous-jacente devrait également remonter, mais resterait sous contrôle. La remontée de l’inflation sous-jacente sera imputable
essentiellement aux prix des services qui devraient continuer à croître sur des rythmes soutenus en 2008 (+2,9 % en moyenne après
2,6 % en 2007). Les prix des produits manufacturés continueraient à baisser (-0,2 % après -0,1 % en 2007). Les pressions inflationnistes dues à l’affermissement de l’activité et à l’amélioration du marché du travail sur les coûts et les prix ne devraient pas se matérialiser,
l’intensité de la concurrence internationale limitant le pouvoir de fixation des prix des entreprises.
Au final, l’inflation totale devrait s’établir en moyenne autour de 1,7 % en 2008 (après +1,3 %), alors que le sous-jacent passerait de
1,4 % en 2007 à 1,7 %.
OCTOBRE 2007
3
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CREDITS AUX MENAGES
CRÉDITS AUX MÉNAGES : LÉGÈRE ACCENTUATION DU
FREINAGE DES CRÉDITS HABITAT
Le crédit habitat est en phase de freinage graduel. Ce mouvement pourrait un peu s’accentuer du fait de la crise financière.
Mais le processus de correction en douceur du marché immobilier et donc du crédit habitat ne paraît pas remis en cause.
Les crédits habitat restent élevés, en flux comme en encours,
mais le mouvement de freinage s’accentue depuis plusieurs mois.
La production de crédits habitat (flux de nouveaux crédits) a reculé légèrement sur les derniers mois : en juin 2007, le cumul sur
12 mois atteint 149 milliards, en baisse de 3,4 % par rapport à
décembre 2006. L’encours de crédit habitat décélère, à +13,3 %
sur 12 mois en juillet 2007 contre +15,8 % en octobre 2006.
Ceci reflète le freinage en cours du marché immobilier. Après dix
ans de boom ininterrompu, une correction paraît inéluctable. La
demande se stabilise et devient plus hésitante et sélective et les
banques sont plus vigilantes. En effet, avec des prix devenus très
élevés et des taux de crédit qui remontent, la solvabilité se dégrade et les taux de rendement locatif deviennent peu attractifs.
Les stocks remontent et les prix freinent clairement.
Mais un débouclage violent, à l’américaine, paraît très peu probable. Les banques sont attentives à la qualité de l’emprunteur et
maintiennent un contrôle du risque élevé. Il n’existe pas de segment subprime en France. Les prix, quoique très élevés, ne sont
pas fortement surévalués. La demande est raisonnable et potentiellement forte, soutenue par une série de facteurs structurels. Les
comportements spéculatifs semblent limités. L’offre reste structurellement insuffisante. Les ventes et les prix vont se stabiliser mais
n’ont pas de raison intrinsèque de se corriger sensiblement.
La crise financière va conforter ce processus sans l’aggraver fortement. La distribution de crédits habitat pourrait devenir un peu
plus restrictive mais les banques sont déjà prudentes et sélectives.
Les tensions récentes sur les taux courts devraient s’atténuer et les
taux longs resteraient modérés, 4,40 % en moyenne en 2008. Les
taux de crédits habitat, qui atteignent 4,8 % (TEG) en moyenne
deuxième trimestre 2007, devraient ainsi continuer à remonter,
mais modérément. Rappelons par ailleurs que la récente mesure
de déductibilité des intérêts d’emprunts immobiliers pour les nouveaux acquéreurs contribuera à soutenir la demande.
Au total, la production de nouveaux crédits habitat devrait être
en léger recul et l’encours de crédit habitat freinerait graduellement, vers 12,5 % fin 2007 et 10,5 % fin 2008.
L’encours de crédits de trésorerie ralentit graduellement. Sur les
sept premiers mois de 2007, la progression est ramenée à 3,5 %
sur un an, après une croissance soutenue en 2006 en moyenne
annuelle, 7,5 %.
Ce freinage tient à une consommation moins dynamique fin
2006, début 2007 et à la remontée des taux d’intérêt à court
terme. Le taux 3 mois est passé de 3,10 % mi-2006 à 4,70 % en
septembre 2007. Sur les prochains trimestres, les crédits de trésorerie seront stimulés par une consommation toujours soutenue et
notamment une appétence marquée pour l’équipement ménager
et l’électronique grand public. En sens inverse, le niveau relativement élevé des taux à court terme et la prudence accrue des banques modèreront la progression des encours, qui devrait rester
limitée, dans une fourchette 3-4 % d’ici la fin 2008.■
4
Encours de crédits aux ménages
hausse sur un an en %
Prévisions
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
crédits habitat
credits trésorerie
Source : Banque de France, Crédit Agricole SA
en %
Taux d'endettement des ménages
70
54
50
65
46
60
42
55
38
34
50
30
45
26
94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07
taux d'endettement
taux d'endettement hypothécaire (éch. droite)
Source : INSEE, Banque de France
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PLACEMENTS DES MENAGES
PLACEMENTS DES MÉNAGES : LA CRISE FINANCIÈRE VA
RENFORCER LES PRÉFÉRENCES POUR L’ASSURANCE-VIE ET LES
PLACEMENTS LIQUIDES
Le flux de placements financiers des ménages va rester très élevé
en 2007 et 2008, à respectivement 125 et 129 milliards, après
123 milliards en 2006. Ces montants représentent environ 10 % du
revenu des ménages.
Deux principaux éléments expliquent ces hauts niveaux.
D’abord, le taux d’épargne va remonter à 15,9 % (contre 15,4 % en
2006), du fait des diverses mesures de soutien au revenu (le « paquet
fiscal » notamment) et de la montée des incertitudes économiques et
financières. Ensuite, même si le marché immobilier est en phase de
tassement, il devrait rester relativement soutenu. Ceci, joint aux effets
démographiques, générera des flux importants de ventes de logements anciens par les ménages « seniors ». Or ces ventes ne conduisent pas en général à un rachat de logement et profitent plutôt aux
placements financiers.
En 2006, les placements avaient atteint 123 milliards. Deux postes avaient été clairement privilégiés : les placements liquides
(45 milliards) et l’assurance-vie (89 milliards).
Au-delà des facteurs « structurels » favorisant ces produits
(aversion pour le risque, liée notamment au souvenir du krach
boursier de 2001-2002, fiscalité avantageuse), deux éléments ont
joué en 2006 : la remontée continue des taux courts, le taux
3 mois atteignant 3,7 % fin 2006 contre 2,50 % fin 2005, ce qui
conduit à un aplatissement de la courbe des taux et a favorisé les
placements liquides ; un effondrement des plans d’épargne logement, qui a profité aux contrats assurance-vie.
Au sein des placements liquides, la remontée des taux courts a bénéficié notamment aux dépôts à terme et aux OPCVM monétaires. Et
la décollecte sur les livrets A et assimilés a été enrayée, grâce à la
remontée du taux de rémunération de 2,25 à 2,75 % en août 2006.
Les plans d’épargne logement (PEL) ont connu une forte décollecte
(20 milliards), du fait d’une rémunération peu attractive et surtout
de la fiscalisation des revenus des PEL de plus de 12 ans. Ceci a
conduit de nombreux détenteurs à fermer leurs plans et à se reporter massivement sur des contrats assurance-vie.
Les flux sur titres de marché (hors actions non cotées) ont été
légèrement négatifs. Se sont conjuguées l’aversion au risque et
des opérations de privatisation moins nombreuses.
Placements des ménages
(flux hors valorisations)
mds d'euros
90
70
50
30
10
-10
PEP
Assurancevie
2006
OPCVM
généraux
Obligations
2007
Actions
cotées
2008
Source : Banque de France, Crédit Agricole SA
mds d'euros
80
Placements des ménages
(flux hors valorisations)
60
40
20
0
-20
En 2007, les épargnants continuent à privilégier les produits peu
risqués et fiscalement attractifs, assurance-vie et placements liquides. De plus, la remontée graduelle des taux courts s’est poursuivie au premier semestre. La crise financière de l’été 2007 renforce
ces arbitrages au second semestre. D’une part, les ménages sont
de plus en plus risk-adverse face au repli des marchés boursiers et
à une volatilité accrue. D’autre part, la remontée des taux courts
liée à la crise de liquidité des marchés monétaires accroît la rémunération des placements liquides. Une décollecte devrait s’opérer
sur les actions et OPCVM longs au profit des placements liquides.
Les flux de placements liquides restent très élevés en 2007 et devraient avoisiner 45 milliards. Ce montant est du même ordre que
celui de 2006 mais les arbitrages sont très différents.
Les flux sur livrets bancaires (soumis à l’impôt), très marqués ces dernières années (15 milliards en 2006) ont été légèrement négatifs au
DAV
Livrets
2006
OPCVM
monétaires
2007
DAT
PEL
2008
Source : Banque de France, Crédit Agricole SA
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PLACEMENTS DES MENAGES
premier semestre 2007. Ils sont pourtant sans risque, très liquides et
sans contrainte en matière de plafonds de dépôt. Mais, en dehors de
certains « super-livrets », les rémunérations après impôts sont assez
limitées. Les épargnants privilégient le livret A, dont la rémunération
a été portée à 3 % en août, et surtout les livrets de développement
durable (ex-Codevi), dont le plafond a été récemment remonté à
6000 euros. Surtout, les dépôts à terme et les OPCVM monétaires
ont drainé des flux élevés au premier semestre, grâce à la hausse
continue des taux à court terme. Ceci devrait se poursuivre au second semestre, la crise financière conduisant à une nouvelle remontée des taux courts et une décollecte sur les placements actions et
OPCVM longs. À l’inverse, les flux sur dépôts à vue seraient très
modérés, la hausse des taux courts accroissant le coût d’opportunité
de détention de la monnaie.
Les flux en contrats assurance-vie resteront considérables,
85 milliards. Ce montant totalise 68 % des flux de placements.
L’encours atteindrait 1218 milliards fin 2007, 37 % du total des encours de placements. Ces supports restent donc de loin le placement favori des ménages français. Ils sont variés et proposent une
fiscalité avantageuse. Les supports euros sont sans risque et bénéficient d’un taux de rendement relativement élevé, de l’ordre de
4 %.
TAUX DU LIVRET A : HAUSSE EN JANVIER 2008 ?
Le taux du livret A a été relevé à 3 % en août 2007.
Ce taux obéit depuis juillet 2003 à la formule :
Taux livret A = 1/2 (taux Euribor 3 mois + taux d’inflation hors tabac sur 12 mois) + 0 ,25
Le calcul est opéré le 15 janvier et le 15 juillet en
prenant en compte les valeurs de décembre et de juin
pour l’Euribor et le taux d’inflation.
En janvier 2008, le taux du livret A devrait être relevé à
3,25 %. On suppose que le taux Euribor 3 mois va se
détendre vers 4,4 % en décembre 2007, suite à un relatif
retour au calme des marchés. Le taux d’inflation hors
tabac restera modéré mais va remonter, 1,6 % sur un an.
La formule aboutit à un taux de 3,25 %.
En juillet 2008, la rémunération devrait être maintenue à 3,25 % : la remontée attendue du taux d’inflation hors tabac sera compensée par un léger repli du
taux Euribor 3 mois, de 4,40 % à 4,20 %.
Si la crise financière s’aggravait, les tensions sur les
taux courts persisteraient, conduisant à des relèvements plus marqués du taux du livret A.
L‘assurance-vie sera toutefois en léger repli par rapport à 2006
(89 milliards). D’une part, la décollecte sur les PEL sera moins importante, une partie des détenteurs concernés par les mesures de
fiscalisation ayant par anticipation fermé leur plan en 2006. D’autre part, les mesures d’allégement fiscal sur les successions et les
donations contenues dans le récent « paquet fiscal » rendent un
peu moins attractifs les avantages fiscaux de l’assurance-vie.
Les flux nets de placements en titres de marché restent très limités, quasi nuls hors actions non cotées. Les ménages français restent très prudents vis-à-vis des marchés boursiers. La crise financière va conforter cette réticence. De plus, les inquiétudes liées
au « subprime » devraient entraîner un mouvement de décollecte
sur les actions et les OPCVM longs.
En 2008, les épargnants resteront prudents et le niveau relativement élevé des taux courts favorisera les placements liquides. En
supposant un relatif retour au calme des marchés financiers, les
flux sur titres de marché pourraient légèrement remonter.
Les placements liquides resteraient marqués, du même ordre
qu’en 2007. Les taux courts avoisineraient 4,20 % en moyenne,
niveau voisin de celui de 2007 (4,30 %). Le taux du livret A devrait être relevé à 3,25 % en janvier 2008. Ceci maintiendrait des
flux élevés sur les livrets bancaires, les dépôts à terme et les OPCVM monétaires.
L'évolution du taux du livret A
%
6
Prévisions
5
4
3
2
1
0
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
taux du livret A
Taux d'intérêt 3 mois
inflation hors tabac sur 12 mois
Source Banque de France, INSEE, Crédit Agricole SA
Les flux sur titres de marché (hors actions non cotées) redeviendraient faiblement positifs, notamment les OPCVM longs, en liaison avec un relatif retour au calme des marchés. De plus, les
fonds d’investissement divers bénéficieront de l’essor des PERCO
(le thème des retraites étant de plus en plus présent) et de la montée en puissance des nouveaux produits OCPI (organismes collectifs de placement immobilier), lancés à l’automne 2007.
Les flux sur contrats assurance-vie resteraient très importants, mais
en léger retrait par rapport à 2007, l’effet « décollecte sur les PEL »
finissant par s’épuiser.■
6
OCTOBRE 2007
Olivier BIZIMANA
Tél. +33 (0)1 43 23 67 55
[email protected]
Olivier ELUERE
Tél. +33 (0)1 43 23 65 57
[email protected]
ECO France
FINANCEMENT DES ENTREPRISES
SOCIÉTÉS NON FINANCIÈRES
DE CRÉDIT BANCAIRE
:
FREINAGE DES ENCOURS
Fin 2007 et en 2008, l’encours des crédits aux sociétés non financières devrait freiner : la crise financière conduirait à un
léger ralentissement des dépenses des entreprises et à une sélectivité accrue des banques.
La situation financière des sociétés non financières reste relativement bonne mais s’est détériorée sur les derniers trimestres. Le taux
de marge a atteint 30 % au deuxième trimestre 2007 contre 30,8 %
en moyenne en 2006. Sur ces mêmes périodes, le taux d’épargne
(profits après impôts, intérêts et dividendes/valeur ajoutée) s’est réduit de 11,9 % à 11,3 %. Ceci est notamment lié à la hausse des
coûts intermédiaires et salariaux. Compte tenu de la reprise des investissements productifs, le taux d’autofinancement (profits/
investissements) s’est nettement replié, 55,6 % au deuxième trimestre 2007 contre 60,9 % en moyenne en 2006.
Face à la dégradation de leur rentabilité, les entreprises ont accru
leur endettement. Leur taux d’endettement (encours de crédits bancaires, de TCN (*) et d’obligations/valeur ajoutée) a atteint 109 % en
T1 2007 et se rapproche du pic de 110 % observé début 2002.
Au sein de l’endettement, les entreprises privilégient le crédit bancaire et les TCN. En revanche, les flux nets d’émissions d’obligations restent négatifs.
Au cours des prochains trimestres, le recours au crédit bancaire
restera élevé mais devrait freiner un peu.
Les encours de crédits de trésorerie, en croissance très marquée en
2006, 13,3 % sur un an, ont ralenti au premier semestre 2007 mais
sont restés soutenus, en hausse de 7,3 % en moyenne. Sur les prochains trimestres, ils devraient continuer à ralentir un peu. La croissance économique va se maintenir sur des rythmes proches de 2 %
mais ne devrait guère accélérer. Ceci limitera la hausse des dépenses liées aux consommations intermédiaires et aux stocks. Compte
tenu par ailleurs de la vigilance des banques et de la remontée des
taux courts, les encours de crédit de trésorerie devraient freiner, à
5,5 % sur un an fin 2007 et 4,5 % fin 2008.
Encours de crédits aux entreprises
hausse sur un an en %
Prévisions
25
20
15
10
5
0
-5
-10
-15
-20
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
crédits investissement
crédits trésorerie
Source : Banque de France, Crédit Agricole SA
en %
115
Taux d'endettement des sociétés
non financières
110
105
Les encours de crédits à l’investissement sont restés en hausse soutenue au premier semestre, 9 %, comparable à celle atteinte en
2006, 8,8 % en moyenne. Ils devraient marquer un certain ralentissement sur les prochains trimestres. Les besoins d’investissement
restent importants, mais la crise financière devrait conduire les entreprises à réviser en baisse leurs plans d’investissement et confortera la sélectivité des banques. Les crédits à l’investissement seraient ainsi en hausse de 7,5 % fin 2007 et 6,5 % fin 2008.
100
95
90
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07
crédits et financements (hors actions)/valeur ajoutée
Source : Banque de France
Les flux nets d’émissions d’obligations et de TCN se sont redressés en 2006 mais sont restés assez limités, à 10 milliards (1 milliard en 2005). Les flux d’émissions de TCN ont été élevés,
21 milliards. Parallèlement, les flux nets d’émissions d’obligations
sont restés fortement négatifs, -11 milliards. Ceci tient au maintien
de flux de remboursements très élevés de la part de certains
grands émetteurs et à des montants limités d’émissions nouvelles.
Le flux global d’émissions de TCN et d’obligations devrait atteindre 12 milliards par an environ en 2007 et 2008.■
(*) titres de créances négociables
OCTOBRE 2007
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Olivier BIZIMANA
Tél. +33 (0)1 43 23 67 55
[email protected]
Olivier ELUERE
Tél. +33 (0)1 43 23 65 57
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Crédits aux ménages
ECO France
Encours
Variation annuelle en %
(Mds euros)
2006
2003
2004
2005
2006
2007*
2008*
793
7,2
10,2
11,5
11,2
10,0
9,50
- Habitat
579
9,9
13,6
15,0
14,9
12,5
10,5
- Trésorerie des particuliers
135
5,1
4,4
7,9
5,3
3,8
3,2
Total dont :
Encours
Placements des ménages
Flux
(Mds euros)
(Mds euros)
2006
2007*
2008*
2005
2006
2007*
2008*
Total Placements
3137
3292
3483
132
123
125
129
Total hors actions non cotées et autres participations
2596
2718
2856
118
108
111
114
Total épargne liquide
754
800
837
34,0
45,0
45,0
36,0
Billets, monnaie et dépôts à vue
240
245
249
17,0
10,0
5,0
4,0
Livrets
417
439
457
15,0
24,0
22,0
18,0
OPCVM monétaires
46
52
57
-1,0
1,0
5,0
4,0
Dépôts à terme
46
58
67
3,0
9,0
12,0
9,0
Titres de créances négociables
5
6
7
0,0
1,0
1,0
1,0
Total épargne bloquée
1 366
1442
1525
80,0
65,0
72,0
75,0
Épargne contractuelle dont :
241
228
220
-2,0
-24,0
-13,0
-8,0
- Plan d’épargne logement
206
196
191
1,0
-20,0
-10,0
-5,0
- Plan d’épargne populaire
35
32
29
-3,0
-4,0
-3,0
-3,0
1 125
1214
1305
82,0
89,0
85,0
83,0
Total titres de long terme
(hors actions non cotées et autres participations)
476
476
494
4,0
-2,0
-6,0
3,0
OPCVM Généraux
178
174
179
-4,0
-5,0
-6,0
0,0
Titres d’investissement (FCPR, FCPI, SCPI, FCPE…)
101
106
113
5,0
4,0
3,0
4,0
Obligations
41
38
34
0,0
1,0
-1,0
-2,0
Actions cotées
156
158
168
3,0
-2,0
-2,0
1,0
Actions non cotées
427
451
491
8,0
11,0
9,0
10,0
Autres participations
114
123
136
6,0
4,0
5,0
5,0
Assurance-vie
Financement des entreprises
Crédit dont :
- Trésorerie
- Investissement
Encours
Variation annuelle en %
(Mds euros)
2006
2003
2004
2005
2006
2007*
2008*
630
-2,7
5,2
7,0
8,8
7,2
6,0
171
-16,0
5,7
8,5
9,4
5,5
4,5
251
3,0
4,5
6,3
9,0
7,5
6,5
27
-14
12
12
Encours
Financement sur les marchés (hors actions)
324
Flux (Mds euros)
-1
10
*Prévisions Crédit Agricole SA
Directeur de la Publication : Jean-Paul Betbèze — Comité de Rédaction : Olivier Eluère, Olivier Bizimana
Secrétariat de rédaction : Corinne Chaussebourg
Contact : [email protected]
Crédit Agricole S.A.— Direction des Études Économiques
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OCTOBRE 2007