Without a Paddle: What to do About Canada`s Young Drop-outs

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Without a Paddle: What to do About Canada`s Young Drop-outs
Without a Paddle: What to do
About Canada's Young Drop-outs
Patrice de Broucker
Résumé
Octobre 2005
Le projet portant sur les Jeunes adultes peu qualifiés a reçu un appui financier des organismes
suivants : Alberta Human Resources and Employment, Association des collèges d’arts appliqués
et de technologie de l’Ontario, SNC Lavalin Inc., Réseaux canadiens de recherche en politiques
publiques, ministère de l’Éducation de l’Ontario, Saskatchewan Learning, Saskatchewan Community Resources and Employment, ministère de l’Enseignement postsecondaire et de la Formation professionnelle du Manitoba, ministère de l’Éducation, de la Citoyenneté et de la Jeunesse
du Manitoba, Nova Scotia Department of Education, Nova Scotia Department of Community
Services et Prince Edward Island Department of Education
Le rapport de recherche W|30 est accessible
depuis le site http://www.rcrpp.org ou disponible sur demande au (613) 567-7500.
Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques inc.
600-250, rue Albert
Ottawa (Ontario) K1P 6M1
§ (613) 567-7500 ¨ (613) 567-7640 www.rcrpp.org
Résumé
l’intention des employeurs, des éducateurs et
des gouvernements canadiens, en s’appuyant
sur une comparaison internationale des tendances nationales observées en matière de
résultats sur le plan professionnel des jeunes
adultes.
Le passage de la vie d’étudiant à celle d’une
personne gagnant sa vie est une étape cruciale dans la vie de presque tous les gens.
Une transition réussie permet aux personnes
concernées d’accéder à une vie remplie de
satisfaction personnelle et les aide à faire un
apport solide à l’économie et à leurs communautés. Mais, trop souvent, des jeunes éprouvent de sérieuses difficultés à franchir cette
étape : ils font face à une série de situations,
d’expériences et d’attitudes qui mettent au
défi leur capacité de se prendre en mains.
L’un de ces groupes de jeunes gens qui sont
susceptibles de se retrouver devant de telles
difficultés est celui des jeunes adultes qui
n’ont pas terminé leurs études secondaires.
Dans ce rapport, nous examinons le vécu de
ces jeunes sur le marché du travail, au Canada et dans d’autres pays, et nous faisons ressortir les conséquences qui en découlent pour
les responsables des politiques au pays.
Points saillants des résultats analytiques
Les principales conclusions
l’analyse sont les suivantes :
tirées
de
• Près d’un quart de million de jeunes Canadiens âgés de 20 à 24 ans (11 pour cent
d’entre eux) n’ont pas terminé leurs études secondaires et ne sont pas en voie
d’acquérir une formation scolaire plus
poussée.
• Les jeunes hommes forment la majorité
(61 pour cent) de ce groupe. Cette surreprésentation des jeunes de sexe masculin
se retrouve dans presque tous les pays de
l’OCDE. Parmi les exceptions notables
figurent des pays qui offrent une forte
préparation professionnelle à compter du
niveau secondaire (Autriche, République
Tchèque, Allemagne et Suisse). L’ordre
de grandeur du fossé entre les sexes est
relativement élevé au Canada.
Nous faisons appel à des données recueillies
par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour une
étude portant sur de jeunes adultes peu qualifiés, qui se définissent comme étant des personnes âgées de 20 à 24 ans, qui n’ont pas
terminé leurs études secondaires et qui ne
sont pas inscrites dans un établissement
d’enseignement ou à un programme travailétudes. Les données sont tirées des enquêtes
sur la population active de 25 pays de
l’OCDE.
• À l’instar de tous les autres pays, les jeunes adultes faisant partie de familles à
faible statut socio-économique au Canada
ont une probabilité plus élevée de se re-
Dans ce rapport, nous comparons les résultats
sur le plan professionnel du groupe des jeunes adultes peu qualifiés par rapport à ceux
d’autres jeunes adultes qui ont soit terminé
avec succès leurs études secondaires ou qui
possèdent une expérience du marché du travail plus longue, tout en ayant d’aussi faibles
niveaux de scolarité. L’étude s’emploie à
essayer de tirer des enseignements à
Pourcentage des jeunes de 20 à 24 ans vivant avec leurs parents et dont
les parents n'ont pas atteint le deuxième cycle secondaire, selon la
situation au regard de l'éducation (2002)
40
35
30
%
25
20
15
10
5
0
Non scolarisés, Non scolarisés, Non scolarisés,
sans diplôme du avec diplôme du avec diplôme du
secondaire
secondaire ou
collège ou de
de la formation
l'université
professionnelle
Voir Figure 7.
2
Étudiants au
collège ou à
l'université
Tous les jeunes
de 20 à 24 ans
sonnels – souvent liés à la famille – qui
poussent les jeunes femmes à abandonner
l’école de façon précoce peuvent aussi les
empêcher d’occuper ou de chercher un
emploi.
trouver parmi le groupe des jeunes adultes peu qualifiés. Les jeunes adultes peu
qualifiés vivant avec leurs parents sont
trois fois plus susceptibles de faire partie
d’une famille à faible statut socioéconomique que ce n’est le cas de
l’ensemble des jeunes adultes canadiens
âgés de 20 à 24 ans. Les deux tiers des
jeunes adultes peu qualifiés vivant avec
leurs parents font toutefois partie d’une
famille dont au moins un des parents possède un diplôme d’études secondaires ou
mieux, y compris une famille sur cinq
dont les parents détiennent soit un diplôme collégial ou un diplôme universitaire. Donc, les antécédents socioéconomiques sont une source de préoccupation, mais ils n’expliquent pas la situation difficile des Canadiens dans la
même mesure qu’ils le font dans la plupart des autres pays de l’OCDE.
Pourcentage des jeunes de 20 à 24 ans non scolarisés qui sont hors de la
population active, par sexe et par niveau de scolarité (2002)
50
45
40
Hommes
Femmes
35
%
30
25
20
15
10
5
0
Sans diplôme du secondaire
Avec diplôme du secondaire ou de la
formation professionnelle
Voir Figure 9.
• Le groupe des jeunes adultes peu qualifiés souffre d’un net désavantage en termes d’accessibilité aux emplois par rapport aux groupes qui possèdent une scolarité plus élevée. L’écart au niveau du taux
d’emploi est relativement prononcé au
Canada : 22 points de pourcentage de
moins que pour ceux qui ont un diplôme
d’études secondaires ou de formation
professionnelle et technique, 28 points de
pourcentage de moins que pour ceux qui
ont diplôme universitaire ou collégial.
• Un Canadien de 20 à 24 ans sur huit est
né à l’étranger.
• À la différence de la plupart des autres
pays qui ont une population d’immigrants
importante, le Canada ne possède pas une
concentration plus élevée de jeunes adultes peu qualifiés parmi ses immigrants. Il
s’agit d’une situation qui s’écarte considérablement de celle des États-Unis, par
exemple.
Taux d'emploi des jeunes de 20 à 24 ans non scolarisés, par niveau de
scolarité (2002)
100
90
80
• 43 pour cent des jeunes femmes au Canada qui font partie du groupe des jeunes
adultes peu qualifiés ne sont pas dans la
population active; elles sont trois fois
plus susceptibles d’être dans cette situation que ce n’est le cas des jeunes hommes. On observe une tendance similaire
dans tous les pays et elle est beaucoup
plus prononcée pour le groupe des jeunes
adultes peu qualifiés qu’elle ne l’est pour
les groupes qui possèdent des niveaux de
scolarité plus élevés. Les facteurs per-
70
%
60
50
40
30
20
10
0
Sans diplôme du secondaire Avec diplôme du secondaire Avec diplôme du collège ou
ou de la formation
de l'université
professionnelle
Voir Figure 11.
• Au sein du groupe des jeunes adultes peu
qualifiés, un nombre plus élevé
d’immigrants détiennent un emploi que
ce n’est le cas des personnes nées au
3
situation explique les difficultés plus
grandes qu’ils éprouvent lorsqu’ils accèdent au marché du travail avec un simple
diplôme d’études secondaires et qu’ils
acquièrent quelque expérience professionnelle. Les gains en termes de rémunération et de qualité d’emploi auxquels ils
peuvent s’attendre sont minimes lorsque
la scolarité est limitée.
pays. Mais cette relation s’inverse dans le
cas de ceux qui possèdent un diplôme
d’études secondaires ou de formation
professionnelle et technique.
• La scolarité a une incidence positive sur
les possibilités d’emploi beaucoup plus
élevée que celle de l’expérience professionnelle. Il s’ensuit que les perspectives
d’emploi ne s’amélioreront pas considérablement pour les personnes moins scolarisées qui prennent de l’âge à moins que
celles-ci ne décident d’acquérir une formation scolaire plus poussée.
Proportion des jeunes non-scolarisés exerçant des emplois peu qualifiés,
par tranche d'âge et niveau de scolarité (2002)
80
70
60
%
50
• Les avantages d’une scolarité plus poussée sont nettement plus élevés dans le cas
des jeunes femmes. Leur taux d’emploi et
leurs gains augmentent d’une façon plus
prononcée avec une scolarité plus poussée que ce n’est le cas pour les hommes.
Il s’ensuit que les jeunes femmes ont de
fortes incitations à poursuivre leur formation scolaire.
30
20
10
0
Sans diplôme du Avec diplôme du Sans diplôme du Avec diplôme du Avec diplôme du
secondaire
secondaire ou de
secondaire
secondaire ou de collège ou de
la formation
la formation
l'université
professionnelle
professionnelle
Jeunes âgés de 20 à 24 ans
• Un tiers des Canadiens âgés de 25 à 29
ans possédant un diplôme collégial ou
universitaire ont occupé des emplois peu
qualifiés après l’obtention de leur diplôme. Le Canada et les États-Unis sont
les deux pays où l’on retrouve les proportions les plus élevées des cohortes de jeunes qui décrochent un diplôme collégial
ou universitaire – ce qui représente un
témoignage indéniable de l’existence
d’un système d’enseignement postsecondaire relativement accessible. Cette
observation soulève la question de savoir
si les marchés du travail en Amérique du
Nord évoluent en harmonie avec les
compétences que produisent leurs systèmes d’enseignement.
Mesures comparatives des avantages de l'expérience professionnelle et de
l'éducation/formation, par sexe (2002)
Écarts en points de pourcentage
30
25
Hommes
Femmes
15
10
5
0
Avantage de l'expérience
professionnelle
Jeunes âgés de 25 à 29 ans
Voir Figure 20.
35
20
40
Avantage de l'éducation/formation
Voir Figure 14.
• Dans les pays qui offrent de solides programmes de formation professionnelle,
les jeunes adultes ont beaucoup plus de
chance de trouver un emploi qualifié. Au
Canada, toutefois, presque tous les étudiants qui obtiennent un diplôme d’études
secondaires ont suivi un programme
d’études qui les préparent surtout à poursuivre des études plus poussées et non
pas à occuper un emploi qualifié. Cette
• Le chômage est élevé parmi les jeunes
adultes peu qualifiés, même pendant des
années comme 2002, alors que la situation économique était bonne. Une scolarité plus poussée contribue à réduire le
chômage beaucoup plus que ne le fait une
expérience plus longue sur le marché du
4
buera, en retour, à améliorer les perspectives d’emploi des jeunes adultes, tout en
permettant aussi d’éviter des pénuries de
travailleurs dans des métiers spécialisés.
• Le counselling de carrière remplit un rôle
essentiel lorsque les jeunes doivent faire
des choix d’orientation scolaire et de carrière dans une situation où le marché du
travail est en évolution rapide. La disponibilité de ces services peut contribuer à
améliorer l’égalité des chances en ce qui
concerne l’accès à l’information pour
ceux qui sont plus désavantagés sur le
plan de leurs antécédents personnels, qui
n’ont peut-être pas les contacts familiaux
nécessaires et qui peuvent être pénalisés
par un monde dans lequel la diffusion de
cette information est dominée par des
moyens technologiques.
travail sans l’acquisition d’un niveau de
scolarité plus élevé. Cette situation est en
partie attribuable à la nature des emplois
peu qualifiés, qui sont souvent plus instables.
%
Ratio du chômage des jeunes non-scolarisés à la population, par âge et
par niveau de scolarité (2002)
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Taux de chômage global
Sans diplôme
du secondaire
Avec diplôme
du secondaire
ou de la
formation
professionnelle
Jeunes âgés de 20 à 24 ans
Sans diplôme
du secondaire
Avec diplôme
du secondaire
ou de la
formation
professionnelle
Avec diplôme
du collège ou
de l'université
Jeunes âgés de 25 à 29 ans
Voir Figure 26.
Leçons pour l’élaboration des politiques
Sous l’angle du marché du travail,
• Les employeurs devraient examiner leurs
pratiques de recrutement afin de s’assurer
que les jeunes ne sont pas incités à quitter
l’école de façon précoce, en se laissant
leurrer par l’attrait à court terme de pouvoir gagner de l’argent au détriment de
leurs possibilités d’emplois à plus long
terme, lorsqu’ils finiront par réaliser la
mesure dans laquelle leur manquent les
compétences qu’une scolarité plus poussée permet d’acquérir.
• Il faudrait aussi encourager les employeurs à indiquer publiquement la scolarité requise de leurs emplois de débutants – il s’agirait sans doute de niveaux
non inférieurs au secondaire, assortis de
preuves d’excellence dans des domaines
choisis – afin de faire valoir la pertinence
de la formation scolaire dans le monde du
travail.
• Lorsque le milieu de travail s’avère un
endroit propice à la formation pour tous,
y compris ceux dont les niveaux de scolarité de départ sont peu élevés,
l’expérience acquise sur le marché du
L’employabilité d’une personne est nettement fonction de ses traits personnels et des
caractéristiques du marché du travail. Il y a
donc des leçons à tirer tant pour la politique
en matière d’éducation que pour la politique
du marché du travail.
Sous l’angle de la politique en matière
d’éducation,
• Le fait de repousser l’âge de la fréquentation scolaire obligatoire est susceptible
d’avoir des effets positifs sur les réalisations de l’ensemble des jeunes adultes sur
le marché du travail, mais tout spécialement dans le cas des jeunes femmes.
• Mais le fait de repousser l’âge de la fréquentation scolaire obligatoire ne donnera pas de résultats spectaculaires à moins
que l’on ne procède à une diversification
des programmes d’études au niveau secondaire pour y inclure un plus large
éventail d’options professionnelles. Cette
diversification
aura
pour
effet
d’augmenter la « valeur » d’un diplôme
d’études secondaires pour un accès immédiat au marché du travail. Ceci contri5
de marché du travail fassent en sorte que
les immigrants aient accès à l’éventail
complet des possibilités de renforcer leur
potentiel et de l’utiliser sur le marché du
travail, notamment en reconnaissant les
titres de compétences qu’ils ont acquis à
l’étranger et en luttant contre toutes les
formes de discrimination.
travail compte davantage. Certains autres
pays (Danemark, Suède, Finlande) sont
parvenus à assurer une plus grande égalité d’accès que celle qui existe au Canada
en ce qui concerne la formation que les
employeurs offrent à leurs employés.
• Dans l’ensemble, les signaux transmis
aux travailleurs et aux jeunes adultes, à
titre de futurs travailleurs, devraient être
cohérents et refléter dans tous les cas la
valeur que représente la formation scolaire pour leur bien-être futur et pour la
société dans son ensemble.
En guise de conclusion, il est essentiel que
les Canadiens reconnaissent que les éducateurs, les employeurs et les autorités gouvernementales ne sont pas parvenus à préparer
des cheminements adaptés à tous les jeunes
pour leur assurer une transition réussie de
l’école au marché du travail. Il s’ensuit que
de nombreux jeunes Canadiens sont victimes
d’insécurité et même d’exclusion sociale. Il
s’agit d’une situation inexcusable au XXIe
siècle et il faut que des leaders dynamiques
se pointent pour remédier aux failles dans le
système. Les employeurs, les éducateurs, les
parents et les gouvernements font partie intégrante de la solution.
Sous l’angle de l’équité dans le cadre des
politiques,
• Les changements d’orientation des politiques devraient reconnaître les besoins
différents des jeunes hommes et des jeunes femmes. Par exemple, le fait de rehausser le profil et les possibilités de
formation professionnelle aura probablement une incidence particulièrement positive sur les jeunes hommes, tandis
qu’une hausse de l’âge de la fréquentation scolaire obligatoire apportera des
avantages particuliers aux jeunes femmes.
• Les jeunes provenant de groupes socioéconomiques moins bien nantis nécessiteront une plus grande attention durant la
petite enfance et pendant leurs études
primaires et secondaires, ainsi qu’un soutien plus intensif de la part des services
de counselling. Il leur sera profitable aussi de disposer d’un plus large éventail de
choix de carrières au niveau secondaire.
• Le fait qu’une scolarité plus poussée ne
soit pas aussi avantageuse pour les immigrants qu’elle l’est pour les Canadiens
nés au pays laisse perplexe – et il s’agit
d’ailleurs d’une situation qui diffère de
celle de nombreux autres pays. Compte
tenu de l’importance des immigrants pour
bâtir le Canada de demain, il importe que
les politiques en matière d’éducation et
Il importe de souligner que tous les éléments
des politiques dont il est question ici ne donneront les meilleurs résultats que si leur action
est
concertée.
Par
exemple,
l’allongement de la fréquentation scolaire
obligatoire sans une intégration appropriée de
l’enseignement professionnel aux programmes d’études serait probablement une mesure
non productive. L’élaboration d’un éventail
plus vaste de possibilités de formation professionnelle au niveau secondaire sans une
amélioration des services de counselling et
une modification des attitudes et des attentes
des parents et des étudiants ne changerait pas
grand-chose. De nouvelles possibilités de
formation scolaire ne fonctionneraient pas
non plus sans un engagement explicite de la
part du monde des affaires et des milieux
syndicaux.
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Une stratégie couronnée de succès nécessitera une concertation et des interventions cohérentes de la part de tous les intervenants, afin
de préserver leurs propres intérêts, ainsi
qu’un solide sentiment de responsabilité économique et sociale. Nos jeunes méritent un
éventail de choix à la fois meilleur et plus
vaste.
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