Les secrétaires médicales en Médecine Générale: une profession

Les secrétaires médicales en Médecine Générale: une profession en quête de
professionnalisation
Jean-Paul CANEVET1
Marion LASSALLE-GERARD2
Rémy SENAND3
Justificatif et contexte : traditionnellement le généraliste notable était assisté dans son travail par son
épouse, sans qualification professionnelle et sans salaire, ou bien par une employée tout aussi peu
qualifiée qui assurait aussi le service de la maison. Ce modèle patriarcal de l'organisation du travail
médical a quasiment disparu et plusieurs modes d'organisations du secrétariat coexistent en médecine
générale. L'apparition de déserts médicaux et un discours catastrophiste sur le manque de médecins
généralistes suscite la réflexion sur l'optimisation du temps médical et la délégation de taches vers
d'autres professionnels. Les secrétaires médicales sont les premières concernées par ces évolutions ;
elles assurent des tâches variées depuis l'entretien des locaux jusqu'à des fonctions d'assistante
médicale. Connaître les pratiques actuelles de secrétariat et recueillir le point de vue des acteurs sont
des étapes indispensables pour penser l'évolution de l'organisation des soins primaires. Les secrétaires
médicales ont été jusqu’ici peu sollicitées pour participer à ces réflexions.
Question de recherche : que reste-t-il du modèle patriarcal dans l'évolution actuelle de la profession
de secrétaire médicale ? Qui sont les secrétaires médicales aujourd'hui en médecine générale? Quelles
sont leurs tâches, leurs missions, leurs difficultés, à quoi aspirent-elles?
Méthode : une enquête transversale a été menée par questionnaire administré par téléphone, auprès de
toutes les secrétaires médicales en cabinet de médecine générale de Loire Atlantique, pour recueillir
des informations sur leur fonction, leur formation, leurs tâches, les moyens mis à leur disposition, leur
rémunération, leurs projets.
Résultats : sur les 538 cabinets médicaux recensés en Loire Atlantique, 516 ont répondu ; 23,6%
utilisaient un secrétariat téléphonique délocalisé, 28,3% n'avaient aucun secrétariat, 48% avaient un
secrétariat sur place. 8,5% des secrétariats sur place étaient tenus par la conjointe du praticien.
125 des 248 secrétariats ont répondu au questionnaire. 100% étaient des femmes, 54% avaient
plus de 45 ans. 64% avaient une formation de niveau bac ou inférieur. 40,5% avaient un salaire net
inférieur ou égal à mille euros. Trois catégories de secrétaires ont pu être reconnues: type 1(38%)
accueil et secrétariat; type 2 (20%), accueil secrétariat et ménage; type 3 (42%) secrétaire assistante
avec tâches de comptabilité et de gestion. 60% des enquêtées répondaient faire très peu de tâches
d'assistance médicale (informations, conseils aux patients, hiérarchisation des rendez-vous, évaluation
du degré d'urgence, premiers soins et assistance pour des gestes techniques).
Les souhaits des secrétaires étaient principalement de participer plus à la prise en charge des
patients ainsi qu'à leur accompagnement social et humain. Elles étaient particulièrement intéressées
par des formations dans ces domaines ainsi que dans ceux de la comptabilité et de l'informatique. Elles
restaient insatisfaites de leurs horaires de travail, de leur rémunération et de la communication dans
l'équipe.
Les réponses témoignaient d'une forte implication dans leur travail, et d'évolutions possibles
vers une professionnalisation plus marquée, adaptée aux évolutions vers les maisons de santé de
proximité
1
Maître de conférences associé, Département de médecine générale, Nantes.
Médecin généraliste, Département de médecine générale, Nantes.
3
Professeur, Département de médecine générale, Nantes.
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