L`activité économique

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L`activité économique
DOSSIER DU CESRW
L’ ACTIVITE ECONOMIQUE
MAI 2011
F
in décembre 2010, l’Institut des Comptes nationaux (ICN) publiait sa dernière actualisation des comptes régionaux (période 1995‐2009). Bien que les résultats pour 2009 soient toujours provisoires, il est utile de pouvoir examiner attentivement ceux‐ci afin d’estimer dans quelle mesure la Belgique, mais aussi la Wallonie, ont mieux ou moins bien résisté à la récession qu’ailleurs en Europe. 1.
Quelle croissance, quels investissements, dans quels
secteurs, pour quels emplois en 2009 ?
Belgique, Wallonie, moins sévèrement touchées par la crise
que la zone euro dans son ensemble ? Quelques explications.
Selon les instances européennes, la meilleure performance économique de la Belgique en 2009 (le moins sévère recul) que celle de la zone euro découle avant toute chose d'une contraction réduite de sa demande intérieure. Le poids des stocks y a eu un impact plus faible que dans la zone euro, en partie en raison du faible niveau initial de ceux‐ci. Source : Eurostat
Ensuite, comparés à de très nombreux pays voisins, les investissements belges se sont moins contractés. Bien que la baisse d'utilisation des capacités de production, les perspectives de faible demande du marché, les conditions de financement plus difficiles et la baisse des bénéfices aient été les principaux facteurs qui expliquent le recul des investissements des entreprises en Belgique (et dans la zone euro), ceux‐ci semblent avoir eu moins d’impact en Belgique qu’ailleurs. Les observateurs considèrent que cela reflète, dans une certaine mesure, 2 le fait que les entreprises belges étaient en meilleure position que leurs homologues de la zone euro pour affronter la crise. L'investissement en logements a bien entendu diminué en 2009, mais moins que dans la zone euro. La réduction temporaire du taux de TVA sur la construction résidentielle a probablement joué un rôle en ce sens. La hausse (très modérée) du revenu disponible réel en 2009 (liée selon certains observateurs à l’effet retard du mécanisme d’indexation des salaires d’une part, et à une inflation nulle en 2009, d’autre part) a permis de limiter la diminution de la consommation privée. La contribution négative des exportations nettes à la croissance en 2009 a été relativement limitée en Belgique en dépit de la nature ouverte de son économie. L’explication vient probablement du fait que les importations sont largement tributaires de l'évolution des exportations dans la chaîne de production des entreprises belges. Enfin, il est remarqué par divers observateurs que l'impact du recul de l’activité économique sur l’emploi a été relativement limité en Belgique dans la mesure où, en partie du moins, les employeurs ont eu recours à des régimes de chômage temporaire.
L’année 2009, année de crise économique profonde, n’a par contre pas épargné la Wallonie. Selon les données provisoires de l’ICN, la Wallonie a enregistré cette année‐là un recul de son activité économique de ‐3,1% en volume. De son côté, toujours pour 2009, le recul de l’activité économique de la Flandre (‐3,4%) est du même niveau que celui de la Wallonie, tandis que le recul de la Région bruxelloise est resté somme toute modéré (‐0,5%). L’emploi total wallon, qui s’élève en 2009 à 1.191.859 personnes (982.807 salariés et 209.052 indépendants) a diminué de 3.209 unités par rapport à l’année 2008 (‐2.309 salariés et ‐900 indépendants). Pour sa part, la Flandre enregistre en 2009 une diminution de l’emploi total de 13.867 unités, tandis que le niveau d’emploi augmente de 1.216 unités en Région bruxelloise. A prix courants, les investissements consentis en 2008 sur le territoire wallon s’élèvent à 18,5 milliards d’euros (23,9% du total belge). Ils ont crû plus rapidement en Wallonie qu’en Flandre, tant en 2007 qu’en 2008. En effet, alors que la croissance des investissements se chiffre en Wallonie à 10,9% en 2007 et 13% en 2008, la progression flamande atteint 8,8% en 2007 et 5,3% en 2008. Le taux d’investissement wallon (25,4%) reste en 2008 inférieur à celui de la Flandre (26,4%). En 2008, la rémunération1 moyenne par salarié s’élève à 42.865 euros en Wallonie contre 46.810 en Flandre et 56.518 à Bruxelles. Approche sous-régionale
Le recul de l’activité économique de 3,1% en moyenne en Wallonie en 2009 dissimule des variations locales plus prononcées. Ainsi, à titre d’exemple, le Brabant wallon semble avoir moins souffert de la crise économique que les autres arrondissements de Wallonie (1% seulement de recul de la valeur ajoutée en volume) ; l’emploi y a continué d’augmenter en 2009 (+529 salariés et +146 indépendants). 1
Rémunération = salaire net + cotisations sociales à la charge des salariés + des cotisations sociales légales et extralégales à la charge des employeurs. 3 Son PIB par habitant en 2009 est par ailleurs supérieur à la moyenne du pays mais aussi de la Flandre. A l’opposé, il semble que la crise économique ait particulièrement touché en 2009 : ‐ L’arrondissement de Charleroi : recul de 6,2% de l’activité, ‐1.472 emplois. ‐ L’arrondissement de Liège : recul de 3,5% de l’activité, ‐1.465 emplois. ‐ L’arrondissement de Verviers : recul de 4,1% de l’activité, ‐1.364 emplois. Approche sectorielle
La crise économique a été particulièrement ressentie en Wallonie dans les secteurs de l’industrie. Les branches les plus gravement touchées par le recul de l’activité économique sont les secteurs de la métallurgie et travail de métaux (19,8% de diminution de la valeur ajoutée à prix courants et ‐1.811 emplois) et des fabrications de machines et équipements (25,3% de diminution de la valeur ajoutée à prix courants et ‐1.255 emplois). La Flandre a été plus sévèrement touchée que la Wallonie dans le secteur industriel ; ce sont un peu plus de 12.000 emplois qui ont été perdus en Flandre en 2009 dans les secteurs de la métallurgie, des fabrications de machines, de fabrication de matériel de transport et de l’industrie du textile et de l’habillement. L’industrie chimique n’a pas non plus été épargnée par la crise en Flandre (‐2.635 emplois en 2009) ; ce secteur a mieux résisté en Wallonie notamment grâce au dynamisme de ses exportations. En 2008, l’industrie chimique au sens large investissait en Wallonie pour environ 850 millions d’euros. Malgré un recul significatif à prix courants de sa valeur ajoutée en 2009, le secteur de la construction a relativement mieux résisté à la crise en Flandre qu’en Wallonie. Les pertes d’emplois (limitées en valeur absolue) y ont été proportionnellement plus importantes dans le sud que dans le nord du pays. En 2008, 4,2% du total des investissements consentis sur le territoire wallon l’étaient dans le secteur de la construction. En Wallonie, un peu plus de 75% de la valeur ajoutée totale est générée par le secteur tertiaire, secteur qui englobe 935.000 emplois (78% du total des emplois) et qui représente en 2008 14 milliards d’euros d’investissements (soit 75% du total des investissements de Wallonie). La régression de la valeur ajoutée de l’ensemble du secteur a été relativement faible pour l’ensemble du secteur tertiaire, tant en Wallonie qu’en Flandre. La baisse d’activités en 2009 du secteur du commerce, réparations automobiles et articles domestiques a engendré un recul de l’emploi en Wallonie (‐844 unités), plus significatif encore en Flandre (‐3.259 unités). Le secteur de l’immobilier, location et service aux entreprises a enregistré un recul de sa valeur ajoutée bien plus important en Wallonie qu’en Flandre. En conséquence, pendant que l’emploi diminuait fortement dans ce secteur en Wallonie (‐2.493 emplois), il augmentait légèrement en Flandre (0,9% soit +2.338 unités). Enfin, une constante apparaît toutefois, tant dans le nord que dans le sud du pays : les 4 secteurs de l’Administration publique, de l’éducation, de la santé et l’action sociale ainsi que des services collectifs, sociaux et personnels ont été mis à contribution pour soutenir l’emploi : +7.889 emplois en Wallonie et +13.107 emplois en Flandre entre 2008 et 2009 ! 4 2.
Les exportations
Depuis plusieurs années déjà, la croissance des exportations de marchandises wallonnes a été régulièrement plus forte en Wallonie qu’en Flandre, ce qui a permis à la Wallonie de voir progresser sa part dans le total des exportations du pays de 16,4% en 2003 à près de 20% en 2009. Source : Belgostat
Exportations de marchandises (variation en %)
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010p
Région wallonne
+1,8
+8,4
+20,0
+10,2
+3,5
+9,6
-18,3
+16,0
Région flamande
-0,7
+7,8
+8,5
+7,4
+6,5
+1,0
-21,4
+20,7
Région de Bruxelles-Capitale
Source : BNB
-6,3
+21,2
-25,8
-8,9
-17,1
+10,2
-16,4
+13,9
Sans surprise, en 2009, la Wallonie n’a pas échappé aux effets de la chute généralisée de la production mondiale et de la contraction du commerce international : les exportations wallonnes de marchandises ont enregistré un sévère recul de ‐18,3%. Les exportations wallonnes en 2010 (chiffres provisoires) ont augmenté de 16% par rapport à l’année 2009, ce qui démontre le dynamisme et le bon positionnement des entreprises wallonnes à l’exportation en ces lendemains de récession économique. Tendances géographiques
Totalisant un peu plus de 85% des exportations wallonnes, l’Europe continue d’absorber la majeure partie des produits des entreprises du sud du pays. 5 Après un recul historique de 20% en 2009, les trois premiers trimestres de 2010 laissent apparaître que les exportations de marchandises wallonnes à destination des pays de l’Union européenne ont progressé de 16,8% par rapport aux mêmes premiers trimestres de 2009. Concernant les exportations à destination des principaux partenaires commerciaux de la Wallonie, les premiers trimestres de 2010 ont été très encourageants puisque les augmentations des exportations des entreprises wallonnes à destination des Pays‐Bas, de la France et de l’Allemagne se chiffraient à respectivement +18,7%, +15,1% et +23,7%. Pour rappel, ensemble ces trois pays représentent un peu plus de 54% du total des exportations wallonnes de marchandises. On peut également mettre en évidence le fait que les exportations wallonnes à destination des marchés nord‐américains ont explosé durant les trois premiers trimestres 2010 (+49,0%) et représentent à la fin du troisième trimestre de 2010 environ 6,2% des exportations du sud du pays. Les marchés asiatiques, qui captent un peu plus de 5% des exportations wallonnes, ont pour leur part augmenté significativement durant les trois premiers trimestres de 2010 (+11,2%) alors que sur la même période, les exportations à destination des pays africains continuaient à régresser (‐8% en 2009, ‐12,2% en 2010). Tendances sectorielles
Les secteurs à l’exportation les plus sévèrement touchés en Wallonie par la contraction de l’activité industrielle ont été, en 2009, les métaux communs et ouvrages en ces métaux (‐42,4%), les produits minéraux (‐38,3%) et les machines et appareils et matériel électrique (‐27,6%). Ensemble, ces trois secteurs généraient, en 2009, un peu plus de 36% des exportations wallonnes. Durant les trois premiers trimestres de 2010, ces 3 mêmes secteurs ont progressé respectivement de +19%, +18,2% et +12% par rapport aux trois premiers trimestres de 2009, témoignant ainsi de la reprise des activités dans ces secteurs au niveau international et du bon positionnement de la Wallonie. Les premiers trimestres de 2010 ont été aussi extrêmement dynamiques pour le secteur wallon des matières plastiques puisque ses exportations ont augmenté de près de 31,6%, résultats compensant largement le recul drastique de 2009 (‐17,7%). Force est de constater que si la crise économique a eu un impact sur les activités du secteur de la chimie en Wallonie, ses exportations ont continué à augmenter et même fortement ! Ainsi, la croissance des exportations de ce secteur en Wallonie a atteint +20,3% en 2009, et +32,3% durant les trois premiers trimestres de 2010 ! On notera aussi que le secteur de l’optique, précision, horlogerie et instruments de musique, comptant pour 2,6% des exportations wallonnes, fut un des rares secteurs wallons présentant un taux de croissance de ses ventes à l’étranger positif en 2009. Il continue à progresser, mais beaucoup plus légèrement, durant les trois premiers trimestres de 2010. 6 3.
Créations – faillites d’entreprises2
Les données de créations – faillites d’entreprises retravaillées de l’IWEPS seront utilisées pour illustrer cette section du chapitre. Elles ont été arrêtées au 15 février 2011. Malgré la crise économique de 2009, le nombre de sociétés commerciales était en augmentation de plus de 2.000 unités entre 2008 et 2009. En 2010, la Wallonie regroupait sur son territoire 91.840 sociétés commerciales, chiffre en augmentation d’un peu plus de 2.600 unités par rapport à l’année 2009 ; cette progression de précisément 2.613 sociétés commerciales en 2010 est la résultante de 6.222 entrées (créations d’entreprises, immigrations géographiques,…) et de 3.609 sorties (faillites, émigrations géographiques,…). Entrées - sorties de sociétés commerciales en Wallonie
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Entrées
6.192
5.403
5.249
5.357
5.969
6.239
6.619
7.320
7.232
7.022
6.222
dont
Créations ex nihilo
Immigrations géographiques
4.694
627
4.604
699
4.368
794
4.528
712
4.755
996
4.862
993
5.224
979
5.835
1074
5.905
926
5.335
1028
4.762
963
Sorties
3.146
3.271
3.805
3.191
4.371
4.532
4.329
4.310
4.739
4.979
3.609
dont
Emigrations géographiques
Désactivations avec ouverture de faillite
462
1.105
438
1.175
588
1.258
508
771
684
1.303
724
1.396
728
1.249
774
1.323
728
1.307
695
1.678
710
1.574
3.046
2.132
1.444
2.166
1.598
1.707
2.290
3.010
2.493
2.043
2.613
165
261
206
204
312
269
251
300
198
333
253
Les entreprises
Solde global
dont
Solde géographique
Nombre en fin d'année
70.344 72.476 73.920 76.086 77.684 79.391 81.681 84.691 87.184 89.227 91.840
Source : IWEPS (comptages du 15 février 2011)
On constatera que les créations ex nihilo d’entreprises en Wallonie en 2010 (+4.762 sociétés commerciales) se situent à un niveau encore inférieur à celui de l’année 2009 (en recul par rapport à 2009) ; l’augmentation du nombre de sociétés commerciales en 2010 en Wallonie est d’un niveau comparable à celui de l’année 2004. On notera également que les immigrations géographiques (entreprises déjà présentes dans une autre région que la Wallonie et qui s’installent en Wallonie en 2009) restent importantes en 2010 ; elles avoisinent les 1.000 unités. Le solde démographique (les immigrations 2
Le comptage des mouvements démographiques des entreprises wallonnes est obtenu en confrontant les versions successives, disponibles depuis 2000, de la base de données des entreprises Coface Belgium, qui enrichit les différents mouvements enregistrés à la Banque Carrefour des Entreprises (BCE). 7 desquelles sont déduites les émigrations géographiques) continue à être favorable bénéficier à la Wallonie en 2010 puisqu’il se chiffre à 253 sociétés commerciales. En 2010, les désactivations d’entreprises avec ouverture de faillite (1.574 sociétés commerciales) sont du même niveau qu’en 2009 (1.678 sociétés commerciales) ; les désactivations d’entreprises avec ouverture de faillite doivent donc être considérées comme élevées en 2010, résultat imputable en grande partie à la récession économique de 2009. 8 

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