grippe chat
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GRIPPE AVIAIRE L’avis du Président de l’OABA Dans le contexte actuel de la “grippe aviaire”, il est bien difficile de prévoir comment cette maladie animale évoluera et quels sont les risques réels pour la santé humaine. Durant ces derniers mois, une véritable hystérie s’est emparée des médias et la psychose “pandémie” est responsable de réactions démesurées, parfois irréfléchies et souvent contradictoires. Mais malheureusement, une fois de plus, ce sont les animaux qui pâtissent de cette crise sanitaire. Leurs destructions se sont faites dans des conditions effroyables qui ne sont pas dignes de pays civilisés. o Une réaction tardive La grippe aviaire (ou plus exactement la peste aviaire ou Influenza aviaire) est une maladie animale bien connue, dans le monde depuis une dizaine d’années, qui a fait des ravages en Asie sur les volailles d’élevage et les oiseaux sauvages. Depuis deux ans, l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) souligne en vain l’importance de combattre le virus chez les animaux dans les pays touchés. La solidarité Nord-Sud a cruellement tardé. A Genève, lors de la dernière conférence internationale, du 7 au 9 novembre dernier, l’OIE a enfin été entendue par la communauté internationale. o Une réaction hystérique A la fin de l’année dernière, une hystérie médiatique s’est répandue dans toute l’Europe, avec les premiers cas recensés aux frontières de l’UE puis jusque dans le département de l’Ain en avril. On réagit dans la hâte, le Préfet décide de faire détruire près d’un million de volailles non malades mais “non commercialisables” et fait arrêter le massacre au bout de deux jours, les volailles étant à nouveau commercialisables… Il faut bien reconnaître que le titre du livre publié en octobre dernier par les professeurs Bricaire et Derenne “Pandémie la grande menace : grippe aviaire, 500.000 morts ?” n’avait rien pour rassurer même si le contenu était plus nuancé. Cela n’est pas sans évoquer le souvenir déjà lointain de la couverture accrocheuse d’un magazine “Le SIDA, le chat aussi ?”. Cela fait vendre !... Mais la psychose est en marche et relancée tous les jours par les médias qui diffusent ces images de volailles jetées vivantes dans Page 8 2006 - N° 1 les flammes ou écrasées dans des sacs poubelle. o Le stock de la peur Les hommes politiques angoissés par le “syndrome du sang contaminé” ont pris des décisions de prévention qui peuvent sembler démesurées devant le risque réel de pandémie : 200 millions de masques sont prêts à être distribués dans les hôpitaux et 40 millions de doses de vaccin sont réservées, malgré l’évolution permanente des virus Influenza… Le coût global du plan gouvernemental s’élèverait à 700 millions d’euros sur trois ans. Si les stocks de médicaments antiviraux entraînent des bénéfices gigantesques des firmes pharmaceutiques, la vente des volailles s’effondre entraînant des difficultés économiques de toute la filière. Il faut donc rassurer et les hommes politiques n’ont jamais autant apprécié le poulet pour le manger même devant les caméras des journaux télévisés… o Haro sur les chats et les petits oiseaux L’annonce d’un chat victime du virus H5N1 dans une île allemande a semé la panique chez les propriétaires d’animaux : les uns réclamant un vaccin “à n’importe quel prix” et les autres abandonnant leur chat dans un refuge surchargé. A la campagne, on détruit les nids d’hirondelles et en ville, on tire sur les pigeons. Les yeux se tournent vers le ciel qui est traversé par les oiseaux migrateurs accusés de véhiculer le virus. Certes, mais on est étonné de voir aussi la progression du virus le long de la voie de chemin de fer du transsibérien démontrant le rôle majeur du commerce d’animaux dans la propagation des maladies. o Quel danger réel pour l’homme ? Selon l’OMS, une centaine de personnes seraient décédées des suites de la grippe aviaire et aucune transmission d’un individu à l’autre n’a été observée. Contrairement aux “souches humaines” du virus Influenza qui se multiplient dans les cellules des voies respiratoires supérieures (d’où la transmission facile par la toux et les postillons), les virus H5N1 ne peuvent infecter que les cellules des alvéoles au plus profond des poumons. Ceci peut expliquer les contaminations humaines très rares (car nécessitent un contact prolongé et étroit avec des volailles infectées) et LETTRE DE L’O.A.B.A.