Lectures du travail social 1 : aide et assistance Cours de Bachelor
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Lectures du travail social 1 : aide et assistance Cours de Bachelor
Lectures du travail social 1 : aide et assistance Cours de Bachelor Bertrand Oberson Résumé du cours no 7 : La pauvreté disqualifiante Texte : PAUGAM S., "La pauvreté disqualifiante" in PAUGAM S., Les Formes élémentaires de la pauvreté, Paris, Presses universitaires de France, 2005, pp. 175-222. Disqualification sociale Le concept de disqualification sociale, récemment venu sur la scène scientifique, connaît un engouement important lié à la résurgence de la question de l'exclusion. Il est en fort voisinage de notions comme celle de désinsertion sociale insistant davantage sur des phénomènes perçus et vécus individuellement, de celle de relégation sociale mettant l'accent sur la stigmatisation collective ainsi que de celle, plus ancienne, de déclassement social visant, elle, à rendre compte des effets de mécanismes sociaux globaux. La disqualification sociale, dans une perspective d'analyse des modes de gestion de l'échec social, s'attache au discrédit porté sur ceux qui ne participent pas pleinement à la vie économique et sociale. Elle tend à qualifier un processus à l'articulation d'éléments objectifs et d'éléments subjectifs. Elle met au centre le statut occupé et sa position dans la hiérarchie sociale en même temps que les effets identitaires des logiques de désignation et d'étiquetage. À ce titre, elle porte également un intérêt au rôle du disqualifié qui n'est plus seulement posé comme agi, mais aussi comme acteur de la disqualification, que cette action prenne les formes de l'acceptation, de la dénégation ou de la transaction. La disqualification tend ainsi à rendre compte tant de la dégradation morale que représente ce processus de changement organisé de statut que de la procédure sociale de désignation qui l'accompagne. Elle repose sur l'idée selon laquelle des faits sociaux, comme le fait assistanciel, peuvent être vécus comme une cérémonie de dégradation statutaire à l'occasion de laquelle est mise en vue une nouvelle appartenance à une catégorie sociale peu honorable ou tout au moins inférieure au rang social antérieurement occupé. Elle réintègre, ce faisant, une dimension symbolique (celle de la valeur de place occupée dans la hiérarchie sociale), à côté des dimensions économiques et sociales. La question de la valeur sociale des individus et celle de leur contribution à la collectivité en termes d'utilité sociale recoupe en ce sens intimement la dévalorisation de l'identité d'individus qui, ayant intégré celle-ci, en viennent simultanément à l'auto-dénigrement et au décrochage social1. Le processus de disqualification sociale (S. Paugam) … renvoie, dans une certaine mesure, à la logique de la désignation et de l’étiquetage et de ses effets sur le plan identitaire. Ici, on met l'accent sur le vécu de l'exclu. Cette analyse de Serge Paugam insiste sur le discrédit de ceux dont on peut dire qu'ils ne participent pas pleinement à la vie sociale. S.Paugam s'intéresse à ceux reconnus comme pauvres par la société et non à l'ensemble des populations défavorisées. Il va privilégier l'analyse de la relation entre les assistés et les travailleurs sociaux. Cette relation revêt différents aspects : *le recours à l'assistance est une épreuve humiliante et dégradante. Le statut d'assisté est donc dévalorisé. *l'identité sociale de l'assisté est malmenée ; -> il fait l'objet d'un processus d'étiquetage (Goffman) : désigné publiquement comme appartenant à .... ->il fait l'objet d'un processus de dégradation statutaire : se prêter à des formalités dégradantes (faire la preuve de sa pauvreté). Ce processus de disqualification sociale s'organiserait en 3 phases : 1ère phase les fragiles : ils bénéficient d'une intervention ponctuelle car leurs difficultés sont d'ordre économique. 1 http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=239 2ème phase les assistés : ils font l'objet d'un suivi social régulier car leurs difficultés sont plus importantes. 3ème phase les marginaux : ils se situent à l'écart du dispositif officiel d'assistance = rupture du lien social Disqualification (dans l'action sociale) Dans les pays industrialisés, le développement du secteur des services s'est accompagné d'une vaste production de savoirs scientifiques sur les diverses dimensions de la vie quotidienne et les problèmes qui peuvent y apparaître. Si nous prenons l'exemple du travail social, nous observons qu'il tend à se considérer comme un champ dans lequel le savoir sur la vie quotidienne est produit méthodiquement et systématiquement et puis diffusé et mis en œuvre dans des systèmes d'action déterminés. En élaborant ces savoirs et ce savoir-faire, le travail social prétend contribuer au renforcement de l'autonomie des usagers. Cependant, dans le cadre de sa socialisation, dans son milieu culturel, sa famille et son entourage, chaque individu acquiert des savoirs qui lui permettent de maîtriser la gestion de sa vie quotidienne ; ceux-ci sont, en outre, souvent transmis de génération en génération. Or, de plus en plus, dans la réalité, ces deux formes de savoirs, les savoirs scientifiques et le sens commun, entrent en concurrence pour expliquer les situations de la vie concrète et les problèmes qui peuvent y apparaître. De fait, dans les sociétés industrielles du monde occidental, la connaissance scientifique a pu briguer et conquérir une suprématie par rapport à d'autres chemins de la connaissance ; elle légitime cette prétention, entre autres, par le fait qu'elle s'appuie sur des procédures méthodiques, systématiques et reproductibles, celles-ci étant indépendantes des circonstances de temps, de lieu et de personnes et, par conséquent, susceptibles de conduire à la production d'un savoir universel. La croissante valorisation sociale de ce type de connaissances a eu pour conséquence un dépérissement des autres formes de connaissances. Cela signifie concrètement que l'individu, ou les petites unités sociales telles que la famille, sont peu à peu dépossédés du savoir nécessaire pour affronter la vie quotidienne. Que faire lorsqu'un membre de la famille est malade ? Que faire lorsque l'on est confronté à des difficultés financières ? Ces multiples savoirs distribués en professions dont la simple nomenclature échappe à la plupart des usagers peuvent engendrer une dépendance tout aussi inquiétante que coûteuse2. 2 http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=238