Juillet 1942 De nouvelles vedettes pour le Grand Cirque

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Juillet 1942 De nouvelles vedettes pour le Grand Cirque
Juillet 1942
14 – Europe du Nord
De nouvelles vedettes pour le Grand Cirque
1er juillet
9th AF, premier B-17
RAF Polebrook (Angleterre) – Le premier B-17 de l’USAAF (un B-17E du 301st
Bombardment Group) se pose au Royaume Uni.
4 juillet
9th AF, première mission de combat, premiers succès, premières pertes
07h11 – Pour l’Independence Day, six Boston du 15th Bombardment Group (empruntés au
Sqn 226 de la RAF, en fait une unité canadienne) décollent de Swan-Morley avec six autres
Boston du Sqn 226 SQN. Ils vont attaquer des terrains de la Luftwaffe en Hollande : De Kooy
et Haamstede. Quatre Boston, dont deux américains, sont abattus par une flak meurtrière ;
neuf Fw-190 A-2 sont détruits au sol.
6 juillet
Des Français sur Spitfire
Liverpool – Un paquebot français débarque les pilotes de la 1ère EC. Cette unité va se
reformer en Grande-Bretagne sous les ordres du commandant René Mouchotte pour participer
à des opérations offensives sur le nord de la France occupée et doit être symboliquement
dotée du tout nouveau Spitfire Mk.IX. Ses trois Groupes doivent opérer de Biggin Hill après
transformation sur le chasseur de Supermarine, qui vient d’entrer en service.
Parmi les 66 pilotes qui débarquent à Liverpool, la plupart sont très expérimentés, mais
quelques-uns sont tout juste sortis de l’école de chasse de Meknès et doivent cette affectation
à leurs excellentes notes. On lit ainsi dans les pages du Journal de marche du Groupe I/1 que
« Le sergent-pilote P. Clostermann, toujours confiant dans sa bonne étoile, a fait le voyage
avec trois impressionnantes cannes à pêche, qu’il a réussi à dissimuler à l’inspection lors de
l’embarquement à Casablanca. Quand le capitaine Martell [de son vrai nom Pierre Montet]
lui demande s’il espère vraiment prendre des avions allemands à l’hameçon, le Sgt
Clostermann lui répond que les truites britanniques éviteront au Groupe de devoir choisir
entre mourir de faim et manger du porridge. » Le Journal de marche du I/1 est décoré de
nombreux dessins de la main de Clostermann, dont un sur lequel on le voit pêcher du pont du
paquebot et demander au capitaine du navire, effondré : “Vous êtes sûr que vous ne pouvez
pas ralentir ? J’ai une bonne touche !”
9th AF, premières bases
Angleterre – La 9th AF prend possession des bases de Polebrook et de Grafton Underwood,
construites pour l’USAAF au titre du reverse Lend-Lease, ou Prêt-Bail inverse.
9 juillet
Des Français sur Spitfire
Turnhouse (Ecosse) – Les pilotes de la 1ère EC découvrent leurs nouveaux avions : une
poignée de Spitfire V pour que les jeunes se familiarisent avec le “Spit”, et surtout 32 Spitfire
H.F. IX tout neufs.
9th AF, première base de chasse
Angleterre – Le premier P-38 du 55th Fighter Group arrive à RAF Goxhill (Lincolnshire).
Cette base sera peu après transférée à l’USAAF.
10 juillet
De nouvelles montures pour la chasse anglaise
Londres – A la suite des lourdes pertes subies en mai et juin par les Spitfire V engagés dans
les opérations “Circus” au-dessus de l’Europe occupée, les premiers essais menés avec le
Fw 190 posé par erreur à Pembrey le 23 juin ont confirmé la supériorité du chasseur allemand
sur le Spitfire Mk.V, mais ont aussi laissé entrevoir que le Mk.IX, notamment, permettrait à
nouveau de faire jeu égal avec la chasse allemande. Le Fighter Command demande
d’accélérer le déploiement des nouveaux chasseurs à haute performance qui arrivent des
usines, les Supermarine Spitfire Mk.IX et Mk.XII et le Hawker Tornado, pour rétablir
l’équilibre avant les importantes opérations aériennes prévues pour fin août.
Les Sqn 56, 174, 181, 245 et 609, équipés de Tornado, et les squadrons déjà équipés de
Spitfire Mk.XII (à moteur Griffon) doivent travailler au-dessous de 5 000 mètres, tandis que
les squadrons équipés de Spitfire Mk.IX les couvriront en altitude.
Au fur et à mesure que de nouveaux Spitfire Mk.XII entreront en service à l’automne 1942,
les Tornado se consacreront à l’attaque au sol. Leurs capacités dans ce domaine ont en effet
été bien démontrées par le Wing-Commander R.P. Beamont.
A partir du début de 1943, les Spitfire Mk.VIII, que l’on a pris le temps de redessiner
légèrement, viendront s’ajouter aux Mk.IX.
13 juillet
La Libération (prélude)
Londres – L’état-major du chef des Opérations Combinées, l’amiral Bertram Ramsay, étudie
l’opération Rutter avec des représentants du Comité Conjoint des Chefs d’Etat-Major Alliés.
Rutter (Routier) a été décidée pour créer une puissante diversion stratégique quelques jours
avant une grande offensive en Méditerranée et fixer le plus possible de troupes allemandes
dans le nord de la France et en Belgique, mais aussi pour donner aux troupes canadiennes un
entraînement opérationnel et trancher définitivement certains débats doctrinaux sur la
conduite des opérations amphibies.
En raison de sa proximité des côtes anglaises et de la nature des forces allemandes déployées,
le petit port de Dieppe a été choisi pour ce qui n’est plus décrit comme « un grand raid » mais
comme « une reconnaissance en force ». La date du 2 septembre a été sélectionnée en
fonction des horaires et de l’amplitude des marées.
Après de longues discussions entre les planificateurs britanniques, français et canadiens, le
plan initial a été amendé en fonction de l’expérience opérationnelle acquise dans le
Péloponnèse lors de Crusader, et notamment des lourdes pertes subies par les forces
britanniques lors de l’attaque frontale de Gythion. Les chars et l’infanterie doivent être
débarqués des deux côtés du port de Dieppe, et ce débarquement doit être combiné à un assaut
aéroporté de l’aérodrome, ainsi qu’à l’attaque par des commandos des deux batteries
d’artillerie lourde de Varengeville et Berneval. La précédente variante du plan, centrée sur
une attaque frontale contre Dieppe même, a été abandonnée après une étude attentive des
débarquements alliés à Gythion, Kalamata et Pyrgos.
Dès le début, les responsables de l’armée ont insisté sur la nécessité d’un puissant appui-feu
naval, mais engager même un vieux cuirassé si près du centre de la puissance aérienne
allemande est apparu trop risqué à Leurs Seigneuries de l’Amirauté. Néanmoins, l’expérience
du Péloponnèse a bien démontré que les canons de la flotte pouvaient être décisifs. Les deux
monitors lourds Marshal Soult et Roberts (le premier a vu la Première Guerre – d’où son nom
fleurant bon l’Entente Cordiale – et il a été remis en service durant l’hiver 1941-1942), ainsi
que huit nouveaux monitors légers, formant la 4e Escadre d’Appui-Feu Côtier (4th Inshore
Fire Support Squadron), sont donc affectés à Rutter.
Autre point important soulevé par des officiers français natifs de Normandie : le fait que les
galets des plages dieppoises pourraient causer des problèmes au nouveau char Churchill. Le
14e Tank Battalion canadien (Calgary Regiment, Lt-Col. Andrews) doit donc utiliser un
mélange de chars Churchill et de Ram canadiens.
Les unités terrestres sont pour la plupart canadiennes, mais comprennent des commandos
britanniques, des commandos et des aéroportés français (le 1er Groupement de Choc du
colonel Gambiez et le 2e Régiment de Chasseurs Parachutistes), ainsi qu’une poignée d’US
Rangers. Elles seront commandées par le major-général John H. Roberts (2e Division
d’Infanterie Canadienne). Les forces navales seront commandées par le Captain John HughesHallett et les forces aériennes – assez nombreuses car la RAF s’attend à ce que l’opération
force la Luftwaffe à combattre – seront dirigées par l’Air Vice-Marshal Trafford LeighMallory.
17 juillet
Tornado, premières missions
Manston (Angleterre) – Les Tornado du Sqn 609, commandé par le Sqn-Ldr Roland
Beamont, commencent une série de missions de bombardement et de chasse libre à basse
altitude sur le nord de la France et la Belgique.
20 juillet
Tornado, premières victoires, premières pertes
Zeebrugge (Belgique) – Première rencontre au-dessus de l’Europe occupée entre des
Fw 190A3 et des Tornado. Trois chasseurs du JG 26 et deux des nouveaux appareils de la
RAF (un du Sqn 174 et un du 609) sont abattus.
21 juillet
La Libération (prélude)
Ile de Wight – Les troupes choisies pour l’opération Rutter accomplissent un exercice de
débarquement à grande échelle pour tester les procédures et les communications. En fin de
soirée, étudiant les résultats de l’exercice, le major-général John H. Roberts s’exclame : « Ça
va être du gâteau ! »
22 juillet
Tornado, confirmation
Folkestone – Une formation de huit Bf 109F Jabos couverts par quatre Fw 190 du JG 2, qui
vient de franchir la côte anglaise, est coiffée par huit Tornado du Sqn 609. Deux Bf 109F et
deux Fw 190 sont abattus, au prix d’un seul Tornado (plus un endommagé). Cet engagement
renforce la confiance de la RAF en son nouveau chasseur lourd, souvent appelé “the ugly
beast” (la vilaine bête) par comparaison avec le gracieux Spitfire. Il apparaît qu’à basse
altitude, le Tornado est aussi bon, et sans doute meilleur, que le redouté Fw 190.
24 juillet
Des Français à Biggin Hill
Sud de l’Angleterre – La 1ère Escadre de Chasse française commence à s’installer à Biggin
Hill, où elle doit opérer au sein du 11e Group de la RAF, sous le commandement de l’A.V.M.
Leigh-Mallory.
28 juillet
Le Grand Cirque
France occupée – Une opération “Circus” de grande ampleur voit les premières missions de
combat des B-17 de la Ninth Air Force de l’USAAF. Vingt-quatre B-17 du 301e BG, escortés
par un grand nombre de Spitfire (pas moins de 240, dont ceux de la 1ère EC française),
bombardent Abbeville-Drucat. Les Fw 190 du JG 2 évitent le combat et vont se poser à
Amiens ou à Lille.
30 juillet
Le Grand Cirque
France occupée – Pour forcer les chasseurs allemands à combattre, les Alliés lancent
plusieurs raids sur des aérodromes de la Luftwaffe. Sous une ombrelle de 385 Spitfire, les B17 du 301e BG de l’USAAF attaquent Cambrai et les Beaumont I des Sqn 13, 88, 107, 226,
418, 605 et 614 de la RAF attaquent Abbeville, Lille et Amiens. Au même moment, les
Tornado des Sqn 174 et 609 lancent des opérations Rhubarb sur le Pas-de-Calais.
Cette fois, le JG 2 Richthofen et le JG 26 Schlageter réagissent en force. Trois B-17, sept
Beaumont et neuf Spitfire (dont sept Mk.V) sont abattus, mais la Luftwaffe perd neuf Fw 190
et trois Bf 109G. Opérant en couverture haute, les GC I/1 et III/1 abattent trois Fw 190 et un
Bf 109, au prix de deux Spitfire Mk.IX.
Le Journal de Marche du JG 26 contient, pour cette chaude journée, les observations
suivantes : « (…) l’ennemi introduit chaque mois de nouveaux types ou de nouvelles variantes
d’avions de combat. Ainsi, le vieux Spitfire V semble être remplacé par une nouvelle variante,
aussi rapide que nos 190 au-dessous de 6 500 mètres et plus rapide au-dessus. Le fait que ces
deux variantes se ressemblent presque exactement est pour nous un désavantage
supplémentaire, car nous devons supposer que chaque Spitfire repéré pourrait être du
nouveau modèle. (...)
Ces nouveaux bombardiers américains ne sont pas aussi bien armés qu’on l’a dit. Mais ils
sont solides et difficiles à abattre. Il faut dépenser une quantité de munitions considérable et
s’approcher vraiment tout près pour en descendre un. »

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