Le château

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Le château
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Le CHÂTEAU
La ville de Meyrargues a aussi son château dont la
construction très ancienne date des environs de l’an huit
cent.
Depuis ces temps, immémoriaux cela a subit des
transformations exigées par des entretiens de circonstance et par
une initiative dictée par le goût de ses occupants successifs, sans
abîmer toutefois l’aspect imposant de l’édifice, situé sur un
promontoire boisé qui domine la ville et toute la plaine en
contrebas, où coule cette bonne rivière la Durance, bien utile pour
ces terres d’alluvions très fertiles.
Six cent ans avant Jésus-Christ les Grecs fondèrent Marseille, puis,
soixante ans plus tard, soit en 535, un nouveau contingent vint rejoindre les
premiers. Au cours des siècles suivants, Marseille connu une assez grande
prospérité. Mais en 125 une coalition formée des Ligures de la côte, des
Saliens d’Entremont, des Voconces de la Drôme, avec l’appui des
Allobroges du Dauphiné et des Avernes du Massif Central, menace la ville.
A la demande de secours que lui adresse Marseille, Rome intervient et
de 124 à 122 défait complètement la coalition Celte. Mais il est facile de
comprendre que si les Romains, ayant brisé la coalition, laissèrent leur
alliée Marseillaise maîtresse du littoral, ils éprouvèrent le désir de garder
pour eux le territoire d’où ils avaient chassé : Celtes, Saliens ou Ligures.
d’autant plus que cela leur était un point de départ pour la conquête de la
Gaule, qu’ils entreprirent par la suite.
En conséquence, l’an 122 avant Jésus-Christ vit s’effectuer la
fondation d’Aix par les Romains. Ces derniers ayant détruit l’Oppidum
Salien d’Entremont, cherchèrent un endroit propice pour y installer un
Castellum. Ils trouvèrent un emplacement qui correspondait à leurs désirs.
Cet emplacement à trois kilomètres au Sud-Ouest d’Entremont se
trouvait au croisement des routes de Marseille à la Durance et d’Arles à
Fréjus. Cet avantage déjà considérable se trouvait augmenté du fait que les
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sources d’eau chaudes jaillissaient en ces lieux. Mais les Romains grands
amateurs d’eau, trouvèrent sans doute insuffisantes les sources qui
arrosaient Aix et décidèrent d’y emmener les eaux qu’ils allèrent capter à la
source de Traconnade à Jouques.
Pour se faire, ils construisirent un second canal complètement maçonné
qui, s’il fut simplement constitué par un boyau souterrain sur les parcours
de Jouques et de Peyrolles, nécessita à Meyrargues la construction de deux
ouvrages d’art assez importants dont les vestiges subsistent encore.
Au quartier de la Pourran on trouve encore deux arches complètes et
un pilier d’une troisième sur les huit que comportait l’ouvrage. A
Réclavier, un pan de mur important et un pilier d’arcade, ainsi qu’un vaste
bloc de fondation sur pilotis en travers de la Volubière.
Avec l’arrivée des Romains, nous touchons probablement au véritable
établissement de Meyrargues. Certes on ne doit pas suivre aveuglément les
légendes pour séduisantes quelles soient. Mais lorsque nous aurons étudié
les différents points de vue relatifs aux origines de notre pays, nous devrons
convenir qu’ici la légende s’amalgame parfaitement et concorde
parfaitement avec ce qui semble être la réalité.
L’étymologie de Meyrargues, en provençal Meyargo, est fort discutée.
En effet les formes anciennes que l’on rencontre de ce nom sont assez
variées : Mairanicaé ou Mairanigaé, castrum de Meiranicis ou de
Mairanacis, castrum de Meyranicis ou de Meyranicarum ou de
Meyranicorum. Dans la charte du Roi René de 1442, on trouve castrum de
Meiranici, mais on trouve aussi castrum de Meyranicis. De ces différentes
formes, le Docteur Foussenq (Annales de Provence, 1913) a voulu extraire
le radical Meyran et le suffixe icus et en tirer la conclusion que castrum
Meyranicarum signifie castrum où se trouvent des Meyran et que l’on doit
admettre que Meyran étant un nom d’homme, les premiers habitants du lieu
s’appelaient Meyran et que le nom de notre pays n’a pas d’autres origines.
Nous ne croyons pas, pour notre part, devoir adopter cette manière de
voir.
Fauris, de Saint-Vincent, et plusieurs auteurs à sa suite, font dériver
Meyrargues de Marii Ager ou Agger (Champ ou camp de Marius) et
Villeneuve, dans sa statistique, soutient le même point de vue. Voyons
donc les arguments en faveur de celui-ci.
Tout d’abord, la légende qui nous raconte qu’au moment où Marius
défit les Cimbres et les Teutons, il avait établi à Meyrargues un camp pour
surveiller et protéger les convois de ravitaillement qu’il faisait venir de
Pertuis.
Si nous examinons de près cette légende, il faut bien reconnaître
qu’elle a quelque semblant de réalité. Puisque les Celtes tenaient le
Castellas de Réclavis qui dominait et commandait la route de Pertuis à Aix,
est-il admissible que la guerre finie et Aix créé, la route de la Durance et sa
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bifurcation vers Riez aient été laissées sans surveillance et à la merci des
pillards de toute nature, par les Romains ? Nous ne saurions le croire. Et
quel autre endroit choisir pour ce rôle de sentinelle au bord de la vallée, qui
soit mieux placé que celui-ci ?
Et si nous admettons le poste vigie Romain ayant remplacé le poste
Celte comme évident, pourquoi n’admettrions-nous pas que, lorsqu’une
vingtaine d’années plus tard, Marius vint en Provence pour y rencontrer les
Barbares envahisseurs, il eut profité de la présence de ce poste pour créer
en cet endroit un camp assez important pour assurer le ravitaillement de son
armée ? Ce camp nécessairement devait occuper un espace plus
considérable que le simple poste de surveillance et l’on conçoit facilement
qu’il ait été établi sur un mamelon moins abrupt que le Castellas de
Réclavis, probablement sur l’emplacement du château actuel. Et cela
d’autant plus que la nouvelle installation offrait l’avantage de mettre les
deux grands ouvrages d’art de l’aqueduc de Traconnade, sous la protection
directe du camp qui se trouvait ainsi placé entre les deux.
Nous avons d’ailleurs des preuves matérielles de ce que le séjour des
Romains en ces lieux fût de longue durée.
La Carte Archéologique de la Gaule Romaine, Fascicule V, page 107,
signale l’inscription funéraire de Septumius Flaccus au château (cette
inscription y est encore visible actuellement à gauche du couloir d’entrée).
Elle signale également à Vauclaire : villa, vestiges nombreux au Nord de
celle-ci, entre le ruisseau et la route du Puy, amphores, tuiles, poteries et
sépultures en tuile à l’Ouest sur la hauteur.
D’autre part et principalement au Nord-ouest du village, les
découvertes de débris de poteries, de jarres, de briques et de tuiles sont
choses courantes, à tel point que nos paysans n’y font plus aucun cas et ne
les remarquent pas davantage que les pierres ordinaires de leur terrain.
Et cela nous emmène à conclure que les Romains se sont bien établis à
Meyrargues dés l’époque de leur arrivée en Provence et que l’on doit
trouver dans ce fait l’origine du nom du pays.
Au cours du Vème siècle, la puissance Romaine s’écroule et les
Wisigoths envahissent la Provence. Mais leur roi Euric, étant mort à Arles
en 483, les Burgondes franchissent la Durance et occupent toute la région.
Entre 500 et 508, on constate à nouveau la présence des Wisigoths au sud
de la Durance. En juin 508, les Francs et les Burgondes ayant mis le siège
devant Arles, Théodoric roi des Ostrogoths, envoie son armée délivrer la
ville. Puis comme la possession de la Provence était fort importante pour
lui, il s’en empare et établit des postes militaires tout au long de la Durance.
Pendant le VIème siècle, sous la domination Mérovingienne, la
Provence est tantôt sous un seul maître, tantôt partagée, d’autres fois
indivise à plusieurs et il est impossible de savoir au juste quels furent ceux
qui régnèrent réellement sur notre terroir.
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Ce qui est certain, c’est qu’en 573 les Saxons, venant de Lombardie
par Embrun et la vallée de la Durance, vont ravager Avignon, puis
essayent de passer le Rhône pour aller en Auvergne. Le Patrice Mumole
leur ayant barré la route, ils lui offrirent de l’or qu’il accepta. Mais les
ayant laissé passer, il s’aperçut qu’il avait fait un marché de dupes, l’or
qu’on lui avait remis était faux.
Puis ce sont les Lombards dont trois armées envahissent la Provence.
Les deux premières suivent la vallée de l’Isère, mais la troisième, sous les
ordres d’Amo, ravage la vallée de la Durance, puis elle va s’installer sur le
territoire d’avignon.
Après les invasions, ce furent les maladies endémiques et
principalement la peste qui ravagèrent la région à plusieurs reprises,
pendant un siècle. Ce furent les épidémies de 588, 591, 599, 643 et 689.
La fin du VIIème siècle et le commencement du VIIIème sont marqués
par une véritable anarchie. Les derniers rois Mérovingiens n’ont aucune
autorité et les Patrices de Provence cherchent à se rendrent indépendants.
De 736 à 740, Charles Martel voulut soumettre la Provence, mais les
Provençaux firent appel aux Arabes pour les aider. Puis, sous les rois
Carolingiens, le pays fut à peu près tranquille. Mais à partir de 813, les
Sarrazins font à nouveau apparition en Provence. Leur passage de 838, 842,
848 sont tout autant de dévastations.
Sous la royauté de Charles de Provence (855-863), la piraterie
continue. De même durant la liquidation du royaume, qui voit des
alternatives diverses jusqu’en 879 où le Concile de Mantailles réuni le 15
octobre, donne la couronne au Duc Boson qui se mit en lutte avec les
Carolingiens jusqu’à sa mort en 887.
Charles le Gros, puis Louis l’Aveugle, régnèrent sur la Provence. Sous
la faible autorité de ce dernier, la féodalité avait pris un développement
considérable. Ce fut surtout le Duc Hugues d’Arles qui eu la haute main sur
toute la Provence et cela dura jusqu’en 935.
Dés la fin du IXème siècle, les invasions Sarrazines qui jusque là
étaient intermittentes, prennent le caractère d’un établissement de longue
durée.
Pendant plus de la moitié du Xème siècle, il ne sera rien fait contre ces
pillards. Mais dès son avènement, le Comte Guillaume, en 970, eut le désir
de s’en débarrasser.
La capture de Mayeur, Abbé de Cluny, par les barbares en 972,
déclancha les hostilités. Le Comte se mit à la tête des seigneurs de la basse
Provence, et parvint avec leur collaboration à chasser du pays ces
indésirables qui le pressuraient depuis plus de quatre-vingt ans.
Le pays conquis, il le partageât entre les seigneurs qui l’avaient aidé
dans cette campagne. Ces derniers, pour tirer parti de leurs nouveaux
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domaines, se hâtèrent de les mettre en valeur. Aussi vers la fin du siècle viton le commencement d’un essor considérable de l’agriculture.
C’est à partir de cette époque que Meyrargues eu des seigneurs directs.
Meyrargues et la Maison des Baux
HUGUES DES BAUX
2me Seigneur de Meyrargues
Le premier seigneur de Meyrargues historiquement connu est Hugues
des Baux. On fait descendre cette famille de Liebulfe ou Liéboux, comte
d’Arles et Arlésien de naissance, fils de Gontier et mari d’Odda, qui
succéda au comte Loup, et apparaît dans deux chartes, de 824 et de 829
(G. de Manteyer).
La filiation s’établit par un Pons, riche propriétaire en Argence, qui
vivait vers le milieu du IXème siècle. De ce Pons étaient issus : Humbert,
évêque de Vaison au Xème siècle et son frère Ison qui fut le père du
vicomte Pons le Majeur, lequel eu trois enfants : Lambert le Juge,
Raiembert, grand propriétaire en Argence, et Pons le jeune. Ce dernier eut à
son tour de sa femme Profecte, trois fils : Pons, clerc, Geffroy qui prit le
nom de la terre de Rians et Hugues qui prit celui de la terre des Beaux.
(J. Barthélémy, F. Cortez)
Hugues des Beaux, premier du nom, fut donc, ainsi que nous l’avons
vu ci-dessus et sous la suzeraineté du Comte de Provence, le Maître de
Meyrargues. Il vécut de 981 à 1060.
Les documents manquent pour nous faire connaître avec certitude quel
est, parmi les prédécesseurs de HUGUES celui qui tint le premier la
seigneurie de Meyrargues. Mais il est probable que l’un d’eux, Ison, ou
plus vraisemblablement Pons le Majeur, ayant participé avec le Comte
Guillaume à l’expulsion des Sarrazins de la Provence, conserva les lieux
conquis sur ces derniers, notamment Meyrargues et Rians, s’y construisit
des châteaux forts, ou remit en état les anciennes fortifications romaines
existantes et les transmit à ses descendants.
Lorsque l’on examine le château actuel, on s’aperçoit que le mur
faisant face à l’Est est en parti constitué par des pierres de remploi
provenant de la démolition de l’aqueduc romain. Toute la partie de cet
aqueduc se trouvant en contrebas et à proximité immédiate du château, a du
être exploitée comme carrière de pierre pour les réparations qui furent
faites au château à cette époque. On trouve d’ailleurs également de ces
pierres de remploi dans les murs des anciennes maisons les plus voisines.
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GUILLAUME DES BAUX
3me Seigneur de Meyrargues
En 1028 naquit Guillaume des Baux, fils et successeur de Hugues et
qui vécut jusqu’en 1090.
Parmi les églises confirmées au Chapitre d’Aix, par l’Archevêque
Pierre en 1082, se trouve « Ecclesiæ Parachialis de Meyranicis » que
mentionne aussi une Bulle du Pape Anastase IV, en 1153.
Cette église paroissiale primitive n’est pas l’église actuelle, mais la
chapelle dédiée à Notre-Dame des prés, communément appelée dans le
pays la Mère de Dieu, qui se dresse sur un mamelon au-dessus du village et
en face du château. C’est sur l’autel de cette chapelle que fut tranchée une
question de succession historique, que nous examinerons par ailleurs sous
sa date de 1220.
Pour comprendre comment il se fait que l’église paroissiale pouvait se
trouver en cet endroit, il est nécessaire de savoir qu’à cette époque le
village n’était pas du tout situé dans la même position qu’aujourd’hui. A ce
moment là, les maisons du village étaient groupées beaucoup plus au Midi,
en partant d’au-dessus de la chapelle et en revenant ce qui est aujourd’hui
un verger d’oliviers au-dessous de l’allée du château. Ce n’est que bien
plus tard qu’il s’est déplacé insensiblement vers le Nord, attiré comme tant
d’autres agglomérations, par la route et par l’eau. (Arch. Mun)
A titre documentaire, notons en passant le prix du bétail dans la région
au XIème : un cheval qui se paie 50 sous à Arles, en vaut 60 à Aix. A
Marseille, on a une bonne mule pour 10 sous et un âne pour 6 sous en 1070.
A Saint-Maximin, en 1025, on a un bœuf pour 6 sous Ottoniens et à
Venelles, 7 sous en 1050. Un porc vaut généralement de 2 à 5 sous et un
mouton 12 deniers (Encycl, T, p.268)
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RAIMOND DES BAUX
4ème Seigneur de Meyrargues
Raimond des beaux, fils de guillaume, épousa Etiennette, fille cadette
de Gilbert, Comte de Gévaudan, et de Gerberge, Comtesse de Provence ;
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tandis que leur fille aînée se mariait en 1112 avec le Comte de Barcelone,
Raimond Bérenger, qui devint Comte de Provence à la mort de sa femme
en 1127. De là, les prétentions du Seigneur des Baux et de Meyrargues au
Comté de Provence qui provoquèrent les fameuses guerres Baussenques.
Le Comté de Provence, institué au profit du Comte de Barcelone,
comprenait tout le terroir entre la Durance, le Rhône, les Alpes et la
Méditerranée, moins les châteaux de Beaucaire, de Valabrègues et la terre
d’Argence. Avignon, pont de Sorgues, le Thor et Caumont demeuraient
indivis (Encycl, T. p.306)
Raimond qui avait été compagnon de Raimond de Saint-Gilles, à la
première croisade, fut cependant d’abord en exellents termes avec son
beau-frère. Mais il entra ensuite, vers 1140, en lutte avec son neveu
Béranger Raimond. Il s’allia au Comte de Toulouse et sollicita l’appui de
l’empereur Conrad lll qui lui accorda le droit de frapper des monnaies ayant
cours dans toute la Provence. Malgré tout, il fut battu et alla trouver
Raimond Béranger, l’aîné de ses neveux, à Barcelone, pour lui faire sa
soumission (1148). Mais il mourut pendant les négociations de paix (1149
ou 1150)
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BERTRAND DES BAUX
5ème Seigneur de Meyrargues
Bertrand des Baux, deuxième fils de Raimond, aurait sauvé la vie au
Roi Alphonse d’Aragon alors qu’il était en guerre avec le Comte de
Toulouse et qu’il assiégeait le château d’Albaron, en Camargue.
Il devint le chef de la maison après le départ de son frère en 1170.
Etant marié à Tiburge, sœur du Prince d’Orange, Frédéric Barberousse lui
accorda le droit de se qualifier Prince d’Orange en 1178. Il fut enseveli en
1181, en habit monastique dans l’Abbaye de Sylvacane, fondée par son
père en 1147, et achevée par lui. Il avait enrichi également celles de SaintVictor, de Frigolet et de Monmajour.
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BERTRAND DES BAUX
6ème Seigneur de Meyrargues
Bertrand des Baux, deuxième fils du précédent, était seigneur de Berre,
Marignane, Meyrargues, Puy-Ricard, Istre, Miramas et Vitrolles. Il fut le
chef de la branche de Berre de la Maison des Baux. Connu pour ses
nombreuses donations aux couvents, il mourut en 1201.
L’année 1197avait vu les bandes de routiers du Comte de Forcalquier,
Guillaume IV ravager la vallée de la Durance, et descendre à Aix et jusqu’à
Simiane, Meyreuil, Gardanne et Collongues, enlevant les troupeaux et les
gens et même assassinant (Encycl. T. II, p328).
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RAIMOND DES BAUX
7ème Seigneur de Meyrargues
Raimond des Baux, fils unique de Bertrand, épousa Adalacie ou
Alasacie, fille du vicomte de Marseille Geoffroy lll, qui lui apporta une part
de la ville vicontale de Marseille en 1214.
En 1202, le 2ème jour des calendes de Mai, Raimond Béranger, comte
de Provence, accorda aux habitants de la ville d’Aix, pour leur fidélité et
services rendus, le privilège de dépaissance, lignerage et bûcherage sur les
terres incultes à cinq lieues à la ronde. Ce privilège que les Aixois
pouvaient venir pratiquer sur le terroir de Meyrargues, donna lieu par la
suite à de nombreux procés, des querelles et des voies de fait entre les
habitants et seigneurs des deux localités (Arch. Seign)
C’est en 1220 que fut rendue, en la chapelle de la Mère de Dieu, la
sentence arbitrale relative à la succession du comté de Forcalquier. Pour
fixer ce point d’histoire, il nous est nécessaire de retourner sensiblement en
arrière.
Guillaume, le jeune comte souverain de Forcalquier, avait donné sa
fille unique en mariage à Reinier de Sabran. De cette union naquirent deux
filles et un fils.
Le comte de Provence, Ildefons ler , manœvra si bien que Guillaume,
de l’aveu de ses barons réunis en Cour Plénière, déshérita son petit fils et la
seconde de ses petites filles, puis maria l’aînée Garsende, en l’an 1196,
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avec l’héritier de la couronne Provençale, le futur Ildefons ll, avec
l’expectative du comté de Forcalquier pour dot.
Mais bientôt Guillaume ler le Jeune regretta cette concession et voulu
annuler la cession de son Etat à celui de Provence. Il forma une ligne dans
laquelle s’empressèrent d’entrer les Princes des Baux et le comte de
Toulouse. Fort de ces appuis, il maria la cadette de ses petites filles,
Béatrix, au futur Dauphin du Viennois, André de Bourgogne, en lui
donnant pour dot tout le pays se trouvant entre la ville de Sisteron et le
Diocèse d’Ambrun.
A la mort de Guillaume, surgit donc un grave différend. D’une part,
Garsende, devenue Comtesse de Provence, réclama ses droits, c’est-à-dire
la possession de tout le comté de Forcalquier. De l’autre, les habitants de
Forcalquier, excités par Adalaïs, sœur du comte défunt, prétendirent
conserver leur autonomie. Profitant de l’absence d’Ildefons, ils déchirèrent
les couleurs de Garsende, appelèrent Adalaïs qui fit une entrée triomphale
dans la petite capitale, s’installa au palais et se proclama comtesse de
Forcalquier.
La mort d’Ildefons ll, la minorité et la captivité de son fils et
successeur Raimond Béranger IV, furent cause que cette usurpation se
prolongea plusieurs années. Mais quand le comte Raimond Béranger eut
repris sa liberté, il s’empressa de revendiquer l’héritage de sa mère. Les
hostilités allaient s’ouvrir, quand Raimond Béranger et Adalaïs s’en
remirent à l’arbitrage de Bernard archevêque d’Aix ; de Raimond des baux,
seigneur de Meyrargues et de quelques autres seigneurs.
Les arbitres s’assemblèrent au Castrum de Meyrargues et, le 20 juin
1220, prononcèrent leur décision « in ecclsiæ Sanctæ Marie ».
Elle adjugeait à Garsende, comtesse douairière de Provence, les villes
de Sisteron et Forcalquier, avec les territoires intermédiaires. Et à
Guillaume de Sabran le reste du pays, de Forcalquier à la Durance, avec le
titre de Comte de Forcalquier.
Cette transaction était surtout avantageuse à la Provence dont l’unité se
trouvait fort avancée. En effet le comté de Forcalquier, à peu près enclavé
dans un état considérable, privé déjà de ses bourgs principaux, Manosque et
Pertuis qui relevaient l’un des Hospitaliers, l’autre de Montmajour, diminué
désormais de ses deux villes, ne tarda pas à être absorbé complètement.
(Abbé Constantin, les paroisses du Diocèse)
En 1225-1226, Raimond négocia la paix avec les Marseillais et le traité
étant signé, il soutint contre le comte de Provence Raimond Bérenger, deux
luttes successives qui se terminèrent en 1228, par un arbitrage et en 1233,
par l’intervention de l’empereur Frédéric ll .
La fille de Raimond des Baux, de Meyrargues, Elise des Baux, épousa
Hermengaud de Sabran, baron d’Ansouïs, co-seigneur de Puy-Loubier qui
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était, par sa première femme, le père de Saint Elzéard de Sabran.(Encycl. T.
XV , p. 411). Raimond mourut en 1236.
BERTRAND DES BAUX
8ème Seigneur de Meyrargues
Bertrand des Baux, le fils et l’héritier de Raimond, avait épousé
Eudiarde ; la promesse de mariage avait eu lieu en 1213. Eudiarde était la
fille de la vicomtesse Mabille et de Giraud Adhémard de Monteil et petitefille de Guillaume le Gros, vicomte de Marseille.
Le Seigneur d’Oraison-Cadenet avait port et bateau sur la Durance dés
1247. Le seigneur de Meyrargues qui avait celui qu’on appelait de Pertuis,
en fit établir un nouveau à une demi-lieue au-dessous du terroir de
Meyrargues. La corde était tendue de Villelaure au puy au quartier des
Crottes.
En 1254, une convention fut passée entre Bertrand et Guillaume des
Baux par laquelle le lieu de(illisible)appartiendrait à Guillaume dont les
vassaux seraient exempts de tous les droits dans les terres de Bertrand, et
réservant à ce dernier le droit d’exiger 2deniers pour chaque bête passant à
Meyrargues. Cette réserve fut rétrocédée par son fils Hugues en
janvier1289.(Ach. Seign).
Bertrand décéda en 1266. Avant de mourir, il avait fondé la chapellenie
du château de Meyrargues sous le vocable de Saint-Christophe.
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RAIMOND DES BAUX
9ème Seigneur de Meyrargues
A la mort de Bertrand, sa veuve Alix, tutrice de son fils Raimond,
assistée par Gilbert des Baux, seigneur de Marignane, passe avec
l’Archevêque d’Aix une convention en vertu de laquelle elle pourra prendre
les eaux de la Durance, aux confins de Peyrolles pour les emmener aux
moulins et paroirs de son fils. De là, l’Archevêque pourra conduire ces
mêmes eaux au Puy-Sainte-Réparade. L’acte stipule que Raimond des
Baux étant mineur, il pourra à l’âge de 25 ans, rompre la convention si elle
ne lui plaît pas. (J. Barthélémy, Invent. Chartes Maison des Baux).
Mais lorsque Raimond des Baux eu atteint sa majorité, il eut, à
plusieurs reprises, maille à partir avec son suzerain l’Archevêque d’Aix.
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Les Archevêques d’Aix possédaient la haute seigneurie sur
Meyrargues du fait que la Baillie d’Aix leur avait été cédée en 1234 par
Raimond Béranger, comte de Provence, en gage de l’avance d’une partie de
la dot de sa fille Marguerite, épouse du Roi de France Louis IX. (Encycl.,T.
II, p.347)
En 1232, les habitants de Meyrargues refusèrent de payer la dîme au
Chapitre d’Aix et à leur Vicaire. Ceux-ci portèrent plainte à la Chambre
Apostolique, qui commit le Prévôt de la Collégiale de l’Isle au règlement
de cette affaire. Par monitoire du 25 avril 1233, ledit prévôt chargea le
Vicaire de prévenir son peuple, qu’il eût à reprendre les paiements d’usage
sous peine d’excommunication. Le Vicaire devait ensuite se transporter
personnellement au domicile de Madame Alix, mère du seigneur Raimond
et chez divers chevaliers pour leur rappeler, que eux aussi étaient tenus à la
dîme pour leurs moulins et pour leurs fours. Au cas où l’excommunication
serait prononcée, il avait ordre d’en déclarer exempt le seul Raimond des
Baux. Mais celui-ci, quand Rostang de Noves succéda à l’Archevêque
Grimier, refusa net l’hommage au nouvel Archevêque d’Aix, lequel
prononça sa déchéance, autorisant Hugues des Baux, son frère, à s’emparer
du château de Meyrargues (Ab. Const).
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10ème Seigneur de Meyrargues
Hugues s’était donc emparé de Meyrargues avec l’autorisation de
l’Archevêque. Mais l’accord ne fut pas de longue durée et en 1294,
l’Archevêque et le Prévôt du Chapître d’Aix adressairent une lettre au Pape
disant que : de toute antiquité le château et la terre de Meyrargues étaient
tenus au fief par la Maison des Baux, sous la suzeraineté de l’Archevêque
et de l’église Saint-Sauveur d’Aix. Mais que cette suzeraineté ne put jamais
s’exercer par suite de la turbulence et du mauvais vouloir de cette famille,
qui ne payait aucun cens et n’était soumise qu’à la prestation d’hommage et
de serment de fidélité à chaque nouvelle nomination d’archevêque.
(J. Barthélémy)
Après une longue suite de pillages et d’exactions, Hugues des Baux fut
exilé par Charles l premier, puis il se réconcilia avec lui et céda plus tard
Meyrargues à Charles ll pour désintéresser ses créanciers. La vente du
château, ainsi que de tous ses revenus et droits de Meyrargues et du
Sambue, se fit contre une pension annuelle de 500 livres coronats, le 10
juin 1296, (Arch, Cour des Comptes, 16e pièce, llème liasse,4e carré,
Armoire du Trésor).
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Mais Charles ll n’en prit possession effective qu’en 1305, après
confirmation par Hugues des Baux, en date du 11 novembre 1304. La prise
de possession fut suivie de la prestation du serment de fidélité des
habitants.(Cour des Comptes, 15e pièce, cotée P, 12e liasse, 4e carré,
Armoire du Trésor et Fo 732, NO 16, Armoire 0 )
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Meyrargues et les Comtes de Provence
CHARLES ll
11me Seigneur de Meyrargues
Le 11me seigneur de Meyrargues fut donc le Comte de Provence luimême. Charles ll, dit le Boiteux, le temporisateur ou le Pieux, né en 1246
de Charles 1er , fut Prince de Salernes en 1269, Chanoine de Saint-Sauveur,
Comte d’Anjou, du Maine et de Provence, Roi de Naples en 1285.
Pendant quelques temps, nous allons voir les comtes Provence
successifs, disposer du pays, puis le reprendre et cela à plusieurs reprises.
Comme l’Archevêque d’Aix possédait la haute seigneurie de Meyrargues,
alors qu’il était vassal du comte de Provence, il y avait là une situation de
fait, que ce dernier ne pouvait accepter. Il résolut donc, en l’an 1296,
d’échanger les droits de l’Archevêque sur Meyrargues contre les siens sur
Jouques et Venelles. L’échange fut rendu définitif après l’acceptation du
Pape le 24 mars 1300.
On consultera utilement sur ce sujet les archives de la Cour des
Comtes, 6ème pièce de la liasse cotée HH du 6ème carré, armoire Q.
Le 13 janvier 1308, Charles ll, se conformant à la Bulle du Pape
Clément V du 22 novembre 1307 fit parvenir à tous les Viguiers et juges de
Provence, une circulaire dans laquelle il leur disait : « Nous vous envoyons
avec la présente une lettre cachetée contenant un secret de la plus haute
importance.
« Nous vous défendons, sous les peines les plus sévères, de parler à qui
que ce soit de ce que nous vous mandons. Vous garderez la lettre cachetée,
sans l’ouvrir jusqu’au 24. Ce jour-là, vous l’ouvrirez, avant la pointe du
jour et vous exécuterez dans la journée, les ordres que nous vous y
donnons. Vous me répondrez de leur exécution au péril de vos biens et de
votre vie ».
Le jour venu, on trouva dans la deuxième lettre l’ordre suivant : « En
exécution d’une Bulle que nous avons reçue depuis peu de notre saint Père
le Pape, nous vous ordonnons, sous peine de punition exemplaire, de
prendre vos mesures avec tant de prudences et de secret, que le 24 du
13
présent mois vous fassiez arrêter et mettre en lieu sur, sous bonne garde,
tous les Templiers qui se trouveront dans votre ressort, en empêchant qu’on
ne leur fasse aucun mal. Quant à leur bien, nous vous enjoignons
pareillement de vous en mettre en posséssion et d’en donner ensuite la
garde à des personnes sûres, jusqu’à ce qu’il en soit disposé par le Saint
Père et par Nous ».
« Vous en ferez dresser un inventaire bien exact en présence des
Templiers de chaque Maison, et des personnes du voisinage qui sont le plus
au fait de leurs biens. Vous en ferez trois copies, vous nous en enverrez
une, vous garderez l’autre et vous laisserez la troisième entre les mains des
séquestres ».
« Vous insèrerez dans cet inventaire le nom de tous les Templiers.
Faites en sorte qu’aucun d’eux ne vous échappe ».
Ces ordres furent rigoureusement exécutés. Une arrestation eu lieu à la
Tour-d’Aigues, trois à Aix, cinq à Limaye, etc…etc…Au total, 21 d’entreeux furent emprisonnés à Pertuis et 27 au château de Meyrargues. Parmi
ces derniers se trouvait le Chevalier Albert de Blacas, Commandeur du
Temple d’Aix. (Encycl. T. ll, p.483 et Fabre, Hist. De Marseille, T.1,
p.403).
Charles ll mourut à Naples en 1309. Toutes les Maisons religieuses
d’Aix avaient largement profité de ses libéralités.
-----------------------------------------------ROBERT LE SAGE
12ème Seigneur de Meyrargues
Robert le sage, troisième fils de Charles ll, lui succéda comme Comte
de Provence, Roi de Naples et seigneur de Meyrargues. Il était renommé
pour sa grande sagesse et son règne fut pour la Provence, le plus heureux
de la dynastie Angevine. Il était en même temps fin lettré et poète.
Dés sa prise de possession du fief de Meyrargues, c’est à dire en 1399,
il chargea le notaire Guillaume Mathieu, de la reconnaissance de tous les
biens tenus sous le Domaine de la Cour. Ce notaire constata que le nombre
des biens francs était considérable. Il y eu alors à Meyrargues, plus de mlle
immeubles ou terres désignés par le nom de leurs propriétaires et délimités
en détail. Le nombre de ces propriétaires y était de près de quatre cent.
(Encycl. T. XV, p. 335)
Ilvécu jusqu’en 1343, mais il n’avait conservé que très peu de temps la
seigneurie de Meyrargues. Il l’avait en effet cédée, dès le 25 mai 1310,
avec Pertuis et d’autres terres à Bertrand de Got, parent du Pape Urbain V.
--------------------------------------------------
14
BERTRAND DE GOT
13 ème Seigneur Meyrargues
Bertrand de Got garda le fief de Meyrargues de ce moment jusqu’à sa
mort en 1324.Le roi Robert le reprit alors pour en faire don ensuite à son
fils Charles de Calabre, en 1325.
Aux archives municipales d’Aix ( registre AA3, F° 43) se trouve une
procédure faite en 1320 par le Sénéchal de Provence contre divers Aixois
qui, par représailles, avaient de leur autorité privée, saisi des bergers de
Meyrargues avec leurs troupeaux.
-------------------------------------------------------CHARLES DE CALABRE
14ème Seigneur de Meyrargues
Charles de Calabre eut le fief de Meyrargues, par le don que lui en fit
son père le 6 septembre 1325. Les habitants du village lui prêtèrent
hommage l6 novembre de la même année.
On trouva aux archives de la cour des comptes, (25e pièce cotée AA, 12e
liasse, 4e carré, armoire du Trésor, un inventaire de meubles appartenant au
Roi au château de Meyrargues, ainsi qu’un état des droits du Roi en cette
seigneurie. Cet inventaire avait été dressé par le Bailli Ducal de Pertuis sur
ordre du Procureur Général le 15 décembre 1325.)
Charles de Calabre conserva le fief jusqu’à sa mort survenue le 14
novembre 1328.
---------------------------------------------------ROBERT LE SAGE
15ème Seigneur de Meyrargues
A la mort de Charles de Calabre, le Roi Robert le sage son père,
redevient seigneur de Meyrargues. Il n’en disposa plus jusqu’à sa mort, où
il passa à la Reine Jeanne, fille du Duc de Calabre.
15
Noms de quelques habitants de Meyrargues, d’après les
reconnaissances passées en faveur du couvent de Sainte-Claire d’Aix(13401360)
‫׃‬
Pierre Rigarel, Pierre Malhan, Pierre Rigaud de Rians, Bertrand Figuière,
Hugues Audibert, Pierre Pétra, Pons Imbert, Jacques Mellon , Etienne
Collier, Anselme Matheron, Pons Raphaël, Bertrand Ricard, Louis Million,
Hugues Pellat, Jacques Torcan, Raimond Farage, Guillaume Anselme,
Guillaume Brès, Bertrand Martin, Pierre Mattin, Raymond Beilieu,
Guillaume Porquier, Jean Imbert, Guillaume Asselin, Pierre Mitre,
Raymond Matheron, Raymond Durfort, Gillaume Etienne, Pierre Manan,
Pons Droma, Jean Garen, Bertrans Doselli, Jean Memet, Jean Salat,
Bertrand Tassel, André Féraud, Guillaume Marron, Jacques Coste,
Raymond Michel, Pierre Drome, Raimond Marin, Isnard Masset, Pierre
Depeyre, Guillaume Fornier, Guillaume Monier, Pierre Lion, Guillaume
Fabre, Bertrand Blanc, Pierre Gitaud, Jean Alexandre.
A la date de 1341, la chapelle de Saint-Jean, dont on peut encore
retrouver les traces, existait encore.
------------------------------------------------------------
JEANNE l ère
16 ème Seigneur de Meyrargues
La Reine Jeanne 1ère , fille de Charles, Duc de Calabre, succéda à son
grand-père le Roi Robert. Son règne fut une époque de troubles, d’anarchie
et de malheur pour la Provence. Elle épousa successivement : André de
Hongrie en 1333, Louis de Tarente en 1346, Jacques d’Aragon en 1363,
puis enfin Othon de Brunswick en 1375. Elle adopta Louis d’Anjou en
1380 pour se garantir contre Charles de Duras qu’elle avait précédemment
désigné comme son héritier. Elle devint prisonnière de ce dernier, qui ne
trouva rien de mieux que de la faire étrangler au pied de l’autel de sa
chapelle à Muro (Aversa), en 1382. Mais au moment de sa mort, le château
de Meyrargues ne faisait plus partie de ses domaines, car le 29 juin de
l’année1349, elle en avait fait don à Louis de Tarente, son second mari.
Le pays venait à ce moment là d’être ravagé par une épidémie de peste
noire en 1348.
-----------------------------------------------------LOUIS DE TARENTE
17 ème Seigneur de Meyrargues
16
Louis de Tarente garda moins de trois ans les seigneuries de Meyrargues,
Pertuis et autres lieux qu’il avait reçus de la reine Jeanne sa femme.
--------------------------------------------------------------
GUILLAUME ROGER
18 ème Seigneur de Meyrargues
Le 2 juin 1352, Guillaume Roger, Comte de Beaufort, reçoit de la
Reine Jeanne les terres de Pertuis, Saint-Rémy et plusieurs autres châteaux.
Quoique la donation de Meyrargues ne fût peut-être pas prononcée
explicitement, le Comte de Beaufort du la considérer comme telle, et de ce
fait, le 20 mai 1356, Meyrargues et les fiefs ci-dessus donnés à Louis de
Tarente, étaient au comte Guillaume Roger.
Le 13 septembre 1357, le Sénéchal de Provence, Philipe de Tarente,
signait avec les représentants du comte d’Armagnac, un contrat aux termes
duquel ce dernier fournirait 2500 hommes d’armes et en compensation il
lui serait versé 65000 florins et il lui serait fait l’abandon du château de
Meyrargues, Pertuis, les Pennes et Séderon ou l’équivalent, en attendant la
posséssion.
En fait, ce furent les châteaux de Brignolles, Saint-Maximen,
Roquevaire, Bouc et Gardanne qui finalement furent désignés le 12 octobre
et effectivement livrés entre le7 et le 17 décembre. Meyrargues resta donc à
Guillaume Roger.
Comme le revenu de ces châteaux étaient très inférieurs à celui de ceux
primitivement prévus, il fallait parfaire la différence avec les revenus du
château de Barjols, de la gabelle de Berre, de la claverie Tarascon et des
droits sur les rives du Rhône, le 21 janvier 1353.Le comte d’Armagnac et
ses bandes entrèrent en service le 1 er octobre contre les Compagnies. (Arch.
Départ. B. 548)
-------------------------------------------------------RAIMOND ROGER DE BEAUFORT
Vicomte de Turenne
19 ème Seigneur de Meyrargues
Nous arrivons au moment de l’histoire de Meyrargues, où il y eut
comme seigneur de ce pays, un homme dont la turbulence et les méfaits,
furent pendant un certain temps, un véritable fléau pour toute la Provence.
17
Raimond Roger de Beaufort, vicomte de Turenne, était le fils de
Guillaume Roger, Comte de Beaufort et d’Eléonor de Cominges. Comblé
de bienfaits par la reine Jeanne, neveu de deux Papes : ClémentVl et
Grégoire Xl, il devint le plus puissant gentilhomme de toute la Provence.
Le 9 janvier 1352, Isnard d’Agoult lui cède la seigneurie de Pourrière,
en échange de cences à Meyrargues.
La même année, une convention entre le comte d’Armagnac et le
Vicomte de Turenne, montre que le premier prétendait que Meyrargues,
avec ses droits et dépendances, lui appartenait, alors que le deuxième
soutenait au contraire posséder à bon titre la dite terre. Sur quoi il fut
décidé qu’elle appartiendrait au vicomte de Turenne moyennant 3.000
florins d’or que le vicomte paierait tous les ans au comte d’Armagnac et à
ses successeurs et qui lui furent assignés sur plusieurs lieux de la Province.
(Cour des Comtes, F° 132 , Véridis, Arm. A).
L’hiver 1363-1364 fut exclusivement froid et le pays eût fort à souffrir
de ses rigueurs.
Le 26 janvier 1369, la reine Jeanne donna des lettres patentes qui
établirent à Meyrargues un marché tous les samedis et une foire franche
pendant trois jours à commencer le jour de la Sainte-Croix, c’est dire le 14
septembre.
Les leides perçues sur les ventes, et dont le seigneur rétrocédait une
part au Prieur, l’étaient d’après le tarif suivant : sur une saumée de blé ou
de légumes, 1 denier ; sur un quintal d’amandes cassées, 4 deniers ; sur un
porc, 1denier ; mouton, brebis, chèvre, 2 pites ; lièvre, lapin, renard,
perdrix, poule, 1pite ; poireaux oignons, aulx, 1denier. (Arch. Seign.).
On trouve dans les archives seigneuriales un document intitulé :
Extraits des archives de la cour des Comptes. Pancarte de ce que le
seigneur, vicomte de Turenne, possède à Meyrargues, 20 août 1370.
Le château, les divers droits de justice et le droit de nommer les
officiers, la banalité du four, un moulin à son usage exclusif, 1 moulin à 5
meules, le bac de la Durance, le péage, 1 pain sur 25 pour le fournage, 1
pain sur 100 pour le pétrissage, les leides sur les ventes qu’il partage avec
les Prieurs, sur les ventes entre vilains le seigneur prend 3 et le prieur prend
1,ainsi que pour le péage des radeaux. Pour le Bac de Pertuis, même
partage et dépenses au prorata. Pour celui du Puy-Sainte-Réparade, le
seigneur en a la moitié, sur laquelle il donne à l’Archevêque d’Aix une
semaine sur 12 et une autre sur 25, les dépenses au prorata. En
compensation de ce qu’ils ne paye pas pour passer au bac, les habitants sont
tenus si la rivière vient à l’emporter, d’aller le chercher et de le ramener au
port. La gabelle du sel est d’un denier par éminée. Pour le vin, le seigneur à
le monopole de la vente exclusive pendant un mois, c’est-à-dire 15 jours
avant la fête de Saint-Jean-Baptiste et 15 jours après. Les religieuses d’Aix
possèdent un moulin à 6 meules avec le terrain autour, donné par le Roi
18
Charles ll et un moulin à scier les poutres donné par le seigneur Louis et la
Reine Jeanne ainsi que plusieurs prés et terres.
Raimond de Turenne épousa, en 1375, Marie de Boulogne, fille de
Jean, comte d’Auvergne et de Boulogne, et de Jeanne de Clermont. Partisan
de Charles de Duras, il est en révolte ouverte dès 1384 contre Marie de
Blois, la régente et son fils Louis ll.
Nous allons tâcher de résumer ici les divers événements qui
marquèrent cette période et au cours desquels le château de Meyrargues
joua un rôle assez considérable.
Le vicomte de Turenne qui, en dehors de Meyrargues, possédait des
vastes domaines dans la région des Alpes, en basse Provence et dans la
région d’Aix, occupait de par sa parenté et ses alliances de famille, une
place de premier plan dans la noblesse de Provence.
Déjà le 17 mai 1385, sollicité de prêter hommage, il répondait
que « les autres n’ayant fait iceluy hommage il ne voulait estre le
premier », et ce n’est seulement qu’en 1386, qu’il consentit de prêter cet
hommage, en retour d’importantes concessions. Quelques mois après, il
avait de nouveau rompu avec la régente à qui il reprochait de lui avoir pris
Aureilles et Saint-Rémy, ainsi qu’avec le pape pour créances impayées et
joyaux non rendu.
Cette année là, des aixois, en compagnie d’Eléonore de Cominge (mère
de Raimond ), maltraitèrent, Meyrargues, des prisonniers qui étaient des
partisans du Roi Louis.
D’après les archives communales d’Aix (AA. 4, F° 8, V e ), un
privilège accordé par Marie de Blois, le 29 octobre 1387, autorise les
aixois qui avaient à se plaindre des seigneurs de Meyrargues, Pertuis et
autres lieux à tenir une barque sur la Durance.
En 1388, le vicomte de Turenne soutint contre les troupes de Marie de
Blois un siège dans Meyrargues. La soumission d’Aix et des autres
membres de l’Union entraîna celle de Raimond et de sa mère. L’hommage
fut renouvelé et des lettres de rémission pleine et entière furent accordées à
Raimond et à ses partisans.
A ce moment-là, la lutte de Marie de Blois et de Louis ll contre
l’Union d’Aix se termine. Il semblerait que la paix va enfin régner en
Provence. Hélas, l’ambition et la turbulence du seigneur de Meyrargues, les
Baux et autres lieux, va pendant de longues années provoquer dans tout le
pays les ravages des gens de guerre, routiers et forestiers, qui sous ses
ordres ou ceux de ses lieutenants, pilleront, saccageront, ne reculant devant
rien. Vols, incendies, assassinats et massacres se succèdent. Les troupes,
aux ordres de la comtesse et du Roi, n’agissent guère autrement.
L’accalmie fut de courte durée. De Roquemartine et des Baux comme
quartier général, les mercenaires de Raimond s’élançaient au pillage. Les
voyageurs détroussés ou emmenés prisonniers, mis à la question ou
19
rançonnés, étaient surtout des clercs ou des prélats. Tel Guillaume de la
Voulte, Evêque d’Albi, qui, revenant d’Avignon se vit dépouiller de son
argent et de ses joyaux. Les paysans eux aussi se voyaient maltraités.
Bestiaux, tonneaux de vin, sacs de blé, marchandises de toutes sortes,
étaient dirigés sur l’une des places dont Raimond avait fait ses entrepôts et
ses magasins généraux.
Mais ces opérations étaient entrecoupées de négociations et de trèves.
En février 1389, il y eu des pourparlers avec le Pape et un arrangement
avec Marie de Blois au sujet des Baux.
L’année suivante (1390), une commission d’arbitres devait connaître
tous les différents, Guérin d’Apchier et Raoul de l’Estrange, désignés par
Raimond, l’Evèquede Mende et l’Ermite de la Faye, désignés par le Pape et
Marie de Blois. Jean lll, comte d’Armagnac, était surarbitre et séquestre des
places litigieuses. Cet arbitrage échoua à nouveau par le mauvais vouloir de
Raimond de Turenne.
Le 20 juillet, Louis ll s’embarquait pour l’Italie, en compagnie de
Sénéchal de Provence. Le vicomte de Turenne, jugeant le moment
favorable, reprit la série de ses exploits. C’est alors que Marie de Blois,
avec le concours des Marseillais et soutenue par les Etats, fit occuper
Meyrargues, le Puy-Sainte-Réparade, les Pennes, le Péage de Bouc et
Roquemartine. De ce dernier poste on pouvait surveiller les Baux.
Les Etats réunis à Aix le 22 juillet 1391, décidèrent qu’en l’absence du
Sénéchal, les forces militaires seraient confiées à Réforcia d’Agoult, fils du
sieur de Sault, Commandeur d’Aix et de Puymoisson. Ils décidèrent
également la levée de cent lances, soldées, qui ne devait rien prendre sans
payer, la perception d’une somme de vingt mille florins, perçue en quatre
termes et par baillie ou viguerie. De plus l’exportation du blé hors des
Comtés de Provence et de Forcalquier était autorisée ainsi que celle de tous
autres vivres, à condition que ce ne fût pas à destination de terres rebelles.
La peine de mort fut d’ailleurs édictée contre quiconque aiderait à Turenne.
Le 9 octobre, un traité intervint entre Turenne, Marie de Blois et Louis ll
Les souverains consentaient à lui restituer les places occupées, une moitié
de la vicomté de Valerne, prenaient à leur charge la solde des garnisons de
Montpaon et de Castillon qui ne devaient plus inquiéter les habitants des
Baux, lui payaient 14.000 francs de dommages et intérêts, plus une rente
de1.000 livres et enfin ils pardonnaient à tous ses gens et complices sauf
deux. Raimond de Turenne, de son coté, se reconnaissait vassal de Louis ll
pour ses posséssions et se réconciliait avec les Marseillais. Le 10
novembre, le traité fut ratifié par la reine Marie et le 5 décembre 1391
Meyrargues fut restitué à Turenne.
Mais si la paix était faite de ce coté, elle ne l’était pas avec le Pape et il
fallut l’énergique intervention du Roi de France Charles VI pour la rétablir
entre Raimond et Clément Vll, le 5 mai 1392.
20
Cette fois, il semblait que toutes les précautions avaient été prises pour
Assurer la paix et la tranquillité et cependant avant la fin de l’année on était
encore en pleine guerre. Il semble bien que ce fut par la faute de Eudes de
Villars qui avait épousé Alix des Baux, comtesse d’Aveline et qui
réclamait aux Beaufort la posséssion des terres des Baux, Castillon,
Eguilles, Puy-Ricard et autres et aurait , sans déclaration de guerre, attaqué
Raimond de Turenne, lui causant des dommages importants. Celui-ci,
estimant que le pape et la Reine poussent son adversaire, réunit aussitôt les
bandes que contrairement au traité du 5 mai, il s’était bien gardé de
licencier, et du premier coup enlève quatre ou cinq places à ses ennemis.
Il existe aux archives communales d’Aix, liasse EE 1, une quittence
datée du 23 juillet 1392, donnée par Bordus de Gimont et Jean de Sergas
aux représentants du conseil d’Aix, pour une somme de 500 francs d’or de
seize sous, monnaie courante reçue pour une rançon de divers Aixois faits
prisonniers à Puy-Sainte-Réparade par des troupes d’Eléonore de Cominges
et enfermés au Château de Meyrargues.
Mais l’adversaire s’organise. Le Sénéchal Georges de Marle, revenu
d’Italie, prend le commandement général. Les forces sont réparties entre les
sieurs d’Agould, de Sault, de Caseneuve, de Céreste , de Cotignac, Elion et
décident des levées d’hommes et d’argent et au début de 1393, Raimond est
vivement poussé de toutes parts. C’est à ce moment-là que Marie de Blois,
appuyée par Clément Vll, esseya de négocier pour faire aboutir un mariage
entre son second fils, le Prince Charles de Tarente, et Antoinette de
Turenne, fille et unique héritière de Raimond. Cela aurait permis non
seulement d’assurer la paix, mais aussi de préparer en même temps la
réunion au comté des vastes domaines qui faisaient de Raimond, un si
redoutable voisin. Mais Raimond de Turenne déclara qu’il préfèrerait voir
sa fille morte que de la donner au Prince de Tarente.
La Cour de France, de son côté, fit dessein de faire épouser Antoinette
par le Maréchal de France Jean le Meingre, dit Boucicaut. Les Ducs de
Berry et de Bourgogne, firent agréer le candidat à Turenne, qui promit de
ne point disposer de la main de sa fille avant le 1 er novembre, sans le
consentement de CharlesVl.
Au début de juin 1393, Jean de Vienne mettait le siège devant les
Baux. Toutes les forces d’Arles et de Tarascon venaient, avec les bannières
de la Reine, ravager les blés et les vignes. George de Marle vint mettre le
siège devant Meyrargues et Saint-Paul-les-Durances. Les Etats, réunis en
Avignon, siégèrent presque tout le mois d’août et prirent des mesurent
extraordinaires pour lutter contre Turenne. Le Pape avancerait 5.000 francs
par mois et pour se procurer de l’argent on emprunta : Marseille, 1.500
francs ; Arles, 1.000. francs, etc…. Défense était faite à quiconque de faire
accord ou pacte avec Turenne ou ses partisans, ou de leur prêter secour,
sous peine d’être considéré comme rebelle.
21
On établit une taxe sur les exportations de sel, amandes,blé, graines,
vin et huile. La tête de Raimond fut mise à prix10.000 francs. Liberté et
sauvegarde assurée à ceux de ses compagnons qui accepteraient de faire
leur soumission.
L’appel des Etats à la collaboration du Pape, eut le don d’exaspérer
Raimond contre celui-ci. Il se prononça publiquement pour le Pape de
Rome, Boniface lX , comme il s’était prononcé pour Ladislas de Durazzo,
le rival de Louis ll. A cela, Clément Vll répondit en citant Raimond de
Turenne et ses complices au prochain consistoire, pour se voir condamner
comme larrons, incendiaires, bandits et dévastateurs publics, le 15
décembre 1393. Mais Raimond semblait n’avoir cure de tout cela et c’est
cette même année, la veille de Noël, qu’eu lieu le mariage de sa fille
Antoinette de Beaufort avec Jean le Meingre de Boucicaut.
Cependant les hostilités continuaient. Les Etats réunis à Aix en février
1394, décidèrent de nouveaux impôts et un emprunt de 40.000 francs. De
même une nouvelle de lances et d’arbalétriers à pied et à cheval. Ils
décidèrent également que le Sénéchal devrait s’accorder avec Guillaume de
Robergues, capitaine du Puy-Sainte-Réparade pour la remise de cette
forteresse et que la direction de la guerre et le commandement des troupes
seraient confiés au Prince de Tarente, le frère de Louis ll.
Les affaires prenaient assez mauvaise tournure pour Raimond de
Turenne. Le Maréchal de Beaucaire surveillait étroitement les passages du
Rhône, le pape lançait l’interdit sur toutes ses terres, le 13 avril 1374. Les
Arlésiens procédaient au dégât de la région des Baux. Les Ducs de
Bourgogne, d’Orléans, et de Bourbon offrirent alors l’arbitrage royal, en
mai 1394. Raimond l’aurait accepté sous réserve et le Pape n’y était pas
hostile. Mais Marie de Blois rendit la paix impossible par ses exigences.
Elle refusa de se dessaisir, même entre les mains d’une personne neutre,
d’aucune des places prises sur Raimond les déclarant duement acquises au
Domaine Provençal à moins que, de son coté, Raimond n’abandonna
Meyrargues, Châteauneuf de Mazenc, Roquemartine et les Beaux, en un
mot tout ce qui lui restait sur la rive gauche du Rhône. Elle promettait dans
ce cas 10 à 12000 francs pour faciliter le départ des soudoyers de Raimond
(10 juillet 1394)
Il fallut donc poursuivre la guerre. Celle-ci fut menée de plus en plus
rigoureusement par Marie de Blois et par le Pape, soutenus par les Etats qui
multiplièrent les levées d’hommes et d’argent. La mort du Pape Clément
Vll , le 16 septembre 1394, ne changea rien à la situation, car le premier
geste du nouveau Pape, qui prit le nom de Benoît Xlll, fût de joindre ses
efforts à ceux de la Reine Marie.
En même temps, le procès criminel de Raimond de Turenne fut entamé
devant la juridiction laïque du Sénéchal de Provence. Les charges étaient
lourdes, le fait d’entretenir aux Baux , à Castillon, à Pertuis un ramassis de
22
vils brigands, qu’il renforçait des troupes de Meyrargues et des Pennes,
autres repaires des bandits, les nombreux meurtres qu’il avait commis, des
rapts, des adultères, des sacrilèges, des incendies, des courses en Provence
et dans les pays adjacents, la violation de son serment, le crime de lèse
Majesté, constituaient autant de chef d’accusation sur lesquels il devait
répondre le 21 décembre 1394. Le 22 décembre Raimond de Turenne
n’ayant pas comparu, le Sénéchal Pierre d’Acigné, siégeant à Tarascon,
déclara ses biens et ses terres confisqués au profit de Louis ll. Il affranchit
ses sujets provençaux de toute obligation envers le coupable et prononça
contre lui une condamnation capitale qui serait exécutée aussitôt que
Raimond serait pris entre les mains du Roi.
Des négociations engagées en février 1395 par l’intermédiaire d’Henri
de Marles et de Pierre Lefèvre, le premier, Président, le deuxième,
Conseiller au Parlement de Paris, qui se rendirent pour cela à Pertuis, ne
donnèrent aucun résultat. Dans une assemblée, tenue à Aix avant juin 1395,
on décida la mise en état de défense de la Tour de Janson, au pied de
laquelle on entretiendrait deux bateaux pour passer la Durance. Le
Sénéchal, avec tous les gens de cheval et de pied qu’il pourrait réunir, irait
faire le « Gast » devant Pertuis, il mettrait ensuite le siège devant
Meyrargues et bloquerait cette place pour emmener la destruction de la
vicomtesse de Turenne Eléonore de Comminges.
Turenne, nullement intimidé par la rigueur de ces mesures, se vantait
d’avoir en Provence 500 combattants de plus qu’autrefois et de pouvoir
facilement s’en procurer encore 1.000 autres. Aussi les villes les plus
menacées trouvait-elles, malgré la défense réitérée des états, à s’accorder
avec les bandes qui sévissaient dans leur voisinage. C’est ainsi qu’en
décembre 1395, Arles,Tarascon, Toulon et Marseille concluaient des
« Patis » avec les compagnies cantonnées dans les forteresses voisines,
tandis qu’avec le reste de ses troupes, Raimond s’en était allé continuer la
guerre sur la terre du Prince d’Orange, Jean de Chalon, à qui il réclamait
une partie de l’héritage de Catherine des Baux, Dame de Courthézon et de
Gaudissart, morte en 1392 sans postérité.
Le 11 mars 1396, un accord est signé entre Raimond de Turenne et
Louis ll, sur la base de la restitution des prises et une indemnité de 40 à
60.000francs à fournir par la Provence. Mais comme les précédents cet
accord demeura nul et les hostilités continuèrent avec plus d’âpreté encore.
A la mi-août 1396, les Etats, réunis à Aix, décidèrent de la mise en état de
la bombarde qui était à Salon et des trébuchets qui étaient à Grambois, pour
qu’on puisse les utiliser à la première réquisition.
L’année 1397 vit des évènements décisifs. Le trente juillet, le sénéchal
assiégea Pertuis avec force engins et bombardes, dont l’une, en particulier,
jetait des pierres de trois quintaux. Au bout de 18 jours de siège, le château
fut emporté. Le Pape Benoît Xlll fulminait le 20 août, une Bulle
23
d’excommunication, renouvelée le 15 février suivant. Au printemps 1398,
quelques capitaines de Raimond de Turenne firent défection et leurs
hommes furent dirigés sur le Languedoc.
En juin 1398, nouveaux pourparlers entre Raimond et le Pape, mais à
ce moment là, la soustraction d’obédiance, décidée par le Roi de France, le
27 juillet, puis par le Roi de Sicile, le 30 novembre, vint mettre Benoît Xlll
dans une situation critique.
De son coté, Boucicaut continuait ses menées contre son Beau-pére. Le
7 juillet 1399, il s’engageait par traité avec Marie de Blois, à réduire à
l’obéissance à la Reine, les baux et autres places encore occupées par
Turenne et à barrer les passages du Rhône aux troupes levées par celui-ci
sur la rive Languedocienne. Effectivement, vers la fin de 1399, Raimond de
Turenne ne possédait pratiquement plus rien en Provence. Son rôle était
désormais fin.
En ce qui concerne Meyrargues et son château, la mère de Raimond,
Eléonore de Comminges, s’y était enfermée et continuait d’y résister. Ce ne
fut qu’en 1401que, faite prisonnière par Boucicaut, elle fut conduite à Aix
et contrainte d’abandonner Meyrargues qui, dès lors, repassa au domaine
Royal.
Cependant, quoique certains historiens aient pu prétendre, Raimond ne
disparut pas noyé dans le Rhône en 1400. Il vécut encore plusieurs années,
sûrement jusqu’en 1411 et peut être même jusqu’en 1417. Le 11 février
1408, le Pape Benoît Xlll, indiquait dans une Bulle, à quelle condition
Raimond de Turenne pourrait obtenir son absolution. (Encycl., T. ll)
Le 17 juin 1400, le Roi Louis ll par des lettres données à Paris,
approuva et confirma, excepté pour Saint-Rémy qu’il se réserva, les lettres
patentes du 7 juillet 1399, données à Marseille par Marie de Blois, sa mère,
et par lesquelles la Reine avait promis à Jean le Meingre de Boucicaut et
Antoinette de Turenne, sa femme et à leurs descendants de l’un ou de
l’autre sexe : les habitants, terres, châteaux et lieux de Pertuis, Pélissane,
Saint-Rémy, les Pennes et Meyrargues ( retenant l’usufruit de Meyrargues
à magnifique Eléonore de Comminges, vicomtesse de Turenne), avec leurs
forteresses, hommes, vassaux, terres cultes et incultes, plaines,montagnes,
forêts, prés, pâturages, moulins, eaux et cours d’eau, territoires,
tennements, maisons, possessions, deffens, membris proventibus, ports,
droits, juridiction et appartenance quelconque. Sous la condition de
l’hommage et sous le serment qu’il tiendra ceux des Baux pour ses
ennemis, les défiera ou les fera défier et leur fera la guerre s’ils ne tiennent
pas leurs promesses. Et que tous les lieux cités ci-dessus ne passeront
jamais entre les mains de Raimond de Turenne ou de ses autres ennemis,
mais que les habitants et officiers de ces lieux, à défaut de postérité du
Maréchal et de sa femme, les rendraient à Geoffroy le Meingre de
24
Boucicaut, frère du Maréchal ou de ses héritiers, faute desquels tous les
lieux ci-dessus cités retourneraient au domaine de Comtal.
Mais, comme nous le verrons plus loin, cette donation ne devint
effective que par un nouvel acte du Roi Louis ll en date du 28 septembre
1406, qui est conservé aux archives seigneuriales.
LOUIS ll
20 ème Seigneur de M eyrargues
Louis ll devint donc par la force seigneur de Meyrargues en 1401,
après la capitulation d’Eléonore de Comminges. Fils de Louis l er , né en
1377, duc d’Anjou, comte de Maine et de Provence en 1384, il mourut en
1417,. Il avait fait don de Meyrargues à son frère en 1403.
Aux archives communales d’Aix, liasse DD 70, on trouve des lettres
patentes de Louis ll, en date du 16 janvier 1401, rétablissant la faculté de
traverses la Durance à Meyrargues.
--------------------------------------------------------CHARLES DE TARENTE
21ème Seigneur de Meyrargues
Charles de Tarente, frère de Louis ll, possède le fief de Meyrargues par
la donation que lui en fit celui-ci, le 1er septembre 1403 et il le et il le
garda jusqu’au 28 septembre 1406, date à laquelle il lui fut retiré et remis
au Maréchal de Boucicaut.
Lors de la donation de 1403, il avait été établi un cadastre de tous les
biens de Meyrargues.
-------------------------------------------------------
JEAN LE MEINGRE DE BOUCICAUT
22 ème Seigneur de Meyrargues
Nous avons vu que Jean le Meingre de Boucicaut avait épousé, en
1393, Antoinette de Beaufort, fille unique de Raimond de Turenne. Pour le
récompenser d’avoir travaillé contre son beau-père et combattu en
Provence, en 1399, pour soutenir la régente Marie de Blois et son fils Louis
ll, celui-ci retira le fief de Meyrargues à son frère Charles de Tarente pour
25
le lui donner. Cette donation qui fut faite par lettres patentes données à
Tarascon le 28 septembre 1406 et datées par Louis ll de la 22 ème année de
son règne, concernait également Pertuis, Villelaure, Pélissanne et les
Pennes.
Jean le Meingre prêta l’hommage au Roi le 11 décembre de la même
année en présence de Pierre d’Acigné.
Aussitôt qu’on lui eut remis le fief de Meyrargues,
Jean le Meingre fit faire de très grosses réparations au château. Au cours
des années 1406- 1408, des prix faits furent établis pour les travaux
suivants :
Construire une crotte dans la cuisine.
Paver de carreaux bons et suffisants, la salle et les terrasses.
Etablir des créneaux autour du château, dehors et dedans.
Paver la chapelle.
Construire des cheminées.
Etablir des Planchers.
La cheminée de la cuisine et celle de la grosse tour au dessus.
Fournir les boiseries de la tour.
Rompre la roche de la salle, pour faire le parement.
Pratiquer un conduit menant de dessus la salle à la citerne.
Etablir des bancs en maçonnerie le long des murs.
Tous les prix faits ci-dessus sont consignés registre B, 1676. Arch. Dép.
Cour des Comptes.).
Le 10 juin 1410 eut lieu une transaction entre Jean le Meingre et la
communauté d’Aix au sujet du pâturage. (Arch. Seigne.).
Le 25 Avril 1415, Louis ll signait des lettres patentes pour régler un
différent qui s’était élevé entre les époux Boucicaut d’un côté et les Aixois
de l’autre, en raison des droits de péage et cosses que les premiers voulaient
exiger de ces derniers, à Pertuis et à Meyrargues. (Ach. Commu. D’Aix,
reg. AA 2, F° 70 bis ).
Le 15 mai de la même année, reconnaissance par Pierre d’Acigné,
Sénéchal de Provence, du droit que possèdent les Aixois de faire dépaître
leurs troupeaux et de couper du bois à Meyrargues. Ainsi que de payer
deux deniers coronats par animal chargé ou non passant au bac de ce lieu.
(A. C. d’Aix, AA 2, F° 69).
-----------------------------------------------------------GEOFFROY LE MEINGRE DE BOUCICAUT
23 ème Seigneur de Meyrargues
26
Le 2 février 1421, Yolande, mère et tutrice de Louis lll, renouvelle à
Geoffroy le Meingre de Boucicaut, frère de Jean, l’inféodation de
Meyrargues en relatent les lettres patentes de Louis ll du 28 septembre
1406 à Jean le Meingre, lui donnant la Mixto, Méro et Impère, droits de
régale et premières appellations, sur les lieux,
Mais il fut dépossédé de tous ses fiefs,l’an 1427 parce que convaincu
de félonie, il avait épousé Isabelle de Poitiers et en avait eu un fils
prénommé Aimard. (Arch. Seign ).
--------------------------------------------------------LOUIS lll .
24 ème Seigneur de Meyrargues
Meyrargues retourne alors au domaine et c’est le Roi de Naples,
Louis lll, duc d’Anjou, comte du Maine et de Provence, qui en garde la
seigneurie jusqu’en 1430, époque à laquelle il en fait don à sa mère,
Yolande d’Aragon. L’investiture eu lieu en 1431.
--------------------------------------------------------YOLANDE
d’ARAGON
25ème Seigneur de Meyrargues
Yolande d’Aragon, épouse du comte de Provence Louis ll, était
devenue régente et tutrice de Louis lll en 1417. Elle garde la seigneurie de
Meyrargues de 1430 jusqu’à sa mort.
----------------------------------------------------------LE ROI RENÉ
26ème Seigneur de Meyrargues
A la mort d’Yolande d’Aragon, son fils, le Roi René, né au château
d’Angers le 16 janvier 1409, hérita de la seigneurie. Il était comte de Guise,
Chailly et Long-jumeau, de Provence, de Forcalquier, du Maine et du
Piémont, marquis de Pont-à-Mousson, duc d’Anjou, de Bar et de Lorraine,
roi de Naples, de Jérusalem et de Sicile.
Il donna par lettres patentes du 27 février 1442 Meyrargues à Artaluche
d’Allagonia.
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Meyrargues et la Maison d’Allagonia
ARTELUCHE DALLAGONIA
27 ème Seigneur de Meyrargues
La famille d’Allagon ou d’Allagonia était originaire de la Province
d’Aragon en Espagne, où se situe un pays nommé Allagon. Elle était une
des neuf principales familles du Royaume et ses membres figuraient en
premier rang parmi les anciens Barons. Quand les Rois d’Aragon
s’emparèrent de la Sicile, Les Blasco d’Allagon, qui faisait partie de leur
suite, s’établirent dans ce pays et y demeurèrent en haut rang pendant un
siècle environ.
Arteluche d’Allagonia, qui suivit le Roi René en Provence, était comte
de Polycastre, d’Agnate et de Concours et avait dans le royaume de Naples
un revenu de 30.000 ducats.
Les lettres patentes du 27 février 1442 constituent une charte qui est
d’une extrême importance puisqu’elle indique : le pourquoi de la donation,
ce qu’on entend donner, les droits seigneuriaux, revenus et privilèges, les
obligations réciproques du suzerain et du vassal. En raison de cette
importance capitale, nous croyons en donner une copie textuelle, après une
rapide analyse. Le texte est en mauvais latin, bourré d’expressions de base
latinité et de barbarismes et l’orthographe même n’y est pas toujours
respectée. Dans la transcription que nous en donnerons (Pièce justificative
N°1° ) nous nous ferons un scrupule de respecter le texte et l’orthographe
originaux.
Le Roi donne Meyrargues à Artaluche d’Allagon en reconnaissance
des services rendus, « d’agréables, grands, efficaces services ». Ces
services étaient surtout des services de guerre, « Arteluche toujours à fait
preuve du plus pur loyalisme à l’égard de son Roi. Suivant la louable
habitude de ses ancêtres, il n’a nullement hésité à quitter sa position, ses
terres et le doux sol de sa patrie ; exposant sans cesse sa tête et ne
ménageant pas sa bourse . » Il s’est attaché au Roi qu’il à connu à Naples et
suivi dans toutes ses expéditions.
Après la donation que lui en fit le Roi, il vint habiter Meyrargues, mais
il regretta assez souvent d’avoir quitté le beau ciel d’Italie, trouvant que la
récompense obtenue était insuffisante. Il disait pour se plaindre, en son
28
jargon italien, une pittoresque expression qu’il répétait volontiers : « M’en
douna un galinaro », on m’a donné un poulailler. Le Roi René le reconnaît
d’ailleurs lui-même, puisqu’il dit dans la charte qu’Arteluche « mérite une
récompense plus grande encore ».Par la charte de 1442, le Roi donne à
Arteluche d’Allagonia « la terre et le pays de Meyrargues, ses
hommes vassaux et leurs hommages, les revenus de ces vassaux, leurs fiefs
et arrières fiefs, feudataires, sous-feudataires….etc » et la pleine possession
de tous les biens situés dans le territoire du fief, qui relèveront désormais de
sa directe universelle.
Dans la pratique, le seigneur rencontrera des difficultés nombreuses
pour faire valoir son droit, car au moment de l’inféodation, la plupart des
biens étaient d’origine allodiale, c’est à dire franc et immunisés de tous
droits ainsi qu’on peut s’en rendre compte par la reconnaissance des biens
tenus sous le domaine de la cour, par le notaire Guillaume Mathieu en
1309, par ordre du Roi Robert le Sage (l2 ème seigneur de Meyrargues).
D’autres avaient été aliénés par des reconnaissances particulières, pour des
œuvres de charité et de piété. L’hôpital, de son côté, possédait des revenus
assez considérables.( En voir l’inventaire pièce justificative N 2).
Disons en passant des mesures employées à cette époque. Toutes se
rapportaient à la canne, si cette dernière est considérée comme mesure de
longueur, elle équivalait à 1m,985. Comme mesure de surface, elle
environnait donc 4 mètres carrés. Les diverses surfaces s’exprimaient par
l’Homme qui représentait 125 cannes, le Panal 160 cannes, la charge ou
Saumée 1.600 cannes, le Civadier 40 cannes, la Soucheraie 800 cannes et
l’Eminée 200 cannes.
Citons également quelques noms que l’on rencontre à Meyrargues à ce
moment là.
Jean Pannicaut
Jacques Imbert
Jacques Margaillan
Estienne Vernet
Honoré Cosme
Antoine Adanaulphi
Christophe Labouret
Jacques Florens
Bertrand Figuière
Gaufridi Arbaud
Jean Désala
Barbière
Antoine Isnard
Antoine Jean
Antoine Garcin
Antoine Adaoust
Jacques Lambert
Guillaume Blanc
Pierre Ventre
Revenons maintenant aux restrictions de ses droits que dut constater le
nouveau seigneur du fief de Meyrargues.
Le Couvent des Sœurs de Sainte-Claire d’Aix et celui de Notre-Dame
des Carmes avaient des bénéfices à Meyrargues. Le Vicaire du lieu et les
Nonains de Saint-Barthélémy avaient chacun un moulin. Les Abbés
prébendés de Saint-Sauveur avaient une part sur les revenus du Bateau de
29
Durance, etc., etc… Aussi, lorsque le Seigneur, en conséquence de
l’inféodation, voudra exiger qu’on lui fasse reconnaissance de tous les
biens situés dans le fief, il se heurta à une vive résistance, soit de la part des
habitants, soit de celle des Bénéficiers.
Voilà l’origine des procès incessants entre la communauté et le
seigneur au sujet de la directe universelle, où on verra tour à tour, les
Habitants obligés de prêter hommage et serment de fidélité au seigneur en
1531 et le seigneur obligé de restituer les biens de l’hôpital, dont il s’était
emparé, et de reconnaître certains privilèges des habitants en l’année 1623.
Il faut se représenter qu’il était facile au Roi Renéde donner à
Arteluche tout ce qu’il possédait à Meyrargues, il était beaucoup plus
difficile à celui-ci d’en jouir,car tout ce qui relève directement de la
seigneurie sera matière à discussion : la terre gaste, les eaux, les fours,
moulins etc…
Le fief de Meyrargues comprend : vignes, olivettes, jardins potagers,
vergers, jardins, fours, terres cultes et incultes, montagnes, prairies, bois,
pâturages, moulins aux et cours d’eau, rivières, rivages, etc…Dans cette
énumération, la partie montagneuse est la plus largement représentée, à
peine fait-on mention de la plaine, sans en donner de détails. C’est qu’à
cette époque, la plaine de la Durance était inculte et marécageuse et ce n’est
que près de deux cents ans plus tard que nous assisterons à son
défrichement et à sa mise en culture.
La terre gaste était constituée par la plupart des bois et collines, les
Iscles et laissans ou terrains abandonnés par la Durance. Elle appartenait au
seigneur, mais supportait de nombreuses servitudes. Les habitants avaient
le droit d’y faire paître les troupeaux et d’y prendre du bois.
Une mention spéciale est faite pour le four et le moulin, mais il n’est
pas question du droit de banalité. Il n’y est pas davantage parlé du foulage
des grains, par les chevaux du seigneur. A Meyrargues, les banalités de
foulage, mouture, et fournage n’existait pas et les habitants étaient libres de
fouler et de moudre leurs grains à leur guise, ainsi que pour cuire leur pain.
Pour ceux qui, pour ces diverses opérations, avaient recours au seigneur, le
droit perçu par ce dernier était un vingtain.
Les eaux et les cours d’eau comprennent, non seulement les eaux des
rivières et par conséquent celles de la Durance, mais encore les eaux de
sources qui servent aux divers usages domestiques, arrosage des prés et
abreuvage du bétail. La charte de 1442 donne la priorité des eaux au
seigneur, mais cette propriété lui a souvent été contestée par les habitants.
Chaque année la communauté nommait des prud’hommes qui devaient
veiller à la bonne administration de l’eau et elle mettait aux enchères la
place de pradier. Le pradier était chargé non seulement de l’administration
de l’eau chacun son tour et de l’arrosage des prés, dont les frais étaient
supportés en commun, mais encore de l’entretient de tous les fossés qui
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était à la charge des particuliers. Cette charge de pradier s’est maintenue
jusqu’à ce jour.
Les droits sur les troupeaux comprenaient les droits de passage,
pulvérage et herbage. Les moutons devaient payer un droit pour pouvoir
traverser le pays (droit de passage), pour pouvoir y brouter (herbage) et
parce qu’ils soulevaient de la poussière en marchand (pulvérage). Mais ces
droits ne s’appliquaient pas aux troupeaux du pays mais seulement à ceux
qui sont transhumants.
Les droits sur la navigation comprenaient les droits de passage « les
ports des eaux flottables et des rivières ( portubus maritimis et fluvialibus),
plages et droits de ports, édifices et parties des dits rivages ».
L’Albergue ou droit de gîte est l’obligation d’héberger le suzerain
lorsqu’il vient dans le pays.
Le droit de Cavalcade est l’obligation de fournir au suzerain un certain
nombre de fantassins et de cavaliers avec leur monture.
Le droit de Leide : Grande Leide sur le grain et petite Leide sur les
autres denrées vendues aux marchés ou à la foire sont en quelque sorte un
droit de place et le seigneur doit en échange, fournir le matériel nécessaire
nécessaire aux marchands, tel que bancs, les échopes, tables, etc…A
Meyrargues, le droit de Leide est perçu partie par le seigneur et partie par
l’église.
L’Encant ou Inquant était un droit de 5 ‰ perçu sur les criées et
saisies.
Les péages étaient de deux sortes. Ceux qu’on percevait sur les
passants traversant le Pays, leur bétail ou leurs marchandises, que ce soit
par terre ou en descendant ou remontant la Durance, et ceux qu’on prélevait
pour traverser la rivière.
La Cence ou Censive était ce que nous appelons aujourd’hui l’impôt
foncier. Elle était due pour toutes propriété ou immeuble, maisons, terres
ou autres situés dans le domaine de » la seigneurie, c’est une rente annuelle
que le seigneur exige en vertu de son droit de propriété sur l’ensemble du
fief.
La Tasque ou Dime s’applique à toutes les sortes de grains mais avec
un pourcentage différent selon les espèces ou qualités. Pour le blé, elle est
de 1/10e pour le seigle l’avoine, l’orge, l’épautre, fèves, lentilles,, pois
chiches, et autres, elle est du 1/16e ,pour les haricots 1 /13e .
La chasse et la pêche, bien que mentionnées parmi les droits
seigneuriaux, sont aussi le privilège des habitants. Ce privilège est
reconnu dans l’acte d’hommage d’Arteluche qui promet aux habitants de
respecter leurs libertés et privilèges et notamment la chasse et la pêche.
Les Lauzismes, encore appelés Lods ou Lauds et les Trézainsou
trétainementsont des droits payés pour obtenir du seigneur la permission
de vendre ou d’aliéner une propriété. Ils étaient accompagnés du droit de
31
Retrait qui autorisait le seigneur, lorsque une terre ou un immeuble se
vendait, à se les approprier en totalité ou en partie, en remboursant à
l’acheteur le prix qu’il avait payé.
Tels sont les principaux droits qui constituaient le fief de Meyrargues.
De plus, le seigneur jouissait de certains privilèges indiqués dans la charte.
Il rendait la justice haute et basse (Mèro, Mixto, Império) et son exercice
comprenait « toute juridiction et naufrages quels qu’ils soient ayant lieu au
hasard des eaux flottables du territoire et du tennement du dit lieu de
Meyrargues ».Comme conséquence, il à le droit de punir et de faire punir
(les personnes qui pourraient se manquer). Enfin il reçoit l’hommage des
vassaux. « Quelle personne que ce soit, de quel grade ou condition que ce
soit, y ayant fief, doit faire hommage au même Arteluche et à ses héritiers
ou successeurs et lui prêter serment de due fidélité, tout comme ils sont en
usage de le prêter et l’on prêter à nous et à notre cour » .
Les engagements réciproque du suzerain et du vassal occupent toute la
fin de la charte. Le Roi fait donation de son fief de Meyrargues à Arteluche
« par pure libéralité, par l’instinct de son propre mouvement », Arteluche
devient l’obligé de son bienfaiteur, il lui devra l’hommage et le serment de
fidélité et il ne devra reconnaître « nul autre que lui ainsi que ses
successeurs dans les dits comtés de Provence et de Forcalquier pour son
suzerain et majeur seigneur ».A cette seule condition, le Roi lui cède « le
lieu de Meyrargues avec tous ses droits, raisons et appartenances ».
Arteluche se substituera en quelque sorte à son suzerain. Il deviendra
« seigneur ne pouvant être dépossédé ». Pour donner plus de force à sa
donation, le Roi promet à Allagon de le défendre et de le protéger contre
tous hommes et personnes, ainsi que partout en jugement. Bien plus, au cas
ou quelqu’un engagerait une action contre lui, en faisant valoir des droits
sur le fief de Meyrargues, il promet « de reprendre la cause pour lui, sa
cour , son fisc, de la poursuivre à ses propres dépens et frais, de façon à ce
que Arteluche obtienne gain de cause ». Enfin, il annule, révoque cesse
toutes les dispositions qui seraient contraire à la donation, telles que ventes,
concessions, alliénations, qui auraient pu être faites ou à faire, même s’il
s’agissait de personnes bien méritantes du dit lieu de Meyrargues, « en
sorte que la donation de ce fief demeure efficace, incommutable, pleine
ainsi que entière et inviolable ».
A la suite de cette donation, Arteluche prêta serment au Roi René le
24 avril 1442 et les habitants de Meyrargues allèrent à Aix pour rendre
l’hommage et prêter serment de fidélité à leur nouveau seigneur le 15 juillet
de la même année.
De son mariage avec Polyxène de Principatu de Naples, Arteluche
d’Allagonia eut un fils nommé Jean qui fut à son tour seigneur de
Meyrargues et 3 filles :Jeanne, Béatrice et Catherine. Il testa en faveur de
Jean le 13 février 1471.
32
JEAN 1er D’ALLAGONIA
28ème Seigneur de Meyrargues
Jean 1er prêta hommage au Roi René le 20 avril 1473. Le 3 janvier
1378, il épousa Jeanne de Grolée, veuve d’honoré d’Oraison, seigneur de
Cadenet, qui était la fille de Jean de Grolée, seigneur de Bressieux, et de
béatrix de Mévouillon. Les témoins signés au contrat furent Henri de
Castellane-Montmeyan, ainsi que Pierre de Castellane-Régusse.
De ce mariage naquirent quatre enfants. L’aîné, Jean, succéda à son
père comme seigneur de Meyragues, le deuxième, Antoine, fut seigneur de
Vauclaire et épousa, le 22 février 1497, Nore de Glandevès des seigneurs
de Pourière. Jean-Baptiste fut Chevalier de Sait-Jean de Jérusalem. Et enfin
Jeanne fut mariée à Sécondia de Solier, seigneur de Saint- Cannat qui lui
laissa toute sa fortune. Elle laissa elle-même, en 1573, un testament en
faveur de son neveu Caude qui était le 3ème fils de son frère Jean.
Jean 1er testa le 3 juillet 1505.
--------------------------------------------------------------JEAN ll D’ALLAGONIA
29ème Seigneur de Meyrargues
Jean ll d’Allagonia devint seigneur de Meyrargues par l’acte
d’hommage à Louis Xll, Rois de France, reçu en 1505 par M e Claude
Maliverny, notaire à Aix. Il épousa Antoinette de Saint-Vincent d’Agoult,
fille de Fouquet d’Agoult, seigneur de Rogne et en eut cinq enfants. L’aîné
Pierre, mourut sans postérité. Constans, qui mourut également sans enfants,
fut seigneur de Meyrargues. Claude succéda à son frère Constans comme
seigneur de Meyrargues. Jean fut reçu Chevalier de Malte en 1537,
Catherine, qui fut mariée en 1511 à Jean de Raimond, seigneur d’Eoux, fils
d’Elzéar et de Louise de Castellane-Salerne.
Depuis la mort d’Arteluche d’Allagonis, Jean d’Acigné avait des
prétentions sur la terre de Meyrargues. Il en fut débouté par un arrêt du
Grand Conseil de François 1er en date du 31 janvier 1519. Il appuyait ses
prétentions sur une donation par Louis ll à Pierre d’Acigné en 1405. L’arrêt
du Grand Conseil fut motivé par le fait que le même Pierre d’Acigné avait
33
en tant que Sénéchal de Provence, reçu l’hommage de Jean le Meingre de
Boucicaut comme seigneur de Meyrargues en 1406. (Arch. Seign.)
Les héritiers d’Arteluche eurent aussi à se défendre contre les
prétentions d’Aimar de Poitiers, se présentant comme héritier de Jean le
Meingre de Boucicaut, étant le fils de Geoffroy le Meingre et d’Isabelle de
Poitiers. ( Arch. Seign. )
Le 4 juin 1528, François 1er accorda à Jean ll d’Allagonia, seigneur de
Meyrargues, et à son frère Antoine, seigneur de Vauclaire, des lettres de
patentes enjoignant à son vice-roi à Naples de les aider à recouvrer les
droits et terres que défunte Arteluche d’Allagonia et Polyxène de
Principatu, leurs grands-pères et Grand-mère, possédaient dans le royaume
de Naples et dont ils avaient été dépouillés pendant l’occupation de ce
royaume par des princes étrangers.( Arch. Seign.).
En 1536, lorsque, pour venger l’échec du connétable de Bourbon de
1534, Charles-Quint vint en personne envahir la Provence et mettre le siège
devant Marseille, François 1er ordonna de tout détruire sur le passage des
armées Impériales. Ces ordres furent rigoureusement exécutés, les récoltes
furent détruites et incendiées, les seigneurs eux mêmes mirent le feux à
leurs granges et répandirent l’huile et le vin de leurs celliers.
Le 15 juin 1537, il y eu dénombrement de leurs propriétés par les
seigneurs de Meyrargues et de Vauclaire. ( Cour des Comptes, N° 24, F°
278-279, Armoire N.)
Jean ll d’Allagonia testa en faveur de son deuxième fils, Constans, le
17 septembre 1542.
------------------------------------------------------CONSTANS D’ALLAGONIA
3Ome Segneur de Meyrargues
Constans d’Allagonia, le deuxième fils de Jean ll, lui succéda. Il prêta
l’hommage à Henri ll, Roi de France, le 1 er juillet 1547 et reçut celui des
habitants de Meyrargues le 29 janvier 1549 en présence de Me Maliverny ,
notaire.
E n 1550 eu lieu délimitation et atermination des carreirades du terroir.
Elles étaient à l’époque à peu près les mêmes que de nos jours et
mesuraient toutes 4 cannes de largeur à l’exeption de celle qui partant du
village, va vers le pas de l’étroit, qui en mesurait cinq. ( Arch. Seign.)
Constans étant mort sans descendance, sa succession fut recueillie par
son frère Claude.
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34
CLAUDE D’ ALLAGONIA
31ème Seigneur de Meyrargues
Claude d’allagonia, frère de Constans et troisième fils de Jean ll, prêta
hommage à Henri ll le 18 mai 1554 et reçu celui des habitants le 29 mai
de la même année.
Il épousa Jeanne Risse, dame d’Astouin. Leur contrat de mariage est
daté du 28 novembre 1554. De ce mariage naquirent 5 enfants. Louis,
seigneur de Meyrargues. Constans qui mourut sans alliances. Magdeleine
(ou Marguerite), mariée en 1572 à Melchior de Forbin, marquis de Janson,
fils de Gaspard et de Marguerite de Pontevès, n’eut pas d’enfant. Claire, fut
mariée le ll février 1592, à Annibal de Grasse, gouverneur d’Antibes,comte
de Bar, fils de Claude et de Jeanne de Brancas. Enfin, Honoré , d’abord
Chevalier de Malte, puis seigneur de Meyrargues.
Le 30 juin 1555, Dame Antoinette d’Agoult, mère de Claude,fit faire
diverses constructions au au château selon un prix fait passé entre elle et
Cézarin Rolland maçon à Aix, par devant Me Cotholendy, notaire à
Peyrolles. ( Registre 9, F° 2 ).
Le 12 juin 1557, furent donnés à ferme à Claude Mouret, de Marseille,
toutes les propriétés et droits de Meyrargues pour une période de 6 ans,
moyennant la rente de 700 écus d’or au soleil, chacun de la valeur de 46
sols de Provence. Ce qui revenait à 2683 florins 4 sols. (Arch. Seign.)
En 1558, la rente du four est fixée à 100 florins, mais payable en pains
sur la base de 25 pains blancs et 75 bruns pour 2 florins. (Arch. Seign.)
Le 20 mars 1559, Antoine d’Allagonia, seigneur de Vauclaire, fit un
testament par lequel, après différents legs, il laissait à Anne d’Allagonia, sa
nièce, tous les biens achetés à Secondin de Solliers, et instituait son héritier
universel, Claude d’Allagonia, seigneur de Meyrargues, son neveu. En cas
que celui-ci vint à mourir sans enfants, Anne lui serait substituée, à
condition qu’elle ne donne, ni ne puisse rien donner à M. de Moriés, ni à
ses enfants, ni à personne de la race de la Maison de Rognes.
Le 12 juillet 1559, Antoine d’Allagonia permet en tant qu’oncle et
procurateur de Claude, à Pierre Bonnet d’occuper le logis de la croix
Blanche que le dit Bonnet à acquis du sieur de Montfuron, en attendant
justificationdu dit achat et acquittement des droits seigneuriaux.
35
Le 25 juillet 1559, réparation et cimentage de la citerne du château. Le
prix fait des travaux s’éleva à 44 florins.
Le 17 mars 1559, un arrêt du Parlement de Provence avait débouté la
Communauté du droit de faire paître aux Iscles. Au mépris de cet arrêt de la
cour, plusieurs habitants, syndics en tête, se permirent d’exercer des
violences et voies de fait qui furent consignées dans le procès-verbal
suivant : Le 15 mai 1559, second jour de la fête de Pentecôte, Claude
Mouret, fermier des droits seigneuriaux de Meyrargues, expose à
Barthélemy Vilherme, baille, que, aux blés semés aux Iscles, il y a une
grande quantité de bétail à laine, bœufs, vaches, mulets, ânes, chèvres,
pourceaux, et autres bétails mangeant et fouillant les susdits blés sans
aucun garde ni gardien. Il se transportent sur les lieux et envoient quérir le
Notaire Cotholendy et cherchent à ramasser le bétail en un troupeau pour le
conduire au château. Ils font la rencontre de Hugon Agard, armé d’une
masse de bois, Honoré et Jean Arbaud, armés chacun d’un bâton ferré et un
étranger se disant serviteur de Secondin Cassolle, avec une épée, qui leur
font résistance. Puis ils voient venir du coté de Meyrargues et de celui de
Peyrolles, une troupe de gens armés (dont 29 sont désignés par leur nom),
lesquels, aidés par les précédents, ramènent tout le bétail dans les blés dont
on l’avait fait sortir. Les armes sont des épieux, des bâtons ferrés, une
dague, une pelle de fer, une masse de bois et une arbalète ».
A la suite de quoi, un procès fut intenté contre les coupables et leurs
complices. Deux d’entre eux (Jean Arbaud et Laurent Coing) furent faits
prisonniers, les autres s’étant rendus défaillants.
Le 22 août, un arrêt de la cour condamne les deux prisonniers à faire
amende honorable au Parquet de la cour, le Procureur le Procureur général
du Roi et Claude d’Allagonia, étant en chemise, nue tête et à genoux avec
une torche allumée en main, un jour de fête, sur la place publique de
Meyrargues et dans cette attitude, à demander pardon à Dieu, au Roi, à
Justice et à Claude d’Allagonia, seigneur de Meyrargues. Ils furent
condamnés à plus de 10 livres tournoi envers le Roi et 25 envers leur
seigneur. Antoine Arbaud et Martin Agard, syndics, et 6 autres habitants
furent condamnés à la même amende honorable, et demande de pardon,
puis à la hart au col, avoir du fouet par l’exécuteur de justice au lieu
accoutumé à Meyrargues, puis cela fait, être conduits aux galères du Roi
pour y servir et y demeurer pendant cinq ans, les déclarant inhabiles
perpétuellement, ne pourront entrer à la maison commune, ni assister aux
assemblées. Les condamne en outre à 50 livres envers le seigneur et 25
envers le Roi.
Indiquons ici que le lieu d’exécution de justice de Meyrargues était à
Pouran, qui était désigné sous le nom de : lieu patibulaire. D’ailleurs, le
petit coteau y attenant et qui fait face au château, a gardé le nom bien
significatif de coteau des fourches.
36
Antoine Arbaud, syndic de la communauté, vit de plus tous ses biens,
meubles et immeubles, confisqués au profit du seigneur. Ce ne fut que le 30
novembre 1568 que ce dernier consentit à les lui rendre, aux mêmes cences
et tasques que précédemment. Tous les détails de cette affaire se trouvent
consignées dans les archives seigneuriales.
Le seigneur de Meyrargues fut en 1563, élu consul d’Aix. Il devait, par
la suite, être à nouveau élu aux mêmes fonctions en 1579 et en 1588.
Le 14 décembre 1572, il demanda à la communauté de doubler les
impôt pour l’aider à doter sa fille qui devait se marier avec le marquis de
Janson.
Le 24 mars 1585, Claude d’Allagonia rachète la ferme de Vaumartin à
Claude Perrin, par acte reçu par Me Cotholendi.
Le 12 décembre de cette année là, décédait à Meyrargues, Georges
Nicolas qui, par son testament en faveur de Jeanne Risse, dame de
Meyrargues, l’instituait sa légataire universelle. ( Arch. Seign).
Le 28 octobre 1586, le seigneur acquiert, par rétention, en vertu de son
droit de prélation, une maison, étable, cave et moitié d’une chambre sur la
dite cave au bourg de Pouran. Cette maison était encastrée au flanc Nord de
l’auberge du Cheval Blanc, et appartenait à un sieur Bertrand qui l’avait
vendue au fermier de l’auberge, Claude d’Aigremont, marchand de
Manosque.
Au début de l’année 1587, le seigneur de Callas, qui était propriétaire
de la bastide de Parouvier, y ayant fait construire une tour pour servir de
forteresse, sans avoir demandé l’autorisation au seigneur de Meyrargues,
celui-ci exigea quelle fut complètement rasée à la date du 1er juin.
A cette époque, la pension que le seigneur servait aux prébendés de
Saint-Sauveur D’Aix était de 33 florins et 4 sols.
Le 12 janvier 1591, fut signé le contrat de mariage entre Louis
d’Allagonia, fils aîné de Claude, et Marie de Berton Crillon.
------------------------------------------------------------LOUIS D’ALLAGONIA
32ème Seigneur de Meyrargues
A la mort de Claude d’Allagonia, les habitants de Meyrargues se
refusèrent énergiquement à prêter hommage et serment de fidélité à son fils
aîné qui lui succédait. Ce dernier se pourvu devant le Parlement qui, le 4
novembre 1597, rendit son arrêt aux termes duquel les Meyrarguais se
voyaient obligés de s’exécuter de bon gré mal gré, l’acte d’hommage fut
reçu le 17 novembre par Crest Martin, notaire.
En 1598, fut établi un cadastre des biens des particuliers.
37
Meyrargues se ressentit beaucoup des guerres de religion. Non pas que
la population fut divisée sur ce point, mais par la grande part que prit Louis
d’Allagonia, seigneur du lieu, aux luttes de la Ligue.
Déjà, en 1568, il avait participé au siège de Sisteron contre les
Huguenots. Puis, Ligueur ardent, il fut aux armées de la ligue dés
1588.Cette année là, comme le Duc de Valette, Gouverneur de Provence,
faisait de toute part, de grands préparatifs de guerre pour réduire les
ligueurs, en conséquence des Etats qu’il avait fait tenir à Pertuis, le
Parlement d’Aix convoqua d’autres Etats qui furent tenus à Marseille au
début de novembre. On y délibéra sous la Présidence du Conseiller Saumat,
afin d’avoir les forces nécessaires pour résister au Duc de la Valette. On
décida de faire une levée de 6.000 hommes de pied, 400 chevaux et trois
compagnies de gens d’armes de cinquante lances chacune. Le
commandement général fut confié au seigneur de Vins, qui répartit
l’infanterie sous les ordres de divers seigneurs, parmi lesquels celui de
Meyrargues.
Nous ne retracerons pas ici les incidences de cette lutte qui est surtout
de l’histoire générale de la Provence. Nous nous contenterons de citer les
divers épisodes où le seigneur d’Allagonia eut un rôle particulier, où au
cours desquels Meyrargues eut à souffrir de la rage de l’ennemi.
Au mois de juin 1589, le duc de la Valette, marchant sur Aix, brûla une
partie du village de Meyrargues, avant d’aller camper dans la plaine de
Puy-Ricard. Le 25, une bataille eut lieu devant les murs de la ville d’Aix.
Ayant été indécise, elle repris le lendemain et se termina par la victoire des
troupes ligueuses dont d’Allagonia commandait l’infanterie.
Vers la fin juillet, le seigneur d’Isac tenait château de Venelle pour le
Gouverneur. Le seigneur de Meyrargues alla l’assiéger avec deux pièces de
canon et l’emporta le 30 juillet. Le château fut pillé et brûlé. Le seigneur et
la Dame du lieu furent faits prisonniers et enfermés au château de
Meyrargues.
Au mois de septembre, comprenant qu’ils ne pourraient jamais résister
au duc de la Valette, avec les seules forces dont ils disposaient, le chefs
ligueurs eurent une assemblée chez la comtesse de Sault. C’est au cours de
cette assemblée, à laquelle assistaient outre la comtesse de Sault, les
seigneurs de Vins, de Besaudun, d’Ampus, de Meyrargues, de Fabrègues,
les comtes de Carcès, de Suzze et le marquis de Trans, qu’il fut décidé de
faire appel au duc de Savoie, qui avait déjà fait proposer son appui.
Au début de novembre, le Maréchal de Montmorency, ayant passé le
Rhône à Tarascon pour venir aider au duc de la Valette, les seigneurs
d’Ampus, de Baudun et de Meyrargues rassemblèrent 240 maîtres avec
150 arquebusiers pour se porter à sa rencontre. Mais comme le Maréchal
était à la tête de 1.300 hommes de pied, soutenus par un escadron de 300
maîtres, ils ne pouvaient penser à attaquer de front. Cependant, les
38
seigneurs de la Barben, Saint-Audiol, Paris, Panisse et Saint Maurice, à la
tête de leurs compagnies, vinrent se joindre aux troupes ligueuses.
Le seigneur d’Alleins, qui escortait les Languedociens, apprenant que
les ligueurs étaient en campagne, voulut faire passer les troupes royalistes
sur la rive droite de la Durance. Mais lorsqu’une partie de ces troupes eut
traversé le gué, celui-ci, rendu de plus en plus fangeux par le piétinement,
devint impraticable. Par cela même, les Languedociens se trouvèrent
coupés en deux. Le seigneur d’Ampus les attendait entre Mallemort et la
Roque, près du canal de Craponne. Les Languedociens qui étaient encore
en assez grand nombre, crurent qu’ils auraient assez facilement raison du
petit camp des ligueurs. Mais ceux-ci mirent une telle ardeur au combat
que, au bout de cinq heures d’une lutte acharnée, ils eurent disloqué leurs
adversaires.
Une partie des fuyards regagna Mallemort à la faveur de la nuit. Ils
furent d’abord enfermés dans l’église où on les égorgea la même nuit. Les
autres poussant vers le bac de Cadenet, allèrent se jeter dans l’Abbaye de
Sylvacane où le seigneur de Meyrargues les ayant investis, les prit et les
ayant fait attacher deux par deux, les fit jeter dans la Durance où ils furent
tous noyés.
En 1500, la comtesse de Sault avait confié le commandement de sa
compagnie au seigneur de Meyrargues. Elle disposait en outre de la
compagnie de chevaux légers de son fils et de celle de Casauls, qui se
composaient de plus de 300 hommes, sans compter celle du seigneur de
Vins. D’autre part, les capitaines de quartier et les Consuls lui étaient
entièrement dévoués. Le comte de Carcès, jaloux de son autorité, résolu,
avec l’aide du parlement, de la faire déchoir pour avoir le commandement à
lui seul. Pour cela, profitant de ce que le seigneur d’Ampus était auprès du
duc de Savoie, de Besaudun non guéri d’une blessure reçue, le Parlement
expédia au seigneur de Meyrargues de se rendre à Soliès pour aider la
garnison de cette ville dans le siège quelle soutenait contre le duc de la
Valette. D’Allagonia et la comtesse de Sault, ayant compris le complot qui
se tramait, celui-ci monta au Palais et se plaignit véhémentement de ce que
l’on voulait le chasser de la ville, sous prétexte de lui donner une
commission. Pendant ce temps, les émissaires de la comtesse ameutèrent le
peuple sur la place des prêcheurs. Plusieurs membres du Parlement s’y
rendirent pour tâcher de calmer l’émeute, mais le seigneur de Meyrargues,
survenant avec une troupe armée, les obligea à se disperser.
Le 15 mars la comtesse ayant fait investit le Palais par ses troupes aux
cris de : vive la messe, vive l’Altesse, on braqua deux pièces de canon sur
le devant du Palais et on mit le feu à la porte. Le Palais fut envahi et pillé et
le soir la Comtesse de Sault était la maîtresse absolue de la ville, non sans
avoir fait arrêter et emprisonner quatre conseillés au Parlement. Cette
action resta fameuse sous le nom de « Journée du Palais ».
39
Le 17 novembre 1590, le duc de Savoie, venant prêter assistance à la
ligues, arriva à Meyrargues à la tête de ses troupes. Il voulu, le même jour,
aller à Aix sans aucune suite et prendre ainsi un premier contact avec les
habitants. Les jours suivants, ayant réorganisé le commandement, il créa le
seigneur de Meyrargues, Grand Maître de l’artillerie.
Mais, contrairement à la promesse qu’il avait faite à la Comtesse, après
la prise de Salon, il n’en donna pas le gouvernement à d’Allagonia, mais à
Campillon qui était des siens.
Le 13 janvier 1591, le seigneur de Meyrargues assista à l’ouverture des
Etats ligueurs de Provence.
Le 13 juillet, en l’absence du duc de Savoie, qui était au siège de Berre,
les troupes royalistes du duc de la Valette, qui s’étaient avancées de cette
place pour tenter de la secourir, furent de retour et l’on craignit quelles ne
vinssent attaquer Aix. Ce qui obligea le seigneur de Meyrargues,
accompagné de celui de Sainte-Tulle, à se jeter dans la ville à la tête de
leurs compagnies pour les protéger. Ce qui fut exécuter à 11 heure du soir,
au grand émoi des habitants.
Malgré l’opposition du duc de Savoie et grâce à l’appui de la comtesse
de Sault , Jean-Louis d’Allagonia, seigneur de Meyrargues, fut élu Premier
Consul d’Aix et Procureur du Pays.
Fin février 1592, le duc de Savoie, pour tâcher de se concilier à
nouveau ceux du parti de la comtesse, accorda des faveurs au seigneur de
Besaudun et, revenant sur sa décision précédente, donna le gouvernement
du château de Salon au seigneur de Meyrargues.
Les 28-29 décembre 1593, Meyrargues faisait parti des troupes qui
enlevèrent le fort du pont de Béraud qui gênait beaucoup les Aixois.
Le 27 mars 1594, le Duc d’épernon, à la tête de ses troupes, fit
incendier le village de Meyrargues et toutes les fermes du terroir. (de
Haitze)
Le 7 mai 1605, le Parlement du Dauphiné fit défense aux particuliers
de Meyrargues de battre les grains en totalité ou en partie avec d’autre
bétail que les juments du seigneur, à moins qu’ils ne battent au fléau.
En 1605, Louis d’Allagonia, qui par son mariage était allié aux ducs de
Montpensier et de Joyeuse, avait obtenu le commandement de deux galères
du port de Marseille. Il aspirait en outre à obtenir les fonctions de Viguier,
poste qui eu grandement facilité le projet qu’il avait conçu.
Il ne pensait à rien moins, en effet, qu’à livrer le port et la ville de
Marseille aux Espagnols après entente avec Don Balthazar de Zuniga,
ambassadeur d’Espagne à Paris. Il prépara avec soin sa trahison, mais il
commit l’imprudence de mettre dans sa confidence, un força dont il avait
plusieurs fois éprouvé l’adresse et l’intelligence. Malheureusement pour le
seigneur de Meyrargues, ce força le trahit et fit dire au duc de Guise que
s’il lui faisait obtenir sa grâce et sa liberté, il révèlerait un secret de la plus
40
haute importance. On profita en haut lieux de l’avis et on examina de près
la conduite de d’Allagonia. C’est dans ces conditions qu’il fut délégué à
Paris par les Etats Généraux de Provence, pour y suivre quelques affaires
relatives à l’administration du comté.
Il voulut profiter de son séjour à Paris pour traiter définitivement avec
Don Zuniga et ce fut ce qui le perdit. Le Roi, averti de son arrivée, avait
chargé La Varenne, Gouverneur d’Angers, de gagner sa confiance et
d’épier toutes ses démarches. Celui-ci ne tarda pas à connaître le lieu des
rencontres entre d’Allagonia et le secrétaire de l’Ambassadeur, un nommé,
Bruneau. Dans la nuit du 5 décembre, il les surpris dans un logis en face de
l’église de Saint-Germain l’Auxerrois et put même entendre une partie de
leur conversation.
La Varenne alla aussitôt chercher le Lieutenant du Grand Prévot qui
arrêta le secrétaire d’Ambassade et le seigneur de Meyrargues, malgré leurs
protestations. Celles-ci devinrent d’ailleurs inutiles par le fait qu’au cours
de la fouille qu’ils durent subir, Bruneau fut trouvé porteur d’un mémoire
qu’il avait dissimulé entre deux paires de bas de chausse, à la hauteur de la
jarretière et qui établissait la preuve de leur complicité. Il furent enfermé un
au Chatelet et l’autre à la Bastille.
L’instruction du procès de d’Allagonia fut rapidement menée au Grand
Chatelet par le conseiller d’état Boisière et par le président Jannin que le
Roi avait spécialement désigné à cet effet. Sa culpabilité établie, il fut jugé
et condamné à mort. La condamnation qui atteignait tous ses biens,
comportait un prélèvement de 12.000 livres parisis pour les pauvres, 12.000
pour des réparations au Palais à Paris et 12.000 pour des réfections dans le
port et les havres de Marseille. Tout le surplus était confisqué au profit du
Roi.
La sentence de mort fut exécutée en place de Grève le 19 décembre. Le
coupable fut d’abord décapité et sa tête envoyée à Marseille pour être
exposée au bout d’une perche sur la porte Royale. Puis son corps fut mis
en quatre quartiers qui furent attachés aux quatre principales portes de
Paris.
Henri IV ne garda pas les biens confisqués à son profit. Il les rendit
dès 1606 au frère du condamné, Honoré d’Allagonia. Une copie des pièces
de cette affaires se trouve à la bibliothèque Méjanes d’Aix sous la cote (88
95-R, 51, 455, 854 du catalogue des manuscrits).
Le 26 juin 1606, Madame Marie de Berton Crillon, veuve de Louis
d’Allagonia, abandonne par transaction ses droits et reprise matrimoniales à
la somme de 47.000livres qu’Honoré d’Allagonia devra lui payer avant 6
ans. Celui-ci n’ayant pas payé, fut assigné en procès par son ex-belle-sœur.
Le 12 août 1617, il y eut un arrêt du Parlement de Paris le condamnant à
payer les 47.000livres, plus les intérêts et le 18 mai 1621, une nouvelle
41
transaction fixant la dette due par Honoré d’Allagonia à la veuve de son
frère à la somme de 59.700 livres. (Arch. Seign.) .
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HONORE D’ALLAGONIA
33ème Seigneur de Meyrargues
Honoré d’Allagonia, le cinquième fils de Claude et le frère de Louis,
était Chevalier de Malte, seigneur de Jullianis au moment où son frère fut
décapité, Lorsqu’il eut obtenu du Roi Henri lV la restitution de la terre de
Meyrargues confisquée sur son frère, et il épousa Isabeau de Forbin, fille de
Palamède, seigneur de la Barben et de Louise de Garde-vin.
En 1606, la Cour des Comptes arrenta tout Meyrargues à André
Meyronnet au prix de 5.150 livres à payer entre les mains d’Honoré qui
avait été nommé séquestre. Elle rendit la même année un arrêt de mise en
posséssion en faveur de d’Allagonia.
Le 27 juin 1606, Honoré cède et remet tous ses droits sur le domaine
de l’Espougnac, sauf la directe et une cence d’un sol, à Jacques Ruffi,
avocat, qui en échange abandonne le procè qu’il avait intenté contre lui.
Pour le paiement de ses honoraires.
En 1611, la dame Honorade Guignon fut atteinte et convaincue du cas
et crime de sortilège et ses biens furent vendus à la requête du Procureur
Juridictionnel. ( Arch. Seign. )
La fin du XVl ème et le début du XVllème siècles se remarquent à
Meyrargues par une longue suite de procès entre les seigneurs de la Maison
d’Allagonia et la communauté. C’est ainsi que les 22 septembre 1621, 25
octobre 1622, 30 octobre 1623, des ordonnances furent rendues par Jean de
Pontevès, Grand Sénéchal pour le Roi en Provence, pour l’exécution du
décret du 1er février 1616, pour contraindre les particuliers, manants,
habitants, et possédant biens de Meyrargues à payer à leur seigneur les
rentes, revenus, censes, arrèrages d’ycelles, droits de lods et autres.
Les Consuls de la communauté trouvant que la personnalité des divers
membres de la famille d’Allagonia, qui tous étaient successivement
conseillés ou même présidents au Parlement de Provence, empêchait que
les arrêts de la cour de ce dernier fussent rendus avec toute l’impartialité
désirable se plaignirent au Roi de France.
Louis Xlll, faisant droit à leur demande, désigna la cour du Parlement
de Dauphiné, siégeant à Grenoble, pour connaître de tous les différends
existant entre la communauté et le seigneur.
42
En conséquence de cette décision, la Cour du Parlement du Dauphiné
rendit, le 31 juillet 1623, un arrêt qui, pour mettre fin aux discussions, en
arrive aux principales conclusions suivantes. :
1° — Condamne Honoré d’Allagonia à payer à la commune les
arrèrages de toutes les tailles perréquées depuis l’année 1556 avec les
intérêts de retard et à continuer à l’avenir le paiement des dites tailles.
2°— Le condamne à vider et relâcher les biens qu’il détient
appartenant à l’hôpital de Meyrargues avec restitution des fruits de
l’occupation d’iceux.
3°— Condamne les habitants à prêter hommage à d’Allagonia à la
forme des précédents.
4°— Déclare la propriété des terres gastes, iscles et laissers de la
Durance appartenir au seigneur, mais maintient les habitants et autres
possédant biens en jouissance de liberté de faire paître leur bétail dans toute
l’étendue de ces terres à l’exeption des lieux clos ou cultivés. Egale liberté
de bûcherer, de prendre du bois pour leur usage, l’utilité de leur maison, en
vendre et débiter dedans et dehors le pays.
5°—Annuler les sentences du Lieutenant du Sénéchal de Provence au
siège d’Aix des 22 mai et 21 novembre 1620 et décharge Guichard des
condamnations intervenues contre lui.
6°— Fait inhibition et défense au seigneur de bailler à nouveaux bail,
défricher et réduire à culture toute partie de terre gaste, iscles ou laissers ou
de mettre un si grand nombre de bétail, que les habitants viennent à être
privés des droits de pasturage et bûcherage leur appartenant.
7°— Deffend aux deux parties respectivement, d’arracher aucun bois,
par eux ou leurs fermiers ou autres personnes interposées.
8°— Déclare les eaux découlantes appartenir à d’Allagonia, les
habitants ne les pouvant prendre et s’en servir sans permission. Exepté
celles qui naîtront sur leurs fonds, pour s’en servir dans ces fonds mêmes.
9°— Maintient les habitants dans la faculté de pêcher et chasser dans
toute l’étendue du terroir.
10°— Fait défense au seigneur d’augmenter les taux des droits perçus
par lui sur l’habitant et de ne les imposer que selon les cotes et formes
anciennes. Défense d’imposer aucun nouveau droit ou subside, à peine de
privation de son fief.
11°— Permet aux habitants de faire moudre leur grain et fouler leurs
gerbes ainsi que bon leur semblera, sauf pour ceux qui se sont soumis à
d’Allagonia ou à ses dévanciers par des conventions par des conventions
particulières.
12° — Permet aux habitants de construire des fours à chaux
13° — Ordonne que ceux qui n’auront pas de four à pain, seront tenus
de faire cuire leur pain à celui du seigneur et de payer le fournage. Ceux qui
ont des fours, ne pourront faire cuire du pain que pour leur maison et leur
43
famille, sans abus, suivant et en la forme de l’arrêt de la Cour du Parlement
de Provence du 12 avril 1554.
14° Fait défense aux habitants d’offenser de fait, de paroles ou d’écrits
injurieux les époux d’Allagonia et ordonne qu’ils leur rendront hommage et
respect à eux dûs, comme à leur seigneur juridictionnels.
Au mois de février de l’année suivante, la communauté fit intimation et
commandement au seigneur dans les termes ci-après.
L’an 1624 et le 21ème jour du mois de février en vertu et à la requête
que dessus, certifie je huissier soussigné , avoir intimé et signifié le susdit
arrêt en son contenu à noble Honoré d’Allagonia, seigneur juridictionnel du
dit Meyrargues, parlant à sa personne, lui avons fait commandement de par
le Roi, et la dite Cour, de tout incontinent et sans délai vuider et relaxer aux
dit consuls de Meyrargues, les fonds et propriétés, censes et directes qu’il
occupe, appartenant à l’hôpital du dit lieu et néanmoins de leur payer les
fruits, censes, lods et vente et tout ce qu’il a perçu depuis son occupation et
appartenant au dit hôpital….Signé Calvi.
Suit l’état des biens immobiliers qui étaient décrits dans l’inventaire de
1474.(Pièce justificative N° 2) .
Honoré d’Allagonia n’ayant pas obtempéré à ce commandement, la
communauté dut en appeler à nouveau au Parlement de Grenoble qui, par
arrêt du 4 août 1624, confirma celui de sa cour du 31 juillet 1623 en ce qui
concernait la condamnation du seigneur à rendre les biens de l’hôpital qu’il
avait usurpés.
Le 19 décembre 1628 furent saisis à la porte Bellegarde d’Aix, 3
mulets chargés de 6 fascines de bois chacun et 2 ânesses chargées de 4
fascines.Ce bois ayant été pris sans permission sur le terroir de Meyrargues,
les bêtes furent confisquées au profit du seigneur.(Arch.Seign).
L’année 1629 fut marquée par de graves menaces de peste. Le conseil
municipal assemblé le 7 janvier, décida que les barricades seraient remises
en état, que nul ne devait plus passer sans un bulletin de santé, que tout
particulier qui romprait les barrières ferait l’objet de poursuites, à moins
qu’il ne les fasse réparer aussitôt. Conformément à l’arrêt du Parlement, on
désigna 4 personnes pour assurer la subsistance et faire les visites
nécessaires. Ce furent Philipe Armand, Armand, Domergue Arbaud, Joseph
Agard et Claude Arbaud qu’on investit de ces fonctions, les deux premiers
étaient d’ailleurs Consuls. Mais il y eut quelquefois des hommes préposés à
la garde des portes qui se faisaient complices des passagers clandestins.
( Arch. Parlement de Provence, Régis. 3348, F° 124).
Le 16 novembre 1633, le Parlement de Provence rendit un arrêt aux
termes duquel il donnait confirmation, contre Meyrargues et Peyrolles, du
privilège pour les Aixois, de couper du bois à cinq lieux à la ronde.
44
Le 4 juin 1636, Honoré d’Allagonia donna à Balthazar d’Anjou, écuyer
de la ville de Pertuis, le droit de défricher des terres à Meyrargues
moyennant le tiers des récoltes qu’il y ferait.
Comme ces terres faisaient partie des terres gastes, la commune voulut
s’opposer à ce défrichement, sous prétexte qu’il priverait les habitants et
possédants biens de leurs droits de pâturage et de bûcherage. Après maintes
discussions il fut convenu que le défrichement serait autorisé par la
commune, à condition qu’elle recevrait le tiers du loyer qui avait été fixé
par l’accord entre Balthazar et le seigneur. Ce qui faisait que la commune
avait droit au 1/9 ° de la récolte faite sur les nouveaux défrichements
effectués.
Cet accord fut consigné dans un acte notarié du 19 juillet 1637, passé
dans la salle du château par M° Arnaud, notaire royal à Meyrargues en
présence de M° Laurens Perrin, notaire royal du Puy-Sainte-Réparade,
François Villemus, Constant Ravel, Claude Gilli, baille et lieutenant de
Juge du dit lieu de Meyrargues et Sauveur Bastié ( Arch. Mun.)
Le seigneur Honoré d’Allagonia n’ayant point d’enfants, donna à son
parent Léon de Valbelle la terre de la seigneurie de Meyrargues, par acte du
23 octobre 1637 qui stipulait les conditions suivantes :
Le donateur se réserve, le nom et le titre de seigneur de Meyrargues sa
vie durant, l’habitation dans le château, pouvoir moudre le grain et cuire le
pain au moulin et four, le droit de chasse pour son chasseur pour sa table, le
bois pour son usage, prendre des pigeons au pigeonnier, des poules sur les
cencives des possédants biens, des herbes et fruits dans le jardin de la
serre, le foin, la paille et l’avoine pour l’entretient d’un cheval.
Se réserve également la grande et la petite maison qu’il possède à Aix,
ainsi que les meubles et choses mobilières qui sont dans le château, l’usage
des deux chevaux et des deux mulets de service, également ce qui se
trouverait être dû par Antoine Saint-Martin, plusieurs sommes dûes par
divers, les fruits et loyers de la présente année 1637 et même du rentier du
moulin à papier qui n’échoit qu’en janvier prochain. Une pension annuelle
de 3.000 livres payable par moitié à la mi-juin et à la mi-décembre. Par
sûreté de cette pension, M. d’Allagonia prend hypothèque sur le grand
Logis, le bateau et le port.
M. de Valbelle ne pourra prendre le nom et le titre de seigneur de
Meyrargues qu’après le décès du donateur et il devra continuer à
payer quatre charges de blé par an à M° Gaspard Arnaud, notaire
Royal et greffier moderne du lieu et pays de Meyrargues.(Arch.
Seign.)
Dans les archives seigneuriales figure un inventaire des titres et pièces
qui furent remis par Honoré d’Allagonia à Léon de Valbelle lors de la
transmission de la terre de Meyrargues
45
Ainsi s’éteignit, faute de descendants, cette famille d’Allagonia qui
avait tenu en fief la seigneurie de Meyrargues pendant près de 200 ans.
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Meyrargues et la Maison de Valbelle
LEON DE VALBELLE
34ème Seigneur de Meyrargues
Léon de Valbelle, fils de Barthélémy, seigneur de Cadarache et
d’Aimare des Cabres, succédant aux d’Allagonia, comme seigneur de
Meyrargues, prit leurs armes : d’argent à six tourteaux de sable, posés en
pal, trois et trois. Il avait été nommé conseillé au Parlement de Provence en
1625.
Dés sa prise de posséssion, Léon de Valbelle se préoccupa d’apporter
quelques améliorations à son nouveau fief. C’est ainsi qu’en 1638 il fit
construire un pont sur le ruisseau de Pouran que jusque là on avait franchi à
gué. Ce pont, modernisé et élargi, est celui sur lequel passe la nationale 96
à coté du bureau de poste. Il fit la même année construire la plus basse des
deux papeteries où se trouve maintenant la colonie de vacance de la ville de
Marseille. Les deux constructions pont et fabrique de papier, furent menées
à bien par Jean Barrère, André Michel et Michel Chauvet, tailleurs de
pierres et maçons de Pertuis (Arch. Seign.)
Léon de Valbelle rendit hommage et serment de fidélité à Louis Xlll,
Roi de France, le 10 décembre 1642.
Le 28 mai 1645, Monsieur de Valbelle racheta la pension de 120
florins, 3 gros et 6 patats sur la communauté de Saint-Rémy que louis
d’Allagonia avait cédé à Toussaint de Beaumont pour la somme de 1.392
livres 14 sols, le 16 mai 1603.
Dans un bail passé à Michel Mille par Léon de Valbelle en 1646 et que
nous reproduisons au chapitre agriculture, il est dit que le preneur devra
laisser tout le long de la Durance, une carreirade de 12 cannes de large pour
le repos et le déchargement des radeaux, ainsi que pour les passages servant
au charriage de ceux-ci.
Il est à remarquer que nous retrouvons dans ce bail les indications
concernant le repos et le déchargement des radeaux flottant la Durance.
Autre remarque : le passage sur le bac était gratuit pour les habitants,
puisque le preneur, qui le devenait, recevait la faculté de cette gratuité .
46
En 1647, le seigneur cède à Joseph Aumérat un emplacement de
maison de 5 cannes et demi près de l’église, pour la pension annuelle d’une
bonne géline ( une poule) à chaque Noël. La maison qui fut bâtie sur cet
emplacement, constitue la partie Est de la maison Laurin. Il représentait à
l’époque le prolongement de la rue haute, qui au lieu de tourner à gauche
en arrivant à l’église se prolongeait tout droit et descendait ainsi jusque
derrière le Pouran. La rangée de maisons se trouvant entre la rue haute et la
grand-rue, était d’ailleurs plus longue et la construction qui cachait le
devant de l’église ne fut démolie qu’une centaine d’année plus tard.
En cette même année 1647, la commune essaya de vendre le tiers de la
terre des confins, dont elle avait le tiers du loyer, à Joseph Guimet, viguier
de Peyrolles. Le seigneur, Léon de Valbelle, s’y opposa, sous prétexte que
la transaction de1637 donnait à la commune le tiers du loyer en
compensation de son droit de pâturage mais non le droit de disposer du
tiers de la terre.
Un nouvel accord intervint alors entre les parties et par acte de M°
Arnaud en date du 8 juin 1643, Joseph Guimet consentit à annuler son
achat, tandis que M de Valbelle rachetait les droits de la commune
moyennant la somme de 10.277 livres 13 sols et à charge pour lui de
laisser à perpétuité en dehors de celles imposées à Balthazard d’Anjou, une
carreirade de cinq cannes de large tout au long de la Durance et une de
quatre cannes allant du village à la Durance tout le long du Grand Vallat.
A cette époque là le prix des terrains d’Iscle était estimé à 195 livres la
charge pour les terres cultivées et à trente pour les incultes.
Au début de l’année 1649, le baron de Valbelle, seigneur de
Meyrargues, étant conseillé au Parlement, fut envoyé à Paris pour obtenir la
révocation du Comte d’Alais, gouverneur de Provence. D’accord avec son
frère qui était Lieutenant en la Sénéchaussée de Marseille, il proposa au
cardinal de Mazarin de faire révoquer le Gouverneur en lui donnant
600.000 livres de dédommagement. Mais les Valbelles échouèrent dans
leurs négociations. ( De Haitze, Hist. d’Aix, T. V, P. 114).
Si ce que nous apprend De Haitze est exact, le comte d’Alais se
vengera d’une façon terrible contre le pays de Meyrargues, comme nous
allons le voir par le récit d’un témoin occulaire.
Ce récit est une pièce manuscrite intitulée : Brève relation du siège du
château de Meyrargues au mois d’août 1649, par Me Thus, prêtre du lieu de
Jouques. Cette pièce manuscrite fait partie des collections du Musée
Arbaud d’Aix. (Dossier 2508-B I ).
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Siège de Meyrargues
Par le
Gouverneur de Provence
Comte d’Alais
47
La haine de MR le comte d’Alais, gouverneur de Provence, si fatale à
MR Léon de Valbelle, baron de Meyrargues, ne provenait point d’aucun
mauvais offices, ni d’aucun complot qu’il ait fait contre lui. D’un esprit
doux et modéré, paisible, adonné au plaisir de la chasse et de la bonne
chère, il n’avait ni les vertus ni les vices, qui rendent quelqu’un redoutable
à un gouverneur de Province, dans son gouvernement. Mais le baron de
Meyrargues avait un frère puîné qui avait l’esprit d’une autre trempe que
son aîné. Antoine de Valbelle, seigneur de Montfuron , avait l’esprit
insinuant ; il était populaire et jouissait d’une grande réputation de probité
et par-dessus tout était renommé par le zèle qu’il témoignait en toute
occasion pour soutenir les privilèges de la ville de Marseille, sa patrie. De
sorte que dés l’âge de 30 ans, il avait été choisi d’un consentement unanime
pour être à la tête des affaires de cette importante cité.
Mr le comte d’Alais qui vint à peu près dans le même temps pour
exercer le gouvernement de Provence, vit sans jalousie la puissance de Mr
de Montfuron, et celui-ci de son coté, employait son crédit pour procurer à
ce Prince avare , de certaines facilités, qui donnèrent occasion plus d’une
fois, contre la probité de Mr de Valbelle que l’on accusait d’user d’une trop
grande complaisance pour Mr le Gouverneur. Mais il croyait que le bien de
la patrie demandait de l’union avec un homme aussi puissant que l’était
alors le Prince. Il vécut donc en bonne intelligence avec lui jusque vers
1643. Dans lequel temps s’étant aperçu que Mr le comte d’Alais, ne pensait
à rien tant qu’à lui débaucher ses amis, cabaler contre son autorité et à
opprimer la liberté de Marseille, dont il était encore plus jaloux, il fit tous
les efforts imaginable pour modérer l’ambition injuste de ce prince et ses
voies de modération n’ayant pu avoir un succès favorable, il leva le masque
et se déclara ouvertement pour sa patrie, qu’il avait effectivement choisie
pour la défendre. Persuadé de sa droiture, de sa capacité et de sa fermeté,
incapable de plier sous d’autre autorité que sous celle de la raison.
Il n’est point de mon sujet de marquer ici ce que furent les suites de ces
dissensions, on peut le voir dans un nombre infini de libelles qui infectaient
alors le pays de Provence. Mais je puis bien dire pour l’honneur de Mr
Antoine de Valbelle, seigneur de Montfuron, qu’il est mort paisible et
jouissant de l’autorité que ses vertus lui avaient acquises dans Marseille et
que tout comme sa probité lui avait attiré cette confiance de la part de ses
compatriotes, cette même probité connue de sa Majesté et de ses ministres,
lui attira une confiance de la Cour qui ne qui ne s’est jamais démentie.
Sans entrer donc dans la discussion de tant de faits calomnieux,
auxquels le suis sur que ni Mr le comte d’Alais, ni Mr de Montfuron, n’on
jamais donné aucune croyance, je crois, sans faire de jugement téméraire,
pouvoir assurer que le malheur est arrivé au château de Meyrargues, n’avait
pour objet que le mécontentement que le Prince avait des oppositions qu’il
48
trouvait en la personne de Monsieur de Valbelle-Montfuron toutefois et
quand il avait voulu ampiéter sur les libertées, franchises, et privilèges de la
ville de Marseille et dont cette puissante ville avait confié la manutention
au dit seigneur de Valbelle-Montfuron.
Quoi qu’il en soit de ma conjecture, le 25 juillet 1649, dans le temps
que Mr le Baron de Meyrargues était à Paris, voici arrivé au château
Monsieur de Bernier, gentilhomme Tourangeau, lieutenant de la galère de
Valbelle, avec quarante soldats de la dite galère et lettres missives de Mr de
Montfuron à Mme la Baronne de Meyrargues, par lesquelles il la prie de se
retirer incessamment, elle et ses enfants auprès de lui à Marseille et qu’il
envoie le sieur de Bernier et quarante soldats pour renforcer sa garnison et
soutenir le siège que Mr le Comte d’Alais mettra devant la place, au plus
tard dans les trois jours.
Madame la Baronne eut quelque peine à se résoudre à la fuite, mais
l’intérêt de ses petits-enfants la détermina à la retraite qu’on lui conseillait.
Elle partit le 27 et se retira à Aix croyant sa retraite plus assurée dans cette
ville où Mr le Comte d’Alais était généralement aussi, qu’à Marseille où il
ne laissait pas d’avoir quelques partisans quoi qu’en bien petit nombre.
Fier de sa conquête des châteaux de la Barben et de Beaulieu et d’avoir
brûler la bastide du sieur Perrin, bourgeois d’Aix à la Barbabelle, Mr le
comte d’Alais se présenta, le 3 du mois d’août 1649, devant le château de
Meyrargues, à la tête de 3.500 hommes d’infanterie, 4 compagnies de
cavalerie du régiment d’Alais et de celle de ses gardes.
Il envoya sur le champ Dufour, trompette de ses gardes, sommer le
gouverneur de lui remettre la place. Mr de Bernier répondit que Mr le baron
de Meyrargues, pour lequel il la tenait, était parti de Paris depuis 8 ou 10
jours et qu’il suppliait son Altesse de lui donner quelques jours, pour
attendre son arrivée ou ses ordres, que si son Altesse voulait se reposer
dans le château, il était le maître d’y entrer avec sa compagnie ordinaire et
qu’il ferait tout ce qui dépendait d’un pauvre officier comme lui pour l’y
recevoir.
Cette réponse ayant déplu à Mr le comte d’Alais, il prit 2.000 hommes
de son infanterie, sa cavalerie et ses gardes et fut attaquer la ville de SaintPaul sur la Durance. Il la prit et souffrit qu’il s’y fit mille brigandages, qui
ne sont pas de mon sujet. Seulement je dirai en passant qu’il y établit
gouverneur le sieur Menc, homme de sac et de cordes, qui seconda
parfaitement les intentions de son général, car il mit le feu avec un
détachement de sa garnison, aux bastides du sieur Thus, mon frère et du
sieur Fournier, mon oncle, pour la seule raison qu’ils étaient attachés à
Monsieur de Saint-Paul que le comte d’Alais regardait comme son ennemi.
Le même sieur Menc, fit aussi mettre en feu le château de Cadarache et
toutes les granges en dépendant, qui appartenaient au même baron de
Meyrargues et à mes parents dont il faisait assiéger le château. Il n’oublia
49
rien à brûler dans tous ces incendies : les récoltes qui étaient encore sur les
aires, les foins qui étaient enfermés, les bestiaux furent enlevés, en un mot
tout se sentit de la fureur du sieur Menc et causa une perte à Mr le baron de
Meyrargues et à mes parents, qui ne sera pas réparé de longtemps.
Revenons au siège de Meyrargues. Mr le comte d’Alais, en partant
pour la conquête de Saint-Paul, laissa pour commander au siège du château
de Meyrargues, le sieur Vignau, soi-disant Marquis de Vignau, maréchal
des camps et armées du Roi. Lequel sur le champ fit monter par le chemin
carrossier du château, six pièces de canon, avec les munitions nécessaires
pour son artillerie. Or comme tout ce grand attirail passait à la portée du
pistolet des fenêtres de ce château, le sieur de Bernier ne put jamais être
induit à faire feu dessus, disant pour ses raisons qu’il ne tirerait point le
premier sur l’équipage, ni sur les troupes du gouverneur de la Provence. Et
effectivement, il laissa tranquillement abattre, à trois cent pas du château,
une chapelle dédiée à la Sainte Vierge, située sur un petit tertre. Les
matériaux de la chapelle servirent à former la batterie sans que rien ne
branla dans le château. Et le 5 au matin, le sieur Vignau fit tirer sa batterie
contre la tour carrée du Midi. Mais comme cette tour est massive, jusqu’à
une certaine hauteur, il est certain que le canon n’y faisait pas grand mal.
Dés le premier coup de canon, le sieur Bernier répondit avec deux pièces
qu’il avait postées sur la terrasse qui est au-dessus de la galerie des portraits
et même si heureusement, que d’un canon qu’il tira lui-même il brisa l’un
de ceux des assiégeants et tua ou blessa six ou sept des canonniers qui
étaient à la batterie. Le canon ne faisant rien contre la grosse tour. Que l’on
avait battu jusqu’au 9, le sieur Vignau se défiant ou que la tour était
massive ou averti par quelqu’un que la muraille de la galerie des portraits
ne valait rien, fit tirer sur cette muraille, laquelle effectivement croula en
fort peu d’heures et mit le château en état d’être emporté dés que l’on
monterait à l’assaut. Le sieur de Bernier voulait absolument en soutenir un.
Mais le sieur Saint-Martin, brave soldat natif de Pertuis, et qui avait perdu
une jambe au service du Roi, soutint que la chose était impossible et qu’il
n’était point juste ni raisonnable d’exposer tous les habitants d’un bourg
considérable à la violence des soldats. La confiance de tout ce peuple était
pour Saint-Martin, qui commandait dans le château depuis le
commencement des troubles, les femmes surtout forcèrent le sieur Bernier
à charger Saint-Martin des articles de la capitulation.
Il se transporta donc à la tente du sieur Vignau, lequel sachant l’état de
la place, peut-être la passion des habitants pour se rendre et les criailleries
des femmes, promit simplement d’employer toutes sortes de prières près de
son Altesse Mr le comte d’Alais, pour faire donner grâce au Gouverneur,
gens de guerre, Consuls et habitants du lieu de Meyrargues. Car quoi que
l’on en ait publié, il est certain que le sieur de Vignau ne s’engagea pas
davantage et qu’il ne serait pas coupable de rien, dans le fait de la prise de
50
ce château si, par une sordide avarice il ne s’était emparé de plusieurs effets
qu’il aurait mieux convenu de laisser brûler. Il s’empara entre autres
choses, de trois mulets de litière du baron de Meyrargues et n’ayant oublié
ni leurs bâts ni leurs couvertures, on vit pendant le reste de cette guerre, son
petit équipage porté par les mêmes mulets, couverts avec des couvertures
aux armoiries et livrées de la maison de Meyrargues, ce qui inspirait de la
risée aux uns et de l’indignation aux autres .
Un autre fait bien peu convenable au sieur de Vignau, c’est d’avoir pris
en cette occasion vingt cinq pistoles d’Espagne, du sieur Ricard, premier
consul, pour le laisser sauver avec le sieur de Saint-Martin qui négocia la
chose, à l’insu du pauvre Bernier, qui aurait, comme eux, pu sauver sa vie.
Ces deux hommes firent une telle diligence, quoique Ricard fut vieux et
Saint-Martin privé d’une jambe, qu’ils apportèrent à Aix la première
nouvelle de la prise du château de Meyrargues, encore qu’ils fussent venus
à pied et qu’ils eussent passé à travers les montagnes.
Dans le temps que ces deux hommes se sauvaient, Mr le comte
d’Alais, averti à Jouques de ce qui se passait, se rend incessamment à
Meyrargues, monté sur un cheval blanc, le 10 du mois d’août 1649. Il se
fait emmener Bernier dans la cour du château et lui dit avec des paroles
sales : confesse toi tu va être pendu à ce noyer, qui était quatre pas par delà
de la cour. Le pauvre Bernier lui répondit d’un œil sec et par un esprit
prophétique : Monseigneur, votre Altesse se venge sur moi d’un affront
auquel je n’ai eu aucune part. Un Dieu juste vengera ma famille de celui
que vous lui faites sciemment. Ce furent les propres paroles de ce pauvre
mourant, qui se confessa à un Récollet et fut jeté ensuite de l’échelle.
J’entendis en confession le sieur Paroux, second Consul, que Mr le comte
d’Alais fit pendre à la même branche.
Cela fait, ce Prince eu quelques regrets de ce que l’on avait laissé
sauver le sieur Hugues Ricard, premier Consul. Comme il passait pour
homme fort riche, le comte d’Alais ordonna que l’on confesse et que l’on
pendit son laquais, s’il ne découvrait le lieux où son maître tenait son
argent. Ce domestique dont la rare probité mérite un éloge, s’appelait
Randon. Il se confessa, monta à l’échelle, persistant à dire que son maître
n’avait point d’argent. Il est vrai que Mr le comte d’Alais, dans le moment
qu’on allait le jeter de l’échelle, ordonna que ce pauvre garçon fut détaché,
de sorte qu’il en fut quitte pour une grande peur et avoir remporté
l’honneur d’avoir donné un exemple bien rare à ceux de son état.
Le Prince en usa avec beaucoup plus de modération avec les gens de
guerre. Il renvoya 38 soldats de la galère de Valbelle sans leur faire aucun
mal. Soit qu’il craignit d’offenser le corps des galères, soit qu’il voulut
faire croire que dans sa haine, il n’y avait que du personnel contre Mr le
baron de Meyrargues, puisqu’il faisait politesse au chevalier de Valbelle,
son frère. Il lui écrivit effectivement de Malte ou il était pour lors. Il
51
renvoya aussi sans rançon, 15 soldats qui avaient gardé le château pendant
ces derniers troubles.
Mais s’il usa de grande modération avec les gens de guerre, il usa
d’une grande rigueur à l,égard du baron de Meyrargues, et de tout ce qui lui
appartenait. Il ordonna que l’on mit le feu au château, ce qui fut
inhumainement exécuté et au point qu’on le voit encore aujourd’hui, ou à
peu de chose près. La fureur était même portée jusqu’à brûler les titres et
documents de la maison de Valbelle, qui étaient conservés dans cette
maison, ensemble les titres des terres du dit baron de Meyrargues, lorsque
Mr le baron de Sabran-Baudinard, l’un des plus considérables et des plus
méritants gentilshommes de ceux qui suivait le parti de Mr le comte
d’Alais, en ayant été averti, eut la générosité d’aller demander à ce Prince,
en récompense de ses services, le don de ces mêmes papiers, ce qui lui fut
accordé d’assez mauvaise grâce et sur le champ mis à couvert dans son
château de Baudinard, d’où ils sont revenus en bon état dans le château de
Meyrargues, après la révocation de Mr le comte d’Alais, qui ne tarda pas
d’arriver après tant de cruautés.
A ces papiers près, dont le baron de Meyrargues n’a dû la conservation
qu’à la générosité du baron de Baudinart, rien ne fut épargné dans les terres
de Meyrargues. Les moulins à blé, à huile, et à papier, les fours, les
granges, l’hôpital même, parce qu’il portait au frontispice les armoiries de
la Maison, tout fut réduit en cendres et a causé une perte dont cette Maison
se sentira plus d’un siècle.
Et pour marquer encore combien l’esprit de Mr le comte d’Alais était
haineux contre Mr le baron de Meyrargues, voici un fait qui se passa le
lendemain ou le surlendemain de la prise du château. Le sieur Antoine
Castillon, ayant rapporté des provisions de la cure de Meyrargues, et s’étant
présenté pour en prendre possession personnelle en la paroisse, en fut
empêché par la sentinelle. Sur quoi s’étant présenté au Prince, pour en
porter plainte, il ne voulut point le souffrir. Il lui dit en colère qu’il n’avait
qu’à s’en retourner et que les vassaux d’un sujet rebelle, quand ils
adhéraient à ce rebelle, étaient excommuniés tout comme leur seigneur et
que ni les uns ni les autres, n’avaient besoin ni de curé ni de sacrements.
Sur quoi le dit Castillon prit son parti pour prendre possession d’une autre
manière.
Le calme était revenu en Provence par l’arrivée de Mr le Duc de
Mercœur, pourvu du gouvernement de Provence, Mr le baron de
Meyrargues fit déterrer les corps du sieur de Bernier et du sieur Paroux et
les fit inhumer, avec beaucoup de cérémonies dans l’église paroissiale du
lieu. Après quoi on alla processionnellement faire une absoute au lieu du
supplice de ces deux honnêtes hommes, à laquelle assista Mr le baron de
Meyrargues, MMrs ses enfants, ainsi que tous leurs domestiques en grand
52
deuil. Après quoi, on entoura ce fatal noyer de toutes sortes de matières
combustibles et le feu y ayant été mis, consuma en peu d’heures cet arbre.
Heureux si en l’anéantissant on eut pu perdre la mémoire de tous les
désastres arrivés en ce terroir pendant le cours du mois d’août 1649.
Dans le même dossier 2508-B I de la bibliothèque du musée Arbaud,
on trouve également divers autres documents relatif au siège de
Meyrargues.
1°― Diverses lettres du marquis de Vignau, commandant les troupes
au siège de Meyrargues.
a) Du 10 août, le marquis de Vignau suppliera le comte d’Alais de
donner grâce aux : gouverneur, gens de guerre, consuls et habitants
de Meyrargues.
b) Du 13 août, à Mr de Séguirand, premier Président en la Cour des
Comptes de Provence. Il sera veillé à la conservation des papiers du
château. L’opiniâtreté de celui qui commandait le château lui a
coûté sa perte.
c) Du 13 août, du sieur de Vignau à Mme Valbelle à Aix. J’ai eu
beaucoup de déplaisir que le misérable que vous aviez mis dans
votre maison m’a obligé d’en user de la sorte que j’ai fait. Et
l’ayant fait sommer de se rendre par trois fois avant que de faire
tirer le canon. Mais il m’a toujours fait répondre que votre mari le
ferait pendre s’il se rendait. Vous pouvant assurer madame, que s’il
m’eut cru, votre maison n’aurait point été pillée, ni lui pendu. Au
contraire, j’aurais été ravi de pouvoir vous servir, ainsi que je l’ai
fait pour messieurs de la Barben, de Vernégues et de RoqueMartine.
2°― Une lettre du sieur Baudinard par laquelle il informe le
conseillé de Valbelle que les papiers du château de Meyrargues sont à
Baudinard en toute sécurité.
3°― Diverses pièces justificatives du château de Meyrargues, par
le sieur de Bernier, le 10 août 1649, et le même jour, monobstant les
promesses du marquis de Vignau, pendu avec le second Consul.
Ensemble le brûlement du château et bastides de Cadarache, par le
sieur Menc, gouverneur de Saint-Paul.
C’est le baron de Sabran-Baudinard qui a sauvé de l’incendie du
château de Meyrargues, les papiers qui nous restent de cette terre, le
comte d’Alais ayant fait brûler tout ce que Mr de Baudinard ne put
sauver.
Ainsi donc, en ce mois d’août 1649, la ruine de Meyrargues fut
consommée par les ordres dictés par la haine du gouverneur de
Provence, comte d’Alais, qui ne laissa rien subsister de debout, que ce
qui, à ses yeux, ne présentait aucune importance. Tout ce qui pouvait
53
avoir quelque valeur fut pillé, saccagé et incendié. A sont retour de
Paris, Mr le baron de Valbelle ne se trouva plus que devant des ruines.
Monsieur le baron de Valbelle avait pour épouse Anne Félicie de
Galliens des Isnards. On la voit figurer dans des actes de 1653, quelle
signe par procuration de son mari.
En l’année 1658, il fut établi un nouveau cadastre tiré de celui
de1598.
En 1660, une compagnie de gens d’armes du Roi fut cantonnée
dans le pays. La commune reçu 171 livres 10 sols d’indemnité.
En 1661, naquit à Meyrargues, François Arnaud de Courville, qui
servit comme mousquetaire en 1690. Il reçut de nombreuses blessures
à la Marsaille et en Flandre. Il était brigadier des armées du Roi au
moment de sa mort, en 1707, due aux suites d’une blessure reçue en
Espagne.
Le 26 septembre 1661, fut signé le contrat de mariage entre
François Paul de Valbelle, le fils de Léon de Valbelle et de Anne
Sylvie de Galliens des Isnards d’une part et Demoiselle Suzanne de
Fabry de Rians, fille de Claude de Fabry et de Marguerite de Rousset
d’autre part. Notaires : Arnaud, de Meyrargues et Gassin, de
Belgentier.
Lorsqu’en 1662, les nouveaux époux, après leur voyage de noces,
rentrèrent à Aix, le conseil municipal de Meyrargues décida d’aller
leur porter l’hommage et la fidélité des habitants et de leur offrir une
bourse contenant 50 pistoles.
Le 16 février 1662, à la suite d’un procès engagé entre le seigneur
et le Vicaire, ce dernier fut condamner à passer reconnaissance des
biens de la vicairie au seigneur.
Le 11septembre 1663, le Lieutenant général rendit une ordonnance
interdisant l’enlèvement des marchandises du terroir de Meyrargues,
sans avoir au préalable acquitté les droits seigneuriaux, sous peine de
saisie.
Au mois de septembre 1664, la maladie contagieuse sévissant à
Toulon et menaçant de s’étendre, on fit dresser les barricades tout
autour du village, toute circulation fut déviée au dehors. Défense au
chirurgien ou autre de soigner aucun malade, sans avertir le bureau de
santé. Tout nouveau venu au village devait passer une visite. Défense
absolue était faite de circuler, sans se munir d’un billet de santé.
Défense aux habitants des campagnes de donner à boire ou à manger
sans permission expresse du bureau. Ils devaient également se munir
de billets de santé pour circuler.
Le 26 février1665, un soldat canonnier du vaisseau Le
Dauphin,nommé Villebrue, ayant fini sa campagne et étant libéré,
revint à Meyrargues sans billet de santé. Il ne fut pas autorisé à
54
pénétrer dans le village et fut mis sous bonne garde, en quarantaine
dans un cabanon appartenant à ses parents au quartier de Pétugue. Le 7
juin, la communauté reçu l’ordre d’envoyer deux hommes pour
renforcer le blocus de Toulon, qui avait été établi pour empêcher les
habitants de sortir de la ville. Il se présenta deux volontaires qui
acceptèrent d’y aller, moyennant la somme de 35 livres. C’était les
nommés Gaspard Arbaud et Richelme Balthazar. Un homme de garde,
à tour de rôle, fut également établi au port de la Durance.(Arch. Mun).
En l’année 1666, le baron de Valbelle se décida à vendre les
fermes de Parrrouvier et de la Campane. La vente fut réalisée le 8 mai
devant M° Arnaud, notaire royal de Meyrargues, dans la grande salle
du château. Ce fut Joseph Laurin d’Aix qui se rendit acquéreur du tout
pour la somme de 9.000 livres.
Le 25 novembre, le duc de Vendôme Mercœur donna ordre aux
consuls d’avoir à donner au sieur Pierre de Resme, lieutenant d’une
galère royale, aide et assistance pour la recherche de trois forças qui
s’étaient évadés de la dite galère et de lui fournir, si besoin, des
hommes armés pour s’en assurer et les conduire en lieux sûrs.
Leur capture fut assez difficile et surtout longue, puisque ce n’est
que le 8 février de l’année suivante, qu’une escorte de 12 hommes
armée partit de Meyrargues, après avoir loué une bête pour transporter
l’un des forçats qui était malade, jusqu’à la galère. Les frais de voyage
et la location de la mule s’élevèrent à la somme de 7 livres 17 sols qui
furent payés Gaspard Arnaud, trésorier moderne de la communauté.
En 1667, la communauté dépensa 12 sols pour organiser un feu de
joie en l’honneur de Monseigneur le Cardinal de Vaudoyer.
En 1668, le Grand Conseil rendit un arrêt qui maintenait la
noblesse de Provence en la posséssion des domaines aliénés avant la
réunion du comté à la couronne.
Un pont sur le ruisseau qui se trouvait près de Réclavier et qui
avait été construit vingt ans plus tôt, fut emporté par les eaux en 1671.
Il fut reconstruit, mais soit qu’il fut très mal placé, ou qu’il y ai eu
malfaçon, nous avons trouvé la trace de nombreuses réparations
successives en 1672, 1674, 1679 et 1685.
Le recensement effectué par ordre de son Eminence le Cardinal
Grimaldi, Archevêque d’Aix, fin novembre 1672, fut fait avec le plus
grand soin et de plus très détaillé, puisque l’on y retrouve le nom de
tous les chefs de famille, ainsi que le nombre de personnes vivant sous
leur toit. En l’examinant nous constatons que la population de
Meyrargues s’élevait en cette année 1672 au total de 1.089 sur
lesquelles il y avait 330 enfants de moins de douze ans.
Ces 1.089 habitants étaient répartis en 218 familles occupant 200
maisons, dont 18 bastides, 2 papeteries et le château.
55
Le château abritait la famille du seigneur qui se composait de :
Mr le baron Léon de Valbelle
Son fils aîné, François Paul, et la femme de celui-ci,ainsi que leurs six
enfants dont deux garçons et quatre filles.
Le sieur de Cadarache, 2ème fils de Mr le baron.
Le chevalier Alphonse, 3ème fils.
Le chevalier Ignace, 4ème fils.
Le personnel domestique qui comprenait ;greffier, maître d’hôtel
muletier, cocher, cuisinier, gouvernante, fille de chambre, maîtresse
d’hôtel, chasseur, 2 servantes et sept laquais, ce qui portait le nombre
des habitants du château à l’effectif de 30.
Les deux papeteries comptaient 35 habitants et les bastides étaient
occupées par 138 personnes, le nombre d’habitants logés dans
l’agglomération du village proprement dit ressortait donc à 885 âmes.
Parmi les professions citées, signalons 4 aubergistes aux enseignes
de : Grand-Logis, Notre-Dame, la Croix-Jaune, cheval-Blanc. Deux
notaires dont l’un également greffier, un lieutenant de Juge, un
maréchal, un boucher, un tisserand, deux chirurgiens et deux hermites.
C’est en 1673 que survint le décès de Monsieur le baron Léon de
Valbelle. Par son testament en date du 17 juin 1656, il faisait élection
de la sépulture de son corps, en l’église paroissiale de Meyrargues où il
voulait qu’il soit porté, pour être mis avec celui de feu Anne Sylvie de
Galliens des Isnards, sa femme, et qu’il soit construit et édifié à cet
effet une chapelle et fait un tombeau dans icelle, pour être orné et bâti
le plus honorablement que faire se pourra aux dépens de son héritage.
Avant sa mort, non seulement il avait fait réparer le château, mais
il avait également fait faire des embellissements aux alentours. C’est à
cette époque que se place la plantation de l’allée de tilleuls dont on
voit encore la moitié à Pourran. Cette allée venait alors aboutir à la
route nationale sur l’emplacement où se trouve actuellement le café de
Paris. Le pont qui franchit le ruisseau, à l’extrémité de l’allée encore
existante, était plus sensiblement plus en amont, c’est-à-dire en face de
l’ancien portail du clos, qui fut édifié au même moment.
-----------------------------------------------------FRANÇOIS PAUL DE VALBELLE
35ème Seigneur de Meyrargues
C’est le fils aîné de Mr de Valbelle qui lui succède. François Paul avait
été Conseillé au Parlement en 1659. Il était marquis de Rians, seigneur
de Meyrargues, Cadarache et autres lieux, Capitaine d’une compagnie
de cavalerie dans le régiment de Monsieur le Dauphin.
56
En 1680, François Paul de Valbelle vendit à Mr de Laurens la
partie du terroir qui est devenue ce qu’on appelle aujourd’hui la
Bastide Neuve entre le ruisseau de Gavaronne et la limite du PuySainte-Réparade.
------------------------------------------------------JOSEPH ANNE DE VALBELLE
36ème Seigneur de Meyrargues
Né en 1648, Conseillé au Parlement en 1677, Président à mortier
en 1686, deuxième président en 1701, résigne en 1718, Conseillé
d’état en 1719, Mort à Aix en 1722.
En 1682, Mr de Meyrargues venant de Paris arrive à Aix. La
communauté de Meyrargues lui fait porter un présent de 20 pistoles,
soit 220 livres.
C’est vers cette époque où il fut nommé Président à mortier
(1686), que Mr de Valbelle fit construire à Aix, dans l’actuelle rue
Mignet, l’important hôtel portant les numéros 22-24 bis, qui est devenu
maintenant le siège de la gendarmerie.
Cet hôtel fut construit sur l’emplacement d’une très ancienne
auberge, qui avait cessé d’exister au début du siècle, mais qui déjà
connue en 1385 à l’enseigne de la cloche, avait été une des principales
de la villeau XV et XVI siècles. ( Voir J. Pourrière, rues et
monuments d’Aix, p. 132 )
En 1686, Louis Paulon, prêtre secondaire, et Charles Imbert,
prieur de Sainte- Madeleine, se disputent les fonctions de précepteur
de la jeunesse. Alors que la communauté donnait 35 livres de
traitement annuel, ils en arrivent par une enchère successive, à se
charger de ce travail moyennant une rétribution de 24 livres.
En 1687, il fut établi une taille de 3 sols sur les pourceaux.
Le 2 octobre 1689, Monseigneur le comte de Grignant,
Gouverneur, Lieutenant Général en Provence, donna ordre à la
communauté de mettre une garde de quatre hommes armés, au bateau
de Durance. La consigne de cette garde était de fouiller et interroger
tous les passagers et d’arrêter, puis convoyer à Manosque tous ceux
qu’on croirait : nouveaux convertis, Allemands, Espagnols, Flamands,
Anglais ou Italiens. Les susdits étant ensuite transférés à la citadelle de
Sisteron. La garde se fit pendant 1mois et 4 jours.
------------------------------------------------------
57
COSME MAXIMILIEN DE VALBELLE
37ème Seigneur de Meyrargues
Fils du précédent, né en 1685, Procureur du Roi en la sénéchaussée d’Aix en 1709, Président au Parlement en 1718, Marquis de
Rians, seigneur de Cadarache, Meyrargues, Carcès, Bauvezert et
hautres places. Mort à Aix en 1735.
Le 17 mars 1696, le dénombrement des posséssions du seigneur de
Meyrargues porte sur : château, juridictions mèro mixo império, péage,
passage, pulvérage, par eau et par terre, port et bateau sur Duraznce,
droit de reposage, directe universelle, lods, trezains, tasques, dizains,
cences, fours banaux, moulin banal, deux moulins à papier, le Grand
Logis, la Grange, Vaumartin, Barry, bois de Saint-Claude,duClaux, et
du Deffeens, les eaux dans tout le terroir, les terres gastes, la chasse et
la pêche.
En 1697, la communauté acheta au seigneur l’horloge qui se
trouvait au château, au prix de 500 livres. Mr de Valbelle fit don à la
commune d’une tour qui se trouvait attenante à l’église pour pouvoir y
placer l’horloge.
On répara donc la tour et l’installation de l’horloge eut lieu en
1699. Cette tour transformée en 1737est le clocher actuel. En 1705,
l’horloge nécessita de grosses réparations qui furent exécutées par le
sieur Comte, maître horloger de la ville d’Aix. La conduite et
l’entretient en étaient confiée soit à l’instituteur, soit au sergent de
ville, ou encore à l’hospitalier, qui recevaient en paiement deux livres
par mois.
Le 8 mars, Joseph Arnaud , volontaire comme soldat de milice au
régiment de Vendôme, encaisse une prime de 120 livres.
En 1707, création d’un relai de poste, pour les courriers du Comte
de Grignant, qui fonctionna du 28 juillet au 12 septembre, avec quatre
chevaux. Le ravitaillement nécessaire devait être fourni par la
commune, mais le Puy, Saint-Canadet, Venelles devaient contribuer à
la dépense.
Par la suite de gros passages de troupes, les habitants étaient
littéralement ruinés par les réquisitions incessantes en foin, paille,
avoine et autres grains, fourches et perches pour les tentes, bois
destinés à la construction d’un pont et bateaux sur la Durance,
etc…etc…
Les impôts s’élevèrent cette année-là à 2.755 livres 19 sols, ce qui
représentait une imposition de 9 livres 15 sols par livre cadastrale.
58
En 1708, par ordre de Louis XIV, il fut fait le recensement des
chênes pouvant servir à la construction des galères et défense fut faite
aux propriétaires de les abattre ou de les vendre.
En 1709, l’achat par la communauté du moulin à huile du
Seigneur, dans des conditions exceptionnelles, amena une crise aiguë
au sein du conseil municipal entre les habitants et les forains possédant
biens. Pour les détails de cette affaire, nous renvoyons nos lecteurs au
chapitre XI sur l’organisation communale.
Lorsque la commune acheta le moulin à huile, ce dernier avait son
entrée par une petite remise qui était en façade sur la route, (remise
Rey actuelle ). Comme Mr de Valbelle en vendant le moulin, se
réservait cette remise, il fut convenu que la commune ferait, à ses frais,
un mur de séparation entre la remise et le moulin et que l’entrée de
celui-ci se ferait à l’avenir en empruntant la rue qui se trouve à coté de
la poste, puis un petit pont sur le ruisseau, ce qui emmenait les usagers
sur ce qui était jusqu’alors le le derrière du moulin.
Cette même année la famine se faisait cruellement sentir, la
commune fut obligée d’emprunter de l’argent pour acheter 20 charges
de seigle quelle fit distribuer aux plus nécessiteux des habitants.
Le nommé Testanière, trésorier de la communauté, encaissa les
impôts, puis disparu avec 5.000 livres.
Le premier juillet 1710, rachat de l’office de Maire, au prix de 140
livres,plus les frais soit au total la somme de 570 livres
A la suite de ce rachat, le premier consul prit le titre de Maire. Ce
fut Louis de Cyprianis, sieur de Saint-Amant qui le porta le premier.
Le 9 juillet 1710, il fut entrepris de grosses réparations qui
transformèrent complètement l’aspect extérieur de l’entrée du château.
Par le prix fait qui s’élève à 1.000 livres l’entrepreneur s’engage à faire
les travaux suivants : démolir les deux tours rondes qui se trouvent au
bas des escaliers, élargir les dits escaliers qui sont trop étroits,
transporter la porte de fer qui est au bas des escaliers entre les deux
tours et la mettre après le deuxième palier à l’entrée même du château,
face à la chapelle. Elargir le passage de cette porte jusqu’à la chapelle.
Démolir la voûte basse et la refaire en prenant toute la hauteur
jusqu’aux chambres. Niveler l’esplanade en pente douce du pied des
escaliers jusqu’à la grosse tour et y faire le mur de soutènement.
Construire une écurie et une remise avec grenier à foin au-dessus.
Durée prévue des travaux : 4 mois. L’entrepreneur construira un four à
chaud à Réclavier à ses frais. Le seigneur fournira la pierre et le bois et
aura un tiers de la chaud fabriquée. On peut encore apercevoir à
Réclavier, les ruines de ce four à chaud.
Le 23 août suivant, ce prix fait fut complété par un nouveau, par
lequel le maçon Escanon, d’Aix, s’engage à faire les angles en pierre
59
de taille de chaque côté de la terrasse, les mains courantes et les
balustres des terrasses et balcons et surtout la rampe en pierre posée
sur balustres de chaque côté des escaliers ainsi qu’en travers du perron.
Le prix stipulé était de 2 livres 12 sols pour chaque balustre en pierre
d’Aix, mis en place et tous frais compris. (Arch. Seign.)
En 1711, les journées d’hommes et de chevaux furent taxés.
L’attelage à deux colliers avec le conducteur compris était à trente sol
par jour. La journée d’homme était à 10 sols.
Le 8 février, la commune la commune rachète l’office de premier
consul au prix de 198 livres.
Le premier janvier 1713 fut signée une transaction entre le
seigneur de Meyrargues et les consuls de ce lieu. Cette transaction
portait que tous les biens possédés à ce jour par le seigneur seront
comptés comme nobles et francs de taille et qu’il lui restera encore à
l’avenir pour six livres cadastrales à anoblir.
Mr de Valbelle loua le droit de chasse, mais avec interdiction du
furet au sieur Denis Fayose pour le prix de 150 livres par an.
1720, année tragique, au cours de laquelle sur une population de
900 habitants, 554 furent atteints de la peste. Du mois d’août à la fin de
l’année, on enregistra 382 décès.
L’hôpital étant devenu insuffisant, les consuls réquisitionnairent
l’auberge du Grand Logis, avec tous ses meubles, pour la faire servir
d’annexe et y loger des chirurgiens et des capucins, pour prodiguer
leurs soins aux malades. Ils durent également réquisitionner des
matelas, paillasses, ustensiles de cuisine et autres divers particuliers.
Le 1er juin 1723, à l’occasion du mariage religieux du fils de Mr de
Valbelle avec mademoiselle Marguerite Delphine de Valbelle-Tourve,
la commune leur fit un présent de 500 livres.
Cosme Maximilien de Valbelle testa le 15 juillet de l’année 1727.
----------------------------------------------------------+
ANDRÉ GEOFFROY DE VALBELLE
38ème Seigneur de Meyrargues
André Geoffroy, marquis de Mont furon et de Rians, baron de
Meyrargues seigneur de Cadarache, Carcès, Bauvezert, Artigues, Miral
et autres. Premier enseigne des gens d’armes de la garde ordinaire du
Roi. Fils et héritier ab intestat et par inventaire de Cosme Maximilien.
Mourut en 1736.
Le 25 février 1728, par acte reçu par M° Thibaud, notaire à Aix,
Mr de Valbelle achète à Simone de Barrel, la bastide de l’Espougnac
60
avec la cave et les tonneaux, ainsi que la chapelle qui contient une
image en bois de la Sainte Vierge. Le tout avait été désemparé à
Simone de Barrel, par Madame de Pontevès sa mère, et François
Xavier de Barrel, son frère. La vente eut lieu moyennant le prix de
11.500 livres dont 1.200 livres payés comptant, 7.966 livres 10 sols 9
deniers remboursés à des créanciers et les 2.333 livres 9 sols 3 deniers
restants payés au bout de 12 ans, moyennant intérêts de 5 pour cent
l’an.(Arch. Seign.).
Le 31 mai 1730, il fut établi un contrat de mariage entre André
Geoffroy de Valbelle Meyrargues et Marguerite Delphine de Valbelle
Tourves, qui étaient déjà mariés de l’église depuis le 1 er juin 1723 et
avaient déjà quatre enfants dont deux fils et deux filles.
Par son testament, daté du 23 juin 1729, Mr deValbelle demandait
à être enseveli dans le caveau de l’église de Meyrargues. Il fit d’autre
part de grandes largesses aux œuvres locales. (voir chapitre XII, vie
religieuse et œuvres de charité).
En 1730, on reconstruisit le mur de soutient entre le ruisseau et le
chemin, au-dessous du moulin.
-------------------------------------------------------IGNACE JOSEPH COSME
ALPHONSE ROCH DE VALBELLE
39ème Seigneur de Meyrargues
Fils d’André Geoffroy. Né en 1726. Pourvu de l’office de Grand
Sénéchal par lettre patente du 15 mars 1736 à l’âge de 10 ans. Mort le
7 août 1766 à Paris.
Son contrat de mariage avec Mlle Gabrielle Pauline Bouthillier de
Chavigny, nous permet de nous faire une idée de l’importance et de la
fortune de Valbelle, à cette époque. En effet, ce contrat donne une
énumération de ses apports fonciers et de ses revenus.
En tant qu’héritier de Cosme Alphonse :
Les terres de Montfuron et de Bressieux, avec les biens en
dépendant et la bastide de Saint-Pierre à Marseille. Le tout produisant
un revenu de 15.780 livres.
L’hôtel de Valbelle à Versaille loué 2.000 livres, entre le logement
qu’il s’y réserve.
1.760 livres de rente sur le clergé de France.
2.175 livres de rente sur les Aides et Gabelles de France.
4.000 livres de rente dues par Mr le Prince de Soubize.
La charge de Sénéchal de la ville de Marseille.
61
Par le testament de son père André Geoffroy, du 23 juin 1729 : les
terres de Meyrargues et de Venelle qui produisent 20.000 livres de
revenu, non compris le château, ses dépendances, les lods, ni la chasse.
La terre de la seigneurie de Rians affermée 4.000 livres.
Le jardin de Belgantier, 700 livres.
La charge de Lieutenant du Roi en Provence produisant 1.000
livres.
Créance sur la Maison de Simiane, en procès au Parlement à
Grenoble, réservèe par Mme de Valbelle.
La charge d’Enseigne des gens d’armes de la garde du Roi, avec
brevet de retenue de 100.000 francs.
250 livres de rente sur divers particuliers de Provence
8 actions de la compagnie des Indes.
13 billets de la loterie Royale,
6 billets de la deuxième loterie Royale.
Les meubles meublant, vaisselle d’argent, chevaux, équipages,
bijoux et autres, non compris toutefois ceux de Meyrargues, réservés à
Mme la Marquise.
Ceux des châteaux de Montfuron, Cadarache et de Bressieux,
montant à la somme de 109.563 livres.
Le futur époux déclare que la reconstruction de l’hôtel de Valbelle
à Paris se monte à 126.933 livres dont il reste à payer 14.698 livres
pour les glaces, peintures et scultures dont les mémoires ne sont pas
payées en totalité.
En 1737, reconstruction de l’église paroissiale. Voir le chapitre
XII : Vie religieuse.
En 1739, on établit des escaliers faisant communiquer la place et
la route sur l’emplacement actuellement occupé par la maison Benoit.
Le mur de soutènement fut refait à neuf, ainsi que celui qui soutient la
montée de la Grand-Rue.
Le 28 juin, à l’occasion de la Paix Générale, la communauté fit un
grand feu de joie. Il en résulta une dépense de1 livre 18 sols.
Le 30 septembre, réquisition pour l’armée de 3 mulets harnachés,
avec un conducteur.
Le 1er décembre, la maréchaussée réclame du renfort pour
effectuer une battue dans les bois du Deffend. Le second consul et
deux hommes formèrent le renfort demandé, afin de se saisir des
voleurs que l’on pensait s’y être réfugiés. Comme indemnité, il fut
versé 1 livre au consul, 1 livre 4 sols aux deux volontaires. Deux litres
de vin cuit et trois pains qui servirent au ravitaillement des archers et
des hommes coûtèrent 2 livres 19 sols.
En 1740, l’affouagement fut fixé à 3 feux ¾ .
62
Le 6 mai 1742, arrivée d’une compagnie de Dragons Espagnols
pour être cantonné jusqu’à nouvel ordre. Ce cantonnement dura deux
mois et occasionna des dépenses considérables.
Cette même année les gages du Régent furent portés à 120 livres
Un chien enragé mordit un jeune homme qui en mourut. Les
parents de la victime furent mis en quarantaine.
En 1743, les réparations du moulin à huile, effectuées par
Melchior ferréol, coûtent 440 livres.
La même année, 72 livres son nécessaires pour habiller deux
soldats de milice.
En 1744, Mr le marquis de Valbelle, arrivant de Paris, on lui fait
une brillante réception avec tambour, fifres et décharge de
mousqueterie.
Les passages de troupes pour l’armée d’Italie sont fréquents et
forts coûteux. C’est ainsi que du 18 février au 20 Mars, Meyrargues est
le lieu de cantonnement de six compagnies du régiment d’Angenois
sous les ordres du capitaine Saint-Léger.
Pour l’armée d’Italie également, la communauté fut requise de
fournir une charrette attelée de quatre mulets, pour aller chercher des
munitions à Tarascon et les transporter jusqu’à Antibes. Comme il n’y
avait aucune charrette suffisante dans le pays, les consuls décidèrent
d’en louer une. Le sieur Théric, du Puy-Sainte-Réparade, consentit à
leur louer la sienne, moyennant une redevance de 30 sols par jour.
Mais alors que l’on croyait que le voyage durerait une quinzaine de
jours environ, au bout de quatre mois la charrette n’était pas encore
retournée. Après des discussions assez laborieuses avec le propriétaire,
il fut décidé quelle lui serait payée comme neuve et que la
communauté la garderait pour son usage lorsqu’elle serait de retour.
Mais la communauté ne devait jamais revoir la charrette. Etant donné
que Mr Théric avait déjà reçu 120 livres à titre d’acompte, on lui versa
un complément de 200 livres pour entier paiement.
En ce qui concerne les mulets, on en trouva bien sur place, mais
sur les quatre un seul était ferré et d’autre part leurs harnais n’étaient
nullement prévus pour former un tel attelage. Il fallut donc les faire
harnacher et ferrer. On trouve dans les comptes municipaux de l’année
1744 la note suivante :Pour quatre mulets que la communauté dû
fournir pour le service du Roi :
1 Avaloir avec sa croupièr
16 livres
1 Suffre
12 ―
1 Basté
6 ―
2 Chaines de limon
6 ―
4 Colliers à 6 livres
24 ―
3 Paires de fourreaux à 5 livres 15 ―
63
3 Croupières à 1 livre 5 sols
3 ― 15 sols
3 Paires de traits à 5livres
15 ―
4 Bridons à 3 livres 10 sols
14 ―
4 Ravast à 3 livres
12 ―
4 Tastières garnies à 3 livres 5sols 13 ―
4 Anneaux pour les guides
0―
Ferrage d’un mulet en gardant les
vieux fers
3―
Ferrage des autres mulets
6―
______
Soit au total : 156 livres 10 sols
En 1745, à l’occasion du mariage de Mademoiselle de Valbelle
avec le marquis de Castellane, la communauté lui fit don de 300 livres
En novembre 1746, dix hommes furent envoyés à Toulon pour y
travailler aux fortifications.
Un règlement du 11 octobre 1751 fait dépendre Meyrargues de la
circonscription de Pertuis pour ce qui concerne la juridiction et la
police de la voirie.
En 1764, le seigneur fit refaire les murs qui entourent l’enclos de
la garenne à l’emplacement où on les voit encore aujourd’hui.
En 1765, Meyrargues comptait 808 habitants dont 169 hommes,
172 femmes, 85 garçons et 133 filles de moins de 12 ans, 64 valets,
domestiques ou apprentis, 8 servantes, 4 étrangers provençaux, mais
aucun étranger non provençal. ( Dictionnaire Géographique des
Gaules, Tome V , page 926 ).
--------------------------------------------------JOSEPH ALPHONSE OMER DE VALBELLE
40ème Seigneur de Meyrargues
En 1766, Mr Ignace Joseph de Valbelle étant décédé sans enfants,
ce fut son frère Joseph Alphonse Omer qui lui succéda. Né en 1729.
Maréchal de camp, Lieutenant du Roi en Provence. Etant mort à Paris
en 1778, son corps fut rapporté et inhumé dans l’église de Montrieux
(Var), où on lui éleva un mausolée.
En 1768, Mr de Valbelle demande qu’il soit procédé au
dénombrement de ses propriétés et que les divers particuliers lui en
passent reconnaissance.
Le 20 septembre 1775, Mr de Valbelle érigea en arrière fief le
domaine de Vauclaire en faveur de son fondé de pouvoir, Mre Philipe
Saliers, Cette érection enregistrée par devant Mre Dastros, notaire à
64
Tourves, ne devait être valable qu’en cas où Mr de Valbelle décèderait
sans enfants.
En 1776, le seigneur fit construire plusieurs immeubles, sur une
partie de la place. Ce fut tout d’abord le four qui ne fut au début que
d’un simple rez-de-chaussé sur la grand rue. Ce four remplaçait
l’ancien qui se trouvait de l’autre coté de la rue et sert aujourd’hui de
magasin à bois. On construisit également la ferme et les appartements
qui la séparent du four. Puis on édifia entre ces bâtiments et le mur
surplombant la route, un immeuble destiné à abriter, au rez-de-chaussé,
l’auditoire de justice et la prison et au premier étage les greniers pour
le Mont-de-Piété.
On fit ensuite établir un mur sur toute la longueur du côté du
couchant. C’est ce mur qui a servi de base à la façade des immeubles
bordant la place actuellement.
Après que Mr de Valbelle fit défricher le terrain. Un jardin fut
aménagé sur le devant de l’auditoire de justice. Le restant de la place
fut ensemencé en orge et planté de 27 muriers. Les habitants
mécontents de voir le seigneur s’emparer de la place, saccagèrent la
plantation. Sur plainte de Mr de Valbelle, onze d’entr’eux furent
emprisonnés, jugés et condamnés.
En 1777, les habitants de Meyrargues ayant exagéré dans
l’exercice de leur droit au bûcherage sur la forêt du Ligouret, le
seigneur demanda qu’il fut procédé à un cantonnement et offrit de
mettre un quart de cette forêt à la disposition de la communauté, à
condition que les autres trois-quarts fussent absolument réservés.
La commune, après consultation et délibération, aurait accepté ce
cantonnement. Mais les possédants biens, forains, demandèrent à la
commune l’arrangement suivant : le quart du Ligouret serait réservé à
l’usage des habitants et du seigneur pour y prendre le bois qui leur
serait nécessaire. Les autres trois-quarts, mis en coupe réglée, le
produit en serait partagé entre le seigneur et la communepar parts
égales.
Mr de Valbelle accepta cette proposition et une transaction,
intervenue le 27 décembre 1777, après avoir mentionné les faits cidessus s’exprime ainsi :
A ces causes ont été présents : Mr Philipe Sallier, procureur fondé
du seigneur de Valbelle, baron de Meyrargues, d’une part, et MM rs de
Laurans et d’Adaoust, agissant pour et au nom des Consuls et
communauté et de MMrs les forains, d’autre part. Lesquels ont pour
tout ce que dessus, circonstances et dépendances, transigé et convenu,
transigent et conviennent ainsi qu’il suit.
65
Le dit Mr Sallier, pour et au nom du dit seigneur de Valbelle, se
départ de la demande en cantonnement du bois du Ligouret, formée par
le dit seigneur aux conditions néanmoins et pas autrement :
1°― Que sur le bois du Ligouret, dont le cantonnement était
demandé, il en sera pris un quart qui demeurera affecté à l’usage tant
du Seigneur, que de tous les habitants et possédants biens au dit terroir
et que les trois-quarts restant seront et demeureront défensables et
communs à l’avenir entre le Seigneur et la communauté. A l’effet de
quoi, par Mr Mouret, géomètre, et Boyer, ancien notaire, experts déjà
nommés et qui avaient commencé de procéder, il sera planté bornes et
limites à l’effet de faire la séparation du quart qui sera assigné pour les
usages communs et des trois-quarts qui doivent demeurer défensables.
2°― Que le dit bois du Ligouret sera gardé par un garde
3°― Que le dit bois du Ligouret sera et demeurera en nature de
bois taillis et sera mené en deux coupes de bois réglées et le produit de
ces coupes sera partagé entre le seigneur et la communauté.
4°― Défense sera faite à tout particulier, même au seigneur,
d’introduire dans le dit bois aucun bétail lanu qu’après trois ans de la
coupe achevée et il leur sera pareillement inhibé d’y introduire aucune
chèvre dans aucun temps.
Déclarant les parties, qu’au moyen des arrangements ci-dessus
faits, pour le bois du Ligouret, ils n’entendent préjudicier, ni au droit
de compascuité des habitants sur les terres gastes, ni aux droits des
tiers, le seigneur et les habitants n’entendent pas disposer des biens qui
peuvent appartenir à des particuliers dans le Ligouret, à l’égard
desquels droits, chacune des parties demeurera dans les exceptions et
défenses qui peuvent leur compéter et moyennant tout ce que dessus et
observé qu’il soit, le dit Me Sallier au dit nom et les dits MM rs
Laurans et d’Adaoust en la qualité qu’ils agissent, renoncent à procès
relatif au bois du Ligouret.
Les tracés des limites et le bornage du cantonnement du bois du
Ligouret furent effectués au cours de l’année 1778 et le 7 décembre les
experts déposèrent leur rapport. Ce rapport stipule que par accord entre
Me Sallier, fondé de pouvoir de Mr de Valbelle et Mr Darbaud,
premier consul, la surface boisée dénommée penchants du Ligouret a
été exclue des opérations comme ne faisant pas partie de la transaction
du 27 dacembre 1777.
Mais moins de cinquante ans plus tard, des désaccords surgirent à
nouveau et Mr d’Albertas, successeur de Mr de Valbelle, demanda, le
30 mars 1822, que les trois-quarts exploités en commun fussent
partagés en deux parties égales pour être attribuées à la commune et à
lui même en pleine propriété.
66
Le 18 mai 1825, un jugement ordonna le partage et ce jugement
fut confirmé le 19 juillet.
La commune fit appel de ce jugement, mais par arrêt du 5
novembre1826 son appel fut déclaré nul. Elle fut déchue du droit
d’appel et l’exécution du jugement fut ordonné.
Le 25 janvier 1827, les experts procédèrent à la division des troisquarts du Ligouret en deux portions d’égale valeur estimées à 11.180
francs chacune. Mais si elles étaient d’égale valeur, elles étaient
cependant plus étendues l’une que l’autre, La première couvrait une
superficie de 134 hectares 67 ares 33 centiares, tandis que la deuxième
ne couvrait que 111 hectares 83 ares 42 centiares. Ce manque de
superficie était compensé par le fait que cette dernière parcelle était
plus fournie en bois que la première.
Le 13 juillet 1827, le rapport des experts fut entériné et le 16 août
il y eu procès verbal de partage, avec tirage des lots au sort. Ce fut la
première parcelle qui échut à la commune.
Le 29 août, jugement homologuant le procès-verbal du 16. Le 22
novembre, procès-verbal de délivrance des lots et enfin le 9 juin 1828,
un arrêt de la cour concernant le jugement du 29 août 1827 clôtura
cette longue discussion.
En 1778, la Durance, par ses érosions, menaçait le pont au bas de
la carraire dite de Giravaï. On le démolit et on employa les pierres pour
en faire un autre plus haut. C’est celui sur lequel passe actuellement le
chemin de Peyrolles. Quand à celui qui avait été détruit, il fut plus tard
remplacé par un pont en dalles qui existe encore.
A cette époque, Meyrargues faisait partie de la sub-délégation
d’Aix , alors que Peyrolles et Jouques faisaient partie de celle de
Rians.
-------------------------------------------------------
MADELAINE MARGUERITE
DELPHINE DE VALBELLE
41ème Ségneur de Meyrargues
Joseph de Valbelle étant mort sans enfants légitimes en 1778, la
seigneurie de Meyrargues fit retour à sa mère, veuve d’André Geoffroy
de Valbelle.
Le 17 décembre 1781, contrat de mariage entre Joseph Louis
Caussiny, dit le baron de Valbelle, qui était le fils naturel de Joseph
Alphonse Omer de Valbelle et de Dame Marie Louise de Pioneau
67
d’une part et Mlle Madeleine Hippolyte Félicité de Geoffroy du Puget
d’autre part.
En considération du mariage, Madeleine Marguerite Delphine de
Valbelle, Marquise de Tourves, Meyrargues et autres lieux, fait
donation au marié de son hôtel sis à Aix, rue Belle-Garde. L’acte fut
fait à Meyrargues dans la grande salle du château en présence
d’Antoine Boulvin, maître d’hôtel de la marquise et de Laurens Roux,
son concierge du château, lesquels ont signé avec de nombreux parents
et amis des mariés et M° Ricard notaire à Meyrargues qui a reçu le
contrat en ses minutes. (Arch. Dép. Sénéchaussée d’Aix, Reg.IV,
B.117, F° 935).
Le 21 juillet 1783, eut lieu une transaction entre Mme la Marquise
de Valbelle et Joseph François Nicolas Arbaud, docteur en médecine,
propriétaire du domaine de la Campane, au sujet des limites de ce
domaine. Ce qui n’empêcha pas leurs successeurs, Mr le Marquis
d’Albertas d’une part et Mme Henriette Joséphine Monclard, épouse
Moure d’autre part, de se prendre de procès pour les mêmes motifs qui,
invoqués devant le tribunal civil d’Aix, donnèrent lieu 5 juin 1840, à
nomination d’expert et géomètres. La commune était cette fois
intervenue pour partie au procès.
Ce fut en 1784 que décéda Madame la Marquise de Valbelle. Par
son testament, en date du 12 décembre 1778, elle léguait à Joseph
Louis de Caussiny la terre et la seigneurie de Meyrargues, ainsi que
celle de Venelles.
-----------------------------------------------------JOSEPH LOUIS DE CAUSSINY
DIT LE BARON DE VALBELLE
42ème Seigneur de Meyrargues
Le premier acte d’autorité du nouveau seigneur de Meyrargues fut
un agrandissement de l’arrière-fief de Vauclaire, en faveur de Mr
Sallier, en date du 17 septembre 1784.
Cet agrandissement se compose des terres qui se trouvent au Nord
de la route de Rognes à Meyrargues et ayant pour limite : au Couchant
la limite du Puy-Sainte-Réparade ; au Nord la Durance ; à l’Est,
Gavaronne, de la route jusqu’à la carraire du Logis-Neuf et de là
jusqu’à la Durance, la route de Pertuis.
Cette érection est faite sous réserve du droit de reposage des
bateaux et radeaux. Les deux érections seront toujours subordonnées,
mouvantes et dépendantes de la suzeraineté, haute justice et seignerie
68
majeure de Meyrargues. A cet effet, les possesseurs de l’arrière-fief
seront tenus, lors des ventes des dits domaines, de payer lods et à
chaque mutation de seigneurs de prêter serment de fidélité et de donner
dénombrement aux formes ordinaires des droits ci-dessus inféodés, au
seigneur majeur et suzerain de Meyrargues et ce sous la redevance
portée par le dit acte d’érection, d’un dindon gras, sans aucune
augmentation d’icelle. Ayant eu le serment de fidélité du dit Sallier
lors de mon avènement à la seigneurie.
Y eut-il en 1784 une évasion de prisonniers à Meyrargues ? C’est
fort probable puisqu’on trouve à cette date une note de maçons « pour
avoir boucher le trou fait par les derniers prisonniers.» Une autre note
du maréchal celle là, pour « avoir fourni des anneaux de fer à sceller
dans le mur de la prison afin d’y attacher les prisonniers. » 12 sols
pièce.
Ce fut le 6 juin 1785 que Joseph de Caussiny rendit hommage à la
Cour des Comptes pour la terre de Meyrargues.
Le 2 septembre 1787, le conseil municipal décida de faire placer
une balance à l’extrémité du mur de la place de l’église. Ceci pour que
les habitants puissent librement vérifier le poids de leurs acquisitions
chez les commerçant. Le valet de ville fut chargé de la mettre en place
chaque matin et de la rentrer chaque soir.
C’est en 1787-1788 que furent construites les routes du poteau de
Venelles à Vauclaire et celle qui traverse le village.
Le 29 mars 1789, les 162 hommes de plus de 25 ans de la
population de Meyrargues, réunis dans l’église du lieu, rédigèrent leur
cahier de doléances par lequel ils demandaient : le rachat des banalités,
celui des biens aliénés par la communauté, la propriété des terres
gastes, la réduction des cences à la fixation du titre primordial et
l’interdiction de construire des pigeonniers et de tenir des pigeons.
Après quoi ils nommèrent Jean Louis Ricard et Etienne Joseph Ripert
comme députés à l’assemblée qui devait avoir lieu à Aix le 2 avril.
L’hiver avait été terriblement froid et plus de 10.000 oliviers
périrent, ainsi que les deux tiers des céréales ensemencées.
Par une lettre du 7 mai, les procureurs du pays s’informèrent
auprès des municipalités des dommages occasionnés soit par les
rigueurs de l’hiver, soit par les émotions populaires. A la suite d’une
assemblée tenue le 1er juin, le conseil délibéra que « Considérant que
dans ce lieu de Meyrargues, les maux soufferts se réduisent aux seules
rigueurs de l’hiver, qui ont causé un dommage très considérable au
pays. N’y ayant eu aucune voie de fait contre le seigneur du lieux, que
les habitants ont toujours regardé comme le père de la communauté.
Par les bontés continuelles qu’il a répandu sur chacun des individus,
dont ils ne cesseront de mériter la continuation, a unanimement
69
délibéré, que pour éviter qu’à l’avenir, le dit seigneur baron ne soit
dans le cas de recevoir des impressions désavantageuses sur le compte
d’aucun des habitants qui pourraient attirer ses bontés ou sa justice,
chacun des dits habitants lui formera ses plaintes directes, ainsi que sa
justification, seul moyen de faire parvenir la vérité. ».
Le 27 juin, le Maire et les adjoints avec tambours, fifres et
galoubets, firent le tour du village, ramassant 300 individus, hommes
et femmes, sous la menace d’être pendus s’ils ne marchaient pas et
allèrent moissonner les terres du seigneur.
Au retour, quelques énergumènes brisèrent les carreaux de la
miséricorde, arrachèrent les armoiries et rompirent le banc d’église
seigneurial.
Par ordre des Conseillés du tiers état, en date du 31 juillet, il fut
procédé à la remise en état des fusils et à l’achat de poudre et de balles.
L’organisation de la milice nationale, qui prêta serment le 29
novembre, comprenait 8 compagnies de 20 hommes chacune. Chaque
compagnie avait à sa tête un capitaine, un lieutenant, un sergent et un
caporal. L’ensemble fut placé sous les ordres de Mr d’Arbaud, ancien
garde du corps du Roi, avec grade de Colonel Commandant et de
Sylvestre Paul avec le grade de Major.( Voir pièce just. N° 3 )
Le 14 février 1790 eut lieu l’élection du premier Maire. Ce fut
l’ancien Maire-Consul, Jean-Louis Ricard qui fut élu.
Le 17 mars, on procéda à l’encadastrement des biens privilégiés.
Le total de l’alivrement des facultées, fonds et droits fonciers des biens
privilégiés de Mr de Valbelle s’éleva à 158.630 livres 16 sols 7
deniers. Ce qui représentait 158 livres ½ , 2 onces, 1/16è et 1/32è
cadastralles. Les biens du seigneur déjà encadastrés précédemment
l’étaient pour un total de 175 livres 6 onces. Voir le détail de cet
encadastrement, pièces justificatives N° 4.
La prébende était affermée,d’après la déclaration de Messire
François Auguste de Cordoue, second prébendé, pour la somme de
3.572 livres 10 sols.
Les revenus de la chapellenie du Saint-Rosaire consistaient en une
rente de 180 livres payée par un particulier, qui avait acheté les biens
fonds, par acte de M° Rambot, notaire à Aix.
En 1791, Messire Laurens Jourdan, prêtre natif de Meyrargues,
desservant de Beaurecueil, refusa de prêter serment civique et revint
habiter sa maison de Meyrargues. Mais il n’y demeura pas longtemps
et émigra à l’étranger.
En 1792 se constitua la société des antipolitiques.
Le recensement des mulets apte au service de l’armée en fit
ressortir 30 de bons à cet usage.
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Celui des armes se porta sur 122 fusils, 8 pistolets, 5 sabres, 5
épées et 12 baïonnettes.
Il fut constitué dans la commune quatre compagnies de gardes
nationaux, milice bourgeoise ou vétérans ;
1re compagnie : 86 hommes,
2em compagnie : 79 hommes
3èm compagnie : 57 hommes
4èm compagnie : 54 hommes
Les archives nous ont conservé le nom de six volontaires qui
répondirent à l’appel de la patrie en danger :
Toussaint Bérard, Jean Joseph Roux, Charles Barlatier, Antoine
Martin, Jean-Baptiste Touque, et Estienne Genti. Pour les équiper,
l’achat de drap, la façon du tailleur qui fit les habits, chemises et
chapeaux, l’achat de bas,guêtres, souliers, sabres et baudriers, on fit
une dépense de 1.112 livres 5 sols.
Le 17 juin, on versa au sieur Berlingue, aubergiste, 3 livres pour
avoir transporté dans son tombereau, jusqu’à Peyrolles, deux voleurs
qui avaient été arrétés par les cavaliers de la gendarmerie nationale de
la brigade de Manosque. On lui versa également 1 livre 4 sols pour
avoir donné un repas à un soldat de la garde nationale de Marseille qui
revenait de prendre les bains à Digne.
Le 18 novembre, on planta l’arbre de la liberté. On enleva les
fleurs de lys du drapeau communal et on les remplaça par les insignes
républicaines.
La contribution patriotique produisit 316 livres 12 sols
Devant la raréfaction des marchandises alimentaires et
l’augmentation de leur prix, il fut établit une taxation générale, dont
nous avons pu retrouver les cotations suivantes :
Blé selon qualité : de 33 livres 12 sols à 36 livres 8 sols.
Seigle : 25 livres.
Orge, paumelle et épautre 19 livres.
Avoine : 39 livres 4 sols.
Le tout à la charge de 16 panneaux.
Foin et sainfoin : 5 livres.
Luzerne : 4 livres 4 sols.
Paille de blé : 2 livres 10 sols.
Le tout au quintal.
Pain : 2 sols 10 deniers.
Viande de mouton : 10 sols.
Viande de bœuf 8 sols.
Chandelles : 13 sols 6 deniers.
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Sel : 2 sols.
Tabac à fumer : 8 sols.
Savon en pain : 1 livre 1 sol.
Huile à brûler : 13 sols.
Huile douce à manger : 18 sols.
Jambon frais : 10 sols.
Jambon salé : 16 sols.
Jambon cuit sans os : 1 livre 1 sol
Petit salé : 10 sols 6 deniers
Saucisses : 10 sols 6 deniers
Boudins : 8 sols.
Agneaux et chevreaux : 9 sols.
Le tout à la livre.
Bois de chêne blanc : 15 sols.
Bois de chêne vert : 17 sols.
Bois de pin : 10 sols 6 deniers.
Charbon de bois : 2 livres 12 sols 6deniers.
Charbon de terre : 15 sols.
Le tout au quintal
Vin rouge : 5 sols le pot.
Vinaigre : 3 sols.
Eau de vie : 10 sols la livre.
Morue sèche : 9 sols la livre.
Hareng : 3 sols pièce.
Thon mariné selon la qualité: 12 à 18 sols.
MMrs Reinaud, maire, et Jourdan, procureur de la commune, se
rendirent à Marseille en députation pour obtenir du département une
subvention pour les travaux de protection de la Durance. Pour cela, ils
prirent une bourrique en location. Ce voyage qui dura 5 jours eut ses
dépenses soigneusement enregistrées. Les deux députés eurent chacun
3 livres par jour de voyage, pour les indemniser de leurs frais de
nourriture et d’auberge. On leur remboursa d’autre part la location de
la bourrique qui coûtait 1 livre chaque jour, ainsi que son logement et
sa nourriture à Marseille, soit 5 livres, aux portes rouges 1 livre 12 sols
et à Aix 10 sols. Ce qui fit une dépense totale de 42 livres.
Ce voyage ne fut pas inutile, puisqu’au début de 1793 le
Directoire du département accorda 4.000 livres à la commune pour ces
travaux.
Le caveau seigneurial se trouvant dans l’église fut ouvert, on
fondit les cercueils de plomb afin de s’en servir pour faire des balles.
72
Le 17 septembre 1793, acceptation de la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen.
La commune fit installer un atelier pour la fabrication du salpêtre.
La plupart des habitants se trouvaient complètement démunis de
souliers et les cordonniers de ce qui était nécessaire pour en faire et
principalement de cuir. On fini par obtenir de la direction du district de
quoi chausser 53 personnes.
Le dit ventôse de l’an 2, tous les moyens de transports furent
réquisitionnés pour aller chercher le blé de Jouques et le porter à
Marseille.
Depuis quelque temps se poursuivait l’instruction d’un procès
dirigé contre Louis de Caussiny-Valbelle qui était accusé d’avoir
fomenté et soutenu la contre révolution dans la ville de Lyon. On le fit
comparaître, le 10 avril 1794, devant le tribunal révolutionnaire de
Marseille qui le condamna à mort et le fit exécuter.
Avec la mort de Mr de Caussiny se termine la longue suite des
seigneurs de Meyrargues. Car dès lors, si ses descendants ont conservé
la majeure partie des terres et le château, de ce qui fut le fief de
Meyrargues, ce n’est qu’à titre de propriétaires terriens, la révolution
ayant aboli tous les privilèges.
De son mariage avec Mlle du Puget, Mr de Caussiny laissait une fille.
Mlle Albine Joséphine Flavie de Caussiny obtint, en 1801, d’être
réintégrée dans les biens de son père. De même, en avril 1825,
devenue par son mariage Madame Félix d’ALBERTAS , elle obtint la
restitution des immeubles de son père, dont la valeur était estimée à
344.905 francs. Elle obtint de plus une indemnité de 10.799 francs
(742 francs de rente). Elle mourut au Puget (Var) , le 16 février 1851.
.
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73
En ces temps d’une nouvelle ère, les nouveaux occupants du
château, des gens fortunés en ayant fait l’acquisition, cette bâtisse se
retrouva toujours entretenue de belle manière, sous l’égide de la
D.R.A.C. dont le rôle bénéfique est de bon conseil pour l’entretient du
patrimoine historique. Il fut transformé, et il servit d’hôtel de luxe où
son atmosphère médiévale, donnait encore une certaine classe à ce
château majestueux toujours admiré et visité des touristes de passage,
et dont quelques personnes trouvant là un havre de paix, décidaient d’y
séjourner pour un temps plus ou moins long, en bref le château était
toujours vivant.
Copie terminée le 25 mai 2009 par Dosi Roger né le 17.09.31
D’après l’ŒUVRE DE Raphaël BOURRILLON
____________________
M E Y R A RGUES
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DES ORIGINES
JUSQU’ À NOS JOURS
Les Seigneurs de MEYRARGUES
( D.R.A.C. Direction Régionale des Affaires Culturelles )
74
CHÂTEAU FÉODAL
LES SEIGNEURS DE MEYRARGUES
Extrait du livre - MEYRARGUES – des origines jusqu’à nos jours de :
(Raphaël BOURRLLON)
Avec les guerres de religion (la Sainte ligue) un épisode de l’histoire
écrit et détaillé par Mr Dosi Roger.
Le destin Tragique de LOUIS D’ALLAGONIA
32ème Seigneur de MEYRARGUES
A la suite des mauvais choix qu’il fit en politique durant les guerres de
religion, Louis d’Allagonia, courrut de fil en aiguille à sa perte sous le
règne du Roi de France Henri IV.
La « Sainte Ligue » nom que l’on donne à une association formée
dans la moitié du XVI ème siècle par les catholiques français, sous
l’inspiration des princes de la maison de Guise.
Elle est dirigée d’abord contre les protestants, puis contre Henri III
qui avait des ménagements pour ceux-ci, et enfin contre Henri IV,
héritier du trône selon la loi salique, (1) mais incapable, comme
hérétique de prononcer le sermon du sacre.
75
La Ligue, commence à s’organiser, non à Paris comme on le dit
souvent, mais à Toulouse, dés 1567-1568, en réaction contre les
progrès fulgurants des Calvinistes dans le Languedoc, alors gouverné
par Montmorency Damville. C’est en 1576 quelle devient vraiment
une puissance offensive et nationale, par la prédication incendiaire des
prêtres, surtout des Jésuites et Cordeliers de Paris, qui n’hésitent pas à
prôner la désobéissance du Roi.
Lorsque conformément aux closes du traité de Beaulieu, Condé
veut prendre possession de Péronne, Charles d’Humière, gouverneur
de la place, refusa de lui ouvrir les portes. Quelques mois plus tard, le
12 février 1577, la noblesse picarde confédérée signe l’acte de
naissance d’une ligue « pour la défense de la sainte Eglise catholique
apostolique et romaine. » Le mouvement fait tache d’huile et se répand
dans toutes les provinces. En Poitou, Louis de Trémolle se montre
particulièrement actif contre les huguenots.
En fait les véritables chefs de la ligue sont Henri de Guise, dont la
balafre fait la popularité, et le cardinal de Lorraine qui tire toutes les
ficelles. Les prédicateurs ne tardent pas à dénoncer Henri III comme
complice de l’hérésie. Celui-ci est obligé de s’attribuer officiellement
le commandement des catholiques contre les protestants et fait signer à
ses proches l’acte d’union. Cet expédient ne réussi pas longtemps, la
mort d’Alençon en 1584, fait du roi de Navarre, notoire huguenot,
l’héritier présomptif du Trône.
La situation d’Henri III devient intenable. Les moines guisards
réclament sa déchéance à grands cris, faisant le jeu de l’Espagne à qui
le duc de Guise s’est allié la même année par le traité secret de
Joinville.
Après la journée des barricades (mai 1588) le roi doit se réfugier à
Chartres, laissant la capitale au pouvoir des Seize. Apprenant le
meurtre du duc de Guise, ce comité révolutionnaire déclare « Henri de
Valois » déchu et donne la lieutenance générale du royaume à
Mayenne.
Le jacobin Jacques Clément qui est un pur produit de la
propagande que la ligue mène à Paris, qui vit alors dans la terreur,
blessa mortellement le roi Henri III. Vrai ligueur aussi, dans un genre
un peu différent, le premier cardinal de Bourbon proclamé roi sous le
nom de Charles X. La Ligue est souvent représentée par les publicistes
modérés comme une hydre diabolique.
A vrai dire, on aurait tort de dire que tous les ligueurs furent des
fanatiques ou des agents de l’Espagne ou des républicains déguisés,
mal d’ailleurs. Un grand nombre d’entre eux jugent impossible la
transmission de la couronne à un prince qui a rompu avec la religion
de ses pères. Leur supériorité ne fait pas de doute. Aussi les voit-on
76
flotter entre la fidélité à Mayenne et le ralliement à Henri IV. Après la
mort du cardinal de Bourbon, lorsqu’ils apprennent que Philipe II et le
légat Caètani prétendent imposer sur le trône capétien une infante
espagnole. D’ailleurs, Mayenne lui-même n’a pas pu s’entendre
longtemps avec les Seize. Il n’accepte le soutient des troupes
espagnoles que par fidélité à la mémoire de ses frères. Bientôt chez les
ligueurs de bonne foi, le bon sens se réveille. Les politiques, dont
l’opinion est symbolisée par la Satire de Menippée, imposent le
rapprochement avec l’héritier légitime. Après l’abjuration de celui-ci
en 1593, la ligue n’a plus de raison d’être. Toutefois les ligueurs ne se
soumettront que progressivement et l’esprit de la Ligue, dans ce qu’il a
de plus violent et de plus fou, inspirera quelques années plus tard l’acte
de Ravaillac.
-------------------------------------------------A la mort de Claude d’Allagonia, les habitants de Meyrargues se
refusèrent énergiquement à prêter hommage et serment de fidélité à
son fils aîné qui lui succédait. Ce dernier se pourvu devant le
parlement qui, le 4 novembre1597, rendit un arrêt aux termes duquel
les Meyrarguais se voyaient obligés de s’exécuter et bon gré mal gré,
l’acte d’hommage fut reçu le 17 novembre par Crest Martin, notaire.
En 1598, fut établi un cadastre des biens des particuliers.
Meyrargues se ressentit beaucoup des guerres de religion. Non pas que
la population fut divisée sur ce point, mais par la grande part que prit
Louis d’Allagonia, seigneur des lieux, aux luttes de la Ligue .
Déjà, en 1568, il avait participé au siège de Sisteron contre les
Huguenots. Puis, Ligueur ardent, il fut aux armées de la Ligue dés
1588. Cette année là, comme le Duc de Valette, Gouverneur de
Provence, faisait de toute part, de grands préparatifs de guerre pour
réduire les ligueurs, en conséquence des états qu’il avait fait venir de
Pertuis, le Parlement d’Aix convoqua d’autres états qui furent tenus à
Marseille au début de novembre.
On y délibéra sous la présidence du Conseiller Saumat, afin
d’avoir les forces nécessaires pour résister au Duc de la Valette. On
décida de faire une levée de 6000 hommes de pied, 400chevaux et trois
compagnies de gens d’armes de cinquante lances chacune. Le
commandement général fut confié au seigneur de Vins, qui répartit
l’infanterie sous les ordres de divers seigneurs, parmi lesquels celui de
Meyrargues.
Nous ne retracerons pas ici les incidences de cette lutte qui est
surtout de l’histoire générale de la Provence. Nous nous contenterons
de citer les divers épisodes où le seigneur d’Allagonia eut un rôle
77
particulier, où au cours desquels Meyrargues eut à souffrir de la rage
de l’ennemi.
Au mois de juin 1589, le duc de la Valette marchand sur Aix,
brûla une partie du village de Meyrargues, avant d’aller camper dans la
plaine de Puy-Ricard. Le 25, une bataille eu lieu devant les murs de la
ville d’Aix. Ayant été indécise, elle reprit le lendemain et se termina
par la victoire des troupes ligueuses dont d’Allagonia commandait
l’infanterie.
Vers fin juillet, le seigneur d’Isac tenait le château à Venelle pour
le gouverneur. Le seigneur de Meyrargues alla l’assiéger avec deux
pièces de canon et l’emporta le 30 juillet. Le château fut pillé et brûlé.
Le seigneur et la Dame du lieu furent faits prisonniers et enfermés au
château de Meyrargues.
Au mois de septembre, comprenant qu’ils ne pourraient jamais
résister au duc de la Valette, avec les seules forces dont ils disposaient,
les chefs ligueurs eurent une assemblée chez la comtesse de Sault.
C’est au cours de cette assemblée, à laquelle assistaient outre la
comtesse de Sault, les seigneurs de Vins, de Besaudun, d’Ampus, de
Meyrargues, de Fabrègue, les comtes de Carcès, de Suzze et le marquis
de Trans, qu’il fut décidé de faire appel au duc de Savoie, qui avait
déjà fait proposer son appuis.
Au début de novembre, le Maréchal de Montmorency, ayant passé
le Rhône à Tarascon pour venir en aide au duc de la Valette, les
seigneurs d’Ampus, de Besaudun et de Meyrargues assemblèrent 240
maîtres, avec 150 arquebusiers pour se porter à sa rencontre. Mais
comme le maréchal était à la tête de 1300 hommes de pied, soutenu par
un escadron de 300 maîtres, ils ne pouvaient penser à l’attaquer de
front. Cependant, les seigneurs de la Barben, Saint-Audiol, Paris,
Panisse et Saint Maurice, à la tête de leurs compagnies, vinrent se
joindre aux troupes ligueuses.
Le seigneur d’Alleins, qui escortait les Languedociens, apprenant
que les ligueurs étaient en campagne, voulut faire passer les troupes
royalistes sur la rive droite de la Durance. Mais lorsque une partie de
ces troupes eut traversé le gué, celui-ci, rendu de plus en plus fangueux
par le piétinement, devint impraticable. Par cela même, les
Languedociens se trouvèrent coupés en deux. Le seigneur d’Ampus les
attendait entre Mallemort et la Roque, près du canal de Craponne. Les
Languedociens, qui étaient encore en assez grand nombre, crurent
qu’ils auraient assez facilement raison du petit camp des ligueurs. Mais
ceux-ci mirent une telle ardeur au combat que, au bout de cinq heures
d’une lutte acharnée, ils eurent disloqué leurs adversaires.
Une partie des fuyards regagna Mallemort à la faveur de la nuit, ils
furent d’abord enfermés dans l’église où on les égorgea la même nuit.
78
Les autres poussant vers le bac de Cadenet, allèrent se jeter dans
l’Abbaye de Sylvacane où le seigneur de Meyragues les ayant investis,
les prit et les ayant fait attacher deux par deux, les fit jeter dans la
Durance où ils furent tous noyés.
En 1590, la comtesse de Sault avait confié le commandement de
sa compagnie au seigneur de Meyrargues. Elle disposait en outre de la
compagnie de chevaux légers de son fils et de celle de Casaulx, qui se
composait de plus de 300 hommes, sans compter celle du seigneur de
Vins.
D’autre part, les capitaines de quartier et les consuls lui étaient
entièrement dévoués. Le comte de Carcès jaloux de son autorité,
résolut avec l’aide du Parlement, de la faire déchoir pour avoir le
commandement à lui seul. Pour cela, profitant de ce que le seigneur
d’Ampus était auprès du duc de Savoie, de Besaudun non guéri d’une
blessure reçue, le Parlement expédia au seigneur de Meyrargues de se
rendre à Soliès pour aider la garnison de cette ville dans le siège quelle
soutenait contre le duc de la Valette. D’Allagonia et la comtesse de
Sault, ayant compris le complot qui se tramait, celui-ci monta au Palais
et se plaignit véhémentement de ce que l’on voulait le chasser de la
ville, sous prétexte de lui donner une commission. Pendant ce temps,
les émissaires de la Comtesse ameutèrent le peuple sur la place des
prêcheurs. Plusieurs membres du parlement s’y rendirent pour tâcher
de calmer l’émeute, mais le seigneur de Meyrargues, survenant avec
une troupe armée, les obligea à se disperser.
Le 15 mars, la comtesse ayant fait investir le Palais par ses troupes
aux cris de : Vive la messe, vive l’Altesse, on braqua deux pièces de
canon sur le devant du Palais et on mit feu à la porte. Le Palais fut
envahi et pillé et le soir la comtesse de Sault était la maîtresse absolue
de la ville, non sans avoir fait arrêter et emprisonner quatre conseillés
au parlement. Cette action resta fameuse sous le nom de « Journée du
Palais ».
Le 17 novembre1590, le duc de Savoie, venant prêter assistance à
la Ligue arriva à Meyrargues à la tête de ses troupes. Il voulut, le
même jour, aller à Aix sans aucune suite et prendre ainsi un premier
contact avec les habitants. Les jours suivants, ayant réorganisé le
commandement, il créa le seigneur de Meyrargues, Grand Maître de
l’artillerie.
Mais contrairement à la promesse qu’il avait faite à la Comtesse,
après la prise de Salon, il n’en donna pas le gouvernement à
d’Allagonia, mais à Campillon qui était des siens.
Le 13 janvier 1591, le seigneur de Meyrargues assista à
l’ouverture des Etats ligueurs de Provence.
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Le 13 juillet, en l’absence du duc de Savoie, qui était au siège de
Berre, les troupes royalistes du duc de la Valette, qui s’étaient
avancées de cette place pour tenter de la secourir, furent de retour et
l’on craignit quelles ne vinssent attaquer Aix. Ce qui obligea le
seigneur de Meyrargues, accompagné de celui de Sainte-Tulle à se
jeter dans la ville à la tête de leurs compagnies pour la protéger. Ce qui
fut exécuté à 11 heures du soir, au grand émoi des habitants.
Malgré l’opposition du duc de Savoie et grâce à la comtesse de
Sault, Jean-Louis d’Allagonia, seigneur de Meyrargues, fut élu
Premier Consul d’Aix et Procureur du Pays .
Fin février 1592, le duc de Savoie, pour tâcher de se concilier à
nouveau ceux du parti de la Comtesse, accorda des faveurs au seigneur
de Besaudun et, revenant sur sa décision précédente, donna le
gouvernement du château de Salon au seigneur de Meyrargues.
Les 28-29décembre 1593, Meyrargues faisait partie des troupes
qui enlevèrent le fort du Pont de Béraud qui gênait beaucoup les
Aixois.
Le 27 mars 1594, le duc d’Epernon, à la tête de ses troupes, fit
incendier le village de Meyrargues et toutes les fermes du terroir ( de
Haize ).
Le 7mai 1605, le parlement du Dauphiné fit défense aux
particuliers de Meyrargues de battre les grains en totalité ou en partie
avec d’autre bétail que les juments du seigneur, à moins qu’il ne batte
au fléau.
En 1605, Louis d’Allagonia, qui par son mariage était allié aux
ducs de Montpensier et de Joyeuse, avait obtenu le commandement de
deux des galères du port de Marseille. Il aspirait en outre à obtenir les
fonctions de Viguier, poste qui eu grandement facilité le projet qu’il
avait conçu.
Il ne pensait rien moins, en effet, qu’à livrer le port de la ville de
Marseille aux espagnols après entente avec Don Balthazar de Zuniga,
ambassadeur d’Espagne à Paris. Il prépara avec soin sa trahison, mais
il commit l’imprudence de mettre dans sa confidence, un força dont il
avait éprouvé plusieurs fois l’adresse et l’intelligence.
Malheureusement pour le seigneur de Meyrargues, ce forçat le trahit et
fit dire au duc de Guise que s’il lui faisait obtenir sa grâce et sa liberté,
il révèlerait un secret de la plus haute importance. On profita en haut
lieu de l’avis et on examina de près la conduite de l’Allagonia. C’est
dans ces conditions qu’il fut délégué à Paris par les états généraux de
Provence, pour y suivre quelques affaires relatives à l’administration
du Comté.
Il voulut profiter de son séjour à Paris pour traiter définitivement
avec Don Balthazar de Zuniga et ce fut ce qui le perdit. Le Roi, averti
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de son arrivée, avait chargé La Varenne, Gouverneur d’Anger, de
gagner sa confiance et d’épier toutes ses démarches. Celui-ci ne tarda
pas à connaître le lieu des rencontres entre d’Allagonia et le secrétaire
de l’Ambassadeur, un nommé Bruneau. Dans la nuit du 5 décembre, il
les surprit dans un logis en face de l’église de Saint-Germain
l’Auxérois et put même entendre une partie de leur conversation.
La Varenne alla aussitôt chercher le Lieutenant du grand Prévôt
qui arrêta le secrétaire d’Ambassade et le seigneur de Meyrargues,
malgré leurs protestations.
Celles-ci devinrent d’ailleurs inutiles par le fait qu’au cours de la
fouille qu’ils durent subir, Bruneau fut trouvé porteur d’un mémoire
qu’il avait dissimulé entre deux paires de bas de chausse, à la hauteur
de la jarretière et qui établissait la preuve de leur complicité. Ils furent
enfermés l’un au Châtelet et l’autre à la Bastille.
L’instruction du procès de l’Allagonia fut rapidement menée au
Grand Châtelet par le Conseiller d’Etat Boissière et par le président
Jannin que le Roi avait spécialement désigné à cet effet. Sa culpabilité
établie, il fut jugé et condamné à mort. La condamnation qui atteignait
tous ses biens, comportait un prélèvement de 12000 livres parisis pour
les pauvres 12000 pour des réparations au palais à Paris et 12000 pour
des réfections dans le port et des havres de Marseille. Tout le surplus
était confisqué au profit du Roi.
La sentence de mort fut exécutée en place de Grève le 19
décembre. Le coupable fut d’abord décapité et sa tête envoyée à
Marseille pour être exposée au bout d’une perche sur la porte royale.
Puis son corps fut mis en quatre quartiers qui furent attachés aux
quatre principales portes de Paris.
Henri IV ne garda pas les biens confisqués à son profit. Il les
rendit dés 1606 au frère du condamné Honoré d’Allagonia. Une copie
des pièces de cette affaire se trouve à la bibliothèque Méjanes d’Aix
sous la cote 88 95-R, 51, 455, 854 du catalogue des manuscrits.
Le 26 juin 1606, Madame Marie de Berton Grillon, veuve de
Louis d’Allagonia, abonne par transaction ses droits et reprises
matrimoniales à la somme de 47000 livres qu’Honoré d’Allagonia
devra lui payer avant 6 ans. Celui-ci n’ayant pas payé, fut assigné en
procès par son ex-belle-sœur. Le 12 août 1617, il y eu un arrêt du
parlement de Paris le condamnant à payer les 47000 livres, plus les
intérêts et le 18 mai 1621, une nouvelle transaction fixant la dette due
par Honoré d’Allagonia à la veuve de son frère la somme de 59700
livres (Arch Seign) . (1) Loi Salique ( code civil et pénal de la législation
franque des Saliens) Une disposition de cette loi excluant les femmes de la
succession à la terre à été interprétée plus tard de façon à les évincer de la
couronne de France (dictait le Larousse) TERMINẺ le 8 JUIN 2009
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Le château était la demeure du Seigneur
Des lieux, et se transmettait de génération
en génération ayant pour but la protection
de la famille et des biens.

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