Poor Response to Thiopurine in Inflammatory Bowel Disease: How
Transcription
Poor Response to Thiopurine in Inflammatory Bowel Disease: How
Poor Response to Thiopurine in Inflammatory Bowel Disease: How to Overcome Therapeutic Resistance? Faible réponse aux thiopurines dans des maladies inflammatoires de l'intestin : Comment surmonter une résistance thérapeutique ? Laurent Chouchana1,2,3, Denis Roche1, Raymond Jian2,4, Philippe Beaune1,2,3 et Marie-Anne Loriot1,2,3,* Affiliations des auteurs 1 Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Européen Georges Pompidou, Biochimie, Pharmacogénétique et Oncologie Moléculaire, Paris, France; 2 Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France; 3 INSERM UMR-S775, Paris, France; 4 Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Européen Georges Pompidou, Hepatogastro-enterologie et endoscopie digestive, Paris, France. *Adresser toute correspondance à cet auteur à : Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Européen Georges Pompidou, Biochimie, Pharmacogénétique et Oncologie Moléculaire, 20 rue Leblanc, Paris, France. Fax +33-1-56-09-33-93; e-mail [email protected]. DESCRIPTION DU CAS Une femme âgée de 24 ans (53 kg) avec un historique sur 5 ans de rectocolite hémorragique stéroïdodépendante souffrant d'ulcérations bénignes et étendues s'est présentée au service de gastro-entérologie pour la récurrence des symptômes. Il lui a été administré 100 mg/jour (1,9 mg · kg−1 · jour−1) d'azathioprine (AZA)5 pendant 1 mois, puis la dose a été augmentée à 125 mg/jour (2,3 mg · kg−1 · jour −1). Quatre mois plus tard, le traitement à base de stéroïde a été diminué progressivement chez la patiente. Toutefois, ses symptômes ont persisté après 7 mois de traitement par AZA, et elle souffrait d'effets secondaires gastro-intestinaux. Le traitement de la patiente a été remplacé par un autre médicament à base de thiopurine, la 6-mercaptopurine (6-MP), à 75 mg/jour (1,4 mg · kg−1 · jour −1), qui était bien toléré mais tout aussi inefficace de la même manière (8 selles quotidiennes). Un bref épisode de traitement stéroïdien a rapidement produit une amélioration clinique substantielle mais de courte durée. Pour comprendre cette absence de réponse à 2 agents à base de thiopurine, nous avons quantifié les métabolites de la thiopurine (1) 1 an après le début du traitement par AZA. Les concentrations intraérythrocytaires des 6-thioguanine nucléotides (6-TGN) étaient basses (132 pmol/8 · 108 érythrocytes ; plage thérapeutique, 230 à 400 pmol/8 · 108 érythrocytes), et celles des 6-méthylmercaptopurine ribonucléotides (6-MMPR) étaient très élevées (11 666 pmol/8 · 108 érythrocytes ; places thérapeutiques, <5800 pmol/8 · 108 érythrocytes). Une seconde quantification des métabolites de thiopurine 3 mois plus tard a confirmé ces résultats (6-TGN, 127 pmol/8 · 108 érythrocytes ; 6-MMPR, 26 304 pmol/8 · 108 érythrocytes). La patiente présentait une activité thiopurine S-méthyltransférase (TPMT) inhabituelle et extrêmement élevée dans les érythrocytes [61,5 nmol · h−1 · (ml d'érythrocytes)−1 ; plage de référence, 8,5 à 15 nmol · h−1 · (ml d'érythrocytes)−1]. Le manque d'efficacité clinique de la 6-MP, conjointement avec la mise en évidence d'une résistance pharmacologique, a suggéré l'arrêt du traitement à la 6-MP. Par la suite, nous avons administré un antagoniste du facteur de nécrose tumorale α (TNF-α), l'adalimumab, mais nous l'avons rapidement remplacé par l'infliximab, qui présente un bon profil d'efficacité clinique et d'innocuité. QUESTIONS A PRENDRE EN CONSIDERATION 1. Quelle est l'utilité clinique d'estimer le phénotype ou le génotype TPMT ? 2. Quelle est la raison de la pharmacovigilance pour les thiopurines ? 3. Quelles causes de résistance devront être prises en considération avant permuter avec une autre classe de médicaments chez des patients présentant une résistance évidente aux thiopurines ? 4. Comment un traitement par des thiopurines peut être optimisé chez des patients présentant une activité TPMT très élevée ? DISCUSSION Les thiopurines AZA et 6-MP sont des médicaments cytotoxiques et immunosuppresseurs qui constituent la pierre angulaire du traitement d'entretien des maladies inflammatoires de l'intestin (MII). Les deux médicaments provoquent une toxicité hématologique sévère (par exemple, une neutropénie) et une hépatotoxicité chez, respectivement, jusqu'à 10 % et 13 % des patients (2). Une résistance aux thiopurines survient chez environ 40 % des patients (3). L'AZA et la 6-MP sont des molécules inactives qui nécessitent une bioactivation par l'intermédiaire d'un métabolisme enzymatique complexe. Après administration, l'AZA est rapidement transformée en 6-MP, qui est ensuite métabolisée par l'intermédiaire de 3 voies enzymatiques compétitives, dont 2 sont cataboliques [la xanthine oxydase (XO) et la TPMT]. La voie anabolique, par l'intermédiaire de l'hypoxanthine-guanine phosphoribosyltransférase (HPRT), produit des métabolites actifs des 6-TGN (Fig. 1) (2). Ce métabolisme est grandement régulé par la TPMT, qui catalyse la conversion de la 6-MP en 6-méthylmercaptopurine (6-MMP) et en 6-MMPR apparentés. L'activité TPMT varie largement entre les individus, et cette variation est due à des polymorphismes génétiques dans le gène TPMT et dans des séquences non apparentées (2). Environ 0,03 % à 0,6 % des patients présentent une activité TPMT basse (mutants homozygotes), approximativement 3 % à 14 % présentent un taux d'activité intermédiaire (hétérozygotes), et approximativement 86 % à 97 % présentent une activité normale ou élevée (homozygotes de type sauvage), avec une grande variation apparaissant parmi les groupes ethniques (4). En outre, chez approximativement 15 % des patients, l'activité TPMT est très élevée (plage de référence supérieure) comparativement aux patients situés au sein de la plage de référence avec une activité TPMT normal/élevée (2). L'activité TPMT (ou génotype) est en corrélation négative avec la concentration sanguine des 6-TGN, et une valeur seuil d'approximativement 235 pmol/8 · 108 érythrocytes a été mise en corrélation avec une réponse thérapeutique (2). Ainsi, des patients présentant une activité TPMT basse ou intermédiaire (mutants homozygotes ou hétérozygotes) sont plus susceptibles de présenter des concentrations toxiques de 6-TGN et par conséquent sont à plus grand risque pour une neutropénie voire même une dépression létale de la moelle osseuse, spécialement chez les patients homozygotes (2, 3). Ces patients devront donc recevoir une posologie inférieure de thiopurine. Au contraire, les patients présentant une activité TPMT très élevée présentent des concentrations basses de 6-TGN, et leur métabolisme des thiopurines produit de manière préférentielle des dérivés méthylés (6-MMPR) associés à une hépatotoxicité (2). L'abondance des données sur le déficit en TPMT et la toxicité hématologique est en contraste avec le manque d'informations sur la résistance aux thiopurines. Les patients présentant une activité TPMT très élevée sont plus enclins à présenter des concentrations basses de 6-TGN. Ainsi, les posologies classiques des thiopurines peuvent être inadéquates, en menant à une résistance aux thiopurines avec un rapport 6-MMPR/6-TGN élevé (3). Dans cette situation, une pharmacovigilance avec des dosages des concentrations de 6-TGN et 6-MMPR pourront mettre en évidence qu'une posologie de thiopurine supérieure à la plage classique est nécessaire pour surmonter la résistance pharmacologique. Toutefois, des patients comme celle que nous décrivons, présentent une activité TPMT très élevée avec principalement des dérivés méthylés. L'augmentation de la posologie dans de tels cas peut mener à une production préférentielle des 6-MMPR, avec un risque d'hépatotoxicité (3). En outre, l'augmentation de la posologie n'est pas toujours efficace chez les patients présentant une résistance aux posologies classiques, sans tenir compte de l'activité TPMT (3). Il est intéressant de noter qu'il a été également rapporté un rapport 6MMPR/6-TGN défavorable (c'est-à-dire, 6-MMPR élevés et 6-TGN bas) chez des patients présentant une activité TPMT normale (5, 6). La réponse thérapeutique peut être améliorée chez les patients présentant une augmentation des concentrations de 6-MMPR dans le sang, qui est habituellement associée à une activité TPMT très élevée, en utilisant un inhibiteur de la XO, l'allopurinol pour potentialiser la production des 6-TGN. L'interaction bien connue entre les thiopurines et l'allopurinol peut être à l'origine d'effets secondaires hématologiques sérieux, et cette combinaison est contre-indiquée par la Food and Drug Administration aux États-Unis. L'allopurinol a été d'abord utilisé pour décaler le métabolisme des composés de thiopurine de la 6-MMP aux 6-TGN chez les patients qui répandent faiblement à l'AZA ou à la 6-MP (7). Les auteurs de cette étude rétrospective, qui incluait 20 patients ne répondant ni à l'AZA ni à la 6-MP et présentant des concentrations élevées de 6-MMPR, ont administré aux patients 100 mg d'allopurinol par jour et ont diminué la posologie de la thiopurine à 25 % à 50 % de la posologie d'origine. Cette combinaison allopurinol-thiopurine a doublé les concentrations des 6-TGN et diminué au cinquième les concentrations des 6-MMPR (7). Du point de vue clinique, cette combinaison a semblé sans risque et efficace, en améliorant l'activité clinique de la maladie et en diminuant les besoins en stéroïdes. En outre, l'administration d'allopurinol chez des patients présentant une augmentation des aminotransférases durant un traitement à base de thiopurine a restauré des activités aminotransférases normales et atténué l'hépatotoxicité (7). Que l'allopurinol améliore le rapport 6-MMPR/6-TGN in vivo a été abondamment documenté, mais le mécanisme sous-jacent de cette interaction médicamenteuse demeure incertain. L'allopurinol inhibe la XO mais ne présente aucun effet inhibiteur direct sur la TPMT (8). Une étude prospective ouverte portant sur l'allopurinol combiné à un traitement à base de thiopurine à faible dose a montré une augmentation de l'activité HPRT (9). Cette augmentation de l'activité HPRT, qui catalyse la première étape dans la production des 6-TGN, est cohérente avec l'augmentation des 6-TGN, mais elle n'explique pas totalement la diminution très importante simultanée des 6-MMPR, qui mène à une amélioration du rapport des métabolites. Finalement, une étude in vitro (10) a suggéré une alternative du mécanisme biochimique : l'inhibition de la XO par l'allopurinol peut mener à une oxydation préférentielle de la 6-MP par l'intermédiaire de l'aldéhyde oxydase, avec la production de dihydroxy-6-MP, un composé responsable de l'inhibition rétroactive de l'activité TPMT. Une autre approche pour l'augmentation des concentrations des 6-TGN consiste en la combinaison d'acide 5-aminosalicylique (5-ASA) et de thiopurine. Il a été décrit une modification du métabolisme de la thiopurine provoquée par l'addition de 5-ASA (2). L'addition de 5-ASA a mené à une augmentation des concentrations des 6-TGN, probablement provoquée par l'inhibition de la TPMT (2). La détermination du phénotype ou du génotype TPMT avant de débuter un traitement à base de thiopurine assure l'identification des patients déficients en TPMT, permettant de cette manière la prévention des effets secondaires hématologiques sérieux. La détermination du phénotype TPMT permet également l'identification des patients présentant une activité TPMT très élevée. De tels patients sont enclins à une résistance aux thiopurines et peuvent donc nécessiter une augmentation de la posologie de la thiopurine ou des formes alternatives de traitement. Une permutation avec la 6-MP est inutile chez ces patients. Les dosages des métabolites sont utiles pour ajuster la posologie au cours d'un traitement à base de thiopurine. En outre, la combinaison d'un traitement à base de thiopurine à faible dose et d'allopurinol peut être utile chez des patients présentant un profil défavorable des métabolites et une résistance pharmacologique ou une hépatotoxicité. Cette stratégie thérapeutique nécessite une surveillance étroite de la numération sanguine et des dosages des métabolites. En conclusion, une analyse précoce du métabolisme des thiopurines chez les patients présentant une résistance aux thiopurines peut aider les médecins à optimiser le traitement et à éviter une permutation précoce avec un autre médicament du panel limité des options disponibles pour le traitement des maladies inflammatoires de l'intestin. Une coopération étroite entre le pharmacologue et le médecin est cruciale pour optimiser les soins apportés aux patients et diminuer le temps jusqu'à la rémission. POINTS A RETENIR • • • • La détermination du phénotype ou du génotype TPMT est recommandée pour aider à choisir la posologie initiale de thiopurine pour les patients prévus recevoir un traitement à base de thiopurine. Une estimation précoce des concentrations des métabolites est utile pour la validation de la posologie initiale de thiopurine chez les patients présentant une activité TPMT très élevée ou très basse. Les dosages des métabolites peuvent aider à identifier une sous-dose, une faible observance, ou un profil métabolique défavorable chez les patients présentant une résistance aux thiopurines. Un traitement à base de thiopurine peut être optimisé chez les patients présentant un profil métabolique défavorable par l'addition de 100 mg d'allopurinol par jour au traitement. Cette stratégie nécessite l'abaissement de la posologie de la thiopurine à 25 % à 50% de la valeur de départ et la surveillance de la numération sanguine à brefs intervalles. Notes 5 Abréviations non standard : AZA, azathioprine ; 6-MP, 6-mercaptopurine ; 6-TGN, 6-thioguanine nucléotide ; 6-MMPR, 6-méthylmercaptopurine ribonucléotide ; TPMT, thiopurine S-méthyltransférase ; TNF-α, facteur de nécrose tumorale α ; IBD, maladies inflammatoires de l'intestin ; XO, xanthine oxydase ; HPRT, hypoxanthine-guanine phosphoribosyltransférase ; 6-MMP, 6-méthylmercaptopurine ; 5-ASA, acide 5-aminosalicylique. Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Aucun des auteurs n'a déclaré de conflit d'intérêt potentiel. Reçu pour publication le 4 septembre 2012. Accepté pour publication le 27 novembre 2012. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry Références 1. Dervieux T, Boulieu R. Simultaneous determination of 6-thioguanine and methyl 6mercaptopurine nucleotides of azathioprine in red blood cells by HPLC. Clin Chem 1998;44:551–5. 2. Chouchana L, Narjoz C, Beaune P, Loriot M-A, Roblin X. Review article: the benefits of pharmacogenetics for improving thiopurine therapy in inflammatory bowel disease. Aliment Pharmacol Ther 2012;35:15–36. 3. Dubinsky MC, Yang H, Hassard PV, Seidman EG, Kam LY, Abreu MT, et al. 6-MP metabolite profiles provide a biochemical explanation for 6-MP resistance in patients with inflammatory bowel disease. Gastroenterology 2002;122:904–15. 4. Relling MV, Gardner EE, Sandborn WJ, Schmiegelow K, Pui C-H, Yee SW, et al. Clinical Pharmacogenetics Implementation Consortium guidelines for thiopurine methyltransferase genotype and thiopurine dosing. Clin Pharmacol Ther 2011;89:387–91. 5. Hoentjen F, Hanauer SB, de Boer NK, Rubin DT. Two brothers with skewed thiopurine metabolism in ulcerative colitis treated successfully with allopurinol and mercaptopurine dose reduction. Dig Dis Sci 2012;57:250–3. 6. van Egmond R, Chin P, Zhang M, Sies CW, Barclay ML. High TPMT enzyme activity does not explain drug resistance due to preferential 6-methylmercaptopurine production in patients on thiopurine treatment. Aliment Pharmacol Ther 2012;35:1181–9. 7. Sparrow MP, Hande SA, Friedman S, Cao D, Hanauer SB. Effect of allopurinol on clinical outcomes in inflammatory bowel disease nonresponders to azathioprine or 6mercaptopurine. Clin Gastroenterol Hepatol 2007;5:209–14. 8. Oselin K, Anier K. Inhibition of human thiopurine S-methyltransferase by various nonsteroidal anti-inflammatory drugs in vitro: a mechanism for possible drug interactions. Drug Metab Dispos 2007;35:1452–4. 9. Seinen ML, de Boer NKH, Smid K, van Asseldonk DP, Bouma G, van Bodegraven AA, et al. Allopurinol enhances the activity of hypoxanthine-guanine phosphoribosyltransferase in inflammatory bowel disease patients during low-dose thiopurine therapy: preliminary data of an ongoing series. Nucleosides Nucleotides Nucleic Acids 2011;30:1085–90. 10. Blaker PA, Arenas M, Fairbanks L, Irving PM, Marinaki AM, Sanderson JI. A biochemical mechanism for the role of allopurinol in TPMT inhibition. Gastroenterology 2011;140:S769. Fig. 1. Résumé du métabolisme des thiopurines. Pour une version détaillée, voir Chouchana et al. (2). GST, glutathione-S-transferase; 6-TIMP, 6thioinosine monophosphate. Commentaires Andrea E. Reid* Affiliations de l'auteur Gastroenterology, Hepatology and Nutrition Section, Washington, DC VA Medical Center Washington, DC. *Adresser toute correspondance à cet auteur à : Gastroenterology, Hepatology and Nutrition Section, Washington, DC VA Medical Center, 50 Irving St., NW, Washington, DC 20422. Fax 202-7458453; e-mail [email protected]. L'azathioprine et la 6-mercatopurine (6-MP) représentent des traitements efficaces pour les maladies inflammatoires de l'intestin. De très nombreux essais cliniques ont confirmé l'efficacité de l'azathioprine (2 à 3 mg · kg−1 · jour−1) et de la 6-MP (1,5 mg · kg−1 · jour−1) pour induire et maintenir une rémission dans les maladies inflammatoires de l'intestin modérées à sévères. Le temps moyen pour compléter leur effet est de 3 mois, bien qu'une amélioration clinique soit évidente en 4 à 8 semaines. L'azathioprine/la 6-MP peut être utilisée dans des quantités moindres à cause du délai d'action retardé et de la crainte d'une toxicité, spécialement une leucopénie, une infection et une hépatotoxicité. La 6-MP est convertie de manière non enzymatique en 6-thioguanine (6-TGN), le métabolite biologiquement actif responsable de la réponse thérapeutique. La 6-MP est également convertie par la thiopurine-S-méthyltransférase (TPMT) en 6-méthylmercaptopurine (6-MMP), dont des concentrations élevées peuvent contribuer à une hépatotoxicité. Quatre-vingt-neuf pour cent de la population présente des activités TPMT normales à élevées. Lorsque l'activité TPMT est négligeable (0,3 % de la population) ou intermédiaire (10 % à 11 %), les concentrations des 6-TGN sont supérieures à la normale, augmentant substantiellement le risque de myélodépression. Lorsque l'activité TPMT est très élevée, la réponse clinique peut être limitée à cause des concentrations basses des 6-TGN. Certains organismes professionnels recommandent un génotypage ou un phénotypage TPMT en prétraitement ; toutefois, l'observance de ces recommandations est inconnue. Lorsqu'une TPMT de type sauvage est confirmée, un traitement à base d'azathioprine/6-MP peut être démarré à la dose thérapeutique complète ou presque. Chez les patients présentant une hétérozygosité TPMT, la dose de départ d'azathioprine/6-MP est d'un tiers à un demi de la dose classique et elle devra être augmentée lentement. Dans les deux cas, la numération sanguine complète devra être surveillée régulièrement pour une myélodépression. Les patients présentant une activité TPMT négligeable ne devront pas être traités avec des thiopurines. Il y a peu de données sur une activité TPMT très élevée et son effet sur la réponse clinique. De manière générale, la surveillance des 6-TGN n'est pas recommandée, mais elle peut être utile lorsque la réponse clinique est mutée. Des concentrations basses des 6-TGN peuvent indiquer une absence d'observance de la médication ou une activité TPMT hyperactive. Si cette dernière est confirmée (associée à des concentrations élevées de 6-MMP), des doses croissantes d'azathioprine/6-MP ou un traitement avec des agents biologiques peuvent être appropriés. Notes Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Aucun des auteurs n'a déclaré de conflit d'intérêt potentiel. Reçu pour publication le 22 avril 2013. Accepté pour publication le 29 avril 2013. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry Commentaires Gabriele Stocco1,* Affiliations de l'auteur 1 Department of Life Sciences, University of Trieste, Trieste, Italy. *Adresser toute correspondance à cet auteur à : University of Trieste, Department of Life Sciences, Via Fleming 22, 34127 Trieste, Italy. Fax +39-040-5588634; e-mail [email protected]. Les antimétabolites à base de thiopurine, l'azathioprine et la 6-mercaptopurine, sont couramment utilisés pour le traitement des maladies inflammatoires de l'intestin ; toutefois, leur administration à des doses traditionnelles est associée à des effets secondaires et à un manque de réponse chez certains patients. Bien qu'il existe de nombreuses données sur le déficit en thiopurine-S-méthyltransférase (TPMT) et les effets secondaires hématologiques durant un traitement avec des thiopurines, il y a encore très peu d'informations sur les causes moléculaires d'une absence de réponse. Chouchana et al. présentent une patiente souffrant de rectocolite hémorragique qui ne répondait pas à un traitement par des thiopurines et présentait à la fois une activité TPMT élevée et un rapport défavorable des métabolites des thiopurines, c'est-à-dire, une concentration élevée des méthylmercaptopurine nucléotides (MMPN)2 par rapport aux thioguanine nucléotides (TGN). Des concentrations supérieures de MMPN et inférieures de TGN sont associées à une réduction de la réponse aux thiopurines ; une activité TPMT élevée peut être impliquée dans la détermination de ce rapport métabolique défavorable (1). Des travaux récents ont mis en évidence d'autres déterminants génétiques prometteurs pour une activité TPMT élevée et un manque de réponse aux thiopurines ; toutefois, ces caractères moléculaires nécessitent encore d'autres validations avant leur utilisation clinique. Des polymorphismes dans le promoteur de la TPMT3 (thiopurine S-méthyltransférase) ont été associés à une augmentation de l'activité TPMT. En outre, des effets trans des polymorphismes d'un seul nucléotide qui touchent l'activité TPMT et la sensibilité à la mercaptopurine ont été récemment découverts dans le gène PACSIN2 (protein kinase C and casein kinase substrate in neurons 2). Ces facteurs moléculaires influençant l'activité TPMT peuvent identifier des patients avec une activité TPMT élevée. Pour l'azathioprine, la délétion du gène GSTM1 (glutathion S-transférase mu 1), qui code pour une enzyme impliquée dans la conversion de l'azathioprine en 6-mercaptopurine, a été associée à une réduction de l'activation médicamenteuse, à une concentration inférieure des TGN, et à une réduction de la réponse au traitement. Une augmentation de la compréhension des caractères moléculaires qui mènent à une réponse défavorable aux thiopurines peut fournir des outils utiles, par l'intermédiaire d'une approche de génotype de loci multiples, pour l'identification des patients présentant une probabilité inférieure de répondre à un traitement à base de thiopurine. L'application clinique de cette estimation multifactorielle peut être possible grâce à l'utilisation d'outils informatisés d'aide à la décision en combinaison avec les dossiers médicaux électroniques (2), qui amélioreront le traitement pharmacologique des patients. Notes 2 Abréviations non standard : MMPN, méthylmercaptopurine nucléotide ; TGN, thioguanine nucléotide. 3 Gènes humains : TPMT, thiopurine S-méthyltransférase ; PACSIN2, protein kinase C and casein kinase substrate in neurons 2 ; GSTM1, glutathion S-transférase mu 1. Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Aucun des auteurs n'a déclaré de conflit d'intérêt potentiel. Reçu pour publication le 8 avril 2013. Accepté pour publication le 22 avril 2013. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry Références 1. van Egmond R, Chin P, Zhang M, Sies CW, Barclay ML. High TPMT enzyme activity does not explain drug resistance due to preferential 6-methylmercaptopurine production in patients on thiopurine treatment. Aliment Pharmacol Ther 2012;35:1181–9. 2. Hicks JK, Crews KR, Hoffman JM, Kornegay NM, Wilkinson MR, Lorier R, et al. A clinician-driven automated system for integration of pharmacogenetic interpretations into an electronic medical record. Clin Pharmacol Ther 2012;92:563–6. Légende de Fig. 1 6-Thiouric acid Acide 6-thiourique “This article has been translated with the permission of AACC. AACC is not responsible for the accuracy of the translation. The views presented are those of the authors and not necessarily those of the AACC or the journal. Reprinted from Clin.Chem, 2013; v. 59, p.1023-1026, by permission of AACC. Original copyright © 2013 American Association for Clinical Chemistry, Inc. When citing this article, please refer to the original English publication source in the journal, Clinical Chemistry” Cet article a été traduit avec la permission de l’AACC. L’AACC n’est pas responsable de la qualité de la traduction. Les opinions formulées sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement celles de l’AACC ou du journal. Réimprimé de Clin.Chem, 2013; v. 59, p. 1023-1026, avec la permission de l’AACC. Copyright original©2013 American Association for Clinical Chemistry, Inc. Lorsque cet article est cité, la publication originale du journal en anglais doit servir de référence.