limitation de vitesse: visons la flexibilité

Transcription

limitation de vitesse: visons la flexibilité
Limitation de vitesse: visons la flexibilité!
Le Conseiller national jurassien, Pierre Kohler, a déposé une motion demandant, dans le
cadre de l'adaptation des normes de notre pays à celles de ses voisins, de revoir les
limitations de vitesse appliquées hors localités en Suisse. Ainsi, à l'instar des normes
pratiquées chez nos voisins, à savoir en Allemagne, en France, en Autriche et en Italie, il
demande que les limitations de vitesse suivantes soient appliquées le plus rapidement
possible en Suisse: 90 km/h hors agglomération et 130 km/h sur les autoroutes. Il est
important que nous soutenions cette motion et même que nous allions plus loin en
proposant une politique de mise en place de limitations de vitesse pertinentes.
La technologie actuelle des véhicules automobiles ainsi que la conception et l'exploitation de
notre réseau routier le permettent.
Les règles relatives aux limitations de vitesse sur les différents réseaux routiers se situent au
confluent de logiques antinomiques: les impératifs de sécurité de toutes les catégories d'usagers,
mais aussi les souhaits de préservation de l'environnement et de maîtrise de l'énergie, plaident
pour la modération des vitesses. Pour rappel, la réduction de vitesse de 140 km/h à 120 km/h a
été décidée pour des raisons écologiques. A l'opposé, les vitesses de pointe toujours plus élevées
des véhicules, les progrès réalisés dans la conception et l'exploitation des routes rendent possible
la pratique de vitesses de plus en plus élevées. Pour rappel également, les autoroutes suisses ont
été conçues et construites pour une vitesse maximale de 160 km/h. Plus généralement, les
dépenses pour les infrastructures à grande vitesse, telles que les autoroutes, ont progressé plus
rapidement que les dépenses pour les autres réseaux, ce qui témoigne de l'intérêt que portent les
différents acteurs à la réduction des temps de parcours.
Des vitesses pertinentes et variables
Tout comme des vitesses inadaptées, il existe également des limitations de vitesse inadéquates.
Le fait que de nombreux automobilistes adoptent une vitesse supérieure à la limite imposée sur
une route ou un tronçon donné peut vouloir dire que cette limitation ne concorde pas avec la
vitesse de base de l'aménagement de la route et est donc intuitivement jugée incorrecte par les
conducteurs. La plupart des automobilistes sont-ils dès lors des fous du volant ? Ne devrait-on
pas plutôt mettre en place une politique de prévention active et une signalisation de prescription
de vitesse pertinente et adaptée aux réalités du terrain, avec la conviction que, pour être
respectées, elles doivent être bien comprises par les usagers? Tel est l'objectif que doivent
poursuivre les autorités. La limitation de vitesse devrait dès lors varier de 80 à 100 km/h sur les
routes hors agglomération et dans une fourchette de 80 à 150 km/h sur les autoroutes.
Acquisition de signalisations à messages de vitesse variable
La mise en place de règles correspondant à la réalité du terrain permettrait de remédier au
sentiment d'injustice ressenti par les automobilistes piégés par des signalisations inadaptées aux
routes qu'ils empruntent et où ils se font prendre par des radars précisément positionnés à ces
endroits dans le but principal de remplir les caisses de l'Etat. Plutôt que de favoriser l'achat de
radars et moyens de contrôle onéreux, l'accent devrait être mis sur l'acquisition de signalisations à
messages variables qui, à l'avenir, seront vraisemblablement installés sur presque toutes les
autoroutes des pays voisins. Par leur mise en place, il serait envisageable d'introduire des limites
de vitesses flexibles, variant selon les conditions météorologiques, la densité de la circulation ou
l'état de la route.
L'accent doit être également mis sur la formation des conducteurs
En outre, afin que le choix d'une politique de prévention active soit sérieux et cohérent, il est
essentiel que l'Etat encourage la formation accrue des conducteurs, afin notamment de les rendre
conscients de leur responsabilité. Ce sont en effet des comportements dangereux liés à la vitesse
et aux conditions extérieures qui constituent les principaux facteurs de risques (par exemple: non
respect des distances entre les véhicules, manœuvres de dépassement dangereuses, vitesse
excessive sur routes glissantes ou à mauvaise visibilité, …). L'introduction de la formation en
deux phases est une politique constructive dans ce sens. La mise en place d'une troisième phase
(cours de perfectionnement) en serait le prolongement.
Pour une mesure légale crédible
Pour tous ces motifs, je pense que nous devons, d'une part, soutenir ardemment la motion
déposée par le Conseiller national Pierre Kohler visant à adapter les limitations de vitesse sur les
routes aux normes européennes. L'uniformisation de nos normes de circulation au niveau
européen ne peut être qu'un pas en avant pour notre pays. La technologie actuelle des véhicules
ainsi que la conception de notre réseau routier et autoroutier le permettent.
D'autre part, je suis d'avis que nous devons défendre l'idée d'une politique de limitation de vitesse
crédible. Une adaptation de la législation en vigueur en vue de prévoir des vitesses pertinentes et
adaptées aux réalités du terrain, variant de 80 à 100 km/h sur les routes cantonales et de 80 à 150
km/h sur les autoroutes en fonction des conditions de circulation, est nécessaire. En effet, une
mesure légale de contrainte n'est guère crédible et reste sans effet, si elle est systématiquement
violée car ne rencontrant pas l'adhésion logique et naturelle d'une majorité des usagers concernés.
Ces mesures légales doivent bien entendu être accompagnées d'un renforcement de la formation
des conducteurs.
Alain Touron
Président ACS Fribourg