Alors que l`Etat s`est désengagé financièrement, un ingénieur géné

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Alors que l`Etat s`est désengagé financièrement, un ingénieur géné
V ivre mieux aménagement
■ Alors que l’Etat s’est désengagé financièrement, un ingénieur géné
Echelle :
1/5 000
Solution variante
Cumin
SAINT-MARTIN-LE-VINOUX
LA T
Point d’échange avec
avenue des Martyrs
Photos : D.R.
Point d’échange
avec A48
Tunnel
Solution de base
Illustrations : B. Fouquet
La Bastille
Tunnel
Point d’échange
avec A480
GRENOBL
>> La rocade Nord : une nouvelle voirie urbaine de 5 km passant sous le
rocher de la Bastille, permettra d’achever le contournement routier de
l’agglomération grenobloise en reliant les autoroutes A 48 venant de
Lyon et l’A 480 en direction de Gap et Sisteron à l’autoroute A 41 vers
Chambéry. Elle améliorera ainsi la circulation entre la vallée du
Grésivaudan, le nord de l’agglomération et le Voironnais.
Le Conseil général relance
Un tunnel sous la Bastille, deux fois plus vite et deux fois moins cher, pour
contourner le nord de Grenoble et son agglomération ? C’est le projet bis proposé par Georges Cumin, ingénieur des Ponts et chaussées à la retraite.
Le président du Conseil général, André Vallini, a annoncé le lancement de
l’étude de faisabilité.
ettre fin aux célèbres bouchons de la région grenobloise : c’est le rêve de
tous les Isérois qui, de
Saint-Marcellin à Vizille, de la plai-
M
ne de la Bièvre au Grésivaudan, doivent partir bien avant l’heure pour aller travailler. C’est aussi tout
l’enjeu du plan de déplacements
urbains de l’agglomération greno-
bloise (PDU) adopté en l’an 2000.
Mais les élus locaux, unanimes pour
le voter, doivent aujourd’hui faire
face au désengagement d’un partenaire majeur, l’Etat. Et la réalisa-
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tion de la rocade Nord bute sur l’obstacle financier. Comment faire supporter aux seuls contribuables isérois le coût d’un équipement routier
estimé aujourd’hui à 600 millions
d’euros, la part de l’Etat ayant dû
représenter 200 à 300 millions
d’euros ? Impossible, avaient répondu de concert les responsables
locaux, réunis en septembre dernier
au Conseil général de l’Isère.
« L’Etat n’assumant plus ses res-
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-
j a n v i e r
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éral des Ponts et chaussées propose une solution deux fois moins chère
Extrémité
solution de base
TRONCHE
Galerie couverte
Extrémité
solution variante
MEYLAN
Hôpital
Photos : D.R.
Solution variante
en trémie
Cimetière
Cimetière
LE
Solution de base
en tranchée couverte
Photos : D.R.
Tunnel
Echangeur
MICHALLON
Le projet de base : le tunnel passe deux fois sous l’Isère et la nappe
phréatique pour ressortir au carrefour de la Carronnerie à Meylan, face
au centre commercial.
La variante Cumin, avec un tunnel sous la Bastille mais qui se
transforme ensuite en galerie couverte à La Tronche et aboutit un peu
plus tôt, au niveau du pont du tramway à La Tronche.
>> André Vallini et Georges Cumin ont présenté le 24 décembre
dernier le projet alternatif de rocade nord.
le projet de la rocade Nord
plan), sa variante présente une différence de « fond » : au lieu de
s’enfoncer par deux fois sous l’Isère et sous la nappe phréatique dans
des terrains limoneux et instables,
au risque de déstabiliser de nombreuses habitations dans le quartier
de l’île verte, le tunnel se transforme
à La Tronche en une galerie couverte au niveau des quais de l’Isère
puis franchit la boucle des Sablons
jusqu’au pont du tramway – sur le
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principe de la voie express longeant
les berges de la Seine au niveau du
Louvre, à Paris. Gros avantage de
cette solution : en restant en surface,
elle élimine les principales
contraintes techniques inhérentes au
projet… ce qui permet en conséquence de diviser par deux la facture et les délais de réalisation !
Selon ses estimations, son tunnel
pourrait être réalisé pour un coût de
200 à 300 millions d’euros et en un
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▲
C’est alors que Georges Cumin, inponsabilités, il ne nous est pas
génieur général des Ponts et chauspossible à court terme de lancer
sées retraité, à qui les Isérois doice projet », avaient-ils déclaré.
vent déjà le pont de
Pour autant, le
la Porte de France ou
président
du
Une réalisation
le pont de Catane,
Conseil général,
plus simple et
adresse à André ValAndré Vallini, n’a
lini son projet de rojamais renoncé à
moins chère
cade bis. Si elle rela rocade : « C’est
prend les points de départ et d’arun projet tellement important pour
rivée et remplit les mêmes foncl’économie iséroise et pour la qualitions que la rocade initiale (voir
té de vie des habitants », estime-t-il.
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>> La traversée de Grenoble aux heures
de pointe. Si les études confirment la
faisabilité de
de la
la variante
variante Cumin
Cumin dans
dans le
le
faisabilité
budget annoncé,
annoncé, le
le Conseil
Conseil général
général
budget
pourrait prendre
prendre la
la maîtrise
maîtrise d’ouvrage
d’ouvrage du
du
pourrait
dossier.
dossier.
>> Repère
Avec ou sans
péage ?
néral : « Nous ne devons négliger
intérêt évident pour leurs habiaucune piste. C’est pourquoi je
tants et leurs entreprises à amésouhaite rapideliorer la circulament lancer une
“ Nous ne devons tion dans la réétude de faisabilité.
grenobloise.
négliger aucune gion
Nous allons demanCette étude pourder l’appui de la
rait démarrer à
piste ”
Ville de Grenoble et
la mi-2006, avec
de la Communauté d’agglomépour objectif d’aller jusqu’à
ration, mais aussi du Pays voil’enquête d’utilité publique d’ici
ronnais et de la Cosi dans le
à dix-huit mois. »
Grésivaudan, qui ont aussi un
Et si les résultats sont positifs ?
>> Rencontre
Georges Cumin, un grand bâtisseur toujours alerte
En novembre 2003, Georges
Cumin, habitant Corenc, découvre dans le mensuel de
la Métro les études de la rocade
Nord et du tunnel sous la
Bastille.
A 80 ans, cet ancien ingénieur général des Ponts et chaussées,
connu pour son implication dans
l’aménagement de la montagne et
l’organisation des Jeux olympiques
de Grenoble en 1968 ainsi que pour
avoir supervisé la réalisation de
nombreux ouvrages dans la région,
n’a rien perdu de sa vivacité. A ses
yeux, le projet présenté est certes
réalisable mais il comporte « des
aléas déraisonnables, au risque
d’entraîner de longs retards de chantiers et des surcoûts énormes. » Ces
contraintes, dont les plus importantes, deux passages sous l’Isère, il serait pourtant possible de s’en
affranchir en restant au niveau du
sol et au dessus de la nappe phréatique, sur la rive droite de l’Isère !
Georges Cumin se met à phosphorer, peaufine son propre tracé et soumet sa variante à des experts de
ses relations, reconnus pour leurs
compétences qui lui confirment qu’il
n’a pas perdu la main. Si à la DDE,
personne ne daigne le recevoir, le
président du Conseil général, André Vallini, au contraire, destinataire du dossier, le regarde avec attention, le fait analyser par ses services, invite M. Cumin à venir le voir
et organise une réunion pour lancer
l’étude… Une nouvelle pierre à sa
longue carrière ?
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Après la mise en service de tunnels à péage urbains à Marseille,
Paris et Lyon, l’idée a fait son
chemin en France. La Chambre
de commerce et d’industrie de
Grenoble a ainsi proposé de faire appel à des entrepreneurs privés qui pourraient financer une
partie de l’ouvrage en échange
des recettes du futur péage…
« Je ne suis pas contre si cela
permet de financer le projet plus
vite et de diviser le coût pour les
contribuables. Mais il faut des
études pour mesurer l’impact réel
sur sa fréquentation », répond
prudemment le président du
Conseil général, André Vallini.
« Nous sommes décidés à faire
preuve de volontarisme et à nous
engager dans la maîtrise d’ouvrage de ce projet », poursuit
André Vallini. Un espoir de voir
enfin le (bon) bout du tunnel !
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Véronique Granger
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Photos : D.R.
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an de travaux… Des chiffres qui
restent à confirmer mais qui sont
sans commune mesure avec ceux du
projet actuel. L’impact sur la commune de La Tronche devra aussi être
approfondi. « Une réflexion devra être engagée dès le départ
avec la municipalité pour aboutir
à un embellissement et une
requalification de la commune »,
explique André Vallini.
Pour le président du Conseil gé-
● De la même façon qu’ils
paient l’autoroute ou le stationnement, les 60 à 80 000
automobilistes isérois susceptibles d’empunter quotidiennement le futur tunnel prendront-ils l’habitude
de mettre la main à la
poche ?