Compte-rendu `Coop Labo` circuits courts 17/3/2014

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Compte-rendu `Coop Labo` circuits courts 17/3/2014
Compte-rendu ‘Coop Labo’ circuits
courts 17/3/2014
A l'initiative de Coopburo et en partenariat avec le Centre d'Economie Sociale de HEC-ULg,
un « Coop Labo » autour des circuits courts alimentaires était organisé le 17 mars dernier
dans les locaux de Gembloux Agro-Bio Tech.
Il regroupait une trentaine d'intervenants issus du monde académique, institutionnel et
entrepreneurial pour une matinée d'échange d'expériences et de réflexions.
Cet évènement faisait suite à un travail de fond mené par Coopburo sur la thématique des
circuits courts alimentaires qui, depuis septembre 2013, avait, entre autres, permis de
rassembler plusieurs groupes de personnes à la découverte des SC Coprosain et SC
Fromagerie des Tourelles (les « Coop Explore ») ainsi qu'une quinzaine de participants pour
un « Coop Tour » à la découverte des expériences françaises en la matière dans la région de
Lille.
La matinée débuta par une intervention du Professeur Sybille Mertens, qui dirige le Master
en Management des entreprises sociales et est titulaire de la Chaire Cera Cooperative and
social entrepreneurship. Elle posait d'emblée une question importante :
Quelle est la pertinence du modèle coopératif dans les circuits courts ?
Sa réponse permettait de revenir sur le modèle coopératif dans son ensemble, d'en rappeler
le cadre légal belge et d'en présenter les atouts et les limites.
Plusieurs cas concrets étaient ensuite proposés aux participants en guise d'ouverture des
débats et ce, selon 3 axes :
1. Les coopératives de production et de transformation
M. Chantraine nous présenta la coopérative Agricovert implantée à Gembloux et qui
regroupe tant des producteurs (27) que des particuliers, les Consomm'acteurs, autour d'un
outil solidaire de commercialisation et de transformation de produits agricoles de qualité et
de proximité.
Le modèle présente plusieurs avantages :
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Il offre un soutien à l'agriculture paysanne.
Il crée un commerce équitable et local.
Il soutient l'emploi de personnes peu qualifiées.
Il favorise l'installation de jeunes agriculteurs désireux de s'installer en agriculture
bio.
Coop Labo est une initiative de Coopburo, le prestataire de services pour l’entrepreneuriat coopératif de Cera
Ce cas concret permettait l'ouverture d'un large débat autour des difficultés de structurer une
telle initiative, du calcul du « juste » prix, de la concurrence de plus en plus forte (même si la
demande reste largement supérieure) et la découverte d'autres initiatives :
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Les grosses Légumes ASBL à Meix-devant-Virton : une association active dans la
production de légumes et la distribution, mais uniquement via un système
d'abonnement à des paniers. La création d'une SC est aussi envisagée pour la reprise
d'une épicerie de village. Débat autour des « paniers » : le caractère parfois
contraignant pour le consommateur, le fait qu'ils assurent surtout une garantie de
vente plutôt que de répondre aux attentes des consommateurs et qu'ils risquent
d'être victime d'un effet de mode sont des sujets qui furent ainsi abordés.
La coopérative « Chaleur d'y vivre » à Malempré : la production d'énergie née d'une
réflexion menée au sein d'un village ardennais, qui va de pair avec la diversification
pour des agriculteurs locaux. Dans ce cas précis, deux structures coopératives ont été
créées et sont complémentaires.
Le GAL Pays des Condruzes et en particulier, son initiative Point Ferme : ce bel
exemple nous permettait de parler de l'incubation de projets au départ d'une
structure financée par les pouvoirs publics. Nous en retiendrons diverses réflexions
sur le manque de producteurs, la création d'attentes chez les consommateurs et la
difficulté à faire prendre conscience du modèle aux clients et aux producteurs. Ces
derniers, p.e., ne privilégient pas suffisamment la coopérative empêchant l'offre de
s'accorder à la demande !
2. Les coopératives de distribution
Pour cet axe, nous avions invité M. Mestdagh. Il nous présenta la SC D'Ici. Installée à
Nannine depuis mai 2013, le magasin D'Ici (une moyenne surface) s'articule autour de 4
axes :
• La promotion des producteurs et des produits locaux,
• La commercialisation,
• La distribution et
• La transformation de ces mêmes produits.
L'offre concerne déjà plus de 1.000 produits, présentés par 130 producteurs dont …
seulement 23 sont coopérateur.
Retenons 3 mots clés : proximité (pas nécessairement bio), bon et durable ! Concrètement,
M. Mestdagh reconnait que le fonctionnement selon les principes coopératifs est imparfait.
Il regrette le peu d'intérêt des producteurs, la difficulté de faire comprendre le projet et en
particulier ses aspects coopératifs ainsi que le repli sur soi de certains producteurs «bio ».
Cela étant, le modèle est en phase de croissance.
Cette présentation a permis d'aborder les aspects juridiques avec les interventions
remarquées de Me Coëme autour des avantages du capital variable, du principe « 1 homme,
1 voix », des limites territoriales des coopératives ou encore de la cession des parts
coopératives.
Coop Labo est une initiative de Coopburo, le prestataire de services pour l’entrepreneuriat coopératif de Cera
3. Les coopératives de consommateurs représentées
M. Lens nous a présenté la SC Feed the Future mieux connue sous la marque Topino. Cette
coopérative affirme clairement sa volonté de favoriser la consommation de produits locaux
en passant par des producteurs situés près de chez soi. M. Lens nous expliqua l'évolution de
la coopérative depuis ses débuts en 2009.
Retenons le choix de la SC pour bénéficier du capital variable, la volonté d'exclure les
producteurs du capital ou l'agréation CNC en vue de bénéficier de ses facilités en matière
d'appel à l'épargne publique.
Cette intervention a lancé une intéressante discussion autour du rôle « d'actionnaire » que
joue/doit endosser le coopérateur et des difficultés de rassembler les quorums suffisants lors
des AG.
Pour terminer, nous retiendrons quelques remarques relevées lors du tour de table final :
1) Il n'existe pas de modèle idéal : nécessité de synthétiser, d'aller puiser des idées les uns
chez les autres et de les modéliser.
2) Lorsqu'on parle de circuits courts, on parle souvent de l'aval qui est en phase de
structuration mais les vrais défis sont en amont. A ce niveau, le soutien et
l'accompagnement se révèlent indispensables.
3) Les modèles coopératifs de transformation ont l'avantage de limiter les intermédiaires
et d'accroitre la valeur ajoutée du secteur mais il y a un gros inconvénient : la
responsabilité par rapport aux exigences de l'AFSCA. Notons à ce sujet, le soutien
constructif de diverses institutions telles Diversiferm.
4) Un des freins au modèle coopératif : la peur de la perte du pouvoir de décision sur sa
production et/ou sa transformation. Il est indispensable de démontrer le contraire,
d'expliquer le modèle dans sa complexité mais aussi dans sa flexibilité.
5) Il est nécessaire de lutter contre la concurrence entre les initiatives. Il faut par
conséquent veiller à organiser le dialogue, de passer à la concurrence constructive.
6) Comment stimuler la coopération dans un secteur où il y a de la concurrence ?
Comment déterminer un « juste » prix pour les producteurs ET les consommateurs ?
7) Quelques personnes sont étonnées de la méconnaissance de la coopérative par les
banques, les investisseurs publics et les financiers en général. Un outil pour se rencontrer
et échanger est, ici aussi, indispensable.
8) Selon Me Coëme : « la coopérative est au vêtement, ce que le prêt-à-porter est au sur
mesure ! », la loi est très souple (220 articles dans le code de société pour la SA contre
environ 80 pour la coopérative). Il manque toutefois une structure juridique
intermédiaire (entre l'ASBL et la SC), e.a. pour les structures « militantes ».
Coop Labo est une initiative de Coopburo, le prestataire de services pour l’entrepreneuriat coopératif de Cera
Nous conclurons en insistant sur la diversité et la souplesse du modèle coopératif.
Ce modèle fait preuve d'un large historique lié au monde agricole et il serait dommage qu'il
ne soit pas, en Belgique aussi, retenu par les acteurs présents, et à venir, dans le secteur des
circuits courts alimentaires.
Par ailleurs, sa pertinence est largement démontrée. Il reste toutefois indispensable de
veiller à l'enseignement, au soutien et à l'accompagnement en la matière. C'est la raison
d'être de Coopburo !
Enfin, un constat inquiétant : le manque de producteurs sur un marché du circuit court
alimentaire qui est en pleine explosion ! Il est indispensable d'agir et d'informer. Le
programme du Gouvernement wallon semble être conscient de cet état de fait et de récents
contacts avec, e.a., le Ministère de l'Agriculture, nous laisse entrevoir des pistes
intéressantes en la matière.
Notons également que le Centre de référence sur les circuits courts y travaille activement
depuis près d'un an.
Le travail de Coopburo en matière de circuits courts ne s'arrête pas avec les conclusions de ce
Coop Labo et nous vous invitions à vous inscrire à notre Newsletter si vous souhaitez être
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