Antoine et Cléopâtre
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Antoine et Cléopâtre
Antoine et Cléopâtre THÉÂTRE CHANTÉ création WILLIAM SHAKESPEARE LEWIS FUREY DU 31 JANVIER AU 4 FÉVRIER livret et musique Lewis Furey d’après le texte de William Shakespeare adaptation française Jean-Michel Déprats mise en scène Lewis Furey assistante à la mise en scène Élaine Normandeau décor Anick La Bissonnière costumes Michèle Hamel, Georges Lévesque lumières Alain Lortie direction musicale Stéphane Aubin chorégraphies Claude Godin avec Sylvie Moreau, Jean Maheux, Renaud Paradis, Stéphane Aubin, Roxanne Hegyesy, David Laurin, Violaine Paradis Antoine et Cléopâtre : drame historique de Shakespeare qui, ce n’est plus une surprise, reste depuis près de quatre siècles notre contemporain, c’est-à-dire en phase avec le monde tel qu’il se vit, quelle que soit l’époque. Lewis Furey, librettiste compositeur et metteur en scène, voit dans cette pièce des personnages hors du commun, qui s’aiment et se déchirent : « La toile de fond est la montée de l’impérialisme, de la mondialisation, et d’une forme de despotisme familial s’étendant sur l’ensemble connu du globe. Antoine, Cléopâtre et Octave-César, font et défont le monde. Leurs histoires d’amour et leur jalousie sont envahissantes, ravageuses. Nous sommes au cœur de l’éternel conflit entre l’Occident et l’Orient, au cœur de l’éternelle incompréhension entre monde nouveau et civilisation ancienne. Nous sommes dans la chambre à coucher de Cléopâtre ». Rome est encore une république. Un triumvirat est censé la diriger, composé de Lepide, Antoine, et Octave-César. « Fils adoptif de Jules César, Octave est jeune, d’une ambition sans limites, sans scrupules. Il aime le pouvoir, s’y consacre, c’est sa force. Antoine n’a plus d’attrait pour la politique romaine. Il tourne le dos au succès et s’interroge sur le sens de sa vie. Cléopâtre est une reine et une dirigeante. Diva immensément théâtrale, elle personnifie une culture de la sensualité, de l’indépendance. Elle repousse les frontières, les refuse toutes. » Marc Antoine a quitté son pays pour rester près d’elle à Alexandrie, elle qui incarne la poche de résistance à l’expansionnisme romain. « Leur passion est adulte, “multi-faceted”. Ils connaissent leurs charges, savent que de leurs actes dépend le sort de millions de gens… Savent qu’ils jouent leurs carrières, leur bonheur, leur honneur, leurs vies. Cette histoire entremêle inextricablement amour et guerre, dans une succession de violences, de trahisons. Effectivement le sort du monde se joue dans le lit, et pour un baiser, Antoine s’exprime avec la solennité du tribun s’adressant à son armée : « Ici est mon espace/Les royaumes sont argile/La fange de la terre/Nourrit la bête et l’homme/La noblesse de la vie/est de faire comme nous. » Lewis Furey a fait son éducation avec les grands opéras de Brecht et Kurt Weill, chez Bob Fosse, Leonard Bernstein, Gershwin… Il vient avec sa troupe montréalaise : trois musiciens, deux danseurs, six acteurs-chanteurs (pour travailler avec lui, savoir chanter est indispensable !). Dans un espace intemporel, futuriste peut-être, le spectacle prend les sonorités d’un théâtre musical aux accents d’opéra moderne, joué d’un seul trait, concentré sur une durée de deux heures. « J’ai travaillé le texte de Shakespeare pour en faire sortir les enjeux familiaux, amoureux et passionnels, l’ambition des êtres exceptionnels de se réinventer et de se surpasser, les répercussions tragiques… Sur les extraits, j’ai composé une partition musicale. » Musique née du langage shakespearien, comme une sorte de lecture parallèle et infinie. Ensuite vient la question de la musique shakespearienne en version française, travaillée avec Jean-Michel Déprats jour après jour, dialoguant au piano et à haute voix, cherchant le mot, le juste mot qui se fond dans le rythme et le son. Le livret de Lewis Furey est divisé en séquences, chacune porte un titre : L’Éternité c’était tes lèvres, Le Temps de la paix universelle approche , Plutôt un fossé en Égypte, J’ai rêvé d’un empereur du nom d’Antoine… Et puis le dernier : Immortels désirs. Lewis Furey Né le 7 juin 1946 au Canada, Parisien intermittent depuis les années 80, enfant prodige, à quatre ans et demi, il étudie le violon et à onze ans joue en soliste avec l’Orchestre symphonique de Montréal. À quinze ans, il s’en va à New York, s’inscrit à la Julliard School, section musique. À vingt ans, il est auteurcompositeur-interprète, enregistre plusieurs albums, compose la musique de films, notamment L’Ange et la Femme (1977) Maria Chapdelaine (1980) de Gilles Carle, avec Carole Laure pour qui il compose une comédie musicale, Fantastica, et dont il réalise les vidéo-clips. Au cinéma, il met en scène Night Magic avec Leonard Cohen. Il travaille avec la compagnie chorégraphique La La La Human Steps, compose la musique de Jacky Paradis de Jean-Michel Ribes (Théâtre de la Ville, 1978), met en scène la version de Starmania présentée au Théâtre Mogador, Victoire de la Musique, Molière du meilleur spectacle musical 1994. Jean-Michel Déprats Maître de conférence à l’université de Paris XNanterre, il a traduit Le Baladin du monde occidental de Synge, Tableau d’une exécution de Barker, L’Importance d’être constant d’Oscar Wilde (Molière 1996 de la meilleure adaptation) entre autres, et surtout une trentaine de pièces de Shakespeare, comédies ou drames, dont il sait restituer les rythmes, les sonorités, pour Matthias Langhoff, Bernard Sobel, Georges Lavaudant, Jean-Pierre Vincent… Et beaucoup d’autres.