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CIBLE PRINCIPALE
SERIE
MATIERE
TITRE
Premi€re – Terminale
Série littéraire
philosophie
RESUME DU SUJET
Thème abordé :
La conscience
Peut-on mentir à soi-même?
La conscience
Peut-on mentir ‚ soi-mƒme?
L'Homme est un ƒtre de conscience qui, tout au long de sa vie, commet des erreurs et s'„gare dans sa
recherche de v„rit„s, dans sa recherche d'une meilleure connaissance de soi, et se voiler la v„rit„, c'est se
d„tourner de ce savoir.
Par se mentir ‚ soi-mƒme, entendons le fait pour l'Homme de tromper sa propre personne, de se d„tourner
d'une v„rit„ dont il a conscience et qu'il ne semble pouvoir ou vouloir accepter. Se mentir ‚ soi-mƒme, c'est
se prot„ger d'une r„alit„ qui nous semble impossible, c'est se bercer d'illusions vaines.
Aussi, peut-on se mentir ‚ soi-mƒme ?
A priori, parce que la conscience de l'Homme est m„moire, parce qu'elle nous ouvre ‚ la pens„e et ‚ la
r„flexion, alors cette conscience nous permet de choisir, et, de fait, l'Homme semble d€s lors ‚ mƒme de se
d„tourner de la v„rit„, de se persuader du contraire. Et pourtant, si l'Homme a conscience de la r„alit„ des
choses, il semble impossible de pouvoir s'en d„tourner dans la mesure o… il a vu, entendu, ou au moins
constat„ ce qui a eu lieu. Alors, se mentir ‚ soi-mƒme semble relever de ce qu'on appelle la † mauvaise foi ‡,
qui est une cons„quence mƒme de l'orgueil, de la fiert„, de tout ce qui de pr€s ou de loin d„coule du p„ch„
originel selon la doctrine chr„tienne.
I] L'Homme : un ƒtre de conscience libre de ses d„cisions
Si l'Homme peut se mentir ‚ lui-mƒme, alors il semble que ce soit la cons„quence de sa libert„ de choisir ce
qui lui convient.
En effet, l'Homme est-il un ƒtre d„termin„ condamn„ ‚ agir par instinct et non par raison ? Si l'Homme „tait
d„termin„, alors pourquoi serait-il responsable de ses actes ? A fortiori, nier le pouvoir de d„cision des
Hommes, ce serait remettre en cause leur responsabilit„ au sein de la soci„t„, ce serait aussi et surtout aller ‚
l'encontre de sa facult„ ‚ user de sa raison. De fait, l'Homme agit certes en fonction de sa volont„, mais sa
raison lui rappelle les normes juridiques auxquelles il est soumis, la volont„ de l'Homme est † „clair„e ‡ par
la raison. Un Homme n'ayant que sa volont„, ce serait un Homme ne voyant que son int„rƒt, ce serait le
retour ‚ la loi du plus fort, ‚ la loi de la nature. Or, vivre en soci„t„, c'est avant tout penser ‚ ceux qui nous
entourent. Pour cela, l'Homme est responsable de ses actes, et par sa volont„ raisonn„e, il est ‚ mƒme de
choisir en connaissance de cause. Selon Saint Thomas d'Aquin, l'Homme agit d'apr€s un jugement libre, qui
† n'est pas l'effet d'un instinct naturel s'appliquant ‚ une action particuli€re, mais d'un rapprochement de
donn„es op„r„ par la raison. ‡
Alors, l'Homme disposant d'un jugement libre semble capable de se mentir ‚ lui-mƒme. Si la r„alit„ ‚
laquelle il fait face ne lui convient pas, ou le blesse, ou si elle est diff„rente de ce qu'il esp„rait a priori, alors
ne va-t-il pas volontairement travestir le vrai ? L'Homme, parce qu'il est libre de choisir, est capable de se
bercer d'illusions et maquiller la r„alit„. Sa conscience, parce qu'elle est m„moire, parce qu'elle l'ouvre ‚ la
r„flexion, elle lui permet de choisir. L'Homme peut donc choisir de se tromper lui-mƒme volontairement.
Et pourtant, n'est-ce pas une chose impensable que de se tromper soi-mƒme ? N'est-ce pas l‚ nier l'unit„ de la
conscience, et donc de la connaissance de soi et du monde ? En effet, la conscience permet ‚ l'Homme de
prendre connaissance de ce qui nous habite – c'est la conscience de soi -, et de ce qui fait le monde – c'est la
conscience imm„diate -.
II] L'Homme, un être ayant connaissance de la réalité par sa conscience
Si l'Homme par sa conscience peut se représenter aussi bien le monde que lui-même et en avoir le savoir,
alors il semble qu'il lui soit impossible de pouvoir se mentir à lui-même.
En effet, comment l'Homme qui par sa conscience est à même de connaitre la réalité des choses pourrait-il
nier ce savoir ? Dès lors, s'il nie ce savoir, il n'en demeure pas moins qu'il sait toujours ce qui est vrai. A
défaut d'un mensonge envers soi-même, ce serait plutôt se bercer d'illusions vaines, tout en ayant
connaissance de la réalité. La conscience de l'Homme est une et indivisible, elle apporte un savoir sur ce qui
entoure l'Homme et sur ce qu'il y a en l'Homme. C'est ce qu'Hegel assurait dans sa Propédeutique
philosophique en affirmant que « la conscience, absolument parlant, est la relation du Je à un objet, soit
intérieur, soit extérieur ».
L'Homme, par sa conscience immédiate, est en relation avec le monde, il perçoit ce qui l'entoure, il y est
sensible, il y réagit. C'est la conscience qui accompagne nos perceptions. Quant à la conscience de soi, c'est
celle qui permet à l'Homme de se saisir lui-même, d'avoir une identité, de savoir qui il est malgré les
changements. Après tout, à trente ans, nous ne sommes plus le même qu'il y a quinze ans, mais notre
conscience nous permet d'avoir la certitude de notre personne, de notre passé, de notre unité. En clair, cette
conscience permet à l'être humain d'accéder à la vérité, même si les perceptions peuvent parfois le tromper.
Cette vérité, qu'il l'accepte ou non, il en a conscience, il en a surtout la connaissance. Il peut la bercer
d'illusions, mais cette connaissance demeure malgré tout.
De ce fait, si l'Homme s'illusionne, se trompe lui-même, ce n'est que se voiler ce dont il a le savoir. Il se
ment à lui-même alors qu'il sait la réalité des choses. Ce mensonge tend donc à la mauvaise foi.
III] Mauvaise foi, orgueil, fierté : des conséquences du péché originel
Si l'Homme accède par sa conscience à la connaissance du monde et de lui-même, alors se mentir à soimême relève d'un certain orgueil.
Comment l'Homme peut-il s'assurer du contraire de ce dont il a le savoir ? Comment peut-il travestir
volontairement ce qu'il sait véritable ? Effectivement, l'Homme est confronté à une réalité qui parfois le
blesse, à laquelle il ne peut croire. Sans doute qu'en s'assurant du contraire, il acceptera avec le temps cette
réalité dont il a connaissance. Seulement, c'est faire preuve de mauvaise foi, soit par fierté, soit par orgueil,
c'est-à-dire par une opinion très avantageuse concernant sa valeur personnelle, par laquelle on se place audessus des autres. A contrario, accepter la réalité, c'est agir avec humilité, que cette réalité soit en accord ou
contraire à nos attentes.
L'orgueil, la fierté, se voiler la réalité, ne sont-ce pas là des conséquences intrinsèques du péché originel
selon la doctrine chrétienne ? De fait, par rapport au péché originel, il y a un avant et un après. Avant le
péché originel, « l'Homme [...] est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à dieu et
participant de la divinité ». Après la Faute, et donc « en l'état de la corruption et du péché, il est déchu de
cette état et rendu semblable aux bêtes. » Par ces paroles, Pascal montre les conséquences de la chute, de
cette Faute, de ce péché originel. L'Homme qui recevait la Grâce, qui était protégé du péché, est depuis lors
confronté au mal. La fierté, l'orgueil, autant de vices faisant de lui un être capable de s'illusionner. Après
tout, le mensonge, c'est une assertion sciemment contraire à la vérité, énoncée avec intention de tromper
autrui. Et cet être confronté au mal en est capable, car déchu de son état de Grâce. Cependant, l'Homme peut
toujours se tourner vers la Grâce et rejoindre dieu. Par le salut, l'Homme peut échapper à la déréliction de
l'incroyance, la « misère » se transforme de fait en « félicité ». Se tourner vers dieu selon Pascal, c'est mettre
de côté tout ce que l'Homme a de misérable et s'ouvrir à sa lumière. L'Homme ayant conscience du mal et du
bien, est à même d'accepter la réalité, c'est à lui de choisir.
Ainsi, l'Homme peut se mentir à lui-même, il peut travestir ce dont il a connaissance. Ce mensonge tient de
la mauvaise foi, l'Homme le choisit en connaissance de cause, c'est un acte volontaire dont lui seul est
responsable. Mais par son libre-arbitre, par sa faculté de pouvoir choisir, l'Homme peut cesser de se bercer
d'illusions, agir avec humilité, accepter la réalité, y faire face, affronter donc les obstacles dont la vie sur
terre regorge. Pour cela, en s'ouvrant à dieu, en s'ouvrant à la Grâce divine, l'Homme peut trouver les
ressources nécessaires lui permettant d'accepter ce qui le contrarie.