Laura contemplait la nudité d`Anna allongé sur le

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Laura contemplait la nudité d`Anna allongé sur le
Titre
Laura contemplait la nudité d’Anna allongé
sur le ventre. Elle n’avait jamais envisagé la
beauté d’un corps de femme avant… avant
quoi d’ailleurs ? Avant cette folie, ce besoin
insatiable de mordre dans la chair humaine,
d’extraire du cœur de chaque victime leur force,
leur courage et leur âme. Elle s’approcha tout
près du corps blanc et le renifla en commençant
par les cheveux, puis la nuque, le dos, les
fesses… lentement.. A cet instant Anna bougea
doucement et Laura comprit que le jeune
femme se réveiller. Elle devait la tuer mais ne
pouvait s’y résoudre, sans doute à cause de
l’odeur. Anna possédait ce quelque chose qui
pouvait la sauver. Elle la respira encore une
fois.
Oui, à présent, elle en était persuadée, Anna
possédait un don!
Elle alla chercher Jasmin qui la suivit à contre
cœur. Il était fort mécontent d’être dérangé
pendant sa préparation culinaire.
La jeune femme s’installa près du lit à même
le sol et caressa sa nouvelle conquête.
– Je ne peux me résoudre à l’abattre.
Jasmin tira les doubles rideaux, et le soleil de ce
début d’après midi caressa les formes parfaites
d’Anna.
– Regarde, regarde bien, il n’y a là qu’un
amas de chair fraîche, rien de plus.
– Je ne crois pas, approche !
Jasmin hésita, puis s’agenouilla près d’elle
- Sens-là ! Demanda t-elle..
Il huma la peau à plusieurs reprises et laissa
tomber sa main sur sa cuisse.
– Il y a peut-être un début de quelque chose.
Satisfaite, Laura s'anima.
– J’en étais sûre, j’en étais sûre… il faut le lui
dire.
– Calme-toi, ce n’est pas une évidence, nous
devons être prudents et la mettre à l’épreuve.
Ne t’inquiète pas, j’ai ma petite idée sur le sujet.
Suis-moi!
Jasmin retourna Anna et, tel un quartier de
viande qu’on va suspendre en chambre froide,
la transporta sur ses épaules,. Il descendit à la
cave et la jeta sur la terre battue. Pendant qu’il
installait une cage en forme de volière, Laura se
chargea de faire un peu de place. Puis ils
l’enfermèrent dans la prison crée pour
l’occasion et Jasmin contempla le résultat.
– Voilà, elle ne devrait pas tarder à se
réveiller.
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Je pense que notre invité devrait arriver d’un
instant à l’autre et nous ferions mieux d’aller
nous préparer.
Et, en effet, le Corse ne tarda pas à se
présenter à la porte. Il serra la main de son ami
et passa devant Laura sans même la saluer.
– Paraît que t’as la salope ?
– Viens t’installer, on discutera de tout ceci
plus tard.
Pendant que Laura poussait le fauteuil de la
vieille dame jusqu’à la table du salon, Jasmin
servit un verre de grand cru à son invité.
L’autre, qui ne possédait aucune classe, se
frotta les mains d’impatience, après avoir fourré
sa serviette dans le col de son pull.
– T’as une pouliche ? Depuis quand ?
Sans un mot, Jasmin partit dans la cuisine,
puis posa un plat sur la table.
Le Corse
longuement,
ferma
les
yeux
et
aspira
– J’adore bouffer ici. Il se retourna vers la
vielle femme et ricana bêtement : n’est-ce pas
mamie ?
Il se servit une cuillère de beignets et
s’étonna du contenu.
– De la cervelle ?
– C’est ça ! affirma son hôte avant de se
tourner vers la jeune femme. Paolo adore
manger, je t’ai un peu parlé de lui, je crois ?
Pendant que Paolo se goinfrait, Laura laissa
Jasmin la servir et poursuivre ses explications.
Sans changer de ton, il fit preuve de cynisme.
– Notre ami nous rend régulièrement
quelques services, mais ces temps-ci je dois
reconnaître qu’il ne s’est pas tout à fait montré à
la hauteur.
Le Corse resta un instant la bouche ouverte,
la fourchette en suspend. Prudent, il la posa
doucement dans son assiette. Il essuya les
commissures de ses lèvres et posa ses deux bras
sur la table, pendant que Jasmin allait chercher
la viande dans le four. Quand le plat fut sur la
table, Paolo eut un moment de recul. À
première vue, il s’agissait d’une épaule humaine
rôtie…
Jasmin remplit de nouveau les verres et
s’approcha tout près de son invité.
– Que t’arrive-t-il ? Tu as là une viande
nourrissante et savoureuse, bien qu’un peu
difficile à digérer, j’en conviens. Laura, veux-tu
servir notre ami ?
Elle s’exécuta et servit le Corse, qui semblait
en état de choc.
Jasmin exaltait, au sommet de son cynisme,
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– Que se passe-t-il, tu n’aimes pas ?
Paolo retira sa serviette et chercha à se lever,
mais Jasmin le fit rasseoir en appuyant
fortement sur son épaule. Effrayé, l’autre ne
chercha pas à s’enfuir. Jasmin servit sa mère et
s’installa près d’elle pour lui faire avaler
quelques bouchées.
– Laura, j’ai l’impression que notre ami n’a
plus faim, peut-être est-il temps de lui proposer
un dessert ?
Tous deux se levèrent et entourèrent le
Corse, qui d’un coup se ressaisit et tenta de
s’enfuir.
Jasmin lui posa une arme sur la tempe et il se
rassit immédiatement,
– Chut, chut, chut… pas de gestes brusques,
tu vas te lever très doucement… Allez,
avance…
Ils descendirent à la cave et la lumière inonda
la cage, faisant ressortir la pâleur de la jeune
femme. Elle était réveillée et resta assise en
boule à leur approche.
– Je ne vous présente pas, je crois que vous
vous connaissez,
Anna fixa d’abord Jasmin, puis son regard
balaya Laura un bref instant avant de s’arrêter
sur Paolo. Alors, telle une furie et oubliant sa
nudité, elle se leva d’un bon pour reculer au
fond de sa cage. Prenant soudainement
conscience de son état, elle se rassit, les genoux
au menton, et personne n’aurait pu dire si ses
tremblements étaient dus au froid ou à la peur.
Laura entra dans la volière et s’approcha
d’elle, pendant que Jasmin prenait soin
d’attacher le Corse à un poteau autour duquel
gisaient encore quelques ossements.
Laura retira son pull et le donna à Anna qui
attendit un instant avant de l’enfiler.
– Nous allons te donner l’occasion de te
venger.
Anna réprimait tant bien que mal la folie qui
menaçait de s’emparer d’elle et tentait de
canaliser son énergie. Elle connaissait cet
instinct de survie qui permet de mobiliser tout
son être vers un seul but. En revoyant son
tortionnaire, l’homme qui l’avait violée quelques
jours plus tôt, elle n’avait rien ressenti d’autre
qu’une peur panique. À présent qu’il n’était plus
qu’une loque apeurée, elle n’avait plus qu’une
idée en tête: fuir le plus loin possible de cet
endroit maudit.
Elle enfila le pull couleur marine qui était
bien trop grand pour elle, mais qui possédait
l’avantage de descendre jusqu'aux cuisses. Elle
saisit la main tendue par Laura et se releva
péniblement.
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À présent Jasmin sifflotait et disposait sur
une table quelques couteaux à trancher, à
désosser et un hachoir bien aiguisé. Paolo
commençait à crier un trop fort, aussi lui colla
t-il un sparadrap sur la bouche.
Laura saisit un couperet, qu’elle tendit à sa
protégée.
– C’est toi ou lui !
Pour la première fois de sa vie Anna se
trouvait face à un choix impossible : tuer ou
être tuée ! Si on lui avait remis une arme dans la
main, nul doute qu’elle aurait tiré. Cet homme
ne l’avait-il pas violée, salie à tout jamais ? Si elle
décidait de l’abattre, il n’aurait que ce qu’il
méritait. Mais on attendait d’elle davantage
qu’un simple meurtre. Elle l’avait compris au
moment même où ses yeux s’étaient portés sur
la viande séchée en suspens. Il y avait aussi des
os entassés ça et là, qui indiquaient clairement
qu’elle se trouvait dans un repère de mangeurs
d’homme.
D’une main tremblante, elle saisit le tranchoir
et s’approcha de sa victime. Rien ne comptait
davantage que de rester en vie… et qui pourrait
prétendre la juger ?
Paolo bougeait ses yeux avec effroi et
poussait de petits cris étouffés qui faisaient
gonfler son bâillon.
Le couperet s’abattit, faisant gicler une lape
de sang sur son visage. Elle avait visé le bras
mais n’en avait coupé que la moitié. Jasmin
termina le travail, pendant que Paolo
s’évanouissait.
Visiblement très satisfaite, Laura n’avait pas
manqué une miette de la scène. Au plus
profond d’elle-même, elle était persuadée
qu’Anna possédait un potentiel et qu’ensemble
elles accompliraient de grandes choses.
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