Globalisation

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Globalisation
reportage à tunis de nathalie silbert/
photos nicolas Fauqué
Depuis la révolution de jasmin,
la Tunisie connaît une forte
instabilité politique qui assèche
sa première source de revenus,
le tourisme. Les centres d’appels,
l’autre activité vitale pour son
économie, sont pour l’instant
préservés. Jusqu’à quand ?
«Les événements de l’été n’ont eu aucun
impact direct sur notre activité », assure
Mehdi Ayed, le directeur général de Phone­
Act, une entreprise d’assistance en ligne
de taille moyenne. Ses concurrents, Pro2C
et surtout Teleperformance, premier
employeur de Tunisie avec ses 5400 sala­
riés, affichent la même sérénité. Les ras­
semblements organisés tout au long du
mois d’août au Bardo, par les islamistes
d’Ennahda – au pouvoir – et par leurs
opposants, n’ont pas empêché les télécon­
seillers d’être devant leur téléphone pour
répondre aux appels ou sonder le consom­
mateur français ou italien. Comme il y a
deux ans et demi, pendant la révolution
de jasmin, où seul le couvre­feu les avait
contraints à rentrer plus tôt chez eux.
L’assassinat du député d’opposition
Mohammed Brahmi, six mois après celui
de Chokri Belaïd, autre opposant au
régime, a replongé le pays dans une grave
crise politique qui fait vaciller l’économie.
Mais si le gouvernement a été obligé de
revoir à la baisse, de 4 à
3,6%, sa prévision de
croissance pour l’année
Téléopérateurs de
2013, les centres d’appels
PhoneAct, à Tunis.
téléphoniques ont, pour
Jusqu’ici, l’ambiance
révolutionnaire du
l’instant, échappé à cette
pays n’a pas
nouvelle crise. Leurs
bouleversé le
grands clients étrangers
quotidien des salariés.
n’ont pas davantage cédé
à la panique. « Ils s’in­
quiètent un peu, mais ils
continuent à nous faire confiance. D’ail­
leurs, nous venons de signer un nou­
veau contrat », déclare Mehdi Ayed. Cet
ingénieur de 37 ans, diplômé en France,
a fondé PhoneAct en 2006 après cinq ans
passés en France chez Accenture. n n n
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enJeuX Les eCHOs / octobre 2013