MARIEKE Sophie Schoukens, Allemagne, Belgique (2010) À partir
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MARIEKE Sophie Schoukens, Allemagne, Belgique (2010) À partir
MARIEKE Sophie Schoukens, Allemagne, Belgique (2010) À partir de 12 ans Conseillé pour les 14 ans et plus Sophie Schoukens est une réalisatrice et productrice belge. Après des études d’histoire de l’art, de communication et de scenario, elle devient actrice de théâtre à New York. Une fois de retour en Europe, elle se consacre à la production et rejoint plus tard le Programme MEDIA de la Commission européenne. Son premier court-métrage, Alice ou la vie en noir et blanc (2006), a été sélectionné et couronné par de nombreux festivals. Elle réalise son premier long-métrage quatre ans plus tard, Marieke. FILMOGRAPHIE : 2006 : Alice ou la vie en noir et blanc (CM) 2010 : Marieke TAGS : suicide, jeunesse, traumatisme, amour, sexualité, passé, deuil, photographie SYNOPSIS : Marieke a 20 ans. Elle vit avec sa mère, Jeanne, une femme incapable d’éprouver des sentiments depuis la mort de son mari. La journée, Marieke est ouvrière dans une usine de chocolat, travail qui n’assouvit en rien sa soif de liberté et de passion. La nuit, elle s’évade en rencontrant des hommes bien Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. plus âgés qu’elle. Avec eux, elle se sent forte et précieuse. Un homme va arriver et briser l’équilibre fragile que Marieke avait réussi à se créer. BANDE ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=h5fkZdTmP9w INTERVIEW AVEC LA RÉALISATRICE et L’ACTRICE PRINCIPALE : https://www.youtube.com/watch?v=YEAl67SMz38 THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS : Une exploration imagée du passé « Maman, Papa il est mort pour toujours ? ». La première réplique du film ouvre très explicitement sur l’une des thématiques du film, le deuil. À cette notion se rattache une thématique plus large, celle du passé et son exploration. Plusieurs images et procédés filmiques illustrent cette démarche. La scène ou Marieke (Hande Kodja) cherche à dépoussiérer le miroir manifeste de sa volonté de mettre au clair son histoire et de percer les nondits familiaux. L’utilisation d’une ellipse d’une quinzaine d’année dès l’ouverture insiste sur la fuite du temps. Le temps passe, certes, sans pour autant aider à la cicatrisation du deuil. L’omniprésence de la mort, du deuil et de refoulés est accentuée par le décor morne et restreint. Les deux jeunes femmes semblent enfermées dans un état de désolation. Les flashbacks fonctionnent comme procédés cathartiques. Ils mettent en image la volonté de Marieke de revivre le traumatisme de son enfance dans l’idée de mieux l’accepter et l’évacuer. Les flashbacks permettent de visuellement faire revivre et renaître une figure paternelle absente. Un autre procédé filmique est employé afin d’imager la hantise du passé. La scène de flashback montrant Marieke et son père sur une terrasse est suivie d’une scène ancrée dans le présent. Lors du montage, le choix de transition entre ces deux scènes a été Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. la superposition. À l’image de ce procédé, le passé vient systématiquement se confondre au présent. La prise de vue par-dessus l’épaule d’un homme âgé qui observe les deux femmes nourrit une atmosphère de non-dit, de mystère et de doute. Son visage ne nous est pas révélé immédiatement, uniquement ses cheveux gris, le reliant au passé. Les notes de musique jouées au hautbois, trente minutes après le début du le film, annoncent une évolution dans l’intrigue. L’exploration du passé est activée. Tout en revisitant des lieux abandonnés, elle revisite son passé et fait des découvertes : « Papa s’est tué, toi tu m’as tout caché. » Les images symboliques du film Certains choix de décor ou de scène peuvent avoir une portée particulièrement symbolique. La baignoire est initialement présentée comme un lieu de parole, de détente et de jeu entre une mère et sa fille. Cette proximité devient suffocante pour Marieke lorsqu’elle atteint l’âge adulte. Ainsi, la baignoire peut représenter le liquide amniotique et sa difficulté de se détacher de la figure maternelle. Les scènes à la piscine revêtent également cette notion de liquide, mais symbolisent aussi la noyade. Les personnages se noient dans le passé et les non-dits. Les photos prises par Marieke peuvent être interprétées comme les pièces de son passé qu’elle tente de racoler. Être plus en contact avec la chair et pouvoir l’immortaliser grâce à la photographie semble être sa manière de faire face à la mort et pallier une absence paternelle. Les relations sexuelles qu’elle entretient avec des hommes plus âgés semblent combler l’affection paternelle manquante. Un certain complexe d’Œdipe indirect a lieu. Les scènes d’amour sont chaleureuses et réconfortantes, en contraste avec le paysage urbain désertique et froid. À travers ces relations, Marieke semble renouer avec une partie de son identité. Lors des traversées en vélo de Marieke, des murs vandalisés défilent. Ils peuvent refléter la rébellion et le besoin d’expression qui habite Marieke. D’autres objets symboliques font surface comme les Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. bougies revêtant des connotations spirituelles et renvoyant à la réplique de Marieke : « Je lui parle comme s’il était là. » Les sacs dans lesquels elle fouille peuvent symboliser les lourds bagages de son passé. Marieke à la découverte de l’âge adulte « Marieke », ou le titre éponyme du film et de la chanson de Jacques Brel insistent sur l’importance du personnage principal et son développement. L’effacement du cadre spatio-temporel, la rareté des références culturelles et le choix d’une mise en scène minimaliste permettent de se concentrer plus essentiellement sur le personnage de Marieke. Son déséquilibre psychique se cristallise lors de ce passage à l’âge adulte. D’ailleurs, le déséquilibre n’est pas que psychique. Son travail répétitif à l’usine de chocolat empêche tout épanouissement personnel. La relation proche et conflictuelle avec sa mère et l’absence paternelle sont des éléments incontestablement déséquilibrants. L’abandon paternel la pousse à s’abandonner à des vieux. Les scènes d’amour sont filmées par de gros plans et très gros plans explicites, et se fait entendre des bruits diégétiques réalistes. Rien n’est ajouté à la représentation. Une impression de naturalisme se fait sentir. Lors de ces aventures, une quête de la vérité semble être un des motifs de Marieke. D’ailleurs, les vieux peuvent représenter pour elle le vécu, l’expérience, le savoir et l’imperfection esthétique. Sa manie de tout prendre en photo témoigne d’une volonté de fixer le présent et avoir des preuves de vérité. Vers la fin, le montage change, les images accélèrent, et une bande son assourdissante témoigne du conflit intérieur que Marieke subit. PISTE DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES: -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ Laquelle des deux affiches représente mieux le film ? Quelle est la fonction des flashbacks ? Quel procédé filmique est utilisé pour montrer que le passé vient s’entremêler avec le présent ? Que peut symboliser la baignoire ? Pourquoi Marieke est-elle plus attirée par les hommes âgés ? Comment se positionne la réalisatrice face aux aventures sexuelles de Marieke ? Prend-elle parti ? Comment peut-on justifier le choix d’une mise-en-scène minimaliste ? Quels sont les éléments qui manifestent un déséquilibre dans la vie de Marieke ? Peut-on considérer que les buts de Marieke sont atteints ? Appuyez vous sur la scène finale pou répondre. POUR ALLER PLUS LOIN: La chanson de Jacques Brel- Marieke : https://www.youtube.com/watch?v=wfGDpzL9H7Y Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.