Fiche HIDA 5eme. La mort de la vierge
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Fiche HIDA 5eme. La mort de la vierge
Histoire des arts La mort de la vierge Le Caravage (1571-1610) Huile sur toile 369x245 cm 1605-1606 Musée du Louvre, Paris En 1606 le Caravage, auteur d’un crime, doit quitter Rome. Dans sa fuite vers le Sud, il laisse la commande qui lui avait été faite en 1601 pour la chapelle du juriste Laerzio Cherubini à l’église Santa Maria della Scala in Trastevere. Le fruit de ces cinq dernières années est la scène de La mort de la Vierge, qui sera aussitôt écartée des autels au motif d’une œuvre blasphématoire. Ce qui frappe lorsqu’on se trouve en face de la toile, c’est sa taille (courante chez le Caravage pour que la taille des personnages soit proche de la réalité). La composition est assez ample : une diagonale part de la gauche et descend jusqu’au visage de la Vierge, le regard va ensuite se poser sur la main de celle-ci avant de terminer son chemin sur la nuque de la femme assise en premier plan et qui pourrait être Marie-Madeleine. Le sens de lecture peut également se faire à l’inverse : en partant de la nuque de Marie-Madeleine pour remonter et finir à gauche sur les derniers personnages. Que voit-on ici ? La première impression est rouge ; d’un rouge sang éclatant, comme l’immense tenture accrochée hors champ dans la partie supérieure de la toile, comme la robe rouge immaculée de cette femme étendue à l’horizontale au centre de la composition. La deuxième impression est noire, car si la lumière tombe crue du zénith pour éclairer le visage de cette femme, elle sculpte aussi les ombres des corps et le vide au fond de la pièce. Le point de fuite à hauteur de notre regard, les personnages de taille humaine, la bassine de cuivre qui se poursuit hors-champ, tout concourt à cette illusion que nous participons, nous aussi, à la cérémonie funèbre. Le procédé de clair-obscur, mis au point et développé par le Caravage a un impact essentiel sur au moins deux aspects : En donnant du volume par le jeu d’ombre et de lumière il donne vie aux personnages et accentue le côté réaliste de la scène. Il donne une intensité et un éclairage très dramatique au sujet, bien plus que s’il avait utilisé une simple lumière d’ambiance ou de pleine journée. Le code des couleurs est très contrôlé : les deux personnages situés immédiatement au-dessus de la Vierge portent des vêtements de couleur verte (vert émeraude pour le personnage de gauche et vert bouteille pour celui de droite), suivent le jaune de saint Jean, l’orange de Marie-Madeleine. Le vert étant la couleur complémentaire du rouge ; le jaune, son opposé ; l’orange, son combiné ; ces couleurs font ressortir avec éclat le corps de la Vierge, le plus illuminé de la petite assemblée. L’église n’a jamais pu imaginer (c’est-à-dire mettre en image) le fait que Marie puisse mourir. Or Caravage a eu l’audace de représenter Marie en femme agonisante - ou morte de peu. Marie ici a les pieds nus et sales, elle est allongée sur une civière trop courte pour son long corps, et ses pieds nus dépassent de la table comme si la mort était survenue subitement et que tous - ses compagnons, les apôtres - s’étaient affairés autour d’elle dans l’urgence. Le désordre des couvertures montre la hâte des instants qui ont précédé la scène. Autour d’elle, les apôtres prient et pleurent, se tiennent la tête dans des postures abattues. À ses pieds, un jeune homme aux cheveux bouclés, dévasté par la douleur, incarne certainement saint Jean, à qui le Christ avait confié sa mère. Au premier plan, MarieMadeleine se lamente et s’effondre. Le titre indique bien le sujet du tableau : non pas la Vierge morte mais la Mort de la Vierge. La Vierge en train de mourir, ou encore, la mort à l’œuvre. Pour tout cela, le clergé refusa finalement l’œuvre commandée au Caravage en 1605. En banalisant la scène, Le Caravage fait que chaque homme ou femme qui a connu cette épreuve (la perte d’un parent proche) peut y faire référence en regardant la toile. La mort de la mère du Christ devient la mort de toutes les mères.