on a été ignoble avec hans-rudolf merz!

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on a été ignoble avec hans-rudolf merz!
L’illustré
«ON A ÉTÉ IGNOBLE AVEC HANS-RUDOLF MERZ!»
Envers et contre presque tous, Christian Lüscher tient son ami libéral-radical appenzellois en
très haute estime. Outré par la dureté des critiques qui accompagnent sa démission après sept
ans et demi au gouvernement, le conseiller national genevois qualifie son bilan de brillant et
évoque un homme attachant et un politicien foncièrement honnête.
Par Christian Rappaz - Mis en ligne le 11.08.2010
Pour ne rien vous cacher, c’est d’abord Pascal Couchepin que
nous avons approché pour brosser le portrait de son ancien
collègue et évoquer sa démission surprise, vendredi dernier.
Fidèle à son engagement de ne pas commenter les décisions
des conseillers fédéraux avec qui il a siégé et encore moins
d’évaluer leur action, le Valaisan nous a gentiment éconduit
d’une de ses phrases délicieusement fleuries dont il a le
secret: «Je ne serai pas juge de mon frère.»
Allusion bien sûr à leur même appartenance politique, mais pas seulement. A force d’insister,
Pascal Couchepin finit tout de même par confesser ne pas avoir été toujours d’accord avec «ce
collègue du même parti mais pas de la même région» (sic), avec qui il a toutefois toujours pu
régler ses différends «entre quatre yeux, sans publicité». Un dernier mot pour dire son
admiration envers un homme gravement atteint dans sa santé mais qui ne prétexta jamais cet
accident pour justifier une faiblesse et voilà l’ancien ministre de la Santé déjà reparti à
l’assaut des contreforts verdoyants du Bas-Valais, loin des turpitudes et des tumultes du
Palais.
«RIEN NE JUSTIFIE UN TEL LYNCHAGE»
Autre lieu, autre libéral-radical, autres mœurs. A la beauté sauvage des montagnes, Christian
Lüscher préfère de loin le silence envoûtant des fonds marins. Un monde qu’il explore en
famille depuis dimanche dans un lieu paradisiaque jalousement tenu secret. Avant de chausser
les palmes, le sémillant avocat genevois, fier d’annoncer avoir perdu sept kilos depuis le
début de l’été, a tenu à témoigner une fois encore sa solidarité et son admiration à HansRudolf Merz, Ruedi pour les intimes, scandaleusement vilipendé à ses yeux.
«On a été ignoble avec lui. Ce que j’ai entendu et lu à son sujet depuis une année, mais plus
encore ces dernières heures, est abject et d’une incroyable méchanceté», dénonce-t-il, parlant
de courage et d’honnêteté là où la plupart des observateurs et de ses collègues parlementaires
voient de la candeur et un manque évident de flair politique. «Il a certes connu une fin de
carrière difficile, notamment à cause d’un mandat présidentiel tombé au plus mauvais moment
pour lui sur le plan physique, politique et conjoncturel. Mais rien ne justifie un tel lynchage.
Au contraire, tant dans l’affaire libyenne que dans celle d’UBS, les deux dossiers qui lui
valent tellement de mépris, je l’ai trouvé extrêmement courageux et foncièrement honnête. Il a
avoué et assumé son échec de Tripoli devant toute la nation, par exemple. Personnellement,
c’est la première fois de ma vie que je voyais un politicien suisse faire preuve d’autant de
bravoure et de loyauté.»
L’illustré
«CHAMPION D’EUROPE DE LA FINANCE!»
A ceux qui l’accablent, Chri Chri d’amour, comme le surnomment affectueusement les
blogueurs du bout du lac, rappelle également que cet homme vient de donner sept ans de sa
vie au pays et qu’il a toujours œuvré, selon lui, dans l’intérêt de la Confédération, jamais dans
le sien. Constamment contraint d’éteindre des incendies allumés par d’autres, Hans-Rudolf
Merz ne recueille pas non plus la reconnaissance que son travail de grand argentier mériterait,
tempête le Genevois: «Il est arrivé en 2003 avec trois objectifs: réduire la dette de la
Confédération, réformer le système fiscal et présenter des comptes excédentaires. Malgré la
crise, il a réussi sur toute la ligne. Pour moi, il restera comme le meilleur ministre des
Finances de la Suisse moderne, le meilleur d’Europe comme dit Fulvio Pelli, et j’espère bien
que c’est d’abord là-dessus que l’histoire le jugera quand les polémiques qui l’ont sali seront
définitivement éteintes.»
«J’AI PENSÉ QU’ON AVAIT PERDU UN CONSEILLER FÉDÉRAL»
«C’était en septembre 2008. La nouvelle est tombée comme un coup de massue, un dimanche
après-midi. Au vu de la gravité du diagnostic, j’ai pensé qu’on avait perdu un conseiller
fédéral. C’était compter sans sa volonté et son incroyable faculté de récupération. Non
seulement il a survécu à cet accident cardiovasculaire qui a nécessité un quintuple pontage
coronarien, mais il est revenu quelques mois plus tard avec toutes ses facultés mentales et
physiques. Malgré cela, certains esprits malveillants se sont obstinés à le décrire comme un
homme diminué et affaibli.»
«IL A PAYÉ POUR L’IRRESPONSABILITÉ DE CERTAINS»
«Dans l’affaire Kadhafi, il s’est sans doute un peu précipité, oubliant les rapports de force.
Quoi qu’on en dise, sur cette image je vois un homme qui prend ses responsabilités en
essayant de régler un problème dont il n’était pas responsable. Au final, il a payé pour
l’irresponsabilité de certains. On lui a vertement reproché d’avoir présenté les excuses de la
Suisse au colonel alors qu’on n’y coupait pas. Les Etats-Unis, l’Italie, la France, l’Europe se
sont excusés dans d’autres affaires. Il a tenté un coup de poker, il a perdu. Si ça avait marché,
il serait un héros aujourd’hui.»
«ILS NE PARTIRONT PAS EN VACANCES ENSEMBLE»
«Quand Mme Calmy-Rey aura pris sa retraite, ce qu’elle fera le plus vite possible je l’espère,
il est évident que ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble. Lui est chaleureux,
direct, franc, ouvert et elle tout le contraire. On a beaucoup focalisé sur l’échec de Merz dans
l’affaire Kadhafi, mais on oublie que, au printemps 2009, Micheline Calmy-Rey avait
claironné être à 2 millimètres d’un accord. Merz a certes échoué, mais en déclarant qu’il
perdrait la face si les otages ne rentraient pas, il s’est montré parfaitement honnête et, surtout,
il a assumé. Moi, je dis bravo!»
«CE N’EST PAS LUI LE FRAUDEUR»
«Sans doute est-il intervenu un peu tard dans l’affaire UBS. Mais ensuite, n’a-t-il pas réglé ce
délicat problème au mieux des intérêts de la Suisse? Comme Kaspar Villiger, le président du
conseil d’administration de la banque qu’on voit à ses côtés, il a participé au sauvetage de
l’UBS et a fait rentrer 1,2 milliard dans les caisses de la Confédération grâce à son prêt
L’illustré
convertible. Malgré cela, on l’a accusé de tous les maux. Comme si c’était lui qui avait mis en
place le système pour contourner le droit pénal américain. Ce n’est pourtant pas lui le
fraudeur dans cette affaire!»