Le monstre se réveille: Genèse du monstre

Transcription

Le monstre se réveille: Genèse du monstre
Le monstre se réveille: Genèse du monstre romantique et décadent dans la littérature
française du XIXe siècle.
Résumé
Depuis la nuit des temps, le monstre tourne en orbite autour de notre monde. Comme
un anneau de Saturne qui nous entoure et nous enveloppe sans jamais nous toucher, le
monstre est partout et nulle part à la fois. Resurgissant dans les domaines aussi divers que
la médecine, la littérature et la politique, la notion de ‘monstre’ est cependant difficile à
définir. Errant entre les frontières du connu et de l’inconnu et dévorant les genres
traditionnels, le monstre se caractérise – d’une manière paradoxale – par son
‘indéfinissabilité’.
Le XIXe siècle en France marque une véritable ère des monstres. En politique, c’est
l’aube des révolutions ‘monstrueuses’ et le désir de tout classifier qui font naître la
‘tératologie’ - la science des monstres. En littérature, nous assistons à la transformation de
l’unique sublime-grotesque ‘monstre-humain’ du Romantisme en monstres ‘en série’ de
la décadence. En mettant en exergue Quasimodo (monstre romantique de Victor Hugo)
de Notre Dame de Paris [1831] et les créatures monstrueuses de Des Esseintes (monstres
décadents de Joris-Karl Huysmans) d’A rebours [1884], nous aborderons une question
fondamentale: Comment, et pourquoi, le monstre se manifeste-il dans la littérature
romantique et décadente française du XIXe siècle? Cette réflexion nous permettra
d’identifier s’il existe certains traits monstrueux récurrents permettant d’éclairer à
nouveaux frais la question plus ancienne de l’essence du monstrueux : qu’est-ce qu’un
monstre?
Ainsi, nous examinerons les raisons pour lesquelles le monstre occupe un espace si
inébranlable dans notre galaxie. Goya écrivait que ‘le sommeil de la raison engendre des
monstres’. Nous soutiendrons toutefois que le sommeil des monstres engendrerait
quelque chose de bien pire. En effet, en l’absence de monstres, nous basculerions dans les
mâchoires immenses, voire monstrueuses, de l’Ennui.

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